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EAN : 9782847345162
357 pages
Tallandier (03/04/2008)
4.3/5   44 notes
Résumé :
On avait exterminé sa famille entière. On l'avait relégué dans un lointain palais truffé de mouchards. On méditait même d'en faire un prêtre. Bref, le très chrétien Constance glorieusement régnant n'avait rien négligé pour évincer Julien de la pourpre de ses ancêtres. Et voilà qu'il était devenu empereur de Rome ! Et qu'entre-temps il s'était converti en secret aux dieux qu'on croyait morts. Et alors...

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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
L'empereur Julien a toujours excité les passions et l'imagination. Sa mort même a inspiré des légendes, noires ou dorées, suivant la religion des biographes. « Un Julien de plus !... », dira-t-on. Mais la tâche était d'autant moins aisée que, depuis l'abbé de la Bletterie (au temps deVoltaire), le sujet est rebattu. Est-ce à dire qu'on en connaît mieux Julien « dit l'Apostat » ? le mérite de L. Jerphagnon est de nous en proposer une analyse pour ainsi dire intime, de nous aider à comprendre Julien de l'intérieur, depuis l'enfance, en raison même de cette enfance orpheline, mais nourrie d'Homère par l'excellent Mardonios, comblée de soleil et de nuits étoilées, d'arbres, de vignes et de senteurs dans le jardin d'Astakia. Ce livre n'a rien d'une réhabilitation apologétique. L'auteur décèle et démasque sans complaisance les graves défauts de cet « adolescent prolongé », de ce « khagneux » pédant et naïf comme une colombe, de ce moine païen si peu philosophe au fond, malgré le surnom qu'on lui a donné (pour le distinguer du minable Dide-Julien).

Mais L. Jerphagnon souligne aussi très justement sa sincérité. Il nous explique le personnage dans toute sa complexité biographique et intellectuelle. Convaincu d'avoir été prédestiné par les dieux (surtout par le Soleil qu'adoraient ses ancêtres) et investi d'une mission pour guérir le monde romain, Julien a tenté une « révolution culturelle » avec toute l'ardeur qui animait son « totalitarisme spéculatif ». Même dans sa campagne malheureuse et mortelle contre les Perses, c'était « la philosophie grecque, bottée et casquée » qui était censée marcher contre l'ennemi. Trop Romain pour les Grecs, trop Grec pour les Romains, ce passéiste sublime dérangeait autant les païens que les chrétiens. Son paganisme inquiet, bardé d'occultisme, de théurgie et de néoplatonisme mal assimilé, ne ressemblait guère à celui du « divin Jamblique », dont Julien se réclame intensément. Quelques portraits approfondis et nuancés nous éclairent indirectement ou par contraste celui de l'héroïque réactionnaire : Constance II, un « grand patron », quoique antipathique ; la belle et stérile Eusébie, ambiguë et redoutable ; le vieux Libanios, toujours enthousiaste et pourtant modéré. Avec toute sa sympathie critique, L. Jerphagnon nous offre donc un Julien plus attachant que celui des laudateurs inconditionnels, un Julien revécu au jour le jour, jusqu'au jour où « la nuit tombait doucement sur ses rêves ». Vif et vibrant, ce livre se lit d'un trait.
Lien : https://www.lucienjerphagnon..
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L'exemple parfait d'une biographie tout à fait à mon goût!
L'habile concision du titre annonce que le propos ne sera pas une nième redite des poncifs sur le sujet.
L'écriture est fort soignée, vive, agréable et confère au récit des airs de roman d'aventure.
Et cependant, il s'agit d'une biographie des plus sérieuses et des plus rigoureuses, en ce sens que contrairement à beaucoup d'autres, Lucien Jerphagnon n'emprunte pas aux sources anciennes en vue de concocter un texte approximatif et superficiel bien dans l'air de notre temps, à l'intention d'un lectorat de plus en plus blasé et si souvent peu scrupuleux.
