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Critiques de Mathieu Belezi (357)
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Attaquer la terre et le soleil

LES PETITES MAINS DE LA COLONISATION.

Je suis étonné qu’un ouvrage majeur tel que celui-là ait eu si peu de lecteurs sur Babelio (1493 à ce jour). Il raconte pourtant la base de la colonisation algérienne dans les années 1850 ( Mac Mahon est cité). L’histoire est racontée par le femme d’une pauvre famille française, « venue jouer les colons pour les beaux yeux de la République francaise » et d’un militaire simplet qui suit aveuglément les ordres de son capitaine. Le paradis promis devient vite un enfer : les calamités s’abattent si fort sur ces pauvres colons : neige, soleil de plomb, choléra, yatagan des barbares que l’on est venu pacifier et civiliser, qu’ils viennent à s’associer aux razzias des militaires. Misère et vengeance. Qu’un sang impur abreuve les sillons de leurs 7 hectares cultivés avec labeur. On connaît la suite de l’engrenage de la violence…De quoi adhérer au wokisme !

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C'était notre terre

Depuis plus de cent ans, la famille Saint-André règne en maître sur son immense propriété.

Le domaine de Montaigne, en Algérie est leur fierté.

Leurs multiples employés doivent leur obéir au doigt et à l’œil, sinon, c'est la cravache.

Mais voilà que l'Algérie se révolte, et c'est la guerre.

L'histoire est racontée par les membres de la famille,

la mère, arrogante et fière

le père, bon vivant mais impitoyable

Claudia, la fille cadette, partie en France pour protéger ses enfants

Marie-Claire, sa sœur qui finit ses jours dans un couvent en Bretagne

Antoine, le fils, mort torturé par les paras

Fatima, l'employée qui, entre autres, a élevé les rois enfants et est corvéable à merci

Chacun part dans ses souvenirs, ses délires, ses désirs.......

Les chapitres se succèdent sans s'interrompre, sans que l'on sache au départ qui raconte.

Outre l'histoire, qui raconte la vie des colons et des algériens, c'est le style qui est remarquable dans cette histoire.

Certains peuvent ne pas aimer, c'est inhabituel, tellement peu conventionnel, personnellement j'ai adoré.

C'est comme une grande chanson aux multiples couplets qui s'enchaînent, aux refrains lancinants.

Une longue mélopée qui se déroule et nous enveloppe.

Des phrases répétées qui entraînent de plus en plus loin.

Une musique de mots.

C'est tout sauf un roman linéaire.

Le seul point qui m'ait un peu dérangé, c'est le côté caricatural de tous les colons méprisants et impitoyables et de tous les arabes exploités, maltraités.

Ce fut certainement majoritairement le cas, mais j'ose espérer qu'il y eut des exceptions.
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Un faux pas dans la vie d'Emma Picard

Quand ça veut pas, ça veut pas… cela pourrait être un résumé simpliste de la vie d’Emma Picard.

Lorsqu’Emma se retrouve veuve avec ses 4 enfants, le gouvernement français et l’administration coloniale lui offrent 20 hectares de terres à cultiver, là-bas, en Algérie : un rêve inespéré pour une pauvre veuve sans avenir !

Mais le destin est parfois cruel, s’acharne, et les efforts inhumains d’Emma et de ses fils pour rendre fertile une terre aride sous un climat infernal ne seront jamais couronnés de succès : dans une litanie tragique, Emma rappelle au dernier fils qui lui reste l’accumulation implacable de catastrophes dont sa famille a été victime.

Tragique est un doux euphémisme pour décrire le séjour d’Emma Picard sur ces terres algériennes où les colons s’efforcent de bâtir un empire. Certains réussiront, d’autres non. Et Emma fait partie de ceux-là dont le destin était scellé dès le départ par une administration coloniale indifférente au sort des colons qu’elle a expédiés braver la sècheresse, le froid, la canicule, les sauterelles et autres calamités africaines.

