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Critiques de Mohammed Aïssaoui (129)
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L'affaire de l'esclave Furcy

Ce récit est brillant d'intelligence et de finesse. L'auteur, au lieu d'empiler les faits les uns derrière les autres, à l'instar de Truman Capote dans "De sang froid" ou de Jorge Volpi avec"Un roman mexicain", a le très bon goût de s'adresser à la sensibilité du lecteur en faisant appel aux structures psychologiques des personnages. L'analyse politique et psychologique est poussée et témoigne d'un grand respect pour le lecteur qui, à la in de la lecture a compris et appris sur l'événement relaté. Merci pour ce moment...!
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L'affaire de l'esclave Furcy

L’aventure commence avec une scène malheureusement courante pour l’époque : celle de l’évasion d’un esclave poursuivit par des chasseurs. Le décor est planté. La société Bourbonnaise (Bourbon est l’ancien nom de La Réunion) est d’une violence inouïe. À travers l’affaire Furcy, ce sont les tentatives désespérées de ces hommes et femmes pour retrouver la liberté et la dignité que l’auteur décrit. Et c’est tout le fonctionnement de la société coloniale esclavagiste que monsieur Aïssaoui va nous faire découvrir quasiment de l’intérieur. Une machine dont le seul but est l’exploitation de l’homme par l’homme pour l’enrichissement du plus petit nombre.

À La Réunion, nous fêtons l’abolition de l’esclavage le 20 décembre. Cette fête s’appelle en créole la fête caf (la fête des noirs). J’aime penser que cette fête ne concerne pas uniquement les « noirs ». Je crois, au contraire, qu’elle nous concerne tous, puisqu’elle marque le jour où la France a entrepris de se guérir de cette maladie que l’on appelle l’esclavage.



Cyrille Amiel
Lien : http://blogdecyrilleamiel.ov..
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Les Funambules

Une grande émotion pour moi; j'ai aimé ces histoires de funambules comme les qualifie l'auteur; chacun est sur un fil, en équilibre instable et à tout moment ce peut être la chute. Ils veulent que leur histoire soit écrite pour qu'il reste une trace de leur honte d'être pauvres, démunis.

Le narrateur les comprend, il a été l'un d'eux mais sans ressentir de honte et ne s'est pas retrouvé dans leur situation grâce au combat quotidien de sa mère. Il est arrivé en France à neuf ans: il quitte une enfance heureuse malgré la misère et la fuite du père. Adulte, il est biographe pour anonymes, il écrit pour ceux qui n'ont pas les mots mais veulent laisser une trace, dérisoire. Une fois par an, il fait le nègre pour une célébrité.

Pour lui chaque vie est exceptionnelle et mérite d'être contée avec sa part de lumière et ses fêlures (et chacun a sa fêlure, c'est ce qui le révèle.) Toute vie est une entreprise de (re)construction. A travers tout le livre on sent la faille du narrateur: sa recherche de Nadia à laquelle il n'a pas su dire son amour. Il sait qu'elle ne peut-être que bénévole et il va la rechercher du côté des Restos du coeur, d'ATD Quart Monde, des Petits frères des pauvres, des Morts dans la rue. "Nadia voulait mettre des mots sur les maux des autres et de la beauté chez les plus démunis. Elle pensait: le livre, c'est aussi important que le pain, l'eau, l'électricité...". Sortir du silence est libérateur: ne pas pouvoir raconter, devoir mentir conduit à l'étouffement; écrire est alors un instinct de survie. Le silence est assassin, écrire (ou être écrit) peut sauver.

Il est engagé pour deux ans à écouter et écrire la vie des funambules: "Je tremble au bout d'un fil, si nul ne pense à moi, je cesse d'exister (Supervielle). Le narrateur se souvient qu'à dix ans, il a reçu des dons du Secours populaire, notamment une veste Adidas qu'il va porter des années.

Les funambules vont défiler: Bizness, Le Philosophe, Leïla, Moussa, Monique (bénévole)qui lui explique que les Restos font bien plus que de distribuer des vivres, Sonia, il écoute des personnes d' ATD, Annick bénévole proche de Monique, il assiste à une formation qui aborde les questions: qu'est-ce que l'accompagnement, quelles sont les attitudes d'écoute, quelles sont les limites personnelles pour ne pas tomber dans l'excès affectif et risquer de se perdre à aider.

