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Citations de Lucien Jerphagnon (149)


Lucien Jerphagnon
Les gens qui ont des certitudes sont sûrs de se coucher le soir aussi cons qu'ils se sont levés le matin.
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Les lendemains se laissaient déjà deviner aux yeux des plus avisés des habitant de l’Empire. Un Ammien Marcellin, un Thémistios – mais ils ne sont pas nombreux à frémir aux premiers signes du grand désastre. Dans les villes, on continue de s’amuser, du moins quand on est riche. On espère les prochains jeux ; on se passionne pour les courses et, s’il faut en croire Salvien, les bordels ne désemplissent pas. Bref, on vit. Ammien Marcellin déplore la légèreté ambiante dans la Rome où il achève ses jours : « Les uns mettent leur point d’honneur à posséder des voitures plus grosses qu’il n’est d’usage » - hé oui ! -, et d’autres des vêtements si luxueux qu’ils transpirent dessous. Pour personne la fin du monde n’est pour demain. Et pourtant…LJ – Histoire de la Rome antique Les peuples qui venaient du froid – Tallandier
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Rejoindre les autres à ce point précis, à ce point indéfinissable où ils sont précieux pour un regard, où ils ont été chéris, voulus, aimés, pour eux-mêmes. LJ – L’astre mort p.189
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Et pourtant j’ai su, ce soir-là, que l’amour décidément ne meurt pas, si les astres s’éteignent …/…J’ai su que son visage ne changerait jamais, ni le son de sa voix, ni son regard tendre et moqueur, ni la cadence de son pas à mes côtés, jusqu’à la fin des temps, et qu’il ne fallait pas vieillir pendant ce temps-là. LJ – L’astre mort p.183
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La mémoire collective est décidément fidèles aux légendes plus qu'aux faits, aux poncifs plus qu'à l'originalité vraie, et pour plus longtemps. Légendes souveraines, souverains poncifs. Évoquez Caligula et vous aurez le cheval consul, image résumant le règne d'un fou sanguinaire, qui de surcroît couchait avec ses soeurs. (...)
Tel est en gros le cliché ; telle est l'image courant de GaÏus Caesar Augustus, qui régna de 37 à 41 sur l'empire de Rome, dont la surface était de trois millions de kilomètres carrés, et qui était peuplé de soixante millions d'hommes.
L'histoire est sans doute moins simple - et plus instructive. On remarque d'abord qu'à peu près tout ce qu'on sait de Caligula procède d'ennemis : personnels, comme Sénèque, religieux comme Philon et Flavius Josèphe, politiques comme Suétone et Dion Cassius, pour ne rien dire des historiens postérieurs qui recopient sans critique ce qui traîne partout. Si bien qu'en plus de la question préjudicielle de son authenticité - dont on ne saurait discuter ici -, le dossier Caligula pose différents problèmes : le délire d'un malade qui se trouve, de facto, maître absolu, hegemôn, du monde civilisé ; puis l'articulation de ce délire sur la réalité politique infiniment complexe de l'époque julio-claudinienne ; enfin, l'utilisation de ce délire par les historiens et les polémistes en mal de message. Du délire lui-même, je ne dirai pas grand-chose ; nous ne sommes pas des médecins. En revanche, nous essaierons de déchiffrer le sens symbolique, la prétention signifiante politiquement, de ces comportements aberrants que rapportent les textes.
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Monique était son antithèse : chrétienne, mais à la façon de la Pharisienne de Mauriac ou de Doña Perfecta de Pérez Galdós, elle en rajoutait sur les exigences de sa foi. Elle avait trouvé dans une piété plus scrupuleuse que charitable un équilibre que le mariage ne lui avait point donné. Lui restaient ses enfants, Augustin surtout, qu'elle aura littéralement couvé : ne lui voulait-elle pas, de son propre aveu, Dieu pour père plutôt que son mari ? Pour son fils bien-aimé, Monique vivra le regard fixé sur la terre et le ciel à la fois, un œil sur l'"establishment", un œil sur la croix.
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La vraie culture n'est pas un bagage, mais une forme... On se rappellera toujours que la vraie culture, en formant l'esprit, permet d'étendre notre capacité de sympathie à l'égard de toutes les préoccupations humaines.
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Avec Trajan et ses successeurs, l'Empire allait connaître ses plus beaux jours.
