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Critiques de Marquis de Sade (320)
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Les infortunes de la vertu

L'adjectif qu'il nous a légué est plus connu que son oeuvre, ainsi que lui-même (certains imaginent que c'est un personnage de la mythologie tout comme Narcisse).



Le titre du roman (qui aura d'autres versions) résume à peu près l'histoire. Une jeune fille naïvement vertueuse rencontre des mésaventures scandaleuses en voulant suivre opiniâtrement les chemins de la vertu. Sade par ces événements inopinés qui se succèdent comme dans une chaînes (comme dans les contes voltairiens) nous enveniment avec son sadisme et l'on se surprend parfois à maudire la naïveté exagérée de cette fille (voire apprécier sa punition pour sa confiance universelle). Peut-être qu'après tout, le marquis a voulu seulement donner libre cours à son imagination, sans avoir en tête la création d'idées philosophiques sur l'atrocité de l'être humain, avec ces religieux pervers notamment. L'être vertueux se trouve étranger, seul! il est entouré de loups, voilà peut-être l'idée trop religieuse qu'on peut tirer de ce roman.



Par ailleurs, Sade est un grand prosateur, j'ai adoré sa prose classique.
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Oxtiern ou les Malheurs du libertinage

Même si c’est une partie de son œuvre peu lue et peu appréciée, Sade a écrit une vingtaine de pièces de théâtre dans différents genres (comédie, tragédie historique, opéra comique etc). Ses premières œuvres sont d’ailleurs des pièces de théâtre. Il a fait des nombreuses démarches pour faire jouer ses pièces, qui ne l’ont été qu’à titre exceptionnel. Il n’y a que deux d’entre elles qui ont été représentées dans des théâtres professionnels de son vivant : Le suborneur en 1792, retirée de l’affiche après une seule représentation et cet Oxiern donnée en 1791 au théâtre Molière, qui a été jouée deux fois, et qui a été reprise en 1799 à Versailles où Sade travaillait comme souffleur, la pièce a été éditée à ce moment-là. C’est la seule pièce de l’auteur à avoir été publiée de son vivant. Les rares critiques de la pièce ne sont pas complètement négatives, mais mettent en question la noirceur du personnage titre.



La pièce s’inspire d’une nouvelle de Sade, Ernestine, écrite avant la Révolution et qui fait partie d’un ensemble, Les crimes de l’amour. La fin de la nouvelle est toutefois très différente. Dans la pièce, Oxtiern, un noble suédois, fait enlever Ernestine, une jeune fille de bonne famille, et emprisonner son fiancé sous des fausses accusations. Au début de la pièce, les personnages arrivent dans une auberge, en route vers un château dans lequel Oxtiern entend cacher Ernestine pour pouvoir abuser d’elle tranquillement et sans risques. Suit une intrigue assez compliquée et invraisemblable, entre Fabrice, l’aubergiste, qui se rendant compte de ce qui se passe, va aller faire délivrer le fiancé, et le père d’Ernestine qui vient par hasard dans la même auberge. Au final, Ernestine a le projet de se battre en duel avec Oxtiern déguisée en homme. Oxtiern, qui a découvert son intention, prévoit de la faire combattre dans l’obscurité du petit matin avec son propre père. Dans la nouvelle (que je n’ai pas lue) le plan « marche » et le colonel tue sa fille. Mais dans la pièce, le complot est découvert et c’est le méchant qui finit mort. Ernestine peut convoler avec son fiancé sorti de prison. C’est donc une sorte de fin « morale » et « heureuse », Oxtiern étant châtié pour ses méfaits.



C’est un étrange objet que cette pièce, et si Sade n’en avait pas été l’auteur, elle aurait eu peu de chances de continuer à être éditée. J’ai lu pas mal d’avis et de commentaires, beaucoup de spécialistes ou amateurs de Sade ne voyant pas grand intérêt à son théâtre dans son ensemble. D’autres font des analyse en lien avec ses autres écrits et essaient de faire des lectures avec des intentions ou sens cachés, qu’il s’agirait de décoder en lien avec la pensée de Sade, compte tenu des exigences morales en vigueur au théâtre de son époque et de la nécessité pour l’auteur d’édulcorer sa philosophie pour être représenté. J’ai tout de même la sensation que c’est surtout intéressant pour les érudits spécialisés dans l’époque ou dans l’auteur.
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Dialogue entre un prêtre et un moribond

Je ne sais même pas si ce texte est extrait d’un vrai bouquin ou si, un jour, s’emmerdant en prison, l’ami Sade s’est dit : fuck off des romans, je m’en vais te foutre un simple petit dialogue en dix pages.





