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Citations de Lucien Jerphagnon (149)


Les lendemains se laissaient déjà deviner aux yeux des plus avisés des habitant de l’Empire. Un Ammien Marcellin, un Thémistios – mais ils ne sont pas nombreux à frémir aux premiers signes du grand désastre. Dans les villes, on continue de s’amuser, du moins quand on est riche. On espère les prochains jeux ; on se passionne pour les courses et, s’il faut en croire Salvien, les bordels ne désemplissent pas. Bref, on vit. Ammien Marcellin déplore la légèreté ambiante dans la Rome où il achève ses jours : « Les uns mettent leur point d’honneur à posséder des voitures plus grosses qu’il n’est d’usage » - hé oui ! -, et d’autres des vêtements si luxueux qu’ils transpirent dessous. Pour personne la fin du monde n’est pour demain. Et pourtant…LJ – Histoire de la Rome antique Les peuples qui venaient du froid – Tallandier
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Jésus subit donc cette loi commune à tous les êtres de valeur : tout homme supérieur à son milieu est forcément critiqué, car il fait prendre conscience du décalage qui existe entre ce que l'on devrait faire et ce que l'on fait pratiquement. Jésus n'échappe donc point à cette loi humaine qui pèse sur ceux qui inquiètent et ennuient parce qu'ils ne veulent pas se résigner à la gabegie ou à la routine. Quiconque bouleverse des habitudes confortables, des conformismes est appelé à souffrir et Jésus l'a aussitôt éprouvé. Ses proches -- il fallait s'y attendre -- n'ont guère de considération pour lui (voir Mat. 13, 57-58; Marc 3, 21; Jean 5, 7). Rien d'étonnant à cela : il est toujours humiliant et profondément désagréable de voir monter au zénith quelqu'un que l'on connaît trop bien, dont on a partagé la vie. L'on ne pardonne pas facilement à quelqu'un de devenir "son ancien égal". [...] Peu à peu les choses tournent mal ; la haine monte. On cherche à se débarrasser de sa présence qui devient gênante (voir Luc 4, 28-29; Mat. 12, 14; 26, 3 et 4; Jean, 11, 47 à 53). Et lui sait qu'il va mourir, et de mort violente : on se rappelle les annonces de la Passion (voir Mat. 16, 21; 17, 22-23; 20, 17 et suiv.). Jésus sent bien que les disciples "comprennent de moins en moins", et sa solitude morale s'aggrave encore.
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Héliogabale méditait même de faire César un mignon assez crapuleux, un esclave qui répondait au nom d'Hiéroclès.
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J’ai bien cherché. J’ai compulsé mes textes : nulle part je n’ai entrevu la moindre raison pour que l’Esprit universel allât se faire homme.
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Crées dans la première moitié du XIIIe siècle, les ordres dits « mendiants », franciscains et dominicains, s’étaient tôt imposés, encore que non sans mal, dans les Universités naissantes. Ils n’allaient pas tarder à en constituer les cadres, chaque ordre gardant son style. Et c’est ainsi qu’à l’Université de Paris, les frères de saint François, dits « frères mineurs », avaient conquis une chaire de théologie, illustrée par ses deux premiers titulaires. L’Anglais Alexandre de Hales (vers 1180-1245) a laissé l’inévitable Commentaire des Sentences qu’on va trouver désormais dans les œuvres de tout maître en théologie. Ce clergyman y utilisait à peu près tout Aristote, et tout autant les « platoniciens » : saint Augustin, Boèce et le Pseudo-Denys. Le schéma en était celui dont tout le monde userait désormais : objections à la thèse qu’on se propose de défendre, argument d’autorité, réponse magistrale, réfutation finale des objections. On lui prêta longtemps une Somme, plus pesante, aux dires de Roger Bacon, que le cheval qui l’eût portée, mais elle n’est qu’en partie de lui. Son élève et successeur, Jean de La Rochelle († 1245) défendait sur la culture un point de vue qui eût sans doute mené saint Pierre Damien au bord de l’infarctus.
