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Citations de Lucien Jerphagnon (149)


Pourquoi suis-je né, si ce n'est pas pour toujours?
(p.116, Eugène Ionesco, Le Roi se meurt)
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Qui n'est pas imbu de la conviction que tout est vain?
(p.63, Emil Michel Cioran, Précis de décomposition).
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Cela dit, César, méritait-il pour autant de se
faire roi, à la façon des Lagides ? Il était bien placé pour
les mépriser et ne s'en privait pas. Se sentait-il assez fort
pour violer cette espèce de tabou qui remontait au premier
jour de la République ? J'en doute : César était trop
romain pour cela. Ce qui est sûr, c'est que les apparences
jouaient contre lui et que ses partisans trop zélés nuisaient
à son image. Le 15 février 44, la vénérable fête des
Lupercales avait donné lieu à une scène ambiguë. Alors
que César présidait, Marc Antoine l'avait couronné d'une
tresse de lauriers liée par un ruban blanc : ni plus ni moins,
en Orient, que le diadème des rois ... Si César avait voulu
opérer un sondage d'opinion, réalisé sur l'heure:
peu d'applaudissements et pas mal de grognements dans
le public. Cassius avait alors ôté la contestable coiffure, et
Marc Antoine avait eu le mauvais goOt de récidiver. César
avait alors ordonné qu'on portât la couronne au Capitole ...
où on la vit, le lendemain, ornant la tête de sa statue ! Sur
quoi deux tribuns de la plèbe avaient arraché l'emblème
séditieux, et s'étaient attiré pour cela les foudres du dictateur qui les avait traités d'idiots. La situation devenait
malsaine, et ce flirt de César avec la royauté n'avait, pour
les conjurés, que trop duré. Paul-Marius Martin a bien
montré comment, chez ces gens, la haine de la royauté
avait tourné à l'idée fixe, autrement dit à l'idéologie.
Une autre circonstance pesa sans doute sur la décision
des conspirateurs : le grandissime projet que caressait
César d'élargir encore le monde romain. Il méditait en
effet une expédition contre les Parthes, pour venger le
désastre où Crassus avait trouvé la mort. C'était déjà un
fameux morceau, mais César avait imaginé de contourner
la mer Noire, de soumettre l'Hyrcanie, au sud et à l'est de
la Caspienne, de dépasser le Caucase et de boucler la
boucle en conquérant la Germanie jusqu'à l'Océan. Projet
dément, bien sûr, et qui montre assez combien lui eussent
été utiles de bonnes cartes d'état-major. Mais on ne prête
qu'aux riches: les conjurés estimaient César fort capable
LES DERNIERS JOURS DE LARÉPUBUQUE 183
de réussir- et alors, il fOt devenu cosmocrator, littéralement maitre de l'univers, donc roi partout. Impensable.
Mieux valait arrêter les frais. On sait le reste, et comment
un mois après les fameuses Lupercales, aux ides de mars
(15 mars 44), César tomba frappé de vingt-trois coups de
poignard. Les conjurés y mirent tant de conviction qu'ils
réussirent même à s'entre-piquer. Les derniers mots de
César furent, dit-on, pour Brutus qu'il avait reconnu
parmi les assassins: «Toi aussi, mon petit ... » Ledit
Brutus fit acclamer Océron, en qui la vieille garde sénatoriale se reconnaissait.
Ainsi, l'ombre des vieux rois étrusques s'était étendue
sur César et l'avait enveloppé de son froid de mort. n
n'y aurait pas de monarchie cette fois-ci encore. Cicéron
respirait, et la nobilitas avec lui. Seulement, la vieille
mécanique ne reprendrait pas pour autant son vénérable
ronronnement. La guerre civile allait se rallumer pour
quinze ans, et c'en serait fait de la République pour toujours. Ou plutôt, elle se survivrait, mais comme mythe.
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Puisqu'il faut un commencement à tout, autant qu'il
sois glorieux. La réussite incline à se pourvoir d'un passé
qui l'explique, et d'une galerie d'ancêtres qui la justifient
par leur ancienneté et leur valeur d'exception. Sans donc
se risquer à remonter aux données de la préhistoire ou de
la paléontologie - sciences tard venues, mais surtout tristement égalitaires dans leurs approximations -, les
grandes dynasties, les grandes familles, etc, se prévalent
volontiers d'un noble premier, quelquefois peint à l'huile,
dont la présence sur le mur d'un salon constitue déjà
comme un sacrement. On pense bien que Rome ne manqua pas de se découvrir des ancêtres, dès que s'affirma
décidément, autour du premier siècle avant notre ère. Sa
réussite quasi cosmique, dont elle prenait conscience à
mesure que s'élargissaient ses possessions. Il fallait
qu'une si puissante expansion vint de haut. Foin de la mesquinerie ! On s'enracina donc carrément dans l'Olympe.
