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Critiques de Michel Déon (215)
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Je ne veux jamais l'oublier

Il me fait penser à d’autres livres ce livre. À d’autres livres sur l’amour (Aurélien, Belle du seigneur, Veiller sur elle) et d’autres livres du même auteur (le jeune homme vert). On y retrouve des thèmes comme le romantisme, la légèreté de ces êtres, la fougue, la vie, la passion parfaitements écrits et décrits par Michel Deon.
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Les trompeuses espérances

Autour d'un crime dans une île d'Italie, l'auteur nous dévoile à travers le récit du narrateur, les relations ambiguës des personnages qui gravitent autour d'Ines, une femme captivante mais insaisissable. L'intrigue n'a rien d'exceptionnel mais le style est agréable.
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Le rendez-vous de Patmos

Michel Déon est un auteur passé de mode et je ne sais pas s'il passera d'autres décennies. Et c'est bien dommage, cet ensemble de nouvelles, quasi autobiographique, parle du temps qui passe, des mondes disparues d'hier et d'avant-hier. Une grande mélancolie s'en dégage, une réflexion sur la beauté, toujours éphémère... en tous cas un beau voyage dans une Grèce disparue des années 50 ou 60, mené par un érudit sensible qui cherche, sans doute, à fuir un monde moderne par trop insatisfaisant.
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Un taxi mauve

Je voulais depuis longtemps lire ce livre qui bénéficiait d’une sorte d’aura au temps de sa sortie : le mythe de l’écrivain choisissant la solitude d’une retraite sauvage pour se ressourcer auprès de la nature tout en gardant son regard acéré sur le monde, entre Rousseau et Voltaire version XX siècle en décor celtique.



J’avoue que la déception à été à la hauteur de l’attente.



Certes la langue est belle et Michel Déon sait magnifiquement la manier pour peindre le décor de marais, chemins et tavernes embrumées d’une Irlande encore préservée.

Le portrait des quelques locaux de l’étape est aussi brossé avec économie et talent.



Pour le reste, le narrateur héros tourne autour de quelques personnages venus d’ailleurs qui ont en commun de claquer leur richesse, boire conséquemment et s’ennuyer ferme : caractères que j’ai trouvé peu consistants et passablement vains. C’est un peu le salon des Verdurins translaté entre roselière et manoir, la densité psychologique en moins. Seul Taubelmann, personnage rabelaisien haut en couleur, excessif, grossier et conteur impénitent, sauve un peu le portrait de groupe.



Deux aspects du roman moins souvent évoqués :



Le polyamour à la sauce années 1970 : le héros -narrateur et les différentes femmes qui l’entourent ( toutes nimbées de « mystère » mais surtout bien capricieuses) s’envisagent dans des relations amoureuses libres, fantasmées comme des «  rencontres esthétiques » .



La mise en abîme bien menée qui a sûrement contribué au succès du roman : Michel Déon s’était lui même retiré en Irlande, pour écrire cette histoire d’un écrivain qui, observant ceux qui l’entourent dans sa retraite irlandaise , finit par écrire l’histoire d’un écrivain qui raconte ceux qui l’entourent etc.

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Voilà une lecture que je ne regrette pas malgré ce choix un peu au hasard dans une boîte à livres.

Parution qui date de 1986 avec un auteur qui m'est inconnu mais un moment de pur plaisir.

Une histoire, des histoires dans l'histoire devrai-je dire, des personnages magnifiquement réalistes, un décor et ce village où l'on se situe aisément. (D'ailleurs ce village est le personnage principal de ce roman). Quant à tous ces mystères, subtil...



Après la guerre, Jacques souhaite revoir celle qui l'a hébergé durant le conflit avec le prétexte de retracer l'histoire de ce village.

Mais il faut en faire partie pour le comprendre et comprendre ses habitants qui ne peuvent le quitter, un peu des prisonniers du temps... De découverte en découverte, Jacques se retrouve soudain entre trois femmes et le passé resurgit inévitablement.



Intrigué, attiré, passionné, Jacques souhaite libérer la Contissena de cet endroit qui a fait d'elle une prisonnière. Mais la fête annuelle désinhibitrice lui fait découvrir un autre visage de cet endroit...
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Un parfum de jasmin

Trouvé par hasard dans une case à livres, ce recueil m' a interpellée car la 4ème de couverture annonçait 9 nouvelles.

Pas de chance pour moi, aucune ne m'a plu...

Le style est lent, dépassé et les "histoires" franchement sans intérêt, du moins pas du tout à mon goût !
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Un taxi mauve

Je n'étais pas retourné en Irlande, dans les pas de Déon depuis ma lecture des poneys sauvages. J'ai brusquement décidé de m'offrir un nouveau voyage au travers de ses pages.



Je prends donc ce taxi mauve, qui me conduit dans une campagne irlandaise où les éléments naturels et le caractère des personnages est marqué par la force et la rudesse.



On suit dans ce roman, les traces d'un narrateur venu en Irlande s'isoler de son quotidien et qui promène un regard tantôt proche tantôt distant sur les personnages qu'il côtoie.



Il va ainsi de lier d'amitié avec Jerry, issu d'une famille d'origine irlandaise qui a émigré aux USA il y a de cela plusieurs décennies.



