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Critiques de Mary Shelley (512)
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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Fade et suranné.





Une petit livre écrit par désoeuvrement et par défi qui finit comme un classique ( et non un chef d'oeuvre), détonnant avec ce qui se faisait à l'époque de son écriture.





Tout le monde connaît le "monstre" de Frankenstein, immortalisé à l'écran par Boris Karloff (encore que les boulons et les électrodes ne soient pas dans le livre), un beau bébé à la peau de momie de près de 2 mètres 50 (8 pieds, pour plus de facilité lors de sa fabrication). Tout le monde sait, que le monstre n'a pas de nom et que Frankenstein est celui du savant qui lui a donné la vie. Mais qui a lu l'oeuvre originale ? Ben pas moi, voilà une erreur réparée...





L'histoire d'un savant maudit (dépassé par son oeuvre) et non d'un savant fou et machiavélique, ayant percé le secret de la vie et qui crée une créature pensante de toute pièce. Une créature qu'il rejettera immédiatement. Cette créature autodidacte, sensible et parlant très bien (contrairement à l'image qu'on se fait d'elle) sera également rejetée par ceux qu'elle tentera d'approcher, recherchant leur compagnie. Ne pouvant s'intégrer, rejetée par son créateur qui lui refusera même une compagne, il choisira, la mort dans l'âme, la haine, persécutant son créateur qui trouvera la mort en le pourchassant.





Le roman est un mix de roman épistolaire et d'une narration à la première personne que j'ai trouvé extrêmement fade, sans relief et, pour le coup ce n'est pas la faute de l'écrivaine, dans un style terriblement vieilli. C'est long à démarrer (alors que le livre ne fait que 250 pages), il y a des longueurs, des répétitions, des descriptions qui n'apportent rien au récit. Bref à mon sens, il ne faut pas lire ce livre pour sa capacité à tenir le lecteur en haleine (qui suis-je pour critique sa qualité littéraire ?). Je me suis ennuyé.

Au delà du style, reste ce que représente l'histoire. Un intérêt historique indéniable pour la science-fiction, point de départ du mythe de Frankenstein qui obligera des générations d'auteurs de sf à se faire retourner contre leur créateur, les êtres ou intelligences artificiels. Heureusement qu'Isaac Asimov passera par là et mettra fin à cette terrible série en créant les trois lois de la robotique (dont la première interdit au robot de porter atteinte à un être humain).

Restent la mise en lumière des peurs humaines de l'inconnu et de l'étranger, les dangers de la recherche non contrôlée ou la création non assumée.





Trois étoiles, pour son caractère "historique" et culture générale, mais deux étoiles si on lui retire sa célébrité.
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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Ce qui est fascinant lorsqu'on lit un ultra classique sur le tard, c'est de confronter son texte avec tout ce qu'il a engendré de discours, de fantasmes lorsque les arts les plus variés s'en sont emparés. Et là, avec Frankenstein, on se régale tant le roman est fondateur de tout un pan de notre imaginaire fantastique.

Si le personnage du savant démiurge Victor Frankenstein est finalement très falot, lâche et souvent agaçant avec ses atermoiements permanents, ce n'est que pour mieux mettre en évidence le magnifique personnage de la créature. Quelle richesse, quelle complexité pour nous dépeindre son âme. Car dans le roman, il en a une. Ce n'est pas le monstre stupide avec des boulons dans la tête, s'exprimant par borborygmes serviles. Non, il est doué de raison, de sentiments, d'un raffinement de pensée et dispose d'une éloquence distinguée.

Mary Shelley élude complètement le comment scientifique de sa création, il est là, point final, mais nous laisse tout comprendre de ce qui l'agite et le tourmente. Victor Frankenstein, n'est pas un savant fou, c'est juste un être humain avec toutes ses faiblesses, un homme maudit à cause des ses erreurs à l'égard de sa créature. C'est elle qui est touchante, abandonnée par son créateur horrifié devant la laideur qu'il a produite, seule et ayant conscience de sa solitude, cherchant à la rompre en allant vers les hommes mais repoussée de tous à cause de sa monstruosité physique. Et c'est ce rejet qui la pousse à plonger dans le crime, son trop plein d'humanité va la conduire à sa déshumanisation.

Passionnant thème en plein dans le courant romantique qui naît à cette époque. Et c’est d’autant plus impressionnant que ce roman a été écrit par une jeune fille de 18 – 19 ans ( certes au beau pedigree littéraire ) lors d'un moment de désoeuvrement entre amis.

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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Livre lu dans le cadre du club de lecture du mois d'octobre.



Pour moi qui suis novice en classiques, je dois avouer que ce roman est une vraie découverte, et plutôt une très bonne.



Ce roman nous raconte donc la vie de Victor Frankenstein et du monstre qu'il a créé et qui va lui apporter tant de malheurs. Je ne vais pas m'étendre sur le résumé puisque beaucoup connaissent cette histoire célèbre de deux siècles.



Pour ma part j'ai beaucoup aimé le style et le genre, c'est un roman précurseur pour l'époque à laquelle il a été écrit et je trouve ça vraiment agréable à lire.

Je n'ai pas beaucoup aimé le personnage de Victor Frankenstein qui a mon sens est un modèle d'égoïsme et égocentrisme. Il fait des choix qu'il n'assume pas, il est irresponsable et très apitoyé sur le sort qu'il s'est lui-même provoqué.

Par contre j'ai eu énormément d'empathie pour son monstre, il m'a émue et touchée, même s'il commet des actes répréhensibles, il donne vraiment de l'impression d'agir sous le coup du désespoir et du chagrin. Jusqu'au bot du roman ça aura été un personnage qui m'a surprise et que j'ai admiré par son charisme, ses sentiments, son empathie, sa franchise et sa sincérité. Pour moi c'est un être entier et je trouve que malgré l'aspect physique horrifiant, il est d'une beauté d'âme qu'aucun humain ne pourrait égaler.



