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Critiques de Luigi Pirandello (196)
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Un, personne et cent mille

C'est un livre que j'ai lu ou plutôt que j'ai dévoré.😊

Cet ouvrage est tout de même difficile à lire, il faut avoir la tête reposée Mais il m'a fasciné car il est écrit avec intelligence et grande finesse. Et le but premier c'est d'interroger le lecteur et la lectrice à travers le personnage et son histoire racontée par l'auteur.

*



Luigi Pirandello nous oblige à une profonde réflexion sur l'image que chacun donne aux autres et comment notre propre image est perçue par l'autre. Comment le regard de l'autre, peut influencer inconsciemment, notre propre attitude ou si ce n'est pas nous qui « calquons » notre personnage sur le regard de l'autre.

Et comme chaque regard est différent, que ce soit celui de sa femme, de ses enfants ou de ses amis, l'auteur se pose la question et a fortiori, nous pose cette même question ;

-« Est-il possible de « jouer » plusieurs personnages à la fois ?

Et quel est le plus vrai, celui qui ressemble au plus près de son propre « soi » ?

Où est notre réalité ?

Qui est le vrai personnage qui est en nous ?



Je vous invite comme l'auteur, à vous regarder dans un miroir…. Si ! si ! J'insiste… !



Qui voyez-vous ?



Reconnaissez-vous la personne que vous avez en face de vous ?

Soyez sincère… Jamais vous avez songez à vous voir tel que vous êtes, à vous voir vivre…



Interrogatif non ?😮
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Six personnages en quête d'auteur

Pendant qu'une dizaine de comédiens se préparent à répéter Jeu de rôle de Pirandello, six personnages traversent la salle vide et montent sur scène.

Qui sont-ils?

Ce sont des personnages à la recherche de leur créateur.

Que symbolisent-ils?

A travers la mise en abyme, nous allons voir s'élaborer la cuisine interne du monde théâtrale, la préparation d'un spectacle.

Mais ici, cela ne se fait pas par le biais d'un texte, mais de six personnages sortis vivants du cerveau de leur créateur. L'auteur refuse de les faire vivre, mais, ayant cette vie infuse en eux, ils ne se résignent pas à ne pas vivre ce pour quoi ils ont été créé. Le souffleur se retrouve alors à prendre en sténo les dialogues échangés sur le vif entre les protagonistes, afin de fixer la pièce définitivement.



Le spectateur assiste amusé aux prises de bec entre les personnages et les acteurs. Les six créations (un père, une mère, trois enfants) ayant leur propre sensibilité et leur caractère, ils ne parviennent pas à comprendre que des individus en dehors d'eux, les Acteurs, puissent les interpréter.



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Six personnages en quête d'auteur

Un conte dans un conte, un film dans un film, un théâtre dans un théâtre pourquoi pas, Molière l'a fait et bien d'autres. Les Six personnages en quête d'auteur est une oeuvre qui bouleverse non seulement le théâtre mais la création artistique entière. L'oeuvre artistique devrait marcher dans les rue, le théâtre devrait rentrer dans des maisons, dans des foyers, marcher sur les voies publiques au lieu de regarder vers le ciel. Fini le théâtre où les mots semblent appartenir aux dieux plutôt qu'aux hommes. C'est en quelque sorte une marque de rupture entre le classique et le contemporain.

Seulement dans cette refondation des choses, dans cette création à laquelle tout le monde met la main à la patte, seul le public n'a pas été distribué. Il y'aurait eu une spontanéité très inattendue car toute fois le public changerait , cela apporterait un autre air de réalité.

Le théâtre à nu plutôt la créativité artistique à nu puisqu'on y parle d'écriture, dans l'art tout commence par l'écriture. Quoi écrire? Comment l'écrire? Seul être dans le vrai peut permettre de le faire.
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Chacun sa vérité

Je ne m'attendais pas à autant d'humour chez Luigi Pirandello. Si ses satires peuvent être drôles leur fond est en général assez tragique.

