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Critiques de Metin Arditi (838)
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L'enfant qui mesurait le monde

Un bel hommage à la Grèce et des personnages attachants. Yannis, enfant autiste, rassuré par les chiffres qu'il mémorise et collectionne chaque jour, restaurant ensuite l'ordre du monde avec des pliages plus ou moins élaborés. Maraki sa mère, qu'il attend à dix heures, quand elle a fini la pêche, et Eliot l'architecte américain, venu sur l'île où sa fille Evridiki est morte il y a des années.

Ce trio cabossé par la vie va pourtant avancer ...

Une jolie complicité va s'installer entre Eliot et Yannis. Eliot pense d'abord poursuivre les rêves et les travaux de sa fille, sur les traces du nombre d'or, puis il apprend les mythes grecs à Yannis et l'aide à grandir, à s'ouvrir.

Un roman original, une belle découverte.
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L'enfant qui mesurait le monde

Un énorme coup de cœur pour cette histoire. Un livre simple et lumineux comme la Grèce et les grecs. Une croisée des chemins où des êtres en souffrance se rencontrent, s'aident, se réconfortent. Une écriture sobre et pudique.

Il y a d'abord cet enfant, Yannis, un autiste qui veille sur l'ordre du monde.

Et Maraki, cette maman frustrée de son enfant, obligée de lui voler quelques gestes d'affections.

Ensuite vient Eliot,qui va poursuivre les travaux de sa fille, morte accidentellement et s'occuper de Yannis qu'il comprend mieux que personne,car cet enfant est un génie des mathématiques.

Sans oublier le père Kosmas, pope de l'île, qui passe d'une personne à l'autre, donnant des conseils, des idées, proposant des alternatives.

Puis une histoire banale se produit, un promoteur veut construire un complexe hôtelier, les insulaires vont devoir choisir.

Chaque personnage a son importance et son rôle à jouer, tous sont unis par la bienveillance qu'ils portent à Yannis. Après une période de crise, l'île et ses habitants vont retrouver leur sérénité : l'ordre du monde sera rétabli.

J'ai beaucoup aimé ce livre pour son approche de l'autisme qui nous oblige à changer ou à repenser notre vision de ces personnes. Il y a aussi cette histoire de nombre d'or et d'architecture sacrée qui m'a vivement intéressée bien que je n'ai pas le génie de Yannis (je me suis un petit peu perdue). C'est tout en justesse et en finesse sans pathos, avec la Grèce que j'adore pour toile de fond et en plus, j'y ai retrouvé cette impression de calme et de sérénité que j'éprouvais en lisant les romans de Michel Déon.
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Le Turquetto

Et bien moi je me suis tout à fait laissée prendre à ce Turquetto, au point d'aller vérifier sur Wikipédia s'il recelait d'une pointe de vérité historique, ou juste de beaucoup de fantaisie chez l'auteur.



Résultat : pure littérature, et je dois avouer que ça me soulage... Pas que le Turquetto m'ait été particulièrement sympathique, mais l'idée d'avoir perdu presque toutes les toiles d'un peintre majeur de la Renaissance était profondément dérangeante.



Ce roman, puisque c'en est un, raconte l'histoire d'Elie, jeune garçon juif de Constantinople qui se fait passer pour chrétien dans la Venise de la Renaissance, afin de vivre un amour de la peinture que sa propre religion lui interdit. Pendant plus de 40 ans, il peint des portraits, mais aussi et surtout de très belles scènes bibliques, empreintes de douceur et d'humanité.



Cette vocation sincère l'oblige à constamment mentir et dissimuler, même à ses proches, le transformant en un personnage froid et énigmatique. Ce n'est donc à mon sens pas lui qui fait l'intérêt du livre, mais plutôt l'intrigue bien pensée, et aussi les intrigues tout aussi bien pensées de Venise hypocrite et calculatrice.



Art, religion, identité, mensonge, compassion, respect, manipulation, violence, le livre évoque tout cela, et plus encore... jusqu'à ce que le Turquetto dévoile La Cène et que tout change, à nouveau.
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Tu seras mon père

Une histoire qui commence dans l'Italie des années soixante-dix tristement célèbre pour ses brigades rouges et qui se termine à la fin des années quatre-vingt dix.

Une victime, deux êtres se croient coupables et pourtant…

Il voulait le bien des ouvriers, ses idées lui ont fait porter une énorme culpabilité. Il se sent coupable du suicide de son père.

Quand la vérité éclate ces deux êtres vont se déchirer, puis se reconstruire avec l'aide d'amis et donner le meilleur d'eux-mêmes.

Le filtre des émotions est intense : colère, vengeance, culpabilité, aveu, dénonciation, fidélité.

Tu seras mon père est un récit lumineux, la rencontre de deux hommes, deux âmes soeurs qui se retrouvent, une amitié exceptionnelle qui va se transcender au fil des ans.

« C'est étrange, comme ces deux-là se ressemblent, pensa Josy. Même délicatesse, même vulnérabilité… Quelque chose d'indéfinissable, aussi. Un retrait qui, par moments, les mettait hors d'atteinte. »

Et puis la vie porteuse d'espoir et d'apaisement continue de bien étrange façon.

