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Critiques de Leïla Slimani (3319)
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Chanson douce

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard de m'avoir permis de participer à cette masse critique privilégiée et à découvrir cette auteure pour son deuxième livre.



« Une chanson douce que me chante ma maman…. en suçant mon pouce »…..noooon il n'y a plus de chanson dès le premier chapitre, avec Leila Slimani, elle vous coupe le son, vous fait taire. Vous poussez un cri silencieux….. En peu de mots, c'est le plongeon dans une scène de crime. le style n'est pas larmoyant, il est factuel, grave, tranchant, les mots vous scalpent, vous surprennent, tout est dit simplement, vous ne bronchez pas…. la musique n'est pas à la fête.



Quelle chronique vous me faites écrire Leila…..Quelques mots d'explications s'imposent.



Myriam a terminé sa formation d'avocate quelques mois avant de donner naissance à Mila, puis à Adam. Paul travaille dans l'univers de la composition musicale. Il s'échappe parfois de ses obligations paternelles le soir avec ses collègues…et abandonne Myriam à son rôle de mère au foyer, qui a pourtant besoin «de vivre ». C'est la vie ordinaire d'un couple en quête de liberté, de reconnaissance et d'épanouissement professionnel.



Alors, pour y parvenir, ils décident de recruter une « Nanny ». Ils ont finalement le coup de coeur pour Louise. Ses mots et son attitude sont adaptés, elle attire les enfants à elle tout de suite.



Louise va alors prendre une place prépondérante dans leur vie, une relation fusionnelle va s'installer entre eux….

Mais qui est-elle vraiment ?



A mi-chemin entre polar et roman, l'auteur dès le deuxième chapitre, vous fait remonter dans le temps, vous emmène dans les entrailles de son écriture, où vous dévorez tous ses mots et vous comprenez -tout en douceur- ce qui s'est « joué » entre le couple, les enfants, la nourrice.



Pas question de se débattre : l'essentiel est écrit, l'horreur est suggérée, ce qui rééquilibre le lecteur dans son ascenseur émotionnel et lui permet d'aller jusqu'au bout de l'histoire.



Une lecture tenace et poétique….



Pas non plus de dommage collatéral, vous n'êtes pas du mauvais côté du prétoire, mais pourtant vous vous prenez « souvenir à perpette », vous voulez un câlin…..un petit câlin assassin….enfin….d'écrivain….alors allez à la rencontre de cette auteure…..

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A mains nues

Suzanne Noël voit le jour en 1878 à Laon dans une famille bourgeoise. À vingt ans elle épouse un médecin de son milieu, Henri Pertat, et vit une existence confortable et oisive à Paris. Mais la jeune femme a d'autres ambitions, elle souhaite être utile, et reprend des études pour devenir médecin. Brillamment diplômée et presque seule médecin femme, Suzanne est d'abord affectée dans le service de chirurgie faciale du professeur Morestin, puis dans celui de dermatologie du professeur Brocq à l'hôpital Saint-Louis. Elle y travaille à réparer et à corriger des défauts physiques, avant de devenir une pionnière de la chirurgie réparatrice et esthétique et d'opérer des miracles sur les « gueules cassées » de la Grande Guerre.



Un roman graphique librement inspiré de la vie du docteur Noël qui rend un très bel hommage à une femme exceptionnelle, peu connue mais au destin hors norme. Soutenue par les hommes de sa vie, mari comme amant, une chirurgienne féministe qui est allée au bout de ses envies, sans se plier aux dictats imposés aux femmes, menant sa vie privée et sa vie professionnelle avec passion. Comme les dessins de Clément Oubrerie, d'une grande précision, illustrent à merveille l'époque à laquelle elle vécut, les dialogues de Leila Slimani rendent parfaitement le caractère volontaire et libre de Suzanne Noël.

Une belle réussite dont il me tarde de connaître la suite...
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Chanson douce

448 critiques et moi, et moi , et moi qui arrive après la bataille , ayant attendu des mois , pour lire ce roman , que dis-je ce Goncourt ...

Tout d'abord je voudrais remercier tous mes amis Babelio dont les critiques unanimement favorables m'ont fortement incitée à vaincre mon indifférence aux prix littéraires quels qu'ils soient ...

Le pitch est connu.

Des les premières lignes on sait que la nounou d'un couple de bobos parisiens vient d'assassiner les deux enfants qu'elle gardait .Le pourquoi du comment , on l'apprendra par un retour en arrière .

Les parents qui ont trouvé la perle rare, la nounou parfaite au point qu'elle outrepasse sa fonction . Elle sera leur bonne fée , la femme de ménage, la cuisinière . Elle ne comptera pas ses heures . Le petit couple aura des scrupules mais ils l'exploiteront comme des mauvais patrons, sauf qu'ils l'emmèneront en vacances avec eux aussi, car ce sont des gentils patrons ..Il y aura des signes mais ils passeront outre car elle est devenue indispensable à leur quotidien .

.

Ce roman n'est pas un roman policier , ni un roman à suspens, il y a bien trop de distance et de pudeur dans la plume de Leila Slimani.

Jamais de médiocrité, jamais de "facile" , jamais de vulgaire .

