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Critiques de Marie Le Gall (53)
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Mon étrange soeur

Je sors de cette lecture dérangée, troublée, fatiguée, une migraine de quatre jours qui n’aura pas simplifié mon approche de cette lecture.



Marie Le Gall retrace le parcours de sa sœur. La sœur. C’est ainsi qu’elle sera nommée tout le long. Cette sœur qui n’aurait pas dû naître vivante selon le médecin. Qui naîtra mais pas comme les autres. La cause ? La guerre, la colère de Dieu, une méningite ? On n’en saura rien. Cette sœur née avec un handicap grandira dans la naïveté, la fantaisie, entre crises et moments plus calmes, entre cris et rires. Très vite internée, ballottée entre instituts psychiatriques et maisons de retraite, victime d’une médecine de l’époque (fin des années soixante) peu à même de soigner ce genre de démence, bourrée aux médicaments, attachée, ligotée, et bien peu comprise.



L’auteure prend le parti d’écrire ce récit comme si elle était l’autre, elle décrit l’environnement, la détresse de La sœur comme s’il s’agissait d’elle. On sent un lien puissant entre les deux sœurs malgré les dix-neuf ans d’écart. J’ai pourtant eu un peu de mal à adhérer à ce procédé ici. Parti risqué d’approcher l’autre avec dix-neuf ans d’écart.



Pourtant, c’est un très beau livre où les images affluent et déversent des seaux de chagrin. Vu mon contexte migraineux, j’ai perçu ce livre de manière très sombre, très distancé aussi. Trop d’émotions et de sentiments pour peu d’attachement au final. Ce livre mériterait que je le relise tant il est magnifiquement bien écrit. Aujourd’hui il m’en reste un sentiment d’épuisement intense, une chape de plomb qui mine le moral, parce que dans les ténèbres d’un tel récit, on cherche et on espère toujours un peu de lumière, une éclaircie, ce que je n’ai pas trouvé ici.
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Le sel de la Bretagne

Le sel de la Bretagne est une invitation à voyager dans le temps et dans les souvenirs d’auteurs du terroir.

Quand un collectif partage ses souvenirs, ses anecdotes, ses histoires. Tout vit, s’empreint de nostalgie, d’humour, de beauté.

Jusque là, la Bretagne c’était une terre de légendes, Brocéliande, l’ankou, les druides, le Triskel. Mais aussi l’océan, ses tempêtes, ses marées ( quel mystère pour une méditerranéenne). Et ensuite, Pêcheurs d’Islande, Bécassine, la musique.

Mais le temps de cette lecture, j’ai découvert une autre bretagne, grâce à ce collectif, ce pays s’est matérialisé avec ses peintres au printemps, son millefeuille du Faou,… je ne cite pas tout. Et le fou-rire que m’a fait prendre Yann Queffélec avec Météo.

J’en ressors avec l’envie de visiter tout ces lieux, qui m’ont séduite, à travers les récits de ces auteurs

Merci Les Presses de la Cité pour ce dépaysement.

#Le sel de la Bretagne#NetGalleyFrance

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Mon étrange soeur

Comment ne pas être bouleversée par ce livre? Par ce récit autobiographique, étiqueté roman, mais l'auteure elle-même, interviewée, reconnaîtra qu'il s'agit de sa propre vie.



Son étrange soeur, de 19 ans son aînée, dont elle retrace le parcours, on a dit qu'elle était atteinte de débilité, que c'était une handicapée mentale. Née fragile, elle présentera très vite un comportement jugé différent.Le texte se veut distancié, elle est nommée " La soeur", mais à chaque ligne, à chaque page, on sent toute la détresse , la souffrance de la narratrice. Traînée d'hospices ( on est dans les années soixante) en hôpitaux psychiatriques, lorsque ses crises ne permettront plus de la garder à la maison, sa grande soeur s'éteindra peu à peu, abrutie de médicaments et d'électro-chocs, elle qui était si forte physiquement, et pétillante à certains moments.



Le livre ne verse pas du tout dans le pathos, tout est pudeur, retenue, tension. Mais bien sûr l'émotion est palpable, les sentiments ambivalents de la petite soeur aussi: entre amour et rejet, étouffée par le débordement affectif brutal d'une aînée déroutante, tour à tour violente et d'une douceur enfantine. Et qui l'empêche de vivre. L'environnement familial est lourd de non-dits, d'esquives, de la part des parents, dans un quotidien breton marqué par la religion.



