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Citations de Maurice Blanchot (547)


C'est là un rapport très délicat, sans doute une sorte d'extravagance, mais elle est la loi secrète du récit. Le récit est mouvement vers un point, non seulement inconnu, ignoré, étranger, mais tel qu'il ne semble avoir, par avance et en dehors de ce mouvement, aucune sorte de réalité, si impérieux cependant que c'est de lui seul que le récit tire son attrait, de telle manière qu'il ne peut même "commencer" avant de l'avoir atteint, mais cependant c'est seulement le récit et le mouvement imprévisible du récit qui fournissent l'espace où le point devient réel, puissant et attirant.
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Ecrire commence avec le regard d'Orphée, et ce regard est le mouvement du désir qui brise le destin et le souci du chant et, dans cette décision inspirée et insouciante, atteint l'origine, consacre le chant. Mais, pour descendre vers cet instant, il a fallu à Orphée déjà la puissance de l'art. Cela veut dire: l'on n'écrit que si l'on atteint cet instant vers lequel l'on ne peut toutefois se porter que dans l'espace ouvert par le mouvement d'écrire.
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Mais peut-être faut-il le rappeler: la lecture est un bonheur qui demande plus d'innocence et de liberté que de considération. Une lecture tourmentée, scrupuleuse, une lecture qui se célèbre comme les rites d'une cérémonie sacrée, pose par avance sur les livres les sceaux du respect qui le ferment lourdement. Le livre n'est pas fait pour être respecté et «le plus sublime chef-d'œuvre» trouve toujours dans le lecteur le plus humble la mesure juste qui le rend égal à lui-même. Mais, naturellement, la facilité de la lecture n'est pas elle-même d'un accès facile. La promptitude du livre à s'ouvrir et l'apparence qu'il garde d'être toujours disponible — lui qui n'est jamais là — ne signifie pas qu'il soit à notre disposition, signifie plutôt l'exigence de notre complète disponibilité.
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L'intelligence s'intéresse à tout : les mondes, les arts, les civilisations, les ébauches et les accomplissements, tout lui importe et tout lui appartient.. Elle est l'intérêt universel qui comprend tout passionnément, tout par rapport à tout.
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Incipit :
Je ne suis ni savant ni ignorant. J'ai connu des joies. C'est trop peu dire : je vis, et cette vie me fait le plaisir le plus grand. Alors, la mort ? Quand je mourrai (peut-être tout à l'heure), je connaîtrai un plaisir immense, Je ne parle pas de l'avant-goût de la mort qui est fade et souvent désagréable. Souffrir est abrutissant. Mais telle est la vérité remarquable dont je suis sûr : j'éprouve à vivre un plaisir sans limite et j'aurai à mourir une satisfaction sans limite.
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Prier : prier la pensée, l'affiner jusqu'à cette pointe où elle se brise.
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La littérature est le langage qui se fait ambiguïté.
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Région qu'annonce l'extrême souffrance, l'extrême malheur, la désolation des ombres, région dont s'approchent, dans la vie, tous ceux qui, ayant perdu le monde, s'agitent entre l'être et le néant ; grouillent d'inexistence, prolifération sans réalité, vermine du nihilisme : nous-mêmes.
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Le fragmentaire, plus que l'instabilité (la non-fixation), promet le désarroi, le désarrangement.
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Mais la règle le veut et l'on ne saurait s'en affranchir : dès que la pensée s'est levée, il faut la suivre jusqu'au bout.
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Je puis dire que j'avais le jour à ma disposition, mais à condition que ce ne fût pas ce jour-ci et, plus encore, que celui-ci fût en partie oublié, fût le soleil de l'oubli.
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(...) la peur, qu'elle soit lâche ou courageuse, fraye - si vous permettez ce jeu de mots - avec l'effrayant, et l'effrayant, c'est ce qui nous fait sortir à la fois de la paix, de la liberté, et de l'amitié.
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Parler et aimer sont essentiellement liés.
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L'idéal de Broch serait de pouvoir exprimer, à la fois et comme en une seule phrase, tous les mouvement opposés, de les maintenir dans leur opposition tout en les ouvrant à l'unité (...) épuiser le monde, voudrait passer par tous les niveaux de l'expérience, voudrait unir chaque fois tout ce qui se heurte, cruauté et bonté, vie et mort, instant et éternité, mais ne réussit pas à finir, car le renversement perpétuel du pour au contre, l'effort pour ne pas trahir les pulsations incessantes, le sourd travail des mots contre les formes prématurément achevées, l'engagent dans des répétitions infinies et des amplifications que l'usage privilégié des substantifs rend encore plus massives.