Il recueille, il soupèse, il décortique et passe au crible le matériau laissé par les auteurs anciens pour rendre cohérents, mettre en perspective et contextualiser les événements et les tendances qui se dégagent de son étude.
Avant d'être revêtu de la pourpre, Julien a été un enfant puis un adolescent. Or très souvent dans la Rome impériale, lorsqu'un garçon naît dans la sphère du pouvoir, il est aussitôt suspecté par l'Empereur d'être un futur rival, voire un potentiel usurpateur. Et c'est pourquoi le sang coule si souvent dans ce milieu particulier.
Pourquoi Julien a-t-il été épargné? On ne le saura sans doute jamais avec certitude. Mais sa survie a cependant un prix qui le condamne à se faire rat de bibliothèque pendant des années, ce qui somme toute sied parfaitement à sa nature.
Les circonstances qui arrachent à ses précieux livres cet érudit rêveur et solitaire pour le propulser au sommet du pouvoir sont superbement restituées.
La suite est tout aussi haletante . L'auteur soutient la thèse - j'y adhère sans réserve, - selon laquelle Julien ne peut pas être apostat. Pas de méprise toutefois. Il n'y a aucune simplification dans ce livre, pas le gentil Julien D une part et les méchants monothéistes de l'autre (chacun peut ici intervertir les adjectifs selon son propre point de vue) mais la fine description d' une époque de transition, de profonde mutation, que le règne de Julien, eût-il été bien plus long, n'aurait pas pu enrayer selon toute vraisemblance.
Julien l'homme, Julien l'Empereur, ses qualités, ses défauts, les diverses facettes du personnage sont extrêmement bien vues dans cet ouvrage de référence qui me donne ainsi l'occasion rare de m'enthousiasmer pour une période de l'histoire de l'Empire romain que je n'affectionne pas, le classique en moi ayant depuis toujours donné la préférence aux siècles précédents!
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Biographie passionnante toujours écrite avec le ton exquis, plein d'humour et de légèreté de Lucien Jerphagnon, qui prend le soin de traiter tous les aspects de la vie du dernier empereur païen, nous immergeant dans le IVe siècle romain et l'intimité de son sujet comme seul lui sait le faire.
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Une réhabilitation de l'empereur Julien dit "l'apostat"par les chrétiens, neveu de Constantin, il abjura la foi chrétienne devenue celle des empereurs et déjà corrompue par l'exercice du pouvoir. Erudit, Imprégné de la philosophie des grands maîtres Grecs il releva les statues des dieux antiques, rêva de remettre Rome dans Rome et de retrouver l'âge d'or. D'une richesse peu commune, ce livre au style alerte se lit comme un roman. Il faut dire que le parcours tragique, aventureux et solaire de Julien méritait une telle réhabilitation sous la plume de Lucien Jerphagnon.