Ce roman est un roman social et sociétal, plus que psychologique . On est très loin de la tension insoutenable , du malaise dans lequel nous plonge Ruth Rendell dans" L'analphabète "...

Leila Slimani (qui n'a pas d'enfants , pas encore...), est arrivée à merveille à nous parler de notre génération . Celle des femmes qui veulent tout cumuler sur leurs petites épaules , le travail (forcément épanouissant ) la maternité (forcément épanouissante ) , le couple ... , les enfants ...

Elle parle des différences de classes sociales , des "serviteurs", des invisibles , de la relation employée/employeurs , toutes ces personnes qui rentrent dans l' intimité de leurs patrons sans aucune réciprocité . Toutes ses personnes qui jouent le rôle des mères et qui , une fois les enfants grandis , ne les reverront plus . Terminé . Jetées, oubliées ...

Et il est très habile de sa part d'avoir choisi une nounou française et une maman d'origine maghrébine . Grace à cela , elle place la relation "employeur/employée ", sous le signe de l'instruction, du diplôme,de la réussite sociale, de la famille très entourée (/ l'employée ultra seule ), plutôt que sous le signe pays riche /pays pauvre .

Elle esquisse plutôt qu'elle ne démontre, elle nous décortique sans qu'aucun des personnages ne soit épargné, aucun ne soit jugé et sans (aussi) qu'on s'identifie à l'un d'eux ...



Oui, tout ceci est fort bien construit, la première et la dernière phrase sont implacables . Il mérite tout le succès qu'il rencontre .

De là, à dire que c'est le meilleur roman de l'année .. .Je reste avec mes doutes concernant les prix, mes doutes, mes affres ,♫ les affres de la création ...
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Le Pays des autres

Mathilde, jeune alsacienne éprise de liberté, épouse Amine Belhaj, un jeune officier marocain de l'armée française, à la fin de la seconde guerre mondiale. Le couple s'installe à Meknès, où le jeune homme doit reprendre la ferme achetée par son père dix ans plus tôt.

Celle-ci est à l'écart de la ville, et constituée en majorité de terrains peu fertiles. Commence alors une vie de dur labeur pour Amine, et de rêves brisés pour Mathilde occupée par sa maison, son mari et ses enfants et coincée entre ses désirs de modernité et les traditions marocaines. D'autant que le nationalisme et l'aspiration à l'indépendance secouent le pays...



Le pays des autres est le premier roman de Leïla Slimani que je lis. J'avais apprécié son écriture et son style dans Le diable est dans les détails, un recueil de textes courts sur l'intégrisme islamique. Ils font merveille dans cet ouvrage, avec richesse et sans lourdeur, proposant une lecture aisée et fluide.

La plume de l'auteure est ici au service de l'histoire, l'histoire de l'amour et du désamour entre deux individu(e)s, Mathilde et Amine, qui se superpose aux déchirements entre deux peuples, marocain et français, à la fin du colonialisme. Une fiction construite sur de solides fondations historiques.

Le texte est fort et puissant. Il ne nous cache presque rien des vies des deux époux, de leurs rêves inachevés, de la confrontation à une réalité brutale. Il évoque plus discrètement, par petite touche, les luttes pour l'émancipation du peuple marocain, vis à vis de la puissance coloniale, mais également en réaction à des traditions trop pesantes.

Un gros coup de cœur !
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Chanson douce

"Mélancolie Délirante" c'est incroyable ce qu'on peut écrire ou imaginer de plus pitoyable avec ces deux mots.

En tout cas, merci au jury du prix Goncourt de lui avoir décerné ce prix.

Si c'est grâce à un registre des plus pathétiques qu'on peut recevoir un tel prix avec une écriture des plus décousues, un incipit qui démarre fort, des ellipses à foison et une fin euh non il n'y en n'a pas, eh bien chapeau!!!

Bon, l'histoire est dérangeante, les personnages sont insignifiants et même pas crédibles. J'ai juste eu l'impression de lire une accumulation de scènes les unes avec les autres sans qu'il y ait quoi que ce soit d'expliqué clairement.

Le pourquoi du comment, on ne le saura pas, ça c'est clair!!!

J'arrête là sinon je vais moi aussi déteindre dans le "pathos".

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Le Pays des autres

En 1944, Mathilde fait la connaissance d'Amine Belhaj, un Marocain venu combattre aux côtés de l'armée française.

Ils se marient et partent au Maroc, à Meknès, une ville habitée par de nombreux colons français.

Amine et Mathilde partent vers la campagne pour exploiter des terres et une ferme.

La terre est rocailleuse et Amine rencontre beaucoup d'obstacles.

Ils ont deux enfants, une fille et un garçon.

Mathilde déploie beaucoup d'énergie pour sa famille.

Elle veut absolument qu'ils étudient et c'est possible car la ville n'est pas si éloignée.

C'est dans le plus grand dénuement que Mathilde effectue son parcours de femme étrangère au pays, regardée comme une intruse par les autochtones.

Elle fait d'énormes efforts pour intégrer les coutumes, l'alimentation mais jamais elle n'abandonne sa personnalité.

Jamais elle ne se soumet à son mari. Aïcha doit assister aux nombreuses scènes de violence entre son père et sa mère.