Un récit magnifique et puissant qui prend aux tripes et rappelle ce qu’était la colonisation : pas toujours un jackpot pour les heureux gagnants…

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Attaquer la terre et le soleil

Les soldats d'avant hier, ceux d'hier, d'aujourd'hui et ceux de demain, c'est plus la même ligne. La technologie remplace la barbarie, même si l'on meurt autant.. Tous les soldats de ce livre sont sans personnalite, ils sont mécaniquement utilisé, était ce la réalité, un effet de racisme automatique ?
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Attaquer la terre et le soleil

Une chaleur étouffante, pendant des jours. La pluie, des trombes d'eau, pendant des jours. Le choléra, qui débarque comme ça, et qui tue, pendant des jours. La poussière, la terre si peu fertile. Pendant des jours, subir, la peine, le temps, les pertes, la désillusion, pour quelques instants de sérénité. Retenir son souffle pendant des jours pour respirer librement juste une minute, le temps d'une union, le temps d'une valse.Voilà à quoi ressemble la vie d'un colon en Algérie au XIXe siècle. De pauvres gens à qui l'état français promettaient l'eldorado. Qui se retrouvent entourés de murs, dans un lieu, qui crie de toutes ses forces, qu'il ne veut pas d'eux.



Tuer, pendant des jours. Faire rouler des têtes, éventrer, hommes, femmes, enfants, vieillards, sans pitié pendant des jours. Prendre la chair, des filles, des bêtes, et rester là, entre soldats pendant des jours. A brides abattues, traverser ce pays, et ne rêver que d'une trêve, de la chaleur d'un feu. Retenir son souffle pendant des jours et ne plus savoir respirer. Être démon, être le feu. C'est à ça que ressemble la vie d'un soldat en Algérie au XIXe siècle. Des hommes qui obéissent et tuent d'autres hommes, qui crient de toutes leurs forces, qu'ils ne veulent pas d'eux.



Deux voix pour mille. Pour dire la colonisation de l'Algerie par la France. C'est violent. Percutant. Poisseux. La lumière elle-même est dure. Mais elle éclaire tout un pan de l'histoire qu'on ne connaît pas. A la lecture de ce texte, on sent que Mathieu Belezi maîtrise son sujet. Plus que ça, il en fait son œuvre. Le texte est court, assez pour que l'horreur soit supportable. C'est aussi ce qui lui donne une force supplémentaire. Pas besoin de s'appesantir sur des pages et des pages. Les témoignages des deux personnages ne se perdent pas en psychologie inutile. On laissera ça à la mauvaise autofiction. Quand la situation est aussi hostile et oppressante, la psychologie est un luxe que personne ne peut s'offrir.



Encore une fois, Le Tripode frappe fort. Ce roman a ébloui autant que laissé sur le carreau mes comparses de lecture (@point.a.laligne @sandra_etcaetera @moonpalaace et @eva_tuvastabimerlesyeux ) et moi-même. C'est grand.
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Attaquer la terre et le soleil

Ce fut un beau rêve cette colonisation de l’Algérie. Certains se sont imaginés faire fortune dans un pays où tout était à construire, d’autres ont cru venir pacifier « une terre de barbarie ». Chaque français s’y sentait une mission et pensait offrir à « ce pays inculte, les ors d’une culture millénaire ».



Ce roman retrace, en parallèle, quelques mois du parcours d’un soldat de l’Armée de colonisation sous les ordres d’un capitaine exalté et de celui d’une femme venue s’installer dans une colonie agricole avec sa famille.



Les chapitres qui s’intercalent, portent tous les titres bien appropriés de « bain de sang » pour les militaires et « rude besogne » pour les colons.



On comprend, au bout d’un certain temps, que l’histoire se situe 15 ans après le début de la colonisation, soit en 1845. Mais ça ne coule pas de source et c’est un reproche que je peux faire à ce roman qui traite d’un sujet historique, sans s’ancrer clairement dans l’époque.



Mais si l’on parvient à s’éloigner du contexte, on est atterré par les mentalités de ces colons qui, dans un mélange d’inconscience et de conviction, ont réussi à asservir un pays tout entier, sans jamais douter du bien-fondé de leur démarche.



Touchés par la misère et la maladie, les premiers colons ont surmonté de difficiles épreuves mais entièrement préoccupés par leur propre survie, ils n’ont jamais éprouvé une once d’humanité pour les populations locales victimes de massacres et d’exactions.



