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Critiques de Marie Sizun (498)
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10, villa Gagliardini

Entrée définitivement en littérature à l’âge de la retraite, Marie Sizun a mis beaucoup de son enfance dans ses romans, évoquant son père dans « Le père de la petite » ou le quartier de ses jeunes années dans « Eclats d’enfance ». Jamais encore elle n’était parvenue à évoquer l’appartement et l’intimité familiale d’autrefois : « cet endroit d’amour, de solitude et d’effroi » que, tant d’années après, elle revisite enfin dans un récit cette fois à la première personne, tout en tendresse et émotion.





C’est un minuscule appartement au papier gris – une pièce, une cuisine et pas de salle de bains – au deuxième étage d’un immeuble de briques rouges, dans le XXe arrondissement de Paris. En ces années 1940, son père prisonnier en Allemagne, la très jeune Marie y vit seule avec « maman », en une fusion faite de rires et de fantaisie qui relègue le monde au-delà de la fenêtre. Lorsque, à ses quatre ans et demi, cet inconnu autoritaire qu’est son père revient, l’enfant vit un « séisme », une « éclipse » dont elle se réjouira qu’elle ne dure que deux ans avant que la vie d’avant ne reprenne son cours, cette fois avec en plus un petit frère et l’ombre nouvelle de la mélancolie maternelle. Après le divorce de ses parents, Marie prend de plus en plus d’ascendant à la maison, multipliant les initiatives – plus ou moins heureuses – avec le petit frère et bientôt la petite sœur née de choux inconnus, pendant que, ancienne dessinatrice de mode, leur mère s’efforce de joindre les deux bouts comme vendeuse dans un grand magasin. La relation mère-fille finira même par s’inverser, la mère épuisée cachant sous son exubérance une si grande fragilité qu’elle la mènera un temps jusqu’à Sainte-Anne.





Avec une infinie douceur éloignant toute trace d’amertume ou de misérabilisme, l’élégante et pudique plume de Maria Sizun ausculte l’éveil de l’enfant qu’elle a été, racontant « l’histoire d’un devenir », le cheminement d’une jeune âme qui, face aux difficultés des siens, se découvre l’envie farouche de lutter contre le déclassement social, cruellement ressenti dans sa confrontation à l’extérieur du cocon familial, en particulier à l’école. De ces premières expériences, de l’intime vers l’ouverture au monde, la personnalité de Maria Sizun sortira à jamais transformée. Elles seront le tremplin vers une autre vie, vers une œuvre littéraire aussi, avec pour socle la mémoire d’un îlot de fantaisie, d’une bulle de bonheur engendrée en marge des contingences sociales par l’exubérance libre et joyeuse de sa mère.





Entre lucidité et tendresse, Marie Sizun nous offre un récit enchanté, vibrant d’amour autant filial que maternel, tout entier investi dans ces murs qui, eux non plus, n’ont presque pas bougé avec le temps, au 10 villa Gagliardini. Un amour irréductible, indifférent aux contingences sociales, qui a donné à l’auteur la force de devenir la femme et l’écrivain qu’elle est aujourd’hui, et qui touche le lecteur droit au coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Plage

Seule sur la plage, le nez dans l'eau, ce n'est pas Hélène qui partira à cent mille lieues de toi, mais Anne. Une jeune femme éperdue et heureuse sur le sable fin. Elle est en vacances en Bretagne et elle attend que son amant arrive. Son amant François est un homme marié, il est professeur de philosophie au lycée Montaigne. Tous deux se sont rencontrés dans la bibliothèque où travaille Marie. Un lecteur sous le charme de sa bibliothécaire, n'est-ce pas romantique à souhait...

Là-bas, sur cette plage, Anne décompte les jours en observant ce qui se passe autour d'elle sur cette plage. Elle s'attache aux couples de passage, aux enfants qui font des châteaux de sable et elle part loin dans ses souvenirs. Que ce soient ceux de son enfance ou ceux qu'elle partage en commun avec son amoureux.

Une histoire d'attente, un roman-photo sur une seule image : l'attente. Il aurait d'ailleurs très bien s'appeler ainsi ce roman. Mais c'est la plage qui permet à Anne d'attendre avec un fervent amour un signe de son amant. Comme ces vagues qui s'en vont et reviennent inlassablement, ce sable sur lequel les pieds avancent sans un but précis. Beaucoup de nostalgie dans ce roman et beaucoup de patience pour supporter l'attente, encore et toujours elle.



Suite à la très belle critique de latina sur un autre livre de Marie Sizun, c'était le seul roman disponible de cette auteure dans ma bibliothèque attitrée.

Qu'en dire ? Mes impressions sont assez mitigées car il y a eu pas mal d'ennui dans cette lecture. L'attente édulcorée aux souvenirs m'a semblé terne... J'avais cette impression d'une pluie incessante sur cette plage de Bretagne. Mais je lirai à charge de revanche La femme de l'Allemand qui devrait davantage me plaire. Je n'étais certainement pas réceptive en ce moment à cette latence contemplative trop linéaire dans la plage.
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La maison de Bretagne

J’ai vraiment eu plaisir à découvrir cette auteure que je ne connaissais pas et dont l’écriture élégante, intime, m’a séduite.