Cette pièce intitulée "Chacun sa vérité" a quelques choses du conte philosophique puisqu'elle cache un enseignement, celui que la vérité apparaît différente pour chacun de nous selon notre propre perception.



L'histoire est apparemment simple : il s'agit d'élucider qui détient la vérité dans le trio formé par Monsieur Ponza, sa femme et sa belle-mère Madame Frola.

Quelques bourgeois de Valdano se demandent pourquoi Ponza, le nouveau conseiller de Préfecture, rend visite à sa belle-mère trois fois par jour et ne laisse personne voir sa femme ? Est-ce un monstre ? Sa belle-mère est-elle folle ? Sa femme existe-t-elle vraiment ? Jusqu’où la bonne société ira-t-elle pour satisfaire sa curiosité morbide ?



C'est en 1917 que Pirandello a écrit cette comédie italienne qui interroge notre désir de connaitre toute la vérité.

Heureusement, il y a un personnage assez différent qui semble s'écarter des idées reçues et de ces vérités que l'on croit absolument irréfutables, en riant avec éclat devant la sorte de tribunal de bienséance formée par les habitants de la petite ville où se déroule l'enquête sur la vie privée des nouveaux venus. Il s'agit de Lamberto Laudisi qui se fait ainsi le porte-parole de l'auteur.



J'aime ce genre de pièce drôle et intelligente où le langage a le dernier mot car quand la vérité parlera sous les traits de Madame Ponza, elle laissera tout le monde perplexe.





Challenge Riquiqui 2023

Challenge XXème siècle 2023

Challenge Nobel illimité

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Les géants de la montagne

Aux pieds de la montagne, le magicien Cotrone fait vivre « la vérité des rêves » dans une villa abandonnée, accompagné d'un petit groupe d'hommes et de femmes. Cette bande de marginaux tentent de repousser des voyageurs qui approchent en simulant une tempête mais la petite troupe de théâtre itinérante de la comtesse Ilse les rejoint, harassée d'un long périple. Alors, ils sont accueillis dans la villa hantée.

Les comédiens ont été rejetés de tous alors qu'ils cherchaient à jouer l'oeuvre d'un jeune poète mort tragiquement, intitulé « Fable de l'enfant échangé ». Ilse continue à vouloir la représenter, coûte que coûte. C'est une fable qui fait écho au précepte de vie de Cotrone qui refuse catégoriquement de se laisser enfermer dans les limites de la raison car la vie doit se vouer toute entière au rêve et à l'imagination, donner corps à nos fantômes et préférer la folie à la tristesse. C'est d'ailleurs pour cela que le magicien (manipulateur ?) s'est retiré du monde réel.

Ilse, de son côté, pense que la pièce doit être jouée pour le public pour que son art, le théâtre, ait un sens. Elle accepte donc de jouer devant « Les géants de la montagne » métaphore des puissants qui refusent l'art et la poésie (les fascistes italiens dans les années 30, au temps de Pirandello).

On ne connaîtra pas leurs réactions puisque la pièce est inachevée. Elle reste donc assez mystérieuse car on ne sait pas qui a raison.



Je trouve les textes de Pirandello assez difficiles à comprendre car il y a beaucoup de métaphores et des mises en abyme à différents niveaux mais « Les géants de la montagne » m'ont fait penser à la situation actuelle du monde du spectacle. En raison de la pandémie de Covid, les théâtres sont fermés depuis des mois parce qu'ils ne sont pas considérés comme essentiels. Je pense surtout à la galère des comédiens et des comédiennes qui n'ont pas encore retrouvé le public.



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Six personnages en quête d'auteur - La volupt..

