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Citations de Philippe Forest (329)


Mais chacun sait bien qu’une lettre d’amour, on ne l’adresse jamais qu’à soi même, prenant simplement l’autre à témoin du roman qu’on se fabrique tout seul pour soi, et qu’elle crée de celui à qui on l’écrit une image rêvée dont personne n’est assez dupe pour croire qu’elle existe autrement et ailleurs que dans la fiction songeuse de ses propres illusions.
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Chacun s’imagine être l’auteur d’une pièce dont il n’est au fond que l’interprète. En toute innocence, il reprend un récit que le passé lui lègue mais que, sincèrement, il se figure n’avoir jamais su. Si bien qu’il le fait sien aussi sûrement que s’il l’avait inventé.
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Pourquoi? À cette question, la philosophie donne toutes sortes de réponses. Elle dit que l'image étant le signe de la chose, elle en rappelle à la fois la présence et l'absence. Qu'elle ne nous rend l'objet ainé qu'afin de nous signifier que nous en sommes privés. Qu'elle nous désigne sa disparition mais pour nous restituer aussitôt cela qui nous manque à jamais selon le simulacre éblouissant de son don. Et il faut le regard second qu'appelle l'image pour que nous parvienne ainsi la vérité de notre vie, offerte et dérobée à la fois.
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La plus belle invention de l'humanité ? incontestablement, la morphine. L'oubli, chimiquement garanti, de la chair lorsqu'elle crisse, grince et crie, l'endormissement offert dans la terreur de l'insomnie, le rideau blanc tiré sur la peine, quand on donnerait tout pour que cesse, un instant seulement, le travail d'horreur de la maladie.
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Le réel c'est l'impossible et le roman répond à son appel.

Impossible
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L'art du roman ne porte en lui la promesse d'aucune illumination. Ou bien, s'il formule une telle promesse, c'est seulement afin de révéler à quel point elle est nécessairement mensongère. Il n'y a pas de mot à l'énigme de la vie.
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Il y a des moments dans l'existence - et ce sont , si l'on y réfléchit, les moments essentiels- où la réalité vous frappe précisément par l'air d'irréalité qu'elle prend. On reconnaît la vérité à son côté invraisemblable.
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L'Europe tient pour beau tout ce qui se dresse majestueusement dans l'espace et dans le temps, ce que la raison érige pour durer et inscrire son signe dans le néant. Mais au Japon, on trouve beau ce qui se soumet à la loi vide de l'être et qui se défait délicieusement afin d'offrir au coeur de l'homme un moment pur de jouissance triste.
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L’autofiction, c’est tout simplement l’autobiographie soumise au soupçon. Au soupçon, c’est-à-dire au questionnement lucide de la conscience critique. Quiconque raconte son existence la transforme en roman et pénètre ainsi dans le domaine enchanté de la fable. On croit dire le vrai de sa vie et, dès que l’on y réfléchit, on s’aperçoit que tout récit, même le plus intime, a forme obligée de fiction.
Car toute vie, en vérité, est un roman. Et en conséquence, seul le roman sait dire la vie.
Même dans le plus maladroit des récits de vie, je trouve davantage de vérité que dans toutes ces fables hypnotiques que le marché éditorial rémunère à hauteur de leur pouvoir de diversion. Chacun a droit au récit de sa vie et reprendre possession de ce récit est, pour celui qui s’y livre, un geste authentique de libération et de vérité.