Enfin pour moi ce sont 4 étoiles, la seule chose qui m'a manquée serait probablement l'action. On assiste tout le long du roman a une succession de personnes qui nous raconte leur histoire et donc il y a peu de mouvement, mais cela reste un très beau roman.
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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Les femmes ne sont pas si nombreuses dans la science-fiction. C’est donc tout à fait étonnant de constater qu’une jeune anglaise de 19 ans a écrit en 1816 un des premiers « classiques » du genre.



Il faut dire que Mary avait de qui tenir, son père était l’écrivain William Godwin et sa mère, Mary Wollstonecraft, était la célèbre pionnière du féminisme britannique, auteure de « Défense des droits de la femme ».



Le texte de Mary Shelley ne ressemble cependant pas beaucoup au monstre retenu par le cinéma et l’imagerie populaire. C’est l’ambiance de la littérature anglaise du 19e siècle, dans un ouvrage qui ne vise pas qu’à avoir peur de la « créature », mais amène aussi la réflexion sur la vie et la responsabilité scientifique.



Plus tard, des monstres réels ont été créés par la science et des Nobel ont été effrayés par ce qu’ils avaient mis au monde. De nos jours, les docteurs Frankenstein font couramment des greffes de cœur, de rein et même de visage et s’aventurent même dans le bricolage génétique…



Un roman de science-fiction rédigé à la lueur de la chandelle, un texte fondateur, à lire pour se rappeler les origines et mesurer le chemin parcouru…

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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Ce Prométhée moderne n'a rien à envier à son légendaire aîné qui déroba le feu sacré de l'Olympe pour en faire don aux humains, déclenchant alors la fureur des Dieux !

Mary Shelley, elle, n'a pas usurpé son talent pour écrire ce premier roman en 1816 à l'âge de 19 ans, Frankenstein est entré dans le lexique et le patrimoine mondial.

Pourtant toute sa vie se déroule sous l'emprise du malheur !

Âgée de dix jours, elle perd sa mère. Avec son mari, elle combat un endettement sans fin. Elle Perdra trois de ses quatre enfants. Et comme si cela n'était pas suffisant, son époux se noie dans l'océan !

Les Dieux voulaient-ils se venger ?

Il semble bien qu'à notre époque, ils ne soient pas encore rassasiés …

De nos jours, Mary Shelley à vaincu pour toujours ce sort funeste en nous offrant son cri humaniste, sensible et poétique.

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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

À l'instar de Dracula, le Docteur Frankenstein et sa créature sont des personnages récurrents du Septième art. Tout et (surtout) n'importe quoi ont été édités sur ces figures emblématiques : je voulais donc découvrir par moi-même le texte original de Mary Shelley.



Victor Frankenstein est un jeune homme féru de sciences dès son plus jeune âge. A peine rentré dans sa vie d'adulte, il quitte sa ville natale de Genève et sa famille pour s'installer en Allemagne et débuter des études à l'université d'Ingolstadt. Deux professeurs vont alors l'initier à la chimie et aux sciences naturelles : à partir de ce moment-là, le jeune homme n'aura pas d'autres but que de découvrir l'origine de la vie. Au terme d'un travail acharné, il parviendra lui-même à donner la vie à une créature. Mais, à force de vouloir jouer à Dieu, le cours de son existence s'en trouvera complètement bouleversé, les choses allant de mal en pis.



Le roman est composé de trois récits mis en abîme, c'est à dire qu'ils s'imbriquent les uns dans les autres comme des poupées russes. le premier narre l'exploration polaire de Walton qui a recueilli sur son bateau Victor Frankenstein ; le second rapporte l'histoire de ce dernier et le troisième fait état de la survie et de l'apprentissage de la créature. Cette composition offre un grand dynamisme à l'intrigue tout en distillant dans le récit des éléments de compréhension, éclairant le lecteur sur l'histoire des personnages.



Quant à ces derniers, Mary SHELLEY a beaucoup travaillé sur leur psychologie. Ils sont profondément humains et échappent à tout manichéisme. J'ai ressenti beaucoup d'empathie pour eux : certes, le Docteur Frankenstein souffre des exactions commises par sa créature, mais ne l'a-t'il pas au départ rejeté? Ne lui dédaigne-t'il pas sa part de bonheur en refusant de lui créer une semblable? Certes, le "monstre" a commis des actes impardonnables mais ne souffre-t'il pas de son aspect repoussant qui lui vaut rejet et solitude alors même qu'il possède un esprit fin et raffiné?



Le roman de Mary SHELLEY permet de développer également plusieurs pistes de réflexion non dénuées de philosophie, comme la haine, la vengeance, la solitude, l'amitié, le bonheur ou la Nature Humaine. Est-on humain parce que l'on vit et pense? Est-on humain parce que l'on ressent des émotions et possédons des sentiments? Est-on humain parce que l'on est capable de développer des relations sociales?



Enfin, le style d'écriture de Mary SHELLEY m'a beaucoup surprise au départ : comme l'a fait remarqué Fnitter, le style est pompeux et suranné. Je suis d'accord et il m'a fallu quelques pages pour m'y habituer. Mais passé cela, j'ai complètement adhéré : le style est d'une incroyable beauté et d'une grande diversité. le lyrisme qui s'en dégage donne au lecteur une impression de poésie et le rapproche complètement des narrateurs.



Bref, vous l'aurez compris, le roman de Mary SHELLEY m'a beaucoup séduite par son style d'écriture, son réalisme et ses pistes de réflexion. Il est bien plus étoffé que l'idée de départ ne le laisse supposer. Si vous en avez l'occasion, n'hésitez pas à faire le détour, il vaut le coup d'oeil.