Metin Arditi est devenu un de mes incontournables en quelques romans. Son style et ses thèmes (identité, handicap, amitié,…). Ses romans porteurs d'une humanité à fleur de peau. En font d'énormes COUPS de COEUR.

Merci aux éditions Grasset.

#Tuserasmonpère #NetGalleyFrance

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L'enfant qui mesurait le monde

Eliot Peters, citoyen américain, apprend brutalement le décès accidentel de sa fille Evridiki (Eurydice) alors qu’elle effectuait des recherches sur les vestiges de théâtres, en Grèce, notamment sur l’île de Kalamaki. En se rendant sur place pour s’occuper des formalités, il va l’enterrer sur sur l’île, dans le petit cimetière face à la mer. Ensuite, il faut continuer à vivre…



Bien installé et intégré comme architecte aux USA, car sa famille a dû quitter la Grèce autrefois, il a presque malgré lui, inculqué l’amour de ce pays, sa philosophie, sa culture à sa fille qui a senti l’appel des racines familiales. Finalement il choisit de s’installer sur l’île, et de reprendre les recherches de sa fille.



C’est ainsi que sa route va croiser celle de Yannis, un enfant autiste, que sa mère a du mal à apprivoiser : il refuse les contacts corporels, (on imagine la frustration douloureuse de la mère), les seuls contacts se font dans la mer quand elle lui apprend à nager, ou sur le chemin du retour en scooter.



Yannis pique de violentes colères, cassant tout, dès que l’angoisse l’envahit : les relations compliquées entre Maraki, sa mère et Andréa, son père, le maire de la ville, car l’autisme les a poussés vers le divorce, par exemple. Cet enfant est une éponge pour les émotions des autres et a mis en place des rituels pour tenter de se rassurer : les bols doivent être jaunes, il fait des pliages pour tenter de maîtriser les situations, va compter les clients du bar, ou l’arrivée des bateaux et les kilos de poissons pêchés tous les jours et traduit tout en chiffres…



Tout changement le perturbe et provoque des crises, mais dans le village il occupe une place particulière, chacun vivant en fonction de lui, de son rythme…



J’ai adoré la complicité qui se noue, peu à peu avec Eliot, qui remarque très vite son intelligence, sa maîtrise des chiffres, du calcul et va l’initier aux grands mythes grecs.



La mère de Maraki est très attachante car elle se bat seule pour assumer son fils, financièrement et affectivement. Elle va pêcher à l’aube avec son matériel traditionnel et Metin Arditi explique la fabrication de la palangre, comment la fabriquer à la main, comment l’utiliser…



Tous les personnages sont intéressants : Andréas, le maire qui veut à tout prix faire passer un projet immobilier qui va défigurer l’île, le prêtre qui donne des conseils, Grigoris qui tient le café Stamboulidis, le tout dans ce qui ronge la Grèce, avec les magouilles, les comptes truqués pour accéder à l’euro, la rancœur contre Bruxelles qui étrangle les habitants…



Metin Arditi m’a fait rêver, aussi, avec la suite de Fibronacci et le Nombre d’Or qu’on utilise en architecture (répartir les gradins d’un amphithéâtre) ou dans les proportions d’une statue. Avec lui tout est simple et harmonieux.



L’Histoire de la Grèce, sa culture, son passé, sa haine des turcs qui l’ont occupée, les grecs d’’Asie Mineure chassés d’Istambul en 1955, en passant par les nazis, puis la dictature des colonels, se mêlent harmonieusement à la petite histoire de nos protagonistes, sur fond de philosophie, d’architecture, archéologie…



L’auteur pose une question importante : l’île doit-elle rester une réserve avec sa plage protégée, ses pêcheurs, sa vie simple ou doit-elle céder aux sirènes de la spéculation immobilière, en attirant des étrangers riches, dans un hôtel luxueux, et des bateaux de tourisme énormes, ou étudier un autre projet qui respecte davantage la culture grecque ancienne?



Une mention spéciale à Kosmas, le prêtre orthodoxe, qui est à l’écoute de ses fidèles et aide Eliot pour affronter son deuil, parlant de religion avec douceur, sans être rigide dans ses conseils, loin des dogmes ou des diktats et à sa théorie des trois ancrages que nous propose le Christ : le libre arbitre, la Résurrection « à chaque instant l’être recommence. La vie reprend ses droits » et la troisième ancre : la vie renaît par le travail.



J’aime beaucoup Metin Arditi que j’ai découvert avec « La confrérie de moines volants » et dont j’ai adoré « Le Turquetto » et une fois de plus l’enthousiasme est présent. L’histoire est belle, de même que l’écriture sobre, sans jamais pontifier, le soin apporté au style, à la présentation, chaque chapitre ayant un titre et non un simple numéro, et racontant une petite histoire.



