Oh que ce titre est accrocheur ! Eric Reinhardt est bien gentil avec son « L’amour et les forêts », Emmanuel Carrère est certes mystérieux quand il mise sur « Le royaume », et Olivier Adam se simplifie avec son « Peine perdue » (ne parlons pas des choix de titres du duo Musso-Lévy), au moins Julien Campredon cherche un peu de nouveauté dans son propos, en commençant par le titre.
Tout d’abord, merci à Vil Faquin pour m’avoir fait découvrir ce petit livre de poche paru chez Pocket ; nous le devons à un certain Julien Campredon que l’avant-propos se plaît à entourer d’un certain mystère venant justifier l’aspect fortement décalé de ses nouvelles. « Avant Cuba ! », « Brûlons tous ces punks pour l’amour des elfes », « Heureux comme un Samoyède », « Le lièvre, l’olivier et le représentant en ronds-points », « Les secrets de ma cuisine », « La branleuse espagnole », « De l’homme idéal de ma femme, d’elle et de ma maîtresse », « Diablerie diabolique au club-house » et « Jean-François Cérious ne répond plus » sont autant de petits récits sur des aspects futiles et quotidiens de nos vies (le travail ou le chômage, la bêtise, l’appât du gain, l’amour qui s’étiole, la jeunesse mise de côté, etc.) révélant un aspect diabolique.
Sachez dès le départ que les notes de l’éditeur et de l’auteur sont également à compter au nombre des nouvelles tant elles participent à faire de ce court recueil un volume cohérent sur l’incohérence de nos vies. À méditer.
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"Vous chantiez ? j'en suis fort aise :
Et bien ! dansez maintenant."
ou bien encore
"Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute."
Nous contais La FONTAINE il y a quelques siècles.
Aujourd'hui c'est l'auteur Julien CAMPREDON qui nous propose quelques morales de ce genre, revisitées dans un monde où tout parait démesuré et fou.
Nous aurons par exemple dans la première nouvelle l'histoire d'un maire qui fait confiance à un représentant en ronds points qui l'a un peu trop flatté ("Enchanté, j'adore les maires, et tous les maires sont mes amis. Vous exercez une fonction admirable monsieur, bravo. [...] Très bien, bon goût, formidable. Incroyable même."). Ce qui engendre évidement le mécontentement de la population, et notamment un lièvre qui tourne en rond et un olivier qui a été rasé...
Évidement, pour arriver à ses fins le représentant ne fait pas que flatter le maire. Il le fait aussi picoler. Et pas qu'un peu. A tel point que le maire oublie tout.
L'auteur nous propose aussi des nouvelles plus chantantes, comme la seconde où on a l'impression d'entendre Renaud chantonner "La mer c'est pas propre les poissons baisent dedans" à tue-tête. Renaud est d'ailleurs directement cité en tête de nouvelle, l'écriture est loubarde et l'histoire nous parle d'un biker fou de sa moto mais plus encore des femmes. A moins que... ? "J'lui ai dit j'ai même traverser la méditerranée pour toi, j'ai même croisé les Grecs".
Il y a aussi une nouvelle sur un mari, sa femme, et l'amant de celle-ci. Pour le coup je resterai assez évasif parce qu'elle fait partie de celles qui proposent le plus de surprises à n'en pas douter. Elle fait aussi partie de celles qui font certainement le plus rire. Et pourtant... Je ne pense pas que le but de l'ouvrage soit l'humour. Nous ne pouvons cependant nous empêcher d'esquisser plusieurs rictus amusés.
Je vous laisserai découvrir la suite des nouvelles par vous-même, mais je vous fait quand même part de celle qui, pour moi, dépasse les autres. Par sa poésie, par ses jeux de mots, par ses métaphores constantes et magnifiques entre les jupes d'une femme et une yourte, une habitation en peau tendue.