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Une relecture d'un empereur peu connu, Julien, désigné comme un "apostat"par les chrétiens, il était le neveu de Constantin, il dénia la croyance chrétienne devenue religion d'État et corrompue par les prêtres et les sénateurs proches du pouvoir. Très cultivé et d'une grande érudition, il retrouve la philosophie des grands penseurs grecs. Puis, il s'évertua à rétablir les cultes des dieux antiques, rêva de remettre Rome au centre du monde civilisé et de retrouver son âge d'or, dénué de corruption. D'une richesse peu commune, ce livre se lit comme un roman. Il faut dire que le parcours dramatique et aventureux de l'empereur Julien méritait une telle biographie très détaillée. Mais par contre, il cite beaucoup de références, ce qui pourrait alourdir la lecture de ce livre pour certains lecteurs peu habitué aux ouvrages d'histoire.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Au terme de tout cela, une constatation banale, et qui tient en peu de mots; rien en tout cas, qu'on ne sût déjà, fût-ce autrement que je ne l'ai dit. En bref, les chrétiens n'ont rien su ni même soupçonné de Julien- ils n'auront vu qu'un païen-, Julien n'a rien su ni même soupçonné de Jésus Christ- il n'aura vu qu des chrétiens. Un point c'est tout. Rien n'aura coïncidé, rien n'aura même filtré d'un foyer de valeurs à l'autre. Quel long chemin pour une aussi désolante vérité! Désolante et irritante comme l'est chaque liberté pour qui la voit seulement du dehors? Il y a toujours chez les autres un "autrement" qui nous échappe, quoique nous fassions, et qui nous déconcerte; irréductible fond d'énigme qui d'avance anéantit ces tentatives de reconstruction que nous appelons efforts pour comprendre. Comme si l'on se mettait à le place d'autrui! On croit s'y mettre, et alors on projette sur lui le meilleur de nos idéaux et de nos songes quitte à être désappointé ou furieux de ne rien retrouver dans la réalité. Julien eût voulu païen son Empire; Grégoire de Naziance eût voulu chrétien son Empereur. Question de point de vue; question de liberté. Mais du coup, s’est le pire d'a
eux mêmes, leurs plus noirs phantasmes que l'un et l'autre projetèrent sur l'Adversaire:les chrétiens,les païens.
Il nous arrive à tous de rapprocher le temps d'une rêverie, des aspirations incompatibles, des personnalités inconciliables. Julien et Grégoire, précisément qui savait écrire de si belles choses, et si profondes quand il cessait de polémiquer. Ou encore Themistios et Julien qui étaient faits pour s'entendre, et qui ne s"entendirent sur rien. Ou- pourquoi pas- Julien et Jésus. Sans doute est-ce par ce que nous aspirons à la fin de toutes les contradictions, à l'unité de toutes les valeurs, si tragiquement dispersés, éparpillées dans les consciences, les sociétés, les civilisations, les âges. Hantise de la totalité du Bien, soleil dont a rêvé Platon, mais en sachant qu'il rêvait. Tout cela nait de nos imaginations comme un rai de lumière, et nous distrait un moment de nos brumes. Ainsi je me prends à rapprocher Julien et Jésus. Pour quoi faut-il qu me viennent en tête ces verstes-là plutôt que d'autres...

Comme Jésus se mettait en route, quelqu'un accourut et lui demanda: "Maître, qu dois-je faire pour avoir la vie éternelle?" . Jésus lui répondit: " Tu connais les commandements: Ne tues pas , ne commets pas d'adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais tort à personne, honore ton père et ta mère... - Maître lui dit-il tout cela je l'ai observé avec soin dès la jeunesse!" Alors Jésus le regarda et se prit à l'aimer ...
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Cette spiritualité très haute du devoir, cette disponibilité sans réserve à ce qu'il perçoit comme dicté d'en-haut et qui doit tout au stoïcisme, il la retrouvera, à partir de cette nuit-là, à tous les moments de sa vie, toutes les fois qu'il lui faudra prendre une détermination. Seul dans sa chambre en présence des dieux, Julien accueillait dans son âme, avec la foi d'un enfant, la vocation qui lui était assignée sans qu'il en connût rien, sinon les menaces, les dangers, les aridités. D'avance il acceptait de servir où on l'enverrait, sans attraits, sans consolations sensibles, lui qui les aimait tant, dans un milieu dont tout l'éloignait, isolé parmi des gens cruels, obliques, sans scrupule, et qui adoraient un dieu auquel il n'accordait aucune estime.
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Il fallait aussi renoncer aux divers agréments que procure le divin Éros, sauf à contracter mariage, à s’en contenter et à s’y tenir indéfiniment. Un simple regard sur une fille appétissante et votre âme tombait comme une mouche morte 
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Philosphe Julien, Passionné de philosophie surtout, et on sait que cela ne fait pas nécessairement mes meilleurs éléves. En fait pour être hilosophe- je ne dis pas: un philosophe, e figuere à ce titre au Musée Grévin de la philosophie-, il faute unecertaine capacité de dét
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