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Cela dit, César, méritait-il pour autant de se
faire roi, à la façon des Lagides ? Il était bien placé pour
les mépriser et ne s'en privait pas. Se sentait-il assez fort
pour violer cette espèce de tabou qui remontait au premier
jour de la République ? J'en doute : César était trop
romain pour cela. Ce qui est sûr, c'est que les apparences
jouaient contre lui et que ses partisans trop zélés nuisaient
à son image. Le 15 février 44, la vénérable fête des
Lupercales avait donné lieu à une scène ambiguë. Alors
que César présidait, Marc Antoine l'avait couronné d'une
tresse de lauriers liée par un ruban blanc : ni plus ni moins,
en Orient, que le diadème des rois ... Si César avait voulu
opérer un sondage d'opinion, réalisé sur l'heure:
peu d'applaudissements et pas mal de grognements dans
le public. Cassius avait alors ôté la contestable coiffure, et
Marc Antoine avait eu le mauvais goOt de récidiver. César
avait alors ordonné qu'on portât la couronne au Capitole ...
où on la vit, le lendemain, ornant la tête de sa statue ! Sur
quoi deux tribuns de la plèbe avaient arraché l'emblème
séditieux, et s'étaient attiré pour cela les foudres du dictateur qui les avait traités d'idiots. La situation devenait
malsaine, et ce flirt de César avec la royauté n'avait, pour
les conjurés, que trop duré. Paul-Marius Martin a bien
montré comment, chez ces gens, la haine de la royauté
avait tourné à l'idée fixe, autrement dit à l'idéologie.
Une autre circonstance pesa sans doute sur la décision
des conspirateurs : le grandissime projet que caressait
César d'élargir encore le monde romain. Il méditait en
effet une expédition contre les Parthes, pour venger le
désastre où Crassus avait trouvé la mort. C'était déjà un
fameux morceau, mais César avait imaginé de contourner
la mer Noire, de soumettre l'Hyrcanie, au sud et à l'est de
la Caspienne, de dépasser le Caucase et de boucler la
boucle en conquérant la Germanie jusqu'à l'Océan. Projet
dément, bien sûr, et qui montre assez combien lui eussent
été utiles de bonnes cartes d'état-major. Mais on ne prête
qu'aux riches: les conjurés estimaient César fort capable
LES DERNIERS JOURS DE LARÉPUBUQUE 183
de réussir- et alors, il fOt devenu cosmocrator, littéralement maitre de l'univers, donc roi partout. Impensable.
Mieux valait arrêter les frais. On sait le reste, et comment
un mois après les fameuses Lupercales, aux ides de mars
(15 mars 44), César tomba frappé de vingt-trois coups de
poignard. Les conjurés y mirent tant de conviction qu'ils
réussirent même à s'entre-piquer. Les derniers mots de
César furent, dit-on, pour Brutus qu'il avait reconnu
parmi les assassins: «Toi aussi, mon petit ... » Ledit
Brutus fit acclamer Océron, en qui la vieille garde sénatoriale se reconnaissait.
Ainsi, l'ombre des vieux rois étrusques s'était étendue
sur César et l'avait enveloppé de son froid de mort. n
n'y aurait pas de monarchie cette fois-ci encore. Cicéron
respirait, et la nobilitas avec lui. Seulement, la vieille
mécanique ne reprendrait pas pour autant son vénérable
ronronnement. La guerre civile allait se rallumer pour
quinze ans, et c'en serait fait de la République pour toujours. Ou plutôt, elle se survivrait, mais comme mythe.
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Puisqu'il faut un commencement à tout, autant qu'il
sois glorieux. La réussite incline à se pourvoir d'un passé
qui l'explique, et d'une galerie d'ancêtres qui la justifient
par leur ancienneté et leur valeur d'exception. Sans donc
se risquer à remonter aux données de la préhistoire ou de
la paléontologie - sciences tard venues, mais surtout tristement égalitaires dans leurs approximations -, les
grandes dynasties, les grandes familles, etc, se prévalent
volontiers d'un noble premier, quelquefois peint à l'huile,
dont la présence sur le mur d'un salon constitue déjà
comme un sacrement. On pense bien que Rome ne manqua pas de se découvrir des ancêtres, dès que s'affirma
décidément, autour du premier siècle avant notre ère. Sa
réussite quasi cosmique, dont elle prenait conscience à
mesure que s'élargissaient ses possessions. Il fallait
qu'une si puissante expansion vint de haut. Foin de la mesquinerie ! On s'enracina donc carrément dans l'Olympe.
On reprit, en les idéalisant dans un esprit hellénistique, de
vieilles légendes remontant au IVe siècle, mais aussi,
comme l'a montré Georges Dumézil, des mythes indo-européens se perdant dans la nuit des temps. Et c'est ainsi
de l' HiSTOIRE DE LA ROME ANTIQUE :
que la tradition, répercutée de façon plus ou moins épique
par Naevius et Ennius, mais aussi, plus sobrement, par les
historiens : Fabius Pictor, Cornelius Nepos, Tite-Live, puis
« précisée » chronologiquement par Marcos Varron, fixa
la fondation de Rome en l'an 753 par Romulus et Remus,
et dans des circonstances indubitablement surnaturelles.
Ces estimables jeunes gens avaient de qui tenir, puisqu'ils étaient nés des amours de Rhea Sylvia, fille du roi albain Numitor et du dieu Mars en personne. Ils avaient couru tôt des hasards. En effet, le frère de ce roi, Numitor,un nommé Amulius, ayant usurpé le trône, ne pouvait voir
d'un bon œil cette double naissance, pour divine qu'elle
fit. n fit donc déposer les infortunés demi-dieux ses
neveux dans une corbeille, qu'il confia aux bons soins du
Tibre. Mais à l'instar de Moïse, Romulus et Remus furent
sauvés des eaux, car le panier, dérivant sur le courant,
Finis par échouer avec ses occupants au pied du Palatin.