Et ce qui permet aussi à cette confession douloureuse de ne pas sombrer dans le noir, c'est la magnifique et lumineuse écriture, tout en nuances et délicatesse. Les deux dernières pages, fort poignantes, mettent à jour une révélation, devinée dès le début.



Un livre qui interpelle, fait frémir et provoque en nous compassion et tristesse. " On ne choisit pas ses sujets, ils s'imposent ." C'est la citation de Flaubert que l'auteure a notée, en exergue. J'espère que les mots ont permis à Marie le Gall d'apaiser un peu un sujet si difficile, qui a pesé sur toute son existence.
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Le sel de la Bretagne

Un recueil de divers textes écrits par 36 auteurs ayant tous un lien avec la Bretagne : des souvenirs pour la plupart, des poèmes, des récits d'odeurs, de sons et d'images mais aussi sur des objets et des goûts qui la représentent !



Nul besoin de connaître la Bretagne pour être touché par ces mots qui respirent l'amour, le bien-être, l'apaisement ou l'envie d'y retourner et s'y lover ! La Bretagne me manque et j'ai plongé avec délectation dans ces récits qui pour la plupart m'ont parlé !



Ne vous attendez pas à un fil conducteur narratif, ce sont textes d'émois et de sensations personnels et n'ont pas la prétention de donner dans la littérature, uniquement celle de partager la passion pour un pays, si beau et si riche !



#Leseldelabretagne #NetGalleyFrance
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Mon étrange soeur

Une soeur (très) aînée, sur laquelle une chape de plomb et de mensonges est posée dans l'histoire familiale. Une soeur différente, qui fait honte et dont on ne parle pas.



La narratrice (puisque ce livre est nommé roman, jouant encore une fois sur l'ambiguïté des récits pseudo personnels) s'aventure en aveugle sur les traces d'un passé silencieux pour comprendre les raisons médicales, le comportement parental, et le parcours de "La Soeur" à la fois si proche et inaccessible.

Cette "innocente", qui va devenir immaîtrisable, et qu'on éloignera pour le bien de tous, à défaut du sien propre.



Les faits se situent dans les années d'après-guerre et la narration se poursuit sur une cinquantaine d'années.. Les souvenirs se mêlent à de possibles interprétations. Car ce qu'on ne sait pas est imaginé, interprété. le récit se fait lyrique dans son approche psychologique, use de nombreuses métaphores. Il en est adouci, moins clinique, mais l'ambiance reste pesante et profondément triste.

À raison ...quand le voile se lève, que les faits semblent étayés et que le choix familial explique les raisons du silence de bretons taiseux.



Au fil des pages apparaît une introspection de la part de la "petite soeur", une véritable analyse de soi, mêlant les sentiments de pitié, de rejet, de culpabilité, de compassion et de désir de rédemption par son assistance contrainte mais assumée dans les dernières années de vie.



Roman puissant, infiniment sombre et remarquablement écrit, ancré dans l'identité bretonne, fière et chrétienne

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Au bord des grèves

Je remercie tout d'abord Babelio et les éditions Phébus pour l'envoi de ce roman.

Une femme comme une épave de bateau : brisée, éparpillée, chaque fois un peu plus blessée par le ressac et les hommes. Pas au point de se foutre en l'air, mais pour dormir et oublier des fois, les cachets c'est pas mal... Jusqu'à sa rencontre avec Maria, de quelques années sa cadette et condamnée par la maladie... Une amitié brève, mais un retour au monde.

C'était court, et tant mieux. L'écriture ne m'a pas emballée du tout, et l'abandon au bout de quelques pages était en question (c'est peut-être radical, mais parfois il faut l'être) Au bout d'un moment, le style passe presque inaperçu, assez pour ne plus être gênée. C'est une sorte d'eau de rose améliorée, plein de bons sentiments, ce que je n'apprécie pas beaucoup. Les personnages m'ont semblé assez fades également, Léna et son espèce de déprime-dépression dans laquelle elle semble se complaire, son dernier amant à côté de la plaque, qu'elle n'arrive pas à quitter (un moment, j'y ai vu un manque de volonté de sa part, à elle) Même Maria n'arrive pas à m'arracher un semblant de sympathie. L'océan lui-même manque singulièrement de caractère.