Il s'agit évidement de la nouvelle Heureux comme un Samoyède; une nouvelle sur un homme qui se dit érotomane, pervers, artiste quoi. Il passe sa vie a chercher à découvrir ce qu'il y a sous les jupes des femmes, derrière ce petit morceau de coton, il recherche le cocon habitable et le coquelicot perdu.
"Ce qu'il y avait sous les jupes des filles, je l'imaginais à peu prés : non pas un bouquet de violettes, mais une vulve velue que l'on caressait comme une chatte."
L'écriture de l'auteur vous séduira, le monde dans lequel il vit aussi, certainement. Monde peuplé de créatures bizarres que sont les hommes. Monde peuplé de punks qui dégueulent partout alors que les Elfes, hommes mondains, sont plus raffinés mais prêts tout de même à mener une mission commando pour sauver le musée qu'ils surveillent des malfaiteurs.
Les nouvelles sont courtes et rocambolesques, il y a des surprises à chaque mots. Mots par ailleurs choisi avec soin, on imagine.
Il y a beaucoup de références, conscientes ou non. J'ai pour ma part décelé Jean de La FONTAINE, Renaud, Roland TOPOR ("C'est ainsi que, d'aiguilles en fil chirurgical, je me suis fait poser en dessous des aisselles une fermeture éclair"). Cette unique phrase pourrait être illustrée par un Roland TOPOR merveilleux.
Vous trouverez au delà de l'humour, de la vulgarité et de la folie de l'auteur, des thèmes très actuels avec en pôle position l'ANPE. Nous avons des conseillers complétement fous se rapportant au rêve, une conseillère qui emménage chez un chômeur, et une critique acerbe de notre monde du travail contemporain.
Une critique du monde contemporain tout court même, avec un rejet de la technologie par certains personnages dans les dernières nouvelles.
La ligne conductrice des personnages semble être le retour aux sources, la perte d'identité. Et Julien CAMPREDON manipule très bien la poésie et le vocabulaire pour nous faire passer un moment plein de non sens dont on ne peut se lasser.
En bonus vous avez une belle note d'éditeur en début de livre, qui nous explique un peu comment l'auteur en est arrivé à écrire, qui nous donne l'odeur de ses slips sales et le goût de ses repas. Un éditeur très encombrant, en somme, qui s'approprie pleinement une petite nouvelle de l'auteur sous forme de lettre.
Nous apprenons donc qu'après avoir lu BORGES, l'auteur a cherché la bibliothèque universelle et éviement le livre absolu (non, non, pas celui de Bernard WERBER. Quelle référence...). Il va alors longer les routes à la quête de cette mystérieuse bibliothèque et tombera sur des employés très étranges. Ils ne connaissent pas la fiction et ne jurent que par l'autobiographie et le nombrilisme français. La fiction est réservée aux anarchistes.
Je ne sais plus m'arrêter de parler de ce livre, je ne sais pas si j'en dis trop ou pas assez, je ne sais même pas si je vous ai donné envie de le lire. Tout ce que je peux vous dire pour clore mon avis enthousiaste, c'est que si vous ne le lisez pas, vous raterez quelque chose.
En même temps, des punks et des clodos on en croise tous les jours. Alors pourquoi se faire chier à acheter un livre ? Et bien même là vous serez épaté. L'auteur nous promet le remboursement ou le cassage de gueule de votre libraire si le livre ne vous plait pas. Imaginez donc comme je suis sûr de moi !
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La simplicité de la couverture qui, pour ma version de luxe bénéficiait d'un gaufrage (appelé foulage) en première de couverture, ne préparait aucunement le lecteur au dépaysement total qu'il allait connaître en lisant l'intérieur.