Dans cette histoire de famille, et comme le titre l’indique, il est question d’une maison, celle des vacances. Située sur une presqu’île bretonne, la maison est modeste et Claire est bien décidée à la vendre après l’avoir louée aux vacanciers.



« Oui, c’est peut-être cela qu’ils diraient, ceux de l’île. Cette maison bizarre, pas comme les autres. Pas soignée. Pas belle. Différente des villas voisines. »



Mais un drame qu’elle découvre à son arrivée, va modifier les projets de Claire en la précipitant dans les souvenirs du passé. Un jeune homme s’est introduit dans une chambre de la maison. Il ressemble étrangement à son père qui est parti alors qu’elle n’était qu’une enfant.

Claire va redécouvrir cette maison qu’elle a délaissée depuis des années, bien décidée à oublier les chagrins et les ressentiments accumulés durant toute une vie de solitude.

Chaque pièce recèle une histoire et des secrets. Peu à peu le passé refait surface et les rancœurs s’adoucissent Elle se souvient d’Armelle, la petite sœur détestée qu’elle tenait pour responsable du départ du père. Et puis, cette mère, distante, secrète, qu’elle n’a pas su comprendre.



« Au fond du couloir, juste au bout, je n’avais pas envie non plus de m’approcher de cette pièce : la chambre des parents. Nous l’appelions comme ça alors que depuis longtemps Albert était parti et que ma mère dormait seule dans le grand lit. Comme une veuve. Comme la veuve qu’avait été sa mère. »



Après ce séjour, la vie de Claire sera différente. Apaisée, elle peut envisager de revenir dans la maison.



« J’ai refermé tous les volets de la maison, un par un, soigneusement, avec tendresse... Tout était maintenant rendu au silence et à l’obscurité. Laissé à l’attente de mon retour. »



Il y a beaucoup de mélancolie et de lenteur dans cette histoire construite comme un puzzle, reconstituant des morceaux du passé pour reconstruire un récit plus apaisé. La Bretagne avec ses habitants peu bavards mais bien présents, ses paysages superbes et changeants, se déploie sous nos yeux. Amoureuse de sa Bretagne, Marie Sizun situe tous ses romans dans cette terre qui l’inspire et elle excelle à décrire les pensées intimes de son héroïne et les méandres complexes d’une famille éclatée.



Le style délicat et sans affèteries de Marie Sizun m’a conquise et je lirai avec plaisir d’autres romans de cette auteure.

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Un léger déplacement

Un léger déplacement ?

Pourtant le livre démarre par un bond de géant. Ellen revient des Etats-Unis suite au décès de sa belle-mère. En héritage, un appartement à Paris, dans lequel elle a vécu, avec son père et sa mère. Mais quand sa mère est décédée, une belle-Mère est venue prendre sa place avec son fils.

Revenue pour une semaine, Ellen ne sait pas trop quoi faire de cet appartement : le vendre, le louer ? Ici tout lui rappelle sa belle-mère mais peu à peu les souvenirs de son enfance lui reviennent … grâce aussi à la voisine de palier. Progressivement des pans oubliés de son histoire remontent à la surface.

Un livre, une histoire tout en rondeur, avec une écriture tout en douceur, en poésie, avec une description très progressive, presque chaste des événements. Un livre d'ambiance dans lequel j'ai plongé et que j'ai adoré, avec une grande tendresse pour tous les personnages de ce roman.

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La femme de l'Allemand

Vous savez que j’ai une PAL énorme ? Comme la vôtre, d’ailleurs ! Eh bien... je viens d'y RAJOUTER 5 romans de Marie Sizun !

Vous l’aurez compris : j’ai adoré lire la narration de cette auteure.

Enfin, adorer, c’est un mot bien bizarre pour dire ce bouleversement, cette compréhension intime du cœur de Marion, la fille de Fanny et de l’Allemand.





La narration à la 2e personne (comme si Marion s’adressait à elle-même, des années après) pénètre directement au plus profond des sensations, des sentiments, des hésitations, de la compréhension, de la révolte, de l’empathie de cette petite fille puis jeune fille envers sa maman. Sa maman qui est malade, qui est « maniaco-dépressive » disait-on à l’époque d’après-guerre. Sa maman qui l’a conçue avec un soldat allemand, en 1944. Sa maman qui lui dit que son papa est mort en Russie.

Sa maman qui a été rejetée par sa famille, sauf par la chère tante Elisa qui s’enquiert encore de sa nièce bien-aimée.

Et Marion doit « faire avec » tout ça : être la fille d’un Allemand dans ces années-là, et être la fille d’une folle, comme elle l’entendait souvent autour d’elle : « Toi, tu es la fille de Fanny ; tu n’as pour toi que le rire insolent de Fanny ; le rire d’une folle ». C’est d’ailleurs le point de vue de l’enfant par rapport à un parent bipolaire qui est développé ici, bien plus que le fait d’être le fruit d’une faute.