Est-ce une volonté de l'auteur, pour bien souligner la mélancolie de personnage principal ? Peut-être. Du coup, je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, ni aux situations, ni au roman. C'est sévère, je sais, mais vraiment, rien ne m'y a attaché.



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Au bord des grèves

Léna est une femme fragile, enlisée dans une vie d'automate, entre son travail, sa maison, ses chats... Isolée par sa solitude de cinquantenaire divorcée.



Ben, américain, insaisissable, engagé pour quelques travaux de bricolage dans sa maison bretonne, est une parenthèse amoureuse enchantée, mais éphémère car Lena est la seule à s'attacher.

Un échange amoureux de quelques semaines, destructeur et manipulateur qui replonge Léna vers les heures de solitude et de tristesse.



Puis vient la rencontre amicale, solide, fondée sur la confiance et l'échange de valeurs essentielles, dans le contexte de maladie de Maria, qui incite à l'honnêteté des rapports humains. Une amitié trop vite disparue mais qui donne force et courage à Léna.



Un roman d'inspiration autobiographique pour évoquer les rencontres que la vie réserve, des plus vaines et sans avenir comme celle avec Ben, ou lumineuses et riches d'émotions comme celle de Maria.



Une lecture agréable mais fidèle au style de l'auteure, toujours un peu triste dans le propos et le décorticage des émotions.

Il faut reconnaitre également à Marie Le Gall un talent certain pour parler de sa Bretagne, ses bords de mer, ses ciels changeants et ses petites maisonnettes aux volets bleux. Ca donne envie d'embruns salés et de cris de mouettes!

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Mon étrange soeur

Quand la narratrice vient au monde, sa sœur a 19 ans.

Une sœur bien étrange, pas comme les autres, hors de la réalité. Dérangée ? Débile ?Folle ? 

Toute sa vie, elle s'occupera de cette sœur qui sera placée dans différents établissements.

Pourquoi ? Dérange-t-elle ?

Quel livre sombre et désespérant !

Quelle idée d'écrire des choses aussi tristes, avec tellement peu d'espoir.

La seule explication serait que ce soit autobiographique, et là alors, c'est encore plus pathétique.

Après vérification, c'est le cas, et alors là, c'est vraiment bouleversant.

Tout ça m'a carrément fichu le bourdon.

Même si c'est très bien écrit, ce n'est pas vraiment ce que j'ai envie de lire en ce moment, mais en solidarité avec Marie Le Gall, je ne regrette pas de l'avoir fait..
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La Peine du menuisier

Je n'aime pas abandonner un livre mais j'aime encore moins reconnaître que la plume est belle et pourtant m'ennuyer et ne prendre aucun plaisir à la lecture. Le style de ce livre n'est pas celui que j'avais envie en ce moment de retour de vacances, j'ai mal choisi ma lecture et m'en veux de faire une critique négative alors que j'ai bien conscience que le moment y est sans doute pour beaucoup.

L'ennui est ce que je retiens de ce livre que j'ai , je l'avoue, à plusieurs reprises, lu en diagonale.

Le côté sombre qui est plutôt un critère de sélection habituellement a été ici source de mal être.

Je referme donc ce livre non seulement insatisfaite mais aussi avec un sentiment de culpabilité de n'avoir pas su adhérer à cette histoire ...
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Mon étrange soeur

Je viens à l'instant de le terminer, et malgré ma pudeur imbécile, les larmes ruissellent.

Je dois faire une critique de ce livre sublime, magnifique, un roman amoureux et en même temps d'Amour..., mais, maintenant, là, tout de suite, presque dans l'urgence.

Ce livre m'a épuisé, lu en a peine deux jours. Épuisée émotionnellement parlant. Il n'aurait pas fallu qu'il y ait 50 pages de plus... . C'est dur, dense et ça percute. On s'en prend plein le coeur, plein l'âme.

C'est poignant. Marie le Gall n'écrit pas, elle hurle, elle crie son amour à cette grande soeur si étrange. le style est incisif, rapide, efficace. On est secoué à chaque page, aucun moment de répit, c'est une lecture quasi addictive, j'aurai aimé tout prendre, tout surligner, d'ailleurs, j'ai publié beaucoup de citations, trop peut être...

