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Citations de Marina Tsvetaieva (457)


Pardonnez-moi de vous répondre si tard, le coeur l'avait fait plus tôt.
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La musique ? C'est la peste !
La musique ! La tempête !
C'est un Scythe dans la steppe !
C'est la rupture des nerfs !

Du charbon ardent saisi
À mains nues ! Fléau, pire – plaie !

Plus terrible que des bruits dans l'oreille,
Que des rêves, yeux fermés.
La musique – c'est des banques la faillite,
Les furies en liberté.

C'est inviter Pie le pape
Pour un Noël des faubourgs.
Un Quatuor d'éléments,
Les forbans en liberté.
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De mes doigts je frôlerai,
Doux comme l'herbe, frais comme l'eau,
Ton corps nu.
J'étais droit, tu m'as percé
D'inclinaison
Et - sans lin enveloppé.
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Ainsi perle sur un pin rouge
la résine ardente.
Ainsi dans ma nuit splendide,
une scie me passe sur le coeur.
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Je suis la page sous ta plume.
Livre-moi tout. Page blanche,
Je garde en moi ton bien
Et te rends tout au centuple.

Je suis la glèbe, la terre noire.
Tu m’es le soleil et la pluie.
Tu es le seigneur et le maître, moi
Le terreau noir, la feuille blanche.
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[...]

Lorsque je t’appelle, que je te rends gloire, je ne suis
qu’un coquillage où l’océan ne s’est pas encore tu.

Nuit, j’ai déjà trop regardé dans la pupille de l’homme !
Réduis-moi en cendres, nuit, soleil noir !

(« Insomnie », Poème 8)
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Marina Tsvetaieva
à Sergueï Efron

Je porte son anneau avec défi
(Sa femme en l’éternité — pas sur le papier).
Son visage à l’excès se rétrécit —
Telle une épée.

Muette est sa bouche, coins abaissés.
Et les sourcils — dans leur splendeur — si douloureux.
En lui tragiquement se sont mêlés
Deux sangs très vieux.

Mince — de cette première minceur des branches.
Ses yeux : beauté vaine à couper le souffle !
Sous les ailes des sourcils qui s’élancent —
Deux gouffres.

En lui je suis fidèle à la chevalerie
— A vous qui sans peur viviez et mouriez jadis.
De tels hommes, aux temps où le Destin sévit,
Tressent des stances — et vont au supplice.

3 juin 1914, Koktébel

Extrait de LES POESIES D'AMOUR
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Neige, neige
Plus blanche que linge,
Femme lige
Du sort : blanche neige.
Sortilège !
Que suis-je et ou vais-je ?
Sortirai-je
Vif de cette terre
Neuve? Neige,
Plus blanche que page
Neuve neige
Plus blanche que rage
Slave...
Rafale, rafale
Aux mille pétales,
Aux mille coupoles,
Rafale-la-Folle!
Toi une, toi foule,
Toi mille, toi rale,
Rafale-la-Saoule
Rafale-la-Pale
Débride, dételle,
Désole, détale,
A grands coups de pelle,
A grands coups de balle.
Cavale de flamme,
Fatale Mongole,
Rafale-la-Femme,
Rafale : raffole.
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Il en tomba combien dans cet abîme
Béant dans le lointain !
Et je disparaîtrai un jour sans rimes
Du globe, c'est certain.

Se figera tout ce qui fut, - qui chante
Et lutte et brille et veut :
Et le vert de mes yeux et ma voix tendre
Et l'or de mes cheveux.

Et la vie sera là, son pain, son sel
Et l'oubli des journées.
Et tout sera comme si sous le ciel
Je n'avais pas été !

[...]

A tous - qu'importe ? En rien je ne mesure,
Vous : miens et étrangers ? ! -
Je vous demande une confiance sûre,
Je vous prie de m'aimer.

Et jour et nuit, voie orale ou écrite :
Pour mes "oui", "non" cinglants,
Du fait que si souvent - je suis trop triste,
Que je n'ai que vingt ans,

Du fait de mon pardon inévitable
Des offenses passées,
Pour toute ma tendresse incontenable
Et mon trop fier aspect,

Et la vitesse folle des temps forts,
Pour mon jeu, pour mon vrai...
- Ecoutez-moi ! - Il faut m'aimer encore
Du fait que je mourrai.


8 décembre 1913
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... Car même dans le dernier hoquet je resterai poète!

- Я и в предсмертной икоте останусь поэтом!
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DON JUAN
1


À l'aube glacée,
Sous le sixième bouleau,
Derrière l'église —
Attendez, Don Juan !