Malgré son dénuement, sa misère, Mathilde écrit des lettres à sa sœur Irène où elle se décrit en train de vivre dans l'opulence et l'aventure, comme Karen Blixen dans "Out of Africa" dit-elle. Elle ne veut pas avouer ses difficultés, mieux que ça, elle veut lui susciter de l'envie.

Le premier volet se termine un peu avant 1960 et j'espère vraiment que les évènements tourneront bien pour Amine , Mathilde et leur famille.

Quand on écoute les interviews de Leïla Slimani, on apprend la suite dans les toutes grandes lignes.

J'ai remercié l'auteure bien sincèrement car elle a privilégié l'histoire humaine de la famille. Elle ne s'est pas étendue sur la situation politique du pays qui voulait son indépendance et refusait le protectorat français.

C'est bien sûr utile à savoir mais je retiens surtout du récit que Mathilde luttait pour ses enfants et était la première d'une famille qui allait donner une grande importance au rôle de la femme.

L'écriture est très belle, agréable à lire, avec les faits qui se suivent. C'est une qualité pour moi, je n'adore pas les romans qui sautent d'une époque à l'autre ou d'un personnage à l'autre au moment où je suis captivée par ce que je lis.

Leïla Slimani nous raconte l'histoire de sa famille mais ce n'est pas le tout de raconter, il faut encore arriver à faire vivre les personnages par les mots et elle y arrive à merveille.

Je lirai bien sûr les deux suivants pour connaître la suite de la vie de la famille et je suis certaine que tout ne sera pas rose et banal.
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Le Pays des autres, tome 2 : Regardez-nous ..

Regardez-nous danser, observez-nous exulter nos joies, nos colères et nos chagrins où nos gestes et nos postures savamment désordonnés traduisent notre violence domptée.



Maroc, années 60-70. Pays émergent, enfantement patriotique d’une mosaïque vivante de réussite et de défaite, d’amour et de désillusion, d’espérance et de désespoir.

C’est la vie qui s’écoule, rude, et qui draine les rébellions familiales, les luttes politiques et les ambitions professionnelles. C’est le temps qui passe, intense et dense, sombre et injuste.



Leïla Slimani écrit avec ses tripes qui ont digéré des cornes de gazelle, rugueuses et sucrées, grumeleuses et fondantes.

Dans son deuxième opus du « Pays des autres » la vie se croque goulûment à chaque page en restituant avec ferveur la douceur perdue d’un pays fracturé par la folie furieuse des hommes et la docilité bafouée des femmes.



Amine et Mathilde symbolisent la réussite sociale et leurs enfants Aïcha et Selim incarnent la jeunesse turbulente assoiffée d’aventures et d’envies d’ailleurs. Mehdi, Selma et Sabah personnifient les révoltes, les dérives et les adhésions par complaisance ou par force de leur condition. Tous traduisent à merveille l’ambiance suffocante pour les uns et bienfaisante pour les autres d’un Maroc amplement corrompu et outrageusement répressif.



Ces romans habiles et forts rejoignent la démarche des extraordinaires trilogies de Pierre Lemaitre. Ils sont également de l’envergure d’une saga à la E.E. Schmitt où constamment l’on s’éduque et jamais l’on s’ennuie.

Néanmoins, les anecdotes distillées au fil de l’histoire qui viennent par petites touches parfaire la complexité des caractères et des mœurs de la famille Belhaj et de ses proches demeurent les plus attendrissantes et les plus bouleversantes.



Merci Leïla, votre apparence de brindille vous donne l’élégance d’un roseau mais vos écrits ont la force et l’ampleur d’un chêne dont les racines puisent la créativité et la ténacité dans la détermination et l’énergie de votre terre.





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Chanson douce

Myriam est aux anges : elle va pouvoir reprendre son travail d'avocate après avoir passé quelques années à la maison pour élever ses deux enfants. Elle vient de trouver la nounou idéale, qui répond au doux prénom de Louise. Elle est parfaite : elle s'occupe à merveille des enfants, elle est une divine cuisinière, elle est la reine du ménage et du rangement, et d'une discrétion !!! Louise n'est pas transparente, non, elle arrive même à se rendre indispensable à la famille. Mais on sent que Louise est fragile, qu'elle a plus besoin des enfants que Myriam a besoin d'elle. Leur relation devient fusionnelle, jusqu'au drame...

Un roman puissant et d'un suspens insoutenable. Leïla Slimani écrit avec justesse un drame psychologique qui défile sous nos yeux, lecteur impuissant. Elle détaille avec précisons les enjeux de la relation entre cette nourrice et le couple et elle nous entraîne dans les affres de la folie et des enfers... Pour notre plus grand plaisir !!!
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Le parfum des fleurs la nuit

Qu’on ne s’y trompe pas, « Le parfum des fleurs la nuit » sous-titré « Ma nuit au musée » n’est pas une visite des lieux par l’auteure de « Chanson douce ». Le musée en question, c’est la Punta della Dogana, les anciennes douanes de mer de Venise, transformées en un musée d’art contemporain. On peut y voir certaines des œuvres de la collection Pinault. C’est dans cette énorme bâtisse où se mêlent passé et présent que l’autrice va passer une nuit solitaire, en face à face avec les œuvres exposées.

