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Citations de Marina Tsvetaieva (457)


Rien ne résume mieux Pasternak et Maïakovski que ce double hémistiche de Tiouttchev :
"Tout est en moi et je suis en tout."
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Note de marge :
"NB! je travaille à un manuscrit. On dit travailler à quelque chose. Mais on ne peut pas dire : le travail de la vie à nous? Ce sera donc sur nous? Je n'en suis."
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J'aimerais vivre avec vous
Dans une petite ville,
Aux éternels crépuscules, Aux éternels carillons.
Et dans une petite auberge de campagne-
Le tintement grêle
D'une pendule ancienne-goutte à goutte de temps.
Et parfois, le soir, montant de quelque mansarde-
Une flûte,
Et le flûtiste lui-même à la fenêtre.
Et de grandes tulipes sur les fenêtres.
Et peut-être, ne m'aimeriez-vous même pas...
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Qui est pauvre au gré du vent ?
Chacun sur la grand route-
Est un prince travesti !

Les haillons se déchirent
Partout où le ciel est bleu,
Où le Seigneur est juge.

Dans les ornières-
Les chaînes s'entrechoquent,
Les haillons se mélangent.
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A nouveau la fenêtre
Où l'on veille à nouveau
On boit du vin peut-être,
Peut-être on ne dit mot.
Ou deux mains sans raison
Restent inséparables.
Ami, chaque maison
A fenêtre semblable.
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Il n'y a pas besoin de mourir pour être mort.
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(Pourquoi est-elle venue? Pour se faire mal. C'est, parfois, tout ce qu'il nous reste.)
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La nature dit: non. En nous le défendant, elle se défend, elle. Dieu, en nous défendant une chose, le fait par amour de nous, la nature, en nous le défendant, le fait par amour de soi, par haine de tout ce qui n'est pas elle.
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C'est le seul point faillible, le seul point attaquable, la seule brèche dans cette entité parfaite que sont deux femmes qui s'aiment. L'impossible ce n'est pas de résister à la tentation de l'homme, mais au besoin de l'enfant.
(...)
L'enfant : seul point attaquable qui ruine toute la cause. Le seul qui sauve celle de l'homme. Et de l'humanité.
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Il s’approcha, ailé,
Et tes paupières mirent le voile sur ton regard
radieux.
Tu mourus – flamboyante
A l’heure la plus terne.

Que pourront donc expier
Ces deux dernières larmes brèves ?
Il réfléchit – Quatre heures
Sonnèrent.

Il partit sans être vu,
Emportant le mot le plus précieux.
Mais personne n’entendit
Ton dernier appel.

Et s’est perdu dans la mer des bruits
Le cri qui déchira ton sein et ton âme.
Rose, tu te noyais
Dans le matin trouble…

Moscou, 1912
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Je suis. Tu – seras. Entre nous – un gouffre.
Je bois. Tu as soif. S’entendre – en vain.
Dix ans, cent millénaires nous séparent. –
Dieu ne bâtit pas de ponts.

Sois ! – C’est mon commandement.
Laisse-moi passer, je n’écraserai pas les jeunes pousses.
Je suis. Tu – seras. Dans dis printemps, tu diras :
- je suis ! Moi, je dirai : - C’est trop tard.