On reprit, en les idéalisant dans un esprit hellénistique, de
vieilles légendes remontant au IVe siècle, mais aussi,
comme l'a montré Georges Dumézil, des mythes indo-européens se perdant dans la nuit des temps. Et c'est ainsi
de l' HiSTOIRE DE LA ROME ANTIQUE :
que la tradition, répercutée de façon plus ou moins épique
par Naevius et Ennius, mais aussi, plus sobrement, par les
historiens : Fabius Pictor, Cornelius Nepos, Tite-Live, puis
« précisée » chronologiquement par Marcos Varron, fixa
la fondation de Rome en l'an 753 par Romulus et Remus,
et dans des circonstances indubitablement surnaturelles.
Ces estimables jeunes gens avaient de qui tenir, puisqu'ils étaient nés des amours de Rhea Sylvia, fille du roi albain Numitor et du dieu Mars en personne. Ils avaient couru tôt des hasards. En effet, le frère de ce roi, Numitor,un nommé Amulius, ayant usurpé le trône, ne pouvait voir
d'un bon œil cette double naissance, pour divine qu'elle
fit. n fit donc déposer les infortunés demi-dieux ses
neveux dans une corbeille, qu'il confia aux bons soins du
Tibre. Mais à l'instar de Moïse, Romulus et Remus furent
sauvés des eaux, car le panier, dérivant sur le courant,
Finis par échouer avec ses occupants au pied du Palatin.
Une louve secourable les trouva, les repêcha et les nourrit,
relayée dans la suite par un pic-vert - deux animaux
consacrés au dieu Mars.
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C'est cette même année 256 que le consul Attilius Regulus prit pied au cap Bon, d'ailleurs aidé par le retournement opportun des populations libyennes (les Numides), pas fâchées de se défaire de l'emprise punique. Mais l'année suivante, l'expédition tourna au fiasco. Vaincu par le général grec mercenaire Xanthippe, Regulus fut fait prisonnier. Il était promis à un sort aussi moralement glorieux que physiquement pénible. En effet, les Carthaginois l'envoyèrent à Rome - sous la promesse qu'il reviendrait en cas d'échec - pour négocier avec le Sénat une paix qui n'avait rien d'avantageux. Mais en Romain responsable, Regulus dissuada ses collègues de traiter et trouva le sublime courage de s'en retourner à Carthage où l'attendait une mort éprouvante. Son exemple servirait au moins à prouver au monde la valeur de la parole romaine, et aux Romains eux-mêmes le primat de l'intérêt civique sur les considérations privées. Tableau grandiose et larmoyant de Sigismondo Nappi, dans le style du début du XXe siècle. Le moins que l'on puisse dire est que l'attitude des Carthaginois dans cette affaire n'était pas de nature à créer des liens.
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Le silence finit toujours par l'emporter,où victimes et parents des victimes ont enfermé leur chagrin,où les criminels peuvent ,quand la grâce leur en a été donnée,tenter de se faire oublier.Encore faudrait-il que ce silence , les bourreaux le respectent .
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Ah oui des pétitionnaires et ça m’agace ! Si vous voulez ce qui m’ennuie chez les philosophes d’aujourd’hui, et je ne mets aucun nom là-dessus d’ailleurs, c’est leur côté intellectuel. Si bien que j’avoue avoir un peu décroché d’avec la philosophie contemporaine. Je suis dans l’Antiquité et je m’y trouve bien. Je veux mourir dans l’Antiquité et au Moyen Âge. Mais ce qui m’ennuie chez ces nouveaux philosophes, c’est le fait que ce sont des intellectuels.
On ne me verra jamais trimballer une pancarte parce que je ne sers à rien de ce point de vue-là, on ne me verra jamais signer des pétitions puisque mon nom ne dit rien à personne et c’est très bien comme ça. Ceux qui veulent lire mes bouquins les lisent, mais le personnage je ne vois pas ce qu’il leur apporterait de particulièrement ravissant, au sens où on est emporté…
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