C'est très poétique, presque un poème en prose.

La grande Soeur, comme l'appellera toujours l'auteure, car comme elle l'explique, l'article défini LA met comme une distance, a eu une enfance compliquée. Ce ne sont pas des bonnes fées qui se sont penchées sur son berceau, mais un vieux sorcier (le médecin) qui dira "L'enfant ne naîtra pas vivant". On ne connaît d'ailleurs pas la cause de ce handicap mental que présente très jeune la Soeur.

L'enfant naîtra vivant, mais handicapé.

Marie la narratrice est la petite soeur, qui a 19 ans d'écart avec sa grande soeur. Elle semble être née pour "réparer"son aînée, rôle éminemment lourd pour une toute jeune enfant. Sa grande soeur l'aimera passionnément, l'écrasant presque dans ses bras vigoureux, et une fusion se crée entre les deux soeurs. Dangereuse la fusion...

Mais intéressons nous au titre.

Quid le titre ? Qu'a-t-elle d'étrange cette grande soeur ?

Étrange comme un secret à jamais enfoui dans les limites de la mémoire ? Étrange comme une femme qui aime trop ? Étrange comme tous ces mensonges, inventions et autres intuitions ? Étrange comme "le doute" exprimé à la toute fin du livre ? (Doute que, personnellement, j'ai ressenti bien avant la fin, et je crois que tout le monde y a pensé...).

Et enfin, étrange comme arrivant d'un autre pays, d'un autre continent ?

De la souffrance terrible de la Soeur, rien ne nous sera épargné. Ballottée d'asile en maison de retraite, elle sera même victime d'électrochocs. D'ailleurs, l'auteure nous dresse un portait peu flatteur de la psychiatrie dans les années 1970 (liens, violence, camisole, contentions et j'en passe).

Nous avons droit à de magnifiques descriptions de la Bretagne et de la mer (mère ?).

Cette grande soeur me rappelle celle de Colette dans "La maison de Claudine", cette soeur handicapée elle aussi mais bien plus calme que celle du livre qui nous occupe aujourd'hui.

Ce texte sublime m'ai fait penser à Grimbert et à son "secret", mais aussi à Camille Claudel que je vénère.

Quid de la petite Marie ? Passés les premiers jeux, une gêne et une grande souffrance se sont installées. Elle va très mal adulte (crises de dépersonnalisation, dépression, angoisses...). Elle a beaucoup de difficultés, plus âgée, pour accepter cette étrange soeur.

Pour moi, ce livre est de la même qualité littéraire que celui de Delphine de Vigan "Rien ne s'oppose à la nuit", un de mes livres préférés (voir ma critique si cela vous intéresse).

Et nous suivons pas à pas la descente aux enfers de la Soeur, et c'est bouleversant.

Il faut lire ce livre. Absolument. C'est une vraie pépite, pure, magnifique, rare.

J'aurai tant aimé l'avoir écrit.

Merci à Marie le Gall.

Son livre aurait bien mérité un grand prix litteraire, c'est indéniable. A suivre donc...









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Mon étrange soeur

"Nous nous sommes tout de suite reconnues, et il était écrit que j'allais obéir à tes ordres muets"



Bien qu'elle ne le dise pas expressément c'est l'histoire de sa propre famille que Marie Le Gall nous raconte ici.



Marie, la narratrice est née 19 ans après celle qu'elle ne nomme jamais autrement que la Sœur. Cette Sœur est atteinte d'une étrangeté qui la rend insaisissable, enfermée dans sa prison intime, c'est une femme simple d'esprit au comportement très souvent extravagant. Ses parents ont cherché coûte que coûte une explication à ce drame évoquant tour à tour une méningite ou une erreur médicale à l'accouchement...

Marie comprend vite qu'elle est née pour réparer quelque chose, pour faire tout ce que sa sœur n'a jamais pu faire. Des premières années de sa vie alors que la Sœur vit encore en famille, Marie se souvient d'avoir été un jouet vivant pour sa Sœur, elle se souvient de son innocente brutalité qui la marquera à jamais "J'ai grandi dans ses bras, dans ses mains, sur ses genoux ou son cœur, sous son regard noir et pénétrant qui lançait des éclairs au moindre contact avec mon visage. La Sœur avait une sœur, si petite qu'on crut bien souvent qu'il s'agissait de son enfant."



