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Critiques de Paul Féval (173)
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Jean Diable, tome 2

À Londres, le petit Ned plein de malice, ex-clerc de notaire et nouvelle âme damnée de Jean Diable, et sa compagne la plantureuse blonde Molly assistent à une parodie de procès, spectacle très appréciés par le petit peuple des bas-fonds massé dans la taverne borgne de la veuve Jenny Paddock. Ned Knob y est venu recruter une brochette de faux témoins qui doivent accabler Richard Thompson accusé à tort du meurtre de l’actrice Constance Bartolozzi. Depuis la démission de Gregory Temple, c’est Sir Paulus Mac Allan qui a repris toute l’affaire en dépit du bon sens. Pendant ce temps, en France, le comte Henri de Belcamp est arrêté et incarcéré pour deux meurtres commis en même temps, l’un à Lyon, l’autre à Bruxelles. Quand il apprend ce qui risque de se passer en Angleterre, son sang ne fait qu’un tour. Il lui faut à tout prix sauver la vie du pauvre Thompson. Mais comment y parvenir quand on se retrouve emprisonné à la prison de Versailles. Mais pour ce diable d’homme, rien n’est impossible…

« Jean Diable / Tome 2 » est le second et dernier volet de ce gros roman feuilleton qui navigue cette fois plus nettement sur les rivages du roman historique et d’aventures que sur ceux du policier et du thriller. En effet, plus de nouveaux crimes dans ce tome. On nage plutôt dans le rocambolesque totalement assumé. Les péripéties se succèdent toujours à un rythme échevelé. Le comte Henri, dont on ne sait qu’en toute fin la véritable identité, galope de France en Angleterre et inversement, entre et sort de prison comme d’un moulin, est accusé de tous les crimes, puis blanchi, puis à nouveau incriminé. Avec ses six identités présumées, avec tous les personnages qu’Henri peut incarner, Féval se fait un malin plaisir d’égarer son lecteur du début à la fin. Il y rajoute des sociétés secrètes visant à délivrer l’Irlande du joug anglais et des francs-juges allemands impliqués dans l’assassinat du général O'Brien, celui qui marqua le début de la longue série. Sans oublier une conspiration visant à libérer Napoléon de son exil à Sainte-Hélène. Heureusement, une fin en demi-teinte, pleine de valeurs chevaleresques et de bons sentiments permet au lecteur de se remettre de toutes ses émotions. Ne craignez pas de lire ou de relire Paul Féval, même aujourd’hui, cela reste un régal. Les grands auteurs sont éternels !
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L'homme sans bras

Vingt années plus tard, Tanneguy de Tréguern, fils de Filhol le revenant breton, débarque à Paris au Palais-Royal pour être introduit parmi les personnalités importantes de la capitale. Il prend toujours la douairière le Brec pour sa grand-mère et ne sait que peu de choses sur ses origines hormis le fait qu'il soit orphelin. Il retrouve Stéphane, son ami et quasi frère de lait. Un étrange avocat se présente chez la marquise du Castellat, richissime veuve qui doit bientôt épouser Gabriel de Feuillans, autre parvenu de fortune aussi récente que peu méritée. L'homme dit s'appeler Privat, être breton et natif de la région de Tréguern. Depuis le début, il prétend avoir suivi l'affaire des revenants et avoir accumulé preuves et témoignages accablants. Sera-t-il en mesure de faire éclater la vérité et cesser la malédiction qui frappe cette famille ?

« L'homme sans bras » est le second et dernier tome d'une « Histoire de revenants », roman fantastique et social assez noir, bien dans le style des romans feuilletons populaires de l'époque. Les rebondissements ne manquent pas dans cette intrigue à la fois compliquée et un tantinet cousue de fil blanc. En effet, dès le début, le lecteur a un doute et il lui vient même une explication qui est confirmée par la fin en happy end, autre passage obligé du genre. Les personnages ne déçoivent pas. le méchant l'est énormément, à la fois assassin, voleur, menteur, faussaire, prêtre défroqué et usurpateur. Les nobles dans la débine ne font que descendre un à un les échelons de la société. L'argent corrompt tout sur son passage et finit par ravager complètement l'ordre ancien. Les femmes se partagent entre les cupides et les victimes. Seul surnage le personnage d'Etienne, l'homme sans bras, qui ne vit que pour aider son maître et fait preuve d'un tel dévouement qu'il va jusqu'à se sacrifier totalement pour lui. Finalement, le lecteur se demande si le côté historique et ethnologique de ce livre parfaitement écrit et toujours agréable à lire même aujourd'hui n'est pas plus intéressant que son versant fantastique avec ses revenants, sa sorcière, ses esprits frappeurs et autres ectoplasmes.
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La fabrique de crimes