6 juin 1918
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Ô, le doux dogue de mon enfance — mon Grison ! Tu ne m'as fait aucun mal. Si d'après l'Écriture tu es le « père du mensonge », moi tu m'as appris la vérité essentielle et la droiture du dos. Cette ligne droite et inflexible qui vit dans mon épine dorsale, c'est la ligne vivante de ton port de dogue — de femme du peuple et de pharaon.
Tu as apporté à mon enfance la richesse du secret total, de toutes les mises à l'épreuve de fidélité et surtout de l'au-delà tout entier, car sans toi je n'aurais pas 𝘴𝘶 qu'il existait. Je te dois mon orgueil excessif, celui qui m'a portée au-dessus de la vie, plus haut même que toi au dessus de la rivière : — 𝘭𝘦 𝘥𝘪𝘷𝘪𝘯 𝘰𝘳𝘨𝘶𝘦𝘪𝘭 — 𝘦𝘯 𝘱𝘢𝘳𝘰𝘭𝘦𝘴 𝘦𝘵 𝘦𝘯 𝘢𝘤𝘵𝘦𝘴, par lui accompli.
C'est à toi aussi, en plus de tout le reste, que je suis redevable de mon attitude intrépide devant les chiens (mais oui, même les dogues les plus sanguinaires !) et devant les humains. Car après toi — quels chiens et quels humains craindrait-on ?
C'est à toi que je dois (c'est ainsi que Marc Aurèle commence son livre) la conscience première d'avoir été élevée et élue, car tu ne rendais pas visite aux fillettes de notre pavillon.
C'est à toi que je dois ma première infraction : le secret à ma première confession — après cela tout avait été déjà enfreint.
C'était toi qui brisais chacun de mes bonheurs d'amour, le corrodant de ton appréciation et l'achevant avec ton orgueil, puisque tu avais décidé que je serais un poète et non une femme aimée.
C'est toi qui, lorsque je jouais aux cartes et qu'obligatoirement quelqu'un prenait mon gain par hasard, faisais retourner les larmes dans mes yeux et les mots dans ma gorge : — « La mise, c'était la mienne ! »
C'est toi qui m'a protégée de toute vie en commun — au point que j'ai refusé la collaboration à des journaux, en m'accrochant dans le dos, comme le méchant gardien à David Copperfield, un écriteau : « Attention ! Il mord ! »
N'est-ce pas toi qui, par mon amour précoce pour toi, m'as insufflé l'amour pour tous les vaincus, pour toutes les 𝘤𝘢𝘶𝘴𝘦𝘴 𝘱𝘦𝘳𝘥𝘶𝘦𝘴 — les dernières monarchies, les derniers fiacres, les derniers poètes lyriques ?
C'est toi qui, dominant de toute ton inflexibilité la ville étendue, prête à se rendre — montes le dernier sur la passerelle du dernier bateau.
Dieu ne peut pas penser mal de toi, tu as été jadis son ange préféré ! Et ceux qui voient en toi un moucheron, un Prince des Mouches, une myriade de mouches — ne sont eux-mêmes que des moucherons, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.
Je vous les mouches et je vois le nez : un long nez gris de baron et satiné de dogue, plissé avec dégoût et envie de mordre devant les mouches — les myriades de mouches.
Je te vois en dogue, mon doux ami, c'est-à-dire en dieu des chiens.