Son approche de l’autisme est très fine, de même que ses répercussions sur la famille, les autres en général, et l’auteur l’intègre de fort belle manière dans le scénario, dans la réflexion sur le temps qui passe, le nécessité ou non du changement, le deuil. Tout est harmonieux dans ce récit, et l’auteur réussit même à faire rêver, lorsqu’il parle du parfum du Nombre d’Or.
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L'homme qui peignait les âmes

Des icônes peintes ne ressemblant à aucunes autres. Une représentation qui violait la Loi juive et musulmane, une atteinte aux canons chrétiens de l'époque . Telle est l'histoire d'Avner « L'homme qui peignait des âmes ».



Avner est un jeune juif, fils de pêcheur. Son père l'envoie au monastère livrer du poisson, il est accueillit chaleureusement par les frères et ne peut s'empêcher de trouver leur religion plus joyeuse.Il aime entendre leurs chants et un beau jour va découvrir les icônes. Son plus grand souhait sera d'écrire des icônes. Pour cela il changera de religion , quittera sa famille. Sa passion le mènera toujours plus loin, mais il ne suivra pas les codes et malgré un don incroyable se verra chassé du monastère. Il continuera à peindre des portraits mettant en valeur les qualités de ses modèles.



C'est une histoire prenante d'un homme bon, passionné par son art. Malheureusement, dans un pays où les juifs, les musulmans et les chrétiens sont continuellement en conflit son attitude ne peut que lui attiré des ennuis. Est-ce un blasphémateur ? Un orgueilleux qui pense sauver les hommes par sa peinture ? En tout cas sa peinture fait de lui un homme qui s'accomode de toutes les religions et se lie d'amitié avec un musulman Mansour qui lui servira e guide et de père .



L'homme qui peignait les âmes est une bien belle histoire. Metin Arditi sait mêle avec talent l'histoire nous sommes à la fin du XIème siècle en Palestine et visiteront de nombreuses villes : mais il y a aussi l'histoire de l'art avec ce Christ guerrier attribué à Théophane le Grec mais serait l'oeuvre d'un iconographe de génie, Avner, dit Petit Anastase. Une immersion passionnante dans le monde des icônes avec ses codes très rigides . Une leçon d'humanisme mais aussi la vision d'un monde où le fanatisme religieux tue et n'autorise aucune liberté.



Un grand plaisir de lecture, une belle écriture, de courts chapitres, mon troizième roman de l'auteur, ma fidélité lui est acquise. À vous d'apprécier ce magnifique récit.



Merci aux éditions Grasset

#L'homme qui peignait les âmes #NetGalleyFrance

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La confrérie des moines volants

Il est des livres qui transfigurent, qui transportent, qui élèvent jusqu'au sublime.

Il est des livres qui touchent la profondeur de l'humain, sa dualité, ses contradictions, son mélange de bonté et de gouffre.

Il est des livres qui marquent, qui déposent leur empreinte au fer rouge.

« La confrérie des moines volants » en fait partie. Incontestablement.





Metin Arditi a choisi de nous immerger dans la foi chrétienne, mais la russe, l'orthodoxe, celle qui prend aux tripes, qui dépose sa douleur au pied d'une icône.

L'icône ! L'image qui unit tout Russe. La sérénité qui s'en dégage les happe et les aide à tenir.

« En arménien, il y a une expression pour dire la consolation. « Zavt tanem ». Mot à mot, cela veut dire : je prends ta douleur. »





Nikodime Kirilenko, un moine ermite, l'a bien compris. Lui qui est déchiré par une faute commise étant jeune, lui qui ne parvient pas à s'absoudre, à obtenir enfin la paix, il consacre plusieurs mois de sa vie à sauver les trésors que les communistes de Staline n'ont pas encore réussi à détruire.

1937 : aidé par 12 hommes, 12 moines qui portent dans leur chair et leur âme les stigmates de la destruction massive de leurs frères, il enfouit ces oeuvres de mystère et d'éblouissement dans une cache obscure.

Mais cet homme cachait lui-même en son sein un lourd secret...





2000 : Mathias Marceau, photographe d'icônes de mode, va devenir le dépositaire de ce secret.

Le magma du passé va l'envahir et le troubler, remuer en lui ses propres racines et orienter son propre destin. Au départ photographe au succès foudroyant, il deviendra photographe de l'âme, révélateur et consolateur. « Quand tu photographies, tu sauves, tu comprends ? Tu vas à la pêche à l'homme. » Et cela grâce à Nikodime Kirilenko, homme du passé, taraudé par la culpabilité. Grâce aussi à une journaliste russe, petite bonne femme pratique mais elle aussi hantée par la douleur de ce peuple. Et puis grâce à un prêtre lui aussi prisonnier d'un secret. le même qui les lie tous.

Grâce enfin au père de Mathias, l'homme par qui la vérité peut naitre et se propager.





Merci à isabelleisapure, celle par qui j'ai découvert ce trésor, histoire vraie et magnifiée par Metin Arditi. Nikodime Kirilenko a existé et a été élevé au rang de martyr le 26 avril 2002.