Un enfant a tellement besoin d’être protégé, rassuré. Et ici, c’est tout le contraire. Les phases dépressives succèdent aux phases maniaques : « La chose terrible en elle, la chose mystérieuse, abominable, peut à tout moment se réveiller. Mais c’est peut-être aussi cette présence de l’ombre qui fait d’elle un être magique ».





Ambivalence des sentiments. Envie de ne pas trahir mais aussi de vivre une vie plus insouciante et donc de signaler aux adultes que sa maman ne va pas bien. Désir d’aider mais de s’en sortir aussi.

Se raccrocher à la pensée du père lointain, probablement mort.





Je me suis sentie terriblement proche de cette jeune Marion (alors que je ne connais personnellement pas de personnes bipolaires) et la phrase finale, que je ne citerai pas, est une phrase choc qui m’a bouleversée.

Marie Sizun devient, après la lecture d’un seul de ses romans, un de mes auteurs préférés.

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La gouvernante suédoise

Le style est retenu, sobre, à la limite du constat de police, pourtant c'est le coeur serré que l'on découvre l'histoire d'une famille franco-suédoise, qui est en partie celle de Marie Sizun. Cette histoire révélée à Marie presque par hasard quand sa grande tante Alice, la plus jeune soeur de sa grand-mère, prononce au détour d'une phrase le prénom de la gouvernante de ses arrière-grands-parents. La mère de Marie lui en apprendra un peu plus sur ce secret de famille bien gardé...



Même si ce qu'elle ne peut savoir, les témoins de cette histoire étant tous disparus après la mort de sa grande tante Alice, Marie Sizun l'a imaginé, et quand bien même les amours ancillaires étaient banales au XIXe siècle, on ne peut qu'être profondément touché et ému par son histoire familiale qu'elle nous dévoile avec une jolie retenue.



« Longtemps on se sent seul parmi les hommes, jusqu'à ce qu'un jour on débarque parmi ses propres morts. On éprouve alors leur présence discrète – ceux-là ne sont pas turbulents, mais constants… L'apport original de chacun à sa propre personnalité apparaît bien modeste au regard de l'héritage que nous lèguent les morts. Nombre de trépassés que je n'ai même jamais vus continuent à vivre en moi : ils s'agitent, ils travaillent, ils obéissent au désir et à la crainte. »

Sándor MÁRAI

Les Confessions d'un bourgeois, 1934 »

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La gouvernante suédoise

Je n'aime guère rentrer lorsque je rédige un ressenti de lecture, dans trop de détails. Cela enlève tant de charme et de mystère pour les lecteurs à venir...

mais là, pour ce premier texte que je découvre de cette auteure, c'est encore plus flagrant; car la prose de cette dame est magique, induit une

atmosphère à la fois feutrée, dense, poétique... si particulière dans une histoire familiale mouvementée et douloureuse.



L'auteure... la narratrice au fil de ses questionnements sur l'histoire de sa famille, tombe une seule fois sur un prénom enchanteur à ses oreilles, LIVIA... elle questionne son père, qui la rabroue. le sujet semble interdit

; elle interroge sa mère qui lâche quelques bribes, et notre narratrice est partie dans des investigations, narre la vie cachée, effacée de cette Livia si mystérieuse et interdite d 'existence , cette fameuse "gouvernante suédoise", qui aura eu une place des plus significatives au sein de

l'histoire de sa propre famille...



Nous naviguons entre la Suède et la France dans des milieux cosmopolites et lettrés ainsi que dans des drames personnels contraints par les conventions de l'époque...

Curieusement, j'ai appréhendé en débutant ma lecture que cela soit du "redit", du "rabâché", les non-dits familiaux des univers bourgeois du 19e siècle... et puis le style, la forme ainsi qu'une analyse psychologique

subtile des personnages ne tombant pas dans un manichéisme frustrant, m'ont finalement emportée.



A tel point que je me suis commandée derechef deux de ses ouvrages

"Eclats d'enfance", " Un jour par la forêt", tant le style et la sensibilité de cette auteure, que je lisais pour la toute première fois, m'ont confondue...



Une très belle lecture qu'il est difficile de résumer, car si on le fait, cela devient très quelconque et prosaïque, alors que Marie Sizun a le talent de nous emporter bien au-delà.



Voilà, un très bref billet qui pourra paraître frustrant, mais je ne peux le rédiger autrement... j'ai lu ce texte en 2, 3 jours... et cela fait déjà une semaine que je l'ai achevé, alors je me hâte...car la prose de Marie Sizun a un charme fou, une magie époustouflante dans l'instant présent... mais plus on tarde on se souvient d'un très heureux moment de lecture, mais d'une sorte de féerie évanescente... qu'il faut exprimer sur le vif...pour qu'il ne se réduise pas comme une peau de chagrin !