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Avec la raison, le souvenir me revint et je vis que même aux pires jours, quand je me croyais parfaitement et entièrement malheureux, j'étais, cependant, et tout le temps, extrêmement heureux. Cela me donna à réfléchir. Cette découverte n'était pas agréable. Il me sembla que je perdais beaucoup. Je m'interrogeai : n'étais-je pas triste, n'avais-je pas senti ma vie se fendre ? Oui, cela avait été ; mais, à chaque minute, quand je me levais et courais par les rues, quand je restais immobile dans un coin de chambre, la fraîcheur de la nuit, la stabilité du sol me faisaient respirer et reposer sur l'allégresse.
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Et Héraclite a dit avant les autres : " Si toutes choses devenaient fumée, on les discernerait avec les narines." Mais il ne faisait pas du nez un organe théologique. Je n'ai rien, notez-le, contre l'odeur de fin de temps. Il est possible que cette mixture de vague science, de confuse vision, d'incertaine théologie, telle qu'on la trouve chez Teilhard, ait aussi une valeur de symptôme, et même de pronostic : Dans les périodes de transition, on voit se développer ce genre de littérature. Ce qui est pénible, c'est que cet homme sincère et courageux ne se rend pas compte de l'horrible mélange dont il doit se contenter, parlant au nom du savoir, alors qu'il parle en auteur de science-fiction.
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Qui peut dire : ceci est arrivé, parce que les événements l'ont permis ? Ceci s'est passé parce que, à un certain moment, les faits sont devenus trompeurs et, par leur agencement étrange, ont autorisé la vérité à s'emparer d'eux ? Moi-même, je n'ai pas été le messager malheureux d'une pensée plus forte que moi, ni son jouet, ni sa victime, car cette pensée, si elle m'a vaincu, n'a vaincu que par moi, et finalement elle a toujours été à ma mesure, je l'ai aimée, et je n'ai aimé qu'elle, et tout ce qui est arrivé, je l'ai voulu, et n'ayant eu de regard que pour elle, où qu'elle ait été et où que j'ai pu être, dans l'absence, dans le malheur, dans la fatalité des choses mortes, dans la nécessité des choses vivantes, dans la fatigue du travail, dans ces visages nés de ma curiosité, dans mes paroles fausses, dans mes serments menteurs, dans le silence et dans la nuit, je lui ai donné toute ma force et elle m'a donné toute la sienne, de sorte que cette force trop grande, incapable d'être ruinée par rien, nous vous peut-être à un malheur sans mesure, mais, si cela est, ce malheur je le prends sur moi et je m'en réjouis sans mesure et, à elle, je dis éternellement : "Viens", et éternellement, elle est là.
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incipit :
Un livre, même fragmentaire, a un centre qui l'attire : centre non pas fixe, mais qui se déplace par la pression du livre et les circonstances de sa composition. Centre fixe aussi, qui se déplace, s'il est véritable, en restant le même et en devenant plus central, plus dérobé, plus incertain et plus impérieux. Celui qui écrit le livre l'écrit par désir, par ignorance de ce centre. Le sentiment de l'avoir touché peut bien n'être que l'illusion de l'avoir atteint ; quand il s'agit d'un livre d'éclaircissements, il y a une sorte de loyauté méthodique à dire vers quel point il semble que le livre se dirige ; ici, vers les pages intitulées "Le regard d'Orphée".
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Thomas demeura à lire dans sa chambre. Il était assis, les mains jointes au-dessus de son front, les pouces appuyés contre la racine de ses cheveux, si absorbé qu'il ne faisait pas un mouvement lorsqu'on ouvrait la porte. Ceux qui entraient, voyant son livre toujours ouvert aux mêmes pages, pensaient qu'il feignait de lire. Il lisait. Il lisait avec une attention et une minutie insurpassables. Il était, auprès de chaque signe, dans la situation où se trouve le mâle quand la mante religieuse va le dévorer. L'un et l'autre se regardaient. Les mots, issus d'un livre qui prenait une puissance mortelle, exerçaient sur le regard qui les touchait un attrait doux et paisible. Chacun d'eux, comme un œil à demi fermé, laissait entrer le regard trop vif qu'en d'autres circonstances il n'eût pas souffert.
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Bientôt la nuit lui parut plus sombre, plus terrible que n'importe quelle nuit, comme si elle était réellement sortie d'une blessure de la pensée qui ne se pensait plus, de la pensée prise ironiquement comme objet par autre chose que la pensée. C'était la nuit même. Des images qui faisaient son obscurité l'inondaient. Il ne voyait rien et, loin d'en être accablé, il faisait de cette absence de vision le point culminant de son regard. Son œil, inutile pour voir, prenait des proportions extraordinaires, se développait d'une manière démesurée et, s'étendant sur l'horizon, laissait la nuit pénétrer en son centre pour en recevoir le jour.
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