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Critiques de Maïssa Bey (166)
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Bleu blanc vert

1962, l'Algérie acquiert son indépendance. Quelques étages séparent Ali et Lilas, deux enfants qui vivent dans le même immeuble algérois. Le père de Lilas est mort dans l'armée du FLN. Celui d'Ali y est devenu un héros qui entre ensuite politique.

Lilas et Ali se croisent sans se voir jusqu'à l'adolescence, jusqu'au jour où le hasard les réunit, où ils se regardent et commencent à s'aimer.

Ils vont nous faire traverser 30 ans d'histoire de l'Algérie, de l'indépendance en 1962 à la victoire électorale des islamistes fin 1991.



C'est avec une écriture précise, sans effets de manche mais pleine de poésie, que Maïssa Bey nous fait partager la vie de Lilas et d'Ali au cours de ces trente années d'histoire de l'Algérie.

Dans ce roman écrit à deux voix, celles des deux personnages principaux, nous partageons les espoirs nés de l'indépendance, puis les déceptions de la bureaucratie et de la corruption, et enfin les angoisses de la montée de l'islam intégriste.

L'auteure nous fait partager, à travers Lilas et Ali, les réactions possibles face à ces changements : l'intransigeance progressiste de l'une et la capacité à composer de l'autre (mais les rôles auraient pu être inversés). Des comportements qui éloignent progressivement les deux amoureux/amants/époux/parents jusqu'à ce que chacun d'eux s'interroge et fasse un pas vers l'autre.

Je ne sais plus comment ce livre est arrivé dans ma bibliothèque, mais je me suis laissé séduire par l'écriture de Maïssa Bey, par les narrations de Lilas et d'Ali, et par cette visite de l'histoire algérienne.
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Cette fille-là

Ce roman, cette fille-là, de Meissa Bey est un livre poignant, dur et qui prend le lecteur aux tripes tellement il est émouvant et insoutenable sur la condition faite à ces femmes mises au ban de la société du fait qu 'elles fauté ou qu 'elles sont illégitimes ou parce qu 'elles ont goûté au fruit défendu puis abandonnées à leur triste sort. Restent l'asile ou l 'hospice comme seuls refuges pour ces femmes honnies

L 'autrice s 'élève contre toutes ces injustices, ces tares de cette société qui ne veut pas aller vers l 'ouverture et d'abandonner tous les archaïsmes sociétaux.

On comprend la rage de Meissa Bey en écrivant ce roman. Elle est au devant dans son combat pour l'émancipation de la femme .Devant tant de drames et de violences, on ne peut

rester silencieux !

Meissa Bey est une romancière courageuse et c 'est avec le verbe qu 'elle mène son combat de féministe .
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Puisque mon coeur est mort

L 'écrivaine ,Maissa Bey , nous donne à lire un roman dur ,poignant et plus qu 'émouvant et comment lors qu 'il arrive à une mère qu 'on lui assassine son fils unique âgé d 'une vingtaine d 'années et par erreur d 'une manière bestiale et inhumaine .La mère Aida ,âgée de quarante-huit ans ,est une enseignante universitaire .Elle est divorcée et vit seul avec son fils Nadir .Ce dernier est promis à un bel avenir mais le destin a fait qu 'il soit arraché brutalement à la vie .

Qui va consoler cette mère éplorée et en détresse ? Un cahier intime où elle écrira tout ce qu 'elle ressent et éprouve à l 'endroit de son cher fils disparu .Elle a pensé à le venger . Vraiment un roman qui tente de nous décrire ce que ressent cette femme affligée et nous faire partager son indicible douleur .

Un roman fort ,puissant et intense qui secoue et ébranle

le lecteur devant l 'absurdité de l 'acte ignoble commis par

un fanatique et extrémiste .
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Bleu blanc vert

Les principaux protagonistes du récit sont deux jeunes enfants : Ali et Lilas .L 'Algérie a acquis son indépendance .

Ali et Lilas ne se connaissent pas .Ces deux derniers ont déménagé de leurs villages respectifs et sont venus habités

le même immeuble à Alger .Ils fréquentent le même collège.

