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Citations de Marguerite Duras (2417)


Marguerite Duras
Ce soir-là je ne peux plus supporter la pensée de l'homme de Cholen. Je ne peux plus supporter celle de H.L. Il semblerait qu'ils aient leur vie comblée, que ça leur vienne du dehors d'eux-mêmes. Il semblerait que je n'aie rien de pareil. La mère dit : celle-ci elle ne sera jamais contente de rien. Je crois que ma vie a commencé à se montrer à moi. Je crois que je sais déjà me le dire, j'ai vaguement envie de mourir. Ce mot, je ne le sépare déjà plus de ma vie. Je crois que j'ai vaguement envie d'être seule, de même je m'aper-cois que je ne suis plus seule depuis que j'ai quitté l'enfance, la famille du Chasseur. Je vais écrire des livres. C'est ce que je vois au-delà de l'instant, dans le grand désert sous les traits duquel m'apparaît l'étendue de ma vie.
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Marguerite Duras
"C'est une merveille d'ignorer l'avenir"
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Il est dans un amour abominable.
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Marguerite Duras
Unis, Ils vivent ensemble dans les capitales du monde asiatique - depuis dix-sept ans-. maintenant la fin de leur vie commence. ils n'étaient plus si jeunes déjà lorsqu'un jour - on l'entend- elle lui dit : il ne faut pas écrire , restons ici, de ce côté-ci, en Chine, aux Indes, de la poésie personne ne sait , il y a dix poètes sur des milliards d'hommes chaque siècle... Ne faisons rien, restons là... rien
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Il se souvient de quelque chose qu'on lui a dit au Cercle, que l'ambassadeur a essayé d'écrire des romans, autrefois, on dit : Sur le conseil de sa femme, il abandonné, c'est cela. On lui trouve un air résigné mais heureux. Les chances qu'il aurait désiré avoir, il ne les a pas eues, il a eu les autres, celles qu'il ne désirait pas, qu'il n'attendait plus, cette femme si jeune qui, dit-on, ne l'aimait pas mais qui l'a suivi.
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Marguerite Duras
Il y a quelquefois... une comédie de l'amour qui vaut pour presque tous les couples...La plupart des gens restent ensemble soit parce qu'ensemble on a moins peur, soit parce qu'on vit mieux avec deux salaires qu'un seul, soIt à cause des enfants , soit pour beaucoup de raisons qu'on ne tire pas au clair , mais qui témoignent d'un choix même s'il est irraisonné, et d'une prise de position claire même si elle est difficile sinon impossible à exprimer.
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Ma vie est un film doublé, mal monté, mal interprété , mal ajusté, une erreur en somme.
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Ecrire ce n'est pas raconter des histoires. C'est le contraire de raconter des histoires . C'est raconter tout à la fois. C'est raconter une histoire et l'absence de cette histoire. C'est raconter une histoire qui en pase par son absence
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Lol rêve d’un autre temps où la même chose qui va se produire se produirait différemment. Autrement. Mille fois. Partout. Ailleurs. Entre d’autres, des milliers qui, de même que nous, rêvent de ce temps obligatoirement.
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Il fait son Rudolf Valtino, disait-il, mais ce qui est triste, c'est qu'il a une tête plutôt dans le genre tête de veau.

(p.72)

C'était dans la zone située entre le haut quartier et les faubourgs indigènes que les blancs qui n'avaient pas fait fortune, les coloniaux indignes, se trouvaient relégués. Là, les rues étaient sans arbres, les pelouses disparaissaient.

(p.136)

Une vieille coloniale, Mme.Marthe, de soixante-cinq ans, venue en droite ligne d'un bordel du port, tenait l'Hotel Central. Elle avait une fille, Carmen, elle n'avait jamais pu savoir de qui et, n'ayant pas voulu lui réserver un sort pareil au sien, elle avait fait pendant les vingt ans de sa carrière des économies suffisantes pour acheter à la Société de l'Hotellerie coloniale la part d'actions qui lui avait valu la gérance de l'hôtel.

(p.137)

Carmen avait de la vie sa philosophie qui n'était pas amère, elle acceptait son sort, si l'on peut dire, d'un pied léger et elle se défendait farouchement de tout attachement qui aurait nui à son humeur. C'était une vraie fille de putain faite aux arrivées et aux départs incessants de ses compagnons, à la dureté du gain, à l'habitude d'une indépendance forcenée

(p.139)

Tant qu'il saurait la mère vivante, il ne pourrait d'ailleurs rien faire de bon dans la vie, rien entreprendre.

(p.225)
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Surtout elles marchaient comme des reines, parlaient, riaient, faisaient des gestes en accord absolu avec le mouvement général, qui était celui d'une aisance à vivre extraordinaire. C'était venu inlassablament, depuis qu'elle s'était engagée dans l'avenue qui allait de la ligne de tram au centre du haut quartier, puis cela s'était confirmé, cela avait augmenté jusqu'à devenir, comme elle attaignait le centre du haut quartier, une impardonnable réalité : elle était ridicule et cela se voyait. Carmen avait tort, il n'était pas donné à tout le monde de marcher dans ces rues, sur ces trottoirs, parmi ces seigneurs et ces enfants de rois.Tout le monde ne disposait pas des mêmes facultés de se mouvoir. Eux avaient l'air d'aller vers un but précis; dans un décor familier et parmi des semblables. Elle, Suzanne, n'avait aucun but, aucun semblable, et ne s'était jamais trouvé sur ce théâtre.