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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Je pensais relire Frankenstein mais il s’est avéré que l’édition qui traînait dans ma bibliothèque depuis 14 ans était une version abrégée. Je suis donc passée au texte intégral.



Tout le monde connaît l’histoire de Victor Frankenstein et de sa créature (qui n’a pas de nom). Je ne vais pas vous raconter l’histoire.



Mon impression : c’est une histoire affreuse. Je ne dis pas qu’elle est mal racontée, bien que je ne sois pas friande des genres épistolaires. Ce monstre qui n’a pas demandé à «venir au monde » ne trouve évidemment pas sa place dans la société. Ce sentiment d’exclusion va faire naître en lui une haine et un désir de vengeance qui va faire beaucoup de victimes.



Je n’ai pas apprécié le personnage de Frankenstein.



- Maudite créature ! dit Frankenstein.

- Maudit créateur ! dit la créature.



Qu’ils se battent en duel et qu’on en finisse !



C’est un classique que je ne relirai plus.







Challenge plumes féminines 2018

Challenge défis de l’imaginaire (SFFF) (127)
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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Ce que j’ai ressenti :

« Esprits errants, si vraiment vous errez et si vous ne restez pas dans vos lits étroits, accordez moi un peu de bonheur ou conduisez moi comme votre compagnon, loin des joies de l’existence! »



Ma première satisfaction, c’est d’enfin avoir lu ce Classique ! Dès fois on s’en fait une montagne, on ne s’y aventure pas de peur que ce ne soit trop ardu comme lecture, mais finalement c’est n’est pas le style qui m’a rebuté malgré les 200 ans qui nous en sépare !



Connaitre enfin la véritable histoire de ce personnage et l’origine de ce mythe restera le gros « plus » de cette lecture. Maintenant je sais que Frankenstein n’est pas la créature mais le créateur, qu’elle était jaune (et non pas verte) et qu’elle n’est pas un monstre dénué de paroles, mais bien, un être pensant. C’est fou l’effet de la cinématographie de nos jours comme elle peut induire en erreur.



Pour ce qui est de l’œuvre en elle même, j’ai adoré l’incipit épistolaire! J’aurai même préféré suivre ce roman ainsi ! Ce Robert Walton a une passion dans son écriture qui nous anime des meilleurs sentiments! On se sent présent à ses cotés dans le Grand Froid et son enthousiasme est fortement contagieux ! Ce capitaine courageux et animé a eu plus mon intérêt qu’aucun autre personnage de ce livre.



« Qui peut arrêter un cœur déterminé et un homme résolu à tout ? » p18



« Je suis surement besogneux-entreprenant comme un artisan qui travaille avec persévérance et courage- mais en outre il y a en moi l’amour du merveilleux, la croyance au merveilleux, présente dans tous mes projets. » p16



Changement de style ensuite et autre personnage qui prend le relais… Déjà, j’accroche moins… La vie de Victor Frankenstein est intéressante jusqu’à ce qu’il crée sa fameuse créature… Là l’ennui commence à me saisir, car ce personnage sombre dans la mélancolie et se plaint, se plaint, se plaint…. J’aurai encore préféré suivre un savant fou imbu de lui même, que cet être lâche et abattu qui refuse de prendre ses responsabilités !



Le temps m’a paru long et ennuyeux à ses cotés, simplement parce qu’il me semblait trop apathique, et puis cette créature pensante (d’ailleurs là aussi Grand Mystère quant à sa capacité de vie et de conscience^^) qui détient les vraies valeurs de Bien décide de se tourner vers le Mal parce qu’il est rejeté? Mouais pas convaincue , moi!



Heureusement que sur la fin j’ai vu comme un petit regain d’intérêt pour ce duo maléfique et torturé.



Après, je peux comprendre que ce livre a ses adeptes, mais c’est surtout l’imaginaire vers quoi il tend qui est intéressant! Les pensées et réflexions qui en découlent, plus que le texte en lui même qui manque un peu d’action. Précurseur d’un genre littéraire, il me fallait enfin connaitre ce Classique pour mieux apprécier la SF d’aujourd’hui.



Lu en LC avec ma binôme Belette2911, un joli moment Halloween ! ;)


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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

MOI, MOI, MOI, MOI, ET MOI...



5017 lecteurs affichés,

1638 notes,

188 critiques, (189 avec celle-ci),

159 citations à ce jour : cet indéniable, ce vénérable classique anglais qui fête cette année ses 200 printemps (sans doute devrions-nous écrire : ses 200 hivers, si l'on s'en réfère à sa date exacte de publication, un 1er janvier 1818), écrit par une jeune inconnue de seulement dix-neuf ans, n'est pas près d'être remisé dans le rayon des "grands classiques oubliés".



Aussi nous contenterons nous, pour une fois, d'une chronique assez brève, tout ou presque semble avoir été résumé, expliqué, conté, décortiqué par de bien belles et intéressantes plumes avant cet insigne ajout.



Avant tout, le futur lecteur de ce roman gothique - parce qu'il s'inscrit indéniablement dans cette lignée très en vogue depuis "Le Château d'Otrante", le fameux "Le Moine" de Matthew Gregory Lewis, de deux ans antérieur à l'époustouflant "Melmoth" mais très légèrement postérieur au fascinant Manuscrit trouvé à Saragosse -, n'a pas grand chose à voir avec les représentations postérieures que la culture populaire a pu en faire, surtout depuis ses innombrables interprétations cinématographiques (on songera, bien entendu, au célèbre Boris Karloff dont l'interprétation du "monstre" aura des répercussions sur sa vie et sa carrière toute entière).



