Citations de Olivier Frébourg (115)
Beauté de Lisbonne qui n'est pas lisse, monumentale, mais dédale d'ombre et de lumière, de fraîcheur et de plein de soleil au coeur de la tendresse du monde.
Quand le monde est trop bruyant, je recours à la poésie. Elle ralentit le cours torrentiel du temps. Un petit gramme de stances ou de sonnets est moins toxique que le Prozac.
La vie n'est supportable que plongée dans la musique, la peinture, les écritures, seuls antidotes avec le sacré au poison de l'absurde. Le quotidien est sublime quand il se confond avec l'art, quand il y a eu fusion et confusion entre les deux.
Il faut toujours chercher la lumière, fuir l'obscurité malsaine, le dark net. Où que je sois, la poésie m'ensoleille alors que l'écran m'ensommeille.
La poésie permet d'oublier l'esprit troupeau, cette signature de l'enfer des écrans.
Lire de la poésie chaque matin est l'antidote à l'infection.
"En campagne, soyez rapide comme le vent;lorsque vous avancez par petites étapes, majestueux comme la forêt; à l'arrêt inébranlable comme les montagnes. Aussi insondable que les nuages, déplacez-vous comme la foudre. "
Sun Tzu
J'ai froid, terriblement froid. Chaque nuit, je me réveille et mon corps n'est qu'une banale tuyauterie. Je suis désormais seul dans notre lit. Je guette le déclenchement de la chaudière, le lancement du brûleur, son souffle libérateur comme une gueule antique crachant son feu. J'imagine la diode orange clignotante passant au vert fixe : c'est mon feu de navigation. Je suis alors soulagé. La maison sera chaude.
Décompensation, c’est un mot qui me vient à l’esprit, au petit matin, lors d’un réveil précoce. Un mot telle une écharpe qui flotte, vous entoure. Mais je dois taire cette violence psychique. Je suis un père. Je dois sourire, les rassurer. Comme une hôtesse de l’air à bord d’un avion qui perd dangereusement de l’altitude. Tout se Crashe. Tout se fissure. Tout s’ébranle mais il faut couvrir les enfants de baisers, de chaleur, chasser les larmes, les petites catastrophes à coups de balai.
Un père, un homme qui ne s'écroule jamais, fait front, ne montre pas ses doutes; une ombre qui retraverse sa propre enfance.
« L’eau non seulement la nourrissait, la sculptait, mais imposait un filtre entre elle et moi. » (p. 67)
« Est-ce au nom de la mer que nous nous étions choisis, Marion et Moi ? Pour ce goût commun du silence, de la solitude ? » (p. 67)
« La mort de l’enfant est devenue un genre littéraire. Il est impossible pour un écrivain qui subit cette catastrophe de ne pas en faire un linceul de papier. Combien de parents ont perdu leur enfant sans encombrer les librairies ? » (p. 187)
Je revois très bien la couverture rouge du livre qui l’absorbait : c’était une lecture bien sérieuse pour la plage.
Je profitais de ces moments pour crayonner dans mon carnet des croquis de ses jambes et de ses pieds"
En mer nous avons l'infini devant nous et nos cartes de navigation nous servent de cadre. Dans la peinture nous avons un cadre dans lequel nous devons trouver l'infini.
Le comptage des heures est essentiel dans la vie de Flaubert. Vu de Paris cet homme semble avoir tout son temps. Pas d'enfant. Pas de travail. Pas d'obligation de gagner sa vie. C'est le temps du soupir postcoïtum. Puis celui de la respiration...
Et puis il y a le temps de l'inspiration un peu sucrée - c'est si rare chez Flaubert - ...
La France légale, impériale fait horreur à Maupassant. Il en aime les minorités, les rebelles, les républicains, les putains.
Dans les contes de Maupassant, Rouen est la ville de la femme entretenue, une Babylone où les filles aguichent les militaires, les paysans enrichis, les bourgeais : la perdition.
Gabriel cite cette phrase de Feydeau : « J'ai voulu noyer mon chagrin dans I'alcool mais il savait nager », et ce conseil russe : « Buvons car demain sera pire ».
Le bourgeois est par définition l'homme du progrès. Il aime les innovations, les finance. Sa hantise : ne pas être de son temps, dans l'air du temps, dans la grande roue de la fête foraine. Le propre du bourgeois est la crainte du vieillissement : il porte des vêtements de couleur après soixante ans.
Avant de se quitter avec les enfants, on passe du temps à se serrer dans les bras, à se tomber dans les bras. Se serrer pour se tenir chaud, ne pas ressentir le grand frisson d'effroi. On dit que l'on s'habitue à tout. Je ne m'y suis jamais fait. J'ai tant rasé les murs dans ma solitude de père défait.