Avec ce roman très réaliste, Mathieu Belezi témoigne de la violence morale et physique qui a, de tout temps, été reproduite lors de chaque colonisation à travers le monde. S’il se positionne au cœur du terrain, au niveau des petites gens, il nous apporte sur le fond une vision beaucoup plus globale que ce qu’il semble décrire.



Attaquer la terre et le soleil est un roman passionnant à l’écriture limpide que j’ai lu sans pouvoir le quitter. Si l’imprécision du contexte m’a gênée, l’imprégnation dans la mentalité des premiers colons d’Algérie est néanmoins totale.



Un regard sur le phénomène de la colonisation édifiant qui éclaire bien des situations actuelles.
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Le petit roi

Que dire ? Aimer ou ne pas aimer ? C'est dur, violent comme peut l'être un enfant quand les adultes l'oublient, le malmènent et qui ne pense qu'à de venger en reportant sa colère sur tout ce qui l'entoure. Heureusement il y a le Papé, un homme de la campagne, un rude au cœur tendre.



Ce petit roi va faire régner sa violence sur le monde qui l'entoure, animal et humain, lui en quête d'amour, de présence parentale et surtout maternelle.



Dans un style sobre sourde une violence latente qui peu a peu prend le dessus et qui laisse le lecteur mal a l'aise, gêné.



Un court roman dans lequel on ne sait si on aime ou pas mais en tout cas qui restitue l'environnement rural des années 1960 à travers les yeux d'un gamin confronté à la violence des adultes et de sa propre violence.
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Attaquer la terre et le soleil

Début de la colonisation algérienne vers 1850.

Deux récits alternés :

(Rude besogne), raconté par Séraphine.

Des français à qui l'on donne sept hectares en Algérie se retrouvent en terre hostile.

Trois mois de pluie sous la tente, la construction de cabanes en bois, la chaleur torride de l'été, le choléra, les attaques, la terre si difficile à travailler, les morts.

(Bain de sang) raconté par un soldat anonyme.

Une soi-disant « pacification » menée dans une violence inouïe.

Massacres, décapitations, viols, pillages, incendies.....

Un roman dur, impitoyable, glaçant, d'un réalisme à la limite du soutenable.

L''écriture contribue à restituer toutes ces émotions.

Peu, voire pas de ponctuation, bien que le texte soit aéré.

Une écriture fine, précise, descriptive, sensible.

Un roman magnifique que je préférerais presque ne pas avoir lu tant il me met mal à l'aise.

Les dérives de la colonisation ont sacrifié tant de vies, causé tant de souffrances, d'abominations que l'entendre et le lire est difficile à supporter.
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Attaquer la terre et le soleil

J'ai d'abord eu très peur ...

Premières pages, absence de ponctuation ...

Encore un roman où l'auteur s'essaye à une mise en scène linguistique, comme pour se démarquer de la concurrence ?



Et puis ...

Je me suis laissé littéralement happé, aspiré, par ce court roman de sang, de larmes et de fureur.

J'y ai plongé et n'ai repris mon souffle qu'à la dernière ligne.



C'est une tempête, une furia ...

Le lecteur est entraîné à la suite de deux groupes distincts, pendant la colonisation de l'Algérie au 19ème siècle.

Une famille de colons venue de France, attirée par la promesse d'une terre à exploiter, d'un pays à bâtir. Et qui rencontrera les rigueurs du climat, le choléra et son cortège de morts, l'hostilité des populations locales, elles-mêmes pourchassées, dépossédées de leur terre, de leurs traditions ...

Une troupe de soldats, menée par un capitaine charismatique, qui sous couvert de pacification miltiplie les razzias, les meurtres, les viols, les représailles entraînant les représailles, dans un cycle de violence sans fin ...



Je suis resté en apnée ... j'ai peiné à reprendre mon souffle ...

Ce récit est grand et remarquable. Tout au plus ai-je regretté que les destins de ces deux groupes ne se croisent pas. Mais c'est sans doute mieux ainsi. Deux trajectoires, deux échecs, et un auteur qui ne cède finalement pas à la facilité de faire se rejoindre les destinées de ses personnages.