Roman romantique indéniablement - au sens littéraire du terme - bien que par certains aspects, il en prenne l'exact contre-pied (une critique à peine voilée de l'individualisme souvent revendiqué par les promoteurs du romantisme originel, une certaine rationalité dans cet atmosphère emprunte d'irrationnel, etc), roman philosophique et pour une part en réaction à celle, très libérale (et féministe), issue des Lumières, de son père le philosophe William Godwin (le moins que l'on puisse en dire c'est Mary Shelley ne semble guère portée à défendre l'idée paternelle d'une humanité susceptible de s'améliorer moralement, surtout pas en dehors des institutions telle la famille, le mariage, etc). Roman précurseur des genres liés à la littérature d'épouvante (bien que plus grand chose n'effrayera le lecteur du XXIème siècle, soyons clairs) et fantastique, voire science-fictionnel (selon d'aucuns, ce que nous trouvons pour notre part assez osé, la partie "scientifique" de l'ouvrage y étant réduite à peau de chagrin), ce Frankenstein où le Prométhée moderne est bel et bien un peu de tout cela, ce qui n'est évidemment pas rien pour une première oeuvre.



Exemple assez marquant de roman épistolaire dans lequel s’enchâssent plusieurs récits, il débute ainsi (et s'achève de même) par les courriers qu'un jeune explorateur des régions glacées de l'océan arctique, Robert Walton, adresse à sa sœur restée au pays. Le roman prend réellement consistance après que l'aventurier ait secouru le fameux Victor Frankenstein, dont on finit par comprendre qu'il était alors à la poursuite de sa fameuse créature afin de la faire disparaître de la surface de la terre (à moins d'y rester lui-même, dans cet ultime combat entre notre Prométhée moderne et l'abomination qu'il a créé). S’insérera un autre récit, vers le mitan du roman : celui, conté par la créature elle-même à son géniteur déraisonnable et inconséquent, de sa découverte du monde des hommes, ses innombrables déconvenues ainsi que l'enfer qu'il vécut et finit par le rendre aussi monstrueux à l'intérieur qu'il l'est en apparence. Et de découvrir que le "démon" du livre est non seulement doué de langage, mais qu'en vertu d'une véritable intelligence et d'un apprentissage complet d'autodidacte, il s'exprime avec toute la correction d'un lord britannique, à mille lieues du nigaud horrible et mutique de l'imagerie (cinématographique) d’Épinal !



L'ouvrage est très riche de thématiques, d'intentions, d'inventivité formelle, d'imagination, de réflexions (sur l'individu et la société des hommes. Sur la genèse, sur l'idée d'être père sans mère, etc), c'est absolument indéniable. Pourtant, fastidieuse et fade en fut sa lecture : alourdi par mille considérations intimes confiées sans relâche mais avec un sens de la répétition dans l'erreur absolument confondant, des remarques "psychologisantes" qui sont, souvent, d'une naïveté confinant à la niaiserie, d'expression de sentiments presque invariablement outrés, d'une trame voyageuse proche de l'insipide tandis que le roman est aussi, incontestablement, un hommage à cette région de Suisse où se retrouvèrent alors la future Mary Shelley, son amant et futur époux Percy, l'immense poète Byron et sa jeune maîtresse (fille de la marâtre de Mary) mais dont les descriptions sont aussi plates que le Mont-Blanc et la mer de glace sont d'altitudes élevées ! Quant aux dialogues, innombrables, ils sont empesés, empruntés, lourds, sans vivacité et peu crédibles - même en les imaginant dans la bouche de personnes bien nées de ce début de XIXème siècle -. Quant au style, malgré une traduction récente des éditions Gallimard, il est très largement suranné (ce qui peut s'avérer absolument charmant, surtout avec la richesse syntaxique et lexicale des auteurs de cette époque) mais il apparaît ici souvent très sec, sans grâce ni poésie ni envolée - la conséquence de ce parti pris de Mary Shelley d'adopter la tonalité du compte-rendu, du récit circonstancié et artificiellement neutre - et finit par donner à son lecteur l'impression d'une longue litanie de répétitions stylistiques et d'absence fondamentale de diversité. Quant aux personnages, ils sont tellement stéréotypés, tellement enfermés dans leurs rôles, leurs développements (ou absence de développement) intimes et personnels que cela en devient rapidement lassant, qu'on peine à s'y attacher. Même si l'on comprend rapidement que l'autrice n'a pas la moindre intention de nous rendre Victor Frankenstein réellement sympathique (mais il est des anti-héros que l'on finit toutefois par aimer), confit qu'il est dans son égotisme outrancier, ses aveuglements immuables, ses erreurs infondées mais toujours répétées et son manque presque total de clairvoyance, on peine à en admettre la construction profonde.



Projet sans nul doute incroyable d'une jeune femme née en une époque où, c'est le moins que l'on puisse en dire, le sexe prétendument faible n'avait guère son mot à dire - pour mémoire, le roman fut d'abord publié anonymement -, celui-ci représente sans aucun doute une époque (aux propos bien plus réactionnaire qu'il y parait d'abord, si l'on n'y prend garde), dans la lignée de l'apophtegme invariablement remâché par des générations entières de lycéens («Science sans conscience n'est que, etc»), rappel à l'ordre moral - rien ne saurait sortir de bon hors de la famille et du mariage - après des années de bouleversement politiques et sociaux dans la lignée de la Révolution Française (le père de Mary Shelley fut accueillit chaleureusement par nos gaulois révolutionnaires lors de la première célébration de la prise de la Bastille), ce texte avait indéniablement tout pour devenir un classique... Il lui manque cependant beaucoup de puissance, de souffle et de générosité pour pouvoir être rangé dans la catégorie supérieure des "chefs d'oeuvre".



Une légère déconvenue de lecteur, donc, sans regret cependant d'avoir enfin pris le temps de découvrir cette oeuvre relativement incontournable de la littérature anglaise d'il y a deux siècles.