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Vous m’auriez demandé si j’avais des convictions, je vous aurais répondu : Oh certainement ! mais pas beaucoup. Je suis convaincu que deux et deux font quatre, je suis convaincu que la somme des angles d’un triangle est égale à deux droits, le tout dans la géométrie euclidienne. » Quand je vous parlais tout à l’heure de Dieu, je vous disais que je suis convaincu puisque je suis croyant. Je suis convaincu mais je n’ose plus dire qu’il existe, de crainte de l’abimer… Je veux plutôt dire que je suis un mystique. Je suis un mystique convaincu de son mysticisme, mais qui ne cherche pas à le faire partager. Mes raisons sont toujours remises en question, mes convictions sont de l’ordre des Retractationes d’Augustin.
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« Ama et quod vis fac. » Parce que ça, c’est sa théorie de la liberté. Il ne faut pas confondre le libre arbitre et la liberté. Le libre arbitre c’est si vous voulez, la possibilité abstraite de faire autre chose que ce que je veux dans le moment où je le décide, mais cela reste une possibilité abstraite. Par exemple, avec quelqu’un que j’aime j’ai la possibilité de lui faire du mal mais ça ne me vient pas à l’esprit. La vraie liberté est celle-là même qui coïncide avec le regard de Dieu sur vous, ce que Dieu a décidé que vous deviendriez. Vous êtes libre quand vous faites le bien. Là où la liberté est à pécher – dit-il – c’est l’esclavage, là où la volonté est à pécher c’est le mal, et là où la volonté est à faire le bien c’est la liberté. La liberté c’est le bien.
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Oui c’est cela coïncider avec une pensée. En même temps, ça ne vous ferme pas. Pour évoquer un instant mes élèves, je pense ici à Michel Onfray qui est un de mes disciples et qui se dit tel d’ailleurs, ce qui me touche beaucoup. Michel Onfray et moi sommes très dissemblables, je n’ai donc pas engendré un platonicien, j’ai même engendré si vous vous voulez quelqu’un qui, à l’inverse, est un hédoniste. D’ailleurs ça nous fait rigoler l’un et l’autre souvent quand nous en parlons. Lui c’est un hédoniste, alors que moi je suis plutôt du genre austère, c’est un matérialiste et il le dit : « Je suis athée, Dieu merci » en quelque sorte !
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Lucien Jerphagnon
Dans le grec classique, logos signifie une parole ou la parole, et tout rôle qu'elle assume : profane (proposition, définition, exemple, science, opinion particulière, rumeur publique) ou sacré (réponse d'oracle, révélation d'en haut). Ce terme tient une place si considérable dans la langue philosophique que la multiplicité des significations qu'il recouvre oblige à s'enquérir chaque fois du contexte où on le surprend. Précaution d'autant plus indispensable qu'on est tenté de créditer les époques archaïques de la diversité de sens dont l'a chargé la succession des systèmes.

Chez Héraclite (~ VIe-~ Ve s.), logos signifie tantôt simple dire, parole sensée du maître (« La Nature, précise C. Ramnoux, parle en œuvrant. L'homme œuvre en parlant »), tantôt mesure selon laquelle le Feu se change en Eau, mais non pas raison gouvernant toutes choses. Ce dernier sens de raison organisatrice ne s'affirme, en effet, qu'avec Platon, où le logos acquiert le caractère d'instance scientifique. La dimension d'entité organisatrice des finalités naturelles vient d'Aristote, chez qui logos signifie aussi notion. Quant à la représentation d'un logos recteur du cosmos et loi de son développement historique, « analogue à celle qui régit l'évolution d'un germe » (J. Moreau) — le logos spermatikos —, c'est du stoïcisme qu'elle procède. Les néo-platoniciens font du logos une hypostase secondaire, intercalée entre l'Intellect et l'Âme du monde, et investie d'une fonction démiurgique, organisatrice de la nature.