« De tout péché, fût-il le plus désespéré, peut surgir une parcelle d'éternité. »

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Dernière lettre à Théo

Metin Arditi, que je découvre, imagine la dernière correspondance de Vincent Van Gogh à son frère Théo. En peu de pages (une quarantaine), on perçoit déjà le personnage, confus, déchiré mais dont le talent artistique prend le pas. Toutes ces pages évoquent les couleurs, celles pour lesquelles le peintre vivait. On imagine également sa souffrance. Certes, nous savons qu’il avait des accès de folie mais il regrettait également le manque de considération de sa famille, et notamment de son père, envers lui.



Je trouve que Metin Arditi est très fort dans son genre. Concentrer autant d’idées, de ressentis, de sentiments, en si peu de pages, c’est de l’art ! Au même titre que le peintre doit tout nous faire comprendre en un coup d’oeil sur sa toile, l’auteur a réussi avec brio cet exercice.
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L'enfant qui mesurait le monde

J'avais adoré Le Turquetto, ma première lecture d'un roman de cet auteur. C'est donc sans hésitation que j'ai glissé L'enfant qui mesurait le monde dans mon panier, lors du dernier réapprovisionnement en librairie, et le souvenir laissé par Metin Arditi m'incita à le mettre en haut de la pile, espérant sans doute retrouver les plaisirs littéraires passés. Dans un registre différent, il a réussi encore une fois à m'embarquer. Je l'ai suivi avec émotion sur cette île grecque, plongeant sans retenue dans l'azur de cette Odyssée attachante au pays de l'amour universel. Et, qu'il prenne la forme inconditionnelle maternelle, celle de la floraison des sentiments dans la sécheresse des âmes blessées par le deuil et le destin, la compassion des habitants pour l'enfant autiste ou leur attachement à une terre, il démontre sa toute puissance, sa capacité à dépasser les différences, le handicap, les écarts générationnels, les nécessités économiques et les rêves de gloire. Il demeure cette étincelle dont est fait le génie des hommes, qui les emmène parfois tutoyer la beauté et le divin.
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L'homme qui peignait les âmes





L’histoire commence en 1078 : alors que son père vient livrer à un monastère les poissons qu’ils ont pêchés tous les deux, Avner ressent un lorsqu’il voit pour la première fois une icône mais aussi en entendant les chants orthodoxes :



« On y voyait trois personnages assis, le regard baissé. Le fond de l’icône brillait comme de l’or, et il émanait des visages une expression de grande douceur. »



Il a alors quatorze ans, et tout va changer pour lui : il veut peindre des icônes, lui-aussi, au grand dam de son père.



Déjà, il avait ressenti de la fascination pour un papillon qu’il appelle le Roi des Rois qu’il aurait tant voulait dessiner, mais chez les Juifs, il est interdit de dessiner le monde, ce serait faire de l’ombre à Dieu de vouloir reproduire son œuvre.



Son père lui donne le choix : si tu veux représenter ainsi, tu quittes la maison et ne reviens jamais plus. Avner résiste devant cette manifestation d’intolérance qui le fait beaucoup réfléchir, mais, il décide de partir, suivre son destin.



Il va demander au père qui dirige le monastère, Anastase, de lui apprendre la technique, mais, il ne pourra pas dépasser le troisième niveau d’étude s’il n’épouse pas la religion orthodoxe, et donc être baptisé, ce qu’il accepte. Il reçoit alors le nom de « petit Anastase ». Mais, est-il sincère dans sa conversion, son Maître en doute mais ne laisse rien transparaître. Avner apprend ainsi qu’on ne dit pas peindre mas écrire une icône, car elle est issue d’une méditation, et non un simple dessin. On parle d’iconographe pour désigner ces hommes qui écrivent une icône.



La première qu’il écrit est une représentation de la vierge, à laquelle il a donné les traits de Myriam, la fillette qui a vécu avec lui durant l’enfance et l’adolescence (et que l’on va marier contre son gré bien sûr à un homme bien plus âgé).



Il va donc commencer son voyage initiatique, Acre, Mar Saba, et plus tard Capharnaüm, Bethléem, Jérusalem apprenant le Grec, les prières orthodoxes, retrouver les chants liturgiques qu’il aime tant, se frottant à la jalousie des autres moines parce qu’il est très doué, pour choisir le meilleur bois pour le support inventer des mélanges, pour créer de nouvelles couleurs, notamment un bleu azur qui va déclencher les hostilités.



Il est accompagné par Mansour, un marchand ambulant musulman qui va lui expliquer les principes de l’Islam et devenir son ami au fil du temps, il prie avec lui pendant les voyages, chacun dans « sa langue » et Mansour lui explique comment tourner sa natte vers la Kâba, baisser la tête par humilité…



Ce voyage que l’on peut qualifier d’initiatique va être une longue méditation, un long chemin pour comprendre ce que représente une icône, que l’on doit se débarrasser le l’orgueil au passage.