Avec le temps , ils ont fait connaissance .Le temps passant ,

cette amitié a laissé place à l 'amour .Alternativement , Ali et

Lilas parlent et racontent leurs vies , leurs quotidiens et leurs

angoisses .Ali et Lilas sont les espoirs de l 'Algérie nouvelle Avec une langue simple et un style bref le roman fait entrer

le lecteur dans l 'univers des deux héros qui reflètent une

période phare de l 'Histoire algérienne de laquelle ils sont

contemporains .Ali et Lilas se sont mariés et ont une fille .Ils

représentent la génération de l 'indépendance et doivent participer à la construction du pays et à son essor .

Un bon roman de Maissa Bey qui mêle Histoire et fiction .
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Hizya

Hizya a vingt - trois ans.Elle a fréquenté l'université, où elle a obtenu un diplôme d'interprète de la fac d'Alger, période privilégiée , --la plus exaltante et lumineuse de sa vie--

C'est là qu'elle a rencontré les "Mots", ceux qui ont chair et résonance , découvert les joies de la littérature et sa passion intense pour la poésie ....

Les filles y étaient plus nombreuses , statistiquement , que les garçons .

Elle a finalement trouvé du travail .......dans un salon de coiffure...

Toujours chez ses parents , sous l'oeil attentif de ses deux frères Boumediene et Abdelkader, qui n'ont pas fait d'études...

Hizya a des projets plein la tête , rêve d'amour et de liberté .

Comment concilier envie de liberté et réalité du quotidien?

Elle est confrontée à une vision trés éloignée de ses désirs.

Quelle est sa place dans la société algérienne ?

C'est une fille posée, sérieuse, pétrie de révoltes cachées, de peurs intimes, de méfiance, indépendante dans sa tête et tenace , mince et grande au physique , dans une société immobile, où le mot liberté "n'est pas conjugué" au féminin

Il lui manque l'insolence !

Les femmes de la génération de sa mére ont appris trés tôt à se résigner et non "à vivre".

Hizya , elle , veut prendre son envol ....

Le statut et la condition de la femme musulmane, celle des algériennes , est dénoncé avec élégance , virulence, force , et réalisme douloureux par l'auteur .

Les femmes doivent plier sous le joug et se méfient de l'homme, soumises, écrasées par l'amertume et les rancoeurs , l'aigreur des silences, les ragots , les choses cachées , le jeu de l'hypocrisie , de le bigoterie et de la bienséance ,...

Seules les femmes vieillissantes dans cette société prennent souvent leur revanche sur le Mektoub, le destin, -----en humiliant leur belle-fille-----comme elles l'ont été par leur belle-mère ---



Elles sont confrontées aux archaïsmes masculins et religieux, elles n'ont pas le choix---- les droits immémoriaux et inaliénables des hommes ----le droit à l'esclavage domestique de leur épouse ..

Les jeunes femmes comme Hizya étouffent et suffoquent dans ce pays immobile .

Celle- ci désire se bouger, se cherche , se juge, se morigène , se pose des questions, met en avant , honnêtement , ses contradictions et les mensonges qu'elle se fait à elle- même.

C'est un trés beau texte intelligent et fin, profond et singulier, brûlant de passion , truffé de sublimes fulgurances poétiques .

Un récit vibrant , sidérant de grâce , lumineux et réaliste à la fois , un hymne magistral à l'amour, à la liberté, à l'émancipation , illuminé par la poésie et un portrait rutilant de femme . .....

L'auteur se jette dans la bataille afin que les futures femmes, mères et épouses algériennes puissent construire leur vie d'adulte enfin libres !
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Entendez-vous dans les montagnes...

Quelque part en France .Un train roulait vers Marseille .Dans un compartiment se trouvent trois personnes : une femme qui est aussi la narratrice .Cette dernière est en face d 'un homme d 'un certain âge .Se trouve également avec eux une jeune et dynamique fille qui a placé dans ses oreilles les écouteurs d 'un walkman .