« L’ensemble, d’une superficie totale de cinq mille mètres carrés, donne une impression d’austérité, de vide »

La voilà donc enfermée pour la nuit, seule avec elle-même

« Je me demande ce que je suis censée faire. Me promener dans les allées. Aller voir chaque œuvre, essayer d’en tirer quelque chose ? »

L’approche, la contemplation de quelques-unes de ces œuvres va favoriser une introspection sur son métier d’écrivaine. Ses origines et sa double culture entre Maroc et France sera évoquée. Ainsi va-t-elle également convoquer le passé et nous dresser le portrait émouvant d’un père disparu. La mort du père l’a poussée à « écrire avec rage », comme pour réparer l’injustice qu’il a subie. Les références littéraires jalonnent ce parcours nocturne car, Leila Slimani qui avoue ne pas comprendre grand-chose à l’art contemporain, insiste sur les livres qui l’ont nourrie et sur la création littéraire. Écrire est vécu comme un acte de résistance, une forme de liberté pour cette écrivaine marocaine qui se souvient de l’enfermement des femmes. Et elle aime plus que tout cette liberté de sortir la nuit, liberté chèrement acquise lorsqu’on est femme dans un pays patriarcal.

L’écriture est fluide, poétique. Après un début que j’ai trouvé laborieux et poussif, l’autrice nous livre un récit intime empreint d’émotion.

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Chanson douce

Comprendre… Ou du moins, essayer… C’est ce que j’ai tenté de faire lorsque j’ai commencé « Une chanson douce »… Je me suis retrouvée face à une première page effroyablement dérangeante qui met en scène un meurtre d’enfants perpétré par une nourrice. Dès lors, j’ai été captivée par ce récit… Partagée entre le malaise et le désir malsain de savoir, j’ai observé Louise tisser sa toile dans la famille de Myriam et Paul…



Dans un long flash-back déroutant, on va donc suivre le quotidien des employeurs, mais aussi de la nourrice et de sa famille chaotique. La narration passe à travers tous les protagonistes afin de creuser chaque personnalité et d’avoir un aperçu de tous les points de vue… N’ayez pas peur de ces narrations alternées : le tout est d’une fluidité déconcertante ! C’est très bien écrit. Le style est vif, percutant et simple à suivre. De plus, Leïla Slimani arrive à tenir le lecteur en haleine tout en pointant du doigt certains problèmes de notre société comme l’éducation des enfants ou encore le rapport ambigu entre une employée et ceux pour qui elle travaille. En effet, si on peut jeter la pierre à Louise, on constate également à quel point ses employeurs vont avoir besoin d’elle : ils en abusent et l’usent à outrance. Ils emmènent partout cette nounou qui prend soin des enfants à leur place, même en vacances ! C’est qu’elle rend la vie agréable, et tellement moins stressante… Oui, mais d’un autre côté, on se méfie d’elle : on exige qu’elle soit irréprochable et on n’imagine pas qu’elle puisse tomber malade ou bien qu’elle puisse avoir des problèmes… De son côté, Louise ressasse son lourd passé, traîne sa solitude et se laisse submergée par diverses pensées obsédantes…



Progressivement, on assiste à la déchéance des personnages et on espère comprendre… L’auteure joue avec cela… Mais peut-être un peu trop ? Finalement, le dénouement ne m’a pas apporté de véritables réponses et c’est cela qui m’a le plus frustrée… Après tout le bruit qu’a fait ce roman et le prix qu’il a obtenu, je m’attendais à une autre conclusion. J’avais une sensation d’inachevé et la tête remplie de questions. Même après avoir tourné toutes les pages, j’ai eu l’impression de ne pas avoir percé à jour Louise. Malgré cette déception, j’ai vraiment aimé le fait que Leïla Slimani expose les faits, donne la parole à tous ses personnages et ne juge pas. Sans oublier le côté addictif : on tourne les pages avec une aisance déconcertante ! Voilà un livre dérangeant qui fait réfléchir…


Lien : https://lespagesquitournent...
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Le Pays des autres

Mathilde a rencontré Amine à la fin de la seconde guerre mondiale alors que son régiment libère l’Alsace de l’occupation allemande. Il fait partie des troupes d’Afrique. Elle tombe sous son charme, son esprit rebelle la fait l’épouser, il l’emmène dans son pays, le Maroc, où il ambitionne de reprendre la vieille ferme et les terres attenantes de son défunt père…

Premier opus d’une saga familiale de trois tomes, « Le pays des autres » raconte la rencontre de deux cultures, les difficultés qui en découlent mais surtout une grande aventure qui laisse la part belle à l’espoir d’un possible « vivre-ensemble » dont le respect de soi, le respect des autres est la clef de voûte d’un édifice fragile. On adhère au projet sociétal de Slimani.

Les idées fusent parfois dans tous les sens et donne une impression de désordre à l’histoire de Leïla Slimani. La chronologie des évènements n’est pas toujours respectée et l’auteure nous fait faire des allers et retour entre présent et passé, passant d’un personnage à un autre sans réel lien. Elle nous donne l’impression d’avoir rédigé un journal intime où elle y aurait rangé ses anecdotes, ses réflexions du moment. Il manque cette notion de trajectoire dans la destinée de ses personnages qui les mène vers leur réussite ou leur désastre.