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L'homme qui peignait les âmes

En 2012 « le Christ Guerrier » une icône d’un réalisme incroyable montrant un Christ prêt à « sortir du cadre » est confiée à un atelier de restauration. À cette occasion, une analyse des couleurs utilisées démontre que cette œuvre ne peut pas être de la main de Théophane le Grec iconographe du XIVe siècle. Qui est donc l’auteur de cette œuvre de génie ?

Nous sommes en Palestine, au XIe siècle, Metin Arditi nous raconte l’histoire d’Avner un jeune homme qui a le talent de représenter dans ses icônes, avec un réalisme saisissant loin des règles de l’Église, l’humanité des gens, de saisir leurs failles, leurs interrogations et leurs angoisses.



Ce roman est un voyage initiatique où nous suivons le lent apprentissage d’un jeune pêcheur aux techniques de l’iconographie, le récit est avant tout un plaidoyer contre l’intolérance, pour l’œcuménisme, une célébration de la beauté qui est en chaque homme. L’art au service de la paix, une ode à la liberté portée par une écriture où la sensualité se mêle à la spiritualité. Un conte étonnamment moderne rempli d’humanisme.



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L'enfant qui mesurait le monde

Avec cette fable aux airs de conte ou de parabole, Metin Arditi décroche les émotions et nous balade dans les entrailles de la Grèce en pleine banqueroute. C'est un peuple éprouvé mais pas vaincu, c'est un pays doux où il fait encore bon vivre.



Il y mêle la complexité de l'autisme, les stigmates qui l'entourent et la capacité qui ont certains d'appréhender l'invisible.

La Grèce, berceau des tragédies est l'arène où se croisent ces personnages cabossés. L'auteur dissèque chaque personnage de chaque génération avec une grande acuité romanesque.



Le résultat est un récit moderne et intéressant, qui renvoie aussi bien au chaos qu'à la douceur des sentiments.





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Carnaval noir

Longtemps, je me suis délecté de romans politico-historico-secrets à gogo avec ses grands idéaux, ses combats extrêmes et ses extrémistes combattants. Il faut que je cesse, il est temps.



J'ai avalé les Steve Berry, les Raymond Khoury, les Didier Convard et les Dan Brown avec avidité, et j'ai aimé. Je ne vais pas me désavouer aujourd'hui avec la découverte de ce Metin Arditi, moins gangster que Berry, moins fouillé que Brown, plus psychologique que Khoury et moins mystique que Convard, bien qu'il soit concevable que le mécanisme de ces romans soit récurrent et qu'il me soit difficile de s'en extasier encore.



La recette reste sympathique : Prenez un professeur de latin médiéval, faites-lui découvrir un manuscrit du 16ème siècle à déchiffrer, fouillez les failles de son passé, sa fratrie qui lui pèse, plongez-le dans la Venise actuelle, rajoutez quelques meurtres en lien avec ses recherches, faites revenir une toile de maître perdu depuis cinq siècles, complétez par une solide banque Suisse et une école religieuse extrémiste dirigée par un riche illuminé proche d'une partie de la curie du Pape et c'est la curée. Faites mijoter l'ensemble entre les merveilleuses montagnes du Valais, l'ensorcelante Venise et la fascinante Rome. Parsemez le tout de quelques djihadistes forcenés sans oublier de saupoudrer le mélange d'un soupçon de traitrise et de remord et vous obtiendrez un agréable moment de lecture à la sauce pimentée de délicieux passages. Bien que l'ensemble soit digeste, la finale manque cruellement des épices du suspens ce qui la rend un peu fade.



Avec ce Carnaval Noir, Metin Arditi rassasie ses adeptes de ce genre de nourriture littéraire qui n'est peut-être pas à dévorer avec voracité mais qui peut pallier à une faim certaine d'intrigues historiques si peu authentiques et tellement fictives.









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L'enfant qui mesurait le monde

Yannis, jeune autiste grec n'est pas seulement L'enfant qui mesurait le monde. Il est aussi celui qui ambitionne de le garder en harmonie et de lui éviter les désordres qu'engendre le chaos du monde moderne quand il vient fracasser par ses sombres réalités, sa petite île de Kalamaki.



C'est déjà pour lui le début du désordre quand les bateaux de pêche ne rentrent pas au port le matin dans le bon ordre ; quand le poids des poissons qu'ils rapportent varie sensiblement ; ou quand les clients du café du village sont plus nombreux que le jour précédent. Alors quand un grand groupe décide d'investir des millions d'euros pour construire sur son île un futur palace qui attirera les touristes du monde entier, c'est un cataclysme qui s'abat. D'autant plus que le projet divise l'île et ses habitants, aiguise les appétits pas toujours très nets et intéresse les pontes d'Athènes et de Bruxelles, les seconds n'ayant de cesse que de surveiller les actions des premiers.



Heureusement, Yannis peut compter sur Maraki, sa mère, qui a mis sa vie entre parenthèse pour s'occuper de lui, rejointe par Eliot, architecte américain récemment installé sur l'île sur les traces de sa fille défunte. Patiemment, il va apprendre à Yannis que la rupture de l'ordre établi est inéluctable, mais qu'elle se doit d'être accompagnée, adoucie, décidée.