J’ai lu ce livre un jour que je devais prendre le métro et que je n’avais pas de sac, parce mes bras allaient être occupés à porter les bières. Fallait que le livre puisse se plier et se foutre dans une poche. Mission accomplie. Niveau ergonomie, rien à redire.





A part ça, le dialogue est plutôt cool. Sade écrit que l’homme n’a pas besoin de moralité et que l’exercice d’une raison saine suffit à réguler les comportements. Ça rejoint l’idée nietzschéenne selon laquelle la morale a été créée par les hommes faibles qui n’ont pas d’appétits à combattre, ou ceux qui savent qu’ils ne peuvent pas contrôler tout seul leurs appétits dégénérés. Ça reste quand même moins cool que Nietzsche parce que Sade pense que nos actes sont déterminés par des lois physiques sur lesquelles la morale n’a pas prise. Alors ouais, je préfère largement l’idée nietzschéenne qui donne sa dignité à l’homme dans l’exercice sain de ses fonctions plutôt que cette idée sortie tout droit du trou du cul de la robotique industrielle. Et puis, Sade est parfois aussi con que mon voisin de palier lorsqu’il se croit malin de critiquer la fonction religieuse en posant les sempiternelles questions du naïf né de la dernière pluie : « Ah ! mon ami, s’il était vrai que le dieu que tu prêches existât, aurait-il besoin de miracles, de martyrs et de prophéties pour établir son empire, et si, comme tu le dis, le cœur de l’homme était son ouvrage, ne serait-ce pas là le sanctuaire qu’il aurait choisi pour sa loi ? » Mais bon, on était au 18e siècle, on ne peut pas être précurseur et forcément intelligent en même temps.

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Les infortunes de la vertu

je l'ai lu il y a très longtemps dans le cadre d'un séminaire de psychiatrie consacré aux "perversions sexuelles" en 1979 ou 1980.

Justine m'a plu par sa candeur initiale qui peu à peu se transforme mais la plume de Sade me touche peu.

certes, on ne nous demande pas d'éprouver du plaisir en lisant les frasques diverses du divin marquis mais j'avoue que je n'ai pas eu envie de lire autre chose, sauf peut-être "la philosophie dans le boudoir"....
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La philosophie dans le boudoir

La philosophie dans le boudoir a ce petit privilège d'être le seul livre de ma bibliothèque que j'ai surligné au fluo et annoté... afin de retrouver les passages importants (les réflexions pseudo-philosophiques, notamment) et ne jamais, mais jamais !, avoir à le relire, sachant que toute la génération des philosophes des années 70 le citait abondamment et que je ne pouvais m'y soustraire complètement. Mais ça m'a passé toute envie de lire le reste du divagant marquis...



Les parties de soi-disant réflexions n'y sont que des enchainements de sophismes lourdingues. La justification de la sodomie par exemple, qui est défendue une fois au nom de sa naturalité (si nous avons ces penchants en nous, n'est-ce pas que la nature a voulu ceci ?) et une autre pour son caractère artificiel (n'est-ce pas une façon de nous révéler plus ingénieux que la nature, maîtres d'elle, que de la détourner ?). Et ça cause, ça glose, c'est verbeux, c'est creux, pompeux et peu pompé au final, on s'ennuie et puis, enfin !, ça pratique un peu.



Malheureusement, les parties sexuelles … < La suite sur (PdB) >


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La philosophie dans le boudoir

La philosophie dans le boudoir ou les instituteurs immoraux portant en sous-titre"dialogues destines a l'education d'une jeune fille" est probablement une des œuvres majeures du marquis de Sade.L'histoire narre l'education erotique sur une journee,d'une jeune fille,Eugenie de Mistival,que mme de Saint-Ange et le chevalier de Mirval,son frere,vont initier a toutes les facettes de la luxure et de la gymnastique de l'esprit,aides du sodomite Dolmance et d'Augustin,garcon jardinier.Cet ouvrage se compose sous la forme de sept discours entrecoupes sur la liberte,la religion,la politique,la morale.Le livre offre aux lecteurs,la palette des possibles offerts par la lecture de Sade.

La luxure outranciere et illimitee jusqu'au crime,les discours philosophiques et politiques,insurrectionnels et illumines,pour l'avenement d'hommes naturels jouissant sans entraves.