Mais hélas, je jure
Sur ma vie, mon amant,
Que dans mon pays
On n'embrasse pas !

Ici, pas de fontaines,
Les puits sont gelés,
Et les vierges Marie
Ont des regards sévères.

Et pour que les belles
N'entendent les bêtises,
Nous avons le tintement
Sonore de la cloche.

Je vivrais bien ainsi
Mais j'ai peur de vieillir,
Et puis à vous, beauté,
Mon pays ne siérait pas.

Ah, dans cette pelisse
Je ne vous reconnaîtrais
S'il y avait ces lèvres —
Les vôtres, Don Juan !

19 février 1917

p.65-66
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Mon enjouement étonne plus qu'il ne charme. - "Qu'est-ce qui lui prend ?"
Mon enjouement paraît louche aux imbéciles : je ris comme une idiote et au bout d'une seconde - mes raisonnements par exemple sur l'aristocratie leur semblent du chinois.
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J'ai lu ce livre il y a quelques années et je me souviens d'avoir été touchée, bouleversée par ces confessions sans compassion, cette justesse, cette vision de soi-même maintenant je ne sais pas si c'était une rencontre personnelle, celle de deux femmes qui se comprennent ou une rencontre littéraire...
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LA LUNE AU LUNATIQUE


Les embobelineurs resteront.
Plus loin, le firmament.
À l'heure de l'ultime évanouissement
Ne reprends pas conscience.

Le somnambule et le génie
N'ont pas d'amis.
À l'heure de l'ultime lucidité
N'ouvre pas les yeux.

C'est moi ta vue. L'œil
De chouette des toits.
Ils t'appelleront par ton nom :
N'entends pas.

C'est moi ton âme: Uranie.
La porte des dieux.
À l'heure de l'ultime fusion
Ne vérifie pas.

20 juin 1923
p.145
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Pourquoi un poète se suicide-t-il ? Parce qu'il ne peut plus re-composer le monde.
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En plus de mes grandes mains, il s'avéra que j'avais aussi "l'attaque sonore et vigoureuse" et "un toucher d'une sensibilité étonnante chez une fillette aussi jeune". Le toucher plein de sensibilité avait une résonance de velours, il était brun, le mot lui-même signifiait que je touchais le piano comme du velours, avec du velours, comme un chat: patte de velours.
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Les gens n'ont plus le feu sacré (...) On peut se battre, inspiré par ce qu'on a lu, médité (impossible d'être inspiré par des idéaux économiques ou de vrais marxistes). On peut se battre, inspiré par un rêve, un rêve de beauté inhumaine, de liberté inaccessible, seulement inaccessible !
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Vous me demandez pourquoi je rime ?

Je suis chrétien,
J'ai un petit chien,
Qui mange du pain
Tous les matins.
(Jacquot, fils de l'épicier d'en bas, six ans.)
Si le dit auteur de ce quatrain avait dit : - Je suis baptisé, j'ai un petit chien auquel je donne à manger tous les jours - ça ne me dirait rien, ni à lui non plus, ni à personne : ça ne serait rien. Et voici que cela est.
Voici, Monsieur, pourquoi je rime.



Des vers non rimés sont (ou me font, à de rares exceptions près l'impression de) vers à écrire : l'intention y est - rien qu'elle.
Pour qu'une chose dure il faut qu'elle soit chanson, chanson étant elle-même son accompagnement musical, accomplie en elle-même, ne devant rien à personne.
(Pourquoi je rime ? Comme si on rimait - pourquoi ! Demandez le peuple - pourquoi il rime. L'enfant - pourquoi il rime. Et les deux - ce que c'est que rimer.)
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Lorsque, à une quelconque réunion littéraire française, j'entends tous les noms sauf celui de Proust, je dis dans un étonnement innocent : "Et Proust ?" - "Mais Proust est mort, nous parlons des vivants", - c'est chaque fois comme si je tombais des nues ; d'après quel indice établit-on que l'écrivain est vivant ou mort ? Est-ce que vraiment X est vivant, contemporain et actif parce qu'il peut venir à cette réunion, alors que Marcel Proust, parce qu'il ne peut plus aller nulle part sur ses jambes, est mort ? On ne peut juger ainsi que les coureurs.
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"Quand on ne peut plus agir on commence à jouir, donc à mourir, comme le témoignent les généreux et les beautés en retraite.
Notre première édition de luxe, si réjouissante aux yeux et nous ouvrant toutes les jouissances est le premier pas de géant de notre tombe vers nous."

Jugement posthume
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