Non, finalement, ce choix de l'absence de ponctuation n'était pas une coquetterie. C'était l'essence même du livre.
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Attaquer la terre et le soleil

Les deux récits se déroulent dans l’arrière-pays de Bône en Algérie pendant les premières années de la colonisation.



Nous suivons une famille de migrants fraichement arrivée et un groupe de soldats chargés de « pacifier » la région.



J’ai appris du vocabulaire : le yatagan (sabre turc utilisé par les algériens) – le fondouk (hôtellerie et lieu où sont entreposées les marchandises) – le douar (groupement d’habitations).



J’ai découvert que les soldats n’étaient pas des anges, et cette formule est répétée à l’envie.



Comme les migrants, j’ai découvert avec horreur que les colonisés coupaient les têtes des colonisateurs qui étaient sans protection.



Mais j’ai souffert avec la colonie de migrants qui passe son premier hiver dans le froid, puis est victime du choléra, puis des attaques des villageois.



Un roman qui ouvre les yeux sur la brutalité de la colonisation et le nombre de morts des deux côtés pour la possession aléatoire d’un bout de terre.



L’image que je retiendrai :



Celle des deux capitaines (celui du groupe de migrants et celui des soldats) qui prononcent des discours enflammés pour motiver les troupes.
Lien : https://alexmotamots.fr/atta..
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Attaquer la terre et le soleil

Des têtes de chapitres entre parenthèses comme si elles s’excusaient d’être là …

Qui donnent la parole par intermittence aux colons et aux soldats …

Dans un cas, une prière qui scande le récit …

Sainte et sainte mère de Dieu …

Dans l’autre, des injonctions qui scandent le récit …

Vous n’êtes pas des anges …

Des phrases qui se suivent certes ponctuées mais qui se suivent sans liaison …

Le point final ne sera que la fin du chapitre …

Une écriture particulière qui rythme le récit comme une litanie, comme une prière, comme un slogan …

Sainte et sainte mère de Dieu …

Où vous n’êtes pas des anges …

Tout ça pour finalement nous dire :

Mais qu’est ce qu’on est venu foutre là !



Vient ensuite le choléra …

Cette bête immonde qui tue sans pitié et sans raison …

Sainte et sainte mère de Dieu …

Mais qu’est ce que vous foutez !

Vient ensuite les tueries …

Pour quelles obscures raisons tue t on …

Pour faire comme les autres …

Pour montrer qu’on est comme les autres …

Que l’on forme une famille …

C’est vrai que l’on n’est pas des anges …

Peut être simplement des anges de la mort !



Un livre spectaculaire,

De par son style, inégalé,

De par son sujet, la colonisation dans toutes son horreur,

Aussi bien pour les colons, trompés sur la marchandise,

Que pour les colonisateurs, transformés en assassins sans qu’ils s’en rendent compte,

Que pour les colonisés, qui n’avaient rien demandé à personne.

Un beau gâchis démontré au travers de ce court et poignant roman.

Il ne me reste plus qu’à me plonger dans la trilogie de l’auteur …

C’était notre terre …

Les vieux fous …

Un faux pas dans la tête d’Emma Picard.
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Attaquer la terre et le soleil

Sous le soleil brûlant d’Algérie, la menace des bêtes sauvages, des épidémies de choléra et des yatagans affûtés dans la main de ceux qui s’élèvent contre l’envahisseur, une poignée de colons doit attaquer la terre offerte par la République de France. Il faut la bêcher, la cultiver, la peupler, la civiliser à l’encontre des barbares qui l’occupent. L’armée les accompagne pour les protéger et asseoir l’autorité française, baïonnette au fusil et bottes prêtes à piétiner. Poitrails gonflés d’orgueil, membres virils avides de transpercer les ventres, les soldats suivent un capitaine aux discours envolés et au sabre toujours prêt à trancher des têtes.



