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Critiques de Keigo Higashino (1126)
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Les miracles du bazar Namiya

Ce roman, je l'ai reçu comme un cadeau. Une parenthèse enchantée, un rai de lumière au milieu de lectures plutôt sombres voire très sombres. Je suis indubitablement attirée par les romans perturbants, secouants et dérangeants. Et là, ce feel good à la japonaise, c’est-à-dire subtil et poétique, m’a cueillie avec bonheur.



Ce roman poupées russes repose sur un scénario incroyablement créatif empreint d’un réalisme magique, de touches fantastiques ancrées dans la vraie vie. Comme dans un conte, trois petits malfrats pas très doués décident de passer la nuit dans une maison abandonnée, l’ancien bazar Namiya du titre. Et là, des lettres venus du passé sont déposés dans la boîte au lait de la boutique/ Elles demandent toutes des conseils au vieux Monsieur Namiya qui avait coutume d’y répondre. S’en suit une correspondance magique où les années 2010 communiquent avec les années 1980, interagissant de façon imprévue.



Sur ce thème éculé des voyages dans le temps, les histoires de ceux qui écrivent ces lettres commencent à s’entremêler. Ce qui ressemble au départ à des nouvelles devient progressivement un merveilleux roman où tous les acteurs sont connectés, où tous les détails s’emboitent selon une intrigue méticuleusement construite, presque sans effort tellement l’avancée est fluide et cohérente.



Peut-être que la plume peut sembler un peu plate, notamment dans les dialogues. Avec le recul, je la trouve humble dans sa simplicité non démonstrative, comme si elle voulait mettre en avant l’humanité qui se dégage de ce récit. Chaque lettre, chaque situation, chaque demande de conseil sont autant de tranches de vie nippone, évoquant la famille, la pression sociale, la vie amoureuse ou professionnelle sous forme de dilemme : faut-il poursuivre son entrainement olympique ou accompagner l’amour de sa vie qui est en toute fin de vie ? Faut-il abandonner ses rêves de musicien pour reprendre la poissonnerie de son père malade ? Faut-il poursuivre une grossesse lorsqu’on sera une mère célibataire ?



L’émotion affleure très souvent, notamment dans la troisième partie sur le vieux Monsieur Namiya qui sent qu’il va mourir et demande à son fils une requête très particulière qui montre à quel point s’ouvrir aux autres, avoir de la compassion et de l’empathie pour des inconnus peut avoir un impact bienveillant. Ce roman fait du bien !
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Les sept divinités du bonheur

°°° Rentrée littéraire 2022 # 29 °°°



Alors que j'ai tendance à m'enflammer pour des thrillers nerveux et violents, à l'écriture serrée à l'os, j'ai été charmée par ce polar japonais tout en finesse entièrement dépourvu d'événements spectaculaires et sanglants. Juste une histoire banale mettant en scène des personnages ordinaires : un homme poignardé, retrouvé assassiné au pied du pont Nihonbashi, un suspect dans le coma après avoir été percuté par une voiture, en possession du portefeuille de la victime. Enquête qui semble aisée à résoudre ... sauf que ... l'intuition de l'inspecteur lui dit qu'il faut se méfier des apparences.



Au départ, on se dit que ça ronronne sans originalité particulière, d'autant que le style en lui-même est assez plat. On est porté pépère par la fluidité narrative du récit. Et puis, il y a quelque chose qui se passe, qui nous ferre. Avec son acuité exceptionnelle tournée vers l'observation, Keigo Kigashino a construit un polar de pure investigation qui porte l'attention sur des infimes détails, précieux indices pour le lecteur attentif : une petite annonce d'emploi dans une vitrine, un chocolat chaud et rien d'autre, une fidélité aux nouilles aux sarrasins, une recherche de chaussettes non trouées, des grues colorées en origami et bien d'autres.



Au-delà du plaisir de voir le puzzle de l'enquête se mettre patiemment en place au fil des nombreuses rencontres faites par l'inspecteur Kaga, j'ai également grandement apprécié la mise en lumière de la part d'ombre d'une société japonaise ultra codifiée : la pression mise par les entreprises sur les salariés, notamment les intérimaires, si mal considérés et si mal traités ; la crise économique qui frappe les plus précaires ; la soumission à une hiérarchie sociale rigide dans lesquelles les apparences sont particulièrement importantes, il ne faut surtout pas faire de vague.



In fine, c'est toute une réflexion sur la culpabilité et le pardon qui se dessine subtilement, presque lancinante dans le dernier tiers, avec en décor important la culture religieuse shinto. Nihonbashi est un des quartiers historiques de Tokyo, célèbre pour son pont du XVIIIème siècle orné de deux superbes statues de qilins ( dragons ailés ), également pour ses nombreux sanctuaires aux Sept divinités où il est coutume de faire un pèlerinage le jour de l'An.



Un polar qui ne révolutionne pas le genre mais la balade dans le Tokyo des marges et le Tokyo traditionnel, doublée d'une enquête méticuleusement menée, est vraiment très plaisante.





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Le Nouveau

Bon ben après toutes ces histoires de mariage qui commençaient à me monter à la tête, j'ai pris le chemin du Japon pour prendre l'air avec une intrigue policière à Tokyo.

Nous avons ici une dame de quarante cinq ans , divorcée, vivant seule et retrouvée étranglée. Et il y a Kaga , l'homme à la chemise ouverte sur un tee-shirt , un jeune policier qui mène l'enquête. C'est le Nouveau, il vient d'arriver au commissariat du quartier de Nihonbashi où vivait la victime. Grâce à ses remarquables facultés d'observation rien ne lui échappe , surtout les petits détails que personne d'autre ne relève. Et tout autour de lui pullulent une multitude de personnages de commerces variés , directement ou indirectement concernés par l'affaire, que Kaga interroge avec ses méthodes assez spéciales. L'intérêt du livre réside dans ces personnages qui vont peu à peu dévoiler leur propre intimité et leurs secrets à travers l'enquête qui suit son cours à travers les rues, les parcs, les cafés , les pâtisseries, les négoces d’artisanat traditionnel et les maisons de Tokyo. Kaga prend non seulement soin de l'enquête mais aussi des personnages proches de la victime affligés par sa mort, un comportement au départ qui semble un peu suspect , devenant de plus en plus émouvant , amorçant presque le suspens de l'intrigue.