Sa route va surtout croiser celle de Taubelman, sorte de mythomane qui semble avoir vécu mille vie mais qui ment comme il respire, peut-être d'ailleurs en se persuadant lui même d'avoir vécu tout ce qu'il raconte alors que certains épisodes ne les appartiennent pas. Le personnage est sans doute un peu malhonnête et c'est avec plaisir que l'on suit les destin des personnages qui se croisent ou s'éloignent.
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Les poneys sauvages

Un des !moins agréables à lire de Déon , d'après moi .

Sans doute car la mode des romans fleuves historiques sur plusieurs décennies est révolue

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Le balcon de Spetsai

Alors que je referme "Le balcon de Spetsai" de Michel Déon je débarque sur l'île du golfe Saronique en Grèce appelée désormais Spetses. C'est un peu fait exprès parce que cette lecture de vacances est le journal de l'académicien qu'il a tenu durant son premier séjour de six mois en 1960 sur l'île dont il fait le récit. Pas si bien que je le pensais mais d'un grand intérêt quand on est sur place car il sait parfaitement décrire les ambiances et les personnes. Mon carnet de voyage sera loin d'avoir sa qualité littéraire mais c'est le mien.



Michel Déon dit que ce livre est un premier coup d'oeil jeté du balcon de Spetsai à ce monde auquel il s'est senti vite accordé, un coup d'oeil qu'il admet volontiers un peu exalté par la nouveauté de la découverte.

Les moments les plus intéressants sont ceux partagés avec les habitants, l'ami pauvre Spiro qui parle un peu le français, la cuisinière Elefteria, le petit macédonien Vangeli, la dentiste Despinis Matina. S'il assiste au mariage de Yannis ou autres cérémonies sur l'île, il se rend souvent dans le péloponnèse. Il monte à dos de mulets jusqu'au Karakas où il a l'occasion d'écouter un orchestre de bouzoukia. Il en profite pour évoquer le pillage d'antiquités sur les sites grecs des anglais qui les exposent dans les musées de Londres.



Évidemment, il parle aussi beaucoup de littérature d'abord avec la lecture des auteurs grecs qui ont une certaine résonance puisque Michel Déon est sur place : Nikos Kazantsakis, Georges Katsimbalis ou le poète Georges Séféris (qui sera le premier grec lauréat du prix Nobel de littérature trois ans plus tard).

Quand il reçoit l'écrivain français Jacques Chardonne c'est beaucoup moins intéressant. Chardonne est assez désagréable et ses critiques sont à la hauteur des privilèges d'avoir des domestiques et autres avantages. Comme Michel Déon, il ne semble pas en avoir conscience.

D'ailleurs, ils préfèrent boire du Résiné ou de l'Ouzo plutôt que de s'intéresser à l'histoire récente du pays, préférant penser que le présent se confond avec le passé, des valeurs nationalistes qui rappellent quand même celles de la dictature de Metaxás. Mais peut-être suis-je mauvaise langue.





Challenge Riquiqui 2023

Challenge XXème siècle 2023

Challenge ABC 2023-2024

Challenge Gourmand 2023-2024
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Le balcon de Spetsai

Le balcon de Spetsai / Michel Déon/Académie Française

Nous sommes en janvier 1960 : Michel Déon découvre la Grèce et en particulier l’île de Spetsai proche d'Hydra, au large de l’est du Péloponnèse, une île qui rassemble dans son port, sur ses collines et chez ses habitants les envoûtements de la Grèce. Avant de s'y fixer pour plusieurs années, Michel Déon y passe six mois comme à un balcon, goûtant aux heures du jour et de la nuit, découvrant les charmes, les tristesses, les gaietés, les amitiés et les allégresses d'une existence en marge du monde. Le Balcon de Spetsai est le récit de la première rencontre avec une Grèce quotidienne dont la morale exquise et salutaire est inimitable.

On fait vite connaissance de ses amis dont Spiro à qui la pauvreté a donné une âme de seigneur. L’âme grecque a depuis longtemps gagné l’auteur et quelques livres de Kazantsaki ne le quittent plus.

L’arrivée de la célèbre Maïa sur son cotre vient perturber agréablement la quiétude des lieux. Front droit, lèvres fortes, pommettes saillantes, c’est une amazone pleine d’assurance qui s’introduit dans les groupe d’amis, une femme qui appartient à ce genre d’interlocuteur qui mène seul une conversation à deux !

Le Grec a le sentiment inné d’être le chainon d’une race exceptionnelle forgée par des siècles d’incroyables grandeurs et des siècles d’atroces misères. Par ailleurs, l’auteur durant les six mois de son séjour est séduit dans ces années 60 par la profondeur et la vérité des sentiments du peuple grec, le don généreux de soi, et dans l’affection et l’attachement, la gravité tempérée par le sourire et la légèreté. » (Vingt ans plus tard, les choses auront changé… quand une faune étrangère, essentiellement féminine, court vêtue, apparemment affamée d’amour, a singulièrement déluré la jeunesse autochtone. Spetsai découvrit alors la prospérité et ne s’en accommoda pas toujours bien…)

C’est ensuite le voyage vers Athènes et l’extase à Épidaure : « Du haut des gradins, l’homme écrase l’homme, le domine et l’étreint, ne lui laisse pour jouer qu’une demi lune de marbre à dos et à ciel ouvert…et le théâtre d’Épidaure, taillé dans un porphyre dont le couchant ravive les roses, commande à un paysage immuable qu’à vue d’œil rien ne semble avoir déparé depuis des siècles…Il semble que la pierre vive et garde encore la tiédeur des spectateurs pressés sur les gradins, que le grand coquillage renversé comme une coquille Saint Jacques contre la colline, renverra les échos des rires qui saluaient Aristophane. »

On admire le style de Déon tout au long de ce récit de voyage qui se révèle être en fait une véritable immersion au cœur de la Grèce et de sa mythologie.