La question de la domination à travers la colonisation et à travers la condition des femmes est soulevée mais avec la grâce de Leïla Slimani, sans aucune forme d’agressivité, simplement avec beaucoup d’intelligence, de compréhension et d’humanité.

Il y a aussi ce clin d’œil de l’auteure au métier d’écrivain lorsque son héroïne, Mathilde, écrit à sa famille et souligne la difficulté de trouver ses mots, dénonce la pauvreté de son vocabulaire. En ce qui concerne Leïla Slimani, elle surmonte aisément ces écueils avec un texte d’une grande clarté, très agréable à lire et dont les rebondissements collent notre attention à chacune des pages.

Hâte de découvrir les deux prochains opus de cette trilogie, le devenir de cette famille et l’évolution de l’écriture de l’auteure... Ou pas…

Editions Gallimard, 407 pages.

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Chanson douce

Chanson douce …

Que de critiques (bientôt 1000) sur ce livre qui fait couler l'encre des babeliotes.

Comme une blessure qui suppure encore ou un marais qu'on arrive pas à assécher !

Ce Goncourt 2016 m'attendait dans la pile de mes priorités à lire en 2019.

Chanson douce …

De la douceur d'un malheur, d'une désespérance qui empoisonne Louise.

Le velouté du moisi qu'est devenue la vraie vie de Louise.

Le lecteur sait tout de suite à quoi s'en tenir sur l'issue de l'histoire : Un double-infanticide et une tentative de suicide. le placard aux monstres de la chambre des enfants s'est ouvert en grand

Louise n'arrive plus à laisser à la porte cette véritable existence qui est la sienne (la mouise) en dehors de l'apparence lisse et ripolinée qu'elle offre à ses patrons .

Leïla Slimani nous conte les symptômes d'une escalade et d'un piège affreux qui va refermer ses mâchoires hideuses et dévorer deux vies.

Myriam et Paul, parents des victimes, ont trouvé La perle : cette nounou, cette Louise, cette perfection faite nounou… Ils vont pouvoir vivre pleinement leur vie professionnelle, heureux, louise veille à tout : Enfants, ménage, lessives.

Myriam et Paul, qui s'entassent avec leurs deux enfants - Mila et Adam - dans un appartement trop petit et parisien… Tandis que Louise retourne, après son service, dans son studio glauque de la banlieue. Il y a un petit air de Georges Pérec, là-dedans.

Myriam et Paul qui font confiance à Louise (peut-on le leur reprocher), la laissent prendre ce rôle délicat de mère de substitution. Ah, Louise!

Non, le roman de Leïla Slimani ne m'a pas paru glaçant… Seulement affreusement triste, porteur d'une souffrance que cache Louise. Louise, dont le mari est mort en ne lui laissant que des dettes. Louise, dont la fille est partie dans le sud. Louise qui tuera de n'avoir rien dit, d'avoir tout enfoui dans ce placard trop plein de malheur pour ne pas s'ouvrir brutalement en libérant la folie et la mort.

On ne comprend pas forcément tout, mais est-ce si important ? La suite à Chanson douce qu'il est loisible au lecteur d'imaginer, c'est le réveil de Louise dans une incommensurable horreur ou/et la reconstitution d'une réalité morne et sordide par Nina la policière de l'histoire.

Chanson douce…

Une fiction à lire. Pas vraiment un polar, ni un thriller. Une histoire, en tout cas. Un drame.

Essentielle, je ne sais, mais qui méritait son Goncourt et son retentissement .

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Chanson douce

Chanson douce est un excellent roman, que j'ai lu en deux fois, tellement il m'était impossible de le lâcher !

Comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas amatrice des romans primés mais pour la seconde fois je me suis laissée tenter et je ne le regrette pas une minute.

Leïla Slimani rentre dans le sujet dès le premier chapitre, elle nous impose l'horreur, le pétage de plomb d'une femme a qui ses employeurs faisaient entièrement confiance.

Après ce premier chapitre, l'auteure revient en arrière, pour essayer de comprendre comment cette femme a pu en arriver là.

C'est captivant, ça m'a parfois mis mal à l'aise, fait frissonner. Et surtout, il me fallait continuer ma lecture pour savoir pourquoi, pourquoi Louise a fait ça !

Chanson douce est un excellent roman qui mérite tout à fait le prix Goncourt, et je vous invite vivement à le lire à votre tour.

C'est une réussite et je lui mets avec plaisir 5 étoiles :)
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Le Pays des autres



« Ici, c’est comme ça » dit Amine à Mathilde sa femme alsacienne, lorsqu’ils s’installent au Maroc, à Meknès, où la ville européenne est séparée, depuis les principes émis par le maréchal Lyautey, de la médina.

Avant, entre eux, ce n’était pas comme ça, lui était l’étranger venu, par force des choses, défendre la France dans un combat qui ne le concernait pas. En 1946, au retour dans son propre pays, il jouit enfin du droit de l’homme, de sa puissance, et même s’il n’a rien expliqué de sa culture et de sa religion à Mathilde, voilà, elle est là, chez lui, c’est comme ça.