Merci Blandine,tu avais raison, policier n'est pas le premier atout de ce livre intéressant que j'ai bien aimé.



« Qui es-tu vraiment, toi ?

Kaga prit son éventail, l'ouvrit et répondit en l'agitant devant son visage.

— Personne de particulier. Un nouveau dans le quartier. »

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La maison où je suis mort autrefois

Il y a des romans qui vous happent littéralement, à peine avez-vous mis le nez dedans que vous n’arrivez plus à vivre normalement. Vous devenez accro à l’histoire et au style, et rien n’a plus d’importance à part ce sacrément bon polar.

Vous négligez tout, votre conjoint (pas le temps pour des calinous), les chats (ils sont bien gras, ils mangeront demain) vous oubliez le gratin dans le four (deux heures trente de cuisson, c’est peut-être un peu trop), vous zappez la douche avant le travail pour pouvoir finir un chapitre (vous mettrez un peu plus de parfum !), vous prétendez avoir besoin d’aller aux toilettes au boulot toutes les 10 minutes juste pour lire en douce quelques pages…

Bref, ce roman japonais est vraiment bon, le style est assez froid, un peu distant mais cela s’accorde très bien avec l’histoire.



Justement qu’en est-il de l’histoire ?

Une jeune femme reçoit un drôle d’héritage à la mort de son père : une grosse clé et un plan d’accès intrigant. Elle décide alors de faire appel à un ancien petit ami pour découvrir l’endroit dont il s’agit, et à partir de là, on ne décroche plus de cette histoire qui nous emmène dans une étrange maison cachée, à la recherche d’un passé oublié.

D’indices en indices, nous allons réveiller bien des fantômes et mettre à jour des secrets longtemps enfouis.

Bon, vous l’aurez compris, j’ai adoré et je le recommande chaudement à condition de ne rien avoir d’urgent ou d’important à faire dans les prochaines heures.

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Le Dévouement du suspect X

Encore un excellent polar de cet auteur envoûtant que j’apprécie énormément. Si vous aimez le roman à énigme dans lequel la réflexion, la logique et l’esprit de déduction priment sur les effusions de sang et les actions spectaculaires, où le jeu intellectuel entre deux brillants protagonistes prévaut, où l’arme principale des enquêteurs est un calepin et non une arme de poing, alors ce roman est pour vous. Le tout au pays du Soleil-Levant dans une atmosphère feutrée où règnent courtoisie et respect, fondements de la culture nippone. Vous l’aurez compris le déroulement de l’enquête relève plus ici d’un « Columbo » que d’une série policière aux interrogatoires musclés.

Ishigami, un discret professeur de mathématiques, est secrètement épris de sa voisine Yasuko une femme vivant seule avec sa fille. Son ex-époux qui a retrouvé sa trace la harcèle. Un soir il se rend chez elle et tente de l’intimider mais tout dégénère et elle le tue pour protéger sa fille. Ishigami qui a tout entendu lui propose de l’aider en élaborant un plan afin de camoufler le meurtre. Le corps non identifiable sera retrouvé à des kilomètres sur une fausse scène de crime. L’objectif du récit n’est donc pas de nous mener à l’assassin puisqu’on le connaît d’emblée mais de connaître la méthode qu’il a utilisée pour se débarrasser du cadavre (ce que le lecteur ignore) et comment les enquêteurs vont parvenir à reconstituer le fil des événements et découvrir la vérité. L’inspecteur principal qui peine à solutionner l’énigme en dépit des maintes vérifications et auditions s’entoure d’un ami physicien Yukawa, lui même proche de l’étrange voisin. Le rythme est lent, le style dépouillé mais efficace et on ne s’ennuie pas! Entre fausses pistes et coups de théâtre le suspense nous tient de bout en bout. Se mêle aussi au récit de l’enquête une histoire d’amour à sens unique tragique et poignante. Le physicien finit par mener une enquête parallèle et s’approchant abasourdi de l’étonnante vérité, se tait par loyauté pour son ami. Les deux esprits scientifiques s’affrontent dans un jeu cérébral implacable sans ternir leur amitié jusqu’au surprenant retournement final.

On en redemande.
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La fleur de l'illusion

Je découvre cet auteur japonais avec cette Fleur de l’illusion qui s’éloigne avec bonheur de l’enquête policière classiquement balisée. Sans effet facile ni avalanches d’hémoglobines ou encore épuisants rebondissements à tout-va, Keigo Higashino démontre une grande maîtrise dans la construction d’un scénario ciselé et original.



Les enjeux semblent tout petits, au départ : le suicide d’un jeune homme sans signes avant-coureurs, l’assassinat de son grand-père, tranquille botaniste. On prend la mesure de la cohérence et de la subtilité de l’intrigue dans les ultimes pages où tous les indices, délicatement disséminés, se révèlent et s’assemblent. Le double prologue donnait pourtant toutes les clefs, mais de façon tellement insaisissables ( un couple de jeunes parents sauvagement assassinés au katana en pleine rue, les premiers amours de deux adolescents ) qu’il m’a été impossible d’en dénouer les fils.



Et c’est tant mieux. Je me suis laissée porter par cette ambiance mystérieuse qui m’a donné la sensation de flotter, baladée de possibilité en hypothèse sans que je n’ai jamais pu entrevoir la réalité. Par moment, je me suis un peu assoupie, le récit est lent et manque parfois un peu de nerfs pour un roman estampillé policier. Inclassable finalement avec au cœur du scénario une fleur, l’ipomée, qui déclenche l'effet papillon lorsque des passionnés découvrent qu’une variété jaune, disparue depuis le XVIIIème siècle, réapparait. Très japonais.