Une louve secourable les trouva, les repêcha et les nourrit,
relayée dans la suite par un pic-vert - deux animaux
consacrés au dieu Mars.
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C'est cette même année 256 que le consul Attilius Regulus prit pied au cap Bon, d'ailleurs aidé par le retournement opportun des populations libyennes (les Numides), pas fâchées de se défaire de l'emprise punique. Mais l'année suivante, l'expédition tourna au fiasco. Vaincu par le général grec mercenaire Xanthippe, Regulus fut fait prisonnier. Il était promis à un sort aussi moralement glorieux que physiquement pénible. En effet, les Carthaginois l'envoyèrent à Rome - sous la promesse qu'il reviendrait en cas d'échec - pour négocier avec le Sénat une paix qui n'avait rien d'avantageux. Mais en Romain responsable, Regulus dissuada ses collègues de traiter et trouva le sublime courage de s'en retourner à Carthage où l'attendait une mort éprouvante. Son exemple servirait au moins à prouver au monde la valeur de la parole romaine, et aux Romains eux-mêmes le primat de l'intérêt civique sur les considérations privées. Tableau grandiose et larmoyant de Sigismondo Nappi, dans le style du début du XXe siècle. Le moins que l'on puisse dire est que l'attitude des Carthaginois dans cette affaire n'était pas de nature à créer des liens.
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Lucien Jerphagnon
Les gens qui ont des certitudes sont sûrs de se coucher le soir aussi cons qu’ils se sont levés le matin.
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Tyrans ou démocrates, les gens de pouvoir ont toujours eu le souci d'une uniformité allant dans le bon sens ,le leur.
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L'idéal du "politiquement correct" serait qu'il ne se voie pas ,qu'il puisse suggérer ,d'une manière subliminale,les pires culpabilités intérieurs à ceux auxquels s'adresse celui qui détient -quelle image!- la vérité.
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Le silence finit toujours par l'emporter,où victimes et parents des victimes ont enfermé leur chagrin,où les criminels peuvent ,quand la grâce leur en a été donnée,tenter de se faire oublier.Encore faudrait-il que ce silence , les bourreaux le respectent .
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On sait maintenant, disait Rutilius Namatianus, que les villes aussi peuvent mourir, et les civilisations. On voudrait naturellement savoir de quoi. Je me demande souvent si les anciennes philosophies n'étaient pas mieux accordées à ces évolutions, qu'elles voyaient plus simplement.
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Il ne faut surtout pas céder à l'anachronisme spontané qui nous fait conférer une valeur en soi, donc une portée éternelle, aux termes dont on use aujourd'hui. De même que philosophiquement parlant, il y a anthropomorphisme lorsque je prête à mon chien (ou pire, au Bon Dieu) des sentiments qui ne sont expérimentables que chez l'être humain, de même il y a, dirais-je, chronomorphisme toutes les fois que je transpose dans des temps révolus ou à venir des concepts qui ne valent strictement que pour le mien. Dans un cas comme dans l'autre, je fais un saut dans l'inconnu, et mon discours perd toute validité, car il n'y a pas d' "Homme éternel", mais seulement des hommes datés.
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Jésus subit donc cette loi commune à tous les êtres de valeur : tout homme supérieur à son milieu est forcément critiqué, car il fait prendre conscience du décalage qui existe entre ce que l'on devrait faire et ce que l'on fait pratiquement. Jésus n'échappe donc point à cette loi humaine qui pèse sur ceux qui inquiètent et ennuient parce qu'ils ne veulent pas se résigner à la gabegie ou à la routine. Quiconque bouleverse des habitudes confortables, des conformismes est appelé à souffrir et Jésus l'a aussitôt éprouvé. Ses proches -- il fallait s'y attendre -- n'ont guère de considération pour lui (voir Mat. 13, 57-58; Marc 3, 21; Jean 5, 7). Rien d'étonnant à cela : il est toujours humiliant et profondément désagréable de voir monter au zénith quelqu'un que l'on connaît trop bien, dont on a partagé la vie. L'on ne pardonne pas facilement à quelqu'un de devenir "son ancien égal". [...] Peu à peu les choses tournent mal ; la haine monte. On cherche à se débarrasser de sa présence qui devient gênante (voir Luc 4, 28-29; Mat. 12, 14; 26, 3 et 4; Jean, 11, 47 à 53). Et lui sait qu'il va mourir, et de mort violente : on se rappelle les annonces de la Passion (voir Mat. 16, 21; 17, 22-23; 20, 17 et suiv.). Jésus sent bien que les disciples "comprennent de moins en moins", et sa solitude morale s'aggrave encore.
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"Déjà du temps d'Homère notre race baissait. La terre ne nourrit plus aujourd'hui que des hommes méchants et chétifs."
Juvénal, Satires, XV. v. 69-70.
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Héliogabale méditait même de faire César un mignon assez crapuleux, un esclave qui répondait au nom d'Hiéroclès.
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