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Citations de Paul Greveillac (186)


C'est un homme du monde. C'est d'ailleurs, si l'on veut, la raison de sa présence ici. A Paris, on vient de lui refuser la défense du dénommé Gorgulov. L'assassin du président de la République. L'affaire aurait pu lancer sa carrière d'avocat. Mais parce que ses parents sont des proches de la famille Doumer, on a estimé qu'il ne serait pas en mesure de défendre le Russe. Il est ici presque à contrecœur. Pendant la traversée de l'Atlantique, pendant les entraînements sur le pont, il a longuement ressassé. Cela ne s'est pas vu. En société, il est l'homme le plus souriant, le plus charmant qui soit. Il est champion de fleuret. C'est seulement lorsqu'il est seul qu'il se permet de baisser la garde.
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L’histoire de la peinture traditionnelle chinoise est celle d’une expédition sans fin. Ses Argonautes — les peintres — ont bien la carte des océans. Mais ils ne font pas confiance à la mer. Ils doutent que la carte recense correctement les écueils et, partant, s’en remettent aux étoiles et à la navigation à vue. Ils passent ainsi leur vie à explorer un thème infiniment réducteur — pour atteindre, par ce prisme, une portion d’universalité. Au travers de leurs petits riens, ils donnent à voir l’ineffable Tout. Il est ainsi des maîtres des paysages, des bambous, des litchis, des crevettes. Le sujet est pour eux la fin et le moyen. 
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Jiang, en se rasant, sifflait entre ses dents. « Sans le Parti communiste, il n’y aurait pas de Nouvelle Chine… » Jiang n’avait pas grand-chose à raser. Mais il s’imposait un visage parfaitement glabre. Le visage du progrès.
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Botoxée à l’économie de marché, la Chine avait une mine resplendissante. Monstrueuse, elle avait su se réinventer, jusqu’à se nier en apparence. La dialectique, habilement manipulée, lui avait permis de dire tout et son contraire. La raison pure sait se fortifier des contradictions. Et l’impossible devient. Comme dans un rêve... 
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À travers tout le Reich, c'était désormais la fuite en avant. Mais, face à la débandade qui s'annonçait, Aldor Elkân vacillait. Il y avait en lui un nain bourru qui voulait même freiner des quatre fers. Accepter le totalitarisme, c'était au contraire accélérer le mouvement. Et le PDG, n'y parvenait plus. Pour s'épanouir dans le totalitarisme, il fallait pouvoir courir quand on vous demandait de marcher.
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La symétrie fascine l’œil et endort l’esprit. C’est pourquoi les régimes totalitaires adorent la symétrie.
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(...) il guettait les moindres sons émis par les voisins, au-dessus, au-dessous, sur les côtés. Mais les travailleurs, pour la plupart, s'acquittaient ailleurs de leur devoir envers le peuple. Puis il oublia bientôt tout- avalé par le roman, devenant, lecteur, l'acteur primordial de la fresque. Pendant ses trois jours d'arrêt, sans rien en dire à sa mère, replaçant avec précaution le roman là où il l'avait trouvé sur l'étagère, il dévora -Le Docteur Jivago- En le refermant, il se demanda pourquoi, au juste, on le censurait en U.R.S.S. Khrouchtchev, paraît-il, une fois destitué et après avoir enfin lu le livre, ne se demanda pas autre chose. (p. 61)
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Bientôt, dans un hangar sous étroite surveillance auquel n'avait accès qu'un club fermé d'individus, l'avion de la traversée fut prêt. C'était un monoplan à ailes hautes, petit mais puissant, un bimoteur court sur pattes à l’allure de bouledogue. Il se distinguait par sa rusticité. Son train d'atterrissage escamotable. L'habitacle était minimaliste, étroit : une banquette sur laquelle on tenait à peine à deux. Pour la navigation : un altimètre, un anémomètre, un compas magnétique à la fiabilité éprouvée. Bref, de l'indispensable uniquement. Pour seule coquetterie, de chaque côté du fuselage, on avait peint au pochoir un insigne représentant le même visage de femme au regard intransigeant, entouré de deux ailes touffues, qui agrémentait le pommeau de la canne de Viktor Jelinek. L’Alkonost, déité slave, donnait son nom à l'avion Fernak. Les semaines qui suivirent, les deux pilotes testèrent l'appareil. Ils le poussèrent jusque dans ses retranchements. L’Alkonost était solide. Rien à redire. Ou presque.
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Mao était déjà sorti se promener dans la cour du restaurant. D’autres secrétaires de comité, dont Zhou Lin, venu du Guizhou, formaient autour du Président une nuée de papillons nocturnes attirés par la lumière. On allumait les lanternes sur leur chemin. La lune crémeuse s’accrochait au ciel du bout des ongles.