Si la Fleur de l’illusion ne m’a pas passionnée, j’en ai apprécié la saveur particulière. Derrière l’ambiance feutrée, l’auteur dresse un portrait complexe de la jeunesse japonaise et de ses préoccupations existentielles : la question de l’honneur au sein de la société, celle de l’héritage et de la transmission sur fond de secrets de famille, la pression familiale pour la réussite. L’après-Fukushima est en toile de fond et les jeunes présentées ici apparaissent comme totalement désorientés mais pour certains, prêts à relever le challenge de réécrire leur histoire hors de la lourdeur des codes imposés par la famille et la société.

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Le Dévouement du suspect X

Un gros, un énorme coup de cœur pour ce qui me concerne !

Ce roman coche toutes les cases pour une note maximale, il rafle tous les oscars (ou les césars si vous préférez), pour les critères suivants :

- Un scénario original et d'une beauté rare

- Une intrigue d'une belle complexité

- Une belle (et triste) histoire d'amour

- Des dialogues superbes et intelligents

- Une fin sublime et émouvante



Il s'agit de ma deuxième rencontre avec Keigo Higashino, la première était déjà marquante avec un scénario étonnant et déjà pas banal, ici il récidive avec une intrigue inattendue.



"Ishigami, un professeur de mathématiques, est amoureux de sa voisine, Yasuko Hanaoka, une femme divorcée qui élève seule sa fille. Mais son ex-mari a retrouvé sa trace et la harcèle. Elle le tue en cherchant à protéger sa fille qu'il a attaquée. Ishigami, qui a tout entendu, y voit l'occasion de se rapprocher d'elle et lui propose son aide."



La mise en place du scénario est rapide et le lecteur entre vite dans le vif du sujet, l'enquête commence et notre prof de maths, aidé de sa logique au dessus de la moyenne, va s'employer à contrarier l'enquête de police. C'était malheureusement compter sans Yukawa, un physicien à l'intelligence brillante et ancien camarade d'études d'Ishigami et qui collabore à l'occasion avec la police, les deux anciens amis vont se retrouver, et les deux esprits se confronter.

J'ai été captivé tout du long, les personnages sont parfaits de naturel et de vérité, mais surtout, il n'est jamais et à aucun moment besoin d'outrances ou de retournements de situations invraisemblables ou in extremis, la sobriété du contexte japonais fait ici merveille.

La qualité des dialogues est un autre point fort, ils sont empreints de sensibilité ou de logique et servent une intrigue complexe qui n'est pas seulement policière mais aussi psychologique.

Ce roman policier est aussi et à sa façon une histoire d'amour marquante, j'avoue avoir eu du mal à refouler quelques larmes à la toute fin !

Pour conclure, j'ai bien sûr adoré cette lecture et je me réjouis de pouvoir lire encore deux enquêtes en compagnie du physicien Yukawa, une belle expérience.
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La maison où je suis mort autrefois

Un polar noir obsédant, d'une froideur étrange, un huis-clos lugubre oppressant, totalement addictif !



Je n'ai pas pu lâcher ce livre avant de l'avoir fini tant il est haletant. Impossible de le poser sans savoir ce qui se passe. Ce d'autant plus que la construction est brillante, si nous pensons parfois détenir des bribes d'explications, elles partent aussitôt en lambeaux quelques pages plus loin. Nous ne comprendrons qu'à la toute fin l'histoire, reconstituant peu à peu le puzzle d'une tragédie vertigineuse. C'est d'autant plus passionnant que Keigo Higashino traite d'une thématique sensible, celle des lacunes de notre mémoire et de la quête d'identité consécutive. Et ce que cachent ces lacunes.



Sayaka Kurahashi contacte son ancien petit ami pour lui demander de l'aide. A la mort de son père, elle a reçu une étrange clé à tête de lion et un plan conduisant à une bâtisse totalement isolée dans les montagnes, près du lac de Matsubara. Elle sent que cette maison recèle peut-être des explications au trouble dont elle souffre confusément : une amnésie concernant sa jeune enfance. Elle ne se souvient en effet de rien avant ses cinq ans, pas le moindre petit souvenir, amnésie amplifiée par l'absence totale de photos d'elle avant son entrée en primaire dans les albums de photos familiaux. Elle a besoin d'y aller car elle va mal et pense trouver une explication à son mal-être. Mariée à un homme d'affaires souvent absent, elle maltraite en effet sa petite fille de trois ans et a peur de commettre l'irréparable.

Ils vont découvrir une étrange demeure manifestement abandonnée, à la porte condamnée et dont la clé à tête de lion ouvre une discrète porte au sous-sol. A l'intérieur, le temps semble s'être arrêté, tout est laissé en plan comme si les habitants étaient partis dans la précipitation, comme semblent l'indiquer les tasses sur la table, les vêtements sur cintre, les cahiers ouverts sur les bureaux. Tout semble s'être arrêté exactement à 11h10, horloges et montres figées à cette heure-là, vingt-trois ans plus tôt. Dans une chambre d'enfant ils vont trouver le journal intime du petit garçon qui vivait là et comprennent peu à peu l'ampleur de la tragédie qui a eu lieu.



Je n'ai pu m'empêcher de me demander quel était mon plus vieux souvenir, de me remémorer là où j'ai vécu enfant. Une part de moi y est-elle encore ou y est-elle morte, je ne saurais le dire, sans doute les deux, mais elle est indéniablement constitutive de ce que je suis devenue. Comment peut-on se construire sans souvenir ? L'amnésie n'est-elle pas un réflexe de défense de l'organisme face à un traumatisme ?