Cela m'époustoufle toujours les souvenirs intenses de lectures, il en existe comme celui-ci, magique mais fragile, fuyant ; d'autres plus flamboyants, laissent une empreinte plus forte en nous, nous habitant plus durablement. Les mystères, la magie de l'écriture du style, de l'univers de l'auteur... qui durent avec des traces et une force inégales ! et ces livres , chacun d'entre eux sont de qualité !

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Les sœurs aux yeux bleus

Marie Sizun nous livre la suite de "La gouvernante suédoise" dans ce roman qu'elle a intitulé "Les soeurs aux yeux bleus.

L'auteure nous avoue avoir construit ces deux romans à partir de ses origines suédoises, de quelque photos jaunies, de secrets de famille et d'un prénom qu'elle n'osait jamais prononcer dans son enfance.

L'histoire commence à la fin du XIXème siècle, moment où la jeune maman de cinq enfants Hulda meurt bien loin de sa Suède à Meudon, non loin de Paris.

Les deux frères seront envoyés dans une école prestigieuse avec pensionnat. Les trois soeurs suivront le père, Léonard, invité à séjourner à Saint-Petersbourg avec Livia, la gouvernante et plus car affinités depuis longtemps déjà.

Ils vivent chez un comte qui, avec sa femme aiment la culture française. Léonard Sézeneau est négociant en vins de Bordeaux et ses affaires ne seront jamais resplendissantes.

Ensuite, ils regagnent la France, invités à vivre chez Baptiste, frère de Léonard et veuf depuis peu.

Les trois soeurs s'y ennuient à mourir.

Seule Alice, la plus jeune arrivera vaille que vaille à étudier et trouver un emploi à Paris contre la volonté de son père, un vrai tyran.

On entre dans le XXème siècle, le roman est riche en détails qui nous renseignent sur la vie d'alors, aussi bien les loisirs dans la station balnéaire que les problèmes de santé avec la tuberculose, la condition des femmes...

Les dernières pages se terminent en 1939, quelque mois avant la seconde guerre mondiale.

L'intérêt du roman réside dans la qualité du style de Marie Sizun et de sa plume très délicate, son imagination aussi car construire une histoire romancée très complète sur sa famille, il faut énormément de talent.

Comme dans ses autres romans, on y retrouve, la relation très importante avec la mère, et les rapports d'amour filial et de tension avec le père.

Un très beau roman qu'on ne peut pas lire trop vite car on raterait toute la qualité de l'écrit.

Des personnages bien attachants aussi sauf Léonard le père. Méritait-il tout ce respect de la part de ses filles ?



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La maison de Bretagne

Ça fait très longtemps que je voulais lire un livre de Marie Sizun, on m'en avait dit le plus grand bien. Voilà qui est fait et j'ai vraiment adoré son dernier et treizième roman. Déjà le titre "La maison de Bretagne" m'attirai beaucoup car j'aime beaucoup cette région. Ensuite l'éditeur "Arlea" qui m'a donné de belles lectures à parcourir.

Claire, notre héroïne, est décidée à vendre la maison familiale qui a appartenu à sa grand-mère Berthe. Elle l'avait mis en location mais ces derniers trouvaient la maison vétuste et l'agent immobilier qui s'occupait de la location lui serinait de faire des travaux qu'elle n'avait pas envie de faire. Elle avait pris une semaine pour aller dans le Finistère, pris rendez vous avec l'agent immobilier et le lendemain rendez-vous avec le notaire. Pour elle l'affaire était pliée. Mais en arrivant à destination, pleins de souvenirs, bons et moins bons lui sont venus en tête. Son père, artiste peintre parti trop tôt, sa mère Anne-Marie, décédée depuis quelques années et sa soeur Armelle qui n'a plus donné vie depuis des lustres. Une fois dans la maison, une bien mauvaise surprise l'y attend...

Ce roman m'a énormément plu, la qualité d'écriture de l'autrice, très bien écrit et accessible à tous, les paysages bretons bien décrits, on se croirait là-bas. Et cette ambiance à la fois nostalgique, difficile à certains moments et heureux à d'autres.

C'est un livre que j'ai lu en deux jours tellement le récit m'a happé et un doux regret de l'avoir fini. J'en lirai d'autres de cette autrice, c'est sûr.

Un roman que je conseille bien évidemment.
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Le père de la petite

Paris, 1944. À quatre ans, France, que l'on appelle "la petite" vit seule avec sa maman, son papa, qu'elle n'a jamais connu, étant en captivité en Allemagne. À deux, elles se sont construites une vie faite d'habitudes, ponctuée parfois par les visites de la grand-mère. Une grand-mère qui critique bien souvent l'éducation donnée à sa petite-fille qui, selon elle, manque de rigueur et d'autorité. Mais la petite n'en a que faire, tout heureuse qu'elle est avec sa maman, qu'elle pense connaître par cœur. Mais, lorsqu'on lui annonce que ce papa, dont la petite regarde parfois la photo et qui n'est, pour elle, qu'une vague notion, va bientôt rentrer, elle ressent comme une vague menace et pressent que tout va changer. Parce que même si la guerre n'est pas finie, lui va rentrer plus tôt, dans un convoi spécial, avec d'autres prisonniers, malades eux aussi...