Sous couvert de parodie du roman feuilleton et populaire, où il a beaucoup officié – ou sévi, selon vos critère – Paul Féval s’amuse et livre, en creux, tout un manuel de l’écriture périodique. L’histoire est assez impossible à résumer. On y retrouve toutes les ficelles du genre : une jeune femme récemment mariée au mystérieux docteur Fandango, séquestrée par son aïeul ; des combats à morts (ou presque) entre deux factions ennemies ; tous les moyens possibles et imaginables d’attenter à la vie de quelqu’un ; des révélations d’identité en cascade. Au fond, ce qui compte, ce n’est pas l’histoire mais le procédé. Cela pourrait donner lieu à un plaisir tout intellectuel, si ce n’est laborieux, mais ce n’est pas le cas : l’auteur s’amuse avec sa matière avec une certaine tendresse, ce qui fait qu’on le suit volontiers dans le délire où il nous embarque. Il faut dire qu’il pousse la logique du roman-feuilleton tellement à son comble qu’on n’est pas loin de menacer les frontières de la réalité et de tomber dans l’absurde. Cela donne lieu à des moments grotesques, loufoques, mais également à une poésie étrange qui apparaît, fugitivement, pour peu qu’on le prenne au sérieux un peu plus de deux secondes (et un peu moins de trente, car l’écrivain veille bien à se jouer de notre crédulité).



Et en passant, avec la plus grande désinvolture, Féval vient à s’interroger sur l‘impact de la fiction sur notre perception du réel. Ainsi, lorsque trois criminels se présentent à l’atelier des Piqueuses de bottines en prétextant une raison incongrue, celle-ci leur rappelle l’écriture des « œuvres d’imagination dont les Amanda, les Irma et les Anaîs nourrissaient leurs jeune intelligence en lisant le feuilleton d’un des cent mille exemplaires du Petit-Canard » : « Elles trouvèrent cela tout simple, et la gérante se leva pour ouvrir aux trois inconnus la porte de l’escalier. »



Pour finir, la chute m’a surprise et amusée, en ébranlant un peu plus l’édifice brinquebalant du réel que l’auteur a érigé avec une maladresse (voulue) devant nous. En somme, La Fabrique de crimes est un livre drôle et rafraichissant, tour à tour dépaysant et familier (si les ficelles ont changé en apparence, en a-t-on jamais fini avec les séries à suspense… ?), et dont la présentation graphique ajoute à la qualité. Pour ma part, je surveillerai avec attention les prochaines publications des éditions de La Robe noire, car j’apprécie particulièrement ce genre de démarches.
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La fabrique de crimes

Ce n'était pas forcément une bonne idée de découvrir Paul Féval per celle de ses oeuvres dans laquelle il se met à distance de lui-même et de ses contemporains à travers l'exercice du pastiche : faute d'avoir des références sur ce qui est pastiché, on passe un peu à côté de la subtilité de la chose.

En attendant, il ne fait pas de doute que dans cette fabrique délirante, l'auteur se marre, il jubile à balancer de la grosse intrigue, à mettre en scène des personnages improbables à la Eugène Sue (ah si j'ai une référence, finalement!), à tricoter une intrigue sans queue ni tête où les méchants explosent en l'air et entrent par les fenêtres, le tout sous un déluge de sang et de trucidations à la pelle.

Hélas, cette parodie de roman à suspens en vogue est si "hénaurme" et échevelée que, faute de points d'appuis, je m'y suis ennuyée.
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La fabrique de crimes

Troisième essai avec Féval, et cette fois, fiasco.

Pourtant, le prologue avait l'air drôle, un peu délirant, absurde et bourré d'humour noir.

Hélas, ce qui m'a amusé dans le prologue m'a très rapidement gonflé par la suite... Avalanche de personnages en tous genres, sans queue ni tête, impossibles à différencier les uns des autres, pour une pluie de pirouettes et de meurtres sans aucun souci de réalisme (c'est même le but du jeu.)

Loufoque, grand-guignolesque, ce qui peut me plaire en certaines circonstances, mais là, à bientôt deux siècles de distance, j'ai pas les codes.

