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Critiques de Olivier Guez (541)
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La disparition de Josef Mengele

On ne sort pas indemne d'une telle plongée en enfer.



Affronter l'histoire de l'ange de la mort d'Auschwitz, c'est comme regarder le diable en face, le mal absolu, la négation de l'Homme. J'ai pensé très fort à ceux qui l'ont croisé, pour leur plus grand malheur, Violette en particulier, tous ceux qui ne sont plus là maintenant pour témoigner.



Olivier Guez nous emmène à la chasse au nazi dans l'Amérique du sud complaisante de l'après guerre où se cache le sinistre Mengele, mais aussi un nombre impressionnant de ses compatriotes, dont Barbie ou Eichmann. Il nous détaille réseaux et complicités. Mengele s'est abrité derrière ce mur de solidarité et de silence et a survécu grâce à l'armée d'avocats et la fortune de sa famille dans des dictatures peu regardantes. Incroyable qu'il ait pu revenir se balader en Europe et visiter ses parents !



L'auteur nous livre ce récit avec un style dépouillé et une structure simple. Il est précis sur les faits et la seule concession faite au romancier c'est quand Il entre dans le cerveau de son personnage arrogant, dépourvu d'émotion et de regret seulement préoccupé de sa personne, imbu de lui-même.



c'est la chronique de l'inhumanité incarnée, un discours raciste porté jusqu'à la tombe, la rencontre entre une idéologie mortifère et un psychopathe, un homme froid qui ne se réfugie pas dans l'excuse de l'obéissance aux ordres.



Inquiétant que personne n'ait songé à trahir quelqu'un de si détestable. Ces ambiguïtés et ces silences en disent long sur les fidélités fondées sur des convictions partagées. le Mal n'est peut-être qu'endormi…



Les contingences géopolitiques, la guerre froide, puis les conflits du Proche Orient, ont ralenti la justice internationale, et Mengele est mort bêtement à la plage . Toutefois, s'il n'a pas été jugé comme Eichmann, il a vécu dans une prison à ciel ouvert, de plus en plus mal au fur et à mesure de ses changements d'identité, misérable paranoïaque se brouillant avec tout le monde, ressassant son passé et justifiant ses crimes.



Les prix littéraires me laissent perplexe la plupart du temps, je ne vois pas trop les raisons de leur subite promotion. Pour ce récit simple et fort, j'approuve le choix du jury. Au moment où des nazis entrent au Bundestag, Olivier Guez interpelle notre présent à la lumière d'un passé terrible.



Méfions nous, les vieux démons mutent comme les virus, leurs habits neufs ne sont que des leurres.



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La disparition de Josef Mengele

Josef Mengele est souvent considéré comme l'un des pires criminels nazis, « le symbole de la cruauté nazie », pour le président du tribunal de Yad Vashem, le procureur général du procès d'Eichmann. Un tortionnaire de la pire espèce qui, comme Klaus Barbie et beaucoup d'autres, a bénéficié d'aides et de complicités pour se cacher en Amérique latine. A commencer par celle de l'argentin Peron, favorable aux nazis, qui rêvait pour son pays d'une destinée exceptionnelle, quand les Soviétiques et les Américains se seraient anéantis à coups de bombes atomiques.



Mengele a aussi été soutenu financièrement par sa famille, des riches industriels de Günzburg en Bavière qui ne souhaitaient pas qu'il soit arrêté parce qu'ils risquaient d'être associés à lui. Mais après une période relativement sereine, Mengele a vécu constamment sur le qui vive, dans la peur d'être pris et jugé, et probablement exécuté comme Eichmann qu'il a croisé dans son exil. Car Mengele est surtout un lâche, un sociopathe narcissique et paranoïaque dont la monstruosité s'est épanouie avec la guerre.



Mais tout ça, on le sait plus ou moins, alors pourquoi écrire encore un livre, un roman de surcroît, sur un criminel nazi ? On espère pour les bonnes raisons. Pour ne pas oublier. Pour que ça ne recommence jamais. Pour rendre hommage aux victimes de Mengele et à leurs familles parce qu'il n'y a pas eu de procès pour leur donner la parole, " un procès nécessaire pour analyser l'Histoire et l'assumer pour le présent " comme l'a écrit le Die Ziet après le procès Barbie.
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La disparition de Josef Mengele

Josef Mengele était médecin dans le camp d'extermination d'Auschwitz. Ce chercheur zélé affectionnait particulièrement les expériences sur les jumeaux et les nains. Il collectionnait les yeux bleus, qu'il épinglait tels des papillons sur les murs de son bureau.

Comme de nombreux criminels nazis, Mengele est parti se cacher en Amérique du Sud après la guerre, où il a bénéficié du soutien de pairs également en exil, et de l'aide financière de sa famille - des riches industriels - restée en Allemagne.

Comment et pourquoi, à la fin des années 40, le gouvernement argentin acceptait de recueillir ces hommes et éventuellement leurs proches, leur épargnant ainsi les procès qu'ils auraient dû affronter en Europe ?