Dans ce recueil,il s'attaque aux viols,vices et initiations erotiques.Au-dela meme de l'horreur que l'on peut eprouver en lisant ce livre-horreur due a la manière dont notre societe actuelle a dicte les interdits,qu'ils soient a la fois religieux ou sociaux-on peut trouver dans ces pages le message cache du marquis:beaucoup de philosophie,de verite et de cruaute,double d'un sens de la critique percant.

Sade ecrit de facon tres crue,mais ce n'est pas la l'essence meme de cette œuvre,il est un philosophe a sa manière et surtout un auteur hors pair

Je trouve que c'est un sublime recit philosophique double d'un roman libertin;je crois qu'il ne faut pas crier trop vite au scandale mais se pencher plus avant sur cette œuvre qui renferme des petits bijoux de reflexion

Ce livre est a conseille a tous ceux qui aiment les bons argumentaires
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La philosophie dans le boudoir

S'il fut un livre révélateur de son époque, celui-ci en est bien un. Véritable traité du libertinage autant que du libéralisme sous toutes ses formes, il est un résumé de la pensée générale de Sade, de sa philosophie.



Il se présente sous forme de conversations, qui pourraient facilement être considérées comme pièce de théâtre... si les bonnes moeurs n'interdisaient pas la représentation de toutes les scènes envisagées...



La conversation prend majoritairement deux formes : la description par les protagonistes des scènes sexuelles auxquels ils s'adonnent, présentées comme une leçon de maîtres dans cet art à une novice encore vierge; la présentation de la philosophie de Sade politique, religieuse (ou plutôt areligieuse) et sociale qui trouve d'ailleurs son apogée dans la retranscription in extenso d'un essai inséré dans l'ouvrage "Français, encore un effort si vous voulez être républicains".



Sade m'a déçu dans les deux domaines. Du côté de l'érotisme, s'il recherche l'exhaustivité de l'enseignement en tentant d'aborder toutes les formes de luxure, le style et le vocabulaire ne suivent pas. On assiste plutôt à un cours de gymnastique sexuelle décrivant les différentes possibilités de positions à deux, trois, quatre, cinq et jusqu'à six protagonistes. Les acteurs expriment immanquablement de la même façon leur plaisir (je vous laisse découvrir le vocabulaire de l'époque pour se faire) et la scène en question semble ne durer que quelques secondes; s'il y a du plaisir chez Sade, il est rapide comme l'éclair. L'auteur reconnait lui même dans certaines notes et incises la pauvreté de son vocabulaire et sa crainte de lasser le lecteur à force de répétitions... Bien pensé, il y arrive parfaitement.



Il y a assurément plus de recherche dans l'exposé de la philosophie. Sade s'attaque aux ennemis que son époque s'est trouvée: la religion, le despotisme et il y est plutôt habile, trouvant aisément les faiblesses de ces derniers et incitant son lecteur à les anéantir pour éviter de retomber dans leur esclavage. Il enchaîne avec la morale et cherche là-aussi à lui opposer la liberté la plus totale. La langue est ici plus choisie, plus travaillée... mais on sent au fur et à mesure que cet exposé ne cherche qu'à justifier les actes passés et futurs de celui qui l'expose. L'argumentation est parfois brillante mais, en cherchant à tout prix la victoire de la libéralisation finale et entière, elle passe par des raccourcis trop faciles et prête au final plus à rire qu'à réfléchir. C'est sans doute la partie la plus intéressante du texte, même si on ne lit pas forcément Sade pour y trouver une philosophie.



Bref, pour résumer, je n'ai trouvé chez Sade aucun érotisme dans la lubricité qu'il décrit et si sa philosophie m'a semblé mieux amenée, on ne peut que voir les grosses ficelles du marionnettiste qui, tout en prônant la tolérance pour l'homosexualité et la libération de la femme des entraves que la société cherche à lui imposer, a surtout pour but final de pouvoir librement profiter pour son plaisir personnel de tous les hommes et femmes ainsi libérés par lui de l'oppression.
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La philosophie dans le boudoir

Le marquis de Sade est très certainement l’un des auteurs les plus intéressants de la littérature française. On nous livre une vision du libertinage que l’on cautionne ou non, mais qui est écrite de façon brillante.