"Chacun n'a-t-il pas une maison où l'enfant qu'il était est mort autrefois ? "



Ne surtout pas en dire plus, si ce n'est que la construction est brillante ; l'écriture épurée et concise, incisive pourrait-on dire, sans fioritures ni digressions poétiques, au service de l'ambiance lugubre et angoissante ; le déploiement de l'intrigue est implacable pour d'autant mieux nous glacer ; la personnalité des personnages semble assez froide de prime abord pour mieux nous surprendre ensuite ; le suspense engendré par les secrets de la maison, thème également passionnant, est menée de main de maître. La lecture se fait véritablement en apnée. le titre interpelle immédiatement, l'incipit laisse perplexe, nous voilà bien harponné, jusqu'à la dernière phrase. Savoureusement haletant !



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Le cygne et la chauve-souris

Crimes et cas de consciences



Karuki vient de tout avouer. C'est lui qui a poignardé Shiraishi, l'avocat retrouvé mort dans une voiture stationnant illégalement dans la rue d'un quartier de Tokyo.

Pour justifier son crime, il en avoue un second commis bien avant, en 1984, et aujourd'hui prescrit.

Tout est allé plus vite que dans un épisode de la série Colombo, le criminel est démasqué et l'affaire déjà pliée. Il ne reste plus qu'à organiser le procès pour décider du sort de l'assassin.

Pourtant personne n'est dupe, les aveux de Karuki ne semblent pas crédibles même si ce dernier persiste à clamer sa culpabilité.

La fille de la victime, Mirei, et le fils de l'accusé Kazuma, la lumière et l'ombre, le jour et la nuit, vont reprendre une enquête close pour la police afin de tenter de faire émerger une vérité bien éloignée des apparences...



Même si l'entrée en matière semble précipitée, l'enquête va se dérouler sur un rythme très lent. On aura beau prendre le Shinkansen, le train à grande vitesse japonais, ici on prend le temps.

Entre deux pintes de bière, quelques tasses de café latte ou de thé, on formule, on reformule et puis on continue de réfléchir, d'émettre des hypothèses, de préférence dans des restaurants.

On pense beaucoup à l'entourage des victimes mais aussi à celui des agresseurs qui subit également de plein fouet les dommages collatéraux causés par le crime.

On s'interroge sur le système judiciaire et les conséquences des défaillances policières, sur le rôle et l'influence des medias.

Et pendant ce temps, Keigo Higashino, aussi minitieux et précis qu'un horloger suisse, construit son intrigue au mécanisme complexe mais à la fiabilité sans faille.

Soumise à une introspection plutôt inhabituelle, la société japonaise naturellement pudique et hermétique nous apparaît subitement sous un autre jour. Fascinant.





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Le Dévouement du suspect X

Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour…



Les livres sont des voyages immobiles parfois étonnants. Je viens de vivre une véritable douche écossaise car du Mexique au Japon, il n'y a qu'un pas en littérature.

Alors que mon précédent livre était en effet mexicain (« Sauver le feu » de Guillermo Arriaga) marqué du sceau pimenté de la passion amoureuse et de la violence extrême, ce polar japonais de Keigo Higashino a ce côté feutré, subtil et délicat caractéristique de la société nippone. Aucune effusion de sang, aucune course poursuite ni coup de feu, aucune bestialité, aucune scène de sexe, et pourtant meurtre il y a et passion amoureuse ultime il y a.



Ce ne sont ici pas les pulsions qui règnent en maitre et dictent les comportements, mais la logique et la psychologie, une logique diabolique, une psychologie fine, qui orchestrent cette histoire dans laquelle nous connaissons dès les premières pages le coupable. Ainsi, un peu comme Columbo, nous allons petit à petit, énigme après énigme, comprendre le modus operandi du coupable pour tenter de brouiller les pistes. C'est un roman policier tout en finesse et en délicatesse. Avec une fin extrêmement poignante, dramatique et grandiose qui m'a touchée en plein coeur.





Pour protéger sa fille Misato, Yasuko étrangle son ex-mari qui ne cessait de les harceler, venant chez elles à l'improviste et quémandant toujours de l'argent. Ce crime imprévu, perpétré dans leur appartement, les terrifie et, lorsque leur voisin de palier, Ishigami qui a tout entendu et qui a deviné ce qui s'est passé, propose de les aider à faire disparaitre le corps, elles acceptent avec un certain soulagement. Elles suivent à la lettre ce que leur indique de faire et de dire ce brillant professeur de mathématiques en qui elles ont toute confiance.

Pour Ishigami c'est une façon inespérée d'approcher la belle Yasuko dont il est profondément amoureux, secrètement amoureux cependant tant il ne se sent pas à la hauteur avec son physique sans charme, corps trapu et grosse tête cachant de tout petits yeux. C'est un vieux garçon qui ne cesse de faire des mathématiques s'attelant inlassablement à résoudre un problème mathématique auquel il voue sa vie. Seules ses venues quasi quotidiennes chez le traiteur où travaille Yasuko pour aller acheter son bento pimentent quelque peu sa vie, brefs éclats de lumière dans sa vie morne qu'il cache sous une apparence d'impassibilité.



Quand le cadavre est découvert à quelques kilomètres de l'immeuble, les policiers trouvent rapidement l'identité de la victime malgré son visage broyé, ses bouts de doigts brûlés, ses vêtements rapidement calcinés, comme si on avait voulu masquer son identité. Il s'agit bien de l'ex-mari de Yasuko. La femme devient le suspect principal, sauf qu'Ishigami a tout prévu, la mère et la fille disposent d'alibis en béton armé. Les policiers n'y voient que du feu.

Mais cette machinerie bien huilée va se gripper grâce à la perspicacité du physicien Yakawa, ami de l'inspecteur Kusagani chargé de l'enquête, et surtout ancien camarade d'Ishigami, partageant tous deux, il y a des années de cela, les mêmes bancs à l'Université. le physicien connait le génie du mathématicien et comprend sa manière de fonctionner, admiratif de cette intelligence pure dont le cerveau fonctionne tel un engrenage implacable.