Quant à la brièveté annoncée (et sincèrement envisagée) de cette chronique... On ne se refait pas !
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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Le postulat sur lequel est basé ce roman imaginaire a été considéré par Darwin comme n'appartenant pas au domaine de l'impossible.

Qui est Frankenstein ?

S'il est un savant maudit, il n'est en aucun cas un farfelu, un savant fou comme certaines adaptations le montrèrent ultérieurement.

En 1818, paraît à Londres "Frankenstein ou le Prométhée moderne".

Son auteur est Mary Shelley.

Elle vient peut-être d'écrire le premier roman de science-fiction.

La science pourra-t-elle créer la vie ? Cette question sera souvent reprise dans des ouvrages du genre. Comme Wells avec les voyages dans le temps, Mary Shelley invente un pan de déclinaison de la SF moderne. C'est assurément le plus audacieux, celui qui touche le plus profondément l'essence de l'être humain.

Frankenstein cristallise un des vieux rêves de l'alchimie, un fantasme qui remonte du fond des âges, peut-être engendré par la peur de la mort. Cet ouvrage est devenu dans la littérature mondiale le point d'origine d'un mythe fertile en adaptations.

Si il a fait quelques apparitions au théâtre - dont certaines assez récentes - c'est surtout le cinéma qui s'est emparé "du savant et de sa créature" -

1931 Frankenstein, 1935 la fiancée de Frankenstein, 1939 le fils de Frankenstein, 1942 le spectre de Frankenstein, 1943 Frankenstein rencontre le loup-garou, 1944 la maison de Frankenstein, 1948 Abbot et Costello contre Frankenstein, 1957 Frankenstein s'est échappé, 1958 Frankenstein 1970 et la revanche de Frankenstein, 1960 la fille de Frankenstein.....jusqu'au désopilant "Frankenstein junior" réalisé par Mels Brook en 1974 et le navrant "Frankenstein 90" sorti en 1984.

De ces films, des romans, presque toujours de mauvaise qualité, ont été tirés. Seules quelques nouvelles de science-fiction moderne, formidables pour certaines, ont tiré leur épingle du jeu.
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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Deux siècles se sont écoulés et Frankenstein est toujours aussi présent dans nos esprits.

Précurseur de la science-fiction, ce classique de la littérature fantastique, écrite par une jeune anglaise de 19 ans, est une œuvre qui a été transposée et transformée à de nombreuses reprises.



Le docteur Victor Frankenstein va vite être dépassé par le fruit de son expérience. L'éveil du monstre et la laideur de sa créature va plonger Victor dans une profonde accalmie. Il va l'abandonner, le laissant découvrir le monde de son fait. Contrairement aux idées reçues, cette monstruosité n'est pas dénuée de paroles, il s'exprime avec éloquence et finesse. Mis au ban de la société, lui qui n'aspire qu'à vivre en toute quiétude avec les humains, cette ignoble injustice va déclencher une haine farouche contre son géniteur.



Il faudrait être insensible pour ne pas ressentir de la compassion face à cet être sans nom, qui court sans cesse les rues, recherchant la moindre étincelle de tendresse et d'affection chez les hommes.
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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Malgré le fait que ce soit un classique littéraire, Frankenstein ou le Prométhée moderne ne m'a pas totalement convaincu.



Tout le monde connaît l'histoire de Frankenstein, qui transgresse la science et arrive à créer un être vivant dont on ne connaît pas le nom. But ultime de sa vie mais qui va au final se retourner contre lui.



Mary Shelley commence donc son roman par un incipit épistolaire où Robert Walton couche par écrit à sa soeur, les confessions de Victor Frankenstein et de l'être qu'il a créé. L'histoire aurait pu continuer de la sorte pour garder son intérêt mais nous nous retrouvons dans un récit de narration qui perd un peu de son potentiel.

Nous nous situons donc au coeur de la vie de notre protagoniste et allons vivre avec lui les chamboulements de sa vie.

La science est un domaine qui intrigue énormément mais il faut savoir en fixer les limites. Arriver à créer un être vivant, totalement autodidacte, capable de ressentir des émotions et faire la différence entre le bien et le mal me paraît un peu tiré par les cheveux.

Malgré tout, lorsqu'une personne passe autant de temps de sa vie sur un projet, pour lui tourner le dos dès qu'il aboutit est réellement surprenant, surtout quand on choisit d'en faire un être aussi hideux.

Du coup je n'ai pas du tout réussi à m'attacher au personnage de Frankenstein ni lors de ses différentes péripéties.

Concernant le monstre qu'il a créé, j'ai trouvé que cela ressemblait fort à une étude réaliste et minutieuse de la société. Il existe de toute évidence des personnes qui sont totalement autodidactes au contact des autres, donc sa rencontre avec une famille dans les bois ne m'a pas dérangé.

Ensuite le fait de rejeter une personne qui est totalement différente de nous est bien monnaie courante dans notre société donc j'ai trouvé cela plausible aussi.

Cependant, qu'un être bienveillant qui ne demande que de l'amour se retrouve à basculer du côté obscur parce qu'il est rejeté par le monde me paraît assez excessif.

Il est évident que dans la vie on a besoin de se sentir entouré et aimé mais je ne pense pas que l'on en vienne à tuer si ce n'était pas le cas.



Les descriptions étaient extrêmement longues et pas forcément nécessaires. de toute évidence le cinéma a très mal retranscrit cette histoire qui n'a relativement rien à voir, en-dehors de la création de l'être vivant.



Je n'ai donc pas vraiment été conquise par ce classique littéraire même si certains points étaient intéressants.
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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Honnêtement s'il ne s'était pas agit d'une lecture pour des challenges je ne l'aurais jamais relu ! J'en avais le souvenir d'avoir trouvé la tournure romantique, l'histoire dramatique et le ton par trop geignard ! Comme beaucoup de monde mon souvenir avait été mêlé à ceux des différents films tournés sur le sujet.