Lorsque j'avais onze ans, j'étais dans une pension catholique et j'ai essayé d'aimer Dieu :
𝘑𝘶𝘴𝘲𝘶'𝘢̀ 𝘭𝘢 𝘮𝘰𝘳𝘵 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘛𝘦 𝘴𝘦𝘳𝘰𝘯𝘴 𝘧𝘪𝘥𝘦̀𝘭𝘦𝘴,
𝘑𝘶𝘴𝘲𝘶'𝘢̀ 𝘭𝘢 𝘮𝘰𝘳𝘵 𝘛𝘶 𝘴𝘦𝘳𝘢𝘴 𝘯𝘰𝘵𝘳𝘦 𝘙𝘰𝘪,
𝘚𝘰𝘶𝘴 𝘵𝘰𝘯 𝘥𝘳𝘢𝘱𝘦𝘢𝘶, 𝘑𝘦́𝘴𝘶𝘴, 𝘛𝘶 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘢𝘱𝘱𝘦𝘭𝘭𝘦𝘴,
𝘕𝘰𝘶𝘴 𝘺 𝘮𝘰𝘶𝘳𝘳𝘰𝘯𝘴 𝘦𝘯 𝘤𝘰𝘮𝘣𝘢𝘵𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘛𝘰𝘪...
Alors tu ne m'en as pas empêchée. Tu t'es contenté de te retirer tout au fond de moi, cédant poliment la place à l'autre : — « Alors vas-y, essaie... — par l'humilité. » Tu n'as jamais condescendu à lutter pour moi (ni pour quoi que ce soit d'autre !), car toute ta lutte contre Dieu, ce n'était qu'une lutte pour défendre ta solitude, qui est la seule vraie puissance.
Tu es l'auteur de ma devise de vie et de l'inscription sur ma tombe :
𝘕𝘦 𝘥𝘢𝘪𝘨𝘯𝘦 —
quoi ? Mais rien : 𝘯𝘦 𝘥𝘢𝘪𝘨𝘯𝘦 rien faire — ni surtout condescendre jusqu'à la dépouille qui gît ici.
Et lorsque, du fond de ce trou noir d'yeux étrangers et d'un confessionnal étranger, il m'a été dit, pour tous les péchés de mes onze ans de vie :
« 𝘜𝘯 𝘣𝘦𝘢𝘶 𝘣𝘭𝘰𝘤 𝘥𝘦 𝘮𝘢𝘳𝘣𝘳𝘦 𝘴𝘦 𝘵𝘳𝘰𝘶𝘷𝘦 𝘦𝘯𝘧𝘰𝘯𝘤𝘦́ 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘢 𝘣𝘰𝘶𝘦 𝘥𝘶 𝘨𝘳𝘢𝘯𝘥 𝘤𝘩𝘦𝘮𝘪𝘯. 𝘜𝘯 𝘩𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘷𝘶𝘭𝘨𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘮𝘢𝘳𝘤𝘩𝘦 𝘥𝘦𝘴𝘴𝘶𝘴 𝘦𝘵 𝘭'𝘦𝘯𝘧𝘰𝘯𝘤𝘦 𝘦𝘯𝘤𝘰𝘳𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘱𝘳𝘰𝘧𝘰𝘯𝘥𝘦́𝘮𝘦𝘯𝘵. 𝘜𝘯 𝘯𝘰𝘣𝘭𝘦 𝘤𝘰𝘦𝘶𝘳 𝘭𝘦 𝘥𝘦́𝘨𝘢𝘨𝘦, 𝘭𝘦 𝘭𝘢𝘷𝘦 𝘦𝘵 𝘦𝘯 𝘧𝘢𝘪𝘵 𝘶𝘯𝘦 𝘴𝘵𝘢𝘵𝘶𝘦 𝘲𝘶𝘪 𝘥𝘶𝘳𝘦 𝘦́𝘵𝘦𝘳𝘯𝘦𝘭𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵. 𝘚𝘰𝘺𝘦𝘻 𝘭𝘦 𝘴𝘤𝘶𝘭𝘱𝘵𝘦𝘶𝘳 𝘥𝘦 𝘷𝘰𝘵𝘳𝘦 𝘢̂𝘮𝘦, 𝘱𝘦𝘵𝘪𝘵𝘦 𝘚𝘭𝘢𝘷𝘦... »
— de qui étaient ces paroles ?

C'est à toi que je suis redevable du cercle enchanté de ma solitude, qui m'accompagne partout, naît sous mes pieds, m'enlace comme des bras, mais s'étire comme un souffle, qui embrasse toute chose et exclut toute personne.
Et si tu es descendu naguère sous la forme d'un chien gris-bonne d'enfants, auprès de la petite fille que j'étais, ce n'était que pour qu'elle sache ensuite, sa vie durant, rester seule : ni bonnes d'enfants, ni amants.