Personnage imbu de sa personne, persuadé de détenir la vérité, le marquis de Sade d’où son nom a créé le sadisme. Cela nous donne une certaine vision du personnage qu’il a pu être. Cet homme qui a été arrêté de nombreuses fois pour ses pratiques sexuelles. Tout le monde le critiquait, le dénigrait. La seule personne qui ne comprenait pas que l’on puisse le rabaisser c’était lui-même (et sa clique de libertins).



Ici on va nous présenter sa philosophie de vie. Les histoires qu’il se raconte sur la moral, la vertu, la religion. Ce texte est l’un des moins sadiques et des plus compréhensibles qu’il a pu écrire. On nous donne une vision du libertinage, de ce qu’ils ont fait, de ce qu’ils veulent faire. Le texte est beau malgré son sujet controversé. Le marquis de Sade est un homme lettré qui sait écrire. Il démontre ici de la volonté des hommes et des femmes de pouvoir jouir de tous les plaisirs qu’ils souhaitent peu importe leurs sexes, leurs genres, leurs statuts, leurs préférences sexuelles.



C’est un texte d’une modernité rare. Il faut remettre dans son contexte que le marquis de Sade aurait du se cacher pour assouvir ses pulsions. Comme il ne le faisait pas, on l’a souvent enfermé pour destituer ses envies. Bien sûr, cet homme était bien trop extrême dans ses réflexions et nous montrait qu’il ne possédait aucunes limites. Sa vision de la sexualité ne connait aucunes barrières et il essaye de justifier ses inclinaisons sexuelles. Et même si elles restent parfois très frauduleuses il faut lui reconnaître son non-gène et sa capacité à rester ce qu’il est. Malgré les menaces, les emprisonnements, les amendes, le marquis de Sade reste et restera l’un des hommes le plus vicieux et le plus pervers qui ait vécu à cette période.



Il faut bien reconnaître qu’au sujet du libertinage, que l’on apprécie ou non le sujet, le marquis de Sade reste une lecture indispensable !
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La philosophie dans le boudoir

La philosophie dans le boudoir est un petit traité du libertinage de la fin du XVIIIème siècle. Plus exactement, le marquis de Sade nous dévoile ici de différentes manières (discours de Dolmancé mais également confrontation des points de vue avec Mme de Saint-Ange et Eugénie) en se basant sur diverses thématiques (le refus de toute religion, le poids de la nature et du droit) une certaine conception de la vie.



Lue aujourd’hui, celle-ci ne peut que choquer… Le constat est difficile tant les époques ont changé. Si le choc est différent il n'en demeure pas moins présent. Les mœurs se sont quelque peu relâchées depuis et pourtant la surprise est au rendez-vous. Les raisons ne manquent pas : éducation de masse, accession plus large à la culture, État providence... Le discours d'un privilégié ne peut que faire grincer quelques dents aujourd’hui.



Les passages consacrés à l’érotisme ressemblent curieusement à ce que l’on pourrait appeler un film pornographique d'aujourd’hui. Le scénario, les postures (quoique, certaines sont franchement difficile à imaginer…), les propos légers, la déconsidération portée à l’acte d’amour, tout cela est bien concocté pour ce type de filmographie.



Il est donc bien difficile d'apprécier ou de rejeter l’ouvrage placé entre la philosophie légère ou l’érotisme osé. A réserver à un public averti.
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Les 120 journées de Sodome

L’épuisement du désir par la satisfaction du vice voilà ce que cherche à nous enseigner Sade dans cette œuvre abominable qui ne pourra qu’exciter les plus dégénérés d’entre nous (le monde étant déjà bien dégénéré, il pourrait malheureusement plaire à beaucoup de monde).

Étant donné que le désir s’épuise vite, Sade nous apprend ici que pour qu’il renaisse, il faut que le vice monte en crescendo. Plus les pages défilent, plus les passions sont fortes, violentes et intolérables pour aller jusqu’au meurtre.

Même si ce livre nous donne une leçon, on ne peut pas l’apprécier (sauf si on est profondément pervers).

En définitif, c’est un exploit que de pouvoir finir ce livre jusqu’au bout ! Exploit réalisé pour ma part en restant sourd sur certains passages et en ayant des nausées sur beaucoup d’autres ! Et pourtant j’en ai lu des livres d’horreurs…

Attention pour lecteurs avertis (ou profondément pervers !) ! ! !


