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Citations de Pierre Loti (922)


Elles sont bien peu idolâtres, ces adorations-là, pour celui qui a dit : « Dieu est Esprit, et il faut que ce qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité. » Mais elles sont si humaines! Elles répondent si bien à nos instincts et à notre misère !… Assurément, les premiers chrétiens, dans l'essor purement spirituel de leur foi, et quand l'enseignement du maître était encore tout frais dans leur âmes, ne s'encombraient pas de magnificence, de symboles et d'images. Surtout, ce n'étaient pas des souvenirs terrestres. - le lieu d'un martyr et un sépulcre vide – qui les préoccupaient ; leur Rédempteur, ils ne songeaient pas à le chercher là, tant ils le voyaient dégagé à jamais de ces choses transitoires et planant au-dessus dans la sereine lumière Mais nous sommes – nous tous, peuples de l'Occident et du Nord – échappées depuis moins de siècles aux barbaries naïves, que les sociétés antiques d'où se levèrent les premiers chrétiens ; au moyen âge, quand la foi nouvelle pénétra dans nos forêts, elle s’obscurcit de mille croyances primitives ; d'entre nous, c'est petit nombre qui s'est affranchi des traditions amoncelées pour en revenir au culte évangélique, en esprit et en vérité. Et d'ailleurs, quand la foi est éteinte dans nos âmes modernes, c'est encore vers cette vénération si humaine des lieux et des souvenirs, que les incroyants comme moi sont ramenés par le déchirant regret du Sauver perdu…
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Sur les « massacres d'Arménie » je crois avoir dit, avec force témoignages et preuves à l'appui, à peu près tout ce qu'il y avait à dire : la réciprocité dans la tuerie, la folle exagération clans les plaintes de ces Arméniens qui, depuis des siècles, grugent si vilainement leurs voisins les Turcs, et qui, inlassables calomniateurs, ne cessent déjouer de leur titre de chrétiens pour ameuter contre la Turquie le fanatisme occidental. (pp. 296-297)
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Pauvre Andrinople [Edirne, 1913] que j'ai vue en fête, toute pavoisée, toute illuminée le soir en l'honneur du ramazan, — peut-être de son dernier ramazan ! Derrière cette joie du peuple dans les rues persistait le souvenir des atrocités de la veille.Dans les quartiers turcs, on m'a montré partout des mosquées démolies, des portes, des fenêtres défoncées par les pilleurs ou les satyres. On m'a fait visiter l'île d'angoisse, cette île du fleuve où quatre à cinq mille prisonniers de guerre turcs furent entassés pour y mourir de faim. Là j'ai vu les arbres jusqu'à hauteur d'homme dénudés et blancs, dépouillés de leur écorce que les affamés dévoraient. On sait qu'au bout de quinze jours de cette torture les Bulgares vinrent égorger ceux qui s'obstinaient à vivre.

Si je n'avais recueilli que des témoignages turcs, je risquerais d'être taxé d'exagération. Mais les plus accablants, ce sont les Grecs et les Juifs qui me les ont fournis. Le métropolite grec, que je suis allé visiter dans son vieux palais épiscopal, m'a conté en m'autorisant à l'écrire comment lui parla le général bulgare qui l'avait mandé brutalement : « — Est-ce que vous aimez les Turcs, vous ? — Oui, parce que durant quatre siècles ils nous ont permis de vivre heureux. — C'est bon, je vais vous faire exécuter. — Alors tuez-moi tout de suite. — Non, un peu plus tard, quand ça me plaira. Sortez. » Et, dans une salle voisine, les aides de camp parlaient de même à tous les notables grecs convoqués. Mais l'arrivée foudroyante des Turcs les sauva tous.

C'est pendant un iftar, dîner de Ramazan, offert par le vali dans son palais dévasté, que j'ai pu juger surtout de l'entente fraternelle entre les musulmans et les autres communautés religieuses d'Andrinople. Parmi des généraux, des officiers de tout grade, le grand rabbin des juifs était attablé entre deux hodjas à turban ; ailleurs, le métropolite grec causait en souriant avec son voisin de gauche, le chef des derviches. Hélas ! sur cette joie de la délivrance qui les unissait tous, pesait l'angoisse des lendemains. L'Europe, l'Europe, que ferait-elle ? qu'exigerait-elle ? On avait confiance pourtant, confiance en les cœurs français, en les cœurs anglais, et peut-être, malgré tout, en les cœurs russes. (pp. 211-213)
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Sur la place de la mosquée de Soliman le Magnifique, le vieux petit bazar est demeuré pareil. Chacun dans son échoppe ouverte, les patients enlumineurs, le pinceau à la main, sont accroupis au milieu de leurs petites fioles de dorure et d'argenture. Presque tous paraissent âgés, hommes d'une autre époque, pourrait-on dire. De leurs doigts maigres, agiles et précis, ils tracent, sur des cartons, d'impeccables caractères, en penchant au-dessus de leur ouvrage leur tète enturbannée. Ils excellent à composer, avec des passages du Coran, des dessins presque symétriques, imitant quelquefois des urnes, ou môme des gerbes de rigides fleurs.

La calligraphie était jadis un des arts les plus en honneur dans ce pays où l'on avait le temps et la patience ; les sultans eux-mêmes s'y adonnaient et ne dédaignaient point d'écrire, pour les mosquées, des Corans précieux, de même que jadis les empereurs de Byzance enluminaient des Évangiles. Les caractères arabes (adoptés, comme on sait, par les Turcs en même temps que la religion du Prophète) sont du reste étrangement décoratifs ; sur les faïences, sur les marbres, sur les parchemins, ils se prêtent à des enroulements qui s'harmonisent avec les arabesques et qui, toujours, y ajoutent l'indicible mystère de l'Islam.