De la discussion qui s 'établit entre la femme et l 'homme , nous apprenons que la femme n 'a pas connu son père . Ce dernier a été pris au cours d 'une nuit de l 'année 1957 par les soldats de l 'armée coloniale stationnés dans le douar de Boghar .Il a été amené vers un centre de détention et de torture .Ce centre est connu comme un sinistre lieu et les détenus qui y entrent ne sont pas sûrs de sortir vivants .

L 'homme s 'est ouvert à la femme pour lui apprendre qu'il

était un médecin militaire .Il lui a dit qu 'il a servi dans ce centre . Il lui rappelle quelques souvenirs de son père : il avait un visage rond et portait des lunettes .Le père est probablement mort après deux jours de torture inhumaine .

On ressent l 'attitude du bidasse devant la femme éplorée .Comment va-t-il justifier ce qu 'il a fait ? Que c 'est

la guerre et qu 'il l a faite à son corps défendant .Et qu 'il a

exécuté les ordres et qu 'il regrette ce qui s 'est passé .

Un roman fort .Âpre .Dur .Chez Meissa Bey , on ne sent ni

haine ni rancune ni désir de vengeance .Un roman tout en

pudeur et retenue .



















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Hizya

Le Bovarysme ne peut naître que dans des sociétés contraignantes et guindées où la seule voie laissée aux femmes est un statut d’épouses-et-mères ou celui de putain. Maïssa Bey en mène ici la démonstration, avec son personnage d’Hizya, jeune-fille de la classe moyenne. Issue d’une vieille famille algéroise d’honnêtes boutiquiers, soumise au poids des traditions et des hypocrisies, Hizya est une (vieille) fille a marier de vingt-trois ans qui porte, par héritage familial, le non de l’héroïne d’un magnifique poème d’amour «la belle aux bracelets de cheville d’argent », morte dans la fleur de sa jeunesse. Alors, la moderne Hizya rêve du vaillant cavalier qui l’adorera et la pleurera éternellement. Mais les faits sont têtus : bien que titulaire d’un diplôme universitaire, la jeune femme acceptera un job de coiffeuse et quand elle sera l’objet d’une sorte de passion romantique et exaltée, elle se dérobera pour aller vers un garçon plus réel. Avec comme seul horizon un mariage bien traditionnel quoique librement choisi où se reproduira pour elle la vie de sa mère et de sa grand-mère.

Entre rêve et réalité, réalisme et poésie, se trace l’itinéraire de cette rebelle attachante aux ailes vite rognées.

Mais si Hizya est, quelque part, un roman réaliste, il s’agit d’un réalisme post-freudien, avec un parti-pris d’écriture presque dérangeant : Hyzia raconte les péripéties de ses journées et de sa vie, puis, en écriture plus subjective, elle revient sur elle-même, se juge et se morigène. D’où un approfondissement presque cruel du personnage. La réalité se difracte alors.

Autour d’elle, des mères frustrées et frustrantes, de jeunes coiffeuses que la vie cherche à détruire, un père accablé qui s’est lui-aussi réfugié dans un rêve, ce combat pour l’Indépendance qu’il n’a pas mené mais auquel il s’identifie parce qu’il y trouve sa seule dignité et des garçons malheureux, prédateurs et impuissants. Le point culminant du livre est pour moi la conversation d’Hizya et de son frère un soir sur la terrasse. On comprend alors qu’il ne s’agit pas seulement des souffrances d’une jeune-fille qui se cherche, mais de toute une société malade de ses préjugés et de son chômage, et que l’aliénation de la femme va de pair avec celle de l’homme. No future !

L’amour n’existe pas, l’amour ne peut exister sous cette chape : c’est ce que la moderne Hizya finira pas accepter en comprenant enfin que l‘amour romantique de son modèle, « la belle aux bracelets de chevilles d’argent », et du vaillant Sayed n’est, comme le fut au Moyen Age l’amour courtois, que l’exaltation poétique de l’aliénation.

Superbement écrit, un roman magistral, très intelligent et d’une portée beaucoup plus universelle que la simple condition des femmes d’Algérie.