Yukawa comprend notamment que le mathématicien a mené les policiers par le bout du nez, les amenant à se focaliser sur les alibis qui deviennent très vite des impasses, des culs-de-sac dont ils repartent aveuglés, prisonniers.



« Qu'est-ce qui est le plus simple, trouver la solution d'un problème, ou vérifier la solution trouvée par quelqu'un d'autre ? ».



« Si une personne médiocre cherche à réaliser une opération de camouflage complexe, elle creusera sa propre tombe en recherchant la complexité. Une personne géniale ne tombera pas dans ce travers. Elle arrivera à résoudre le problème extrêmement complexe en sélectionnant une méthode très simple qu'une personne normale n'utiliserait certainement pas ».



La beauté feutrée, la justesse, la grande maîtrise enveloppent ce livre tant dans le scénario, que dans les dialogues percutants et sans emphase, mais surtout dans les silences et les non-dits, dans la retenue qui colore l'amour et l'amitié. Tout est délicat, serein, même quand l'ignoble est décrit, même quand l'amour se fait sacrifice. Jusqu'au cri final, animal, qui nous fauche…

Notons que la plus grande beauté dans ce livre provient des mathématiques-même qui sont ici au service du romantisme le plus pur qui soit.





Dans ce polar japonais d'une très grande et belle finesse, Keigo Higashino nous mène par le bout du nez. le lecteur est comme dans un jeu d'échec dans lequel l'auteur aurait plusieurs coups d'avance sur nous. Et surtout, il procède lui-même comme le mathématicien Ishigami : en nous faisant croire que nous tenons entre les mains uniquement un polar à énigme, nous découvrons en réalité qu'il s'agit ni plus ni moins d'une histoire d'amour fou, d'une histoire d'amour sacrificielle inconcevable. du grand art !

J'ai bien entendu d'autant plus hâte de découvrir les deux autres tomes de cette trilogie consacrée aux enquêtes du commissaire Kusagani associé au physicien Yakawa. Un grand merci à Eric (@Casusbelli) qui se fait éclaireur dans cette lecture chronologique des livres de cet auteur japonais qui avait reçu le prix du Polar international de Cognac pour La maison dans laquelle je suis mort autrefois et le prix Naoki pour celui-ci !

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La maison où je suis mort autrefois

J'ai découvert récemment la littérature japonaise avec des titres qui m'ont fait sortir de mes habitudes, une incursion dans une autre culture et d'une certaine façon, la découverte d'un autre univers. Je souhaitais poursuivre l'expérience avec des polars et des romans noirs, et le nom de Keigo Higashino m'a été suggéré, un choix judicieux.

Je vais le dire tout de suite, j'ai adoré cette lecture, beaucoup aimé l'écriture et le style de l'auteur, mais surtout j'ai admiré la construction de cette histoire dont je reprends l'excellent résumé d'introduction si dessous.



"Sayaka Kurahashi va mal. Mariée à un homme d’affaires absent, mère d’une fillette de trois ans qu’elle maltraite, elle a déjà tenté de mettre fin à ses jours. Et puis il y a cette étonnante amnésie : elle n’a aucun souvenir avant l’âge de cinq ans. Plus étrange encore, les albums de famille ne renferment aucune photo d’elle au berceau, faisant ses premiers pas… Quand, à la mort de son père, elle reçoit une enveloppe contenant une énigmatique clef à tête de lion et un plan sommaire conduisant à une bâtisse isolée dans les montagnes, elle se dit que la maison recèle peut-être le secret de son mal-être. Elle demande à son ancien petit ami de l’y accompagner".



Inutile de préciser qu'avec une telle introduction, on croit se douter du fin mot de l'histoire et des causes de ce mal-être, c'est compter sans le scénario concocté par Keigo Higashino qui va nous proposer quelque chose de complexe et assez original, à savoir l'exploration d'une maison remplie de secrets et d'indices.

Une enquête aux allures d'un "escape game", une exploration méticuleuse où l'auteur fait lentement monter la pression avec une rare maestria et sans effets superflus, utilisant la logique comme seul boussole, nos deux enquêteurs ayant chacun leurs points forts, réminiscence et intuition pour Sayaka et logique "scientifique" pour son ami.

Nous avons ici plus à faire à un roman noir qu'un polar, le génie de ce scénario étant dû essentiellement au fait que les investigations vont être menées par deux personnes tout à fait "ordinaires". Dans cette histoire il sera aussi question de psychologie et de théories sur l'amnésie et les blocages psycho somatiques, de leurs conséquences comportementales, un atout de plus pour cette lecture captivante.

Je ne vais pas en dire plus, j'ai apprécié de bout en bout, le rythme est idéal et l'ensemble parfaitement maîtrisé, en un mot, c'est brillant, je ne compte pas m'arrêter là avec Keigo Higashino !
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Le Nouveau

Comme je ne suis pas objective car j'adore Keigo Higashino, je vous dis d'emblée que j'ai adoré ce titre. J'ai apprécié me promener dans le quartier de Nihonbashi , gardien du vieux Tokyo avec ses boutiques d'artisanat, de fait main et de traditions. Kaga Kyoichiro, inspecteur de police, nouvellement muté dans ce quartier nous y promènera et nous découvrirons cet univers avec lui. Une femme est retrouvée morte dans son appartement par une copine. Ha si vous pensez vous coller une enquête de police traditionnelle, détrompez vous. Peu d'actions. Ici les dialogues et les rencontres avec les gens sont importants et priorisés. On flirte avec l'intimité des gens au fil des rencontres.