Olivier Guez explique cela dans cette biographie romancée parfaitement documentée, en exposant le contexte politique argentin : dans sa mégalomanie, Juan Perón entendait profiter de la Guerre froide qui opposait l'est et l'ouest pour tirer son épingle du jeu et créer un IVe Reich, aidé en cela par de jeunes et fringants fascistes, brillants scientifiques, issus d'Allemagne ou d'Italie, et dont le bel avenir promis en Europe avait été fauché en plein vol...



J'ai parfois peiné dans ma lecture, le contexte géopolitique est assez complexe (Guerre froide, conflit israélo-palestinien), d'autant que les personnages sont nombreux (noms allemands, et parfois plusieurs pseudonymes pour un même individu)... Quoi qu'il en soit, le portrait de ce criminel en fuite lâche et geignard est saisissant. On espère que sa frousse et sa paranoïa croissantes l'ont autant torturé qu'un procès et quelques années de détention ? Car des remords, il ne semble pas en avoir eus...



Parfois ardu, mais passionnant.
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La disparition de Josef Mengele (BD)

Une silhouette toute noire marche au milieu d'une rue animée de Buenos-Aires. Une pléthore de panneaux publicitaires et d'enseignes commerciales n'empêchent pas de distinguer l'annonce d'un concert de Carlos Gardel et une photo géante d'Eva Perón. Qui est cet homme seul au milieu de la foule ?

Olivier Guez l'avait déjà bien raconté dans son excellent roman (Prix Renaudot 2017), La Disparition de Josef Mengele mais me plonger à nouveau dans cette terrible et folle histoire grâce à la bande dessinée et à Vincent, m'a permis de rafraîchir ma mémoire. le plus important n'est-il pas de ne jamais oublier ?

Olivier Guez a été associé à Matz pour le scénario et Jörg Mailliet a réussi une mise en images tour à tour belle, inquiétante, impressionnante, flippante, angoissante et réaliste.

Si l'essentiel de la cavale du médecin fou d'Auschwitz se passe en Amérique du Sud, d'Argentine au Brésil en passant par le Paraguay, il est indispensable de revenir à Auschwitz, ce camp d'extermination où les nazis ne se contentaient pas d'assassiner plus d'un million d'enfants, de femmes et d'hommes. Au même endroit, un médecin, Josef Mengele, assisté par d'autres personnels… soignants, se livrait à des expériences d'une horreur absolue, sur des jumeaux, par exemple.

Or, cet homme, fils d'une riche famille d'industriels, bénéficiant de complicités et du réseau bien vivace des nazis installés surtout en Argentine, a réussi à échapper à toutes les recherches. Même le Mossad, services secrets israéliens, après la capture d'Adolf Eichmann, n'a plus fait de celle de Mengele, sa priorité.

La BD montre tout cela et fait bien prendre conscience de ce que fut la vie de ce monstre toujours aussi convaincu, jusqu'à sa mort, du bien fondé de ses agissements, de ses crimes contre l'Humanité. Raciste, xénophobe, il démontre à plusieurs reprises le fond de sa pensée.

J'ai trouvé la relation avec Rolf, son fils, pleine de justesse et foncièrement éloquente. Ne refusant pas d'aller rencontrer son père au Brésil après avoir correspondu avec lui, il est profondément scandalisé par cet homme qui n'éprouve pas le moindre remords, et rompt totalement avec lui.

Si Olivier Guez compare Mengele à un scorpion et ses amis à des mygales, des crotales ou à des cobras, Jörg Mailliet, avec ses dessins, et Sandra Desmazières, pour la couleur, ont bien réussi à montrer cette angoisse, cette peur permanente d'être démasqué avec ces insectes toujours là, l'empêchant de vivre sereinement, ce qui pollua la vie du fuyard.

Si Josef Mengele s'est noyé sur la plage de Bertoga, près de São Paulo, le 7 février 1979, il a fallu attendre le 21 juin 1985 pour que cette mort soit enfin confirmée grâce aux tests ADN de son squelette exhumé du cimetière d'Embu, à São Paulo.

Cette adaptation en bande dessinée du roman d'Olivier Guez est réussie. Elle permet d'apporter une pierre de plus à cette mémoire qui s'effiloche trop vite. La disparition de Josef Mengele en roman et en BD, voilà une lecture à conseiller aux nouvelles générations parfois tentées par des idéologies extrémistes car il est FON-DA-MEN-TAL de ne JA-MAIS oublier.


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La disparition de Josef Mengele (BD)

J'avais particulièrement apprécié La disparition de Josef Mengele, le roman d'Olivier Guez, lauréat du Renaudot en 2017, et avais une petite appréhension à découvrir le roman graphique éponyme, son adaptation en BD par le tandem Matz et Jörg Mailliet. Verdict : une magnifique réussite !