J'ai tenu trois chapitres avant de hisser le drapeau blanc.
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La fabrique de crimes

"La fabrique de crimes" est une satire de polar dans le Paris du 19ème siècle. Je m'attendais à autre chose de la part de Paul Féval l'auteur du bossu que j'ai adoré regarder à la télévision quand j'étais petite. Ici rien à voir avec un roman de capes et d'épées car la confrontation entre les deux parties en présence fait de nombreux dégâts dont, a minima, soixante-treize meurtres par jour. Les pieuvres mâles de l'impasse Guéménée ou les inconnus de la rue de Sevigné sont engagés pour cela.

Je ne sais pas ce que Paul Féval a fumé ou bu pour écrire ce roman mais c'est complètement loufoque. J'ai eu du mal à suivre parce que les personnages ont plusieurs noms alors il est parfois difficile de s'y retrouver.

A Paris, une querelle divise deux fractions : les Malades du docteur Fandango et les Chevaliers de l'élixir funeste. Ces derniers sont appelés aussi les Fléaux de la capitale ou les Pieuvres mâles qui ont chacun un surnom... Et puis le docteur Fandango est également appelé Coriolan ou Le fils de la condamnée.

Ça se complique encore quand Elvire de Rudelame met au monde le fils du faux docteur dans un atelier de jeunes piqueuses de bottines menacées par l'élixir Funeste. Les pieuvres mâles sont soudoyés par Robert, Athanase, Bonaventure, duc de Rudelame-Carthagène, comte de Balamor, seigneur de Mauruse et autres lieux qui est le bisaïeul de la jeune mère qui a pourtant choisit son camp.

Entre l'explosion d'une voiture de vidange et la poudre pour découvrir les passages secrets, on assiste à une aventure rocambolesque dont les tenants et aboutissants ne sont pas franchement convaincants.





Challenge Riquiqui 2022

Challenge Multi-défis 2022

Challenge XIXème siècle 2022

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La fabrique de crimes

C'est l'un des premiers ouvrages du domaine public numérique, que j'ai lu en 2016!

Drôle d'idée (mais riche idée, pour Horusfonck) de commencer la lecture de Paul Féval par ce pastiche du feuilleton populaire!

Comme eut dit certain président récemment défunt : C'est abracadabrantesque!... Mais quelle explosion de surréalisme bien avant l'heure et d'une auto-dérision jouissive et salvatrice! L'auteur se défoule, et c'est bon.

Une lecture sympathique, donc, avant d'aller voyager dans les autres œuvres du maître!

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La fabrique de crimes

De l'idée, des lacunes.



"Ce centenaire (XIXe) n'est-il pas assez chargé de crimes ?".

Sur ce constat sans appel, lié à l'époque à cet engouement pour un nouveau type de romans, l'auteur a l'idée de ridiculiser se qu'il qualifie, pour la majorité d'entre eux, de "littérature populaire à un sou".

Çà va trucider à tout va...



C'est quoi, c't'arnaque ? Féval nous garantit 73 morts par chapitre... et j'en ai compté un peu moins !

De quoi rendre jaloux Rambo ou 007 néanmoins...



Quelques intuitions qui nous font bien sourire, tels les noms d'oiseaux (Fandango, Frivolin, Boulet rouge...), une aristocratie criminelle qui en jette ("ma lignée s'enorgueillit de x crimes, x parricides, fratricides, infanticides, neveuticides, belle-mèricides..."), le moyen-orient à la sauce quartier de Paris, et autres codes du genre mis à mal.



Mais dès qu'on rentre en profondeur dans le roman, le verdict tombe.

Lecture pas impérissable, avec certaines longueurs ou redites.



On gardera en mémoire l'idée originale, ce pastiche de roman noir, finalement pas si présent que cela dans la littérature depuis les 150 ans qui nous séparent de cet écrit... du moins dans de telles proportions.

(plus d'avis sur PP)
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La fabrique de crimes

Une drôle d'histoire où les crimes se fabriquent comme les pains, sous un sombre aux nuages pourpres, sur le point de fournir à la terre une pluie de sang , l'absurde et le fantasque nous conduisent dans un monde où les personnages sont criminels depuis leur racine généalogique que le crime devient une chose bien normale, un acte d'accomplissement pour désaltérer une âme assoiffée du sang, un véritable monde des psychopathes...
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La fabrique de crimes

Voici une parodie des feuilletons qui paraissaient dans la presse au XIXe siècle, où il doit y avoir, au moins soixante-treize crimes par page/jour, dans une seule et même rue de Paris. Situations totalement invraisemblables, discours loufoques, déguisements et artifices improbables. J'ai aimé !
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La Fée des grèves

(lu ce livre dans une autre édition - recueil "gens de Bretagne - mais ça ne change rien).