Le rythme de l'enquête est lent et suit les découverte de boutiquiers du quartier où des personnages en périphérie de l'enquête et de la victime, qui m'ont semblé tout à fait anecdotiques, nous informeront petit à petit sur les avancées de l'enquête. "Le nouveau" c'est bien sûr cet inspecteur, observateur, conciliant, compréhensif, un humain bienveillant, qui oui, veut trouver le coupable mais qui ne néglige aucunement les motivations pour une compréhension holistique de la situation. Un roman policier à tiroirs où le moindre détail est important.

C'est délicieux comme promenade à Tokyo, c'est intelligent comme enquête et c'est très réussi comme intrigue.
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Un café maison

Au Japon la vengeance est un breuvage qui se boit chaud, c’est du moins ce que laisse à penser le roman policier de Keigo Higashino "Un café maison".



Yoshitaka est seul dans son luxueux appartement de la capitale nippone ; il sirote un petit noir en pensant à sa maîtresse Hiromi qui sitôt la journée de travail terminée va l’appeler. Et puis soudain, alors qu’il tient encore la tasse à la main, il s’écroule raide mort au milieu du salon.

La femme de Yoshitaka, Ayané, se trouve depuis deux jours chez ses parents à l’autre bout du pays. Yoshitaka lui a annoncé récemment son intention de demander le divorce au motif qu’elle ne peut pas avoir d’enfant.



Hiromi est l’élève favorite d’Ayané son professeur de patchwork. Curieusement, avant de partir précipitamment en province, Ayané lui a confié une clé de leur appartement.

C’est donc la malheureuse Hiromi qui découvre le corps sans vie de son amant et appelle les secours.



C’est avec plaisir que nous retrouvons les fins limiers tokyoïtes et notamment le sympathique inspecteur Kusanagi, déjà rencontré lors d’une précédente affaire criminelle, avec sa façon impayable de questionner avec force politesse les présumés innocents.

Si l’empoisonnement à l’arsenic est rapidement avéré, les enquêteurs se perdent en conjectures quant au mobile du crime et aucun des assassins potentiels ne fait consensus.

Heureusement le physicien Yukawa, l’ami de Kusanagi, adore les énigmes à priori insolubles. Il sait que le crime parfait n’est pas si facile et, contrairement aux policiers, n’écarte pas d’emblée les hypothèses les plus irrationnelles…



Bien qu’il n’ait pas la saveur exquise des romans d’Higashino "Le Dévouement du suspect X" et "La maison où je suis mort autrefois", j’ai goûté sans déplaisir à "Un café maison".

D'un arôme un peu moins subtil, ce policier m’a au final quelque peu laissé… sur ma soif.

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L'équation de plein été

Chut je suis dans le Shinkansen et, respectueuse je parle à voix basse car un enfant vient de se faire rabrouer devant moi car il utilisait son téléphone portable... par contre comme tout le monde ici je me suis offert un délicieux ekiben que j'ai savouré tout en contemplant le paysage.

Aussi je vais essayer d'être rapide et succincte mais je crois que je ne vais pas y arriver.

Direction Hari-Plage, station balnéaire oubliée, dépassée et délaissée par les touristes pour assister à deux conférences (oui oui j'avais renvoyé mon bulletin d'inscription il y a quelques semaines et tout fait dans les règles).

Point de chute, l'auberge Rokugansö conseillée dans un murmure par un petit garçon étonnant de 10 ans, Kyöhei, neveu justement du couple d'aubergistes, rencontré durant mon trajet.



Vacances studieuses? Non! Mais vacances très instructives pour plusieurs raisons:

la première, la raison de mon déplacement, assister aux conférences de la DESMEC, la Société nationale d'exploration minière sous-marine, dont le projet serait l'exploitation de gisements hydro-thermaux.

Deuxièmement, la rencontre du professeur physicien, Yukawa, que j'ai accompagné presque quotidiennement dans d'étranges expériences ou plutôt démonstrations en vue d'aider Kyöhei dans ses devoirs de vacances et résoudre l'équation de plein été.

la troisième, m'initier à la plongée sous-marine dans les eaux cristallines grâce à une charmante jeune fille, Narumi, la fille des aubergistes

Ah, j'oubliais la visite du bateau océanographique de la DESMEC et, dans la lumière de la nuit le spectacle pyrotechnique dont Yukawa m'a révélé les mystères.

et enfin la découverte de la mécanique judiciaire nippone et là j'ai du m'accrocher, ça n'a pas été très simple.



Je vous rassure tout de suite, je ne suis ni coupable, ni victime, ni même témoin de quoi que se soit! Mais le lendemain de mon arrivée à Hari-Plage le corps de l'un des rares clients de l'Auberge a été découvert sur les rochers de la plage... ainsi d'un coup j'étais aux premières loges pour suivre le déroulement de l'enquête et quelle enquête!



Brrreeu, quand j'y pense, j'ai dormi dans la chambre « Cerisiers en fleurs » mitoyenne de celle du défunt, la chambre « Arc- en- ciel ».

Bref l'identification rapide du corps par la police locale nous a révélé qu'il s'agissait d'un policier à la retraite de Tokyo, âgé de 61 ans.



Mais comment expliquer la présence de son corps le long du port de Hari-Plage alors que très vite, après autopsie, le diagnostic tombe: décédé des suites d'une intoxication au monoxyde de carbone.

La mort de toute évidence n'est pas naturelle, un meurtrier à Hari-Plage?

Les uns s'interrogent, d'autres font profil bas mais la vérité sort de la bouche des enfants... et le physicien Yakawa n'en perd pas une surtout qu'il est de connivence avec la police judiciaire de Tokyo.



Pour ma première immersion dans un polar japonais et dans l'univers de Keigo Higashino j'ai été servie! J'ai cru me noyer dans la foultitude des noms des personnages, ceux de la famille élargie de Kyöhei passe mais ceux des policiers, une autre paire de manches.

Une enquête sur trois niveaux, d'abord celui de l'équipe locale, puis celui de la préfecture à laquelle est rattachée Hari-Plage, et enfin celui de l'enquête parallèle menée par un binôme de Tokyo car la victime n'est autre que le mentor d'un grand ponte et ami de la police judiciaire de la capitale.