« À nos pieds, la plaine d’Argos, découpées en rectangles rouges et verts, fume au soleil…Le cadavre d’Agamemnon s’imagine sur une dalle froide qui fige la mare de sang tandis que le tonnerre roule dans les cieux et que la pluie crépite dans le silence angoissé de Mycènes pressentant toutes les calamités du monde. »

Que ce soit dans la cité antique de Mycènes entourée de ses fortifications et de ses murailles cyclopéennes vieilles de 40 siècles ou à Nauplie et Tyrinthe, l’auteur est fasciné et littéralement obnubilé par la fabuleuse Antiquité dont d’ailleurs le Grec est pétri sans le savoir. Quand devant les ruines on réalise qu’aux Thermopyles, Léonidas n’avait que 300 hommes pour arrêter l’armée de Xerxès et à Marathon, Milthiade défit à un contre deux les hordes de Darius, on ne peut qu’être transporté et rêver au courage et à la noblesse des hommes mythiques. Le désastre plus tard est venu de Rome et la chute de Byzance…

M. Déon ne fait pas que de belles découvertes et en toute honnêteté il déplore la tristesse de Missolonghi et de Thèbes surtout quand il songe au destin funeste de Lord Byron.

La visite à Spetsai de son ami l’écrivain Jacques Chardonne est un haut moment de ce récit tout autant que celle Maïa sur son cotre, une femme hors du commun et celle du conteur Katsimbalis.

La visite du Péloponnèse rappelle à l’auteur la résistance des Lacédémoniens mourant de soif à Sphaghia face aux troupes de Démosthène et Cléon. À Mavromati, il songe face au théâtre qu’en des temps très anciens « des hommes vivaient là, priaient les dieux des temples dont les soubassements indiquent qu’ils furent grands, assistaient au spectacle face à un panorama sublime, buvaient l’eau de cette source amenée par un aqueduc dont on se sert encore. Ces hommes vivaient là parvenus à un degré de civilisation dont les survivants, 24 siècles plus tard ont perdu non seulement tout désir, mais toute idée. Car au-dessus de Mavromati n’est plus qu’un village montagnard encombré de fumier, se défaisant dans sa misère. Symbole à cette minute tragique où le ciel tombe sur la montagne et dissimule le monastère de Vourcano, de la mortalité des civilisations. Entre ce qui fut et ce qui est, un monde a disparu à jamais. »

M.Déon aborde plus loin la question du pillage des ruines notamment par des vandales anglais pour les revendre à des musées étrangers où les plaques de frise et les métopes s’entassent de façon totalement inesthétique et absurde. Il s’élève conter cette forme de piraterie dont notamment le site de Bassae a été l’objet.

Dans deux postfaces, l’une ajoutée en 1972 l’autre en 1984, Michel Déon avec nostalgie regrette le changement opéré par le tourisme de masse et le bruit des voitures et des camions qui ont envahi Spetsai…

En 1987 et 1988, Miche Déon retourne encore une fois dans ce pays qu’il aime tant, mais c’est alors une Grèce déroutante et désolante qui l’accueille, « un corps malade et pustuleux, une sorte de dégueuloir où s’entasse le rebut d’un pays qui casse à peu près tout ce qu’il touche » comme il dit. Cette île qui fut si blanche et si paisible, il ne la reconnait plus. Elle est devenue une horreur, une insulte à la beauté avec la complicité des promoteurs et des planificateurs qui construisent n’importe quoi où bon leur semble. Déon se demande si ce n’est pas la dernière fois qu’il voit Spetsai ; quoiqu’il soit toujours aussi émerveillé par la lumière de septembre, il est épouvanté par les atrocités qu’on fait subir au paysage.

La dernière partie intitulée « Spetsai revisitée » résonne comme un poignant adieu à la Grèce saccagée et l’auteur y exprime sa souffrance devant l’irrémédiable victoire du vulgaire.

Un très beau livre qui accompagné du Rendez-vous de Patmos constitue un ensemble intitulé « Pages Grecques », un récit de voyages qui m’a enthousiasmé quand je comprends que j’ai eu la chance de parcourir ce pays et surtout les iles du Dodécanèse dans les années 60 où la beauté était encore omniprésente en Grèce.

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Les poneys sauvages

Les Poneys sauvages / Michel Déon (1919-2016) /Prix Interallié/ Académie française.

Ce récit publié en 1970 est une biographie romancée des personnes que l’auteur a connues, un fil souvent ténu reliant ces vies les unes aux autres. Pour une part ce sont les confidences des amis qui ont alimenté cette histoire. Dans un bref avant propos, Michel Déon nous confie que le traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale n’est pas encore effacé alors qu’il termine ces lignes à la fin des années 60. Il avoue avoir vécu dans un brasier et que ce que lui et ses amis avaient de plus cher a été brûlé ou desséché.

