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EAN : 9791022610278
176 pages
Editions Métailié (12/03/2020)
3.68/5   17 notes
Résumé :
Un grand livre sur Cuba, l'exil, et la force et la fragilité de l'amitié. Les personnages, représentants magnifiques des contradictions de l'île, sont là : Tania, la médecin ophtalmo payée en poulets et fruits par des patients fauchés ; Aldo, l'ingénieur qui n'a jamais pu exercer et qui répare clandestinement des batteries de voiture ; Eddy, le fonctionnaire bon vivant qui peut voyager à l'extérieur et parfois faire du trafic ; Rafa, le peintre en manque d'inspirati... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je n'ai pas vu Retour à Ithaque, le film de Laurent Cantet, hélas ! Mais après avoir lu ce livre bâti autour de la réalisation menée par le metteur en scène de Entre les murs, j'ai une furieuse envie de visionner Retour à Ithaque.
Il faut dire que dans ces pages éditées par Métailié, je retrouve avec plaisir l'excellente plume de Leonardo Padura (L'homme qui aimait les chiens, La Transparence du temps) et, rien que ça, mérite le détour.
Dans une première séquence, Laurent Cantet explique pourquoi il a voulu tourner à Cuba ce film sur l'amitié, même si celle-ci est quelquefois mise à mal. Il précise que tout fut tourné en dix-sept nuits, sur une terrasse, à partir des dialogues signés Leonardo Padura, que ce film avait été retiré du Festival international de la Havane mais enfin projeté dans le cadre de la Semaine du cinéma français, toujours dans la capitale cubaine, et qu'il réunit deux fois mille deux cents spectateurs, déclenchant ensuite, immanquablement, des discussions passionnées.
Une fiche technique m'apprend que le film est librement inspiré du roman de Leonardo Padura : le Palmier et l'Étoile (La Novela de mi vida) et que Lucía López Coll, épouse de l'auteur, a collaboré à l'écriture du scénario.
Ainsi, Amadeo, Aldo, Tania, Rafael (Rafa) et Eduardo (Eddy), à la cinquantaine, se retrouvent sur la terrasse de la maison d'Aldo qui est noir, ingénieur mécanicien, sans boulot, et fabrique clandestinement des batteries de voiture.
Amadeo est au centre des discussions car cet écrivain parti vivre seize ans en Espagne, est de retour. Tania est ophtalmologue mais ne gagne pas assez d'argent pour vivre. Rafa est un peintre qui s'adapte aux goûts de ses clients pour vendre ses croûtes. Enfin, Eddy qui est normalement journaliste, dirige une agence touristique d'État. Lui, n'a aucun problème d'argent.
La discussion qui s'engage est vite passionnante, pleine de rebondissements, de surprises, de coups de sang, de révélations et permet de revisiter les années passées, l'idéologie du régime, la censure, toutes leurs souffrances mais aussi leurs joies. Les vieilles tensions ressortent comme les jalousies mais tout s'enflamme lorsqu'Amadeo affirme qu'il ne retournera pas en Espagne, qu'il est revenu à Cuba, son pays, pour y rester.
Tout ça est formidablement écrit, détaillé, expliqué. Leonardo Padura ne néglige pas le décor, la ville autour, le Malecón tout proche et la mer. Ils boivent, ils mangent aussi car Fela (80 ans), la mère d'Aldo, leur a préparé un repas à condition qu'ils rangent et fassent la vaisselle.
Quand le jour se lève, l'histoire s'achève mais pas le livre car une troisième séquence conte l'élaboration du projet, détaille les étapes précédant le tournage, redonne les éléments du scénario.
Enfin, l'éditeur offre deux fragments du roman de Leonardo Padura qui a inspiré Retour à Ithaque et je constate que les personnages sont sensiblement différents. Ils sont écrivains ou poètes mais l'esprit est le même, ce retour sur une vie pas souvent facile mais où l'amitié, malgré quelques soupçons, finit par triompher.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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J'avais beaucoup apprécié Leonardo Padura dans L'homme qui aimait les chiens, un récit-roman de la vie de Ramon Mercader, l'assassin de Léon Trotski, et La transparence du temps, un des romans de la série policière ayant pour héros le lieutenant-enquêteur Mario Condé, le roman noir permettant à l'auteur, un des meilleurs témoins des réalités cubaines, de distiller une vraie réflexion sur ce pays.