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Justine ou les malheurs de la vertu

J'aime lire le marquis de Sade, bon, parfois il est lourd de lourd, on comprend bien que c'est la plume d'un prisonnier en manque, mais il n'en reste pas moins un écrivain. Il décrit un monde où la vertu ne cause que ruine et échecs. Dans les pyramides du pouvoir, c'est toujours le plus criminel qui arrive en haut, pas le plus vertueux. Le marquis de Sade déploie ses œuvres comme autant de tableaux très réalistes de l'humanité. Il est facile de comprendre pourquoi il a passé sa vie en prison. Le marquis dérangeait les rois, les révolutionnaires, les empereurs et il dérange toujours. Il n'est toléré que comme un original, un descriptif des univers bdsm alors qu'au contraire, c'est un grand écrivain qui aborde des sujets cachés comme la libido du pouvoir, la libido du subir. Une grande intelligence qu'il a mise au service de sa plume, ce qui n'a causé que des malheurs dans sa vie.
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Justine ou les malheurs de la vertu

En tant que lubrique notoire, auto-proclamé, et assumé, qui a pour maîtres à penser Ellroy et Bukowski depuis de bien longues années, tous mes amis éclataient de rire et démolissaient ma crédibilité quand je leur disais que je n'avais encore jamais lu les écrits du Divin Marquis... Il FALLAIT que je comble cet... impératif. Voila qui est chose faite, et je m'en vais gloser à propos de Justine.



Je ne savais pas du tout que j'allais lire un truc pareil, je pensais à quelque chose de proche des Liaisons dangereuses, à un roman confiné dans les boudoirs luxueux... Que nenni! Imaginez un roman philosophique à la Voltaire, mais version trash. L'héroïne Justine n'a de cesse (et vraiment... c'est TRÈS répétitif, un des seuls reproches qu'on puisse faire à l'oeuvre) de tomber de Charybde en Scylla sur 360 pages. Partout où elle va, elle sera violée, torturée, victime de chantage, accusée de meurtre, etc. Avec à la clé, des joutes verbales incroyables, car chez Sade, les voleurs, criminels, pervers les plus dérangés, toute la lie de la société, sont de formidables raisonneurs et philosophes, qui défendent dans des argumentaires magistraux leurs pratiques et vues morales. le roman est ainsi structuré : Justine arrive quelque part, chez quelqu'un, elle se fait duper et se retrouve prisonnière des plaisirs et des infâmies de son hôte, mais avant ou après la scène orgiaque, nous avons droit à la justification par le forban de ses "affreux systèmes" comme Justine les appelle, avec même à la clé arguments d'autorité. Je dois dire que les premiers sont assez extraordinaires, on dirait presque du pré-Hugo, encore une fois version trash, car le grand Victor ne saurait voir cela : Sade justifie le crime, la légitimité à exercer le mal, à cause de la pauvreté terrible, des inégalités qui s'abattent sur ceux qui sont devenus des malfrats. Les tirades en faveur de l'athéïsme, qui montrent à la pauvre et vertueuse Thérèse (identité factice de Justine durant toutes ses aventures dégradantes) que Dieu est forcément absent ou mauvais vu ce qu'il arrive à sa plus fidèle disciple et à quel point les brigands triomphent toujours d'elle, sont également assez jouissives. J'ai pensé à La Fontaine aussi, lorsque la pyramide de la Création est remise à plat, que toute vie, jusqu'à la plus misérable, est défendue, justifiant ainsi le meurtre, puisqu'il nourrit les vers!



Mais au fur et à mesure que le roman se répète et que les délires des tortionnaires empirent, on se lasse et on adhère moins, particulièrement quand il s'agit évidemment de défendre l'infanticide, le sadisme à proprement parler, le plaisir du meurtre, etc. Mais l'exercice rhétorique, de la part de Sade, est tout de même louable. La fin est plutôt inattendue, et j'ai bien ri.



Par le caractère systématique des pièges et horreurs dans lesquels tombe Justine/Thérèse, et l'omniprésence du Mal, cela peut être une lecture difficile et rebutante pour beaucoup de lecteurs, âmes sensibles s'abstenir... Malgré l'humour gras à certains passages, le côté parodie des romans de l'époque et la naïveté incorrigible de Justine qui prêtent parfois à rire.



Sade est en effet souvent apparenté au roman noir, ou perçu comme un précurseur... Je ne suis pas vraiment convaincu par cette étiquette. Certes, il donne à voir une société ENTIÈREMENT gangrénée par le vice et la corruption, où Justine, et seulement deux ou trois véritables bienfaiteurs, sont des exceptions... Mais on reste tout de même dans une ambiance, une écriture (magnifique, soit dit en passant, bien qu'elle aussi répétitive) et une construction romanesque caractéristiques du XVIIIe siècle.