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Pierre Sang Papier ou Cendre

Avec ce roman dont le titre est emprunté au beau poème de

Paul Eluard ,"liberté" dont je transcris un extrait :

"...Sur mes cahiers d 'écolier

Sur mon pupitre et les arbres

Sur le sable de neige

J 'écris ton nom

Sur les pages lues

Sur toutes les pages blanches

Pierre sang papier ou cendre

J 'écris ton nom... "

De la date du 14 juin 1830 : début de la colonisation de

l 'Algérie jusqu 'au 05 juillet ,l 'Indépendance de pays. .Durée

de la colonisation :132 ans .Durant cette période ,la France

ou madame LaFrance , une des puissances de l 'époque est venue s 'installer dans le pays en supposant le civiliser car arriéré .La réalité est tout à fait autre et les Algériens n 'ont connu que les massacres , les enfumades , les expropriations ,l 'injustice sous toutes formes etc...

Tout ça et plus sont exprimés par Maissa Bey dans son très beau roman qui est la fois prose et poésie .

Un roman fort , puissant du fait du sujet et des thèmes

qu ' il évoque .
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Surtout ne te retourne pas

"Surtout ne te retourne pas", est un roman de Meissa Bey .

Cette dernière est une écrivaine algérienne qui défend la cause des femmes .Elle est contre l' injustice faite à ces dernières car elles sont faibles ,elles ne connaissent pas leur

droit , elles sont les maillons fragiles d' une société patriarcale .

"Surtout ne te retourne", est le récit d' une jeune femme algérienne .Elle vit avec sa famille dans un petit village .Cette dernière veut la marier à un homme dont elle ne veut pas .Dans un premier temps , elle pensait fuir .Cet acte est très mal vu dans la société .Arrive alors la catastrophe : un tremblement de la terre avec les pertes humaines , les maisons détruites et l' ensemble des structures vitales : habitat , hôpitaux , écoles , routes ...

Amina , l' héroïne du récit est recueillie par une vieille .Elle a tout oublié jusqu' à son nom , sa famille . Elle est bien traumatisée et tout a basculé autour d' elle , elle a perdu ses repères .Elle a perdu le goût de la vie , de la joie et du bonheur .Elle se cherche ...mais arrivera-t-elle à

se reconstruire ?

Meissa Bey , nous offre un beau roman , avec une belle

écriture bien ciselée et teintée de poésie .





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Bleu blanc vert

En Algérie, au lendemain de l’indépendance en 1962, deux familles provenant de deux régions différentes aménagent dans un même immeuble d’un quartier abandonné par les Français. Encore très jeunes, Ali et Lilas découvrent un monde plein d’espoir et de liberté. Mais aussi quelques limitations incompréhensibles, puis des limites à cette liberté nouvellement acquise. Les décennies passent (l’intrigue commence en 1962 et se termine en 1992) et le désenchantement persiste. Pire! Éventuellement, ceux-là qui s’étaient unis pour chasser les colonisateurs vont se déchirer, se battre entre eux. Certains croient que l’héritage de la culture française et l’ouverture à la modernité sont néfastes et prônent un retour vers les traditions. C’est le début de l’intégrisme. Ali ne comprend pas ceux-là. Lilas doit subir leur joug et prend peur.



À travers le parcours de ces deux protagonistes, qu’on voit grandir, l’autrice Maïssa Bey réussit à dépeindre les hauts et les bas de la nouvelle génération, la première depuis l’indépendance. Celle à qui étaient promis toutes les joies de la victoire. Avec un œil critique et une plume simple mais efficace et attendrissante, elle réussit à dépeindre avec réalisme le destin d’Ali et Lilas, qui finiront par se marier. Ce couple banal mais tellement représentatif, c’est l’histoire de tout un peuple.