Ce récit des débuts de la colonisation de l’Algérie, période souvent oubliée de l’Histoire, est narrée par deux voix humbles et simples. Une femme colon du nom de Séraphine, partie à l’aventure depuis Marseille avec son époux, sa sœur et leurs enfants, ainsi qu’un soldat anonyme gavé aux illusions de pouvoir et de sournoises paroles civilisatrices. Dans ce récit, on ne détourne pas le regard de l’horreur, de la puanteur et du sang. On respire la poussière et la mort, le désespoir et la hargne. Dans une langue abrupte aux longues phrases sans majuscule ni point, comme s’il n’y avait à l’enfer sur Terre ni commencement ni fin, Mathieu Belezi raconte la folie des hommes, le désespoir des femmes et des mères. C’est court comme un souffle coupé, acéré comme une baïonnette prête à embrocher, et ça porte la voix de ceux qui ont vécu et perpétré l’horreur.



Le texte est vite lu mais il colonise l’esprit, rappelle à la mémoire les hontes du passé et les principes perfides ayant justifié l’odieux et le monstrueux. La littérature tout comme le cinéma racontent plus volontiers l’exode des Pieds-Noirs dans les années soixante que les débuts de la colonisation française de l’Algérie au dix-neuvième siècle. Aux racines de la débâcle, il y a toujours le poids terrible d’une injustice, que ce récit illustre à travers deux regards parmi la multitude. Si le personnage de Séraphine laisse transparaître une humanité blessée, celui du soldat anonyme en revanche reste frustrant d’inanité.
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Attaquer la terre et le soleil

Depuis quelques années, je suis moins à l’affut des nouveautés qui n’ont plus le temps de faire leur trou, victimes d’un trop plein sans cesse en mouvement ; nouveautés de plus en plus décevantes, également….



Ce court et d’autant plus percutant roman m’a donc échappé à sa sortie ; Heureusement qu’il y a des libraires consciencieux qui se moquent des nouveautés et qui laissent toujours quelques vieilleries sur leurs tables et les défendent avec conviction. Merci Christiane ! je devrais venir plus souvent à l’Asnée pour y dénicher davantage de pépites de libraires !



Nous sommes en Algérie, peu de temps après l’arrivée des français sur ce bout de terre encore inexploitée.



Il y un besoin de bras pour défricher, cultiver, développer. Tout est à faire. Une poignée de colons de la même famille tente l’aventure ; ils quittent ainsi la métropole, traversent la méditerranée, pour se retrouver au milieu de nulle-part, cernés par des militaires dans un campement de fortune. Ils connaitront tout : les nuits glaciales, les journées torrides, le choléra, la défiance des autochtones, les malchances.



Deux voix, deux points de vue se relaient au cours de cette histoire ; Séraphine au nom de ses compagnons de voyage et surtout de galère, et celui d’un soldat flanqué de son capitaine et agissant sans état d’âme. Deux visions de la colonisation s’affrontent dans ce roman écrit dans une langue âpre, et un style d’une épure sans appel.



Aucun parti pris, mais une vision brute et cruelle d’un système !



Un roman, à la fois plein de grâce, d’horreur, d’espoir et de résignation.



Un roman qui assurément m’aura marqué !
Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Attaquer la terre et le soleil

Nous sommes en Algérie entre 1845 et 1850. La République Française colonise l'Algérie. Nous suivons une famille de colons et une compagnie de militaires.

Les colons en bavent : le climat est hostile, la terre encore ingrate est difficile à cultiver, le choléra fait des ravages, les autochtones défendent leur pays, la mort rôde.

Les militaires « pacifient ». Les exactions de la soldatesque abondent, tant contre ceux qui ont pris les armes que contre les femmes, les vieillards et les enfants.

Tout cela est décrit sans ménagement, crûment, brutalement.

Et ce n'est pas une caricature, les faits sont avérés, la conquête de l'Algérie s'est faite avec une extrême violence. La « mission divine » de la colonisation n'a été que le masque de la cupidité de beaucoup, de la volonté de puissance et de la folie brutale de quelques uns.