En une saga complexe, Leila Slimani nous fait entrer dans la tête de cette femme amoureuse, qui n’a pas pris le temps de savoir où elle mettait les pieds, qui doit accepter une autre manière d’exister pour les femmes, qu’elle n’imaginait pas pouvoir vivre sans sortir jamais de leur maison, dans l’ombre du mari ou des fils. Lui, il la voudrait pareille à sa mère, respectueuse de sa culture, sa langue et sa terre, patiente et sans existence.

Elle avait rêvé sa vie selon Karen Blixen, Alexandra David- Néel, elle rencontre la réalité, une ferme aride, isolée, une société de paysans dont son mari, le premier, s’épuisant à travailler la terre.

« C’est la pente des femmes européennes que de refuser le réel » pense Amine.

Le réel, pour l’instant, ce sont les rats, les scorpions, la servitude des uns et le pauvre pouvoir des autres, le refus de s’amuser, de danser, de prendre du plaisir autrement que dans le fond du lit, et l’attitude des autres ( Oui, on est bien dans le pays des autres )quant à ses enfants métis, des sauvages pour les mères européennes de la pension où Mathilde a tenu à faire élever sa fille Aïcha .

Métis, elle l’est, comme cet oranger sur lequel Amine greffe une branche de citronnier. Le mélange donnera-t-il des fruits juteux ?



Mathilde est malheureuse, puis se révolte, puis se rend compte que pour l’essentiel elle est d’accord avec Amine, quant à l’avenir du pays et à son progrès contre la misère puis part en Alsace, où elle retrouve sa vie de jeune fille, ses amies presque toutes mal mariées, amères et déçues :

« Elles voulaient savoir si elle aussi avait fait l’expérience désolante de la trivialité de la vie, du silence imposé, des douleurs de l’enfantement et de la copulation sans tendresse ».

Sa sœur envieuse veut qu’elle parte vite, d’autant qu’elle se vante et décrit sa vie comme une victoire, au moment où elle doute si elle va rester en Alsace, ou accepter son choix une seconde fois, accepter de ne pas être libre.

Saga complète, entremêlant les détails de la vie courante, les sentiments complexes des uns et des autres, et la période historique d’avant l’indépendance, avec tous les conflits d’intérêts et les positions divergentes, ainsi que, au centre, une réflexion sur les rails qui parfois guident nos pas, sans qu’aucun choix conscient ne les suscitent.



Il ne s’agit pas du tout d’un destin quelconque, mais de rencontres fortuites au contraire, et dans le cas de Mathilde, un vrai choix en connaissance de la situation où elle se met.



LC Thématique de septembre : Etat des lieux

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Le parfum des fleurs la nuit

[Choisi à la Librairie Caractères / Issy-Les-Moulineaux- Vendredi 22 janvier 2021 ]

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Un petit bijou…lu en un temps record !



Un texte dense et inattendu pour cette collection originale « Une nuit au musée », collection que j'apprécie beaucoup et suis avec grande attention !



Leïla Slimani est sollicitée par son éditrice et invitée, pour écrire un texte dans cette collection, à passer une nuit dans un endroit incroyable que je ne connaissais que de nom et quel nom….pour partir « en rêverie » : « La Douane de mer » ancien bâtiment transformé en musée d'Art contemporain…à Venise !



« Venise est une ville sans terre. Sans terroir et sans autre richesse que le sel. On se nourrit du dehors, de l'extérieur, de l'étranger. J'y vois le symbole de ma propre histoire. Peut-être est-ce là que je vis, dans un lieu qui ressemble à cette presqu'île pointue. A une douane qui est par essence un lieu paradoxal. Je n'ai ni tout à fait quitté mon lieu de départ ni tout à fait habité mon lieu d'arrivée. Je suis en transit. Je vis dans un entremonde. (p. 128) »



L'auteure ne cache pas sa perplexité sur le projet ainsi que son ignorance quant à l'art contemporain. Autant elle est dans son élément dans les mots, la fiction, le travail d'écriture…ce qui nous vaut de très abondantes , intéressantes analyses sur la maturité et les difficultés inhérentes à l'Ecriture ! Autant elle n'est pas à l'aise dans les musées… ne se sent pas à sa place !



« Les musées continuent de m'apparaître comme des lieux écrasants, des forteresses dédiées à l'art, à la beauté, au génie et où je me sens toute petite. J'y éprouve un sentiment d'étrangeté, une distance que je cherche à cacher derrière une fausse nonchalance. le musée reste pour moi une émanation de la culture occidentale, un espace élitiste dont je n'ai toujours pas saisi les codes. »



Cette nuit si particulière, au sein de « La Pointe de la Douane »…fera réfléchir Leïla Slimani sur la création littéraire, son combat avec l'écriture, mais aussi sur l'Art, son enfance marocaine, et surtout la ramènera à son Père, ce père vénéré, mystérieux, « noyau central » de son parcours de sa vie de femme et d'écrivain…Un Père, fou de littérature et de livres... ayant subi un procès et une incarcération injustes, le détruisant !