Tout commence dans l’année 1937 : l’auteur narrateur a donc 18 ans. Il part faire des études en Angleterre où le hasard fait se rencontrer cinq étudiants, trois britanniques et deux français dont le narrateur, et d’emblée celui-ci nous confie que pour lui les Anglais sont le peuple le plus mystérieux de la terre et que les ethnologues feraient mieux d’étudier ce peuple bizarre pour en savoir plus sur l’Homme plutôt que les Indiens d’Amazonie. D’ailleurs il observe que dans ces années 37/38, la jeunesse anglaise ne se satisfaisant pas de la médiocrité nationale, louche étrangement vers l’Allemagne dont la résurrection économique et la flamme neuve après la défaite de 14/18, sidèrent l’Europe. Tout au long du livre, le narrateur se fait le confident et l’historiographe de la vie chaotique de ses quatre amis.

Michel Déon fait donc équipe avec Georges Saval un ami de longue date et trois anglais, Barry Roots, Cyril Courtney et Horace Mc Kay. Les cinq co - disciples passent du bon temps à Cambridge en dehors de leurs études dirigées par un certain Dermot Dewagh qui est et restera le ciment de leur amitié. On fait alors connaissance de Diana l’amie du narrateur et de Sarah, une femme élégante, libre et sulfureuse, qui deviendra plus tard la femme de Georges.

Un an passe et c’est le retour en France : l’Angleterre après avoir libéré les deux français, Michel et Georges, de leur morne psychologie de jeunes Français, les jettte maintenant dans la vie. L’Angleterre leur était entré dans la peau et la France les surprend, comme si elle avait changé, « mélange de prosaïsme et de grâce, de lourdes richesses et de vétusté, de réclames apéritives. »

Juin 1945 : Paris est en fête. Le monde zazou triomphe et les filles ont l’air de boniches avec leur brioche sur le sommet du crâne et leurs jupes au dessus du genou. À 26 ans, la jeunesse a passé pour les amis de toujours. Cyril est mort en 40 à Dunkerque. Sarah réapparait au bras de Georges et trouble l’auteur. Elle respire l’érotisme. Elle est l’amie intime de l’auteur mais ne sera jamais sa maitresse. Une curieuse relation à trois s’établit. Les amants de Sarah par ailleurs sont légion dont la ruine morale et physique fait plaisir à Georges. Après les orages, un sentiment indicible naît à chaque fois entre Sarah et Georges. Il plait à Georges que l’initiative de leurs retrouvailles épisodiques soit abandonnée à Sarah. Il est son père, sa mère, sa sœur, son mari, et, de temps en temps, son amant.

Puis l’auteur rencontre Marie, un gentil visage, une créature échappée de la bibliothèque rose, égarée parmi les mâles et qui dispense un bonheur si difficile à trouver. Un bref éclair dans sa vie…

Chacun alors des quatre amis vit sa vie, Horace dans le corps diplomatique à l’ambassade de Grande Bretagne en U.R.S.S. Accusé d’espionnage il est expulsé. Georges se lance dans le journalisme et vit au plus près la Guerre d’Algérie. Barry joue au boy scout du marxisme avant d’atterrir dans l’ile d’Egine non loin d’Athènes, où il vit un violent amour avec Chrysoula, une ancienne prostituée. Le narrateur s’installe à Spetsaï pour écrire.

Le fils de Sarah et de Georges, Daniel est aussi un curieux personnage. Il a bourlingué et plus tard partage avec son père la jolie Claire. « Nous couchions avec la même fille, explique Daniel à l’auteur, cela créait des liens avec mon père. »

Plus tard, entre en scène Delia, la sœur de Cyril Courtney, une ravissante blonde sur un superbe ketch, qui vient semer le trouble à Spetsaï, là où résident l’auteur et quelques amis dont Daniel Saval qui se jure de la conquérir.

On retrouve ensuite Horace et Georges à Aden au Yémen, embarqués dans une affaire de trafic d’armes. Une réflexion de Georges sur la politique a retenu mon attention : « Le souci d’aimer ou de dire la vérité vous place tantôt à droite, tantôt à gauche. On reconnaît les hommes malhonnêtes à ce qu’ils sont constamment à gauche ou constamment à droite. Inscrit à un parti, fidèle à ce parti et à ses chefs, vous acceptez implicitement de truquer ou de mentir par omission. La gauche et la droite ne sont plus des notions abstraites, ce sont des cages, des prisons et il se pourrait bien que la plus sectaire des deux soit la gauche, celle-là même qui s’est élevée autrefois avec le plus de courage contre le sectarisme de la droite appuyée par le clergé et l’armée. »

La passion de Daniel pour Delia va crescendo rétrécissant les durées et dévorant son esprit et son cœur, brouillant les heures et les jours, emplissant ses rêves et ses veilles, effaçant la réalité paisible et le sain mûrissement des êtres et des choses. Pour Daniel, la passion est la seule dynamique de la vie.