Beaucoup d'années plus tard, je me suis lamentablement ennuyée dans cette histoire façon tables gigognes ! Des lettres dans lesquelles on trouve relaté un voyage qui lui-même raconte un sauvetage sur la banquise d'un énergumène, Frankenstein, qui narre ses malheurs et sa terrible expérience : la création d'un monstre qui à son tour va raconter à son créateur la vie qu'il a mené et son désir de vengeance!



Frankenstein geint ! Il se lamente sur son sort qu'il estime plus grave que celui de ceux qu'il a blessé ! Regrets mais non remords et sans une once de commisération pour la malheureuse créature qu'il rejette !



Ce livre est malgré tout fantastique par le fait que cela soit une jeune fille qui l'ait imaginé et écrit, cela au début du 19ème siècle. Il apparait qu'elle était profondément lucide sur la condition des femmes et des pauvres en plus d'avoir une imagination débordante.



Je me suis sentie tenue de le finir, non sans mal, la structure est complexe et alourdit l'histoire ! Je pense qu'il faut l'avoir lu pour connaître réellement la genèse de Frankenstein et de sa créature que les films ont complètement dévoyé au point de n'en retenir que la « naissance » du monstre !



CHALLENGE MULTI-DEFIS 2020

CHALLENGE RIQUIQUIS 2020

CHALLENGE XIXè SIECLE 2020

CHALLENGE MAUVAIS GENRE 2020

CHALLENGE DU LIVRE AU FILM

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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Parfois, la littérature tient à peu de choses. L'éruption du volcan Tambora en 1815 a complètement bouleversé le climat en Europe notamment, dans les années 1816, 1817 (cf "1816, l'année sans été" de Gillen d'Arcy Wood). Entraînant des périodes quasi glacières sur les Alpes. C'est à cette époque que les amis Shelley et Byron parcouraient la Suisse en vacances. le mauvais temps les obligeant à rester très souvent cloîtrés dans leur chalet, avec comme passe-temps favori, de s'inventer des histoires extraordinaires. Ce serait pendant une de ces soirées que serait né, de l'imaginaire de Mary Shelley, le personnage de Frankenstein et de sa créature. Se nourrissant de la littérature romantique, gothique et fantastique, avec l'esprit scientifique en vogue à l'époque de ce début de XIXe siècle. Restait à peaufiner l'intrigue, avec l'aide de Percy Shelley. Relayé ensuite par le cinéma et le célèbre physique de Boris Karlov. Et voilà comment naît un mythe !

Que reste-t-il aujourd'hui de l'oeuvre littéraire proprement dite ? L'intrigue est très moralisante. A l'instar de Prométhée, l'homme peut-il jouer au Démiurge ? Les bons sentiments, le bien, le mal… répétés à outrance alourdissent le récit. Beaucoup trop de longueurs sur des thèmes existentiels finissent par nuire à l'action. De mon point de vue, ce romantisme-là ne passe plus pour le lecteur d'aujourd'hui.

Reste tout de même, à la suite des errances des protagonistes, un aperçu de l'Europe pendant la période charnière entre XVIIIe et XIXe siècle, d'harmonieuses et envoûtantes descriptions de paysages grandioses, et une intrigue qui malgré tout, conserve un certain intérêt.

A lire pour s'immerger dans l'époque.
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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Au Pôle Nord, le capitaine Walton recueille à bord de son navire un homme sur le point de mourir parmi les glaces. Celui-ci lui raconte son histoire.

Son nom est Victor Frankenstein et il est parvenu à constituer un humain gigantesque (huit pieds de hauteur soit 2,43 m) et d’une laideur indicible. Aujourd’hui, il est à la poursuite de la créature pour la détruire.



Il n’est pas très étonnant que le public confonde le savant (Victor Frankenstein) et sa créature jamais désignée autrement que « monstre » ou « démon » parce que, franchement, qui est le monstre dans cette histoire ?

J’ai souvent eu envie de botter les fesses de Victor Frankenstein et de lui demander de résoudre le problème qu’il avait créé.



D’abord, il fuit dès que l’être qu’il a conçu ouvre les yeux. Et vous pensez qu’il va se reprendre ? Eh bien, pas du tout. Il rentre dans sa famille en laissant celui qu’il considère comme un démon derrière lui et garde bien précieusement son secret.



Ensuite, il passe son temps à pleurnicher, persuadé d’être le plus malheureux des hommes, plus que Justine (je vous laisse découvrir ce qui est arrivé à la malheureuse) et ça franchement, ça m’a agacée.



À seulement dix-neuf ans, Marie Shelley a créé un mythe moderne. Et c’était en 1818. L’écriture est un peu désuète, mais ça fait partie du charme.


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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

S'il y a une chose qui m'agace, c'est de souvent voir confondues dans l'esprit populaire et l'opinion publique la figure du Pr Frankenstein et celle de sa créature monstrueuse. Il m'est même arrivé à diverses reprises de croiser dans des romans des références à la créature alors improprement dénommée "Frankenstein" pour décrire un être repoussant. Des romans d'auteurs qui prouvent par là même leurs méconnaissances littéraires. Non pas que faire cette confusion soit un crime, notez bien, mais l'entretenir n'est pas glorieux pour autant. Ce n'est pas comme si on parlait d'une oeuvre inconnue, il s'agit d'un classique dont on ne compte plus les adaptations.