La volupté de l'honneur



Pirandello nous permet de suivre, grâce à sa production, un parcours de la crise historique et existentielle de l'individu et, en particulier, de l'intellectuel dans la société entre le 19e et le 20e siècle. Après 1870, les années de sa première formation, un fort sentiment d' insatisfaction domine les différents secteurs de l'opinion publique et les esprits des jeunes intellectuels en raison de l'échec des idéaux du Risorgimento. En fait, la réalité italienne n'a pas suivi les idéaux héroïques supposés au début du XIXe siècle : les régions du sud sans espoir de développement sont réduites à de simples marchandises de conquête, le renouveau de l'État, devant l'incapacité du politique à engager un véritable et substantiel processus de transformation, reste paralysé dans les scandales.



Naturellement, les intellectuels ont été saisis par une "crise d'identité"et c'est précisément dans ce contexte que l'on pourrait situer la figure de Pirandello. Sur le binôme dialectique vérité et fiction, pierre angulaire de la genèse du théâtre, Pirandello s'affirme comme l'un des auteurs les plus importants ; l'enquête sur la Vérité, comprise comme un débat sur les problèmes réels de l'individu et de la société et non comme la vraisemblance des personnages et des situations, définit le processus de libération, pour ainsi dire, mis en œuvre par l'auteur pour arriver à une connaissance supérieure , une vérité interne à l'objet pris en analyse.



La volupté de l'honneur  est précisément un appendice au discours de Pirandello sur ce rapport structurel. L'ambiguïté du masque, qui permet d'atteindre la vérité par la fiction est l'objectif premier du théâtre. Baldovino accepte de passer pour l'époux légitime d'Agate, mais en faisant accepter aux autres personnages la réalité qui vient d'être construite par eux : “le théâtre n'est pas un illusion : c'est une réalité qui apparaît enfin. Non, nous ne sommes pas faits de l'étoffe des rêves : les rêves sont faits de notre propre étoffe insaisissable".



Dans sa vision amère et paradoxale de la vie, Pirandello tourné son attention vers l'individu et part de la prise de conscience d'une fracture qui s'opère dans la civilisation romantique et bourgeoise. L'art de Pirandello est la dénonciation angoissée de cette crise. La multiplicité de la réalité représente précisément l'apparence qui caractérise ses personnages toujours prêts à se battre, à lutter contre l'artificialité de toutes choses et à vivre dans l'angoisse d'une vraie existence. De là, à partir de la représentation d'une vie qui n'est pas la vie, mais seulement une illusion , “Par force, je dois nager dans l'abstraction : gare, si je touchais terre! La réalité n'est pas faite pour moi; gardez-la pour vous. Touchez-la, vous. Parlez : je vous écouterai. Je serai l'intelligence qui n'excuse pas, mais a de la compassion... “



Baldovino – qui est la conscience incarnée- n'est pas dupe des artifices de “la pauvre humanité qui souffre dans la joie et jouit dans la douleur de l'existence.”



Inversion des rôles? Illusion , typique des personnages de Pirandello, humour lié au paradoxe de la vie, fantômes d'eux-mêmes, rêves de leur réalité.
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Le mari de sa femme

Lyrique, un peu vieillot-vieilli (du temps où être enceinte est un état embarrassant qui n'est même pas nommé), avec des références qui d'après la préface parlaient au milieu littéraire romain des années 1910 mais qui en 2023 en France ont peu d'intérêt (le couple de personnages serait inspiré de celui de Grazia Deledda, qui recevra le Nobel en 1926, au point que Pirandello renonce à une réédition pour ne pas entretenir les ragots)... Mais des moments d'une grande puissance, une sorte de photographie d'époque sur la forme et sur le fond, un questionnement intemporel sur "être écrivain" (gagner sa vie en écrivant) et sur le couple, sur le "transfuge de classe" pour utiliser une expression à la mode et sur l'autonomie des femmes.