Comme je l'avais déjà été dans plusieurs de ses précédents romans (Le Turquetto, Prince d'orchestre...) j'ai été à nouveau emballé par l'écriture de Metin Arditi, certes lente, mais faite de mots justes car économisés. Une écriture d'une poésie sublime lorsqu'il décrit l'atmosphère si particulière des ces îles grecques où le vent et la chaleur cohabitent si bien. Une écriture "musicale" où les variations de rythme cassent habilement l'ordre conventionnel du genre.



Arditi réussit surtout à faire cohabiter les extrêmes, appelant dans son roman les références classiques et glorieuses de la Grèce antique pour soutenir son propos, tout en les confrontant aux impitoyables réalités actuelles d'un pays financièrement exsangue, se faisant piller et dicter ses lois de l'étranger. Fierté et misère, les deux mamelles schizophrènes de la Grèce moderne. Dans la même veine, il appelle en soutien de son propos les principes idéologiques de la religion orthodoxe comme ceux totalement binaires des mathématiques de Fibonacci et de l'implacable logique du Nombre d'Or.



Alors oui, si on veut, c'est un conte et Metin Arditi ne tranche pas la querelle des anciens et des modernes. Mais puisque l'on ne peut arrêter l'évolution du monde, on peut cependant lui éviter le désordre absolu par l'application du compromis pragmatique, ambitieux et apaisant. Une lueur d'espoir. Et pas que pour les Grecs...
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Carnaval noir

Ah, Venise, son Carnaval, ses canaux, ses intrigues politiques obscures et raffinées et ses Scuole regorgeant d'artistes et de chefs d'oeuvres fameux!



Je m'en léchais d'avance les babines, d'autant que Metin Arditi était depuis longtemps dans mes tablettes...un historien doublé d'un écrivain de talent. .je m'en forgeais déjà une félicité qui me faisait pleurer de tendresse...



Las, las, quelle cruelle déception!



Certes Arditi connaît son histoire vénitienne, et , -au début du moins- arrime assez solidement sa gondole à la Bricola historique ....mais il se laisse bientôt emporter par une fiction qui ôte toute crédibilité à son récit.



Perdue, ballottée entre des temps contraires, le 16ème et le 21eme siècles, la gondole devient un hors- bord fou, qui saute d'un temps à l'autre, d'un personnage à l'autre, bondissant sur des crêtes de plus en plus courtes, de plus en plus improbables. Les chapitres, trop courts, interdisent de reprendre haleine, de tenter une reconnaissance, même fugace, des silhouettes trop vite estompées dans la brume des lagunes...



Glou glou, fait le lecteur qui boit la tasse.



Trop de fondamentalistes de tout poil, trop de chercheuses acharnées -quand elles sont grassouillettes ou vieilles, on est à peu près sûr qu'elles ne feront pas de vieux os..-, trop de doigts à trop de mains, trop de prélats pervers.



Trop, beaucoup trop, de chapitres qui, en morcelant l'action, brisent l'attention et la tension...



Et même trop de latin- et c'est une latiniste qui vous le dit!



J'ai fini par mettre, moi aussi, le turbo , histoire de terminer, vite fait, cette intrigue vénéto-romaine en hyper ventilation ...



Arrête de ramer, gondolier, t'es sur le sable...



Ouf!



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L'enfant qui mesurait le monde

Eliot est un architecte d'origine grecque mais vivant à New York. Le décès de sa fille sur la terre de ses ancêtres le pousse à rejoindre la Grèce et plus particulièrement l'ile de Kalamati.

Sur cette ile vivent péniblement quelques pécheurs qui subissent de plein fouet la crise financière qui frappe le pays.

Maraki n'y échappe pas et elle doit de plus composer avec son petit Yannis, autiste , dont la journée est occupée à compter les bateaux , les clients du bar ou les kilos de poissons ramenés .

Il peut alors remettre le monde en ordre .



C'est un beau roman , tout en finesse, où finalement beaucoup de thèmes se bousculent.

Il y a l'autisme donc mais aussi le dilemme entre l'argent et la sauvegarde du patrimoine, le poids considérable exercé par Bruxelles sur le Grèce ou encore , la beauté et la pureté de la Grèce antique , de ses théâtres aux dimensions "fibonacciennes", de ses poètes .



Il y a la quête d'un père qui essaie de faire revivre sa fille en tenant de poursuivre son œuvre ,mais aussi l'apprivoisement réciproque entre l'enfant et l'adulte qui peut faire penser au petit Prince par certains aspects.



C'est un beau roman donc , éclairé par la lumière grecque, porté de bout en bout par des personnages bien plantés par l'auteur . Du travailleur au véreux, de l'idéaliste au pragmatique , de la mère dévouée au mari égoïste.