Si dehors, c'est la guerre, la petite, elle, ne se rend compte de rien. Sa petite vie dans l'appartement parisien qu'elle occupe avec sa maman, Li, lui convient parfaitement. Et même si cette horrible guerre lui a pris son père, parti peu après sa naissance, elle n'arrive pas à mettre des images sur celui-ci. Son "petit papa", comme sa maman l'appelle, ne lui manque pas. C'est le retour de celui-ci, malade, qui va très fortement perturber l'équilibre qu'elle formait avec sa maman, la complicité qu'elles entretenaient. Avec ses courts chapitres, ses phrases, la plupart du temps brèves mais très intenses, ce roman regorge d'émotions et d'intensité. Avec son regard d'enfant, la petite tente de percer le mystère de ce secret familial, de mettre des mots sur les drames, de donner sens aux messes basses, de se faire entendre pour elle que l'on traite de menteuse. Mettant en avant la place et le rôle du père dans une famille, questionnant sur la notion même de père, Marie Sizun nous offre un récit au style épuré et sensible, très émouvant, et empreint d'une certaine nostalgie...
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La femme de l'Allemand

C’est en fine observatrice que Marie Sizun nous décrit les dérives de Fanny, maniaco-dépressive depuis son jeune âge. Amoureuse d’un allemand durant la guerre, elle sera répudiée des siens et donnera naissance à une petite fille, Marion.



L’auteure écrit en tu, comme si son intention était d’enfermer les deux héroïnes dans une prison oppressante. Fanny est malade. Parfois elle va mieux. Elle a des hauts et des bas. Elle chante fort, n’importe où, le temps des cerises, elle ressemble à une folle, elle ressemble à une ombre gigantesque qui ouvre grand la bouche pour clamer tout et rien à la fois. Elle fait peur à Marion. Parce que la petite voit bien que sa maman ne ressemble pas aux autres. Parfois, elle lui parle de la mort, Marion a déjà trop tôt peur de perdre sa maman. Mais quand la folie s'immisce ainsi dans les veines, n’a t-on déjà pas perdu l’être derrière ce masque fou... Pauvre Marion trop tôt responsable, trop tôt victime, trop tôt adulte.



Un roman que j’ai découvert grâce à latina que je remercie. Une découverte mitigée où je suis restée trop à distance de l’histoire suite à la narration en mode observation. Les mots observent, décrivent, mais n’ont pas distillé l’émotion que je m’attendais recevoir.

Un roman un peu trop triste et oppressant pour moi. Même si je concède une jolie plume à Marie Sizun.
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La maison de Bretagne

Claire part à l'île Tudy, un coin charmant du Finistère, un lieu chargé de souvenirs pour Claire.

Elle laisse son travail à Paris pour quelques jours afin de vendre la petite maison de famille ayant appartenu à ses grands-parents.

En arrivant, dans la chambre de sa grand-mère décédée il y a longtemps, gît , sans vie un jeune homme qui lui fait penser à son père parti jeune, en abandonnant sa famille.

Ne nous emballons pas vers un thriller.

Le séjour de Claire va être pour elle l'occasion de se souvenir de son enfance, de ses parents torturés, de sa

sœur, mal aimée.

Grâce à la maman du journaliste , amie et aidante ménagère de sa mère, Claire va accepter post mortem le personnage de sa mère.

C'est une retour sur son passé , retour bien nécessaire que notre personnage central va effectuer.

Marie Sizun a le don pour nous faire aimer ses romans où c'est plutôt l'ambiance qui prime .

Son écriture me charme à chaque nouveau livre depuis "La femme de l'Allemand", premier roman que j'ai lu de l'auteure.

Celui-ci avait une valeur de curiosité pour moi car j'ai séjourné quelques heures dans cet endroit charmant de l'île Tudy en septembre 2021. Mes souvenirs étaient encore frais et les descriptions de Marie correspondent parfaitement au lieu.

Un récit charmant et torturé par un passé pas calme du tout.
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Le père de la petite

Premier roman de Marie Sizun, le père de la petite explore dans un contexte de retour de guerre la jalousie d'une homme trompé par sa femme. Une trahison, sujet de disputes et de tensions inaudibles pour leur petite fille de quatre ans tour à tour attirée par l'un et l'autre, qui provoque la séparation des parents et le début du dessillement de leur enfant.



Marie Sizun, dont j'avais beaucoup aimé La gouvernante suédoise, a fait ici le choix périlleux de se mettre à hauteur d'enfant et de ne pas donner de nom à ses personnages. Ainsi la petite, la mère, le père, la grand-mère se succèdent rendant le récit impersonnel et les protagonistes désincarnés. Dommage car l'analyse sous-jacente de la place du père et des méfaits des non-dits aux enfants est remarquable.



