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Citations de Leonardo Padura (889)


Avant la rupture dramatique dans sa vie, et dans la vie du noyau d’amis de la maison de Fontanar, Irving n’avait jamais sérieusement envisagé de s’en aller quelque part. Comme tout être humain normal avec des questionnements intellectuels, l’envie de voyager l’avait toujours titillé. Mais entre voyager et émigrer, il y avait un gouffre insondable. Et entre émigrer et se procurer un onéreux permis de « sortie définitive », scellant la transmutation du statut de citoyen en celui d’apatride, une horreur semblable au bannissement.
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Le baiser se prolongea, s'approfondit, se fit vorace, et il sentit le réveil de ses impulsions, plus paresseuses avec le poids des années, capables encore de répondre quand on le poussait dans ses retranchements avec les arguments adéquats... Et il se laissa vaincre par l'ennemi.
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De la même manière que Felipe Martinez et pour des raisons très semblables, Horacio fut condamné au déracinement. Les deux hommes, qui avaient lutter pour quitter Cuba, qui avaient renié l’environnement cubain et risqué leur vie dans la traversée téméraire du détroit de Floride, étaient deux êtres au cœur à jamais brisé : condamnés à être sans pouvoir être ce qu’ils étaient, à vivre une existence en suspension, avec les racines apparentes (déracinés), avec une tendance trop marquée à idéaliser un passé glorieux (presque toujours exagéré) de nuits de bringue, d’ivresse, pleines de musique et de jolies femmes, ce temps de l’apprentissage où ils avaient grandi. Plus que des exilés, tous deux avaient la complicité des réfugiés perpétuels, nourris de la mémoire affective et de la douce illusion d’un rêve de retour. Vivants ou morts.
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Comme il aimait la maison qui allait au-delà de ses rêves, Darío taillait et nettoyait le jardin avec autant de soin et d’habileté qu’il en mettait pour s’occuper d’une boîte crânienne. Il réparait les clôtures, peignait les murs, nettoyait réservoirs et citernes et, si c’était à sa portée, faisait des travaux de plomberie, d’électricité, de menuiserie et de maçonnerie, avec ses mains habiles et son cerveau bien fait : si je peux extirper une tumeur d’un cerveau, comment je ne serais pas capable, merde, de réparer une fuite d’eau ou d’enduire une fissure.
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- À l’époque, tout ce qu’on faisait était « historique », ironise Rafa. On était en train d’écrire l’Histoire avec un grand H, putain ! On était le phare qui éclairait le monde ! (page 52)
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-" Pour l'art, la liberté est sacrée, elle est son unique salut. En matière d'art, quand on dit que tout est permis, cela doit être TOUT ", conclut-il.
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Cela devait être le parti de la cubanité humiliée, de l’honneur patriotique retrouvé, des bonnes mœurs et de l’esprit de progrès, ainsi qu’ils le proclamaient. Et beaucoup de gens avaient gobé l’histoire. Ou pas, mais dans cette île tropicale frappée par le soleil, où le cynisme est devenu un mode de vie – et le fait de ne pas dire ce que l’on pense vraiment une pratique irréprochable –, cela n’avait jamais eu beaucoup d’importance.
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Car, en reprenant la perception d'un autre écrivain que je respecte, que je m'approprie et que je cite de nouveau : plus qu'à un pays, un romancier appartient à une ville. Une ville qui a une existence matérielle mais aussi, et surtout,un état d'esprit et un réservoir d'histoires personnelles, vécues ou acquises grâce aux lectures et aux confidences.
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En regardant votre œuvre, une chose lui avait semblé évidente : l’art est pouvoir. Seulement cela ou surtout cela : le pouvoir. Non pas pour dominer des pays et changer des sociétés, pour provoquer des révolutions ou opprimer les autres. C’est le pouvoir de toucher l’âme des hommes et, à la fois, d’y semer les graines de son amélioration et de son bonheur…
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Vous avez changé ma vie, Maître. Et pas seulement parce que vous m’avez appris à peindre. Le meilleur de ce qui m’est arrivé dans la vie, c’est à mon grand-père, au haham Ben Israël et à vous que je le dois, parce que tous les trois, chacun à votre façon, vous m’avez appris qu’être un homme libre c’est plus que vivre dans un lieu où on proclame la liberté. Vous m’avez appris qu’être libre, c’est une bataille qu’il faut livrer tous les jours, contre tous les pouvoirs, contre toutes les peurs.