L'écriture est simple, précise et belle . Comme une petite vague qui viendrait doucement nous émouvoir en arrêtant sa course sur la plage. On aurait sans doute aimé que cette petite vague vive un peu plus longtemps, les ouvertures faites par ce roman semblant immense .
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Rachel et les siens

L’histoire débute aux environs de Jaffa en 1917. Nous faisons la connaissance de Rachel alors qu’elle a huit ans. Dans une maison de la rue Naguib-Boustros, ses parents, Rozika et Daoud, cohabitent avec Aïcha, son époux Abdallah et leur fils Mounir. Daoud est marchand de tissus raffinés,Abdallah est aussi commerçant.



Un jour un Ashkénaze, Iakov qui a fui avec sa famille les pogroms dans les pays de l’Est vient demander de l’aide à Daoud, car sa femme est décédée, et lui-même ainsi que ses filles sont à bout de force mais celui-ci refuse par peur des représailles et Iakov se pend tentant d’entraîner dans la mort ses deux filles, Tatiana et Ida. Mais Ida survit et Rozika, sous le poids de la culpabilité décide d’adopter la petite fille. Mais celle-ci n’est pas accueillie à bras ouverts : Mounir et Rachel la rejette car elle risque de s’immiscer dans leur belle amitié et tous les moyens sont bons pour qu’elle s’en aille. Ces deux familles vivaient en harmonie jusque-là, entre Juifs arabes et Palestiniens, tout le monde s’en tendait. Mais, l’arrivée en masse des Juifs de l’Europe de l’Est, plus érudits, ayant mieux réussi dans la vie avant l’exil va tout remettre en question.



Cela va commencer par un exil forcé des Juifs arabes dans un Kibboutz, ils sont obligés de partir avec à peine leurs habits sur le dos et quelques affaires que les soldats turcs se feront un plaisir de confisquer ou détruire. On reverra les mêmes choses quand les nazis arriveront au pouvoir. Là, ils ne vont pas hésiter à défricher, assécher des marais, (les seules terres qu’on veut bien leur céder), dans des conditions tellement difficiles (entre la malaria et l’épuisement beaucoup y laissaient leur vie) pour construire « Do-Beïtenou » mais leur zèle et leur nombre grandissant inquiète. C’est d’ailleurs là que Rachel écrira des petites pièces dont lesquelles Ida jouera pour animer un peu la communauté qui est dirigée par Ossip.



Les relations entre Séfarades et Ashkénazes ne sont pas simples, et étail intéressant au passage : on surnomme ceux qui arrivent de Russie, les Moskubin



« Les Ashkénazes nous méprisent nous aussi. Pour eux nous sommes des sous-Juifs »



Les liens entre ces deux familles, sont très puissants, Mounir, Rachel et Ida se considèrent comme frères et sœurs (de lait pour Mounir et Rachel), mais pourront-ils résister à la tourmente ?

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Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce roman et retrouver la plume de son auteur.

#Racheletlessiens #NetGalleyFrance


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Tu seras mon père

L’histoire s’ouvre en 1978 sur l’enlèvement de Francesco Barro, glacier réputé, patron sympathique qui prend le café avec ses ouvriers, dont certains même le tutoient. Il ne se croit pas menacé par les Brigades Rouges qui s’en prennent aux patrons qui exploitent leurs ouvriers et s’enrichissent sur leurs dos. Après d’âpres négociations (quand il s’agit de payer une rançon c’est compliqué, on voudrait négocier). C’est un homme brisé qui va être libéré, il est resté attaché sur un matelas nourri de sardines en boîtes… Sardines qui vont avoir du bon, car achetées en quantité, on pourra remonter jusqu’aux ravisseurs !



Le « cerveau », l’éminence grise des Brigades, est Paolo Rivolta qui a établi une liste des patrons à enlever, mais on ne remontera pas jusqu’à lui pour cet enlèvement ; il purge une peine de prison pour une autre affaire, et à sa sortie, nouvelle identité : Paolo Mantegazza qui s’exile en Suisse pour enseigner.



Paolo Rivolta, devenu Mantegazza enseigne à l’internat et monte chaque année une pièce de théâtre. Renato est passionné par le théâtre, mais il va y avoir une rivalité avec un autre élève, fils d’un magnat grec, à qui revient chaque année le premier rôle. Mais Paolo se sent coupable et, ayant compris qu’il était responsable de la mort du père de Renato, va ruser pour lui attribuer le meilleur rôle.



Il est tombé sous le charme du garçon, et inconsciemment voudrait se racheter. Une relation de type père-fils s’installe entre eux : Renato cherche en lui l’image du père, alors que Paolo se sent une âme de père.



Nadelmann qui, lui, a dû quitter Vienne à cause de l’antisémitisme régnant à l’université, donne aussi des cours au pensionnat. Il a deviné qui se cachait derrière Mantegazza… chacun se réfugie dans une œuvre qui le conduit à se dépasser : traduire Nietzsche pour Paolo, se plonger dans Höderlin pour Nadelmann.



Peu à peu, Paolo entre dans la vie de Renato, dans le cœur duquel une place et à prendre, et dont la mère vient de se remarier. Il lui propose des cours de danses avec sa compagne Josy ; mais peut-on construire une relation authentique sur le mensonge, même par omission ? Peut-on rattraper le mal qu’on a fait autrefois, sous l’effet d’une idéologie à laquelle on a cru ?