Cela m'a paru très important!!Savoir ne pas trop s'investir, poser des règles...

Et toujours la quête de Nadia.

Il y a bien un côté documentaire mais il ne m'a pas gênée et j'aime l'écriture de cet auteur dont j'avais lu avec intérêt L'affaire de l'esclave Furcy. c'est plus proche de l'essai que d'un roman mais l'évocation de sa mère "analphabète bilingue " et ses anecdotes personnelles pimentent le récit. Il y a des moments d'humour et de l'émotion.

En bref, j'ai beaucoup aimé.
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L'affaire de l'esclave Furcy

Une grande cause, un procureur courageux, un procès interminable, jusqu'à ce que justice soit enfin rendue! Tous les ingrédients d'une « affaire ». Et pourtant, celle-ci est restée enfouie dans les grimoires jusqu'à une vente publique à Drouot en 2005. Une centaine de documents poussiéreux achetés par l'État pour 2100 euros, qui révèle l'histoire de l'esclave Furcy de l'île Bourbon (La Réunion), qui demande sa liberté au tribunal de Saint Denis. Il est né libre, d'une mère libérée. Celle-ci, indienne de Chandernagor, achetée à neuf ans, a accompagné ses maîtres à Lorient. Or, selon l'ancien adage, « nul n'est esclave en France », même sous l'Ancien Régime. Son retour à la Réunion sur la plantation ne pouvait la priver, ainsi que son fils, de leur nouvel état. Joseph Lory, le nouveau maître auquel ils ont été légués ne l'entend pas ainsi. Il considère la démarche juridique de Furcy comme subversive. D'autant que son esclave a trouvé un allié inattendu en la personne du procureur général Gilbert Boucher et de son jeune substitut Sully Brunet.



Joseph Lory est un homme d'influence, soutenu par le plus riche propriétaire sucrier de l'île (Desbassayns de Richemont, commissaire ordonnateur général de La Réunion) fils de la célèbre et redoutée Madame Desbassayns. Un combat juridique s'engage qui est celui du maintien de l'esclavage dans une île dont l'économie en dépend. Et l'histoire est exemplaire d'un fonctionnement judiciaire (mesures de rétorsion contre le plaignant, pressions sur les magistrats, manœuvres dilatoires qui feront durer la procédure vingt sept années).



L'ouvrage que Mohammed Aïssaoui, journaliste au Figaro Littéraire, consacre à cette histoire est passionnante. Sa démarche est celle d'un chroniqueur minutieux qui reconstitue, autant que faire se peut, les pièces d'un puzzle. Car on ne sait que peu de chose de Furcy. L'histoire de l'esclavage est une histoire sans archives et les siennes sont lacunaires. Le récit ne cache pas ses limites.

Il ne faut pas chercher non plus de grâce littéraire à cette enquête, conduite de bonne foi et avec modestie. En revanche il y a là une fine investigation historico-journalistique, en forme de lecture commentée des pièces d'un dossier judiciaire passionnant. Et combien révélateur ! La société coloniale s'y dessine en creux, fidèle à elle-même, dans la défense cynique de ses intérêts.

Le pouvoir politique apparaît dans sa continuité, ennuyé par les requêtes des riches familles coloniales, auxquelles il finit tout de même toujours par céder.



Les historiens aimeraient sans doute que le livre soit accompagné d'un appareil critique, avec en annexe les archives citées. On s'interroge sur les conditions de la poursuite de la procédure menée par Furcy, après que Boucher ait quitté l'île. Restent en suspens bien d'autres questions. Mais le récit est attachant, édifiant et captivant. Il faut remercier Mohammed Aïssaoui de l'avoir reconstitué avec ferveur. Le livre a reçu le prix du roman historique 2010 dans le cadre des "rendez-vous de l'Histoire" à BLOIS, et prix Renaudot de l'essai 2010.
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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Les Funambules

