Mikhaïl Boulgakov

Le diable et ses sbires débarquent dans la Russie communiste et mettent la bureaucratique Moscou sens dessus dessous. Dans un asile, un mystérieux personnage apparaît la nuit dans la chambre de l'un des personnages pour lui raconter ses amours perdus, victimes de la cupidité et de l'envie. Marguerite est choisie par Satan pour être la reine du bal qui couronnera son séjour en Russie. Tous ces éléments s'enchevêtrent dans une description cinglante de la Russie de Stalin où l 'art s'oppose au politiquement correct , la liberté et l'amour à la norme.

Je pensais avoir vraiment fait le tour des "classiques" russes, ou en tout cas de ceux susceptibles de me plaire, et j'ai pris une grosse claque avec ce roman brillant, cynique, douloureusement drôle, absurdement romantique, et surtout à la fois dans la droite lignée de la "patte" russe que j'aime mais aussi d'une grande originalité, Boulgakov avait une voix unique et ce livre attaqué un peu par obligation (cadeau d'une amie chère) s'est révélé mon coup de cœur de 2015

Ce livre m’avait été recommandé par un professeur de langue russe durant mes études de maîtrise. Ce grand érudit avait mentionné qu’il s’agissait d’une forme de fable ou d’une allégorie dans laquelle le diable s’incarnait et visitait Moscou, suscitant de nombreuses disparitions. Selon lui, ces disparitions faisaient écho aux purges staliniennes qui se déroulaient durant la rédaction du roman. Puisqu’à cette époque j’étudiais en histoire soviétique, j’avais noté le titre et l’auteur dans mes notes. En les relisant quelques mois plus tard, je suis tombé sur cette référence et ai entamé la lecture de cet ouvrage. Le contexte d’écriture et le propos avaient piqués ma curiosité. Après tout, un récit allégorique évoquant les purges et rédigé sous Staline me semblait constituer une lecture assez exceptionnelle.



Un premier aspect qui m’a plu :

L’humour présent dans cet ouvrage dont le sujet peut paraître sombre m’a beaucoup plu. C’est un humour grinçant qui s’attaque à diverses strates de la société soviétique des années 1930. Les cercles littéraires sont entre autres caricaturés pour leur prétention et leur valorisation des normes de goût officielles promues par le régime. La bureaucratie est aussi ridiculisée pour son caractère obséquieux et sa rigidité tout comme la rectitude morale officielle. Cet humour tend également vers le grotesque dans son utilisation du merveilleux dans le récit, notamment par l’évocation de chevauchées à dos de cochons volants ou la description du bal de Satan.



Un second aspect qui m’a plu :

Le roman est également intéressant par le mélange des registres qui m’ont parfois déstabilisé comme lecteur. L’humour, le fantastique et des réflexions sur la morale s’entremêlent et je me souviens avoir ressenti à plusieurs reprises une forme de tension entre la satire sociale et le conte fantastique. Il y avait donc un certain effet de surprise en cours de lecture à voir des éléments propres à un registre se trouver utilisés dans un autre contexte. Il convient de noter aussi que le récit intercale une discussion entre Ponce Pilate et Jésus, discussion dans laquelle Boulgakov s’éloigne du récit biblique, ce qui surprend d’autant plus le lecteur si celui-ci connaît avec ce dernier.



Un aspect qui m’a moins plu :

Bien qu’il soit présent tout au long du roman, l’aspect religieux et eschatologique du récit m’a quelque peu déçu. Tout le discours sur la récompense des justes et la punition des pécheurs m’apparaissait un peu lénifiant. Si le fait que les genres soient brouillés m’a plu, le côté spirituel me semblait un peu atténuer l’aspect « fable grinçante » du livre. En ce sens, les surprises offertes par le texte et leurs côtés déstabilisants n’ont pas toujours eu un effet plaisant durant ma lecture.

Un belle écriture, oui.... sans conteste; mais une histoire décidément trop farfelue pour susciter l'intérêt au delà de quelques passages saisissants d'inventivité théâtrale... Cela ne suffit pas pour faire un chef d'œuvre!

Lien : http://www.nytimes.com/2014/..

Un des dix livres qu'il faut avoir lus dans sa vie

Une pure merveille

C'est devenu mon livre de chevet, un livre magique !

Le Paradis Diabolique...Boulgakov réussit la prouesse de transformer le Diable "fantastique" en Dieu ...Un peu particulier certes, mais c'est là le moment du passage du fantastique à la "Fantaisie"...

Avec un talent de fantasque , il réussit la prouesse de mettre en scène :un philosophe, un poète "halluciné", un directeur de théâtre, un concierge, Ponce, dont le lien est ce mal-être, ce ras-le bol de leur quotidien .Leur désir: trouver le bonheur dans un paradis non déifié - Marguerite est par ce même désir, OMNIPRÉSENTE dans chaque histoire...

L'enfer, ah! comme il est doux...Toutefois, même si "on vole sur un balai" , que le Diabolique devient insupportable, ON AIME...

Mais , "the must-have" qu'est la Terre retrouve comme une normalité sa place... Et le Diable... la sienne

Ce livre est un chef-d'oeuvre, une pirouette au sort des " éternels" ... "Râleurs"...

Le mythe de Faust est ici admirablement repris, puisqu'il est mis en perspective de l'époque dans laquelle vit l'auteur. Ce texte est réellement déconcertant, drôle (voire parfois absurde), et vraiment très bien écrit. C'est le genre d'ouvrage qui ne vous laisse pas indifférent et dont on se souvient toute sa vie!

On ne se lasse pas de lire le chef-d'oeuvre de Mikhaïl Boulgakov (1891-1940) et de le publier.
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Un livre à la fois politique, poétique, déjanté, métaphysique et drôle.

Emission littéraire réal / Hadiren détenu à la prison de Béziers
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Un livre totalement déroutant. Ce n'est pas un recueil de nouvelles mais un petit récit. Je n'ai compris que bien après qu'ici l'auteur dénonce la société. Pour tous vous dire je n'ai pas accroché du tout. Tout est trop fantastique, trop tirer par les cheveux à mon goût. Heureusement que ce livre ne contient que 111 pages, sinon je pense que je l'aurais stopper. Voilà pourquoi avec des livres comme ça, je me méfie des livres 2€ ..

Je termine ce livre sur un sentiment mitigé. En effet si la première partie m'a vraiment enthousiasmée j'ai été assez déçue par la seconde partie dans laquelle entre en scène Marguerite (le bal de Satan, les sorcières..., tout ceci m'a laissée de marbre).

Magnifique !