1er texte de Paul Féval que je lis et c'est une belle découverte : c'est bien écrit, assez original (tournures qui ne sont plus en usage). C'est un récit un peu de "cape et d'épée" (comme le Bossu je suppose), donc avec surprises, rebondissements, ruses, combats..(cela ferait un bon scénario pour un (télé)film) pour capter et garder l'intérêt du lecteur mais c'est, dans le genre, bien fait : on s'intéresse aux personnages, bien caractérisés et parfois truculents (comme dans un film de John Ford) et, quand on connait un peu les lieux, on voit que P. Féval n'a pas écrit de conneries sur ces lieux (à part qu'il dit que les coques et les palourdes c'est pareil). Paul Féval n'hésite pas aussi à l'occasion à expliquer le phénomène des marées et celui des "sables mouvants", de la brume etc.. Quand j'y retournerai j'aurai peut-être une pensée pour cette histoire dans l'Histoire.
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La Fée des grèves

Ma foi de Dieu ! (puisqu’il paraît que c’est le juron préféré des Bas-Bretons, p. 182, Chapitre 27, “Le siège”), voici un livre de capes et d’épées tout ce qu’il y a de plus réjouissant ! Certes, on sait bien qui payera cher ses mauvais choix, qui épousera qui, le suspens n’est pas bien grand, mais l’histoire est si bien menée que l’on reste suspendu à la plume de l’auteur, tournant les pages les unes après les autres sans pouvoir s’arrêter.

Nous sommes en l’an 1450, alors que la Bretagne est encore pour quelques années « un rude et vaillant pays qui gard[e] son indépendance entre deux empires ennemis» (p. 230, Epilogue, “Le repentir”), dans la grande baie du Mont Saint-Michel, de part et d’autre de la frontière facétieuse du Couesnon. Une terre aux milles légendes rêvées et vécues (comme en attestent la myriade d’histoires toujours commencées et jamais finie de Frère Bruno, un Frère Tuck qui préfère le cidre à la bière), entre sables traitres et brume aveuglante, la terre de la Fée des Grèves, qui vient de réapparaître alors qu’une malédiction plane sur le duc de Bretagne et qu’un de ses chevaliers les plus valeureux est en fuite.

Si les personnages m’ont parfois rappelé les histoires de la Comtesse de Ségur, qui aime à nouer des amitiés fortes et sans barrières entre ses personnages mais prend toujours bien garde de laisser chacun à sa place dans l’échelle sociale (comme dans Pauvre Blaise, que je n’avais pas aimé parce que trompée dans mon attente de voir les deux amis d’enfance tomber amoureux, avant de comprendre que Madame née Rostopchine n’aspirait pas à être la Louise Michel des contes pour enfants. Mais, ma foi de Dieu, j’en veux toujours à Madame la Comtesse pour cette lecture funeste !), ce serait faire offense à Paul Féval que de s’arrêter à cela. Le plaisir de la lecture n’est pas dans l’histoire, même si elle tient en haleine, il est dans les belles descriptions d’un pays et de paysages qui tout à coup me manquent, entremêlés, car il ne faut pas tomber dans le pathos, d’une très agréable ironie qui croque Bretons et Normands avec les travers dont ils sont les plus fiers. Les Bretons sont courageux, fidèles, mais d’une superstition indécrottable (« On ne riait plus qu’à demi, parce qu’il ne faut pas parler longtemps de choses surnaturelles, quand on veut que les vrais Bretons restent gaillards. », p. 117, Chapitre 18, “Jeannin et Simonette”) ; les Normands sont ceux que seul l’or intéresse et dont les chevaux sont toujours pies, car même pour cela un Normand ne saurait trancher entre blanc ou noir…

Certes on peut voir dans cette ironie la condescendance dont la capitale fait alors preuve envers ces régions considérées comme arriérées (comme Gauguin qui quelques années plus tard ira en Bretagne chercher les sauvages, car c’est tout de même plus près que les Marquises !), mais on peut aussi y voir la fascination pour cette culture perdue (comme le montrent l’engouement pour les premiers folkloristes tels que Anatole le Braz ou de la Villemarqué).