J’ai un peu moins aimé celui-ci qui les précédents, on devient exigeant quand un auteur nous envoûte ! mais c’est une belle histoire et il ne faut pas être tenté de comparer. On n’est pas dans le même registre que « Le peintre d’icônes » par exemple ! Mais je chipote ! Il suffit de regarder la note que j’ai donné à cette lecture.



Comment résister quand Metin Arditi propose une de mes citations préférées de Nietzsche : « Je ne crois qu’en un dieu qui sache danser » ? impossible…



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume d’un auteur que j’aime vraiment beaucoup et dont je guette avec impatience chaque nouveau roman.



#Tuserasmonpère #NetGalleyFrance !
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Le Turquetto

C’est par une note au lecteur que Metin Arditi introduit son nouveau roman. A elle seule elle suffit à susciter l’envie de dévorer ses quelque trois cent pages. Le postulat est le suivant : un tableau célèbre conservé au Louvre – dont la signature présente une discrète anomalie chromatique – serait l’unique oeuvre qui nous reste d’un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne. Un égal de Véronèse, un élève prodige de Titien lui-même que le grand maître surnomma ‘ le Turquetto ’, le petit Turc. La petite histoire en appelle une grande, celle d’un destin mouvementé que Metin Arditi conte avec ferveur.



Ainsi débute le récit d’une passion, celle d’Elie Soriano. né de parents juifs en terre musulmane (à Constantinople vers 1519), qui ne peut concevoir de vivre sans dessiner. A la mine de plomb ou au pinceau, il veut saisir l’autre. Pénétrer son âme, la comprendre et la révéler, dans toute sa vérité. Mais les lois sacrées des Juifs et des Musulmans lui interdisent la représentation. Alors, pour assouvir sa passion, l’artiste triche, renie ses origines et fuit très jeune en Italie. A Venise, il masque son identité, fréquente les ateliers du Titien, et connaît une carrière exceptionnelle sous le nom de Turquetto. Il offre aux congrégations vénitiennes une œuvre admirable nourrie de tradition biblique, de calligraphie ottomane et d'art sacré byzantin. Pourtant, au sommet de sa gloire un malheureux incident fera basculer son formidable destin.



C’est avec une grande force et une érudition inspirée que Metin Arditi nous entraîne inlassablement dans le tourbillon de cette vie aux identités multiples. En conteur averti, il dépeint, au cœur des rivalités et des fastes de la Renaissance, le destin d’un artiste dont le talent égale l’inspiration. Entre ombre et lumière, avec force détails, il met en perspective l’art pictural avec les contradictions du pouvoir, de la religion et de la filiation.

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Le Turquetto

Je n'ai pas fini ce livre dont j'ai lu hier la première partie... et je ne sais pas si je le finirai.

Pour moi, la lecture est un acte d'amour, un échange qui suppose qu'une connexion s'établisse, que le lecteur s'abandonne à la séduction ; or, ici, rien ne (se) passe, si ce n'est un profond ennui mêlé à une sourde exaspération.



Je partais pourtant facilement conquise : la renaissance italienne, le XVIème s. et le lien littérature/peinture sont trois passions qui ont aussi constitué mes champs d'étude... Mais quelle déception!



Dès les premières pages (la page 18 est assez insupportable et très représentative), l'overdose des points d'exclamations, qui tentent maladroitement de construire l'intériorité des personnages à défaut de maîtrise du discours indirect libre, a provoqué chez moi un rire nerveux ; c'est assez gênant, étant donné le manque total d'humour de ce récit...



Quant à l'érotisme de pacotille mettant en scène des jeunes filles (ou plutôt des enfants!) de douze ans, et convoquant les pires poncifs : le harem, le lesbianisme... Certes, page 66, l'auteur semble se souvenir que "c'est pas bien, l'esclavage" et ajoute in extremis une petite anecdote tire-larme, ce qui ajoute l'hypocrisie à l'ensemble.



En ce qui concerne l'exotisme de Constantinople, je pense que la lecture du Guide du Routard m'apporterait plus de dépaysement : aucun univers ici, aucune odeur, aucun bruit, aucune matière, aucune couleur (ce qui est assez paradoxal lorsqu'on prétend raconter la vie d'un peintre) : quel manque de corps! (à part celui des jeunes filles dont j'ai déjà parlées...)



Tout ceci à travers une construction boiteuse, une structure qui manque de rythme malgré la brièveté des chapitres, des incohérences narratives : en une demi-page, le héros abandonne le projet mis en place sur plusieurs chapitres et part à Venise : pourquoi, comment? On n'en saura rien. Je ne sais pas non plus pourquoi une ellipse de 43 ans sépare les deux premières parties, sans justification particulière, provoquant l'abandon de la plupart des personnages "installés" au début ; on l'apprend peut-être plus tard... mais il faudrait pour le vérifier que je poursuive et je doute d'en avoir le courage...








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