Leur situation peut à tout moment basculer et leur vie ne tenir qu’à un fil, ils deviennent alors des funambules. Sur les conseils de Jean Patrick Spark, neuropsychiatre, le narrateur observe et raconte des tranches de vie en écrivant des biographies pour anonymes et redonner ainsi une voix à ceux qui le souhaitent. Cette démarche s’accompagne de rencontres et de descriptions du fonctionnement des restos du cœur, d’ATD quart monde, et des petits frères des pauvres. L’aspect documentaire et journalistique est romancé par la recherche d’un amour de jeunesse, Nadia, avec laquelle des nons-dits et une relation perçue comme inachevée a eu lieu. On apprend beaucoup de choses sur les activités des bénévoles, beaucoup plus professionnelles et encadrées qu’on l’aurait cru ! Panorama réaliste d’une société où les laissés pour compte sont quelques fois rattrapés dans leur chute, par une solidarité associative active indispensable.
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Les Funambules

"Biographe pour anonymes" : qu'est-ce que cela veut dire ?

Si un biographe pour anonymes peut vouloir dire : un « bénévole accompagnant » comme ceux qui œuvrent aux Restos du Cœur, si la vocation est déterminé par un prénom donné par la mère : « Kateb, ça veut dire écrire », le livre de Mohammed est aussi celui de Monique qu’ils « f[on]t ensemble » afin de joindre leur besoin de mots devant l’iniquité de la vie.

Le style sobre de Mohammed Aïssaoui réussit à ébranler les préjugés, d'une manière pudique.

Voir plus sur anne.vacquant.free.fr/av/
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L'étoile jaune et le croissant

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour l'envoi de ce livre.

Le cas de Si Kaddour Benghabrit est compliqué. Pas tant à cause de récits contradictoires sur sa personne, mais parce qu'il y a très peu d'écrits le concernant. Pas même à la Grande Mosquée de Paris dont il fut pourtant le fondateur et le recteur de 1926 à 1956, année de son décès.

Pourtant, il pourrait être le premier Arabe à figurer parmi les 23000 noms des "Justes parmi les nations", ce qui n'est pas tout à fait rien. Un dossier à son nom est ouvert à Yad Vashem, mais aucune pièce n'est venue le défendre. Alors que des témoins encore vivants peuvent être interrogés. Qu'un reportage et un film lui sont consacrés (le premier de 1991 et dure 30minutes environ ; le second, Des Hommes Libres avec Mickael Lonsdale, dont il fut moins question des Des Hommes et des Dieux). Il semble n'etre qu'une ombre en arrière-plan, malgré son statut et son poste.

Aissaoui se lance donc dans une quête, celle d'un homme du 20ème siècle avec paradoxalement moins de matière que pour l'esclave Furcy. La forme de l'ouvrage n'est donc pas la même, elle est beaucoup moins narrative, beaucoup plus personnelle.

Pour ce personnage, sur ce sujet des Justes, il a pu interroger des enfants de rescapés, d'imams résistants, voir quelques maigres archives. Il a choisi non pas de nous raconter une histoire, mais de nous montrer son journal d'enquete, les différents témoins qu'il a pu rencontrer. Le ton est beaucoup plus personnel, lui-même regrettant le peu de traces qu'il a de sa famille.

La conclusion reste ouverte. Nul ne sait si Si Kaddour Benghabrit sera nommé Juste. Lui ou un autre des Arabes résistants et philosémites dont il a retrouvé la trace. Ce qui serait un geste de justice et d'amitié.
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Mon prof, ce héros

Un recueil de textes d'écrivains et non des moindres qui ont répondu à l'appel de la Fondation Egalité des chances pour parler du prof qui a éclairé leurs vies. Un texte posthume de d'Ormesson car, dit sa fille, il aurait voulu en être.

Vingt témoignages émouvants qui reconnaissent grandeur et servitude des profs, au moment où Samuel Paty vient d'être assassiné; ils disent aussi leur reconnaissance d'avoir été révélé à soi-même par un maître.
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L'affaire de l'esclave Furcy

en savoir plus avec wikipédia : Esclavage à Bourbon.



Furcy est le nom donné à un esclave réunionnais qui assigna son maître en justice en 1817 en réclamant son statut juridique d'homme libre. A cette époque les intérêts des planteurs les conduisaient lutter contre cette procédure.