Je termine avec l'incipit que j'ai trouvé étonnant pour un roman de 1911 : Attilio Raceni, depuis 4 ans directeur de la revue féminine (et non féministe) Les Muses, se réveilla ce matin-là tard et de mauvaise humeur.
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Feu Mathias Pascal

Mattia Pascal endure une vie de corvée dans une ville de province. Puis, providentiellement, il découvre qu'il a été déclaré mort. Réalisant qu'il a une chance de recommencer, de bien faire les choses cette fois-ci, il déménage dans une nouvelle ville, adopte un nouveau nom et une nouvelle vie - seulement pour découvrir que cette nouvelle existence est aussi insupportable que l'ancienne. Mais lorsqu'il revient dans le monde qu'il a laissé derrière lui, il est trop tard : il n'a plus de travail, sa femme s'est remariée. Le destin de Mattia Pascal est de vivre comme le fantôme de l'homme qu'il était.

Explorateur de l'identité et de ses mystères, fin connaisseur de l'humour noir, le prix Nobel Luigi Pirandello fait partie des maîtres modernes les plus taquins et les plus profonds.

Des écrivains du XXe siècle ont donné la parole et prêté leur nom à notre inquiétude, à nos blessures et à notre peur ; parmi eux Pirandello.

Très drôle, souvent hilarant. C'est aussi émouvant, dérangeant, tragique. Pour Pirandello, la comédie réside dans la contradiction fondamentale...
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Six personnages en quête d'auteur

Cette adaptation de 2012 par Stéphane Braunschweig est tellement adaptée (Il y a Facebook et la télé-réalité dedans), que j'ai enchaîné avec la lecture du texte original pour comparer.

D'où mon avis ébloui : cette pièce est intemporelle, elle pourra être adaptée dix mille fois de façon différente et rester tout aussi magistrale, tant elle décortique (elle met en scène ?) le sens même du théâtre.

Et en plus c'est très, très drôle.

Challenge Nobel

LC thématique de novembre 2021 : "Faites de la place pour Noël"
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Chacun sa vérité

Seconde pièce que je lis de Pirandello. Beaucoup plus ancrée dans le réel que Six personnages en quête d'auteur, c'est sûrement pour ça que je l'ai apprécié mais un cran en dessous.

On suit un groupe de personnages qui s'interroge sur une sorte de secret de famille. Est-ce Mme Frola, la belle-mère ou M. Ponza, le gendre qui est fou ? La fille est-elle morte ou non ? Quelle est la vérité ?

Une belle réflexion sur l'impact des rumeurs, de bruits de couloir, sur la notion de vérité relative avec les envolées presque philosophiques de Laudisi, sur la folie aussi.

Une pièce au comique assez grinçant et à l'humour doux-amer et au ton très réflexif.
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Six personnages en quête d'auteur

Œuvre incontournable du 20eme siècle, "Six personnages en quête d’auteur" est la pièce de référence de Luigi Pirandello, prix Nobel de littérature. C’est du théâtre sur le théâtre dans un théâtre. J'ai donc attendu de voir cette mise en abyme dans un petit théâtre parisien avant de lire le texte.

Un directeur de théâtre fait répéter des comédiens bien que le répertoire ne soit pas brillant quand soudain arrive sur scène six personnages, toute une famille, qui se disent porteurs d’un drame et lâchés par leur auteur. Ils recherchent donc un auteur susceptible d’écrire leur histoire et de la mettre en scène.

Le directeur va se retrouver entre les acteurs et les personnages qui vont dès lors chercher à imposer leur propre vision des choses.

Rapidement, les discussions deviennent prétexte à imposer des points de vue différents sur l'illusion et la réalité. Pirandello tente de répondre (ou de nous faire réfléchir) aux questions : Qu’est-ce que jouer ? Qu'est-ce que le théâtre ?

Même si la façon dont il traite le sujet par l'absurde est intéressante, je suis loin d'avoir été captivée.