C'est une bien étrange enfance auprès d'un père taciturne et distant, d'une mère et d'une grand mère au chagrin silencieux, au milieu d'une famille qui vit dans la souffrance, le silence et la solitude, Marie n'obtient jamais de réponse à ses questions ou seulement des mensonges protecteurs mais "les enfants ne croient pas aux mensonges censés les protéger "

Marie a l'impression d'avoir été investie de la mission de protéger sa famille bancale et la vie de la Sœur, elle se perçoit comme consolatrice, née pour illuminer la vie de son ainée.



Complice et admirative de sa Sœur dans les premières années de sa vie, Marie est brusquement séparée d'elle lorsque, après une bêtise de trop, la Sœur est envoyée à l'hospice ."Ici s'arrêtent les jeux, s'achève notre vie." Ce départ est vécu comme une amputation par cette petite fille de 5 ans bercée de pieux mensonges à qui il est dit que son ainée part pour guérir dans un hôpital qui soigne ou que la Sainte Vierge va la guérir.



La Sœur va ensuite passer sa vie d'établissement en établissement, multipliant les séjours en maison de retraite entrecoupés de séjours en hôpital psychiatrique au gré de ses crises. Marie vivra alors les retours à la maison de la Sœur pour les vacances comme l'arrivée d'un ouragan face auquel elle restera prostrée.



Avec ce roman très intime Marie Le Gall nous fait côtoyer la folie, les lieux qui les accueillent "les murs qui se resserrent pour mieux étouffer les êtres qui s'acharnent contre eux quand ils n'en peuvent plus de circuler en eux-même. Ils sont capitonnés, ne blessent plus, mais continuent à opposer aux corps une terrible résistance.", les êtres blessés à vie "dans les cerveaux qui se lézardent, des brèches invisibles se creusent sans fin"

Dans ce récit sans aucun pathos Marie Le Gall ne juge jamais ses parents mais n'épargne pas les soignants à une époque, les année 1970, où l'antipsychiatrie régnait.



Marie Le Gall termine son récit par un magnifique épilogue qui résume tous les doutes qui l'habitent : " Mon cœur meurtri, ma honte et mon chagrin, ma prison, mon modèle, ma douce et triste amie... Qui étais-tu ma grande petite sœur? ma seconde maman... ma maman... ma blessure, ma jumelle... ma sœur, mon amour. Ma déraison"



Je me doutais en ouvrant ce livre que le sujet serait émouvant mais j'ai été bouleversée au-delà de ce que j'imaginais. Ce livre se lit le cœur serré tellement il fait toucher du doigt la souffrance, la solitude des familles qui ont à charge un enfant handicapé. C'est un témoignage universel sur le vécu des familles qui ont un enfant différent mais aussi sur ce qu'on peut supposer de la souffrance de l'être différent.

Ce récit est un cri de souffrance et d'amour, Marie Le Gall évoque toute la palette de sentiments qu'elle a éprouvés, pitié, honte, dégout, chagrin, amour fusionnel, désir fou d'avoir une sœur "comme les autres"... et qu'elle éprouve encore. Elle fait aussi le lien avec la femme qu'elle est devenue avec ses propres fêlures.

J'ai trouvé ce témoignage humain sensible, pudique et poignant. Je ne connaissais pas Marie Le Gall et je suis tombée sous le charme de son écriture toute en finesse.

Cerise sur le gâteau pour moi, Marie Le Gall émaille le début de son récit d'expressions bretonnes qui m'ont replongée dans mon enfance !






Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Doisneau : Un oeil sur la Bretagne

Robert Doisneau découvre la Bretagne, à l’occasion de vacances et plus particulièrement à Saint-Quai Porthieux dès 1935, mais aussi dans le Morbihan et même en Loire Athlantique.



L’exposition du Musée des Beaux-Arts de Quimper avait souhaité mettre en lumière cette rencontre. Seulement, l’exposition étant finie, le catalogue Un œil en Bretagne donne l’occasion de revenir sur ces rencontres dont les clichés relèvent le particularisme de cette région à la façon du photographe sensible et bienveillante.