Furcy a une mère Indienne, Madeleine, née en 1759. Elle est conduite en France par une religieuse avant d'être emmenée à La Réunion par une certaine Madame Routier. Celle ci devait la renvoyer jusqu'à Chandernagor, en Inde, ce qu'elle ne fit pas. Sa mère meurt, ainsi que madame Routier. Furcy est alors confié au gendre de cette dernière, Joseph Lory, qui le garde comme esclave. Il devient l'intendant de la maison de ce négociant et propriétaire d'esclave. En 1817, le jeune homme découvre que sa mère avait été affranchie avant son décès et décide de recourir à la justice pour faire valoir sa liberté, une liberté dont jouit sa sœur Constance depuis son propre affranchissement. Il est débouté en première instance, en appel et se pourvoit finalement en cassation.

En 1817, lorsqu'il entame sa démarche en justice, il trouve un certain soutien en la personne du procureur général Louis Gilbert Boucher, né en 1782 et qui mourra en 1841. Pour ses sympathies antiesclavagistes, celui-ci s'attire l'hostilité de Joseph Richemont Desbassyns, le commissaire ordonnateur général de La Réunion.

L'affaire fait grand bruit à Saint-Denis car elle ouvre une brèche qui permettrait la libération de 15 000 individus. Aussi, sous la pression des colons, Gilbert Boucher doit quitter l'île. Son jeune substitut Jacques Sully Brunet est également écarté du dossier. Furcy mourra, après avoir entretenu une correspondance suivie depuis Maurice avec la famille Brunet à La Réunion et Gilbert Boucher lui-même en métropole.

Le 23 décembre 1843, la justice déclare enfin que « Furcy est né en liberté.»1.

L'affaire Furcy n'est pas une affaire isolée : Louis Gilbert Boucher cite dans l'un de ses rapports au ministre de la marine et des colonies une autre affaire un peu antérieure, l'affaire de l'indienne Tola, jugée devant la cour royale de Bourbon, où le même point de droit a déjà été soulevé : dans un contexte où la traite négrière commence à être interdite dans les colonies anglaises (dont l'île Maurice, toute proche, où la famille Lory a des terres), et où les nations signataires du traité de Vienne se sont engagées à abolir l'esclavage, les indiens se prétendent issus d'une nation de libres et refusent le statut d'esclave (cas également connu de Boucher à la Martinique). Gilbert-Boucher s'élève également contre l'usage des lois que font les magistrats au profit des propriétaires d'esclaves et des contournements de son autorité de procureur général, dans un contexte de réforme des juridictions qui peine à s'imposer à l'île Bourbon.



Le nom de Furcy est resté à un îlet de la commune de Saint-Louis situé sur la route menant au cirque de Cilaos.

Par ailleurs, il faut savoir qu'un gros dossier constitué de copies d'époque de documents et de correspondance privée ayant appartenu au procureur Louis Gilbert Boucher à propos de l'affaire Furcy et du conflit interne à l'administration réunionnaise (et non le dossier du procès lui-même) ont fait l'objet d'un achat pour le compte des Archives départementales de La Réunion lors d'une vente publique en mars 2005 à l'Hôtel Drouot.




Lien : http://mazel-annie.blogspot...
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L'affaire de l'esclave Furcy

A l'occasion d'une vente aux enchères d'archives à Drouot, l'auteur découvre cette affaire incroyable : un esclave qui à la Réunion porte plainte contre son maître qui le maintient illégalement en esclavage alors qu'il est né libre. L'affaire judiciaire durera vingt-sept ans de 1817 à 1843. L'auteur lui redonne vie car "sans la fiction, le souvenir périt" (Jorge Semprun)

Un personnage admirable d'une ténacité remarquable qui choisit la voie légale, judiciaire alors qu'il sait qu'il n'a au départ aucune chance. Un avocat courageux, d'une abnégation sans pareille qui compromet sa carrière par conviction philosophique pour aider Furcy et abolir l'esclavage. Un des plus grands propriétaires esclavagistes de l'île : Desbassayns de Richemont prêt à tout pour conserver ses privilèges et le système économique de l'esclavage. Défenseurs comme opposants à Furcy ont compris dès le départ qu'au-delà de son cas personnel, c'était un système que l'on combattait ou défendait.

Peu de traces de Furcy malgré son combat extraordinaire "les victimes ne laissent pas de traces".