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Le plus singulier de l’histoire étant que Laurent Cantet, qui est français, a réalisé un film non seulement profondément cubain mais viscéralement nécessaire : rarement je crois (j’ose l’écrire et j’assume les réactions possibles), de façon aussi profonde et douloureuse, on aura montré au cinéma les drames existentiels et matériels d’une génération de Cubains qui, qu’ils vivent sur l’île ou dispersés à travers le monde, se voient eux-même comme les acteurs et les survivants d’une expérience traumatique que l’histoire, le destin, la politique et la géographie nous ont fait vivre parce que nous sommes nés et avons vécu dans le pays qui est le nôtre. Le pays où nous sommes nombreux à avoir continué à vivre, à créer, à travailler, parce que, comme le dit le personnage d’Amadeo : « Ce pays est aussi mon pays … Mon-pays, bor-del ! » « Ma maison. » Celle de tous les Cubains.
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La décision de projeter finalement « Retour à Ithaque » dans le cadre de la programmation du Festival de Cine Francès célébré tous les ans à Cuba a été le fruit d’une victoire collective des créateurs cubains, particulièrement les cinéastes. Et les applaudissements à l’issue d la projection, le 2 mai 2015, ont confirmé que nous avions raison et que l’art a encore beaucoup à faire et à dire dans une société telle que la société cubaine, qui a besoin de plus d’espaces de confrontation, de débat, de liberté d’expression.
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... vous m'avez appris qu'être un homme libre c'est plus que vivre dans un lieu où on proclame la liberté. Vous m'avez appris qu'être libre, c'est une bataille qu'il faut livrer tous les jours, contre tous les pouvoirs, contre toutes les peurs.
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La conviction que le monde pouvait être un champ de bataille mais qu'une bibliothèque était un terrain inviolablement neutre et collectif s'était enraciné dans son esprit comme un des apports les plus beaux de sa vie.
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Comme une bonne partie de la moyenne bourgeoisie commerciale, depuis la fin de la guerre, Valladares était parvenu à multiplier son capital. Le jeune homme l’avait fait en spéculant sur la monnaie espagnole et, ensuite, en détournant des biens de l’État grâce à ses relations et à son poste au gouvernement. Il avait été l’un de ces officiers sans scrupules de l’Armée libératrice cubaine de plus, qui, profitant d’une position privilégiée, s’étaient mis dans les poches une bonne partie du crédit accordé par les États-Unis pour le paiement d’indemnités aux vétérans des combats indépendantistes. Mingo Valladares était la preuve vivante que le fait d’avoir été courageux durant la guerre (même si, en fait, ce n’était pas son cas) et d’avoir pour cela été élevé au rang de héros ne garantissait pas que tu étais une bonne personne encore moins un homme honorable, et que tu ne te consacrerais pas ensuite à saigner comme une insatiable sangsue le pays pour lequel tu as un jour combattu. Et le pire était que tout cela était vox populi, car même les chiens errants en ville connaissaient peu ou prou les qualités du personnage. Et ils votaient quand même pour lui ? Quel désastre.
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Car c’est là, en découvrant que certains de mes camarades d’études écrivaient des nouvelles et des poèmes, qu’en bon pelotero mon esprit de compétition latent me poussa dans cette direction : si les autres écrivaient, pourquoi pas moi ? C’est ainsi, par pur esprit de compétition, que je me suis mis à écrire et que je me suis engagé sur le chemin définitif de ma vie : celui d’un joueur de base-ball frustré devenu écrivain
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Je connais bien cette histoire, renchérit Conde pour appuyer l’affirmation de l’autre.
- Moi aussi. Ton ami Andrés m’en a parlé. Il est resté des années sans nouvelles de son père qui vivait aux États-Unis et lui à Cuba. Ça en faisait presque des ennemis… Quelle absurdité !
- L’Homme Nouveau ne pouvait avoir de relations fraternelles qu’avec ceux qui partageaient son idéologie. Un père aux États-Unis, c’était comme une maladie contagieuse. Il fallait tuer la mémoire du père, de la mère, du frère, s’ils ne résidaient pas à Cuba. Ce fut beaucoup plus qu’une absurdité…
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Comme le veut le cinéma, le processus d’écriture de Retour à Ithaque avait été long et compliqué, précis et soigné, car, à rebours de ce que Cantet aime faire (improviser, faire des expériences, tester la capacité des acteurs à se transposer dans les personnages), cette fois il avait dû filmer en peu de temps avec un budget très réduit, et il avait exigé de moi « un scénario en béton ». (page 124)
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- Il peut bien y avoir une fois dans la vie où on fait ce qu’on veut et pas ce qu’on nous dit de faire, ce qu’on nous oblige à faire … ce qu’on fait jamais parce qu’on a peur …
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Mais dans cette quête d'une autre opportunité (le retour rêvé en Espagne s'avérant impossible), il faut aussi tenir compte des exigences de son épouse mexicaine et communiste, Roquelia Mendoza, qui ne supportait pas le climat, la langue, les carences et les queues de Moscou au milieu d'hostiles matrones russes aux aisselles poilues et nauséabondes.
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