Je dédie ce livre au maréchal Bugeaud. Et que le diable l'emporte, scrogneugneu !
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C'était notre terre

Un grand domaine en Algérie française. Trois générations s’y succèdent, prenant tour à tour la parole : il y a d’abord la figure du père, Ernest, honni et craint par ses enfants et par sa femme. Qu’il soit vivant ou mort, tout tourne autour de lui ; d’ailleurs les voix mêlées de ceux qui l’ont côtoyé se renvoient toutes à son corps, dans le cercueil. Personnage maudit, « devenu riche par la simple opération du mariage », passant plus de temps au lupanar qu’à s’occuper de sa descendance, celle-ci ne le pleure pas vraiment. Il y a sa femme, Hortense, blessée par les tromperies, qui ne peut se résoudre à quitter le domaine. Enfin, les trois enfants apportent leurs voix à ce sombre discours ainsi que leur bonne à tout faire, Fatima.



L’autre grand personnage, c’est le domaine de Montaigne, vaste propriété avec ses vignes, ses champs, ses oliveraies, appartenant à la famille de Saint-André, construit dans la haine et la brutalité : « C’est dans le sang de ta grand-mère et celui de ses assassins que Montaigne s’est construit, et c’est dans le sang des colons et celui des arabes que l’Algérie est devenue française, pas autrement, alors c’est dans ce sang toujours prêt à couler qu’il fallait vous tenir pour garder le pays ».



C’est l’amère nostalgie de ce domaine perdu qui pousse, trente ans plus tard, les héritières du patriarche à faire renaître un petit Montaigne dans un appartement du quartier Saint-Gabriel à Marseille. Elles redécorent le lieu, créent des liens de vassalité avec leur employée d’origine algérienne, montrant toute leur rancœur et rejoignant par là-même l’avis du père détesté.



Faut-il voir en ce domaine meurtri une métaphore de l’Algérie Coloniale tendant vers sa fin ? En figure du père dominateur, une France incarnée ? Peu importe : Mathieu Belezi a composé dans ce livre le cantique funéraire de l’Algérie française, nouant aux distorsions familiales romanesques la fin historique de ce pays colonisé, et offre avec ces personnages une superbe symphonie. Chacun possédant sa propre incarnation, une étrange litanie se crée entre les différentes voix, tantôt chargées de haine, tantôt d’amertume, et les morts se relèvent, évoquent leur vie, hantent les vivants. La beauté du texte vient de ce mélange de voix ; de chant, de poésie. La construction est particulière, liée à l’absence de points, aux phrases hachées, scandées à l’envi, loin de déranger la lecture.



On l'aura compris, C'était notre terre n'est pas un roman sur la guerre d'Algérie, ni un témoignage. L'écrivain conte avec subtilité l'histoire d'une famille de colons. C’est la saga d'une famille broyée par les meules impitoyables de l'Histoire. L’auteur ne juge pas, n'excuse rien, n'épargne personne.



Apre, douloureux, le roman choral de Mathieu Belezi se lâche difficilement. Les personnages sont terriblement humains, terriblement poignants, lâches et cruels, haïssables et attachants, viscéralement attachés à leur pays, et leurs monologues résonnent encore dans la tête bien après avoir posé le livre.

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Moi, le glorieux

« Je peux vous le dire, Ils ne m’auront pas »



« Non, ils ne m’auront pas »



est le leitmotiv qui revient tout au long du livre. Mathieu BELEZI nous décrit la fin de la colonisation en Algérie, à travers son personnage, Albert Vandel, dit Bobby caïd, Bobby baroud, Bobby la baraka, alors âgé de 145 ans, réfugié dans une de ses propriétés avec ses amis, femmes, mercenaires, servants, armés jusqu’aux dents. Dernier baroud d’un vieil homme effroyable qui a régné sur l’Algérie en toute impunité et qui a encore un reste de mordant.



132 années de colonialisme, où Vandel (pas loin de Vandale) et ses amis, ont volé, pillé, saccagé, violé, au sens propre comme au sens figuré l’Algérie. Ils l’ont dépossédé de tout, grignoté jusqu’à la moelle. Moi le Glorieux, en premier.



Moi le Glorieux est un ogre dantesque, orgiaque, pantagruélique, que rien ne rassasie. Il en veut encore et toujours plus. Il réduira les Algériens à l’état d’esclavage, ils seront tous soumis à son bon vouloir ; aussi bien les paysans, les enfants, que les femmes qu’il violera à tire larigot. Souvent pris de folie, il tue sans raison, usera de la torture, juste parce qu’il estime être dans son bon droit. Et gare à ceux qui ne lui obéissent pas.