Je ne me suis pas du tout ennuyée, attentive aux moindres détails, Keigo Higoshino m'a promené dans un Japon contemporain, éloigné des vues des cartes postales, plus proches des soupes populaires et des menaces environnementales...



Beaucoup de temps, d'empathie, de précisions pour nous faire partager le fin mot de cet affaire qui se dévoile étapes par étapes en accumulant les indices méticuleusement.

Et puis je me suis prise d'affection pour Kyöhei et je dois dire que c'est avec son regard d'enfant que j'ai appréhendé et vécu cette histoire. Le monde des adultes lui a réservé des surprises et révélé bien des secrets.

Une lecture agréable qui a assouvi ma curiosité car L'équation de plein été était ma première incursion dans le polar nippon.



Allez, tout cela m'a donné faim, je vais de ce pas me concocter des nouilles aux algues, spécialité de Hari-Plage, avant d'aller boire un café maison!

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Un café maison

Toujours légèrement, non assez, dépaysant lire un polar japonais. Surtout un polar de Higashino. On tourne autour du pot, on relaie l'information, on reste poli, on respecte...ça peut nous paraître long et inutile mais c'est en même temps une révélation sur les us et coutumes des japonais. Dès le début ici, un personnage nous dit qu'il va tuer. Peut-on quand même permettre au lecteur de douter ? Oui ! et c'est ce qui est magique avec "Un café maison". Ce sera la recherche de preuves qui nous fera douter. Ici nous avons une enquête qui tourne autour de l'incapacité de personnalités à vivre ensemble. Qui tourne autour de motivations trop différentes pour s'accorder. Mais nous avons aussi une enquête bâtie autour d'une équipe de policiers où le respect mutuel et la hiérarchie bien japonaise sont très présents. Avec les mots justes et une écriture fluide, l'auteur nous implique dans les réflexions, la recherche et la minutie du détail d'enquête. Somme toute, une bonne lecture parce que j'aime cet auteur .
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Les miracles du bazar Namiya

COUP DE COEUR

*

Bizarre, vous avez dit bizarre? Comme c'est bizarre....

*

Je ne voulais d'abord pas vous en parler. Faut-il vous convaincre de le lire? Au départ je me suis dit que l'ambiance étrange ne fonctionnerait pas avec tout le monde. Vous voyez? Je mets les gens dans des cases. Mais ensuite, moi-même pas toujours partante pour sortir de ma zone de confort, je me suis dit "tout de même, il faudrait au moins essayer d'en parler". Et voilà, je viens vers vous pour vous proposer cette petite parenthèse enchanteresse. Vous me voyez venir avec mes gros sabots, hein! Oh du feelgood, des bons sentiments. Eh ben non, raté!

Ce que je veux vous expliquer, c'est qu'une fois pris dans le récit, vous ne le lâcherez plus. Je vous le promets!

Moi-même j'en ai fait l'expérience. Lu d'une traite! Fini à 2h30 du matin!

*

Je ne vous résumerais rien. La découverte fait partie du plaisir de lecteur.

Juste que si vous aimez les voyages dans le temps, les années 80, le Japon et sa singularité, les échanges épistolaires et l'optimisme, alors laissez-vous aller.

*

Envoûtant.
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La maison où je suis mort autrefois

Chacun de nous se rappelle plus ou moins de sa petite enfance : bribes d’évènements familiaux, endroits insolites, jeux particuliers, frayeurs parfois…



Le personnage principal de « La Maison où je suis mort autrefois », Sayaka, n’a aucun souvenir de ses premières années. Pas une photo de famille, pas une allusion de ses parents à sa tendre enfance auxquelles elle pourrait se rattacher !



Est-ce la raison pour laquelle, aujourd’hui jeune maman, elle ne supporte pas sa petite fille au point de la maltraiter ? Ses actes insensés ne trouvent-ils pas leurs origines dans des évènements potentiellement traumatiques qu’elle aurait vécus toute petite ? Le phénomène déclencheur de ses pulsions suicidaires serait-il dû à cette amnésie incompréhensible ?



Livrée à elle-même, son mari est à l’étranger pour plusieurs mois, Sayaka sollicite l’aide de son ex petit ami lequel est devenu scientifique mais resté célibataire.

Celui-ci en pince toujours pour la jeune femme et les voilà tous deux, le samedi suivant, à plusieurs heures de voiture de Tokyo dans une maison inoccupée mais meublée.

Feu son père a laissé à Sayaka une enveloppe avec un plan indiquant le chemin conduisant à celle-ci ainsi qu’une clé permettant d’y entrer.



De façon habile, Keigo Higashino livre une à une les pièces d’un puzzle macabre et plonge le lecteur dans un huis-clos captivant sur les pas de ces deux explorateurs.

Peu à peu les indices découverts à différents endroits de la demeure apportent de l’eau au moulin de leurs supputations.

Son ami scientifique s’avère un fin limier et aide brillamment Sayaka à transformer en évidences factuelles les incohérences matérielles observées ici et là.



Isolez-vous une poignée d’heures dans cette bâtisse poussiéreuse, sans eau ni électricité !

Cet inconfort passager est le prix à payer pour découvrir un à un les secrets d’une famille cruellement éprouvée par le destin.







P.-S. : Si vous prenez plaisir à lire ce très bon thriller, vous apprécierez également l’excellent « Le Dévouement du suspect X » du même auteur.

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Le Nouveau

Me voyant examiner ce livre sous toutes ses coutures , ma libraire préférée ,qui passait par là , me déclara :" Celui-ci devrait vous plaire ."