Pour le lecteur d'hier, ce roman fut un ovni totalement surprenant et osé qui touchait à la sacro-sainte création de l'Homme par Dieu puisqu'un homme, un simple mortel, scientifique et professeur suisse, pouvait donner artificiellement vie à un être pouvant agir, penser et même ressentir des émotions. Un être doué de parole, de raison et de quelques cicatrices fort disgracieuses, mais qui ne pouvait qu'être monstrueux et dérangé, voire dangereux, puisqu'issu du péché d'orgueil de l'inventeur, le fameux Pr Frankenstein, qui comme la grenouille ayant voulu se faire plus grosse que le boeuf, a voulu aller à l'encontre de la nature et de l'ordre établi. Mal en prendra à notre apprenti sorcier sur qui va retomber la malédiction fatale née de son outrage à l'ordre du monde et des choses.



Il faut avouer que pour l'époque - et encore plus pour une femme écrivain même protégée par l'anonymat - le sujet était audacieux, et la narration, s'il est vrai qu'elle s'alourdit de tournures et d'une structure désormais surannées, n'en demeure pas moins fascinante par ses développements psychologiques et la montée en tension de l'action. Hélas, je crains que pour un lecteur d'aujourd'hui, le roman présente moins d'enjeux, et ne garantit nullement d'effrayer même les âmes les plus sensibles. Sujet éculé ? Sans doute la rançon du succès !



Il n'en demeure pas moins que ce classique, classé à raison parmi les grandes oeuvres romantiques et classiques, mérite d'être connu, ne serait-ce que pour distinguer le créateur de la créature.





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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Frankenstein fait partie de ces romans que l’on connaît – ou que l’on croit connaître – instinctivement. L’imaginaire collectif joue son rôle à fond quand on entend le titre de ce roman et l’on a immédiatement toute une série d’images qui nous passent par la tête rien qu’en y pensant. Mais la réalité est bien loin de ce qu’on imagine, et le roman est, à ce titre, assez surprenant.

En commençant ce roman, on s’attend plus ou moins à une lecture effrayante ou, à tout le moins, pleine de suspense et de tension. Frankenstein semble être la parfaite lecture d’Halloween. Mais ce n’est pas le cas. En fait, le récit n’est pas effrayant du tout et il est même assez triste, par moments.

Les métaphores et références philosophiques sont nombreuses, avec des références à la religion, aux hommes qui se prennent pour Dieu en tentant de donner vie à d’autres hommes, à la mort, à la relation entre les êtres humains…

Plus d’une fois, j’ai été prise de pitié pour ce « monstre » que tout le monde, et son créateur en premier, rejette rien qu’en le voyant. Car la créature créée par Frankenstein est effrayante, et tout le monde s’enfuit à son approche… Il cherche l’amitié et ne trouve que la haine, il voudrait connaître les hommes mais doit vivre seul. Par bien des côtés, il m’a rappelé Heathcliff des Hauts de Hurle-Vent. Tous deux sont rejetés et malheureux de l’être et leur mauvais caractère et leur tendance à la violence ne sont pas uniquement leur fait : ces traits de caractère sont les conséquences de la manière dont les autres êtres humains les ont traité et d’une vie passée à tenter de se faire apprécier. En vain…
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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Frankenstein, un mythe devenu si populaire que la créature a dépassé son créateur en terme de "popularité", au point qu'on croit souvent que Frankenstein est le nom de cette malheureuse créature !



C'est une lecture qui s'ouvre et se termine au milieu des glaces, en cela c'est une lecture parfaite pour l'hiver !



Ayant vu les adaptations cinématographiques qui ont été faite de ce roman, j'en ai longtemps repoussé sa lecture afin de profiter pleinement des images créées par la romancière. le temps ayant fait son oeuvre, j'ai été d'abord très surprise par l'écriture, dans un anglais un peu vieilli qui donne une dimension si solennelle au roman ! Par moment j'ai trouvé ce récit un peu long, je l'avoue, l'autosatisfaction permanente du scientifique (Victor Frankenstein) et narrateur m'a souvent agacée - et lorsqu'il ne s'envoie pas des fleurs, il essaie sans cesse de se faire plaindre par son auditoire. Bref, un personnage fort peu sympathique.

En revanche, ce que j'ai apprécié c'est le côté littéraire (les images, la construction du récit, l'emboîtement des récits dans le récit), les questions philosophiques qu'il soulève et surtout le personnage de la créature que j'ai trouvé particulièrement intéressant. le fait d'avoir "laissé couler" toutes les images que j'avais de ce personnage ( "dictées" par la pop culture) ne fait pas du tout justice au travail de la romancière. Et dire qu'elle n'avait que 18 ans lorsqu'elle a rédigé ce roman.En tant que lectrice du 21ème siècle, j'ai été parfois scotchée de lire la justesse avec laquelle Mary Shelley parle de marginalité, de connaissances, du deuil, de la douleur, de la solitude et du désespoir. De plus, la précision avec laquelle elle fait évoluer sa créature, décrivant chaque stade d'apprentissage de manière simple mais si pertinente m'a donné à réfléchir sur la condition humaine et sa construction en tant qu'individu au sein d'un groupe.





C'est un roman court, mais d'une telle richesse ! Le genre de livre qui vous rappelle pourquoi les gens aiment toujours les classiques et pourquoi il est important de continuer à les lire.

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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Victor Frankenstein, un jeune savant, décide de quitter sa Suisse natale pour étudier la chimie en Allemagne.

Dans son laboratoire, il découvre le secret qui permet de donner la vie à la matière inerte.

C'est au terme d'un travail acharné et solitaire qu'il donne vie à une monstrueuse créature à l'hideuse apparence humaine.

Epouvanté par l'éveil de la créature, Victor croit sombrer dans la folie, cloué au lit pendant plusieurs mois par une fièvre démente, veillé par son fidèle ami Clerval.



C'est en rentrant au pays, anéanti par la nouvelle du meurtre de son petit frère Charles, qu'il retrouve la trace de sa création.

