AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Mohammed Aïssaoui (182)


Puis [Elie Wiesel] me dit cette phrase que je ne peux oublier : "Celui qui écoute le témoin devient témoin à son tour."
Commenter  J’apprécie          230
Une citation commune au Talmud et au Coran ne dit-elle pas à peu près ceci: Qui sauve une vie sauve l'humanité entière ?
Commenter  J’apprécie          220

Les hommes ne laissent pas libres. Ils le deviennent. C’est ce que m’ a appris Furcy.
Commenter  J’apprécie          210
p. 19 -
... dans les bonnes habitations, les noirs sont estimés entre 120 et 150 piastres dans les inventaires de succession. Ils reviennent tellement cher en impôts, que certains propriétaires sous-évaluent le nombre de leurs esclaves pour n'avoir pas à payer la capitation. Vous savez, on peut remplacer avantageusement un noir par un cheval ou un mulet" (M. Billard)
Commenter  J’apprécie          200
début du chapitre 1 :

Le soleil clément ajoutait à la douceur du monde. Furcy aimait tout particulièrement ces instants paisibles et libres, quand la forêt appelait au silence. Pas un bruit… Juste, au loin, la musique d’une rivière. Le calme fut rompu par le pépiement effrayé d’une nuée d’oiseaux qui s’envolèrent d’un trait. Puis il entendit le hurlement de chiens qui se rapprochaient.
L’homme noir courait à perdre haleine, ses yeux grands ouverts disaient la terreur. Le torse nu, il transpirait comme s’il pleuvait sur lui. Son pantalon de toile bleue était déchiré jusqu’aux cuisses. Il boitait. Dans son regard, on lisait la certitude qu’il n’arriverait pas à s’échapper, la peur de la mort. Son souffle s’épuisait à chaque pas. Il pouvait tenir encore un peu, un tout petit peu, jusqu’à la Rivière-des-Pluies qu’il connaissait par coeur, et qui pouvait le guider vers la montagne Cimandef, puis à Cilaos, le refuge des esclaves en fuite. Avec les pluies diluviennes de la semaine passée, il suffirait de se laisser dériver en restant bien au milieu de la rivière, et environ cinq kilomètres plus bas, s’arrêter sans forcer, près d’un rocher qui faisait contre-courant — d’autres l’avaient déjà fait, ce devait être l’affaire d’une heure, tout au plus, avant d’arriver au pied de la montagne.
À une vingtaine de mètres derrière lui, deux énormes chiens, la bave aux lèvres, le poursuivaient. Pour leur donner plus de hargne, on les avait affamés. Ces bêtes étaient suivies de loin par trois hommes : deux blancs coiffés d’un chapeau de paille qui portaient un fusil — des chasseurs de chèvres sauvages et d’esclaves — et un noir, tête nue. Ils semblaient assurés d’arriver à leur fin.
Il restait moins de cinq mètres à courir pour pouvoir plonger dans la rivière. C’était encore trop. Au moment où l’esclave allait mettre un pied dans l’eau, il trébucha. Un chien sauta sur lui et mordit sa cuisse droite, tétanisant tous les muscles de son corps. Le deuxième chien le prit à la gorge alors qu’il se débattait. On entendit un cri lourd.
Au loin, les deux blancs sourirent. Ils ralentirent le pas, comme pour apprécier davantage le malheur de leur proie et laisser les chiens terminer leur besogne. Le noir qui les accompagnait baissa la tête.
Furcy, aussi, avait entendu le cri. Il se trouvait de l’autre côté de la Rivière-des-Pluies. Dissimulé derrière un pied de litchi, il avait tout vu. Il restait figé. Depuis sa cachette, il avait remarqué une fleur de lis tatouée sur chaque épaule du fuyard allongé, ses oreilles et son jarret étaient coupés. Ces deux mutilations signifiaient qu’il avait déjà tenté de fuir à deux reprises. Quand les deux hommes arrivèrent près de l’esclave agonisant, ils marquèrent un temps, se regardèrent, puis le prirent chacun d’un côté. Ils le jetèrent dans la rivière. Et s’essuyèrent les mains. Le corps moribond flottait comme un bout de bois au gré du courant qui était fort ce jour-là.
« C’est l’ordre de M. Lory, dit le premier, un marron qui ne peut plus travailler constitue une charge trop lourde. Et la troisième fois, c’est la condamnation à mort. De toute façon, Lory l’aurait battu à mort, tu le connais. » L’autre acquiesça en clignant simplement des yeux.
Le premier chasseur sortit un carnet de sa besace, avec un crayon qu’il mouilla de ses lèvres, il inscrivit : « Capturé / mort / à la Rivière-des-Pluies / le nègre marron Samuel appartenant à M. Desbassayns et loué au sieur Joseph Lory, habitant de Saint-Denis / 30 francs à recevoir / 4 août 1817. » Il referma son carnet, satisfait. Puis, il donna quatre sous au noir en récompense du renseignement qu’il avait fourni pour repérer Samuel.
Dans la tête de Furcy, le cri continuait de résonner.

