Citations de Maurice Blanchot (547)
Ecrire, c'est s'engager, mais écrire c'est aussi se dégager, s'engager sur le mode de l'irresponsabilité. Ecrire, c'est mettre en cause son existence, le monde des valeurs et, dans une certaine mesure, condamner le bien : mais écrire, c'est toujours chercher à bien écrire, chercher le bien. Et puis écrire, c'est prendre en charge l'impossibilité d'écrire, c'est, comme le ciel, être muet, "n'être écho que pour le muet" ; mais écrire, c'est nommer le silence, c'est écrire en s'empêchant d'écrire.
La philosophie s'ébranle en Nietzsche.
Si tu écoutes "l'époque", tu apprendras qu'elle te dit à voix basse, non pas de parler en son nom, mais de te taire en son nom.
Le temps se cherche et s'éprouve dans la dignité de la question.
"Le poème est l'amour réalisé du désir demeuré désir".
René Char.
La question de l'attente : l'attente porte une question qui ne se pose pas.
Il vit dans l'imminence d'une pensée qui n'est que la pensée de l'éternelle imminence.
Ou bien, au contraire, si la limite est franchie, nous trouvons cette parole de la solitude et de l'extrémité, privée de centre et donc sans vis-à-vis, impersonnelle à nouveau, par perte de la personne, que la littérature moderne a réussi à capter et à faire entendre : parole de la profondeur sans profondeur.
"Il y a un frein dans le flot de mon être. Un courant profond se tasse contre l'obstacle, il frappe par à-coups, il tire, un nœud tout au centre résiste. Oh ! c'est une douleur, cela, c'est l'angoisse. Je faiblis. J'échoue."
(V. Woolf, Les Vagues)
Le sujet ne disparaît pas : c'est son unité, trop déterminée, qui fait question, puisque ce qui suscite l'intérêt et la recherche, c'est sa disparition (c'est-à-dire une nouvelle manière d'être qu'est la disparition) ou encore sa dispersion qui ne l'anéantit pas, mais ne nous offre de lui qu'une pluralité de positions et une discontinuité de fonctions (on retrouve ici le système de discontinuités qui à tort ou à raison a paru durant quelque temps propre à la musique sérielle).
Michel Foucault tel que je l'imagine.
Qui écrit est en exil de l'écriture : là est sa patrie où il n'est pas prophète.
Quand l'homme a vécu l'inoubliable, il s'enferme avec lui pour le regretter, ou il se met à errer pour le retrouver.
cité par Hafid Aggoune dans Quelle nuit sommes-nous ?
(...) le fleuve , lui aussi, semblait avoir coulé à travers le temps, affirmant avec sa vaste tranquillité qu'il n'y avait ni commencement ni terme, que l'histoire ne construisait rien, que l'homme n'existait toujours pas, que sais-je ? De cette assurance montait comme une tromperie suffocante, le rappel d'un mensonge, d'une duperie dans fin, une insinuation faite pour dégrader des sentiments nobles.
"Mais quelle ombre de présence aurais-je si je n'avais à tout moment déjà disparu ?"
La poésie est cette douleur perpétuelle, elle est "l'ombre" et "la nuit de l'âme", "l'absence de voix pour crier".
Au fond, c'est vrai, je parle ou je dors.
"Mais je ne suis peut-être pas calme", et elle ajouta, après avoir réfléchi dans son souci d'être exacte : "Il y a souvent comme une pointe, une pointe extrêmement fine qui cherche à me faire reculer, à me repousser dans le calme. Je ne sens que la pointe et pas du tout le calme. "
L'immensité intime, dialectique du dehors et du dedans Phénoménologie du rond. Que cette image nous loge et nous déloge, nous donne un sentiment du séjour heureux ou malheureux, nous resserre et nous abrite, nous déporte et nous transporte, cela ne veut pas seulement dire que l'imagination s'empare des expériences réelles ou irréelles de l'espace, mais que nous approchons, par l'image, de l'espace même de l'image, de ce dehors qu'est son intimité, "cet horrible en dedans-en dehors qu'est le vrai espace", selon les termes de Michaux qu'on ne peut guère oublier, lorsqu'on les a saisis.
L'inconnu est un neutre. L'inconnu n'est ni objet, ni sujet.
"Tout revient" n'appartient pas à la temporalité du temps. Il faut le penser hors du temps, hors de l'Être et comme le Dehors même ; c'est pourquoi on peut le nommer "éternel" ou aevum.