Ô Grison — le dogue terrible de mon enfance ! Tu es seul, tu n'as pas d'églises, on ne te célèbre pas en communauté, on ne bénit pas de ton nom l'union de la chair ou celle des intérêts. Ton image n'est pas suspendue aux murs des salles de justice, là où l'indifférence condamne la passion, où la satiété condamne la faim, où la bonne santé condamne la maladie : la même forme d'indifférence contre toutes les formes de passion, la même satiété contre toutes les faims, la même santé contre toutes les formes de maladie, le même bonheur prospère — contre toutes les formes de malheur.
On ne baise pas ton image sur la croix en prêtant serment par contrainte ou en portant un faux témoignage. Ce n'est pas ton image, sous la forme du crucifié, que prend le prêtre — serviteur et complice de l'État assassin, pour la presser contre les lèvres de sa victime. Ton nom ne sert pas à bénir les batailles et les carnages. Dans les lieux administratifs où la 𝘱𝘳𝘦́𝘴𝘦𝘯𝘤𝘦 est obligatoire — tu es absent.
Tu n'assistes pas non plus aux célèbres « messes noires » — ces réunions choisies où des gens accomplissent une sottise — celle de t'adorer tous ensemble — toi dont le premier et le dernier hommage est la solitude. S'il faut te chercher, c'est dans la cellule du prisonnier de la Révolte et dans les greniers de la Poésie lyrique.
Non, Toi qui es — le Mal, non, non, la société n'a pas abusé de toi.
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Et parce que tu as mis
Tes plaies entre mes doigts
Je pourrais vite - au feu
Plonger ma main pour toi
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Crois-tu que la nuit - trop timide -
S’en est allée au petit jour ?
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Je viens vers toi dans la nuit noire,
Comme un dernier recours.
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Elle mourra seule, car elle est trop fière pour aimer un chien, trop souvenante pour adopter un enfant. Elle ne veut ni animaux, ni orphelins, ni dame de compagnie. Elle ne veut même pas de demoiselle de compagnie. Le Roi David se réchauffant à la chaleur inanimée d'Avizag était un rustre. Elle ne veut pas de chaleur payée, de sourire prêté. Elle ne veut être ni vampire, ni grand-mère. Bon pour l'homme qui, vieux, se contente de déchets, de côtoiements visant d'autres côtes, de coudoiements — d'autres coudes, de sourires allant à d'autres bouches — arrêtés, volés au hasard. — « Passez, fillettes, passez... » Elle ne sera jamais la parente pauvre au festin de la jeunesse d'autrui. Ni amitié, ni estime, ni cet autre abîme qu'est notre propre bonté, elle ne mettra rien à la place de l'amour. Elle ne renoncera pas à la splendide noirceur, à la noire et ronde brûlure — cercle autrement magique que le tien, Faust ! — du feu de joie d'antan. Contre tous les printemps, elle tiendra ferme.
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Cette fleur sur mon sein,
qui l'épingla alors?
Insatiable est ma faim:
Passion ,tristesse et mort.

Violoncelle et violon,
Bruit des portes ,des verres,
Cliquetis des éperons
Et trains crépusculaires,

Tire de chasse , étincelles,et grelots des troikas :
J'entends tous vos appels,
Vous que je n'aime pas !

Mais il me plait d'attendre
Le premier d'entres vous
Qui saura me comprendre
Et me tuer d'un seul coup .
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Mon pays a si peu pris garde
A moi que le plus fin limier,
Sur mon âme - de long en large,
Ne verra rien de familier !

Le mal du pays (1934)
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La vie comme elle nous va d’sus
comme elle nous roule sous sa langue
sous sa vague sous sa masse
La vie comme elle nous passe
d’une main l’autre sous le manteau
la vie comme elle s’enfuit
on la suit on la poursuit
serpent de soucis ceci cela
et puis quoi la vie
comme elle peut
cahin caha chaos
comme elle souffle
comme elle siffle
papillon carcasse
Bonjour jolie mad’moizelle
tu voudrais pas me tenir la main
le temps de traverser les poubelles
la vie tempête t’enserre t’en brise
la vie du vent dans les cerises
la vie qui te les casse
ramasse matin
ciel et chien
sa petite musique de rien
qui nous court dans le ventre
la vie à prendre
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DEMEURE

Aujourd’hui je suis heureux j’ai nagé
Mon kilomètre et demi quotidien
Le long de la côte qui mène au cap
Sounion après nous avons déjeuné
Sous un olivier au fond du jardin
Du calamar mariné quelques grappes
De raisin la moitié d’une pastèque
Et puis elle a dormi pendant les heures
Chaudes j’ai fumé quelques cigarettes
Harponné le soleil en sa demeure
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