Dans la fin des années 50 un virus traverse le monde occasionnant une forme grippe assez grave. Et certaines lignes du récit nous interpellent en cette période de 2020 marquée par une pandémie mondiale. « Cinquante millions d’Anglais qui n’ont jamais été envahis depuis Guillaume le Conquérant, qui ont tenu le coup quatre ans sous les bombes, les voilà qui plient le genou et se couchent par millions devant un petit virus venu de Hong Kong, tranquillement ; en avion ou en bateau, sans passer la quarantaine, il procède par attaques massives …La première vague est lancée…Ce n’est qu’une répétition générale…Un virus insignifiant, un élément précurseur, bon pour une répétition générale avant la grande vague qui, elle, fourbit son arme absolue, cent fois plus rapide que tous les cancers…Nous ne savons rien des virus, nous n’avons examiné que les plus anodins, et ce que nous voyons confirme leur intelligence, leur sens de l’organisation, leur voracité, leur faculté d’adaptation à tous les milieux…L’homme n’est pas de taille à lutter. La civilisation l’a rendu plus grand, plus fort, moins laid, mais aussi plus vulnérable aux épidémies d’origine inconnue…Il peut se battre comme un lion contre son semblable, mais quand un virus l’attaque, il a la fièvre, les jambes molles, le cœur chancelant et il se couche. Son courage ne lui sert plus à rien. »

Les pérégrinations des uns et des autres nous mènent ensuite à Madère, une île paradisiaque et en Pologne pour une randonnée aventureuse.

Les Poneys Sauvages est un livre aux multiples facettes où le romanesque de ses personnages se heurte au cours impitoyable de l’Histoire. Du massacre de Katyn à la Guerre d’Algérie en passant par la Guerre froide entre l’URSS et l’Occident, ce livre est le chef d’œuvre de Michel Déon. Une mention spéciale pour la qualité du style pour évoquer les magnifiques paysages de Grèce, d’Irlande ou de Madère.



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Madame Rose

Madame Rose/Michel Déon, de l’Académie Française.

Madame Rose, âgée et handicapée motrice assise dans son fauteuil de pythie, chaussées de bésicles d’une autre époque, raconte sa vie telle une confession, questionnée par son jeune cousin Gaston son confident.

Lucie une jeune et belle étudiante, être séraphique nimbé de vertus immémoriales, une divinité nordique courtisée par Gaston et le docteur Duval, l’assiste ainsi que Saïd un bel homme de couleur son major d’homme. Peter est son chauffeur très stylé.

Probablement fortunée, originale, nostalgique de son passé glorieux riche de conquêtes masculines inoubliables à divers titres, elle évoque avec un franc-parler imagé et souvent avec cynisme sa vie de luxe et d’aventure, se fiant exclusivement à sa mémoire sélective et souvent affabulatrice. Une vie tel un maelström « où les souvenirs flottent comme les épaves d’un naufrage sur des eaux apaisées après la tempête. »

Rose est tyrannique et autoritaire, « vieille poupée chiffonnée, parée comme une châsse, portée avec dévotion par un saint Christophe noir en costume de croque-mort et accompagnée par une divinité nordique inspirant des rêves aux hommes fatigués des décolletés tavelés et des seins gonflés au silicone de leurs épouses… »

Michel Déon dans un style merveilleusement travaillé, raffiné, délicatement ciselé d’humour et de tendresse et parfois de truculence met en scène ces quatre personnages qui nous font passer un bon moment d’insouciance et somme toute de gaieté quoique le thème de la vieillesse soit décliné sous toutes ses formes.

Roman à lire posément pour en déguster toutes les saveurs dues au choix des mots justes.

« Les Français adorent changer de marionnettes ». Paroles politiques du ministre père possible de Gaston.

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Je ne veux jamais l'oublier

Je ne veux jamais l’oublier /Michel Déon/Académie française

La romance que va vivre Patrice Belmont commence à Venise dans les années 50, en villégiature chez sa tante la Marquise Mercédès Bongiovanni, veuve du marquis éponyme, une femme un peu snob ex maîtresse prétendue du poète italien d’Annunzio. Il parcourt passionnément les musées et les églises. Amoureux de la peinture, il découvre un monde qu’il connaît mal. Esprit mystique, il commence à douter de son incroyance face aux profonds mystères qui l’entourent.

Depuis un mois il est à Venise, et il découvre une tante certes marquise, mais quelque peu agaçante ce qui ne l’empêche d’éprouver une réelle affection pour elle teintée de pitié.

Patrice fait la connaissance d’Olivia lors d’une soirée chez sa tante mais malgré une tentative de séduction, la demoiselle qu’il a raccompagnée ne l’invite pas à entrer chez elle. Il n’insiste pas quoiqu’il soit tombé follement amoureux. Forcer le destin n’est pas dans ses habitudes. Déçu, il se dirige vers le casino et s’installe à une table. Il remarque alors une jeune femme qui joue gros et perd tout autant. Soudain elle se lève et sort de la salle. Voulant la rejoindre, Patrice la découvre alors sur le point de se jeter dans le vide et la saisit juste avant la chute fatale. Il constate qu’elle saigne abondamment du bras…

Après avoir fait le nécessaire, Patrice fait plus ample connaissance avec Vanda…

La suite se passe sur les rives du lac de Garde dans les Alpes italiennes : Patrice aime errer libre de toute contrainte, rêver comme il le désire, se baigner et vivre au soleil de ce bel été. Faisant une halte dans un bar des bords du lac, il est tout émoustillé par la beauté charnelle de la serveuse et ne peut se retenir de la contempler avec saisissement et concupiscence. « La lumière irisait les contours de sa robe légère et transparente, tandis que se silhouettait l’ombre d’un corps rond et plein avec de belles hanches et des cuisses jointes. Elle s’accroupit pour caresser le chat ; un genou plus haut que l’autre relevait le bas de la robe, découvrant la cuisse un peu grasse, d’une belle chair blanche et jeune, à peine veinée. À la hauteur de la gorge, la robe baillait sur deux seins déjà mûrs dont on apercevait les fleurs brunes. Pour Patrice, de tous ces gestes simples, irradiait une sensualité qui l’emplissait d’un émoi indéfinissable… Ce corps si jeune restait offert, à peine protégé par le tissu léger de la robe. Si Patrice n’avait pas été doué d‘inspiration, il aurait porté la main vers le corsage et caressé les deux colombes…Mais déjà il retenait son plaisir au bord de l’abime et s’en laissait enivrer. À aucun prix, il ne fallait rompre l’enchantement. »