Néanmoins, l’exposition présentait plus de trois cents clichés issus de l’Atelier Doisneau. Le catalogue conserve celles qui montrent la région Bretagne de 1935 jusqu’aux années 60.



Au début d’Un œil en Bretagne, Annette Doineau, l’aînée et la cadette, Francine Deroudille, de l’Atelier Doineau déclinent auprès de Marie Le Gall la carrière de leur père, Robert Doisneau, en mélangeant souvenirs intimes et récits officiels.



Et c’est en leur compagnie que l’envers des photographies de Bretagne se découvre. Dès 1950, Doineau écrit dans ses carnets leurs récits, amenant un éclairage particulier d’une portée méconnue.



Sophie Kervan recherche les raisons de sa venue dans le cœur de sa région notamment pendant la guerre. Comme une enquête, différentes hypothèses sont posées et s’éliminent au fur et à mesure.



Mais c’est avec les photos de processions, du monde du travail et de la paysannerie que Robert Doisneau scelle sa compréhension de cette région multiple et bigarrée. Ses photographies frappent de vérité et de simplicité. Non seulement, ce sont des portraits inhabituels mais le cadrage révèle des détails importants pour la compréhension de l’ensemble.



En une trentaine de photographies, le catalogue Doisneau, un œil en Bretagne permet de découvrir le “Doisneau des champs” breton au cœur de cette région qui a gardé jusqu’aux années 60 ses particularités. Un autre regard sur le photographe humaniste spécialiste du petit Paris.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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La Peine du menuisier

La narratrice est née sur le tard dans une famille où elle n’était pas la bienvenue. Nous sommes en Bretagne dans les années 50. Entourée d’une sœur souffrant d’un handicap mental, d’une mère triste et d’un père peu causant (surtout avec elle), son enfance est d’une monotonie à mourir. La seule personne un peu gaie qu’elle côtoie est sa grand-mère Mélie. Pour s’occuper, Marie s’évade par les livres, regarde inlassablement une photo accrochée au mur : celle d’un jeune enfant, le frère de sa mère, mort alors qu’il était enfant. La mort l’obsède, notamment celle des enfants. L’hiver elle vit à Brest, son père travaille à l’arsenal. L’été, elle le passe dans un « penn-ti »(petite maison), non loin de la mer. Un endroit qu’elle aime, mais que ses parents sont contraints de vendre alors qu’elle a neuf ans. Elle travaille bien à l’école, son père est fier d’elle, bien que le manifestant peu.



Ce livre relate les souvenirs d’enfance de la narratrice. J’y ai retrouvé bon nombre de souvenirs similaires aux miens. Plus jeune qu'elle d’une petite décennie, j’ai grandi également dans le Finistère. Pas une fois je n’ai eu à regarder la traduction des mots bretons qui se glissent dans le texte. Bien que ne parlant pas le breton, je les connais, je les ai entendu dans mon enfance. Mais il serait bien réducteur de limiter ce livre à un recueil de souvenirs car c’est bien plus que cela. Marie relate avec pudeur et douleur la longue enquête familiale qui l’a conduite à la découverte des lourds secrets du « Menuisier » (elle ne le nomme qu’ainsi). Cette quête fut difficile mais elle était vitale. Marie sentait inconsciemment qu’elle portait en elle le poids d’un passé qui, malgré elle, influençait ses choix de vie. Il lui fallait connaître l'histoire de sa famille.





Les regrets, exprimés ou sous-entendus, rendent le récit profondément émouvant. Marie s’en veut de n'avoir rien tenté pour aller vers son père, refusant même de répondre aux tentatives de rapprochement qu’il manifestait vers la fin de sa vie. Il n’a peut-être pas su qu’elle l’aimait, ça la rend inconsolable. C’est une lecture prenante et très éprouvante. L’écriture est d’une grande finesse, les mots d’une justesse incroyable. C’est un très beau livre dans lequel bon nombre d’entre nous se retrouveront. Ne sommes-nous pas tous plus ou moins marqués par notre passé familial ?



Un récit bouleversant.


Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Mon étrange soeur

Sujet délicat, délirant, déséquilibrant, délivré par l'auteur comme une catharsis.