Ayant eu la chance de pouvoir me rendre sur cette magnifique île des Caraïbes, séjour malheureusement interrompu par l'arrivée du virus, lorsque j'ai vu à ma médiathèque, ce livre co-écrit avec Laurent Cantet Palme d'or du festival de Cannes en 2008 avec le film Entre les murs, je n'ai pas hésité !
Retour à Ithaque composé de cinq séquences nous propose le scenario du film, sorti en France en 2014, mais également la genèse de celui-ci. Leonardo Padura explique pourquoi, bien que n'aimant pas écrire pour le cinéma, a d'abord accepté un projet de film 7 jours à la Havane, composé de brèves histoires de la ville « où je suis né, où je vis et où j'écris ». Celui-ci l'a finalement mené à Ithaque. Dans la liste des réalisateurs ayant rejoint ce projet de film choral sur la Havane, se trouvait Laurent Cantet, dont le désir était de tourner à Cuba et qui avait été emballé par la traduction française parue en 2009 du roman le Palmier et l'Étoile de Leonardo Padura (un extrait nous en est d'ailleurs donné).
Un groupe de vieux amis, Cubains, la cinquantaine, sont réunis sur la terrasse d'un immeuble dominant la ville, à La Havane. Il y a Tania, la médecin ophtalmo payée en poulets et fruits par des patients fauchés, Aldo, l'ingénieur mécanicien qui n'a pas de boulot et qui pour gagner sa vie fabrique des batteries de voiture, clandestinement, Eduardo (Eddy) le fonctionnaire qui peut voyager à l'extérieur et parfois faire du trafic, n'ayant jamais pu exercer son métier de journaliste, et Rafael (Rafa), le peintre en manque d'inspiration, heureux de se retrouver avec Amadeo, écrivain, vivant depuis seize ans en Espagne où il était resté à l'occasion d'une tournée de la compagnie de théâtre dont il était le dramaturge et aujourd'hui de retour sur l'île.
Ils se souviennent de leur jeunesse, des interdictions entre autres, d'écouter de la musique américaine mais aussi les Beatles, de porter les cheveux longs et des pantalons serrés, « déviationnisme idéologique » et « signe d'immaturité politique », mais aussi des obligations pour les étudiants d'aller travailler deux mois aux champs. Ils se rappellent ce vieux slogan « l'Homme Nouveau puisait sa force dans l'Éducation … le Travail et le Fusil ! »
Beaucoup de tristesse et d'amertume dans leurs propos sur ces brimades acceptées alors, avec l'espoir d'un monde meilleur avec aujourd'hui, beaucoup de désillusion.
Et lorsque Amadeo annonce à ses amis son souhait de ne pas repartir et de rester sur l'île, c'est la surprise et l'incompréhension ! La conversation va s'emballer et plusieurs non-dits vont enfin avoir une explication et les amener à se poser des questions essentielles. Après ces désillusions, faut-il quitter Cuba ou y rester et en ce cas à quoi continuer à croire ? Questions particulièrement sensibles pour ces Cubains, mais questions universelles en même temps, car ne sont-elles pas ce que chacun d'entre nous se sont posées ou se poseront, une fois arrivé à la cinquantaine ?
Ce bouquin nous dépeint comment Laurent Cantet, ce cinéaste, maître dans l'art de montrer la psychologie humaine, en étroite collaboration avec l'écrivain Leonardo Padura et l'implication totale des acteurs a pu réaliser un film où les sentiments les plus intimes sont exposés au grand jour sans filtre, un film « cubain » en quelque sorte comme il aime à le rappeler et qui a pu finalement être montré à un public cubain dans le cadre de la Semaine du cinéma français de la Havane, le 2 mai 2015.
Avec Retour à Ithaque, j'ai découvert un beau livre sur Cuba, sur l'exil, sur l'utopie qui fut au coeur de la jeunesse et les désillusions qui ont suivi, mais aussi sur la force et la fragilité de l'amitié. Me reste à voir ce film que je suis impatiente de découvrir !