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Eau amère

Ces 4 nouvelles parlent toutes de l'instabilité et de l'angoisse dans le rapport conjugal, du point de vue de l'époux. Les deux premières nouvelles sont très réjouissantes à mon goût : il y a la vision de l'homme, et puis on s'imagine celle de son épouse. Profondes, bien écrites, poétiques, les deux premières nouvelles m'ont divertie, et je ne leur ai pas trouvé de goût amer du tout, si ce n'est celui du chocolat. Dans la deuxième moitié du livre, je me suis un peu ennuyée mais sans excès.



Dans "Eau amère", on voit comment, au fil de l'usure du temps et, surtout, à cause d'un élément déclencheur, un mariage prendra fin de manière inattendue ; dans "La mort à la bouche", on suit le doux délire d'un homme apparemment situé en dehors de la dite normalité ; dans "Le mal de lune", il est question d'un couple marié depuis peu, et où l'épouse découvre que son mari est un loup garou; finalement dans la dernière nouvelle, un couple vit une crise à cause de la culpabilité ressentie par la femme au sujet de la mort de leur enfant.



Les personnages sont des hommes à la fois amoureux et hantés par leur femme, ou au contraire expiant quelque – légère - culpabilité intime, et la confessant, comme ça, à un inconnu de passage. Beaucoup de fantaisie, d'extravagance, de théâtralité, de comique, et presque aussi parfois de grotesque. La "scène" du duel, ou la nouvelle sur le loup-garou sont, par exemple, caricaturales.



Pour certains, les textes sont emprunts de métaphysique que je n'ai pas eu la patience, cette fois-ci, de prendre le temps de clarifier à mon esprit. Une autre fois, peut-être, plus en détail. Ce recueil de nouvelles, telles qu'elles sont rassemblées autour du mariage, ainsi que de la femme, laisse penser que ces sujets ont inspiré chez Pirandello beaucoup de remous oniriques, passionnels, et beaucoup de questionnement philosophiques.



A découvrir donc.

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Vêtir ceux qui sont nus

Une jeune femme rate son suicide. Les journaux s'emparent de son histoire et un écrivain qui pense avoir trouvé par elle la trame d'un nouveau roman, l'accueille. La femme se voit prise dans le vertige inattendu de ce qu'on appellerait aujourd'hui une médiatisation non voulue et se voit contrainte de reconnaître ses mensonges. Mensonges qui avaient pour seul but de dorer un peu la pauvreté de sa vie. L'écriture est belle, mais la trame manque de densité à mon goût.
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Au pied du sapin : Contes de Noël de Pirandel..

Pour prolonger un peu l'ambiance festive des dernières semaines, voici Au pied du sapin...

Une anthologie de textes variés par leur origine (France, Russie, Danemark, Italie) et par leur tonalité, tantôt émouvante (La Petite fille aux allumettes d'Andersen, Noël quand nous prenons de l'âge de Dickens), tantôt féroce (Nuit de Noël de Maupassant), tantôt franchement comique (la colère de Dieu dans Conte de Noël d'Alphonse Allais).



Les récits qui m'ont le plus marquée sont, d'abord, Conte de Noël de Maupassant que j'ai déjà lu il y a quelques années. Henri Templier raconte pourquoi il ne réveillonnera plus jamais. Un soir de Noël, alors qu'il était fermement décidé à travailler dans la solitude, il est finalement sorti en quête de galante compagnie. Mais au moment où il pensait se divertir... Je n'en dis pas plus sous peine de gâcher la nouvelle...

Ensuite, La Petite fille aux allumettes, un contre très connu qui met en scène une petite fille, chargée par ses parents de vendre des allumettes aux passants ; transie de froid et pieds nus, elle n'ose pas rentrer à la maison de peur d'être battue. Pour se réchauffer, elle craque une à une les allumettes qui font alors apparaître comme par magie de merveilleuses scènes de festin et de joie. Les Studios Disney en ont fait un très joli court-métrage réalisé par Roger Allers, accompagné du Quatuor pour cordes n°2 en ré majeur de Borodine.