L'univers de l'auteur est peuplé d'étrangetés tels un homme vivant sous les jupes de femmes, un arbre vengeur, des vigiles transformés en véritable commandos pour protéger des elfes contre des punks, une visite à l'ANPE onirique, des femmes qui commandent des amants à leur mari, un chevalier naissant portant la coiffe d'une bergère…
Dis comme ça, ça n'a rien d'étrange, mais écrit par l'auteur, tout cet univers s'anime et vous vous étonnez vous-mêmes à voir tout ce petit monde parfois absurde prendre tout son sens sous la plume fluide et agréable, aux tournures si bien choisies, aux mots parfaitement adéquats, aux phrases délicieuses. Car c'est là que réside tout le plaisir de ce livre, dans son écriture si délectable. Et rien que pour pouvoir la retrouver à nouveau, je me replongerais bien dans un autre livre de cet auteur à connaître.
Un livre incontournable.
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L’ ATTAQUE DES DAUPHINS TUEURS de JULIEN CAMPREDON
5 nouvelles déjantées dans ce minuscule recueil.
1. Diablerie diabolique: le docteur Bonanit est un spécialiste du rajeunissement des cellules mais nul au golf. Jacques est un ingénieur qui se voit vieillir trop rapidement mais possède un swing remarquable, alors ils vont échanger leurs talents et signer un pacte avec le Catalan, une version du diable…
2. La vengeance du livre uruguayen: il est fanatique de livres et vit avec Mathilde dans un minuscule studio. Un jour il voit un livre »aménagement intérieur en Uruguay pour grands-mères buvant le maté froid » il est spécifié que le lecteur peut également faire délayer le livre dans l’eau chaude et obtenir 423 volumes avec dos en cuir, ce qu’il va faire…
3. La coulée de béton infernale: il est exorciste, un jour arrive Marié Claire la mère de Jean Charles ex copain de lycée qui vient de décéder. Ella a un problème, son jardin un matin est entièrement bétonné! Le lendemain, le sien également…
4. L’attaque des dauphins tueurs: un typhon a dévasté la ville en bord de mer. Jean Kevin danse insouciant pendant que les autorités préviennent qu’une bande de dauphins altermondialistes, glandeurs, naturistes et ne payant pas d’impôts, s’attaquent aux habitants…
5. S.MMD et M. Michel débarque chez Édouard( qu’il ne connaît pas) et s’installe dans son jardin prétextant son droit à la retraite. En même temps Jean Charles informe Édouard que son père a été mangé par les Maoris et qu’il devrait y faire un tour…
Ce sont de très courtes nouvelles, complètement barrées avec un ton et un humour très particulier que j’ai trouvé très original. Julien CAMPREDON est né en 1978 à Montpellier, il écrit essentiellement des nouvelles aux titres bien allumés comme »brûlons tous ces punks pour l’amour des elfes »
Éditeur Monsieur Toussaint Louverture
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Parfois, on tombe sur un OVNI au titre improbable et poétique, donc on a envie d'en savoir davantage. Surtout quand ce titre est publié par une maison d'éditions merveilleuse. Et que l'éditeur vous annonce tout de go, dès les premières pages, que l'auteur n'existe pas.
Oui, Julien Campredon est Personne. Comme Ulysse ou Terence Hill, mais en plus occitan. Et il raconte drôlement bien des histoires de n'importe qui, de presque-rien et de je-ne-sais-quoi. Des histoires de bibliothécaires rétifs, de chômeurs ulcérés, de vigiles catholiques, de représentants de commerce moustachus et de chênes retors. Des fables et fariboles de notre époque qui exercent un étrange pouvoir d'envoûtement, qui témoignent d'une culture sans faille et d'un sens de l'humour débridé.
Je vous ai parlé du style ? Oui, en plus d'avoir toutes ces qualités, l'inexistant Julien Campredon est doté d'une plume ailée (oui, je sais, d'habitude c'est l'inverse mais moi je préfère dans ce sens) , il maîtrise l'accord du participe et les mots les plus rares, sans compter qu'il rédige parfois en Occitan.
Et là , forcément, je fonds.
Parce qu'en définitive, il réalise la synthèse de tout ce que j'apprécie en littérature, de tous mes totems; la bibliothèque absolue de Borges, c'est lui. Julien Campredon, c'est l'homme idéal.
Et l'homme idéal n'existe pas. CQFD.