Je mets une notation moyenne car j'ai trouvé que le livre (roman car on sait peu de choses sur Furcy ) un peu trop technique, des lettres, comptes-rendus d'audiences, de plaidoiries ce qui nuit souvent à l'émotion que l'on devrait ressentir. Les personnages manquent de chair, d'incarnation à mon goût.
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Les Funambules

Ce livre est une pépite parue en septembre dernier. Et le héros de ce roman n'est pas celui que l'on croit ! A mes yeux, le héros c'est le bénévolat et Mohammed Aïssaoui en parle avec justesse à travers la bouche du personnage principal (dont je tais le nom pour ne rien divulgacher) et en recueillant les paroles, valeurs, ressentis et expériences de bénévoles au sein de différentes associations. La romance n'est qu'une toile de fond et vous tournerez les 200 pages avec avidité car les chapitres sont courts, les mots justement choisis. Les personnages croisés sont attachants et traînent chacun des histoires sensibles. A la fois beaucoup de pudeur, de respect dans les situations décrites. C'est un roman/témoignage, témoignage de valeurs, d'engagement, de solidarité et c'est à travers les paroles des bénévoles croisés que ce roman prend toute sa force et son intérêt. Une belle rencontre avec Mohammed Aïssaoui qui a su touché «la corde sensible» de la bénévole que je suis depuis plus de 30 ans. Merci





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L'affaire de l'esclave Furcy

Après le roman d’Irène Frain qui évoquait le sort des esclaves malgaches abandonnés sur l’île Tromelin pendant quinze ans, nous continuons à rester sur le thème de l’esclavage.

Il s’agit ici d’une histoire découverte lors d’une enchère à l’hôtel Drouot. Un esclave nommé Furcy a demandé sa liberté en 1817 sur l’île Bourbon (ancien nom de l’île de la Réunion). Ce récit est celui de son procès, qui s’est étalé sur vingt-sept ans, et sur tout ce qui lui est arrivé : sa mère, une Indienne, a été affranchie, mais suite à une mauvaise foi de ces deux « propriétaires », ils sont restés malgré eux esclaves.

On découvre aussi la vie des colons de l’époque à la Réunion : c’était une poignée de familles, propriétaires terriens, solidaires entre eux à cause des liens du mariage ou des affaires commerciales, qui régnaient sur l’île d’une main de maître, s’octroyant même des prérogatives juridiques et politiques très étendues dans le but de défendre âprement leurs intérêts personnels.

Les relations entre les esclaves et anciens esclaves sont aussi très ambiguës: jalousies, manque de solidarité et même farouche opposition au procès Furcy pour certains d’entre eux.

Le style d’écriture est sobre, très factuel avec un ton journalistique. Il n’y pas beaucoup d’émotions, et ce n’est pas assez romancé à mon goût, ce qui explique l’absence du 5ème cœur. L’auteur a préféré se focaliser sur le dossier juridique au détriment du personnage principal qui aurait mérité plus de développement.

Pour conclure, un procès unique à découvrir, d’autant plus que l’histoire est courte et se lit assez vite!
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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L'affaire de l'esclave Furcy

Un roman historique, détaillé, fouillé, qui éclaire sur une situation historique qui nous échappe dans nos cours d'Histoire académiques. Une lecture agréable et instructive.

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J'ai très rapidement eu envie de lire "L'affaire de l'esclave Furcy" de Mohammed Aïssaoui, car sa présentation dans un des magazines Lire m'avait plue. Et le sujet qu'il abordait me semblait essentiel. Après avoir visité le musée du château de Nantes où l'Histoire de l'esclavage et de la traite des Noirs était racontée, mon intérêt était grand. Il faut faire un devoir de mémoire sur ces faits. Il faut faire entrer dans les manuels scolaires cette histoire, cette négritude et surtout écrire l'espoir que portaient des tas de "Furcy" à leur manière, pour sauver la dignité, celle de l'homme sans race, sans couleur, sans distinction aucune. Nous naissons tous libres et égaux en droit.



L'écriture de l'auteur est fluide, agréable, rien de transcendant mais il a réussi à prendre un angle de la petite histoire dans la grande pour éveiller notre attention. Les personnages sont à la fois tendres, sévères, drôles, détestables, intelligents, modestes. On a envie de lire jusqu'au bout pour connaître l'issu d'un tel procès. Qu'adviendra-t-il des âmes charitables, des avocats du diable, des esclaves de cette histoire?



Je conseille ce roman qu'on lit comme l'accomplissement d'une longue enquête de la part de l'auteur et qui somme toute est très réussie!


Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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L'étoile jaune et le croissant

Pourquoi n'y-a-t-il pas d'Arabes parmi ceux que l'on appelle les « Justes parmi la nation »? C'est la question que se pose l'auteur de l'étoile jaune et le croissant, Mohammed Aïssaoui.

Ce livre s'apparente à un carnet de route, de notes, celui qu'on rempli jour après jour au fil de nos découvertes. Ici, le sujet est important, même si la question de départ ne trouve pas forcément de réponse. A travers ses recherches, l'auteur propose des pistes, notamment en ce qui concerne le directeur de la Mosquée de Paris, Si Kaddour Benghabrit. Cet homme aurait en effet eu un rôle important auprès des Juifs en fuite lors de la seconde guerre mondiale. Pas à pas, on découvre des témoignages, des archives, qui attestent (ou non) de ce rôle. Plus largement, l'auteur nous propose ses réflexions autour de la question des relations ambigües entre les Arabes et les Juifs, et sur la mémoire. Celle que l'on conserve bien au chaud au sein de nos archives, mais aussi celle de chacun d'entre nous, qui parfois se perd pour nous laisser sans réponse. La France est un pays où l'on a la chance de bénéficier de nombreuses sources d'informations papiers. Mais en ce qui concerne les témoignages, ils sont souvent plus difficiles à trouver, car pourquoi parler de son histoire si personne ne vous demande de la raconter? Est-ce trop tard maintenant?

Ce sont autant de questions que se pose l'auteur. Et même si certaines ne trouvent pas de réponse, il espère, tout comme la lectrice que je suis, qu'un jour elles seront résolues, et que parmi les 23 000 « Justes parmi la nation » apparaitront des noms d'Arabes ayant œuvré pour la survie de Juifs lors de l'Holocauste. A lire!
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L'affaire de l'esclave Furcy

L'esclave Furcy, né en 1786 à Bourbon (actuellement La Réunion) d'une mère achetée en Inde comme esclave puis affranchie, assigne son maître en justice pour recouvrer la liberté qui lui semble dûe en tant que fils de femme "libre". Le maître riposte en invoquant une tentative de fuite, Furcy est emprisonné et vingt-six années de procédures s'ensuivent.



L'affaire se déroule au début du XIXe siècle, le commerce triangulaire est alors prospère et ceux qui en tirent grassement profit craignent qu'un tel cas fasse jurisprudence. L'affranchissement de cet esclave pourrait entraîner un mouvement massif d'émancipations, voire l'abolition de l'esclavage sur l'île (rétabli en 1802 par Napoléon Ier), ce qui aurait des répercussions désastreuses sur l'économie française. En outre, tout n'est pas si simple sur l'Île Bourbon : les populations se mélangent au gré des unions légitimes ou non, des viols, des affranchissements accordés par certains colons... (cf. extraits)



Voilà un roman-documentaire très enrichissant. L'auteur s'est captivé pour son sujet et attaché au personnage (réel) de Furcy au fil de ses recherches historiques, il parvient à nous faire partager cet enthousiasme. Le contexte décrit est par ailleurs très intéressant, mais la lecture est relativement fastidieuse si l'on se laisse vite rebuter par les subtilités, les méandres de la logique judiciaire.



Sur certaines thématiques, il nous reste tellement à apprendre que le sujet paraît encore plus complexe une fois exposé, on mesure alors la profondeur de son ignorance et on a envie de creuser la question en amont. C'est exactement le cas ici, mais un ouvrage "jeunesse", ou en tout cas plus simple, me conviendrait mieux.

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L'affaire de l'esclave Furcy

Comme la vie est étrange parfois.

Ces documents retrouvés aux enchères et puis toute une histoire de vie qui se raconte.

Ce roman raconte le procès de l'esclave Furcy, qui était né libre et qui se retrouve esclave.

L'auteur écrit avec beaucoup de respect et de sensibilité.

Il accepte de ne pas tout savoir et accommode son récit avec ces inconnues.

Il en fait quelque chose de beau.

Et puis, il explique également ce qu'il ressent, ses émotions, ce qu'il perçoit au delà des documents qu'il parcoure.

Et des recherches, il a dû en faire beaucoup.