Je fais choix de belles inscriptions, — mais parmi celles qui sont déjà tout encadrées, toutes prêtes, car on pense bien que je n'ai pas le temps d'attendre pour les poser chez moi : la vie est trop courte, et la saison finira trop vite. Elles sont en lettres d'or sur fond noir, et disent des prières de résignation et de confiance. Un portefaix les charge sur son dos et nous rentrons au logis, après avoir acheté en route un marteau et des clous pour, tout de suite, les accrocher aux murailles. Dans ma chambre, à la tête du matelas, recouvert d'un tapis de Perse, où je dormirai, je suspends celle-ci : « Allah ! je me confierai en Ta miséricorde au jour des châtiments. » (pp. 91-93)
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C'étaient les costumes, les bijoux des aïeules, exhumés pour lui des coffres de cèdre ; encore avaient-elles su, avec leur tact d'élégantes modernes, choisir parmi les satins doucement fanés et les archaïques fleurs d'or brodées en relief, pour composer des assemblages particulièrement exquis. Elles lui donnaient là un spectacle que personne ne voit plus et auquel ses yeux d'Européen n'auraient jamais osé prétendre.
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Qu'on me pardonne de les appeler, l'une et l'autre, "Moumoutte". D'abord, je n'ai jamais eu d'imagination pour donner des noms à mes chattes : Moumoutte, toujours – et leurs petits, invariablement : Mimi. Et puis vraiment il n'existe pas pour moi d'autres noms qui conviennent mieux, qui soient plus chat que ces deux adorables : Mimi et Moumoutte.
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Qu'on me pardonne de les appeler, l'une et l'autre, "Moumoutte". D'abord, je n'ai jamais eu d'imagination pour donner des noms à mes chattes : Moumoutte, toujours – et leurs petits, invariablement : Mimi. Et puis vraiment il n'existe pas pour moi d'autres noms qui conviennent mieux, qui soient plus chat que ces deux adorables : Mimi et Moumoutte.
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Qu'on me pardonne de les appeler, l'une et l'autre, "Moumoutte". D'abord, je n'ai jamais eu d'imagination pour donner des noms à mes chattes : Moumoutte, toujours – et leurs petits, invariablement : Mimi. Et puis vraiment il n'existe pas pour moi d'autres noms qui conviennent mieux, qui soient plus chat que ces deux adorables : Mimi et Moumoutte.
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Qu'on me pardonne de les appeler, l'une et l'autre, "Moumoutte". D'abord, je n'ai jamais eu d'imagination pour donner des noms à mes chattes : Moumoutte, toujours – et leurs petits, invariablement : Mimi. Et puis vraiment il n'existe pas pour moi d'autres noms qui conviennent mieux, qui soient plus chat que ces deux adorables : Mimi et Moumoutte.
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Les chats ont des petites âmes ombrageuses, des petites âmes de câlinerie, de fierté et de caprice, difficilement pénétrables, ne se révélant qu'à certains privilégiés, et que rebute le moindre outrage, ou quelquefois la déception la plus légère.
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L’horizon, rouge à la base, puis violet, puis vert, puis couleur d’acier, couleur de paon, est nuancé par bandes comme un arc-en-ciel. Les étoiles brillent tellement qu’on les dirait ce soir rapprochées de la terre et, du point où s’est couché le soleil, partent encore de grandes gerbes de rayons, très nets, très accusés, qui traversent toute la voûte immense, comme des zodiaques roses tracés dans une sphère bleu sombre.
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On a toujours tort de chercher à faire du mal au gens, surtout lorsque ce sont de bons loulous affectueux comme ceux de cette histoire ; tôt ou tard, on est fatalement puni.
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Le forban couvait déjà, paraît-il, sous le petit sauvage breton ; le petit Yves, qui sautait pieds nus dans ces sentiers de Plouherzel, était le germe inconscient du marin de plus tard, indompté et coureur de bordées.
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Tout de même on nous obligea de souper une seconde fois ; c'est la coutume. Une omelette, encore des crêpes, et des tartines de pain bis avec du beurre. Ensuite, on procéda au coucher de la famille (les hommes d'abord, puis on éteint la lumière, et les femmes se couchent après).
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Après, quand nous eûmes bien mangé et bien bu, Jean commença d'une jolie voix haute une chanson de bord que connaissent tous les matelots bretons. Yves et moi, nous chantions les basses, et la vieille mère marquait la mesure avec sa tête et la pédale de son rouet. On n'entendait plus les refrains tristes que le vent chantait tout seul dehors.
La chanson disait :
Nous étions trois marins de Groix,
Nous étions trois marins de Groix,
Embarqués sur le Saint-françois.
Il vente !...
C'est le vent de la mer qui nous tourmente.
Pauvre homme, 'l a tombé à la mer,
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Le 28 août 1851, il faisait, paraît-il, un beau temps d'été à Saint-Pol-de-Léon, dans le Finistère.
Le soleil pâle de la Bretagne souriait et faisait fête à ce petit nouveau venu, qui devait plus tard tant aimer le soleil et tant aimer la Bretagne. Yves apparut dans ce monde sous la forme d'un gros bébé tout rond et tout bronzé.
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Partout, sur la terre, sur les roches et sur l'herbe rase, une teinte uniforme d'un gris-roux, qui est comme la patine du temps ; on dirait qu'une cendre recouvre ce pays, sur lequel trop de de races d'hommes ont passé, trop de civilisations, trop d'épuisantes splendeurs.
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Erratum :

Citation de Marc Menonville
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Puis, le canon tonne au quartier turc et c'est, ce soir, la salve annonciatrice de la lune nouvelle, de la fin du Ramadan. Et Jérusalem, pour un temps, va redevenir plus sarrasine dans la fête religieuse du baïman.
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