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Lucien Jerphagnon
Usité comme adverbe, au-delà signifie plus loin, et, comme locution prépositive, plus loin que telle limite — de l'ordre du physique, de l'imaginable, du concevable — qu'on dépasse intentionnellement. Portée à l'absolu, cette dernière intention est créatrice d'objet : pris substantivement, le terme désigne alors un autre monde ou un état du monde opposé à l'actuel, ainsi que les sujets censés le hanter selon des modalités spécifiques d'existence. D'abord spontanément vécu dans la conscience mythique, inséparable d'ailleurs de l'en-deçà, l'au-delà assure une fonction d'engagement équilibré dans un environnement dont l'homme doit se concilier les forces ambivalentes. L'au-delà est assumé et spécifié par les religions, qui le voient comme séjour — plus ou moins séparé du monde présent — des êtres divins ou divinisés, donc heureux (Éden, Paradis, etc.). Certaines croyances affectent d'un coefficient négatif un secteur déterminé de l'au-delà : vie diminuée dans le vieux sheôl hébraïque, vie torturée dans l'enfer (chez les chrétiens, par exemple) par le remords et les peines dues à une vie pécheresse. L'objectivation d'un au-delà du vécu actuel a toujours trouvé et trouve encore ses détracteurs et ses défenseurs, tout aussi convaincus, et d'aucuns soutiennent la possibilité, grâce à des techniques appropriées, d'une communication avec l'au-delà (spiritisme). La métaphysique, prétendant « donner à l'homme une initiation qui est la contrepartie de celle qui était administrée dans les mystères antiques » (E. W. Beth), fournit une rationalisation de l'au-delà, purifiée, en intention, des anthropomorphismes les plus voyants. Les penseurs d'inspiration ouvertement théologique (Anselme de Cantorbéry, Thomas d'Aquin) trouvent là une confortation à leur foi. D'autres, moins directement dépendants des influences religieuses, proposent de l'au-delà diverses représentations, réduites aux seuls pouvoirs et critères de la raison — spéculative (Platon, les néo-platoniciens, qui situent l'Un-Bien « au-delà de l'essence » ; les grands cartésiens ; Rousseau) ou pratique (Kant). D'autres admettent un au-delà réel, mais sans rapport avec l'homme (épicurisme). D'autres enfin rejettent la notion, soit parce qu'incompatible avec l'unité corporelle d'un cosmos excluant toute transcendance (stoïcisme), soit parce que religieuse par essence, donc projective et aliénante (marxisme).
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Lucien Jerphagnon
Le mot grec anankè veut dire « nécessité » (anankè estin, « il faut ») ; plus précisément, chez les poètes, les tragiques, les philosophes, les historiens, anankè évoque une contrainte, une nécessité naturelle, physique, légale, logique, divine... Ce nom personnifie la Nécessité comme telle, instance inflexible gouvernant le cosmos, sa genèse, son devenir et la destinée humaine (Pythagore, Empédocle, Leucippe, Platon), voire la divinise d'une certaine façon (poèmes orphiques, Parménide). L'Anankè est ce qu'elle est ; pour l'homme grec, c'est temps perdu de l'accuser, démesure (hybris) de regimber contre elle, et pourtant abdiquer serait une faute. Il faut l'assumer dignement, avec piété, comme en témoigne Danaé dans sa prière : « Toi, ô Zeus, ô Père, change notre destin. Mais, si ma prière est trop osée et s'éloigne de ce qui est juste, pardonne-moi ! » (Simonide, fragment 27).

Au XIXe siècle, le terme retrouve une actualité nouvelle chez Victor Hugo. Le mot « Anankè », gravé sur une pierre de la cathédrale, est au centre des méditations de Claude Frollo dans Notre-Dame de Paris (1830). Et, en 1866, Victor Hugo indiquera que trois de ses principaux romans sont unis par le même thème : « anankè des dogmes (Notre-Dame de Paris), anankè des lois (Les Misérables), anankè des choses (Les Travailleurs de la mer) ». Il ajoute : « À ces trois fatalités qui enveloppent l'homme se mêle la fatalité intérieure, l'anankè suprême, le cœur humain » ; il est facile de trouver ici l'annonce d'un thème dominant pour le roman qui va suivre : L'Homme qui rit.