Ce qui est drôle, c'est qu'il existe trois versions de ce roman, de la plus soft à la plus hard. Celle-ci est l'intermédiaire. Je n'ose imaginer la troisième (La Nouvelle Justine)...



Me voila convaincu, malgré évidemment le petit lot de réserves! J'en lirai certainement d'autres plus tard, j'en ai quelques-uns... En attendant, je pense revenir à une de mes idoles de toujours...



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Justine ou les malheurs de la vertu

« Tout le monde veut savoir ce que c'est qu'un tel ouvrage ; on le demande, on le recherche, il se répand, les éditions s'épuisent, elles se renouvellent, et le poison le plus cruel circule avec l'abondance la plus funeste ». Voici ce qu'on pouvait lire en 1797 dans un article du Spectateur du Nord. Un poison des plus cruels la Justine de Sade ? Il est vrai que l'histoire est assez déroutante et bien loin de la catharsis morale définit par Aristote. Justine est probablement l'un des personnages de fiction les plus vertueux de toute la littérature française, tandis que sa sœur Juliette jouit d'un hédonisme mesquin immodéré.Bien loin respecter les valeurs morales (qui font gagner les « gentils » et perdre les « méchants ») si chères à la littérature du XVIIIème siècle, Justine connaîtra l'enfer sur terre à cause de ses bonnes actions. Soulignons-le, c'est bien à cause de ses bonnes actions qu'elle vivra un enfer : la causalité est bien mise en évidence. A chaque fois que la jeune fille aide un homme dans la détresse, il en vient à la séquestrer, à la violer et à lui faire subir les pires sévices sexuels, parfois en compagnie d'autres hommes. Justine va de tableaux d'horreur en tableaux d'horreur. Si bien qu'elle ne peut qu'abdiquer face à la folie et la terreur que lui inspirent de tels personnages. Souvent, elle n'est pas la seule esclave sexuelle au sein de ces demeures, ce qui renforce la personnalité abjecte des ravisseurs.



Mais Justine s'échappe à chaque fois. Et à chaque fois, sa vertu la pousse à aider un autre homme dans la détresse. Elle ne comprend pas la leçon. Aucun homme ne lui est redevable dans l’œuvre. La causalité entre ses bonnes actions et les malheurs qui suivent est évidente mais la jeune femme ne s'en rend jamais compte. Et c'est en cela que la lecture de Justine est épouvantable. On lit l’œuvre de Sade avec une quasi-fascination pour le masochisme manifeste de la protagoniste.A cette quasi-fascination s'ajoute un sentiment de trop-plein, de dégoût. Le style de Sade est volontairement logorrhéique, étouffant, avilissant. Les péripéties se répètent selon un schéma identique : Justine aide un homme dans le besoin, l'homme en guise de remerciement lui propose un travail, un hébergement ou une récompense quelconque qu'il faut aller chercher dans sa « maison », Justine accepte, elle se retrouve séquestrée comme esclave sexuelle... Puis elle se libère in extremis, aide de nouveau un homme dans le besoin qui lui proposera une récompense etc. etc. etc. On en vient à la conclusion que Justine est masochiste. Elle pense agir pour le bien, mais en réalité, force est de constater que Dieu ne lui veut pas de bien et qu'elle désire – même inconsciemment- le mal.



Certes, le marquis de Sade arrive à imager avec presqu'élégance les scènes les plus terribles, mais l'intérêt de l’œuvre ne réside pas uniquement dans ceci. En effet, à plusieurs occasions (généralement après la jouissance, quand l'esprit est apaisé), Justine discute avec ses ravisseurs. Elle leur demande notamment pourquoi ils sont si mauvais. Chaque ravisseur, quelque soit son degré de dépravation, assure sa propre défense à travers une rhétorique maîtrisée qui peut chambouler l'esprit des lecteurs les moins avertis. L'un de ces arguments consiste notamment à dire que c'est la nature qui a placé en eux de telles dépravations (la coprophagie par exemple), et donc, qu'ils ne font que suivre leurs pulsions naturelles. En trois lignes, l'argumentation semble peu solide, mais plongé dans le roman, le lecteur se surprend à chercher en quoi l'argumentation ne peut pas tenir. Le malaise survient lorsqu'on ne sait pas quels arguments opposer face à de tels atrocités verbales. Sade renverse totalement les codes de la littérature morale. Les ravisseurs se font l'avocat du Diable et grâce à une rhétorique maîtrisée, les lecteurs les plus influençables risquent fort de se poser des questions. C'est pour cela qu'il n'est pas étonnant de parler de cruel poison en évoquant cette œuvre. Il est un poison pour les esprits les moins solides. Pour les autres, Justine ou les malheurs de la vertu représente une lecture rare, qui peut mettre mal à l'aise, écœurer, mais qui, ne l'oublions pas, comporte tout de même un humour noir audacieux et parvient à fasciner.
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La philosophie dans le boudoir