Les faits de ce genre étaient fréquents à l’île Bourbon. J’aurais pu vous décrire la scène où un esclave fut brûlé vif par sa maîtresse furieuse parce qu’il avait raté la cuisson d’une pâtisserie. Et raconter l’histoire de ce propriétaire qui, apprenant que son épouse avait couché avec son domestique noir, fit creuser un trou et laissa mourir l’amant — alors que tout le monde connaissait cette femme dont on disait que le démon avait saisi son bas-ventre. Il n’était pas rare, non plus, de voir des esclaves si maltraités qu’ils en devenaient handicapés. D’autres avaient moins de chance, ils mouraient à force de tortures, puis on les enterrait dans le petit bois comme on enterre une bête — sur les registres, on les déclarait en fuite. Certains préféraient se suicider pour en finir plus rapidement avec un sort funeste…
Ainsi allait la vie quotidienne dans les habitations bourbonnaises en ce début du XIXe siècle.
Commenter  J’apprécie          190
J'essaie de comprendre, en posant des questions. A quel moment le funambule ne tient plus sur le fil ténu de la vie et bascule ? (p. 65)
Commenter  J’apprécie          170
«  Puisqu’il réclamait sa liberté , il fallait déclarer Furcy comme fugitif , un marron, un rebelle; l’attaquer en tant que tel, le faire arrêter , et l’enchaîner .
Hors de question qu’il mît les pieds dans un tribunal:
un esclave n’avait pas à assigner son maître en justice » .
Commenter  J’apprécie          140
On était en quatrième. Après un cours d'histoire, je lui avais demandé: "Rassure-moi, tu sais qui est Anne Franck ?" Il m'avait alors fait cette réponse d'anthologie: "T'es marrant, toi ! Si tu me dis pas le nom de famille, je peux pas deviner."
Commenter  J’apprécie          140
Pas un trimestre ne passe sans que je (re) découvre Camus : un élément dans ses Carnets, une phrase dans La Peste, un désespoir dans La chute...
Commenter  J’apprécie          140
A un moment de la conversation, elle me dit, mais je crois qu'elle s'adresse à elle-même: "Je ne comprends pas pourquoi il a été complètement oublié." J'ai envie de lui répondre que la mémoire ça se travaille. Et que, sans doute, j'en suis même sûr, d'autres ont oeuvré pour qu'on l'oublie. On peut mourir deux fois.
Commenter  J’apprécie          140
p. 15 -
Le premier chasseur sortit un carnet de sa besace, avec un crayon qu'il mouilla de ses lèvres, il inscrivit : "capturé / mort / à la rivière des pluies / le nègre marron Samuel appartenant à M. Desbassayns et loué au sieur Joseph Lory, habitant Saint-Denis / 30 francs à recevoir / 4 août 1817"...
Commenter  J’apprécie          140
Je n'ai pas encore compris ce qui pousse un homme à vouloir s'affranchir. Qu'est-ce qu'on est prêt à sacrifier pour la liberté, quand on n'en connaît pas le goût ?
Commenter  J’apprécie          130
Ce qu'on ne se dit pas n'est-il pas aussi important que les mots échangés?
Commenter  J’apprécie          130
«  Le soleil clément ajoutait à la douceur du monde.