L’arrivée à Florence en compagnie de sa tante est un moment que Patrice veut décisif lors qu’il reverra Olivia qu’il doit rencontrer en cette belle ville d’art. La marquise tente de dissuader Patrice de se lier à Olivia qui selon elle n’est pas faite pour lui. Elle préfère lui présenter quelque jolie femme de sa connaissance. Mais Patrice ne veut rien entendre. À ce moment du voyage on ressent comme une voile de mystère autour de la personne de Olivia qui tente elle aussi de dissuader Patrice de lui faire une cour assidue. Ensemble et parfois aussi avec la marquise ils visitent Florence et l’auteur nous fait découvrir les joyaux de cette ville mythique. La visite de la Capponcina à Settignano où d’Annunzio se retira longtemps en toute simplicité avec ses cinq chevaux, ses dix lévriers, ses domestiques et sa maîtresse, est un moment fort de la promenade dans Florence qui s’inscrit ainsi dans une légende et un paysage qui la portent à travers les siècles, image même de cette Italie dont Patrice ne comprenait qu’après l’avoir quittée combien elle importait à l’exercice de l’intelligence et de la sensibilité.

Puis le moment de quitter avec sa voiture l’Italie pour Genève est venu pour Patrice qui sait que sa tante lui a appris le goût du baroque italien et la curiosité d’une existence absolument frivole. La marquise resterait à jamais inséparable des souvenirs du voyage italien à travers la sensibilité, l’art et l’amour.

À Genève, Patrice retrouve Vanda avec qui il passe des heures d’ivresse au cours desquelles il fait l’amour en pensant à Olivia comme s’il était sous l’effet de stupéfiant.

De retour à Paris, Patrice vend sa voiture doit songer à gagner sa vie après tant d’années de dilettantisme, d’études bâclées et de plaisir. Il est embauché par un certain Lebreuil pour des tâches très confidentielles dans les affaires. Missions à Londres et ailleurs se succèdent ainsi que le papillonnage de maîtresse en maîtresse.

Mais Olivia a donné rendez-vous à Patrice à Bellagio sur les rives du lac de Côme pour passer des soirées de fête. Aveuglé par son amour et son cynisme, Patrice ne voit guère la frivolité et la superficialité d’Olivia, enfant gâtée et capricieuse aimant l’argent…

Tout au long de ce beau roman on peut admirer le style suggestif et fluide de Michel Déon le hussard pour relater les mœurs d’une société bien différente de celle d’aujourd’hui. Dans ces années 50, on dansait encore la rumba et le fox-trot, les jeunes filles ne se mettaient pas au lit et n’ouvraient pas leurs cuisses dès qu’on leur disait bonjour un peu poliment. Elles jouaient un jeu cruel et complexe où l’art de la séduction devait être poussé jusqu’à ses derniers retranchements. L’Italie n’était pas encore envahie par des hordes de touristes : c’était encore celle vue par Stendhal. Une certaine douceur de vivre régnait juste après la guerre. Ce roman mêlant libertinage et passion possède un coté socio-historique indéniable.

Quant au titre de cette romance très romanesque, il est extrait d’un poème d’Apollinaire.

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Le rendez-vous de Patmos

Le Rendez-vous de Patmos / Michel Déon (1919-2016) Académie Française.

Il existait encore, au moment où Michel Déon écrivit ce récit c’est à dire en 1971, des îles où l’on pouvait goûter paix et répit. Patmos dans l’archipel du Dodécanèse en faisait partie, tout comme Rhodes où commence le livre.

J’ai eu la chance de connaître personnellement ces deux îles en 1967 et j’avais été émerveillé. À Patmos, nous étions trois étrangers seulement, un suédois et une anglaise, deux de mes amis. Durant une semaine nous avons vécu auprès de la population des petites fêtes vespérales au son du bouzouki entre deux verres d’ouzo, et parcouru les chemins pentus de l’île montant depuis le port de Skala jusqu’au monastère de Saint Christodule. Pas d’hôtel à l’époque, nous vivions chez l’habitant moyennant une petite rétribution. Laissant mes amis à Patmos, j’ai rejoint Rhodes sur un ferry qui datait …Rhodes, une île paradisiaque, avec son histoire mixte gréco-turque et ses minarets, ses murailles fortifications, ses vallées, celle de Pétaloudès où voletaient des myriades de papillons, que j’ai parcourue en Coccinelle VW durant des jours, avec en point d’orgue la petite crique de Lindos dominée par une antique acropole. Seul en plein mois de juillet ! Quelle belle époque ! Aujourd’hui, des milliers de touristes sont déversés chaque jour par des villes flottantes.

Michel Déon nous fait part dans son livre de ses craintes sur ce point précis, lui qui a choisi en son temps de vivre sur l’île de Spetsai.