Qu’importe ce que pensait alors Paul Féval, qui, né à Rennes se revendiquait breton (mais ça je ne l’ai vu qu’après avoir lu ce livre), intéressante posture pour l’époque. Qu’importe disais-je, car en tant que lectrice plus d’un siècle et demi après que ce livre ait été écrit, je sais que je me suis régalée de sa description de la terre à légende qu’est mon beau pays, ce pays où « les brouillards salés de l’Armorique détendraient vite les cordes de la vieille guitare d’Apollon. Le biniou seul, avec sa poche de cuir et sa nasillarde embouchure, supporte le rhume chronique de ces contrées » (p. 151, Chapitre 23, “Comment Joson Drelin but la rivière de Rance”). Je sais que je me suis régalée de ses petites piques qui rendent le chauvinisme ridicule et qui pourtant semblent le renforcer, allez savoir pourquoi… Un livre à lire pour un Breton qui veut rire de lui-même ou qui veut se gorger de noms et se souvenir, un livre tel une madeleine trempée dans l’eau salée, et un livre pour les non-Bretons qui voudront soit se moquer de cette gente à la tête bien dure, soit faire connaissance avec ces gens étranges, qui ont « de la gaieté, mais de la gaieté bretonne, qui donne aux noces même une bonne couleur d’enterrement » (p. 158, Chapitre 24, “Dits et gestes de frère Bruno”).

Couesnon, folle rivière, tu peux laisser le Mont en Normandie, nous gardons pour notre part la baie enchanteresse et les coquetiers* courageux et rêveurs, ils nous font plus riches que les ors de Saint-Michel.



* Pêcheurs de coques : les coques (palourdes) sont une sorte de diminutif des coquilles de Saint-Jacques. Elles abondent dans la baie de Cancale et autour du Mont. (Note de l’auteur ou de l’éditeur).
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La Fée des grèves

Bienvenue dans la baie du Mont Saint-Michel.

Son église, son archange, ses marais, ses sables mouvants, son brouillard, et sa fée…

En l’an 1450, François de Bretagne part en pèlerinage au Mont rendre hommage à la mémoire de son frère, Gilles. Mais il est accusé de fratricide par Hue de Maurever, qui lui demande de comparaître devant le tribunal de Dieu dans 40 jours, puis qui réussit à se volatiliser. François de Bretagne demande alors à Aubry de Kergariou de poursuivre Maurever, mais ce dernier, amoureux de sa fille Reine, refuse. Dès lors , il est enfermé dans les cachots du Mont et les recherches pour retrouver Hue de Maurever vont être menées par Méloir, devenu chevalier, homme sans scrupules qui convoite également la belle Reine. Cerise sur le gâteau, la fée des grèves est réapparue après des années. Pourquoi erre-t-elle la nuit près des habitations et sur la baie ?



Ajoutez à cela un jeune coquetier amoureux d’une gardienne de vaches, un félon miséreux qui mange à tous les rateliers, des sujets fidèles à leur maître Hue de Maurever, un moine trop bavard, et vous aurez matière à une belle histoire d’aventures romanesques.



Mais mais mais…

Les digressions trop nombreuses de l’auteur ont, je l’avoue, gâché ma lecture. Les retours à la « réalité » vis-à-vis du lecteur m’ont déroutée et éloignée de la trame du récit. Ce roman aurait pu être beaucoup plus rythmé et les actions bien plus rebondissantes.



Première immersion dans l’œuvre de Paul Féval, légère déception donc, mais je vais persévérer avec le célèbre Bossu et le non moins flamboyant Lagardère.

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La Fée des grèves

J’ai découvert ce vieux livre dans le rayon fantastique. C’est d’ailleurs ce qui m’a intrigué et ce pourquoi j’ai voulu le lire. Mais au final, qu’y a-t-il de fantastique dans ce roman ? Rien, ou si peu. La Fée n’en est pas une, même si la légende la porte au-delà de la raison. Seuls le dépérissement et la mort du Duc François, accusé de fratricide, ont un goût étrange. Car la prédiction du jour de son trépas, ou plutôt la malédiction, lancée par son accusateur, s’avérera exacte.

Toujours est-il, je ne regrette pas de l’avoir lu. Ce roman écrit il y a plus de 150 ans n’a pas pris une ride, à l’instar des contes qui fleurent bon le Moyen Âge, les légendes bretonnes, les combats d’épée.

L’intrigue, bien qu’elle n’ait rien de fondamentalement originale, n’est pas avare de péripéties et est écrite avec humour. Ambiance rustique, imaginez un conteur au coin du feu… Imaginez le Mont-Saint-Michel, ses sables mouvants… Vous y êtes ! Et pour ne rien gâcher, les personnages sont attachants, même les « méchants » ont leur qualité qui empêche de vraiment les détester.