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La maison de Bretagne

Claire n'en peut plus de cette maison de Bretagne, dont elle a héritée, où depuis l'enfance elle y passe ses vacances. Elle n'en peut plus des souvenirs qu'elle contient. Cette maison maudite que son père a quittée quand elle avait dix ans, et qui n'est jamais revenu ni là, ni dans leur appartement de Paris. Elle n'en veut pas des souvenirs de sa soeur qu'elle déteste et qu'elle n'a pas revue depuis si longtemps. Et elle n'en peut plus de cette maison dans laquelle sa mère a glissé des jours longs et tristes.

C'est décidé, elle va la vendre ! Mais quand elle arrive sur place, impossible de mettre en branle tout le dispositif : la maison contient un cadavre et une enquête est ouverte.

Obligée de rester sur place, ces jours forcés vont l'obliger à remonter dans ses souvenirs, à analyser et replacer les situations vécues, à comprendre les liens qui l'unissaient aux autres membres de sa famille et à renouer avec son histoire, sa vie.



Une belle écriture délicate et douce, qui dépeint parfaitement l'ambiance automnale et les couleurs de la Bretagne, tout autant que les sentiments de Claire.

Un beau texte sur la résilience, sur une histoire d'amour entre une mère incapable d'aimer ses filles, de s'ouvrir à elles et d'être aimée en retour. Beaucoup de mélancolie et de tristesse jalonnent ces pages, en accord parfait avec ce mois d'octobre sûr l'île Tudy, gris et pluvieux.

« Et je comprenais qu'une maison, ce n'était pas seulement des murs, un toit et des souvenirs de famille, doux ou cruels, mais aussi le pays où elle a été plantée. La maison de Bretagne, c'était la Bretagne, sa lumière, ses couleurs, ses parfums ! »
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Le père de la petite

France, a quatre ans, elle vit avec sa mère Lilian à Paris.

L'ambiance entre elles est très joyeuse sauf quand la grand-mère vient leur rendre visite : une vieille dame toujours prête à critiquer les manières de la petite.

Sa mère lui parle souvent de son père, retenu en captivité en Allemagne.

France voit son retour comme une menace.

On comprend que la maman a des secrets envers la petite.

Chaque fois que la petite parle de ce qu'elle a vu, elle passe pour une menteuse lors d'un voyage.

Le père revient, malade des nerfs.

Finalement guéri, il reprend son travail.

Les relations père-fille s'améliorent mais pas celles du couple.

Dans ce très beau roman, ce ne sont pas les faits qui sont importants mais l'observation que la petite France nous livre ainsi que ses sentiments envers son entourage : son père, sa mère, sa grand-mère.

Marie Sizun écrit un tout petit livre très riche, intense, son premier roman.

Dans "La femme de l'allemand" écrit deux ans plus tard, on y retrouve également les sentiments d'une enfant cette fois aux prises avec une mère abîmée psychologiquement.

J'apprécie beaucoup les romans de Marie Sizun.



Challenge plumes féminines
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Le père de la petite

Je viens de découvrir tout récemment , avec bonheur et délectation, la très belle écriture de Marie Sizun avec son dernier roman "La gouvernante suédoise". Dans la lancée de mon enthousiasme, je poursuis ma "connaissance" de cette écrivaine. Dans le présent, j'ai lu son premier roman , des plus bouleversants , " le Père de la petite", après avoir

lu avec une forte émotion, "Un jour par la forêt"...



Une admiration certaine pour l'art de Marie Sizun de décrire avec une intensité et infinie sensibilité les drames et séismes qui peuvent se passer dans la tête des enfants....



Dans ce texte, qui se situe dans les années 40, la "petite", France vit heureuse et toute légère dans une bulle , avec une maman des plus permissives et aimantes. le papa est absent, il est à la guerre. Elle ne l'a jamais vu... et puis un jour, la maman annonce à sa petite fille que "son petit papa" va revenir enfin... Et la petite, au lieu de se réjouir, sent comme une menace... où son quotidien, où elle vit en fusion avec sa maman

adorée...va être chamboulé....

Hormis sa grand-mère maternelle qu'elle n'apprécie guère, et qui accapare trop à son goût sa maman, avec des mots chuchotés, des bavardages qui semblent bien secrets !!



Le Papa rentre enfin, malade des poumons et surtout des nerfs... La maman adorée qui ne vivait que pour sa petite, change de comportement et ne s'occupe que de son mari... ce qui rend furieuse et complètement perdue , la petite France. Elle craint les colères et la sévérité paternelles, trouve que c'est un intrus insupportable qui a démoli son intimité exclusive et sa vie libre, légère, joyeuse avec une maman fantasque qui ne lui opposait aucune règle, au grand dam de la grand-mère qui trouve son unique petite fille, mal élevée !



Un mensonge, un secret mal dissimulé vécus de façon très incompréhensible par la petite va être le déclencheur d'un drame... et d'un renversement de situation: la petite se détache et en veut à sa mère, qui pour elle l'a abandonnée , et lui a , comme retiré son amour... En retour, elle se met à aduler, vénérer ce père qu'elle tente de connaître, de séduire..

d'apprivoiser !.