Je ne peux résister tout d'abord à vous soumettre l'épigraphe du poète polonais Czeslaw Milosz, on ne peut plus évocatrice de celui qui fut surnommé par ses victimes « L'ange de la mort » et qui n'a jamais été jugé pour ses actes :

« Toi qui as fait tant de mal à un homme simple

En éclatant de rire à la vue de sa souffrance

Ne te crois pas seul

Car le poète se souvient. »

La disparition de Josef Mengele met en scène, à la fin de la seconde Guerre Mondiale, la fuite en Amérique du Sud et la traque du médecin tortionnaire d'Auschwitz.

22 juin 1949. Les premières planches, très sombres, montrent l'arrivée d'un navire, le North King dans le port de Buenos Aires, par un temps maussade et pluvieux. Sur le pont des silhouettes, sur lesquelles Jörg Mailliet le dessinateur zoome, faisant apparaître en deux temps l'une d'elle, celle d'un homme à l'allure martiale, petite moustache, sourcils froncés, cravate noire et gabardine beige, scrutant la ville.

Comme de nombreux criminels de guerre nazis, Josef Mengele a fui l'Allemagne défaite, changé d'identité et trouvé refuge dans l'Argentine de Perón.

Le titulaire de deux doctorats en anthropologie et en médecine, lui, qui officiait au camp d'Auschwitz-Birkenau, attendait l'arrivée des trains de déportés pour choisir des sujets pour ses expériences sordides, continue à être arrogant, restant convaincu, tout comme les nombreux autres anciens hauts dignitaires du régime fondé par Hitler de la grandeur de leurs actes et fidèles à leur idéologie.

Fort de ces appuis, Mengele, alias Helmut Gregor, mène grand train avec ses compatriotes dont Adolf Eichmann, dans ce Buenos Aires où Perón, ce président qui voue un culte à l'Allemagne, les protège, croyant que les anciens fascistes et nazis européens pourront l'aider à éradiquer le communisme athée et à faire de l'Argentine une superpuissance.

Tous pensent à un retour triomphal et qu'un IVe Reich est à portée de main.

Perón renversé, se sentant traqué, Mengele doit partir au Paraguay puis, après l'enlèvement d'Eichmann par le Mossad, pour le Brésil, toujours soutenu financièrement par sa famille.

Matz le scénariste et Jörg Mailliet jonglent avec des allers-retours entre le passé et le présent, la coloriste Sandra Desmazières jouant avec les couleurs, noir et gris pour le passé, les horreurs des camps, et des nuances d'ocre pour le présent, des teintes toujours assez sombres pour évoquer la vie, la cavale et la déchéance de cet homme abominable.

Les deux parties de l'album ont des titres très explicites : le pacha pour la première et le rat pour la seconde, les deux vies qu'il a menées après sa fuite.

J'ai été absolument outrée, révoltée, aucun adjectif n'est assez fort pour crier mon indignation devant cette vie de fêtes incessantes qu'a mené à Buenos Aires cet ignominieux personnage qui envisageait même un retour glorieux.

La seconde partie dans laquelle cet homme haïssable se retrouve seul, traqué, devant se cacher, devenu paranoïaque permet de se réjouir un peu, la peur ayant changé de côté, et d'y trouver une forme de justice, justice qu'il redoutait par-dessus tout mais qu'il n'aura malheureusement pas à affronter.

Il est particulièrement difficile d'imaginer que ce monstre n'ait pas eu à répondre de ses crimes mais il est tout aussi stupéfiant, incroyable et inconcevable que la plupart des trois cent cinquante professeurs d'université qui ont participé au programme T4 d'euthanasie aient retrouvé leur famille et repris leur carrière…

Que ce soient les dialogues de Matz en parfaite adéquation avec le roman d'Olivier Guez, les dessins de Jörg Mailliet aux traits très réalistes ou la colorisation à l'aquarelle de Sandra Desmazières, tout concourt à rendre cet album captivant comme un thriller et instructif au plus haut point.

La préface enthousiaste d'Olivier Guez en est un bel éloge à elle seule.

À l'heure où l'on sent à nouveau des relents antisémites et où l'extrême-droite est en pleine ascension, il est impératif de lire un tel album pour ne pas oublier et qu'on ne voit PLUS JAMAIS ÇA !

Un grand merci à Vincent pour m'avoir donné l'opportunité de lire cette BD !


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La disparition de Josef Mengele

L'humanité génère et recèle de ces monstres qui font vaciller notre raison et notre espoir. Ceux-ci croissent et prospèrent, souvent dans les périodes d'instabilité et de cahot, puis disparaissent dans la fuite et la mort.

Joseph Mengele était de ces rebuts dégénérés à qui le nazisme avait offert un champ inespéré d'expérimentation de l'horreur et du mal absolu.

Olivier Guez fait le récit détaillé et passionnant, même si romancé, de la course du monstre déchu et chassé... Aidé dans sa fuite par des gouvernements sud-américains d'une écoeurante complaisance, une famille complice d'ignominie et des réseaux pilotés par les nazis et leurs affidés. du beau linge sale à l'odeur pestilentielle des charniers humains de le seconde guerre mondiale. Pouah!

Au moins, Mengele a-t-il connu la peur abjecte du fugitif et la terreur de tomber entre les mains du Mossad et des chasseurs de prime!... Malade d'avoir bouffé sa moustache de trouille, un comble pour ce démon de la rampe d'Auschwitz.