Vous voulez connaître la fin de l’histoire ? D’accord, je vais vous la dévoiler et je ne prendrai pas un grand risque, car elle finit comme tous les contes : les méchants sont morts, le beau chevalier épouse sa Reine. Et les Bretons sont contents !

Et malgré tout, Ô miracle, le lecteur aussi.
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La Fée des grèves

Même si ce n'est pas la lecture du Bossu, c'est une agréable lecture rien que pour la plume de Paul Féval.
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La Fée des grèves

En l'an de grâce 1450, le duc de Bretagne assiste à une messe en l'honneur de son frère mort quand Hue de Maurever, écuyer du défunt, l'assigne devant Dieu dans un délai de 40 jours. Pourchassé, le vieux chevalier ne doit son salut qu'au dévouement de sa fille Reine, du prétendant de celle-ci et d'une poignée de ses fidèles vassaux.



J'ai beaucoup aimé les personnages de ce roman. Si certains sont très monolithiques et sans surprise comme Hue de Maurever et Aubry de Kergariou, d'autres sont plus nuancés comme le petit Jeannin bien plus brave que sa réputation de "peureux comme les poules". De même, Reine, tout en étant la demoiselle en détresse de service, est aussi une héroïne courageuse, beaucoup plus présente et nuancée que ne l'étaient beaucoup de personnages féminins des romans de l'époque. Il y a plusieurs "méchants" dans cette histoire mais Paul Féval réussit à faire du plus dangereux d'entre eux, le chevalier Méloir, un "méchant sympathique". Il montre comment cet homme ni bon ni mauvais glisse du côté du mal par opportunisme et convoitise.

Cependant, le véritable personnage principal de ce roman, c'est le Mont-Saint-Michel et même, plus précisément, sa baie avec ses lises, ses tangues, ses mares, véritables adversaires que les héros et "méchants" doivent à plusieurs reprises affronter.



La Fée des grèves est un roman d'aventure comme on en écrivait au 19e siècle, très prévisible mais amusant. Paul Féval a le défaut de se laisser parfois un peu aller sur les descriptions et les anecdotes (le frère Bruno ne serait-il pas un peu son double ?) mais son récit est plein d'entrain, d'humour et d'une réjouissante mauvaise foi chauvine à l'égard des Normands. J'ai pris beaucoup de plaisir à relire ce roman, ou plutôt à l'écouter. L'enregistrement proposé sur Littératureaudio.com est très sobre mais agréable.



Challenge XIXe siècle 2023
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La Fée des grèves

Je pense qu'il s'agit là de l'un des premiers romans de Paul Féval. L'auteur se "cherchait" encore. Ce petit roman, écrit comme un fabliau du temps jadis, n'en a pas moins de charme et l'on se laisse volontiers prendre à sa simplicité, pour ne pas dire sa naïveté. On le lit en souriant avec indulgence, tendresse, amusement.

Comme dans les contes, tout finira pour le mieux : le courage, la loyauté et l'honneur seront vainqueurs, le preux chevalier sauvera et épousera sa belle, la justice triomphera, le petit pêcheur de coques "plus poltron que les poules" prendra de l'assurance, deviendra un héros et obtiendra, lui aussi, la main et le cœur de sa dulcinée. Oh et bien entendu, les méchants seront punis.

Le morceau de bravoure final est construit autour de la légende de la marée du Mont Saint-Michel, "qui monte à la vitesse d'un cheval au galop". Ainsi donc, Aubry de Kergariou, notre héros, ayant sauvé la belle Reine de Maurever, est pris au piège entre les sables mouvants dont il ne connaît pas l'emplacement et la fameuse marée, qui monte, qui monte... à vitesse grand V ! Guidé par son chien fidèle entre les "lises" (les sables mouvants), Aubry s'en remet donc à son vaillant destrier qui lutte de vitesse avec la mer... C'est tout joli, tout naïf, plein de fraîcheur. Frère Bruno racontera cette histoire durant des années, à en racasser les oreilles de tout le monde, et moi, franchement dit, j'adore ! J'adore ce passage. Qui pourrait d'ailleurs donner une jolie scène au cinéma.

