Dieu est très exactement le totalité de ce que nous aimons.
Afin de n’être pas importunés par les pleurnicheries des enfants en bas âge, leurs parents mélangent au lait du biberon un peu de gniole, qui les endort.
Certains jours, il s’imagine pouvoir marcher sur l’eau. À deux reprises, il s’y essaye dans le fleuve, d’où on le retire de justesse. La troisième fois, il se noie dans l’étang.
Voit-on un jeune homme et une jeune fille se promener ensemble, fût-ce une seule fois et innocemment, on les décrète fiancés.
La nouvelle qui, ordinairement, surprend leurs familles autant que les jeunes gens eux-mêmes, est répandue en diligence par une de ces vieilles filles bigotes dont c’est la vocation que de surveiller derrière leurs carreaux les allées et venues des habitants.
Bon gré, mal gré, le mariage se conclura, sous peine pour la jeune fille d’y laisser sa réputation.
Dans la nuit sur la route.
Les autres étaient là.
Ils riaient en marchant dans la neige.
Filles et garçons enlacés.
Rien n'explique de quelle façon ils ont soudain pu disparaître.
Se sont-ils évanouis ?
Sont-ils morts dans l'ombre ?
Se pourrait il que jamais ils n'eussent existé ?
Se pourrait-il que l'imagination seule les eut inventés ?
Que depuis le début ont ait été abandonné ?
Tout alors serait faux.
Peut être n'y a -t-il ni nuit ni route.
Peut être n'y a t il nulle maison où rentrer.
Peut être personne n'est il inquiet en attendant sur le pas de la porte.
Peut être vaudrait-il mieux se laisser tomber dans la neige et ne plus bouger.
Le ciel blanc.
Epais.
Le ciel de grosse laine rêche.
Des arbres
Des profondeurs noires
Des bruissements
La nuit.
Crier serait inutile
Tout est trop loin
Trop étouffé
Il fait froid
Le corps se raidit de froid.
Les genoux font mal.
Les mains cuisent dans les poches
Personne ne viendra
Personne ne saura
Quel mal
Quelle peur
Ce qu'il faudrait attendre est trop incertain
il suffirait d'une voix
Maintenant
D'un pas sur la route
D'une voix
Des bras qui vous portent
Qui étreignent
Une chaleur
Une odeur de tabac
Pleurer
Rassuré
Être bien
Vivant
Je suis le nomade
Immobile
Nul n’a rien à nous apprendre sur ce que nous ne pouvons ni, probablement, ne devons savoir. Si initié soit-on, les frontières restent opaques. Nul ne passe.
L’activité physique m’est, en fait, plus favorable que le sédentarisme du travail à ma table.
L’abus d’autorité peut façonner un caractère, soumis jusqu’à la crainte, qui, pour s’affirmer un peu, n’a plus de possible recours que le mensonge ou la flatterie — ce qu’on a prétendu dresser, ainsi passe à la sinuosité.
L’histoire est continuité dans la mesure où la pensée de l’homme est éternelle reconduction. Il est au reste singulier que l’homme ne réussisse pas à sortir du cadre, forcément étroit, des schèmes de l’histoire. Ainsi s’identifie-t-il lui-même dans des nœuds de rapport qui n’ont pas de caractère créatif — même lorsqu’il s’agit du fait révolutionnaire.
Les désirs sont des évidences. Les désirs sont des pré-réalisés de nous-même.
Avouer sa personnalité est un acte libératoire aux résonances heureuses qui, parfois, évitent le pire : le désordre intérieur.
Il écrit pour lui plus que pour le public et on perd un peu l'intérêt au fil des pages. C'est pour moi typiquement un livre de catharsis...
Au commencement était le Sexe.