Quand la différence d'un être fragilise le subtil équilibre d'une famille. Entre ses propres membres, mais aussi face au regard du reste du monde. Comme une tâche trop vive dans un tableau pastel.

C'est une très belle peinture de la relation entre plusieurs femmes : les sœurs, la mère, la grand-mère. Et surtout comment la plus jeune, l'auteure, parvient à grandir, à construire son identité entre le normal admis et le différent caché.

Une réflexion plus factuelle qu'amère, de la façon dont la différence est montrée du doigt, puis finalement cachée entre 4 murs qui sont plus une prison qu'un havre, étouffée par des traitements qui ne comprennent, ni n'apaisent. Qui rendent juste plus lisse. Parce qu'il ne faut pas choquer. Il faut juste rentrer dans la norme de cette campagne bretonne d'après guerre où la fantaisie bizarre n'a pas trop sa place.



Cela m'a rappelé la délicatesse d'écriture de Marie Sizun dans le très beau roman Le Père de la petite.



Alors, faut-il le lire ? Oui. Parce que l'amour d'une sœur va au-delà des différences. Et pour la Bretagne, ses embruns et ses maisons rudes en granit

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La Peine du menuisier

Il s'agit bien sûr d'un de ces nombreux romans qui évoquent les non-dits, les lourdeurs, les secrets de famille. c'est plein de mystère et de silence... mais en fin de compte on s'ennuie un peu. Qui est ce père? qui est cette fille? On a quelquefois envie de rugir, d'exploser!
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Le sel de la Bretagne

36 auteurs. 36 textes. 36 souvenirs. 36 expériences. 36 émotions. 36 Bretagne.



Je trouve vraiment que l'éditeur Presses de la Cité a eu une merveilleuse idée pour les 60 ans du Prix Bretagne.



Bretonne de naissance et encore plus de cœur, je suis heureuse d'avoir pu livre cet ouvrage.

Bien sûr, certains textes m'ont plus parlé que d'autres, mais j'ai apprécié d'entrer dans le cœur breton de chacun des auteurs.



Ouvrez ce recueil, et vous découvrirez la Bretagne.

Celle d'avant. Celle d'aujourd'hui. La magie des légendes et des lumières. Les souvenirs d'enfance gravés au fond de son cœur. Les émotions ressenties quand on se sent enfin au bon endroit...



Ouvrez ce recueil, et vous ne pourrez qu'avoir envie de découvrir chacune de ces Bretagne.
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La Peine du menuisier

Avec ce récit en partie autobiographique, Marie Le Gall nous offre la vision d'une région marquée par ses traditions. Elle y rappelle le poids de la langue et de la culture, le poids de ces mots qui ne seront jamais prononcés et que le Menuisier portera au fond de lui comme un fardeau toute sa vie durant.

Une très belle histoire, sombre, mais qui rappelle combien les secrets de famille peuvent être dévastateurs.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Le sel de la Bretagne

#LeSeldelaBretagne #NetGalleyFrance

Je remercie NetGAlley et les Presses de la Cité pour m'avoir permis de lire ce livre. Joli témoignage d'amoureux de cette région. Que ce soit avec la foi, une pâtisserie, un souvenir d'enfance, un bol à oreilles, ou tout simplement avoir mis en mots la sensation ressentie la première fois qu'ils y sont allés, les auteurs regroupés dans ce recueil ont ce point commun si fort, ils aiment cette terre, si particulière et si belle. Certains de ces textes m'ont parlé, je ne suis pas bretonne, mais moi aussi j'ai ressenti cette impression de me sentir en paix, comme à la maison lorsque je m'y suis rendue.
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La Peine du menuisier

Comme le titre, je peine à définir mon ressenti, je suis prise entre deux eaux, d’un côté j’ai apprécié le style et de l’autre j’ai réellement peiné durant la lecture.



Cette ambiance constante morbide, ce froid entre le père et la fille, cette vie silencieuse, cette douleur et déchirure, ce mot qui revient trop souvent “mort” m’a littéralement glacé les os.



J’avais abandonné le livre aux environs de la page 70 …pendant quelques jours.