L'humanité génère et recèle de ces monstres qui font vaciller notre raison et notre espoir. À nous de les empêcher de nuire lorsque c'est encore possible, mais aussi de ne jamais les oublier ni eux ni leurs forfaits. de ne pas oublier, non plus, le cahot et le désespoir qui ont permis leurs exactions. Yougoslavie et Rwanda ne sont pas si loin, qui sont venus nous rappeler l'horreur toujours aux aguets.

Votre livre, Olivier Guez, m'a fait serrer les poings et m'a étreint le coeur. Ne pas oublier est à ce prix et je ne saurai trop vous en remercier.

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La disparition de Josef Mengele

Olivier Guez nous propose ici de découvrir comment Mengele a disparu des écrans radars à la fin de la guerre.



Il nous parle de sa deuxième vie en exil, tout en la reliant avec le passé, la décryptant à la lumière des évènements de sa première vie dans l’Allemagne nazie, car les deux sont intriquées, imbriquées, l’une expliquant l’autre.



On approfondit le rôle joué par Perón, et d’autres dictateurs d’Amérique du Sud, tel Stroessner au Paraguay. Perón recueille tous les nazis et comparses, « veille personnellement au déroulement de la grande évasion », constituant « un Quatrième Reich fantôme » (P 39 à 41)



Il pense que la guerre froide va dégénérer et que la troisième guerre mondiale est proche, donc il a toutes les cartes en mains pour tenir le monde….



Mengele vit comme un roi à Buenos Aires alors que l’entreprise familiale, à Günzburg, prospère allègrement, réjouissant l’économie allemande, sans jamais être inquiétée, elle emploie tellement de salariés…



Mais la vie de château ne dure qu’un temps, les consciences s’éveillent et la chasse aux nazis commence, avec Eichmann notamment. Il doit fuir au Paraguay, puis au Brésil. Lui qui a terrorisé tant de déportés, tremble à l’idée d’être découvert, le moindre bruit le fait sursauter, il se cache dans des maisons de plus en plus précaires, va jusqu’à se faire construire un blockhaus, d’où il regarde au loin avec ses jumelles pendant des heures. Il est surarmé, se déplace avec une meute de chiens dressés évidemment.



Ce mec (désolée, je ne peux pas dire cet homme, tant il est abject) est vraiment un minable qui manipule tout le monde, y compris ses proches, passe son temps à se plaindre et à gémir, demande de l’argent à tout le monde : famille, autres exilés… son comportement avec son fils est révoltant…



Il est dans le déni : Auschwitz était un camp de travail et il veillait au bon fonctionnement, fier de sa mission. Il n’a rien fait de mal donc pourquoi se sentirait-il coupable ? Voici ce qu’il pense au moment de l’arrestation d’Eichmann selon Olivier Guez :



« Honte aux Allemands, ramassis de mauviettes et de lâches, nation de boutiquiers médiocres aveulis par des dirigeants de pacotille, vendus aux plus offrants, aux marchands du temple : ils ont lâché Eichmann ! ils lui ont tiré une balle dans le dos, alors qu’il n’avait fait que son devoir et que nous nous étions contentés d’obéir aux ordres, au nom de l’Allemagne, pour l’Allemagne, pour la grandeur de notre chère patrie. » P 137



Jamais, pas une seule seconde il n’éprouve le moindre regret, la moindre compassion, pour les êtres qu’il a envoyé à la mort, torturé pour ses pseudo expériences scientifiques, et il ne renoncera jamais à son rêve d’une race aryenne pure, ni à son führer bien-aimé.



Il va se comporter de façon abjecte, dans les actes comme dans la pensée, jusqu’à la fin, et pas une seconde, en lisant ce roman, je n’ai éprouvé la moindre compassion pour lui. Je me demanderai toujours comment des médecins peuvent faire des choses aussi abominables au nom de la science…



Olivier Guez cite, au passage, des extraits particulièrement émouvants du livre de Nyizli, qui fut « le scalpel de Mengele », publié sous le titre « Médecin à Auschwitz ».



Le style est percutant, le livre bien documenté, avec une bibliographie très intéressante si l’on veut en apprendre davantage. Ce roman se dévore.
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La disparition de Josef Mengele

Avec beaucoup de sobriété et de pudeur, Olivier Guez relate un pan de l’histoire qu’est la traque du pire criminel nazi, aux monstruosités sans limite. Josef Mengele.

Pourquoi écrire un roman sur sa disparition ? Si ce n’est pour rester sur ses gardes et méfiants envers les hommes toujours capables du pire.

Josef Mengele échappera à son procès, aux crachats qu’il aurait mérités, il n’aura de cesse de fuir avec l’aide et la protection de sa famille d’une part et de plusieurs acolytes inconscients. Si Mengele échappera au jugement dans un tribunal, échappera aux regrets et remords, il sera hanté par la solitude et démoli par l’ascension d’un monde enclin à plus d’humanité, aux droits des hommes, dans une rébellion et intolérance face aux horreurs de la seconde guerre. Mengele devra vivre avec un temps résolu et constater qu’il est de plus en plus seul. Abandonné de tous, ce monstre restera monstre prisonnier de ses convictions patriotiques au cœur de pierre.