Pas un bruit.......Juste au loin, la musique d’une rivière . Le calme fut rompu par le pépiement effrayé d’une nuée d’oiseaux qui s’envolèrent d’un trait. .Puis il entendit le hurlement de chiens qui se rapprochaient .L’homme noir courait à perdre haleine , ses yeux grands ouverts disaient la terreur . Le torse nu, il transpirait comme s’il pleuvait sur lui.. »
Commenter  J’apprécie          130
« Il y avait aussi une vingtaine de petits propriétaires, ils formaient un groupe à part, plus haut dans la rue. A ce que l’on affirmait, ils avaient encore plus peur que les riches exploitants qui possédaient une centaine d’esclaves. Pour eux, perdre leur main-d’œuvre bon marché – ils ne la considéraient pas comme gratuite car les noirs étaient « hébergés et nourris » -, c’était la faillite à coup sûr. Le pire, pour ces petits propriétaires, était de devenir aussi pauvres que les esclaves. Et certains l’étaient déjà.
Des esclaves aussi protestaient contre Furcy ! Ils refusaient une liberté qui les aurait envoyés mendier dans les rues. « Nous sommes bien avec nos maîtres », criaient quelques-uns d’entre eux. »
Commenter  J’apprécie          130
Le Philosophe a l'air d'un gourou face à ses disciples. Il porte un tee-shirt sur lequel est inscrit "Je ne sais pas où je vais mais c'est mon chemin". C'est tout lui, cette phrases : paumé et fier de l'être.
Commenter  J’apprécie          120
Je ne peux m'empêcher de trouver toute existence extraordinaire. Pour peu qu'on veuille bien prendre la peine de se pencher dessus, chaque vie est exceptionnelle et mérite d'être contée, avec sa part de lumière, ses zones d'ombre et ses fêlures- il y en a toujours, je sais comment les détecter. D'ailleurs, c'est mon obsession, ça, quand je rencontre quelqu'un je me demande quelle est sa fêlure: c'est ce qui le révèle. Et dans ce domaine, il n'existe pas d'injustice, pas d'inégalité: chacun porte sa fêlure, les misérables et les milliardaires, les petites gens et les puissants, les employés et les patrons, les enfants et les parents. (p. 17)
Commenter  J’apprécie          120
p. 19 -
"peut-être l'abolition donnera-t-elle à ces nègres une bien meilleure idée du travail ? qui sait ?
Commenter  J’apprécie          120
Je rentre chez moi. Je relis mes notes. Un réflexe. On retient des paroles plus que d’autres, et je ne sais pas toujours pourquoi on en oublie certaines qui vous sautent à la figure après comme si elles vous attendaient au coin de la rue.
Commenter  J’apprécie          110
Il n’y a pas forcément de joie à plonger dans l’existence d’un être. Les gens cabossés veulent panser des blessures profondes avec des mots. Or, parfois, ils ne font qu’ajouter à la fêlure. Ecrire n’est jamais anodin.
Commenter  J’apprécie          100



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Mohammed Aïssaoui (580)Voir plus

Quiz Voir plus

L'Odyssée

Comment s'appelle l'île sur laquelle vit Ulysse?

Calypso
Ithaque
Ilion
Péloponnèse

10 questions
2546 lecteurs ont répondu
Thème : L'Odyssée de HomèreCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..