...L’intime n’a rien de commun avec la contemplation satisfaisante de son moi. Pour qu’il ait un sens, il faut entendre le mot dans le sens radical que lui donnait, par exemple, Georges Bataille. L’intime est blessure au plus profond de soi et c’est par cette blessure que les êtres communiquent entre eux et se trouvent rendus à la beauté de la nuit.
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Si j’ai été clair, c’est que je me suis mal expliqué.
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La cause la plus insignifiante peut vous pousser au suicide.Mais inversement, c'est aussi la moins importante qui peut vous sauver la vie.
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- Monsieur Schrödinger!
- Oui.
...
- Je vois ce chat assis sur vos genoux. Et je ne résiste pas au désir de vous interroger en premier lieu à son propos. Il s'agit, j'imagine, de votre chat, le célèbre chat de Schödinger?
- En réalité, ce chat est celui de mon épouse, mais si vous voulez...
- L'énigme est donc enfin résolue. Il est bien vivant!
- C'est vous qui le dites!
- Pourtant...
- Sait-on qui est mort et qui est vivant?
- Mais...
- Vous par exemple?
- Vivant, bien sûr!
- Vraiment? Et moi-même? D'après vous? Suis-je mort? Suis-je vivant?
- Mais vivant, naturellement!
- Ou bien suis-je mort et vivant?
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J'ai dit déjà que les choses n'existent qu'à partir de l'instant où l'on décide de croire en elles. Du coup, il faut faire très attention aux histoires que l'on se raconte à soi-même car de toutes celles-là, dès lors qu'elles acquièrent le commencement de consistance d'un récit quelconque, il n'en est aucune qui à un moment ou à un autre ne deviendra vraie
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si la poésie ne parle pas de ce monde alors elle n’est rien.
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la poésie est le sentiment du temps
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La légende raconte comment une femme rendue folle par la mort de son enfant, son cadavre encore serré dans ses bras, se mit en quête du Bouddha pour apprendre de lui la raison de son malheur. Avec compassion, le regard perdu dans le vide, tout désir éteint en lui, flottant déjà dans le grand néant où chaque douleur s'apaise, l'homme saint contempla la jeune mère et il l'interrogea : ne savait-elle pas que tout ce qui naît doit un jour mourir et que donnant le jour à son enfant, elle le promettait déjà à la nuit du tombeau ? La légende raconte qu'apaisée, la mère abandonna le petit cadavre aux flammes du bûcher et qu'elle se rendit ensuite à la grande clarté toujours vive de la vérité. (p 91)
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Car tout l'enjeu du livre consiste à ne pas se satisfaire de l'insignifiant ensorcellement d'un chant que l'écrivain peut faire entendre aussi bien que le premier musicien venu, mais dont il lui appartient aussi de ne pas rester le captif fasciné. Et si le romancier peut accomplir la plus précieuse des prouesses poétiques, il n'est pas du genre à contempler pour l'éternité, sur les étagères de sa chambre, sa collection d'abolis bibelots d'inanité sonore.
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Philippe Forest
Tel que Sollers le revendiquait et le pratiquait, l’art du roman le conduisait, loin des conventions ordinaires du genre, à enchaîner les livres comme autant d’épisodes d’un seul et même feuilleton spéculatif et poétique au fil duquel tenir la « chronique » – au sens de Céline – de sa vie et celle de son temps. Au sein d’une sorte de long roman autobiographique, un narrateur, sans cesse semblable et toujours différent, tient en direct le journal perpétuellement repris de sa propre existence, évoquant notamment son enfance et sa jeunesse, sa longue liaison amoureuse, qui durera de 1958 à la mort de la romancière, avec Dominique Rolin (1913-2012) – quatre volumes de leur correspondance ont été publiés chez Gallimard, de 2017 à 2020 –, discrètement la présence à ses côtés du fils qu’il eut en1975 de Julia Kristeva, et plus généralement le pas de côté enchanté depuis lequel il considère le monde.
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Croyez-moi, je suis le premier étonné. Je ne pensais pas que la vérité fût si simple, et que tout, essentiellement, était semblable au dessin que laisseraient sur la pierre les cinq doigts d'une enfant.
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Elle parlait. Moins pour moi qui l'interrogeais, pensant la divertir du présent, que pour elle même. S’étourdissant d'une sorte de monologue extasié au sein duquel lui revenaient tous les fragments de son passé.Le plus lointain. Comme si à l'horloge de sa vie, l'aiguille s’était arrêtée sur le coup des douze ou treize ans et qu’après la mémoire n'avait plus rien retenue d'essentiel.
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