On ne refera pas l’histoire mais ne pas oublier est primordial pour éviter les mêmes erreurs. Méfiance, méfiance...
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La disparition de Josef Mengele

Roman historique sur le célèbre médecin tortionnaire nazi du camp d’Auschwitz.



Ce roman qui a obtenu le prix Renaudot est très agréable à lire et nous offre sous le format d’un roman la fuite de cet homme traqué en Amérique du Sud après la chute du Nazisme en Europe.



On suit ici la misérable et solitaire descente aux enfers de cette ancienne gloire du Nazisme; la loi universelle qui dit que l’on finit toujours par payer ce que l’on sème se vérifie bien ici aussi.
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La disparition de Josef Mengele

Ecriture remarquable, ironie et causticité.

Je ne parle pas de Josef Mengele, tout le monde l’aura compris, mais de l’auteur du « roman » sur sa vie après Auschwitz.

Oui, des gens ont eu une vie après Auschwitz, principalement les SS...





Une belle vie ?

Qui pourrait dire qu’être traqué, devoir se cacher perpétuellement, avoir peur d’être reconnu, ne pas oser être pris en photo, être séparé de sa famille, être renié par certains de ses amis, dépendre de la bonne volonté de personnes « gentilles » ou admiratrices, c’est une belle vie ?

Mais en fait, on ne le plaint pas, n’est-ce pas ? On se dit : « Bien fait pour lui ! » (Pour tout renseignement concernant les tortures sous le couvert d’expérimentations qu’il a fait subir aux prisonniers d’Auswchitz, prière de se reporter à des sites d’Histoire. Moi, je n’en dirai pas un mot, c’est impossible ; Guez ne s’est pas répandu outre mesure non plus, ce n’était pas son propos).





De l’Argentine, « l’ange de la mort » a fui au Paraguay lorsque les amitiés politiques ont changé, et puis au Brésil, où il est mort en 1979.

Et c’est cette fuite perpétuelle qui est narrée ici principalement. Cette fuite qui n’aurait pas pu s’opérer sans complicités, bien entendu.

J’ai été effarée par le nombre de SS et de sympathisants en Amérique latine ayant pignon sur rue dans les premières années après la guerre, mais au fur et à mesure du temps qui passe et de l’opinion conscientisée, grâce notamment à la traque par le Mossad, agence de renseignements israélienne, les SS se font nettement moins démonstratifs !

Et Mengele est, de toute façon, tout sauf démonstratif. Egocentrique mais timoré, cruel et vindicatif mais plaintif quand il s’agit de parler de lui, ne reniant rien mais replié sur lui-même et son abominable secret, Mengele est abject.





Je suis contente d’en avoir fini avec ce livre, car l’auteur, même s’il traite son œuvre de « roman », a conté la vérité.

Et cette vérité, au fil des pages, je la vomis.

C’est le but de l’auteur, non ? Il a réussi tout à fait sa traque, lui, il a atteint et tué Mengele dans son intimité.

Car les autres n’ont jamais pu le dénicher vivant, même s’il est mort honni de tous, sur une plage. Ses os ont servi, des années après, à des expériences scientifiques. Farce macabre du destin ! On n’en finira jamais avec la mort quand il s’agit de Mengele...

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La disparition de Josef Mengele

Sur les traces de l'un des plus fameux criminels nazis, Olivier Guez produit un roman plus proche du travail d'investigation que de la fiction. Si l'auteur s'autorise une interprétation du personnage, les faits sont eux parfaitement documentés et reconstituent au plus près la fuite en Amérique du Sud et la traque.



La lecture est ainsi addictive, telle serait celle d'un thriller avec un "héros" nauséabond. le triste Sire s'impose dans toute sa pathologie de folie, de violence, de rancoeurs et d'auto apitoiement. Ses années de fuite éclairent ce que l'histoire a déjà retenu: la complaisance du régime des Perón pour la communauté nazie qui se reconstitue en Argentine, les années confortables pour d'improbables individus qui refont leur vie, remontent des affaires, délirent de projets de reconquête, sans jamais être capables de se remettre en question et faire quête de rédemption.



Bien légitime ensuite qu'ils vivent une cavale sans fin, en reclus et bêtes traquées.

Et c'est là le meilleur du roman, cette capacité à être dans les basques et la tête du fugitif, d'attendre la chute, alors que se développe le mythe d'un insaisissable personnage.

Au-delà de l'individu, il est intéressant aussi de comprendre les difficiles circonvolutions des recherches, au fil des contraintes géopolitiques et diplomatiques.



Une continuité d'intérêt pour moi qui ai beaucoup apprécié le film "Fritz Bauer, un héros allemand" (2016) sur le parcours du juge/procureur, infatigable traqueur de criminels nazis.