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Ce livre séminal -printed in the United States of America-, que Katouchkov lit sans se presser, est sorti des presses new-yorkaises en 1952. Il a mis plus de neuf ans à parvenir entre les mains du censeur, et son périple mérite à lui seul un roman. Ainsi Katouchkov en savoure -t-il chaque mot, en palpe-t-il chaque phrase, en soupèse t-il chaque chapitre - ici appelé "Note". Il prolonge le plaisir parce qu'il prolonge la transgression, le danger. Et dans ce danger, il est lié à sa mère. Olga Katouchka ignore qu'il a lu son - Docteur Jivago- Mais elle est dangereuse, comme lui, parce que portée par l'insatiable curiosité de l'esprit, par l'ardeur farouche de l'intelligence qui ne sait pas trouver le repos. Pour Olga Katouchkova, pour Vladimir Katouchkovv, pour des millions de Soviétiques, les années Khrouchtchev devaient rester comme un âge d'or relatif (...) Et ce court âge d'or suffit à semer le germe de l'impertinence. (p. 83)
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L'information est un pouvoir . Les états totalitaires, mieux que les autres, l'ont toujours compris; (p. 142)
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Dans la destitution de sa sœur,il a vu un appel du pied du destin. Il n'a jamais trop su que faire de sa vie.Il veut pouvoir régler ses comptes avec ce père qu'il n'a pas connu. L'aimer pour de bon.Ou bien lui faire endosser à titre posthume sa part de responsabilité dans le perdant qu'il est.(p.19)
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Aucun art, semble-t-il, n’a tout à la fois réifié, aimé, idéalisé, sanctifié les femmes autant que l’« art nouveau ». Il s’est épanoui dans une débauche de sensualité et de vie, avant que de pourrir dans l’horreur et la mort de la guerre. Comme si la balance de l’Histoire avait, sur un coup de tête, décidé qu’il était grand temps de mettre fin aux frivolités.
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Une sueur froide parcourut son échine. Il suivit le mouvement et se joignit au cortège. Dans les pays vraiment révolutionnaires, vraiment égalitaires, la hiérarchie saute toujours aux yeux. (p. 274)
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Kewei, dans Pékin, vaquait désormais avec l'assurance de qui est devenu intouchable. Du statut d'exécutant, il avait accédé à celui de mandataire. Il avait partout l'illusion de s'être extirpé de sa condition de subalterne. Et partout, il le montrait... Sommes-nous maîtres de nos destins, esclaves de nos egos ? Maîtres de nos rêves, esclaves de ce qui les concrétise ?
Le printemps ne réchauffait pas encore le monde dans ses paumes que Kewei, dans la foulée de son acceptation au Parti, intégrait déjà le département de la Propagande. (...) mais ici, on ne peignait pas. On décidait ce qu'il fallait peindre. Ici, on gouvernait l'art. (p. 299)
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Le rêve a la fragilité du miracle. Il n’est pas d’illusion si vacillante, ni si nécessaire. Les empires ne meurent pas de leurs blessures de guerre. Ils s’écroulent dès lors que la machine à rêve faillit.
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A cette époque moderne où personne ne lisait plus, censeurs y compris, l'opiniâtreté de Katouchkov à lire de bout en bout les manuscrits qui lui étaient soumis, à ne pas décoller l'arrière-train de son siège tant que la lecture d'une ligne, d'un paragraphe ou d'un chapitre n'était pas terminée, lui avait valu le sobriquet fleuri de "Sueur de cul!". Et comme tout en U.R.S.S. finissait par se voir désigner par son acronyme, on ne l'appela bientôt plus autrement que par S.D.C. Mais la phonétique en étant décidément tentante : on finit par s'accorder sur S.D.Q.

Page 85
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Avant de peindre la vie, il faut la comprendre…
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Vladimir Sergueïevitch conduisait solitaire son coeur et sa raison sur une route de campagne dénuée d'éclairage, que nul panneau ne jalonnait. Et la lecture clandestine des samizdats, -tamizdat- et autre écrits réprouvés ne lui avait pas servi à se forger une opinion. Elle n'avait fait que confirmer celle-ci. "Si vous détruisez les statues, préservez les socles. Ils peuvent toujours servir ", écrivit Jerzy Lec. Vladimir Katouchkhov n'était plus très sûr de ce qu'il avait fait de son socle. (p; 260)
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Dans le village, il n'y avait plus de vieux. Il y avait en revanche beaucoup d'enfants, très jeunes. La famine avait dévoré la base et le sommet de la pyramide des âges. L'avait rabotée jusqu'à en faire une tige de bilboquet. (p. 111)
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