Un très bel hommage d'une petite fille à un père, même "d'occasion", ayant vécu trop peu de temps ensemble... avec le drame de la guerre , des hommes, pères, fils, frères absents, qui reviennent plus ou moins abîmés , après les conflits... pendant que les femmes dans des solitudes difficiles, se débrouillent comme elles peuvent, pour travailler, élever leurs enfants...



Beaucoup d'amour dans ce texte mais aussi tant de tristesse, de gâchis provoqués par les traumatismes de la guerre et les dégâts des absences des pères....



"La petite attend son père. Elle l'attend comme on peut attendre dans l'enfance, comme on le fait aussi, plus tard, dans l'amour." (p. 89)





Qu'est-ce qu'un père ? La notion de paternité échappe à la petite. Et comment pourrait-il en être autrement ? Des pères par les temps qui courent, on en voit pas beaucoup."



Un premier roman lu en une soirée tour à tour avec de la joie et de la peine...

Sûrement dû au talent de l'auteure qui décrit avec un immense sensibilité les tourments et les questionnements d'une petite fille de quatre ans, qui découvre le monde des adultes... Ces derniers qui semblent tant compliquer les choses, et si souvent !!!
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Jeux croisés

Un bonheur de lecture ! Troisième livre de Marie Sizun qui m'enchante. Un roman où l'on passe par de nombreux sentiments mêlés. Deux héroïnes dans ce récit. Tout d'abord, Marthe, professeur de mathématiques, la quarantaine, vit une vie sobre et ennuyeuse. Elle s'est mariée sur le tard et quelques années après, son mari, Pierre, lui annonce qu'il la quitte. Il a rencontré une autre femme qui est enceinte de lui. Marthe n'a jamais voulu d'enfant, mais Pierre jusque là ne lui avait jamais reproché. Pour Marthe c'est sa vie qui bascule.

L'autre héroïne, Alice, une jeune femme de 18 ans, qui vit seule mais avec Ludo, son fils, un bébé de 9 mois. Elle est un peu paumée, ne sait pas bien qui est le père. Elle aime son enfant mais trouve qu'il gâche sa vie de jeune femme. La crèche que Ludo fréquente, va fermer pendant les grandes vacances et Alice n'a pas de solutions pour le faire garder.

Bien que ces deux femmes ont une vie bien différente, leur destin va être bousculé à cause d'un événement commun. Je ne vous en dirait pas plus.

Ce roman ressemble beaucoup à un thriller mais n'en est pas un, c'est plus que ça...Un récit étonnant, où le temps s'est arrêté de tourner normalement. Deux destins qui s'entrecroisent élégamment par une autrice habile dont l'écriture et la finesse de narration est un petit bijou.

Je ne peux que vous le conseiller.
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Les sœurs aux yeux bleus

Je n'ai pas lu « La gouvernante-suedoise » qui se terminait en 1877, à la mort tragique de Hulda , l'épouse de Léonard Sézeneau, protestant austère mère de cinq enfants : deux garçons et trois filles dont un bébé ...



J'ai passé un merveilleux moment en compagnie de Marie Sizun dont c'est mon troisième livre....

Que va t- il advenir des cinq enfants , traumatisés , brisés par la mort de leur mère et la découverte d'un certain drame familial qui en est la cause ...?

Les garçons envoyés en pension, presque jamais visités par leur père trouveront leur voie ...





Léonard et ses filles s'exilent à Saint - Petersbourg, chez le comte Sergueï.B, un ami , charmant et cultivé et son épouse sémillante ,Irina, avec sa jolie voix cascadante mère de Sophia et Aglaïa,

deux petites filles qui deviendront les amies des trois soeurs ....



Très bientôt le voile se lèvera imperceptiblement sur les raisons de la mort d'Hulda, Livia la gouvernante devra s'effacer devant l'attitude glacée, l'hostilité grandissante des soeurs , voire la haine ....



Je n'en dirai pas plus.

Nous pénétrons dans l'intimité de cette famille meurtrie de 1877 à 1939...

Le plus important ce sont les descriptions de la société russe et française, les désordres , la guerre , la fin d'une époque pour la Russie.....de la fin du 19e , début du 20e, ainsi que celle du statut de la femme, tentant de conquérir sa liberté et son indépendance sous les traits d'Alice ,qui affrontera son père, ce père silencieux , qui n'embrasse pas ses filles , distant, autoritaire , rigide , droit dans ses bottes, intransigeant , d'un autre âge , orgueilleux , l'image d'un protestant austère , abusif, confiné dans ses certitudes même s'il aime profondément ses trois filles et si celles - ci l'adorent .....

Secrets de famille, nombreux rebondissements , maladie, coups durs , confinement dans une éducation étouffante pleine de questions ...., dignité nouvelle trouvée enfin par les femmes.

L'écriture est fluide, le style tout en nuances , pétri de pudeur, de légères notes tendres, suscitant une émotion intense chez le lecteur .