Je n’ai pas lu beaucoup d’ouvrage de Sade, aussi quand en 2010 Le Monde propose « Les grands classiques de la littérature libertine », j’achète les deux premiers exemplaires : Diderot et ensuite Sade. (J’ai arrêté là cette collection, non pas qu’elle ne soit pas de qualité, mais parce que c’est vite devenu lassant, et que j’avais d’autres objectifs.)

L’argument du livre consiste en une journée d’initiation d’une jeune fille, émaillée de réflexions plus ou moins philosophiques. Tout y passe : le contexte politique, le monde, la religion, etc..

Entre les avis exprimés et les scènes libertines (le mot est faible) il ne faut pas trop s’étonner que ce texte n’ait pas trop plu à l’époque, réputée moins permissive que la nôtre. Cependant je me suis demandé si l’on pourrait aborder certains sujets impunément aujourd’hui. (Initiation d’une toute jeune fille, inceste….)

On aurait pu avoir le discours philosophique sans la partie initiation sexuelle, mais Sade ne serait pas devenu Sade. D’ailleurs quel est l’objectif principal : Le roman libertin ou le message philosophique ? Quel est l’alibi de l’autre ?

La question reste posée.

C’est donc un ouvrage qu’il faut avoir lu pour pouvoir en parler, mais qui ne changera pas vraiment notre niveau de réflexion.

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Justine ou les malheurs de la vertu

Ce n'est pas parce que la réalité de l'histoire du 20e siècle a égalé en horreur les récits sadiens que cela justifie de considérer Sade comme génial, ce qui pour moi relève de la farce. La transgression pour toute philosophie génial effectivement !!! Pourquoi pas la réhabilitation et l'apologie d'Hitler pendant qu'on y est ! Mais au bon train où vont la sottise et la déliquescence des sociétés, ça ne saurait tarder. Comme disait ma grand mère « tu viendras pas me pleurer dans mon jupon après ! ».

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Les Crimes de l'amour

C'est un recueil de cinq nouvelles.

La première raconte la séduction d'une jeune fille de bonne famille par un bandit de grand chemin qui se fait passer pour un noble.

La deuxième relate l'histoire de Mlle de Florville,  engrossée par son frère, aimée par son fils et mariée à son propre père.

La troisième met en scène Dorgeville, brave âme qui se fait manipuler par une femme dans le but d'obtenir sa fortune.

La quatrième raconte les manipulations de Mme De Sancerre, jalouse de sa fille, qui séduit le prétendant de sa fille pour ne pas la laisser à celle-ci.

La cinquième raconte l'amour de Franval pour sa fille Eugénie, amour qui va amener l'opprobre sur la famille et va amener celle- ci au drame.

Le thème récurrent dans les nouvelles est l'inceste.

En le lisant au premier degré, comme Florville, on pourrait croire que Sade est un moraliste, la vertu, l'amour du Christ il n'y a que ça qui peut guider la vie humaine. Lorsqu'il débute Eugénie de Franval, il commence par dire «  Instruire l'homme et corriger ses mœurs, tel est le seul motif que nous nous proposons dans cette anecdote ». Bien sûr la correction des mœurs dans le sens amélioration n'est pas envisagé. En commençant une nouvelle de cette façon il se moque des religieux, alors à l'époque principaux préconisateurs de correction morale.  Mais les démonstrations faites le sont uniquement pour être mieux détruites.
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La philosophie dans le boudoir

Ma foi, ce bouquin, je ne sais pas trop par quel bout le prendre... Le Marquis de Sade et sa petite philosophie m'ont laissée perplexe. Je ne sais pas s'il faut rire de tout ce bavardage car ce n'est peut-être qu'une grosse blague ; ou se réjouir du petit tour que le Marquis a fait en zonzon après la publication de ces écrits parce qu'il pensait vraiment tout ce qu'il disait.