Noël quand nous prenons de l'âge constitue une réflexion sur le temps qui passe, les rêves éteints tombés dans l'oubli et la disparition des êtres chers. Si j'ai regreté que l'auteur ne nous raconte pas une petite histoire, j'ai en revanche apprécié le lyrisme qui se dégage de ces quelques pages.

J'ai donc passé un bon moment et pour une fois, à prix modique...
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Six personnages en quête d'auteur

Luigi Pirandello est un brouilleur de concept tels que la création et la représentation, ou point de vue objectif et ses contreparties subjectives. Pariculièrement dans cette pièce que je ne vais pas raconter...

D'abord, la satire de la production d'une pièce, que 'personne ne comprend, et où l'auteur se fout de nous tous '.

Puis, viennent les crises existentielles des personnages, qui insistent non seulement pour être vivants et déterminés, mais aussi immortels par rapport aux acteurs, qui sont de simples mortels et n'ont guère de but dans la vie . On peut aussi naître personnage de pièce de théâtre, alors que les acteurs regardent pétrifiés, se demandant probablement : l'art imite-t-il la vie, ou la vie imite-t-elle l'art ?

Bien sûr, le problème ici, comme le sous-entend Pirandello, est que les deux sont totalement opposés. La vie à jouer est en rupture avec les conventions et les règles du théâtre. Alors que la production, avec ses limites décoratives et son approche de bon sens pour plaire au public, se préoccupe de la présentation d'un drame logique, ni trop long ni trop court, soucieux de toute la logistique et des aspects pratiques, les personnages insistent pour être pris au sérieux.

Cette inconciliabilité des positions des gens fait écho à l'intérêt avide de Pirandello pour la psychologie de l'identité, la métaphysique et même la conscience individuelle : « chacun de nous porte en lui tout un monde des choses, chacun de nous son monde particulier. Et comment arriverons-nous jamais à nous entendre si je mets dans les mots que je prononce le sens et la valeur des choses telles que je les vois ; tandis que vous qui m'écoutez devez inévitablement les traduire selon la conception des choses que chacun de vous a en lui-même ! “
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Six personnages en quête d'auteur

Du théâtre dans le théâtre, ou le concept de mise en abyme poussée à l'extrême. En tant qu'actrice amateur, la distinction personnages/acteurs était très intéressante pour moi. En effet, les acteurs deviennent eux-mêmes des spectateurs, qui se contentent d'observer les scènes que les personnages vivent devant eux, alors qu'eux vont devoir chercher à les jouer. La réalité des personnages ne peut être l'interprétation des acteurs, il faut accentuer les sentiments, monter sa voix, agrandir ses gestes. Malgré tout son art, la Première Actrice ne pourra jamais imiter la souffrance de la Belle-Fille. Ces Acteurs permettent d'ailleurs d'apporter un peu de légèreté, voire de comédie, au milieu du drame des Personnages.

La préface est également très intéressante, Pirandello détaille son processus créatif, la façon dont une idée née de son imagination devient une œuvre.
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Feu Mathias Pascal

Mathias Pascal, ayant hérité d'une fortune conséquente à la mort de son père, se marie avec une certaine Romilde Pescatore. Pour faire honneur à sa belle famille et surtout rompre les moqueries de sa belle-mère, il réussit à trouver un emploi dans une bibliothèque. Mais Mathias Pascal n'aime pas sa vie, alors il s'en va voyager un temps avant d'apprendre sa propre mort dans un journal, et d'adopter une autre identité, celle d'Adrien Meis. Il va vivre une deuxième vie, aimer une autre femme, sauf qu'au moment de ce nouveau mariage, Meis/Pascal sera dépourvu d'identité. La seule manière de revenir au début est de tuer cette seconde identité. C'est d'ailleurs le thème prédominant des œuvres de Pirandello. Que vaut la liberté face à la perte d'identité? C'est la question ;)
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Eau amère

Petit recueil de quatre nouvelles de Pirandello, Eau amère se lit facilement mais sans entrain.