L'auteur nous parle à l'oreille , pudique , précise, lors de petits chapitres qui ne lassent pas, avec une force entraînante , une vérité qui touche au coeur ....

Un livre à l'étonnante force romanesque lu une après - midi et une grande partie de la nuit , un ouvrage plutôt féminin , séduisant , chaleureux , pas léger , profond qui nous bouleverse ....nous émeut, nous enchante ...si l'on aime les destins contrariés d’une famille originale , les fêlures, les douleurs et les joies ,les contraintes et le conformisme de la fin du 19e et l’esprit nouveau de liberté soufflant ....début 20 e.



Je ne regrette pas de l'avoir acheté , il me reste beaucoup d'ouvrages de Marie-Sizun, à découvrir cette dame à l'écriture enchanteresse

400 pages ... dévorées .

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Un léger déplacement

Ellen, en se mariant avec Norman, va s'enfuir de Paris vers New-York où elle tient avec son mari une petite librairie française. Hélène devient Ellen. Elle décide de revenir seule à Paris, alors que rien ne l'y obligeait, pour régler une succession, vendre l'appartement jusqu'alors occupé par sa belle-mère qui vient de décéder.

Elle était bien revenue à Paris lors du décès de son père mais très rapidement en compagnie de Norman.



Elle avait refermé les portes de sa mémoire qu'un léger déplacement va progressivement, en douceur et subtilité , rouvrir.



Le passé revient en force, se glisse dans ce léger déplacement vécu dans l'avion comme "un basculement soudain, un vertige qui l'entraîne dans un espace intérieur inconnu". En se renouvelant et se prolongeant au cours de son séjour à Paris, il va laisser place aux souvenirs et filtrer la lumière éclairant le passé.



p11 Ce qui avait précédé, ce moment inconnu, cette jolie absence, quelle légèreté ! Tout était devenu simple. Il n'y avait qu'à se laisser aller. Plus rien n'avait d'importance : on était dans une sorte de grâce.



Cette sorte de grâce va nimber d'une douceur lumineuse tout ce séjour à Paris. Elle va se sentir comme absente et pourtant de plus en plus présente, progressivement de plus en plus proche de ce et ceux qu'elle avait tenté d'occulter.



"Et voilà que les choses, curieusement, lui apparaissent sous un autre jour, décalées : comme s'il avait suffi d'un rien, d'un léger déplacement, pour qu'elle ressente une tendresse nouvelle, étrangement poignante pour son père. Une tendresse pleine de questions." p 106



"Dans le silence de l'appartement, c'est le silence de son père qu'elle retrouve : dans l'absence, une indéfinissable présence." p 109





Le passé revient en force, se glisse dans les interstices ouverts lors de légers déplacements successifs qui sont comme des pas de côté qui s'enfoncent dans des pans de mémoire masqués.

Ce retour seule à Paris, avec sa mémoire qui se ravive progressivement, la fait vivre entre deux mondes.

Beaucoup de choses restées "obscures à elle-même" vont s'éclairer, se révéler au cours de ces journées hors du temps, parenthèses où la vie avec Norman, New-York s'estompe. L'entre-deux où elle évolue tout d'abord comme en apesanteur, se concrétise pour laisser place à des retrouvailles avec elle-même où elle fait la paix avec les ruptures douloureuses restées enfouies jusqu'à ce retour.

Un très beau livre qui nous entraîne de l'autre côté du miroir, qui enlève au temps son importance en faisant fondre les concrétions qu'il avait formées et durcies.

"On ne peut vivre de l'autre côté du miroir. Mais si, par hasard, on a aperçu ce qui s'y passait, peut-être perd-on à jamais le goût du réel. Ce n'était qu'un déplacement de quelques degrés, mais il a pour toujours modifié notre vision des choses." p 289

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Les petits personnages

On peut dire qu'ils sont petits les personnages des tableaux que Marie Sizun a choisis pour les faire revivre au travers de ses nouvelles.

L'auteure a laissé libre cours à son imagination pour faire exister ces petits êtres, parfois à peine esquissés, pour nous faire partager un moment de leur vie sous forme de nouvelles.

" Vivre " , c'est bien le terme. Chaque tableau prend vie dans son époque, dans son milieu.

J'apprécie beaucoup l'observation des peintures et chaque fois , je l'interprète personnellement.

Dans ce cas, j'ai accepté le point de vue de Marie Sizun et je me suis laissée guider par elle comme si j'effectuais une promenade dans les tableaux.

À la fin de chaque nouvelle, elle nomme la peinture, le peintre, précise la date et qualifie son écrit de Fantaisie à...Fantaisie sur...

Les œuvres sont au nombre de 31 et datent pour une grande partie de la fin du 19ème , début du 20ème siècle .

On y rencontre des peintres très connus.

L'œuvre la plus ancienne, du 14ème siècle, est tirée des "Très riches heures du duc de Berry" des frères Limbourg avec leur magnifique ton de bleu.

Une bien riche idée qu'a eue Marie Sizun de nous livrer un tel recueil de nouvelles.

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