C'est rendre un bien bel hommage à cet homme "enchaîné" que d'écrire cette histoire et ce roman vaut la peine d'être connu.
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Les Funambules

Nous sommes tous des funambules...

Nous surfons tous sur la vague, sur le fil fragile de la vie.

Nous ne savons jamais ce que sera demain.

Pas plus s'il fera beau ou s'il fera sombre.

Tout de ce qui arrive de pire aux autres, peut nous arriver.

Et inversement.

Il suffit d'un rien pour que la vie bascule.

En cela j'ai aimé ce livre, cette réflexion qu'il suscite.

J'ai aimé rencontrer toutes ces âmes en peine, errantes, égarées et si attachantes.

J'y ai retrouvé beaucoup de sensations connues, de similitudes à mon propre vécu.

D'une certaine manière.

Je me suis replongée dans mon expérience et ma connaissance de certaines associations, bénévole ou usager (quel terme ignoble).

Pourtant, ce livre est pour moi plus une enquête journalistique qu'un roman, c'est intéressant, plein d'empathie mais le fil conducteur, qui se voudrait histoire ou intrigue, est selon moi trop anecdotique et presque sans intérêt.

J'ai apprecié pénétrer dans les coulisses de ces associations, notamment découvrir les restos du cœur, dans l'intime de ces personnages hors norme.

J'ai trouvé fort intéressant de constater le fonctionnement d'une grande association, telle une entreprise et je me suis de nouveau interrogée, comme il m'est déjà arrivé de le faire, sur le bien-fondé du bénévolat, sur la valeur réelle que l'on donne à toutes ces personnes, dans un monde où tout n'est qu'argent...

Je n'ai pas de réponse figée, cela m'interpelle, il y a du vrai et de l'hypocrite, du beau et du mystère.

Je me suis laissée porter par les 3/4 du livre mais j'ai fini à regret par me lasser.

Ce livre m'a encouragé à réfléchir, encore et encore, et son intérêt est indiscutable.

Pour autant, je ne le considère pas comme un roman et cela a fini par me gêner, parce qu'il est présenté comme tel.

C'est un avis très personnel.

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Les Funambules

Qui sont ces funambules que va rencontrer notre narrateur ? Des artistes assurément. Des artistes pour tenter de rester debout sur le long fil de l’existence qui menace de se rompre et même qui, souvent, s’est brisé. Certains chutent inexorablement, d’autres se raccrochent aux balanciers que d’aucuns tendent depuis les associations qui aident hommes et femmes à se reconstruire sur ce périlleux chemin suspendu sur leurs vies, car vivre pour ces blessés de la vie est une acrobatie perpétuelle.



Le narrateur est biographe pour anonymes. Il est parfois une prête-plume pour une personnalité, politique ou autre, qui n’a « pas le temps » d’écrire elle-même… mais à la demande d’un éminent neuropsychiatre il a va recueillir le témoignage des écorchés de la vie, ceux qui n’osent avouer leurs fêlures ou qui ne savent comment les exprimer, de ceux qui voudraient « vivre comme tout le monde », une phrase prononcée par une funambule et qui résonne comme un électrochoc.



Du narrateur, on ne connaîtra son prénom qu’à la toute dernière phrase mais on sait qu’il est, lui aussi, porteur d’une fêlure, celle de l’exil. Un exilé de l’enfance parti de « chez lui » qui est désormais un « là-bas ». Depuis, il lui semble qu’il n’habite « nulle part ». Il va parcourir les centres d’accueils, les entités caritatives, s’entretenir avec ceux qui donnent de leur temps et ceux qui reçoivent des souffles d’humanité. En même temps, il continue à fréquenter des âmes errantes comme Le Philosophe, à s’occuper de sa mère, sa seule famille, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, et à tenter de retrouver Nadia, un amour perdu parlant « toutes les langues de la vie ».



Les Restos du Cœur, ATD Quart Monde, les Petits Frères des Pauvres, le Collectif Les Morts de la rue, sont les organisations qui vont être visitées par le biographe et qui met en lumière l’immense courage de ceux qui essaient de réparer le fil cassé, un fil qu’il faut continuer à saisir malgré l’absence de l’amour reçu pendant l’enfance, malgré la violence d’un conjoint, malgré le chômage, malgré le rejet et le regard des autres. Aux bénévoles de rendre moins périlleux le fragile équilibre, eux aussi nécessitent une sacrée dose d’énergie et du don de soi.