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L'homme de troupe fredonne des airs langoureux au lieu de pousser des cris de guerre; la pierre qui jadis lui servait d'oreiller a fait place au duvet d'un lit moelleux, sa coupe à boire est plus lourde que son épée.
Ammien Marcellin le païen
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Chacun ayant revu les choses à la couleur de son esprit.
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Ce n’est pas le moindre des dons de la sagesse que de se voir tel qu’on fut, tel qu’on est. Et cela vaut pour tout homme venant en ce monde.
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Cherchons ce qu’il y a de meilleur en nous, et de là efforçons-nous d’atteindre ce qu’il y a de meilleur que tout.
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Augustin, qui quatorze années durant a parcouru toutes les sentes des humaines sagesses, et qui cite tant et tant de philosophes sans pour ainsi dire s’égarer, il sait bien que tous ont en commun de viser à une vie meilleure, ou à tout le moins éprouvée comme telle. Le bonheur donc.
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Seul ou presque contre tous dans la cité, Socrate avait tiré la sagesse vers le haut. Augustin l’évoque plus d’une fois, lui attribuant notamment la remise en ordre de la philosophie dans son ensemble, et la restauration des mœurs.
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Philosphe Julien, Passionné de philosophie surtout, et on sait que cela ne fait pas nécessairement mes meilleurs éléves. En fait pour être hilosophe- je ne dis pas: un philosophe, e figuere à ce titre au Musée Grévin de la philosophie-, il faute unecertaine capacité de dét
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Au terme de tout cela, une constatation banale, et qui tient en peu de mots; rien en tout cas, qu'on ne sût déjà, fût-ce autrement que je ne l'ai dit. En bref, les chrétiens n'ont rien su ni même soupçonné de Julien- ils n'auront vu qu'un païen-, Julien n'a rien su ni même soupçonné de Jésus Christ- il n'aura vu qu des chrétiens. Un point c'est tout. Rien n'aura coïncidé, rien n'aura même filtré d'un foyer de valeurs à l'autre. Quel long chemin pour une aussi désolante vérité! Désolante et irritante comme l'est chaque liberté pour qui la voit seulement du dehors? Il y a toujours chez les autres un "autrement" qui nous échappe, quoique nous fassions, et qui nous déconcerte; irréductible fond d'énigme qui d'avance anéantit ces tentatives de reconstruction que nous appelons efforts pour comprendre. Comme si l'on se mettait à le place d'autrui! On croit s'y mettre, et alors on projette sur lui le meilleur de nos idéaux et de nos songes quitte à être désappointé ou furieux de ne rien retrouver dans la réalité. Julien eût voulu païen son Empire; Grégoire de Naziance eût voulu chrétien son Empereur. Question de point de vue; question de liberté. Mais du coup, s’est le pire d'a
eux mêmes, leurs plus noirs phantasmes que l'un et l'autre projetèrent sur l'Adversaire:les chrétiens,les païens.
Il nous arrive à tous de rapprocher le temps d'une rêverie, des aspirations incompatibles, des personnalités inconciliables. Julien et Grégoire, précisément qui savait écrire de si belles choses, et si profondes quand il cessait de polémiquer. Ou encore Themistios et Julien qui étaient faits pour s'entendre, et qui ne s"entendirent sur rien. Ou- pourquoi pas- Julien et Jésus. Sans doute est-ce par ce que nous aspirons à la fin de toutes les contradictions, à l'unité de toutes les valeurs, si tragiquement dispersés, éparpillées dans les consciences, les sociétés, les civilisations, les âges. Hantise de la totalité du Bien, soleil dont a rêvé Platon, mais en sachant qu'il rêvait. Tout cela nait de nos imaginations comme un rai de lumière, et nous distrait un moment de nos brumes. Ainsi je me prends à rapprocher Julien et Jésus. Pour quoi faut-il qu me viennent en tête ces verstes-là plutôt que d'autres...