Après Rhodes, Michel Déon nous emmène à Corfou en nous rappelant l’Odyssée d’Homère et le naufrage d’Ulysse rejeté sur le rivage de l’île par une tempête. Baignant dans la mythologie grecque, il nous fait visiter l’île où Ulysse connut un amour sans lendemain, celui de Nausicaa, la belle princesse phéacienne fille d’Alcinoos.

« Partout des anses, des ports naturels, des prairies où paissent des moutons, des vignes étagées dans la montagne, des villages aux treilles de pampres, des plages solitaires où les troncs morts caressés par la mer dressent leurs branchent lisses et grises, et une population gaie, au visage ouvert, qui marche à grands pas sur les routes ombrées. Ulysse découvre tout cela que nous découvrions, nous, trois mille ans après lui… Nausicaa, comment ne serait-elle pas amoureuse d’Ulysse auréolé de sa légende, unique rescapé d’une aventure sans pareille ? Il est beau, il n’a pas d’âge…Un jeune cœur dont c’est le premier émoi se doit de succomber à tant de lauriers et de charme. »

Mais sa patrie Ithaque et le foyer conjugal avec sa fidèle Pénélope attendent le héros. L’aventure avec Nausicaa est terminée, elle a tenu en quelques mots et s’est conclue par un regard.

C’est le retour à Spetsai après une traversée de l’Argolide avec de nombreuses anecdotes que Déon sait nous distiller avec jubilation. Comme celles d’aventurières échouées dans un village et celles pittoresques de Grecs avec qui l’auteur sympathise.

L’arrivée à Lesbos où Déon veut séjourner suscite un certain désenchantement ; ce n’est déjà plus vraiment la Grèce, l’Asie est proche. La rencontre de quelques femmes excentriques à Mytilène venues avec l’intention d’honorer la mémoire de Sappho fait bien sourire l’auteur. Sappho, cette poétesse grecque du VIIe siècle avant J.C. dont les écrits manifestaient son attirance pour les jeunes filles.

Visite à Skyros où Thésée a trouvé la mort, tué par Lycomède. Visite de Paros et Antiparos puis Naxos aux hôtels douteux. Heureusement en Grèce, les légendes ne cessent de distraire de la réalité quand elle n’est pas celle qu’on voudrait. À Corfou, on va sur les pas d’Ulysse et de Nausicaa, à Skyros on visite le port naturel d’où embarqua Achille en partance pour la guerre de Troie, à Kos on se répète le serment d’Hippocrate, à Naxos on songe à Ariane abandonnée par son amant Thésée. Et puis pour Michel Déon, il y a les rencontres avec la population toujours enrichissante d’anecdotes souvent incroyables.

Le retour à Spetsai puis le départ pour Chypre, l’île coupée en deux où règne un climat malsain entre Grecs et Turcs. Visite à Hydra et Kalimnos la bleue, Leros la jaune et arrivée à Patmos une des plus belles île du Dodécanèse. Dès l’arrivée le regard est attiré sur les hauteurs par le monastère de Saint Christodule dominant le petit port de Skala.

Michel Déon nous livre des réflexions personnelles tout au long du livre, par exemple sur la littérature française : « Elle a d’exquis raffinements dont on ne se lasse pas, un sens de l’économie des mots qui n’appartient qu’à elle, mais il lui est venu un fâcheux goût pour la politique et elle est d’usage à peu près strictement interne, ce qui n’est pas un vice mais une limitation. »

Du monastère la vue est somptueuse avec les toits plats, les ruelles dallées, les escaliers plongeant dans la blancheur, le quai de Skala avec les caïques se balançant au grès de la houle qui entre dans la rade attisée par le meltem, ce vent dur venu du nord. La grotte de Saint Jean se trouve non loin de là. Pour l’auteur, cette venue à Patmos est comme un aboutissement : « Patmos que je désirais connaître depuis des années, Patmos devenait un de ces rendez-vous fatals comme je les aime, une de ces rencontres qui exaltent. »

Puis c’est retour à Rhodes. La boucle égéenne est accomplie. Que de souvenirs évoqués par l’auteur au cours de ces 330 pages magnifiques, avec en filigrane le parfum des îles et la simplicité de ses habitants. Mais Michel Déon a peur déjà à l’époque des hordes de touristes qui passent à toute vitesse sans rien connaître, sans rien découvrir, sans contact véritable avec la population. Quant à l’inépuisable roman des dieux et des héros, ils n’en n’imaginent même pas l’existence. Michel Déon plus tard partira pour d’autres cieux, l’Irlande. C’est à Galway en 2016 qu’il est mort à l’âge de 97 ans.

Un très beau récit à lire et relire.

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Un taxi mauve

Un taxi mauve

Michel Déon (1919-2016)

Grand Prix de l’Académie française 1973

Le taxi mauve, c’est la voiture originale de l’inénarrable Dr Seamus Scully, personnage fantasque de ce récit, ami du narrateur.

Le narrateur mène une vie retirée dans la campagne irlandaise avec son chien Grouse, ses disques et ses livres, et lors d’une partie de chasse fait la connaissance de Jerry Kean, descendant d’une grande famille qui a fait fortune en Amérique.

Jerry est un charmant jeune homme qui a déjà bien bourlingué et beaucoup fumé d’opium à New York. Il est venu se mettre au vert en Irlande.