Mohammed Aïssaoui signe un livre d’une humanité inouïe et rend hommage à ces oubliés de la société. Pourtant, comme le souligne le titre d’un chapitre, « la misère a un visage et un prénom ». Une âme également et une histoire à raconter. Tout porte à croire que le journaliste écrivain a lui aussi une histoire à nous dire mais il a préféré s’épancher sur celle des autres. Une noblesse également dans l’écriture, toute en humilité et sans voyeurisme, juste mettre en lumière les cœurs assombris et d’expliquer ce qui semble inexplicable.



Une ode à la bienveillance, un socle d’humilité, une voix pour rompre le silence, qui apportent une aube sur ceux qui naissent et grandissent en cherchant un fil plus solide face aux souffrances, puissent ces funambules devenir des jongleurs de vie.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Le goût d'Alger

Trente écrivains classiques ou contemporains, comme Cervantès , Karl Max, Pierre Loti , Henri de Montherland, Boualem Sansal, Jacques Derrida, Albert Camus Pierre Loti, Mouloud Mammeri, Assia Djebar, Ernest Feydeau, Yasmina Khadra, Maïssa Bey, André Gide … , 32 extraits éclectiques pour raconter Alger la Blanche, tour à tour épanouie, mystérieuse, amère, inspiratrice, conspiratrice . Petits textes qui composent un guide livresque, poétique, nostalgique mais aussi jouissif pour (re) découvrir, goûter, savourer El Djezaïr.
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L'affaire de l'esclave Furcy

Ce livre raconte le combat de Furcy, esclave à l’ile Bourbon (future île de la Réunion) et les recherches menées par Mohammed Aïssaoui.



1817 : Furcy découvre que sa mère décédée avait été affranchie. Elle-même n’en savait rien, ses maîtres n’ayant pas jugé nécessaire de l’en informer. Furcy entame alors une procédure pour que sa liberté soit reconnue. Mais, certains colons Blanc sont trop bien puissants. Grâce à leurs différentes positions sociales et leur argent, ils vont faire pencher la balance de la Justice de leurs côtés. Furcy va connaître la prison, des travaux ignobles pour avoir voulu que le droit appliqué. Le procès durera 27 ans et se terminera en 1842, soit 6 ans avant l’abolition de l’esclavage en France.





Une vraie claque ! En commençant cette lecture, j’étais loin de m’imaginer comment ce livre allait me bouleverser.

Comment rester indifférent à cette abomination qu’est l’esclavagisme ? Impossible. Les mots sonnent douloureusement :





Dans la terminologie usitée à l’époque, Constance était qualifiée de « quateronne », c'est-à-dire qu’elle était un esclave issue de l’union d’un banc et d’une sang-mêlé. Mulâtre, marron, quarteron…tous ces termes avaient été créés pour désigner des animaux.





A vendre jeune négresse créole(..).





Il faut se remettre dans le contexte et admettre que oui, la France autorisait l’esclavage. Et, l’île Bourbon en comptait 16 000. Autant de personnes considérées comme de la marchandise.

En se basant sur les archives du procès et sur un travail de documentation colossal, Mohammed Aïssaoui retrace la vie de Furcy et son combat. Celui d’un homme qui apparait toujours calme, posé et qui ne réclame que le droit. Furcy trouvera des appuis auprès d’hommes de Loi qui veulent que la justice soit rendue. Mais hélas, la crainte que les autres esclaves suivent son exemple, l’intérêt économique gagneront une première fois. Furcy aurait pu baisser les bras mais non. Il a foi en ce que les hommes lui rendent sa liberté.

L’auteur ne se campe pas en juge ou en donneur de leçons. Il pose ouvertement des questions : comment aurait-il réagi ? Aurait-il eu le courage et la détermination de Furcy ?

Il nous livre sa soif d’en apprendre toujours plus sur Furcy, les difficultés rencontrées au cours de ses années de recherche.

Mohammed Aïssaoui est le premier à s'être intéressé à l'histoire de cet esclave oublié de tous...





Mêlant roman, récit du procès et ses propres réflexions, ce livre rend hommage digne à Furcy. Deux hommes et une seule quête: celle de la justice ...Remarquable !




Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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