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Je crains d'être un peu hermétique à l'humour absurde. Ou alors hermétique à l'humour, allez savoir, sauf chez Bertie & Jeeves... Bref, ce petit recueil m'a parfois amusée, mais sans plus, et je crains que son contenu sorte assez rapidement de ma mémoire.
J'ai souvent trouvé que l'inconvénient des recueils de nouvelles était l'impossibilité où ils se trouvent toujours d'être d'égale qualité tout au long des textes et celui ci ne déroge pas à la règle. Je confesse ceci dit avoir tout à fait apprécié certains textes, comme surtout « Le lièvre, l'olivier et le représentant en ronds-points », mais cela n'entrera pas dans mes coups de coeur de l'année, plus je lis et plus je découvre de merveilles, plus je deviens difficile.D'autres lecteurs y trouveront certainement plus de plaisir que moi, je vais pour ma part retourner à P.G.Wodehouse.
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J'adore lire des nouvelles et en voyant le nombre d'éloges pour ce recueil, je me suis laissé tenter...ou berner.
Des histoires trop barrées pour moi, où la recherche du plus insolent que l'insolence semble être le seul but poursuivit par l'auteur.
J'ai eu du mal à terminer ce bouquin.
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Le titre, fort bien choisi,dit assez quel partie de rigolade ce recueil offre au lecteur. Et plus encore quand on a lu la nouvelle éponyme dans laquelle des punks attaquent un musée protégé par des bidasses qui rejouent la guerre du Vietnam. Toutes les nouvelles sont du même tonneau : débiles et géniales. Et pour ne rien gâcher, le style est à la hauteur d'une si débridée l'imagination. On en redemande ! Miam !
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Cinq nouvelles d'humour diabolique et mutant, où le rire et la critique rivalisent.
Paru en 2011, ce nouveau recueil de Julien Campredon, toujours chez Monsieur Toussaint Louverture, poursuit le travail de sape à l'humour déjanté bien entamé avec "Brûlons tous ces punks pour l'amour des elfes" en 2006.
Cinq nouvelles pour évoquer, entre autres, les risques inhérents à la conclusion de pactes, consuméristes et carriéristes, avec un Diable, fût-il catalan ("Diablerie diabolique au clubhouse"), les détours ironiques des bibliothèques ou librairies magiques borgésiennes lorsque la crise immobilière s'en mêle ("La Vengeance du livre uruguayen"), les explications enfin compréhensibles sur la frénésie de bétonnage qui saisit tant de nos régions ("La Coulée de béton infernale"), les vicissitudes de l'invasion des terres ensoleillées par de nordiques retraités, lorsqu'un mysticisme malvenu peut s'en mêler ("M., M. M., D. & M."), ou encore la métaphorique révolte de dauphins hédonistes mais néanmoins très déterminés lorsque l'État policier / protecteur finit par aller trop loin ("L'Attaque des dauphins tueurs").
Un régal, à lire d'urgence et ranger ensuite précieusement sur son étagère, à portée de main, à côté des autres recueils de Julien Campredon et de ceux de Jean-Marc Agrati.
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Bonjour un petit recueil de nouvelles pour démarrer ce jeudi "L'attaque des dauphins tueurs" de Julien Campredon aux éditions Monsieur Toussaint Louverture. Des nouvelles un peu barrées, un peu loufoques, qui nous parlent de nous, de la vie, de la mort, des croyances. une très belle écriture et une grande imagination. Tout cela fait un livre très plaisant à lire pour découvrir une plume que je ne connaissais pas mais qui me pousse à découvrir d'autres choses surtout que les titres sont assez loufoques. quatrième de couv D'une station balnéaire menacée par des dauphins obsédés et bohèmes, aux différents risques à passer un pacte avec le diable dans le milieu de la recherche bio-médicale où tout le monde se marche dessus, en passant par un livre uruguayen à faire infuser et capable de résoudre tous les problèmes de logement, Julien Campredon nous offre ici cinq nouvelles parfaitement troussées, qui attrapent le bon sens au lasso et le retournent comme un petit veau avant de le faire rôtir au barbecue. Dans la continuité de Brûlons tous ces punks pour l'amour des elfes, l'auteur, toujours armé d'une imagination et d'une langue débridées, fait souffler un vent littéraire nouveau, chaud, drôle et grinçant sur les travers de la société moderne.