Olivier Guez en était le co-scénariste et ce roman est la suite logique de son travail de réflexion sur cette page dramatique de l'histoire de l'Europe.



Dérangeant, captivant, remarquable.

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La disparition de Josef Mengele

Des faits, des faits, rien que des faits. Le roman d'olivier Guez est un récit richement documenté sur la fuite du "boucher d'Auschwitz" en Amérique du sud et sa déconfiture totale. L'écriture est concentrée, dense, claire, aucune fioriture. Le rythme est haletant. Un livre très bien écrit qui participe parfaitement au devoir de mémoire et nous rappelle que si des gens aussi malfaisants ont pu exister dans le passé, notre société est capable d'en fabriquer de nouveaux et à l'identique. Restons vigilants !
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La disparition de Josef Mengele

"La disparition de Josef Mengele" aurait très bien pu s'appeler "Un homme en cavale" ou encore "La traque" que l'on saisirait amplement le sujet traité (avec brio et raison) par Olivier Guez. Car s'il y a des lectures qui ne laissent pas indifférents, celle-ci en fait assurément partie, et pour cause : Josef Mengele, surnommé l'Ange de la mort sur le camp d'Auschwitz, s'est fait la malle dés la débâcle allemande en direction de l'Amérique du Sud où il va mener une vie de cavale jusqu'à sa mort, échappant à de nombreuses reprises à une arrestation ou un sort plus funeste, en "récompense" de ses exploits ...



Dans un style journalistique très agréable et accessible et par de courts chapitres, Olivier Guez dresse un portrait peu flatteur du Docteur Mengele et de ses expériences, ses nombreuses combines (et une sacrée chance aussi, sans compter des appuis en haut lieu) pour échapper à un destin qu'il sait inévitable depuis que d'autres personnalités du parti nazi réfugiées en Amérique du Sud, traquées elles aussi ont fait l'objet d'un procès.



A la fois captivant et trés instructif !
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La disparition de Josef Mengele

Difficile d'ajouter à tout ce qui a déjà été dit. Ce que j'ai trouvé de plus effarant, de plus incroyable, c'est l'accueil, l'aveuglement volontaire et la cupidité des autorités sud américaines qui durant toutes ces années ont caché, aidé, supporté tous ces êtres abjects, ces criminels de guerres, ces tortionnaires fous, ces fanatiques, ces illuminés...bon je me calme. Ce qui est encore plus enrageant, c'est aussi de voir les fortunes accumulées sous d'autres identités, comme si de rien n'était...Toutes ces vies nouvelles bâties sur le mensonge, la tromperie, la duplicité . Faut croire que tout ça était dans leur nature . Yark. Et que dire que tous ceux qui les ont entouré ?

Vraiment, ces hommes pouvaient dormir la nuit ? Sans cauchemarder? Chapeau à l'énorme travail d'Olivier Guez qui a su s'approprier toutes ces informations pour nous rendre ce récit. J'espère que nous aurons bonnes mémoires pour toujours se souvenir des millions de victimes de ces démons.
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La disparition de Josef Mengele

La disparition de Josef Mengele retrace la cavale en Amérique Latine dudit Mengele, médecin chef à Auschwitz et à ce titre grand expérimentateur de l'horreur, après la défaite du régime nazi.



C'est un roman, mais issu de recherches approfondies, de sorte qu'on ne sait pas exactement ce qui relève de l'imagination et ce qui relève de l'Histoire. Cela m'a un peu gênée, comme souvent dans les biographies romancées.



Ce qui m'a encore plus gênée, c'est Josef Mengele lui-même. Ce n'est pas dommage qu'il ait disparu, c'est dommage qu'il n'ait pas été jugé, ou même simplement qu'il ait existé !



Naïvement, je pensais que les nazis s'étaient rendu compte de la barbarie de leur idéologie et de leurs actes après la guerre. Ce n'est pas du tout le cas du Mengele de ce récit : il se voit en pauvre victime obligée de s'expatrier et de se cacher alors qu'il est si brillant. Il ne renie rien de ce qu'il a pensé et fait. Il continue de se sentir supérieur et de tyranniser ceux qui l'entourent.



Je n'ai pas éprouvé une once d'empathie ou de sympathie pour ce "héros" sauf peut-être une microseconde pour la couronne à l'enterrement de son père. En ce sens, le livre est très dérangeant.



Il n'en demeure pas moins extrêmement intéressant. A la fois pour le portrait d'un psychopathe pas repenti. Et pour la peinture d'un microcosme nazi constitué un peu comme les groupes d'expatriés aujourd'hui... qui vit par périodes quasi normalement, qui continue à militer pour son atroce idéologie et qui est (heureusement) ponctuellement poursuivi par le Mossad ou les autorités internationales.
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La disparition de Josef Mengele (BD)

En ayant reçu cet album lors d’une masse critique, j’avais un peu peur de lire l’adaptation du roman d’Olivier Guez dont la récit nerveux et coupé à la serpe m’avait positivement marqué.

Au début, on compare, on doit s’adapter au dessin et puis, de façon assez naturelle, on oublie le roman pour se plonger dans l’âme noire du tortionnaire nazi.