Assailli par un sombre pressentiment, Victor doit se rendre à l'évidence; la terrifiante créature est terriblement malfaisante, répandant la mort et le malheur dans les pas de son créateur.

Alors qu'il arpente les montagnes, la créature abhorrée se présente enfin à lui. N'aspirant qu'à la reconnaissance de son Dieu, elle se livre à coeur ouvert au récit de son existence.

Surhumaine de par sa taille gigantesque et sa résistance physique, la créature l'est aussi par son intelligence, sa finesse d'esprit et sa sensibilité. Après s'être laissé émouvoir, Victor découvre avec horreur qu'il est le meurtrier de son petit frère bien-aimé.



Le maître ou l'esclave ? Les rôles semblent s'inverser pour Victor qui réalise avec horreur que la créature n'a d'autre dessein que d'assouvir son projet de destruction sur lui et ses proches, animé désormais par la désir de vengeance.

S'engage alors entre les deux ennemis un duel impitoyable aux confins de la Terre, dont chacun pressent le funeste dénouement.



Du créateur ou de la créature, qui est le (la) plus à blâmer ?

Frankenstein, qui s'est substitué à Dieu en créant et en lâchant dans le monde une abomination sans penser aux conséquences terribles pour la race humaine ?

Ou

L'être misérable, qui abandonné à son sort, n'a eu d'autre choix que d'apprendre à survivre dans un environnement hostile. Alors qu'à l'origine, son coeur gonflé d'espoir n'aspirait qu'à l'amour et au partage, il fut cruellement rejeté par les humains qui ne lui ont témoigné que du dégoût. Condamné à un exil forcé, voué à une solitude éternelle, son âme s'est remplie de haine.



J'ai découvert avec plaisir ce classique dont l'histoire me fascine depuis l'enfance. J'ai par ailleurs toujours cru que Frankenstein était le nom de la créature et non du scientifique. Ce texte qui date de 1818 a été écrit par une jeune femme anglaise, Mary Shelley, à qui il faut reconnaître l'incroyable talent d'avoir créé un des premiers romans de science-fiction. Je vous recommande ce roman fantastique qui vous fera frissonner d'horreur jusqu'au bout !

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Frankenstein ou Le Prométhée moderne

Le personnage de Frankenstein a tout pour intriguer. Son histoire est au carrefour entre la science-fiction (puisque le personnage est tout de même créé par un scientifique qui essaie de découvrir un moyen de creer un être à partir de morceaux de cadavre) et le fantastique (car il s'agit quand même de la naissance d'un monstre dont l'existence parait plus lié à la magie qu'à de la science bien crédible). Et c'est en plus un des premiers livres du genre puisque publié dès 1818. Et quand on ajoute que l'auteure... prend un e à la fin, ça en fait réellement un ouvrage unique dans l'époque et le genre.



J'ai vu il y a peu le film Mary Shelley et cela m'a donné envie de me plonger dans cette lecture qui me faisait de l'oeil depuis un moment. Je connaissais déjà l'anecdote du "concours littéraire" pour écrire une histoire d'horreur entre Mary, son compagnon Percy et le poète Lord Byron. Mais le film permet surtout de découvrir toute la vie de Mary, sa mère la philosophe féministe Mary Wollstonecraft, morte quand elle n'était que bébé, son père William Godwin, écrivain politique, romancier et éditeur, son compagnon Percy Shelley poète renommé. Avec un tel entourage, Mary ne peut que désirer écrire mais elle est tellement brassée d'influences qu'elle ne sait par où commencer. Elle adore les récits gothiques et d'épouvante, mais aussi les grandes romances. D'abord édité anonymement avec la préface de Percy Shelley, tout le monde croit forcément que l'oeuvre est de lui et non de Mary. Une seconde édition sortira en 1831,cette fois-ci avec le nom de l'auteur.



Beaucoup d'amateurs de fantastique et de SF ressortent décu de la lecture de ce livre. Ils oublient sans doute à quel point il a fallu d'innovation et de courage à Mary Shelley pour sortir ce genre de livre à une époque où ces récits étaient vus comme une littérature très mineure (un peu comme aujourd'hui pour certains vous me direz) alors que, par son entourage personnel, Mary se sentait prédestiné à écrire de la "grande" littérature. On a tendance à dire que Frankenstein est sans doute l'un des premiers ouvrages de science fiction, mais l'auteure ne s'attarde pas du tout sur tout l'aspect scientifique de la chose. La création du monstre est peu décrite, le professeur Frankenstein prétextant qu'il ne veut pas dévoiler ses secrets pour que d'autres ne fassent pas l'erreur de limiter. La transformation assez rapide du monstre grognant en un homme, certes repoussant, mais pouvant s'exprimer parfaitement correctement (voire de façon précieuse) est également troublante et semble défier toute science et tout réalisme, que la science-fiction s'évertuera par la suite à beaucoup plus rechercher.



C'est que Mary Shelley ne veut pas démontrer ses talents de scientifiques mais d'écrivain. Elle veut parler remords, vengeance, grands sentiments. Elle veut effrayer son lecteur par les conséquences des actes que l'on pense réaliser pour sa gloire et qui finissent par devenir votre malédiction. Ce genre de récit ne peut que décevoir les amateurs des genres qui cherchent à plus connaitre l'apparence du monstre, qui veulent du suspense, de l'action. Il ne faut pas oublier non plus que si ce récit à des imperfections, c'est aussi parce que c'est celui d'une toute jeune fille d'à peine 20 ans !



En digne fille de ses parents, Mary a publié un ouvrage dont elle aurait voulu que sa mère soit fière si elle avait pu le lire. Un ouvrage philosophique, humain et dont la figure du monstre et la relation monstre-créateur auront influencé les récits du genre pour des siècles et des siècles.

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