Autre particularité : Bey n’a pas présenté leur parcours d’une seule venue mais a choisi de faire connaitre la voix de chacun de ces deux protagonistes alternativement. Chaque chapitre (avec, en tête, Lui ou Elle) permet de plonger dans le quotidien d’Ali ou de Lilas. Parce que leur expérience, si elle se recoupe, n’est pas exactement la même. Entre autres, la jeune femme, comme la plupart des femmes, doit subir l’intégrisme (les regards insistants, les malaises, les insultes). Avec le jeune homme, c’est plus subtil. Construire un pays aux identités multiples, faire évoluer les mentalités, c’est un travail de longue haleine et, parfois, on perd de vue les individus. Bleu blanc vert est une excellente façon de comprendre l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui.
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Bleu blanc vert

Gros coup de coeur pour ce roman à deux voix, celle de Lilas, fille d'un martyr de l'indépendance et celle d'Ali, fils d'un héros de la guerre. En 1962, ils entrent au collège et découvrent une nouvelle liberté, une nation à construire. Ils vont s'aimer, se marier et avoir une fille. Leur couple va surnager entre espoir, désillusion, modernité et pression des traditions. Le livre s'achève en 1992 avec la montée de l'intégrisme et la victoire du FIS aux élections et c'est 30 ans d'histoire de l'Algérie que j'ai découvert à travers la vie de ces familles vivant dans un immeuble d'Alger.

Les premières joies de l'indépendance, la corruption des dirigeants, l'émancipation des femmes, la pression sociale, on découvre un pays, on comprend son histoire. C'est beau, émouvant, passionnant.
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Au commencement était la mer

"Au commencement était la mer ..."est un roman de Meissa Bey .Cette dernière est connue pour ses positions en tant que défenseur des droits de la femme . Elle est pour sa liberté , ses droits dont surtout le droit de vivre comme elle veut et comme elle l'entend .Elle est pour son droit de choisir sa vie .

L' héroïne du roman, Nadia , est une jeune algérienne de dix-huit printemps . Elle est comme une rose qui vient d'éclore : elle est belle ,elle aime de tous ses pores la vie . Elle aime comme toute jeune fille et veut connaître le vrai amour .Elle fait la rencontre d' un jeune homme , Karim .

A la mort de son père , son frère aîné est devenu le maître de toute la famille et sans lui rien ne peut se faire .Il est contre toute ouverture et pour lui : la femme doit rester à la maison et attendre son "mektoub" c'est-à-dire attendre qu'on vient la demander en mariage .

Nadia réalisera-t-elle son rêve et vivre sa vie à elle ? le pari est difficile pour tout un tas de raisons dont le climat social avec la montée de l'intégrisme .

Beau roman de Meissa Bey qui use d' une écriture bien ciselée .







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Au commencement était la mer

Au commencement était la mer s'ouvre sur une adolescente, sur une jeune femme qui sort de sa chambre, qui sort à l'extérieur tôt le matin pour retrouver la plage et sentir le sable chaud sous ses pieds. Elle goûte à la liberté. « Elle a dix-huit ans, Nadia, et elle veut vivre. Vivre ses dix-huit ans brodés d'impatience, de désirs imprécis et fugitifs. » (p. 17). Au retour, elle tombe sur Djamel, « cette ombre furtive qui traverse leurs vies en silence… » (p. 15). Ce grand frère, de plus en plus intransigeant, de plus en plus radicalisé, qui se met à régenter leur existence depuis la mort de leur père. En Algérie, une femme ne devrait pas se promener seule impunément, c'est interdit. Donc, Nadia, prise en flagrant délit de liberté, est enfermée. Dorénavant, elle ne se risque à sortir qu'en compagnie de sa soeur et de son frère cadet Salim.



Pourtant, elles s'annonçaient agréables ces vacances chez l'oncle, près de la mer, loin de leur immeuble de béton en périphérie d'Alger, ce « bloc d'ennui et de chaleur tout ensemble » (p. 19) où elle a l'impression d'être prisonnière. Surtout avec ces chars et ces militaires qui déchirent son pays…. C'est pourquoi, quand Karim se pointe… Nadia se laisse aller à espérer. Il s'agit du cousin d'une amie de sa soeur, un jeune homme respectable. Un jeune homme amoureux? Ça semble trop beau pour être vrai.