Leïla Slimani dans un interview de Télérama [du 20 /01/ 2021 n° 3706] confie qu'elle, qui n'aime pas se tourner vers le passé, va repenser au cours de cette nuit, à son enfance. Cette nuit d'enfermement volontaire dans ce musée d'art dans une ville aussi singulière que Venise va induire un retour sur elle-même, les raisons de son choix d'être une romancière, son rapport à son pays…La figure paternelle centrale . L'essentiel est là ; quelques remarques annexes sur les contenus du musée… Ainsi j'ai fait, par son intermédiaire, deux belles découvertes avec les artistes suivantes , Berenice Abbott, et Ethel Adnan….



Un texte aussi riche que précieux pour comprendre en profondeur le parcours de cette auteure déjà prolifique… Pour ma part, c'est le premier texte que je lis d'elle, ayant depuis des mois dans ma PAL, « le Pays des autres » , en attente !Je le lirai ainsi ,avec un regard plus averti !







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Le Pays des autres, tome 2 : Regardez-nous ..

« Le pays des autres » racontait l'union d'Amine, tirailleur marocain, et de Mathilde, alsacienne libérée par nos armées en 1944, puis asservie au Maroc et partageant le destin de millions de femmes sous le règne de Mohamed V.



« Regardez nous danser » romance la génération suivante sous le règne de Hassan II (1961-1999).



Aicha, la fille de Mathilde et Amine, après des études de médecine à Strasbourg et une location chez Madame Muller (1968 et la chienlit), s'installe comme gynécologue et se consacre aux femmes qu'elle informe sur les questions sanitaires, sociales et la régulation des naissances. Elle s'intéresse peu aux idéologies, à la politique, et participe à la modernisation du Royaume avec efficacité et pragmatisme. Elle m'apparait être un avatar de la romancière ?



Selim, le frère d'Aicha, plus motivé par les rêveries que les études, est perverti par des drogués allemands et sombre dans la délinquance avant de fuir vers d'obscurs trafics (Le Maroc est aujourd'hui le principal producteur des narcotiques qui envahissent l'Europe.)



Le 10 juillet 1971, le Roi échappe à une tentative de coup d'état, puis le 16 aout 1972 survit à une attaque aérienne. La répression est énergique mais le Roi libéralise progressivement son régime et consolide les acquis de son règne en construisant de nombreux barrages et en menant une audacieuse redistribution des terres. Leïla Slimani rend ainsi hommage au monarque qui a fait du Maroc un modèle pour son continent.



Dans le même temps la communauté juive est poussée par les guerres entre Israël et ses voisins sur les chemins de l'exil privant le pays d'une partie de son élite commerçante et intellectuelle.



Leïla Slimani développe beaucoup de sujets différents et multiplie les personnages secondaires indispensables pour incarner les contrastes de la population. de Mehdi « l'intello » progressiste au policier servile (Omar le frère d'Amine) tout l'éventail marocain défile au pas cadencé dans une fresque où les derniers colons occidentaux partent en retraite. L'intrigue s'attarde, en insérant des épisodes de corruption et de séduction, au risque de ralentir le scénario et d'épuiser le lecteur.



Ce second Tome est addictif mais, à mon modeste avis, moins que le premier. D'où un léger doute sur l'intérêt d'une suite annoncée pour couvrir le règne de Mohamed VI, époque où la séduisante Aicha, aura probablement perdu une partie de ses charmes et de son énergie ?



PS : mon regard sur Le Pays des Autres : https://www.babelio.com/livres/Slimani-Le-Pays-des-autres/1199561/critiques/2620513
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Chanson douce

Commencer un livre par la fin est inhabituel. Difficile quand cette fin est abominable et nous livre les aboutissants. Deux premières pages si sordides que j'ai failli en stopper la lecture. Peut-être est-ce le visage de l'auteure imprimé sur des grandes affiches qui ma donné l'envie de poursuivre. un visage qui me promettait un peu plus de douceur. Je n'ai pas regretté mon obstination. Cette histoire tenue par cinq personnages est finement ciselée, après l'explosion du début, Leïla Slimani monte sa trame comme une cuisinière surdouée confectionne son plat. On y trouve la fluidité, le soucis du détail, le piquant des épices, la folie du génie, et l'amour avec ses pleins et délignés.

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Le diable est dans les détails

La découverte de cette auteure, leïla Slimani , avec l'attribution du Prix Goncourt 2016, avec son roman, "Chanson douce", que je lirai prochainement....

En attendant, je suis tombée par hasard sur ce recueil réunissant six de ses textes ,percutants( entre octobre 2014 et l'été 2016), rédigés pour l'hebdomadaire, "Le 1", dirigé par Eric Fottorino.

Une autre façon de faire plus ample connaissance avec cette jeune auteure...Des réflexions, questionnements sur nos actualités les plus brûlantes: le terrorisme, le racisme,la liberté de penser, la nécessité de défendre nos convictions, nos valeurs,le combat contre le fanatisme

religieux, et l'obscurantisme , ainsi que le pouvoir dissident de la littérature, "outil" nécessaire, unique, pour une société plus juste, au-delà des sectarismes, en réapprenant un "Vivre-ensemble" !...



"Française, enfant d'étrangers



Je suis l'enfant de tous ces étrangers et je suis française. Je suis une immigrée, une parisienne, une femme libre, persuadée qu'on peut s'affirmer soi-même sans nier les autres. Que la nationalité n'est ni une gloire , ni un mérite; Qu'il y a de la joie à vivre ici et maintenant. Voilà à quoi je voudrais que ressemble la France de 2016: à ces repas de Noël joyeux et

interminables, où chacun avait sa place, où l'on ne jugeait ni l'ivresse des uns ni la liberté de ton des autres.