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Deuxième film de Laurent Cantet - Palme d'Or avec entre les murs dans les Caraïbes après le très réussi « Vers le sud », et deuxième film en langue étrangère après « Foxfire », "Retour à Ithaque "était sorti en salles dans une relative confidentialité en décembre 2014 alors même que le film était vraiment emballant et réussi.

Dans cette version publiée en livre chez Metailié du scénario du film Retour à Ithaque (2014) co-écrite par Leonardo Padura et le réalisateur Laurent Cantet, les dialogues font une analyse brillante de la façon dont une génération éduquée dans et pour la révolution a été frustrée de toutes ses aspirations par l'évolution du pays et s'est réfugiée dans la force et la fragilité de l'amitié.

Le récit, tel que Cantet le voulait est l'histoire d'une amitié mise à mal par la vie, mais qui reste seule capable de résister à l'engloutissement des individus. et en ce sens, constitue un des meilleurs films- et livre désormais- sur l'amitié, ce sujet si fertile en histoire de qualité bien inégale

Tout le scénario conserve une unité de lieu et de temps : une terrasse sur un toit de Cuba pendant toute une soirée jusqu'à l'aube : le dispositif pourrait faire penser à du théâtre filmé mais c'est sans compter la grande maitrise de Cantet pour distiller des plans superbes et s'appuyer sur un montage vif et alerte qui laisse l'ennui à la porte du film.

Les deux auteurs nous racontent aussi le tournage du film à Cuba et nous font partager l'amour du cinéma et l'émerveillement de la création artistique.Peu à peu, grâce à ces 5 personnages d'intellectuels désabusés, le film, qui commençait comme une comédie ironique devient un portrait d'une génération désillusionnée qui a cru à la révolution et qui a vu tous leurs idéaux s'envoler peu à peu.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un groupe d'amis sont réunis , ce soir ils attendent leur ami d'enfance qui revient à Cuba après 16 ans d'exil .
Comme dans tous les romans de Leonardo Padura , la nostalgie est omniprésente, nostalgie pour la jeunesse perdue dans ce pays communiste qui bridait sa jeunesse , les cheveux longs étaient interdits , on ne pouvait pas écouter les Beatles sans être accusés d'être des ennemis du peuple , les jeunes gens devaient travailler à la campagne pendant les vacances , l'oisiveté n'était pas de mise .
Il y a de la rancoeur mais aussi des souvenirs plus heureux car malgré tout la jeunesse est un temps béni .
Le retour à ithaque c'est aussi le roman du film , oeuvre conjointe de Leonardo Padura et de Laurent Cantet , un film émouvant sur l'amitié , les choix que l'on fait en vivant dans une dictature .

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En rédigeant cet avis, je vois à quel point je me suis éloignée du cinéma, y compris à une époque (le film est sorti en 2014) pendant laquelle je m'y rendais régulièrement. En effet, l'écriture de ce livre vient en partie de ce que le film Retour à Ithaque de Laurent Cantet, dont le scénario est co-écrit avec Leonardo Padura (oui, l'écrivain cubain) est passé inaperçu, et pas seulement à mes yeux. J'ai été assez effarée de constater que, même pour un réalisateur reconnu (Laurent Cantet a obtenu la palme d'or pour Entre les murs) trouver le financement pour un nouveau film est tout sauf facile : Retour à Ithaque a été tourné en dix-sept jours, un peu comme un téléfilm.

Cette oeuvre comporte cinq séquences :
– la genèse de l'oeuvre, ou comment Laurent Cantet expliquer pourquoi et comment il a eu l'idée de ce film ;
– l'oeuvre proprement dite, adaptation du scénario en version roman ;
– Tous les chemins mènent à Ithaque, ou, pour moi, le propre cheminement de Leonardo Padura, ses réflexions sur le métier de scénariste, et surtout, l'osmose artistique entre lui et Laurent Cantet ;
– le scénario du court métrage inclus dans 7 jours à la Havane ;
– des fragments de le palmier et l'étoile, oeuvre de Leonardo Padura.