Le scénario est très fidèle au roman et reprend tout ce que l’on sait de la cavale de Josef Mengele pendant 35 ans après sa fuite en Argentine au sortir de la guerre. La première partie, le Pacha, nous montre comment ces anciens dignitaires nazis, dont Eichmann vivent dans l’insouciance et la fête permanente dans l’Argentine de Péron, discutant de façon abjecte sur la lâcheté des Allemands, la vengeance des Juifs e justifiant, que dis-je, se glorifiant de leur actes passés et regrettant de ne pas être parvenu à y mettre un point final. Ce décalage entre la vie mondaine et le thème des discussions provoquent de la répulsion, de la révolte. Comment ces hommes ont-ils pu vivre aussi convenablement sans être inquiétés ? Le contexte géopolitique de la guerre froide a bon dos.

Et puis vient le point de basculement, l’arrestation d’Eichmann par les services secrets israéliens et son procès. Mengele doit fuir, se cacher dans la jungle, dans des fermes. C’est la deuxième partie, le rat, pendant laquelle, traqué, il sombre dans la paranoïa et le désespoir. On le prendrait presque en pitié, mais des flash-back sur son activité au camp d’Auschwitz et son discours toujours aussi haineux, au contraire, nous font trouver sa vie encore trop douce.

Vous l’aurez compris, une fois embarquée dans ce roman graphique, on est happé par son atmosphère unique, parfaitement rendu par les dessins de Jörg Mailliet, mélange de réalisme et de distance avec des couleurs à l’aquarelle mais aux couleurs jamais vives, pour coller au propos. Dès les premières planches, on est dans la moiteur et la torpeur de cette Amérique du Sud tropicale.

De façon un peu étrange, cet album est très beau. Étrange, car comment autant de noirceur et de déchets d’une âme humaine peuvent être rendu avec un pareil talent.

Pour ceux qui ont apprécié le roman, n’hésitez pas. Pour les autres, c’est le moment d’en apprendre un peu plus sur cet exil des nazis qui vous scandalisera certainement.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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La disparition de Josef Mengele

Ce livre est une véritable bombe à retardement, un univers de l'horreur à l'état pur dans lequel Olivier Guez nous entraîne et ce, d'une manière tellement poignante et que le lecteur n'arrive pas à lâcher cette lecture, aussi écœurante par moments que cela lui donne presque la nausée et pourtant c'était vrai.



"Méfiance, l'homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes", voici la dernière phrase de cet ouvrage et il faut y voici ici un avertissement on ne peut plus d'actualité dans la société contemporaine. Comment aurions-nous réagi si nous avions été confronté directement face à cette période sombre de l'Histoire ? aurions-nous été nous-même bourreaux ? Nous avons beau affirmer le contraire, nous ne pourrons jamais le savoir. Joseph Mengele fut l'un des plus cruels de cette période de la Seconde Guerre mondiale mais il fut loin d'être le seul. Médecin à Auschwitz, tortionnaire, il était persuédé de faire uniquement son devoir, accomplissant son devoir face à l'idéologie nazie et au nom du Führer. Cependant, ce n'est pas cette partie qui nous est narrée ici mais tout ce qui s'en est suivie. Comment Mengele a réussi à s'enfuir d'Allemagne pour se réfugier d'abord en Argentin,e avec sa première épouse Irène et son fils Rolf qu'il ne connaîtra jamais réellement, étant sans cesse obligé de fuir et de changer d'identité. Direction par la suite le Paraguay où, grâce à ses fidèles contacts, il trouvera une famille de paysans pour l'accueillir chez lui, le Brésil et tant d'autres lieux d planque. Oui, Joseph Mengele, malgré l'état d'Israël qui veut sa peu coûte que coûte, l'Allemagne qui est à ses trousses et les Etats-Unis vit...enfin disons qu'il survit, réduit lui-même à l'état de bête sauvage, ne sortant quasiment pas, se camouflant afin de ne pas être démasqué. Cet "ange de la mort", profondément imbu de sa propre personne aura néanmoins été adulé, secouru par son neveu et toute sa famille qui lui apportent régulièrement de grandes aides financières afin d'acheter le silence des familles qui l'hébergent. A-t-il eu une vie enviable bien qu'ayant échappé au procès de Nuremberg et à tant d'autres, je ne le pense pas. Cependant, ce qui me dégoûte, comme beaucoup d'autres je suppose est qu'il soit passé entre les mailles du filet et n'ait jamais été jugé pour "crime contre l'humanité". Certes, Joseph Mengele a réussi, gra^ce à des aides puissantes à finir sa vie sans aucune impunité mais je ne pense pas que cela fut mieux pour lui. Il aurait probablement été préférable, pour lui comme pour tous les autres, que celui-ci ait droit à son procès. Les avis divergeront probablement sur la question mais non, je ne pense pas que ce dernier ait eu une véritable vie : il serait même à blâmer, voire presque à plaindre et c'est ce que réussit à merveille à faire ce roman en "réhumanisant" cette figure atroce de l'Histoire (attention, ne vous méprenez pas, je suis bien loin de le plaindre, d'où l'empli dans ma phrase de l’adverbe "presque").