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Recueil de nouvelles complétement déjanté ! Une bonne dose d’absurde, quelques étrangetés, le tout saupoudré de burlesque et d’ironie et vous plongez dans un univers splendide ; sans oublié la merveilleuse préface
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Métaphores diaboliquement efficaces pour mieux voir le monde.
Ce recueil de nouvelles de Julien Campredon est tout aussi inattendu et drôle que « Brûlons tous ces punks pour l'amour des elfes ».
Ici encore, la nouvelle qui porte le titre du recueil « L'attaque des dauphins tueurs » est délectable. L'imagination débridée de Julien Campredon nous immerge dans les déviances de notre société à travers la métaphore délirante de dauphins obsédés et altermondialistes qui attaquent une station balnéaire.
« Le fait est que notre présence inoffensive, intelligente et précaire a fini par déranger, car désigné comme l'animal le plus malin, nous mettions en danger un pouvoir fondé sur la bêtise. Si bien que petit à petit, ils ont monté des restaurants, pollué nos plages en y parachutant des culs-blancs, et ont fini par nous bouffer en sushis ! Suite à la tempête qui vient de s'abattre, nous avons souhaité manifester notre indignation en cassant du plagiste. »
Les trois premières nouvelles de ce recueil, qui malheureusement n'en compte que cinq, font intervenir le diable et les esprits, et sont elles aussi diaboliquement déjantées.
Bref, c'est très bon !
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Un recueil de nouvelles où les contes de fées, les personnages mythologiques sont maltraités, comme dans les histoires de Terry Pratchett dans les Annales du Disque-Monde, mais dans un monde ancré dans la réalité d’aujourd’hui, voilà ce que l’on pourrait dire de Brûlons tous ces punks pour l’amour des elfes de Julien Campredon.
Chaque nouvelle nous emporte dans un univers farfelu où l’action se situe en général dans le sud de la France, sans doute en référence au lieu de résidence de l’auteur.
Une note de l’éditeur introduit l’auteur comme un personnage en quête du livre de Borgès issu de la Bibliothèque de Babel, supposée universelle, qui l’aiderait à développer son talent d’écrivain. Mais cette quête abouti à un lieu invraisemblable où l’auteur apprend que le livre n’existe pas, ce qui le pousse à devenir bibliothécaire et à écrire ces nouvelles considérées comme des inepties par ses collègues, l’œuvre d’un fou.
Et de folie, les nouvelles n’en manquent pas : le lynchage de maires d’une petite ville par ses habitants, accusés de monter des projets extravagants suite à une rencontre avec un agent commercial malhonnête ; la folie amoureuse d’un docker pour une sirène espagnole qui se retrouve sur une île déserte ; la vie d’un couple qui subit des opérations chirurgicales pour pimenter leur vie sexuelle ; un carnage de punks perpétré par des gardiens d’un musée soucieux de préserver le bâtiment et leurs employeurs elfes snobs ; la révolution onirique cubaine de chômeurs de l’A.N.P.E ; un explorateur de culottes féminines portées par leurs propriétaires ; un politique qui se transforme en statue après avoir été chargé de rédiger un discours ; la vengeance d’un arbre qui absorbe son persécuteur ; un jeune qui retourne à la terre après une rupture amoureuse pour se transformer en fantôme.
Une note de l’auteur apparaît en fin d’ouvrage pour faire écho à celle de l’éditeur et la contrecarrer sur la santé mentale de l’auteur. L’auteur admet sa folie mais met en garde ses confrères contre l’éditeur qui s’est à présent installé chez lui et vit à ses dépends. Peut-être est-il le plus fou des deux ?