J'aime bien quand la petite histoire (un destin individuel) rencontre la grande Histoire. Un roman d'amour avec, en toile de fond, des moments sombres : la montée de l'islamisme et de la radicalisation, la guerre civile algérienne des années 1990. « Dans la ville, plus personne ne rêve. Il n'est que de voir les visages défaits, les regards éteints de la foule pressée, assaillie de rumeurs funestes. » (p. 135)



Cet islam radical qui prétend vouloir ramener la société à sa pureté religieuse originelle (si un tel concept a réellement existé), il se fait en apposant des oeillères aux jeunes hommes et en réduisant toujours davantage les droits. Il se fait surtout au détriment des jeunes femmes réduites à des rôles d'épouses ou de futures épouses et accompagné de violences. Et tout cela pour quoi?



« Des hommes, rien que des hommes. Partout. Debout. Appuyés contre les rambardes de fer au bord des trottoirs. Assis au seuil des boutiques innombrables ou sur les chaises encombrant les trottoirs devant les cafés obscurs. Installés dans la tranquille réalité d'un espace qui leur appartient de toute évidence. La grand-rue. La route principale. Ils regardent passer les voitures comme d'autres regardent passer des trains. Avec la même vacuité dans les yeux. Désoeuvrés. Disponibles. Terriblement. Prêts à écouter ceux qui, du haut de leur chaire, s'arrogent le droit de leur promettre le paradis. À les écouter et à les suivre. Aveuglément. » (p. 161)



Et que dire de la plume de Maïssa Bey? Tout au long de ma lecture, je ne lui trouvais rien d'extraordinaire. Toutefois, plus j'avançais, plus je me laissais prendre à son écriture. Ses mots visaient toujours juste et cela malgré leur économie. En effet, en très peu de mots (le roman dépasse à peine 150 pages), l'auteure a réussi à décrire, à évoquer la vie dans cette Alger meurtrie. Tout y passe : l'évolution des mentalités, la manière insidieuse avec laquelle elles se propagent, leurs conséquences, etc. Même si l'on n'est pas d'accord avec les choix de chacun (ici, je pense à Djamel et Karim), on comprend pourquoi ils agissent comme ils le font. Surtout, j'y ai cru, à Nadia, cette adolescente, cette jeune femme éprise de liberté mais prisonnière des hommes et de leur doctrine. Alors qu'elle était en droit de tout attendre de la vie, elle se retrouve trahie et abandonnée. Les émotions étaient au rendez-vous. Bravo!
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Nulle autre voix

Confession en paliers, touche après touche, d'une femme qui, bien qu'ayant purgé sa peine de quinze ans pour avoir poignardé son mari, n'est pas encore vraiment sortie de prison : cloîtrée chez elle, elle refuse jusqu'au face à face avec elle-même.

L'arrivée dans sa vie d'une écrivaine qui veut écrire son histoire va changer la donne : d'abord réticente à parler, elle se met à se confier dans des carnets. Peu à peu, la parole se libère.

Malgré une plume fluide, l'authenticité indéniable de la confession, et l'évocation réussie d'un contexte sociétal déterminant (celui de la société algérienne et de la pression qu'elle fait peser sur les femmes), j'ai eu un peu de peine à adhérer pleinement au récit qui donne le sentiment de ne pas aller au fond des choses. L'empathie est là; mais peu profonde. Dommage pour moi.
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Sous le jasmin la nuit

L' auteure , Meissa Bey , est une écrivaine algérienne qui

s'impose de plus en plus sur le plan littéraire en Algérie . 'Sous le jasmin la nuit "est une nouvelle qui avec dix autres

forment le livre éponyme . Dans toutes ces nouvelles ,

l'héroïne est une femme et on peut ajouter que ce recueil est dédié à la femme .

L'auteur fait partie des défenseurs de la condition féminine . Elle parle de la femme ,de l'amour,de sa liberté , des violences qui lui sont faites .Elle narre leurs joies , leurs déboires , et surtout leur désir et leur volonté de vivre et de s'épanouir .