Un roman extrêmement bien documenté avec une écriture bouleversante pour raconter l'horreur. Tout ce qui est inénarrable se trouve entre les lignes et c'est cela qui fait la puissante de cet ouvrage tant l'auteur ne nous dit pas tout mais au contraire nous laisse suggérer et imaginer, ce qui est bien pire. A découvrir et à faire découvrir !
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La disparition de Josef Mengele

Dans ce livre de grande valeur historique, Olivier Guez retrace le parcours après la guerre d'un des plus grands criminels de la seconde guerre mondiale, responsable de crimes contre l'humanité, le docteur Josef Mengele, tristement célèbre pour ses expériences sur des cobayes humains dans les camps et l'envoi à la mort par ses oeuvres de milliers de personnes.

Olivier Guez, journaliste au Point, nous fait revivre l'épopée de ce monstrueux personnage, depuis ses débuts à Günzburg, en Bavière, berceau de sa famille qui possédait une importante entreprise de machines agricoles, jusqu'à l'Argentine, où il parvient incognito grâce à l'aide de complices peu après la guerre, peu après avoir fait des petits boulots en Allemagne. Se sentant à juste titre poursuivi par le Mossad, ce monstrueux docteur va errer en Argentine d'abord, à Buenos Aires, à Bariloche ensuite, sorte de Tyrol argentin, ensuite il va trouver refuge au Paraguay, revenir en Argentine et enfin le Brésil à Serra Negra où il décédera sur une plage en 1979 dans des conditions mystérieuses, officiellement défaillance cardiaque, soit plus de 30 ans après la guerre!

Comment un tel criminel a-t-il pu rester impuni pendant toutes ces années?

C'est la question que pose l'auteur qui nous donne ici tous les faits historiques: d'abord Mengele a été avantagé par sa coquetterie: ayant toujours refusé le tatouage de son numéro d'immatriculation aux SS, les troupes américaines n'ont pas pu l'identifier au moment de la libération. Ensuite les tentatives du Mossad de le capturer ont rencontré des obstacles inattendus; exemple l'expédition du Mossad qui était prévue en 1963 a dû être reportée pour retrouver le petit Yossele enlevé par son grand-père ultra-orthodoxe, épisode qui a défrayé la chronique à l'époque.

La traque du Mossad va être complexe car Mengele a bénéficié de soutiens en haut lieu, comme celui du chef d'Etat argentin, Peron en personne, dont les sympathies nazis sont connues de tous, et qui avait été jusqu'à créer une entreprise, Capri, pour recycler les nazis poursuivis.

Autre problème qui s'est posé: Mengele a été identifié et reconnu vivant très tard, en 1954 seulement, à la suite de la publication de son divorce. C'est Hermann Langbein, ancien déporté qui a connu Mengele, qui retrouve enfin sa trace.

Excellent roman qui pose le problème de la responsabilité de beaucoup de personnes dans ces crimes contre l'humanité qui sont restés impunis.

Mengele tout au long de son exil mouvementé et protégé, n'aura jamais manifesté le moindre remords.

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La disparition de Josef Mengele

Que dire de plus , tout à été dit déjà !

C'est un ouvrage glaçant, parfaitement documenté, un travail d'investigation fouillé, une plongée extraordinaire , au coeur de l'horreur absolue ! Une investigation minutieuse , impressionnante, hallucinante , qui m'a fait penser aux " Bienveillantes" de Jonathan Littel, lu en 2006.Il retraçait l'histoire des plus sombres , le parcours complexe d'un officier S.S à l'intérieur d'un système,.... Sauf que le livre était pétri de références littéraires ( Sade, Gustave-Flaubert Stendhal etc.... ) , ce qui n'est pas le cas ici.

Cette grande biographie terrifiante entre documentaire et roman de "l'ange de la mort ", ce nazi sadique, froid, méprisant, ce monstre au coeur atrophié, manipulateur égocentrique inhumain, traqué, errant de planque en planque jusqu'à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979 , m'a glacé le sang .

Comment passer entre les mailles du filet pendant si longtemps ??

Une bête cruelle et malfaisante dégénérée, au profil bas,déguisé sous maintes identités ," petit ", obsessionnel, adepte du chantage, cupide , ce tortionnaire déchu ,,rongé par l'angoisse mais jamais repentant , toujours dans la Haine !

Je n'ai pas aimé le roman vérité de cette cavale hors norme tout en rendant hommage à l'auteur pour son travail . Je ne le relirai pas .

J'ai juste eu de la peine et une certain écoeurement ....

Cette enquête interroge le mal absolu, le mal personnel, le mal idéologique , le Mal avec un grand M ! Une plongée dans les Ténèbres ....

Une odyssée dantesque .

Ce n'est que mon avis bien sûr, je suis toujours dans le souvenir de ma visite à Auschwitz, en 2006 , lorsque je lis un tel ouvrage!! .
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