(p.148)
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Un enfant qui refuse de vivre. Il n'y a rien de pire.
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Elle dit :
- J'aurais aimé qu'on se marie. Qu'on soit des amants mariés
- Pour se faire souffrir
- Oui . Se faire souffrir le plus possible
- Peut-être en mourir.
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- Et un jour on mourra
- Oui. L'amour sera dans le cercueil avec les corps
- Oui. il y aura les livres au-dehors du cercueil
- Peut-être . On ne peut pas encore savoir.
le chinois dit
Si on sait. Il y aura des livres on sait. Ce n'est pas possible autement.
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Arrosées plusieures fois par jour, vertes, fleuries, ces rues étaint aussi bien entretenues que les allées d'un immense jardin zoologique où les espèces rares des blancs veillaient sur elles-mêmes. Le centre du haut quartier était leur vrai sanctuaire.

(...)

La luisance des autos, des vitrines, du macadam arrosé, l'éclatante blancheur des costumes, la fraîcheur ruisselante des parterres de fleurs faisaient du haut quartier un bordel magique où la race blanche pouvait se donner, dans une paix sans mélange, le spectacle sacré de sa propre présence. Les magasins de cette rue, modes, parfumeries, tabacs américains ne vendaient rien d'utilitaire.L'argent même, ici, devait ne servir à rien. Il ne fallait pas que la richesse des blancs leur pèse. Tout y était noblesse.

(p.134-135)
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C’était un jour d’été, il y a quelques années, dans un village de l’Est de la France, trois ans peut-être, ou quatre ans, l’après-midi. Un employé des Eaux est venu couper l’eau chez des gens qui étaient un peu à part, un peu différents des autres, disons, arriérés. Ils habitaient une gare désaffectée – le T.G.V. passait dans la région - que la commune leur avait laissé. L’homme faisait des petits travaux chez les gens du village. Et ils devaient avoir des secours de la mairie. Ils avaient deux enfants, de quatre ans et d’un an et demi.
Devant leur maison, très près, passait cette ligne du T.G.V. C’étaient des gens qui ne pouvaient pas payer leur note de gaz ni d’électricité, ni d’eau. Ils vivaient dans une grande pauvreté. Et un jour, un homme est venu pour couper l’eau dans la gare qu’ils habitaient. Il a vu la femme, silencieuse. Le mari n’était pas là. La femme un peu arriérée avec un enfant de quatre ans et un petit enfant d’un an et demi. L’employé était un homme apparemment comme tous les hommes.
Il a vu que c’était le plein été. Il savait que c’était un été très chaud puisqu’il le vivait. Il a vu l’enfant d’un an et demi. On lui avait ordonné de couper l’eau, il l’a fait.
L’employé a parlé. Il a dit qu’il était venu couper l’eau. Il n’a pas dit qu’il avait vu l’enfant, que l’enfant était là avec sa mère. Il a dit qu’elle ne s’était pas défendue, qu’elle ne lui avait pas demandé de laisser l’eau. C’est ça qu’on sait.
Elle n’a pas dit à l’employé des Eaux qu’il y avait les deux enfants, puisqu’il les voyait, les deux enfants, ni que l’été était chaud, puisqu’il y était, dans l’été chaud.
Elle a laissé partir le Coupeur d’eau. Elle est restée seule avec les enfants, un moment, et puis elle est allée au village. Elle est allée dans un bistrot qu’elle connaissait. Dans ce bistrot, on ne sait pas ce qu’elle a dit à la patronne. Je ne sais pas ce qu’elle a dit. Je ne sais pas si la patronne a parlé.
Donc, cette femme dont on croyait qu’elle ne parlerait pas parce qu’elle ne parlait jamais, elle a dû parler. Elle n’a pas dû parler de sa décision. Non. Elle a dû dire une chose en remplacement de ça, de sa décision et qui, pour elle, en était l’équivalent et qui en resterait l’équivalent pour tous les gens qui apprendraient l’histoire. Peut-être est-ce une phrase sur la chaleur.
J’ajoute à l’histoire du Coupeur d’eau, que cette femme, - qu’on disait arriérée - savait quand même quelque chose de façon définitive : c’est qu’elle ne pourrait jamais plus, de même qu’elle n’avait jamais pu compter sur quelqu’un pour la sortir de là où elle était avec sa famille. Qu’elle était abandonnée par tous, par toute la société et qu’il ne lui restait qu’une chose à faire, c’était de mourir. Elle le savait. C’est une connaissance terrible, très grave, très profonde qu’elle avait.
Ils sont allés tous les quatre se coucher sur les rails du T.G.V. devant la gare, chacun un enfant dans les bras, et ils ont attendu le train. Le coupeur d’eau n’a eu aucun ennui.
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La faim n'empêche pas les enfants de jouer.


(p.26)
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Elle avait aimé démesurément la vie et c'était son espérance infatiguable, incurable, qui en avait fait ce qu'elle était devenue , une désespérée de l'espoir même.

(p.114)
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- Elle ne parlera plus jamais, dit-elle.
- Mais si. Un jour, un beau matin, tout d'un coup, elle rencontera quelqu'un qu'elle reconnaîtra, elle ne pourra pas faire autrement que de dire bonjour. Ou bien elle entendra chanter l'enfant, il fera beau, elle dira il fait beau. ça recommencera.
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Joseph et la mère montèrent l'escalier du Bungalow, Joseph en avant, et firent irruption dans le salon . Ils étaient poussiéreux et suants, leurs pieds étaient couverts de boue sechée.
-Bonjour, dit la mère, vous allez bien ?
-Bonjour Madame, fit M.jo, je vous remercie. Et vous- même ?

(p.63)
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