Un point qui mérite d’être souligné : le jeu de langue. Le niveau de langue ou la langue utilisée est différente dans chaque nouvelle. On passe de l’argot du Docker au style soutenu des chômeurs, en passant par un hommage à l’occitan dans la dernière nouvelle : Tornar à l’ostal, comme un retour aux sources.
Aucun thème n’est censuré : sexe, violence, vulgarité sont présents tout comme l’amour, la révolution et la politique.
Un fil rouge apparaît néanmoins parmi ce foisonnement : le thème du voyage. Chaque nouvelle nous emporte dans un univers différent comme si l’on partait avec l’auteur dans sa quête de la bibliothèque de Babel, vers ce livre universel qui permet de devenir écrivain.
En conclusion, un recueil à lire et à relire tant pour passer un bon moment que pour réfléchir à notre quotidien sous l’œil critique de Julien Campredon.
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Je ne sais pas ce que prend Julien Campredon mais ça a plutôt l'air de faire de l'effet. Difficile de suivre l'auteur dans ses délires hallucinés ! C'est bien écrit, c'est plein d'humour, à prendre au ixième degré. Une lecture lacher-prise. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde même si parfois, il m'a fallu faire preuve de persévérance pour arriver à suivre l'histoire.
La première nouvelle est excellente, très bonne critique de la société actuelle. J'ai également beaucoup apprécié celle avec les punks.
Bref un titre qui colle très bien aux sujets du recueil : aussi hallucinés que l'écriture de l'auteur.
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Onze nouvelles déjantées, où l'on défendra son musée des Beaux-Arts à la mitrailleuse contre les assauts des vandales !
Publié en 2006 chez le toujours étonnant éditeur Monsieur Toussaint Louverture, ce recueil de 9 nouvelles (plus une "note de l'éditeur" et une "note de l'auteur" qui valent bien des nouvelles !) s'approche désormais, dans mon panthéon personnel, des trésors d'un Jean-Marc Agrati.
Languedocien militant, Julien Campredon nous fait rencontrer non pas des sous-préfets aux champs, mais des maires écartelés en place publique par leurs électeurs pour avoir trop cédé aux sirènes de représentants de commerce en rond-points ou en bretelles de sortie ("Le lièvre, l'olivier et le représentant en ronds-points"), des hommes politiques spécialistes en discours assommants, statufiés de leur vivant ("Jean-François Cérious ne répond plus"), d'énigmatiques fantômes revenus s'installer frugalement "au pays" au cœur des Cévennes ("Tornar a l'ostal ou Les mémoires d'un revenant"), de sentencieux employés de Pôle Emploi endormant de jeunes chômeurs désabusés de leur litanie administrative, jeunes chômeurs qui du coup se laissent aller à des rêves aussi bizarres que séditieux ("Avant Cuba !"), de bien curieuses manières de découvrir le sexe des femmes ("Heureux comme un Samoyède"), ou encore de jeunes auteurs de fiction tentant de démontrer en vain à de redoutables bibliothécaires borgésiens que l'écrit ne se limite pas à l'autobiographie ("Note de l'éditeur").
Le sommet du recueil est atteint avec la nouvelle qui lui donne son titre, "Brûlons tous ces punks pour l'amour des elfes", toute en jubilation tressautante, qui constitue peut-être, dans sa brutalité gouailleuse aussi, l'une des plus efficaces analyses de la réalité du salariat et du mercenariat qui va avec que j'aie rencontrées.
"Putain, Benji ! A la porte et tu arroses tout ça à la grenade. Toi le bourgeois, tu me saques cette merde à la sulfateuse. Moi con, j'appelle le Vieux au talkie et en fonction je fais une sortie. Bourge, quoi qu'il arrive con, tu ne les laisses pas mettre de la lessive dans la fontaine devant le musée, après c'est chiant à enlever. Déjà qu'ils nous ont arraché les fleurs du parterre l'autre jour. Et ces flics qui ne font rien !"
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