Cela parait fade ? Non, ça ne l'est pas. Car si simpliste qu'elle soit, l'intrigue est servie par la plume de Paul Féval, qui nous entraîne avant tout, entre Bretagne et Normandie, autour du Mont Saint-Michel, dans les brumes, les mystères et les légendes du pays breton (ou normand) de l'an de grâce 1450. Et ce voyage est enchanteur. Et puis honnêtement, ça fait du bien, tellement de bien parfois de revenir aux sources et de lire un petit bijou comme celui-là, pétri de folklore et de simplicité !
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La Fée des grèves

Roman de chevalerie, cap et d'épée, conte breton, roman historique! Cette Fée des Grèves est d'une lecture facile, même avec une poursuite haletante dans la baie du Mont Saint Michel, des combats moyenâgeux, la messe à l’abbaye du Mont saint Michel, des moines combattants....avec en prime deux histoires d'amour, A mettre dans sa valise pour un week end au Mont saint Michel ou a découvrir au retour!
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La Fée des grèves

En l'an de grâce 1450, à la veille de la Saint-Jean, une procession traverse le Mont Saint-Michel pour porter en terre un noble gentilhomme. A sa tête, le duc François de Bretagne, et dans le cercueil, son frère Gilles. Au moment le plus tragique, l'un des moines de l’abbaye soulève la capuche qui lui cachait le visage. Il s'agit de l'écuyer du moribond, Hue de Maurever, qui profite de l'effet de surprise pour annoncer à la noble assemblée que son maitre est mort de faim, condamné par son propre frère. Le duc François donne l'ordre de rattraper le seigneur enfui, mais le chevalier Aubry de Kergariou, dont est secrètement épris Reine de Maurever, la fille du fuyard, accorde quelques crédits aux propos de l'écuyer et se trouve ainsi emprisonné. C'est son cousin Méloir, bien décidé, qu'elle le veuille ou pas, à épouser Reine, qui se lance à sa poursuite ! L'homme qui capturera le traitre recevra 50 louis d'or et la bienveillance du Duc.



A Saint-Jean-des-Grèves, Jeanin le coquetier rêve lui aussi de ces 50 écus, avec lesquels il pourrait bien demander la main de Simonnette, la fille du tavernier. Mais il n'est pas le seul à faire les yeux doux à la fille de Simon Le Priol : maître Gueffès, un normand près de ses sous, épouserai bien la belle et sa dot !







Publié en 1850, La fée des grèves est un petit roman historique de Paul Féval destiné à la publication sous forme de feuilleton. Avec son intrigue cousue de fil blanc (avec de très grosses coutures apparentes) et ses personnages manichéens, l'histoire est très prévisible.



Féval n'épargne ni les stéréotypes sur les Normands (près de leurs sous), ni sur les Bretons (superstitieux en diable). Il reprend les grands codes du roman de capes et d'épées : un gentil trahi qui va être vengé, des méchants vilains et pas beaux qui seront punis, la belle jeune noble objet de toutes les convoitises, le beau chevalier fougueux et vertueux qui rétablira l'ordre, les petites gens qui se mettent d'un côté ou de l'autre... Bref, rien de nouveau sous la brume du Mont Saint-Michel ! Reste le talent certain de conteur de Féval, qui prend manifestement plaisir à toutes les digressions dont il affuble son histoire. Il y a également Frère Bruno, un personnage original qui arrivera sur le tard et apportera une bouffée de surprises et d'actions au récit (qui s'enlise un peu dans les sables mouvants de la baie...), un zeste de fantastique auquel seul le petit coquetier croit, et la nostalgie d'une époque révolue où l'honneur était la plus haute vertu.



Et surtout, il y a la Bretagne, avec ses mille visages ! Ne lisez pas La fée des grèves pour satisfaire l'envie d'un roman de cape et d'épées. Lisez-le pour tomber amoureux des paysages de la Bretagne, de ses mystères, de ses traitrises, de ses villages et de ses grandes villes, de ses habitants, de ses contes et légendes, de sa lumière et de ses brumes...
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La Fée des grèves

Le 8 juin 1450, une délégation en provenance d’Avranches se rend en la basilique du Mont-Saint-Michel afin de célébrer une messe en l‘honneur du duc Gilles de Bretagne, décédé d’inanition depuis peu. Il est mort de faim sur l’ordre de son frère, François de Bretagne qui assiste à cette cérémonie en compagnie de quelques chevaliers, hommes d’arme et de jeunes femmes, ou filles, portant le deuil.



Un chevalier manque à l’appel, Hue de Maurever. Sa fille, la belle Reine de Maurever, qui fait partie de la délégation, s’entretient avec Aubry de Kergariou, lui annonçant que celui qui défendra son père sera son chevalier. Aubry n’a pas encore vingt-ans et est amoureux de la belle Reine, pas même dix-huit ans, mais se dresse entre eux son cousin Méloir, âgé d’une bonne trentaine d’années, et qui lui aussi lorgne sur Reine.