Comme Jésus se mettait en route, quelqu'un accourut et lui demanda: "Maître, qu dois-je faire pour avoir la vie éternelle?" . Jésus lui répondit: " Tu connais les commandements: Ne tues pas , ne commets pas d'adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais tort à personne, honore ton père et ta mère... - Maître lui dit-il tout cela je l'ai observé avec soin dès la jeunesse!" Alors Jésus le regarda et se prit à l'aimer ...
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"Rome a grandi sous trois régimes.
La monarchie d’abord (- 753 à - 509) ; mais le règne du dernier Tarquin rendit les Romains allergiques au mot même de roi, comme en témoignent Tite Live et Cicéron.
Vint alors la république sénatoriale (- 509 à - 27). En droit, l’exécutif était réparti entre magistratures électives : consuls, questeurs, préteurs, censeurs. En fait, sur fond de conquêtes (Afrique, Gaule, Espagne, Orient hellénistique) profitables aux intérêts des grandes familles plus qu’au « peuple romain », la démocratie tourna vite à l’oligarchie ploutocratique, peu soucieuse de la «Rome d’en bas»... D’où plus d’une crise entre possédants et proletarii, gens qui ne pouvaient compter que sur leur descendance (proies) pour vivre. L’instauration d’un tribun de la plèbe ne suffira pas à normaliser les rapports. Et quand on voit Caton l’Ancien, parangon de la vertu ancestrale, énumérer dans son Traité d’agriculture « la vieille vache, le vieil esclave » comme biens sur quoi ne pas perdre à la revente, on comprend mieux l’épisode Spartacus (73-71 av. J.-C.). Et l’on est moins tenté de voir la République romaine comme on l’imaginait en 1789. Ajoutons l’absence d’une administration responsable dans les territoires conquis, ce qui ouvrait la voie à tous les détournements ; la montée en puissance des légions, dont les chefs étaient tentés de se mettre à leur compte ; la prolifération aussi des aventuriers de la politique dans une société instable. Ainsi, on ne s’étonnera pas que, de scandales en empoignades et règlements de comptes entre factions, la République ait basculé dans une guerre civile de cent ans.
Puis ce fut la mise en place de ce qu’on appelle l’empire (27 av. J.-C. à 476).
«Rome doit beaucoup aux guerres civiles», chante Lucain dans la Pharsale... Et, paradoxalement, un régime qui va prolonger de cinq siècles son destin. Vainqueur à Actium (31 av. J.-C.) d’Antoine, qui autrement, en compagnie de Cléopâtre, se fût approprié tout l’Orient romain, le jeune Octave, un petit-neveu de César, prend les affaires en main. Un coup d’Etat ? Que non ! Il savait trop ce qui était arrivé à oncle Jules pour avoir tenté, à ce qu’on disait, de restaurer la monarchie. On ne touche pas à la république. Le Sénat, les élections, les magistratures, tout reste en place, garanti
SPqR . Simplement, Octave se laisse confier tous les pouvoirs par le Sénat, avec en plus l’air de les refuser. A la rigueur, il veut bien être princeps, le premier des sénateurs. De tout cela, il s’explique dans les Res gestae, un testament gravé ici et là en latin et en grec. Du grand art : les apparences sont sauves, les fantasmes démocratiques aussi, et cette géniale astuce des magistratures rassemblées sur une seule tête va être reconduite cinq siècles durant par cinquante-huit « princes » aussi différents qu’il se peut. Tous porteront le nom de César et le surnom d’Auguste, dont Octave, le premier, fut décoré. Ce que nous appelons « l’empire » était né.
Lucien Jerphagnon – Roma Aeterna – dans Connais-toi toi-même p. 98-99
Allbin Michel - 2012"
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