Meissa Bey est une femme de lettres talentueuse et courageuse .
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Hizya

Hizya comme son héroïne éponyme de cette élégie écrite au XIX e siècle par le poète algérien Mohamed Ben Guittoun , chantée au XX e , rêve d’amour, de liberté, d’infinie, de grâce …

Pourtant elle est confrontée à son statut de femme musulmane, dans une famille qui sans être miséreuse, est contrainte de vivre dans un immeuble qui, un jour, finira par s’écrouler, car faute de moyens, il n’est pas entretenu.

Hizya a fréquenté l’université, elle est diplômée mais dans une économie depuis longtemps en berne, elle n’a pas trouvé de poste en adéquation avec ses études. Elle a donc suivi une vague formation de reconversion et travaille comme coiffeuse dans un salon. Cet endroit c’est son havre, où elle retrouve ses collègues de travail, un lieu amical ouvert aux discussions, aux fantasmes, aux consolations, aux rêves…

Hizya est confronté au carcan sociétal qui , encore plus dans les milieux modestes, déconsidère la femme par son statut inférieur, elle est aux prises à l’univers carcéral de sa famille, plus particulièrement de sa mère qui espionne sa vie , ne lui laissant ainsi aucune possibilité de se déshonorer, elle est victime, comme tant d’autres de l’hypocrisie ambiante malsaine , des tabous , de l’étroitesse d’esprit d’une classe ankylosée qui ne sait, qui ne veut pas évoluer, ou si peu.

Mais elle travaille et peut donc acquérir ainsi un semblant d’ indépendance et surtout un espace de liberté et puis, il y a le téléphone portable qui donne une certaine autonomie , la terrasse blanche et la poésie pour rêver et s’évader.

Hizya va rencontrer un jeune homme, elle apprendra peu à peu à le connaitre, elle deviendra pragmatique, échangera ses rêves de liberté contre une vie plus réaliste, plus terre à terre, elle suivra un chemin de vie sans doute moins contraignant, moins étriqué, moins douloureux que celui qu’on lui imposait de prendre, une voie sans issue. Pour elle, ainsi, un zeste de bonheur.



Encore une fois Maïssa Bey dénonce avec un courage et un réalisme remarquable la condition des femmes musulmanes, celle des Algériennes en particulier. Elle met en opposition le statut des femmes des nouvelles générations et celui des femmes au moment de l’Indépendance du pays, qui avaient acquis une liberté et une position appréciable.

Maïssa Bey marquée à jamais par Janine, la femme adultère de l’Exil et du Royaume , un hymne à l’amour, aux rêves, à la liberté.



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Puisque mon coeur est mort

"Je t’écris parce que j’ai décidé de vivre, de partager avec toi chaque instant de ma vie"



C'est ainsi qu’Aïda communique avec son fils Nadir, promu à un brillant avenir, égorgé par un Islamiste. Sa douleur est telle que pour maintenir le lien qui les unissait, chaque jour elle lui écrit, exorcise sa souffrance en la couchant sur les pages d'un cahier d'école. Le dialogue qu'elle instaure entre-eux passe par toutes sortes d'émotions et on peut ô combien la comprendre. La colère, la haine, le désir de vengeance et l'envie de mettre fin à ses jours, incapable de surmonter l'absence de ce fils radieux qui n'est plus.

Dans Ce récit de 50 petits chapitres, la douleur d'Aïda est terriblement palpable. Il s'agit là d'une mise à nue de sentiments humains et qui peu à peu, l'aideront à se reconstruire.



Un ouvrage fort, poignant que Maïssa Bey réussi à nous transmettre, un hommage aux mères confrontées au drame de la perte d'un enfant.
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Nulle autre voix

Enfin libre, difficilement, elle écrit, sa solitude actuelle rythmée par les interviews régulières de l'écrivaine, sa vie à 60 par cellule dans la prison algérienne, sa jeunesse, brimée par sa mère, battue par son époux, prédateur violent qu'elle a assassiné.



Ses carnets sont peut-être 'des pages pleines d’incohérences et de répétitions', mais c'est grâce à eux et à l'écrivaine qu'elle retrouve confiance et plaisir.