Puis j’ai lu quelques avis de la blogosphère, et là je me suis dit : “quel enthousiasme !” aurais-je vraiment loupé une œuvre magistrale ? je lis : magistral, bouleversant, émouvant etc... alors je me pose autant plus la question ????? sceptique pourtant mais mon courage me permit de reprendre la lecture , je traîne sans réel plaisir, hormis mon amour pour la Bretagne, et le style qui est fort heureusement de grande qualité.



Doucement, j’ai commencé à accepter ce climat pesant, tendu, de cette famille, les non-dits qui flottent comme une douleur éternelle, la psychologie relationnelle –père-fille'- m’a intéressée mais sans plus.



Un roman qui s’étire en longueur pour au final peu de débats, il me restera quoi de ce livre : un souvenir de Bretagne, une relation difficile voire inexistante d’un père pour sa fille.



J’apprends que vers la fin, un soupçon de cause à effet ! Des disparus prématurément qui auraient instauré ce climat… ou je n’ai rien compris au roman, ou cela ne m’intéresse pas de lire un livre entier pour ne pas avoir la révélation et la cause réelle du problème. Je suis restée en interrogation en refermant le livre, tant de pages pour au final ne pas obtenir le cœur du sujet. On tourne, on s’approche, doucement vraiment doucement puis frustration on ne sait pas vraiment le pourquoi du comment.



Ou sans doute la raison exposée ne me semble pas crédible , pourquoi cette petite fille n’a pas fait l’effort d’approcher son père ou ce père n’a pas su apprivoiser sa fille. A cette question je serai bien incapable de vous répondre réellement sans compromettre la vérité qui doit se trouver dans ce livre. Sans doute aussi j’aurais dû me contenter de lire ce roman comme un témoignage, un récit autobiographique, je ne sais pas du tout encore là ce n’est pas net dans mon esprit, serais-je trop exigeante dans mes lectures.



Je reste sceptique ou bien je suis complètement hermétique à ce genre d’histoire, j’ai du louper le coche sur ce coup là. Toutefois, j’ai fini le livre, car l’écriture est belle et la Bretagne, que dire de plus la Bretagne m’enchante donc j’ai craqué pour elle.



Mon avis ne remet pas du tout en cause la qualité de ce roman, simplement c’est mon ressenti personnel, ne voyez aucunement un avis négatif, car j’aurais aimé comprendre plus clairement cette relation difficile, j’aurais souhaité que tout s’éclaire comme par enchantement, et si un lecteur veut bien m’offrir sa lanterne je l’accepte volontiers, car je me suis perdue en chemin, tout simplement, dans les ténèbres de ces pages pourtant fort bien écrites. L’alchimie : écriture + histoire n’ a pas opéré cette fois ci. J’en suis navrée. J’attendrais le prochain livre de cette auteure voilà tout pour me régaler pleinement de sa plume.




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Au bord des grèves

Les grèves, ce sont quelques galets que a mer découvre à marée basse en Bretagne, sur une presqu'île du Finistère. Elles peuvent servir à déposer le sac et la serviette pour s'adonner aux bains de mer. Elles sont aussi le lieu d'échouage, de navires, mais de biens d'autres choses aussi.



Léna a la cinquantaine. Et apparemment ce passage semble un cap pour beaucoup de femmes (voir mes lectures précédentes) qui ont laissé les illusions et les espoirs dans le passé.



Pour Léna, ici, il s'agira de rencontres, qui a un moment percutent la vie et permettent d'éviter le naufrage.



Le roman est divisé en trois parties, dont la deuxième n'est qu'un interlude entre les deux autres. Dans la première on rencontre Ben, dans la troisième Maria. Ben un jeune américain, bricoleur, rénovateur de vielles demeures, séduisant que Léna aimera. Mais cette rencontre amoureuse suffira t-elle pour combler le vide de l'âme de Léna ?



Et puis Maria, atteinte d'une maladie dont l'issue fatale est proche, et qui permettra à Léna de relativiser, mais qui laisse, par son côté éphémère, un goût amer dans cette amitié sincère qui se construisait.



Bien écrit, certes, ce roman manque quand même de corps, tant il va chercher dans l'introspection. Le registre est un peu triste, un peu gris (d'ailleurs l'illustration de couverture donne le ton) et le tout n'emporte pas vraiment le lecteur, si ce n'est la description attachante de la Bretagne, de ses maisons, des sentiers de bords de mer ...
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