Bien entendu , toute hésitation fut aussitôt levée et ....Pour tout dire , ce fut " une bonne , voire trés bonne pioche . "

Le lieu de l'action se devine aisément au regard de la couverture , et oui , nous sommes au Japon , au coeur de Tokyo , dans un quartier où l'inspecteur Kaga Kyoichiro vient d'être muté .

Evidemment , comme souvent , le nouveau va devoir rapidement faire ses preuves puisqu'une femme vient d'être découverte assassinée .

Et c'est bien là que va résider tout l'intérêt du récit , nous allons commencer par une promenade dans un quartier qui va transformer Kaga en un touriste un peu particulier , cherchant ici ou là , des indices dans des boutiques traditionnelles , chargées d'histoire , semblant surgir d'un monde révolu .Et c'est , je vous l'assure , une pure merveille de lecture que de suivre pas à pas ce " nouveau "qui prend son temps , observe , déduit , tissant petit à petit un canevas qui nous ferait presque oublier la victime pour revenir vers une source originelle des plus agréables. Colombo ? Bourrel ? Maigret ? Mais non , KAGA !

Bien sûr , ne perdons jamais de vue l'objet de la quête , un criminel , mais le chemin qui mène à sa découverte est tout simplement génial , faussement lent et trés instructif , tant sur le plan de l'enquête que sur celui de la découverte d'un mode de vie .

Quant à Kaga , il faudra parvenir presque vers la fin pour en apprendre un peu plus sur lui et sur son collègue Uesugi à qui je laisse le dernier mot :

"_Je peux te poser encore une question ?Qui es-tu vraiment , toi ?

Kaga prit son éventail , l'ouvrit et répondit en l'agitant devant son visage .

_Personne de particulier . Un nouveau dans le quartier ."

Je ne vous en dis pas plus . Mais souvenez-vous , " ça , ça devrait vous plaire ." m'avait dit Isabelle , et Isabelle ....

A bientôt pour de nouveaux commentaires chers amis et amies .Tiens , je vous emmenerai au bord de l'Océan , dans un phare ...Ca vous dit ?

Vu le temps actuel , préparez les bottes et le ciré , ça va décoiffer .

Bonne journée .
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Le Nouveau

Ce n'est pas le premier roman japonais que je lis , mais c'est mon premier roman policier japonais, et donc, quand une petite nouvelle rencontre le Nouveau...



Une femme vient d'être assassinée dans un des quartiers les plus pittoresques de Tokyo , dans son appartement, et l'inspecteur adjoint Kaga Kyoichiro est sur l'enquête. Ses méthodes sont spéciales et outre le cercle familial, il accorde autant d'importance aux commerces (nombreux dans ce quartier) qu'aurait visité la victime avant de devenir victime. On est dans le Japon d'un autre siècle avec des objets qui peuvent paraître obsolétes aux yeux d'un japonais d'aujourd'hui : baguettes traditionnelles, gauffre, ciseaux, toupie , et pourtant, à force de creuser ces pistes, Kaga va trouver qui a tué cette femme de quarante-cinq ans...



Pour les amateurs de sensations fortes, les accros au suspens, à l'action, ce roman vous paraitra bien pâle...

Mais si vous aimez rencontrer d'autres cultures, d'autres habitudes, si vous aimez les raisonnements à première vue compliqués, mais si simples, en fait, ce roman saura vous séduire. Kaga n'est pas un inspecteur comme les autes : [ il est décrit comme un enquêteur hors pair, à l'intelligence aussi affutée qu'un rasoir "]. il observe, plus qu'il ne s'agite, il déduit, il prend son temps. Il n'hésite pas à offrir des patisseries aux témoins pour les faire parler et pour guérir en douceur le traumatisme causé par un assassinat. Kaga est gentil et considére qu'un meurtre ne fait pas qu'une victime. Il ne s' habille pas comme un flic, n'essaie pas de créer de la distance avec un costume. Lui, ce qu'il veut , c'est se fondre dans la masse , ne faire qu'un avec les témoins, pour mieux les faire parler.

A partir d'une gauffre fourrée au wasabi, il remonte à la personne qui l'a achetée, fait des ronds dans l'eau, des cercles concentriques, élargit, puis finit par trouver autre chose et clore la piste. C'est dépaysant pour nous ,destabilisant pour les témoins qui sont tous d'une exquise politesse...et ça fait son petit effet !

C'est lent, frais, doux, poétique, et ça transporte ailleurs car peu à peu , se dessine toute la vie d'un quartier tokyoite.

Par instant, il m'a un peu fait penser à Hercule Poirot à agiter ses petites cellules grises de façon si originale par rapport à ses collégues qui ne voient pas le monde, tel que Kaga le voit.

Cet homme a un regard perçant,perspicace et bienveillant sur ses contemporains et donne définitivement l'envie de le suivre dans d'autres enquêtes.



Un roman policier un brin "magique" qui détonne dans le paysage des policiers .
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La fleur de l'illusion

Comme toujours et pour notre plus grand bonheur, Higashino a su créer des personnages au parcours improbable qui se croiseront et seront liés. Encore une fois, il nous bluffe.

Un tueur fou fait un massacre.

Un jeune musicien se suicide.

Un grand père sans histoire est assassiné.

Deux jeunes se rapprochent lors d'une rencontre dans un marché aux fleurs.

Et une fleur.

Voilà une quête qui commence autour de tout ça. Et ça prend de la magie pour nous y accrocher. C'est bien ce qu'est cet auteur, un magicien. Un illusionniste. Il sème notre parcours de lecteur de petites graines pour qu'à la fin de notre lecture nous soyons plus que charmer par une magnifique fleur ! Et ce ne sera pas qu'une illusion.

Et comme le Japon me reste mystérieux, très étranger, que sa culture et ses moeurs me sont encore plus qu'inconnues, que son passé et sa riche histoire déteignent encore sur son présent, j'apprends. J'apprends sur les gens, les relations humaines, les convenances et c'est ce que j'aime. C'est contemporain, moderne, c'est un polar oui et un bon !
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