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Nulle autre voix

Après quinze années passées dans les prisons algériennes , une femme se retrouve seule , juste aidée par son frère. Elle va devoir affronter la vie, le regard des autres, et le poids de son meurtre.



Quel beau roman . La symbiose du fond , de la forme , cimentée par une magnifique écriture . Souvent les quatrième de couverture nous vendent des chimères mais là , les remarques emphatiques sont fondées.



Ce livre , c'est l'histoire d'une femme qui à la demande d'une auteure va raconter son histoire . Mot après mot puis phrase après phrase, elle va poser des mots sur sa vie, son cauchemar quotidien . Elle n'est rien , juste quelques orifices, un punchingball et une serveuse. Une esclave moderne. Elle est comme tant d'autres soumises à ces enculés qui au nom du sexe , de la religion ou simplement de la connerie s'arrogent le droit de disposer de l'autre, de l'abaisser systématiquement, de faire planer la peur sur lui. La peur , cette arme si puissance tant qu'on ne la combat pas.



Ce livre est un cri mais bien plus.



Le cheminement de l'héroïne est magnifiquement relaté .

Les comparaisons avec son physique , son enfance et le poids de sa mère ou l'absence de son père donnent encore plus de substance à un texte déjà très fort.

Ces 246 pages sont d'une densité rare, un photographie du quotidien de millions de femmes de part le monde (et peut être en face de chez nous) , un cri de détresse ou plutôt ici , un cri de vie , l'ultime solution pour échapper au cauchemar . Préférer la prison " en dur " que la virtuelle. La virtuelle , celle que tout le monde nie et qu'il est impossible dans certaines sociétés de faire reconnaitre.

Cette problématique est de plus mise en valeur de façon originale et très intelligente, permettant à l'auteure de montrer l'évolution de son héroïne face au monde.

Un vrai coup de coeur.

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Hizya

L' auteure algérienne ,Maissa Bey, que je découvre en lisant son roman :"Hizia est une romancière qui s' intéresse beaucoup à la condition de la femme algérienne et la défend dans ses livres .Elle a intitulé son roman "Hizia"du nom ou plutôt du pronom d' une vraie jeune femme qui a vécu au dix-neuvième siècle dans la région des Zibans et exactement à Sidi-Khaled à cent kilomètres de la ville de Biskra .Cette jeune femme a connu et vécut le grand amour avec son cousin ,Said .Un amour intense entre les deux amants . Dévorant, total et sans concession .Un amour brûlant ! Mais malheureusement leur mariage ne dura que quelques mois .Hizia décéda .

L' époux éploré a perdu tout ce qui ce qui donnait un sens à sa vie . Il est inconsolable et le restera pour toujours . Hizia est devenue une légende de toute cette région et, plus tard , elle le fut pour une grande partie du pays .

Hizia de la légende , est décrite comme étant une jeune femme très belle , elle a de grandes qualités physiques et morales .

Un poète de la région, Mohamed Ben Guittoun s' en inspirera et écrira une célèbre élégie reprise d' abord dans la région de Biskra et tous les Zibans ( Tolga, Ouled-Djellel , Sidi-Khaled... ) .

Hizia morte dans la fleur de l' âge , a été chanté par les grands chanteurs de la chanson bédouine tels : Khlifi Ahmed , El-Bar Amar , Abdelhamid Ababsa , Rabah Driassa ...

Maissa Bey , en intitulant son roman "Hizia" a voulu rendre hommage à la femme et à l' amour qu' inspire la femme de façon générale .

Hizia , l' héroïne du livre de Maissa Bey , est une jeune femme de vingt-trois ans . Elle se cherche et cherche une place dans sa société qui la ligote . Elle veut vivre librement et connaître l' amour . Elle veut vivre comme elle veut

vivre sa propre vie et la vivre avec passion . Est-ce possible pour elle ?

Là est toute la question .

L'élégie , Hizia a été adapté , en 1977 , au cinéma par le réalisateur algérien , Mohamed Hazourli .













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