Arrive alors en la verte Erin sa sœur Sharon, la princesse au charme acide. Elle a épousé un prince allemand et vit une vie de châtelaine. Sharon l’écervelée parle trop et assomme son auditoire d’inattendus. Une fille longue au visage étiré fendu d’yeux de biche, avec de belles mains aristocratiques qui semblent ne savoir manier que le fard et qui en réalité connaissent bien des secrets. Sa myopie lui prête un flou distingué et l’isole du monde. Une créature souveraine dont l’aisance fleure le dédain, mais dont le charme vénéneux trouble notre narrateur bien qu’elle ait tout pour agacer.

On fait ensuite connaissance de Taubelman, un homme hors du commun, un géant fabuleux qui a une fille qui ne parle pas. Mais qui retrouvera la parole dans des circonstances dramatiques. Anne à la magnifique et lourde chevelure noire adore le cheval et suscite l’intérêt du narrateur.

Taubelman fascine par ses talents de conteur, roi du discours et poète inspiré, tout autant qu’il répugne, véritable Gargantua lorsqu’il se met à table. Taubelman, un véritable héros de roman, avec ses outrances et ses ruses que le temps se chargera de démasquer au fil des pages.

Arrive ensuite Moïra, une belle brune pulpeuse aux yeux verts, au teint clair, irlandaise à mille pour cent, vedette de cinéma suivie de sa cour d’alcooliques et d’homosexuels.

Peu à peu, on en vient à se demander si Taubelman est vraiment le père d’Anne et la vérité va se révéler par petites touches : Taubelman aurait eu un frère dont la vie se mêlait à la sienne au point qu’ils avaient eu la même femme, Maria Schmitt del Tasso, pianiste célèbre, et d’elle une fille dont ils s’étaient disputé la paternité sans jamais pouvoir résoudre le problème.

Un très beau roman plein de charme et de mystère, se déroulant au cœur de la campagne irlandaise brumeuse aux tons délavés, subtilement écrit avec en musique de fond la Sonate en la majeur opus 120 de Schubert. Une galerie de personnages insolites grands amateurs de stout et de wiskey, et d’intrigues amoureuses. Comme l’ont dit certains critiques, l’intrigue est mince mais l’intérêt est ailleurs, notamment dans les descriptions somptueuses du comté de Clare et du Connemara.

Extrait : « C'était bien Anne, et quand nous approchâmes, courant dans les derniers cent mètres, la marée montante lui léchait déjà les pieds. Étendue sur le dos, un bras replié sous elle, maculée de vase, elle offrait au ciel son visage livide sur lequel le sang coulant du front avait déjà séché, engluant une paupière et les cheveux épars. Je défis son blouson de daim et passai la main sur sa poitrine. Une mince chemise protégeait un sein tiède qui se soulevait par saccades. »







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À la légère

quelques belles saillies.....mais a beaucoup vieilli...................................................................................................................................................................................................................................................
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Le rendez-vous de Patmos et autres pages gr..

Pour qui a la passion pour la Grèce et sa culture authentique - pas celle mimée pour les touristes qui se contentent de passer- ce livre est un petit trésor à découvrir dans la solitude des souvenirs que nous avons tous des îles hellènes. Nostalgie de l’avant tourisme, beauté de la langue qui vient appuyer la beauté des sites découverts de page en page, analyse en creux de l’évolution sociale d’une Grèce qui n’oublie jamais totalement son Histoire mais qui anticipe déjà les évolutions sur son sol que les plus de 40 ans ont vu passer. Un super moment de lecture et une formidable invitation au voyage même rivé notre canapé.
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La montée du soir

Je ne sais pas si ça a beaucoup vieilli, mais à l’occasion d’un déménagement, je viens de lire ce livre retrouvé dans ma bibliothèque. Il m’a semblé d’une platitude incroyable, que ce soit dans les sentiments du héros (? !) ou dans la langue. La fin, le rapport avec la nature - et la montagne en particulier, aurait pu fournir quelque chose de plus riche, mais on reste globalement dans une banalité décourageante.

Je vais hésiter à relire Un taxi mauve… C’était pourtant dans mes projets…
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Un taxi mauve

Une histoire étrange, dont on ne sait pas vers quelle direction elle se dirige et par quels moyens ; des personnages excessifs, inhumains, mais attachants ; une fin dramatique... Ce livre est un composite assez étrange, qui pourtant m'a séduit par son originalité et sa créativité ! J'ai suivi l'histoire en me laissant porter par les élucubrations de Taubelman ou les envies fantasques de la famille Kean. Que demander de plus à un livre que de nous embarquer avec lui ?
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Un taxi mauve

Quelques personnages en Irlande. C'est l'hiver, la pluie, la chasse, les chiens, les chevaux., le stout. Le narrateur; qui y cultive une solitude désabusée, presque réconfortante, se trouve bousculé dans son détachement par Jerry, Sharon, Moïra, Anne, Taubelman et Seamus.

Chacun vont se révéler, bien plus complexes pour certains, bien plus fragiles pour d'autres.

L'air de rien, entre deux beuveries au bar de Willie et quelques tirs à la bécasse, la confusion des sentiments , le réveil, la fin des certitudes transparaissent au fil des pages.

Difficile de ne pas voir les acteurs du film de Boisset à la lecture mais aucune gène à cela (Les Noiret, Albert, Ustinov, Belli, Rampling et Astaire sont de bonnes incarnations).

JUne 1ère de lecture de Michel Déon que je suis heureux d'avoir trouvé si riche et si plaisante.
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