Le thème commun de ces nouvelles c'est les relations hommes/femmes avec souvent un homme qui réfléchit à son rapport à son épouse ou à une femme qu'il aime.

Ces nouvelles de Pirandello sont sympathiques mais je préfère tout de même son théâtre.
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Six personnages en quête d'auteur

Première pièce que je lis de Luigi Pirandello, que je ne connaissais pas jusqu’à il y a quelques mois lorsque je me suis penchée sur les auteurs de théâtre contemporains et sur les auteurs nobelisés (la fièvre des challenges !). J’ai alors découvert cet écrivain qui fait partie de ces deux catégories et je me suis décidée pour sa pièce la plus célèbre.

L’histoire est relativement simple. Six personnages font irruption lors d’une répétition d’une pièce. Ils disent chercher un auteur qui puisse mettre en mots et en scène leur tragédie puisque leur auteur de départ (Pirandello lui-même) les a abandonnés.

Cette mise en scène est un prétexte pour Luigi Pirandello pour dévoiler au spectateur les affres de la création et développer ses propres thèses sur le sujet. L’auteur n’a pas voulu de ses personnages qui habitent leur histoire et qui se la sont appropriée. On assiste donc à la confrontation entre le directeur du théâtre qui doit faire face aux contraintes de la mise en scène et les acteurs qui doivent jouer ces personnages d’un côté et les personnages eux-mêmes qui ont leurs exigences quand à la réalité de leur drame de l'autre.

J’avoue qu’il s’agit d’une des rares pièces avec du méta-théâtre que j’ai lue. Si j’ai trouvé la forme et les questionnements soulevés plutôt intéressants, j’ai regretté que l’intrigue ne soit pas plus développée. A mon humble avis, Pirandello s'appesantit beaucoup sur ses réflexions par ailleurs très instructives mais au détriment d’une histoire plus accrocheuse.

Il s’agit néanmoins d’une agréable découverte qui m’ouvre des horizons dans le théâtre puisque cette pièce sort des schémas que j’ai déjà eu l’occasion de lire. Je me rends compte qu’il me reste encore de nombreuses œuvres variées à lire dans ce domaine !
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Six personnages en quête d'auteur

On ne présente plus cette pièce de théâtre novatrice qui a rendu célèbre Pirandello intenationalement. Elle fut d'abord conspuée, puis acclamée par le public italien au début du XXe siècle.

Il s'agit d'un jeu sur le théâtre dans le théâtre. Dans un décor de répétition théâtrale impliquant des acteurs, machinistes, souffleur et bien sûr le directeur de troupe-metteur en scène, surgissent six personnages masqués et stylisés, membres d'une même famille et ayant été créés comme des fictions plus réelles que la réalité - immortalité de la fiction - alors que les acteurs n'en sont que des techniciens de métier. Toute la pièce joue sur le contraste entre la routine d'une banale mise en scène théâtrale, et le drame unique vécu par les personnages, le Père abusant de sa belle-fille échouée dans une maison de passe, à la profonde douleur de la Mère, pourvue d'un masque de Mater Dolorosa, jusqu'à la tragédie finale qui voit la mort de deux de ses jeunes enfants nés d'un autre mariage.

Bien sûr, avec la complicité du metteur en scène, les Personnages insistent pour représenter leur drame, interrompu par les rires ou les huées des acteurs professionnels, hésitant entre un rôle de public improvisé et leurs réflexes de comédiens appelés à jouer et mimer cette action dramatique en train de se répéter sous leurs yeux.

Une magistrale et subtile réflexion sur la fiction et la vie, dont on ne parvient plus bien à démêler les frontières exactes, et qui a rendu caduques les œuvres théâtrales "au premier degré". Il n'en reste pas moins qu'une telle œuvre est plutôt destinée a être vue que lue, (ici en V.O.)

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