Soudain au beau milieu de la cérémonie, un moine encapuchonné jette la perturbation, citant le duc François à comparaître dans un délai de quarante jours devant le tribunal de Dieu. Chacun peut reconnaître Hue de Maurever, fidèle de Gilles, qui disparaît en jetant la confusion. Une récompense de cinquante écus nantais est promise à qui le fera prisonnier. Méloir est également fort intéressé par l’annonce que celui qui l’attrapera sera sacré chevalier, une opportunité pour barrer le chemin à Aubry dans le cœur de Reine de Maurever.







A Saint-Jean des grèves, dans une ferme tenue par Maître Simon Le Priol, les conversations tournent sur une probable apparition de la Fée des grèves, une légende qui semble prendre corps car la maîtresse de maison dépose le soir un bol de nourriture qui le lendemain est vide. L’annonce des cinquante écus nantais n’est pas tombée dans les oreilles d’un sourd. Le jeune valet Jeannin aimerait pouvoir les toucher afin de gagner la main de Simonnette, la fille de Simon Le Priol qui a promis sa fille à qui posséderait cette somme. Mais Jeannin, s’il rêve des cinquante écus, ne se résigne pas à dénoncer la cache de Maurever.



Méloir se fait chiper la bourse contenant la somme promise dans son sommeil par une jeune fille. Dans la nuit et la brume qui stagne sur la grève, Jeannin aperçoit une silhouette qu’il prend pour la Fée des grèves. Ce n’est autre que Reine de Maurever. Mais un autre personnage entre alors en scène, Maître Gueffès, un individu peu scrupuleux, mi-aventurier, mi-mendiant, qui lorgne sur la belle Simonette à cause de sa dot.







Commence alors tout autour de Dol, de Saint-Jean-des-Grèves, du Mont-Saint-Michel et du rocher de Tombelène une sorte de cache-cache dans le brouillard entre les soudards du duc François, de Méloir, d’un côté, de Jeannin, de Simonnette, d’Aubry de Kergariou et de Reine de Maurever, qui n’est autre que la Fée des grèves, de l’autre. Et au milieu Maître Gueffès qui joue les électrons libres pour son seul profit.







Cet épisode de la guerre des Bretons et des Normands alliés aux Français contre les Anglais qui tiennent une grande partie du Cotentin, permet à Paul Féval de déployer tout son talent de conteur et d’amoureux de sa Bretagne, ainsi que ses convictions monarchistes et catholiques, convictions qui évolueront au fil des ans.



Il s’inspire de légendes et de faits réels, de personnages ayant existés tout en enjolivant ou effaçant certains traits et actes dont ils sont les héros. Parmi les personnages secondaires, on retiendra celui du moine Bruno, un ancien soldat, qui est intarissable et aime conter moult anecdotes, mais est souvent interrompu dans ses narrations, ce qui fait que le lecteur parfois reste sur sa faim.







Mais c’est surtout pour Paul Féval le moyen idéal de magnifier le Mont-Saint-Michel, le rocher de Tombelène, aujourd’hui Tombelaine, et les environs. Il décrit les lieux avec précision, et s’attarde sur la grève qui s’étend à partir de l’embouchure du Couesnon entre Cancale et Genêts.



Mais à notre époque le Mont-Saint-Michel a beaucoup évolué, des travaux de restauration ayant été entrepris dès 1874, et si les bâtiments n’ont guère changé, quoique des recherches plus ou moins récentes aient mis à jours des salles qui avaient été murées, comme la salle Robert de Thorigny, redécouvertes dans les sous-sols de l’abbaye, ce sont surtout les marchands du temple qui se sont installés nombreux offrant aux touristes bon nombre d’objets ayant un rapport direct ou non avec la Merveille. Les hôtels-restaurants et les échoppes prolifèrent ainsi que des musées, dont la demeure de Bertrand Du Guesclin qui fut capitaine de Pontorson et du Mont-Saint-Michel. Cette demeure fut construite, lorsque les Anglais furent boutés du Mont, pour sa femme Tiphaine. Mais ceci est une autre histoire.



La Fée des Grèves est tout autant un roman historique qu’un roman d’aventures et d’amour dans lequel Paul Féval appose un humour particulier, caustique et ironique, celui que l’on retrouve dans La fabrique de crimes.




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