Ce livre éclaire vraiment sur le processus de création artistique, tout en nous montrant l'oeuvre elle-même. Si je devais parler des thèmes centraux, je parlerai de l'amitié, bien sûr, mais aussi de la trahison. Amadeo est de retour au pays après seize ans, et il a bien l'intention de rester – et moi, lectrice, de me rendre compte que retourner dans son pays natal n'est pas chose simple quand on est cubain. Partir n'est pas toujours possible : Tania le sait bien, les médecins ne peuvent quitter Cuba, ce qui signifie qu'elle ne pourra jamais revoir ses enfants, partis avec leur père lors du divorce. Oui, c'était son choix, parce qu'elle a pensé à ce qui était le mieux pour ses enfants, et je trouve déchirant d'en arriver à la conclusion que le mieux pour eux est de quitter son pays. Oui, tout tourne autour de cela dans un temps – parce que rester, ou ne pas avoir pu partir, cela signifie aussi renoncer à une partie de ses rêves, comme Rafa ou Eddy m'ont fait chacun à leur manière. Aldo, lui, est parti, pour faire la guerre en Angola – guerre dont je n'ai que très vaguement entendu parler. Lui, l'ingénieur transformé en réparateur clandestin, fait avec un mariage foutu et un fils qui ne souhaite qu'une chose : partir. On en revient constamment là.
J'ai vraiment eu l'impression de découvrir ce pays de l'intérieur, avec tout ce que l'on ne sait pas, comme cette obsession pour la nourriture, tout simplement parce que, pendant longtemps, remplir son assiette, celle de sa famille, était extrêmement compliqué, pour ne pas dire impossible. Ne pas avoir faim : la priorité. Alors, créer… beaucoup y ont renoncé, ou se sont retrouvés dans l'impossibilité de créer. Retour à Ithaque, le livre, montre que ce n'est pas encore totalement possible de créer sereinement à Cuba, comme les péripéties rencontrées par le réalisateur pour présenter son film à Cuba le montre. Il ne fait pas bon exposer une génération sacrifiée, et qui pourtant a cru à la Révolution.
Retour à Ithaque, ou un objet littéraire cinématographique non identifié.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le plus singulier de l’histoire étant que Laurent Cantet, qui est français, a réalisé un film non seulement profondément cubain mais viscéralement nécessaire : rarement je crois (j’ose l’écrire et j’assume les réactions possibles), de façon aussi profonde et douloureuse, on aura montré au cinéma les drames existentiels et matériels d’une génération de Cubains qui, qu’ils vivent sur l’île ou dispersés à travers le monde, se voient eux-même comme les acteurs et les survivants d’une expérience traumatique que l’histoire, le destin, la politique et la géographie nous ont fait vivre parce que nous sommes nés et avons vécu dans le pays qui est le nôtre. Le pays où nous sommes nombreux à avoir continué à vivre, à créer, à travailler, parce que, comme le dit le personnage d’Amadeo : « Ce pays est aussi mon pays … Mon-pays, bor-del ! » « Ma maison. » Celle de tous les Cubains.
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La décision de projeter finalement « Retour à Ithaque » dans le cadre de la programmation du Festival de Cine Francès célébré tous les ans à Cuba a été le fruit d’une victoire collective des créateurs cubains, particulièrement les cinéastes. Et les applaudissements à l’issue d la projection, le 2 mai 2015, ont confirmé que nous avions raison et que l’art a encore beaucoup à faire et à dire dans une société telle que la société cubaine, qui a besoin de plus d’espaces de confrontation, de débat, de liberté d’expression.
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Dans les bâtiments voisins, en bas, dans la rue, la ville s’éveille. Des pots d’échappement font un boucan d’enfer sur le Malecón, on entend les premiers klaxons… Un groupe d’écoliers en uniforme sort d’un des bâtiments et en rejoint d’autres, qui les attendaient : trois garçons et trois filles. Ils se disent bonjour, s’embrassent. Puis ils marchent dans la rue, discutent, rigolent, en route pour l’école… La vie continue.
La ville réelle et la ville peinte par Rafa se confondent, avec leurs ombres et leurs mystères. (pages 99-100)
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Et même si le film a fait l’objet d’accusations extra-artistiques à Cuba et ailleurs, il est surtout devenu une référence et presque un document, par sa capacité à représenter une réalité et une époque complexes, contradictoires, dramatiques pour ceux qui de près ou de loin ont partagé la vie de cette petite île des Caraïbes, cette île à laquelle nous appartenons et qui, par naissance et culture, nous appartient… (page 127)
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Comme le veut le cinéma, le processus d’écriture de Retour à Ithaque avait été long et compliqué, précis et soigné, car, à rebours de ce que Cantet aime faire (improviser, faire des expériences, tester la capacité des acteurs à se transposer dans les personnages), cette fois il avait dû filmer en peu de temps avec un budget très réduit, et il avait exigé de moi « un scénario en béton ». (page 124)
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