D'abord j'ai trouvé le livre fort mal écrit. Venant d'un aristo, je m'attendais à un style plus recherché, or s'est mauvais de chez mauvais.



Ensuite le contenu laisse à penser que l'oisiveté est vraiment la mère de tous les vices. Le petit Marquis aurait dû s'occuper l'esprit, ça lui aurait évité d'encourager ses contemporains à la violence. Autre époque, autres mœurs me rétorqueront certains. Mouais... Tortures, pédophilies, viols, incestes, matricides sont défendus avec ardeur par Sade. Je ne sais pas si c'est par goût de la provocation ou sincère mais, quoiqu'il en soit, c'est parfaitement idiot et condamnable, aujourd'hui comme hier.



Bien sûr que les pédophiles, les violeurs, les parents incestueux et les meurtriers n'avaient pas besoin de lire cette tambouille pornophilosophique pour passer à l'acte mais de là à donner des conseils pour bien violer un gamin de sept ans, il y a une marge.



Bref, toute cette violence était inutile. Le discours à charge contre les dogmes religieux fait sourire même s'il est moins crétin que le reste. N'empêche que ça ne vole pas haut.



Mais je crois que ce qui m'a laissée le plus circonspecte est l'initiation d'Eugénie au sexe. On est dans un pur fantasme d'une idiotie étonnante venant d'un type qui, semble-t-il, pratiquait beaucoup.



La petite est vierge, se fait sodomiser à sec mais jouit comme une dingue ? Mieux, elle en redemande dès que c'est fini. Et quand elle se fait déflorer (ou plutôt défoncer vu la brutalité du Chevalier), elle pleure un peu mais finit par jouir et c'est à peine fini qu'Augustin s'y met et, bien évidement, la petite adore ça. C'est de la science-fiction. Ou alors je n'ai pas la même anatomie qu'Eugénie. Le reste des scènes porno est à l'avenant et c'est franchement ridicule.



En conclusion, je me suis ennuyée à périr à la lecture de tout ce blabla. Ce bouquin ne m'a rien apporté, ne m'a pas fait réfléchir et il ne m'a même pas choquée tant il est inepte. Je me ferai un plaisir de l'oublier aussi vite que je l'ai lu.
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Justine ou les malheurs de la vertu

l'expo inspirée de Sade au grand palais me fait ressortir ce livre lu depuis longtemps;j'avais bien aimé découvrir cet esprit si particulier en parallèle avec ma découverte de la philosophie...quelque part de quel principe de base partons nous pour envisager nos relations aux autres
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Les 120 journées de Sodome

il s'agit du livre le plus dur qu'il m'ait ete donne de lire

le livre le moins emouvant et le plus repugnant

le livre le plus noir de ce cher marquis de sade

livre ou l'homme et le sexe sont confondus avec de la merde
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La philosophie dans le boudoir

Vous pouvez vous abstenir de cette lecture... si le sadisme vous effraie.

Il est vrai que "La philosophie dans le boudoir" du Marquis de Sade peut déranger mais il s'agit d'un classique de la lecture érotique et d'éducation sexuelle qui associe les descriptions pratiques à certaines théories.

Une femme, Madame de Saint-Ange et un homme, Dolmancé, vont s'accorder pour sauver la jeune Eugénie de la vie vertueuse qui lui est imposée par sa mère. Ces trentenaires en pleine santé vont initier l'adolescente aux plaisirs de la chair en explosant les conventions et en explorant de nombreuses parties des corps sur le modèle des orgies grecques et romaines.

Le roman est construit en sept chapitres sous forme de dialogues donnant à entendre les cris de plaisir des personnages de plus en plus nombreux pour expérimenter toutes les positions possibles.

Ils sont loin d'être hantés par la conscience du péché mais au contraire revendique la débauche comme mode de vie. le désir n'est pas amoureux mais uniquement sexuel.

Sade en profite pour prendre position (c'est le cas de le dire) afin de défendre sa conception de la liberté et sa détestation de la religion et de la morale, ce qui est assez moderne pour l'époque.

Après, on peut avoir à redire lorsqu'il fait l'éloge de la sodomie, de l'inceste, de la douleur (pour le côté SM) ou encore lorsque Eugénie maltraite sa mère avec violence quand elle vient la chercher. Contrairement à Sade, je ne pense pas que la cruauté soit dans la nature.





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