Où les vieux ne riaient pas des discours des plus jeunes, où les blasphémateurs amusaient toute l'assemblée. Où à la fin ne subsistait que la conscience du privilège d'être ensemble dans un monde où tout, pourtant, s'emploie à nous désunir. "(p. 47)



Une ode au courage et un refus de tous les conditionnements....Et la Littérature restant un formidable tremplin de l'expression de la Liberté :

" Parce qu'elle est un immense espace de liberté, où l'on peut tout dire, où l'on peut côtoyer le mal, raconter l'horreur, s'affranchir des règles de la morale et de la bienséance, la littérature est plus que jamais nécessaire. Elle ramène de la complexité et de l'ambiguïté dans un monde qui les rejette. Elle peut ausculter, sans fard et sans complaisance, ce que nos sociétés produisent de plus laid, de plus dangereux et de plus infâme. Elle demande du temps dans un monde où tout est rapide, où l'image et l'émotion l'emportent sur l'analyse. Mais pour jouer pleinement son rôle, elle doit être à la hauteur d'elle-même et de ces idéaux" (p. 22)

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Chanson douce

Où va la littérature ? Le prix Nobel 2016 est attribué à un chanteur, le prix Goncourt 2016 est attribué à un livre qui relève moins de la littérature que du récit journalistique romancé.



L'intrigue de "Chanson douce" peut se résumer en quelque mots : une nourrice assassine les deux enfants dont elle a la garde.



L'incipit démarre fort : « le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes. le médecin a assuré qu'il n ‘avait pas souffert. » Si ces premières phrases sont la promesse d'une histoire haletante et intense, elles n'en sont malheureusement que la promesse. Ce prologue suscite un intérêt et une curiosité que l'on retrouve dans les romans policiers mais cette fois à rebours, car le lecteur sait qui a tué. L'auteur, au fil des pages, essaie à petites doses de remonter les pentes qui expliquent comment ce geste a été possible.

L'écriture, faite de phrases assez courtes et au vocabulaire simple et d'une certaine banalité, m‘a paru d'une grande platitude et essentiellement informative. Certains commentateurs voient un style incisif, je n'ai pas vraiment trouvé de style, même si Slimani développe une écriture pleine d'allusions, de suggestions qui peuvent trainer dans la tête du lecteur.

J'ai regretté le manque de développement de la psychologie des personnages, un comble dans ce genre de récit. Les personnages sont plats, sans personnalité, presque insignifiants, sauf Louise le personnage principal qui est assez insipide et sans âge. Nous assistons à une accumulation de scènes les unes après les autres sans que rien ne soit vraiment expliqué ou développé, rien n'évolue dans le récit et on attend vainement une montée en puissance pouvant apporter une certaine émotion. Tout s'enchaine, aucune surprise, rien d'imprévisible, tout est plat, linéaire, peut-être à cause de l'incipit qui annonçait une véritable émotion.



Louise fait partie de ces personnes qu'on ne remarque pas et dont on ne se méfie pas. La société est remplie de personnes qui en apparence sont tout à fait normales mais qui soudainement dérivent et perdent la raison. Cela aurait dû être la force du roman, certains gestes sont inexplicables et il est difficile de chercher à comprendre.





Après une longue attente, la fin qui retombe comme un soufflé a confirmé ma déception. Ce roman, ou plutôt ce récit, m'a laissé sur ma faim et sur un sentiment de promesse non tenue, dommage.

« Chanson douce » est en fait plus un roman facile à lire qu'un Goncourt dont il n'y a rien à retenir.

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13 à table ! 2024

"13 à table !" a dix ans déjà. Cet opus doit donc être le onzième, et c'est le septième que je lis. Le thème centrale de celui-ci est, évidemment, "10 ans"... Et preuve qu'on peut se bonifier en vieillissant, c'est pour moi le meilleur de la lignée.



Quoi qu'il en soit, une lecture solidaire ne se refuse pas. Courrez donc chez votre libraire acheter ce petit livre : 6 Euros qui financent 5 repas !



- J'ai beaucoup aimé : "J'ai dix ans... demain" de Michel Bussi ; "22." de Maxime Chattam ; "69, année fatidique" de François d'Epenoux ; '"Chloé" de Karine Giebel ; "Garçon Crépon" de Philippe Jaenada ; "Où en serions-nous aujourd'hui ?" d'Agnès Martin-Lugand ; "L'Appartement" de Romain Puértolas ; "Le portail" de Leïla Slimani ; "Le Miroir" de Franck Thilliez ;

- J'ai bien aimé : "Ceci est mon journal intime" de Lorraine Fouchet ; "On n'est pas des machines..." de Raphaëlle Giordano ; "Les Escarpins, un conte de Noël" d'Alexandra Lapierre ; "Cake marbré au chocolat" de Cyril Lignac ; "Aranéide" de Tatiana de Rosnay ;

- J'ai moins aimé : "La fin de l'enfance" de Philippe Besson.


Lien : http://michelgiraud.fr/2024/..
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