Il est dans la démesure, d’autant plus, qu’il n’a aucun obstacle devant lui.



Moi le Glorieux est un livre abominablement magnifique. Tout est démesuré dans cette lecture. C’est le biais de Mathieu BELEZI pour décrire les exactions de tout genre qui se sont passés en Algérie.



Pour que l’on n’oublie pas.



J’avais lu « Attaquer la terre et le soleil » de Mathieu BELEZI. Au-delà de l’histoire de la colonisation de l’Algérie, j’ai été conquise par son écriture. Là encore, ce fut le cas.



PS : la couverture est superbe ! Il Dubbio de Luca Palazzi

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Attaquer la terre et le soleil

Deux voix pour raconter la colonisation de l'Algérie au xxix siècle.

"Sainte et sainte mère de dieu", c'est la voix de Séraphine, la voix de sa famille partie de France pour cultiver un lopin de terre donné par le gouvernement pour coloniser l'Algérie, elle nous raconte la peur, la maladie, les attaques des locaux, le dur labeur quotidien qui aboutira à quoi ?

Et puis celle de ce soldat " nous ne sommes pas des anges" qui nous raconte les massacres, les atrocités, la déserrance de ces hommes payés pour soi disant apaiser les tensions entre natifs et colons.

C'est dur, lourd, écrit de façon "poétique" comme une complainte, on ressort sonné de cette lecture. A lire absolument.
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Le petit roi

Une lecture ininterrompue

de ce texte fort.

Un petit garçon des villes confié

à la garde de son grand père maternel,

un papé des champs, bienvaillant.

C'est la découverte pour l'enfant

de tout un univers végétal, animal,

de l'emprise qu'il peut avoir sur les bêtes.

Il les torture pour se soulager de ses peines.

Sa cruauté nous fait mal, nous interroge,

mais, la vie continue dans cette ferme

au rythme des saisons.

Mathieu est abîmé dans son passé,

qui revient le hanter.

La beauté, la bonté et la violence s'entrechoquent

et laissent le lecteur étourdi.

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Attaquer la terre et le soleil

’ai commencé ce roman en étant attiré par le lyrisme de la langue puis je l’ai lu en diagonale car je ne supportais plus l’accumulation des horreurs qui y est décrite.



Le style de cet écrivain est très particulier, j’ai lu sur plusieurs blogs que certains le considèrent comme un très grand de la littérature contemporaine. Il se lit facilement et sa langue très lyrique nous emporte. Malgré l’absence de point et de majuscule – je me demande quelle est l’utilité de ces procédés !- chaque paragraphe est une unité de sens et on comprend très bien les propos de l’auteur.

Il s’agit de la colonisation française au XIX° siècle, les deux voix de l’horreur sont celles de colons incapables de s’adapter aux conditions de vie en Algérie et qui mourront tous du choléra sauf une femme, la deuxième est celle de soldats qui, violent et assassinent femmes et enfants dans des bains de sang tous plus horribles les uns que les autres.

C’est sans aucune nuances, c’est juste insupportable, mais c’est sans doute ce que mérite la colonisation. Je préfère (et de loin) lire des livres d’historiens qu’un long texte lyrique dont la force vient de l’accumulation des crimes, des viols, des morts du choléra et surtout du racisme le plus primaire .…
Lien : https://luocine.fr/?p=15800
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Attaquer la terre et le soleil

L'auteur revient dans Attaquer la terre et le soleil sur les prémices de la colonisation algérienne au XIXème siècle à travers la vision alternée d'une femme colon venue chercher une vie meilleure et un soldat dont nous ne connaissons pas le nom.

La narration est surprenante, l'auteur prend un parti pris clairement marqué, outrancier devrais je dire.

Je suis passée complètement à côté de ce livre que j'ai trouvé sans intérêt. Les personnages manquent de profondeur, ne me faisant ressentir aucun attachement, aucune émotion. Je suis interrogative sur le but d'un tel roman, la critique est tellement féroce, sans nuance , qu'elle en devient contre productive.

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