Je remercie les éditions Nil pour la découverte de ce livre et de cet auteur.
Une lettre que l’on lit comme une confidence prononcée tout bas, de peur de bousculer la pensée unique.
Une lettre que l’on lit d’une traite…mais pas d’un seul souffle.
Une lettre pour toutes celles qui un jour ont entendu toutes sortes de propos sur leur non désir de maternité, pour toutes celles qui un jour se sont senties rabaissées, insultée, humiliée par des clichés d’un autre âge, pour celles qui ont fait un autre choix, et qui n’en sont pas moins femmes.
« A mesure que je mène à terme cette lettre, dont tu n’es pas l’unique destinataire, car je m’adresse aussi à toutes celles qui se sont dispensées de se conformer aux lois de la nature, je me déleste d’un poids. »
Dans un long monologue, Linda Mê s’adresse à l’enfant immatériel, celui qu’elle n’a pas eu, celui dont elle n’a pas voulu, avec une infinie sincérité, et une vérité que seul le papier autorise.
Combien d’idées reçues sur le prétendu égoïsmes de ces femmes sont encore d’actualité ? Et pourtant, derrière un refus de maternité se cachent bien souvent des souffrances enfantines indicibles, des manques affectifs flagrants. Certaines réussissent à transcender cela, d’autres ont peur, ou savent d’instinct, qu’elles reproduiront le schéma personnel.
« Déjà, à l’époque, je me jurais de ne jamais être mère, pour ne pas donner à mes enfants l’éducation que j’avais reçue. »
A une époque où, la maternité est encore, très majoritairement, considérée comme l’expression obligatoire de la féminité, Linda Lê a le courage de faire entendre une autre voix. Elle le fait, et le dit avec une simplicité qui insiste au respect et à l’humilité. A chacun sa vérité, à chacune son chemin.
Linda Lê soulève la difficulté au sein d’un couple d’assumer lorsque les désirs en en ce domaine sont antinomiques, et paraissent inconciliables.
Ce texte aurait pu être revendicatif, aurait pu être un réquisitoire féministe….il n’en est rien. Il est plein de tendresse, et d’amour pour cet enfant qui n’est jamais venu, mais qui paradoxalement a une réalité.
« Ces lignes sont une offrande, tu vogues sur un esquif en papier, mais pour moi tu n’es pas une fantasmagorie, tu existes, tu es doué de vie »
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