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Citations de Pierre Loti (922)


Pierre Loti
Je vais vous ouvrir mon cœur, vous faire ma profession de foi : j'ai pour règle de conduite de faire toujours ce qui me plaît, en dépit de toute moralité, de toute convention sociale
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Paimpol - le dernier jour de février - veille du départ des pêcheurs pour l'Islande.
Gaud se tenait debout contre la porte de sa chambre, immobile et devenue très pâle.
C'est que Yann était en bad, à causer avec son père. Elle l'avait vu venir, et elle entendait vaguement résonner sa voix.
Ils ne s'étaient pas rencontrés de tout l'hiver, comme si une fatalité les eût toujours éloignés l'un de l'autre.
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Oh ! ce demain, pour la mariée !... ce jour entier, à jouer la comédie, ainsi que l'usage le commande, et à jouer bien, coûte que coûte ! Ce jour entier, à sourire comme une idole, sourire à des amies par douzaines, sourires à ces innombrables curieuses qui, à l'occasion des grands mariages, envahissent les maisons. Et il faudrait trouver des mots aimables, recevoir bien les félicitations ; du matin au soir, montrer à toutes un air heureux, se figer cela sur les lèvres, dans le regard, malgré le dépit et la terreur... Oh ! Oui, elle sourirait quand même ! Sa fierté l'exigeait du reste : paraître là comme une vaincue, ce serait trop humiliant pour elle, l'insoumise, qui s'était tant vantée de ne se laisser marier qu'à son gré, qui avait tant prêché aux autres la croisade féministe...
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Mais dans les regards du plus grand nombre, je lis surtout l'incurable tristesse, avec la pitié pour une de leurs sœurs qui tombe aujourd'hui dans le gouffre commun, devient leur compagne d'humiliation et de misère... Et je souris toujours des lèvres... C'était donc bien ce que je pensais, le mariage! J'en ai la certitude à présent; dans leurs yeux, à toutes, je viens de le lire!
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Regarde-le bien, pauvre vieille femme, ce petit Sylvestre ; jusqu'à la dernière minute, suis bien sa silhouette fuyante, qui s'efface là-bas pour jamais...
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Et demain ils partaient tous pour l’Islande !
Seule dans sa belle chambre, où entrait le jour blanchâtre de février, ayant froid, assise au hasard sur une des chaises rangées le long du mur, il lui semblait voir crouler le monde, avec les choses présentes et les choses à venir, au fond d’un vide morne, effroyable, qui venait de se creuser partout autour d’elle.
Elle souhaitait être débarrassée de la vie, être déjà couchée bien tranquille sous une pierre, pour ne plus souffrir... Mais, vraiment, elle lui pardonnait, et aucune haine n’était mêlée à son amour désespéré pour lui...
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Et dans ce pays, même ce calme, même ces beaux temps, étaient mélancoliques ; il restait, malgré tout, une inquiétude planant sur les choses ; une anxiété venue de la mer à qui tant d'existences étaient confiées et dont l'éternelle menace n'était qu'endormie.
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Oh ! qui dira pourquoi il y a sur terre des soirs de printemps, et de si jolis yeux à regarder, et des sourires de jeunes filles, et des bouffées de parfums que les jardins vous envoient quand les nuits d'avril tombent, et tout cet enjôlement délicieux de la vie, puisque c'est pour aboutir ironiquement aux séparations, aux décrépitudes et à la mort ...
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Il n'est besoin d'emporter avec soi ni armes, ni provisions, ni argent ; l'hospitalité vous est offerte partout, cordiale et gratuite et dans toute I'ile il n'existe d'autres animaux dangereux que quelques colons européens ; encore sont-ils fort rares, et à peu près localisés dans la ville de Papeete...
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- Nous irions ? C'est bien comme ça que tu as parlé: nous irions, toi et moi ? Cela signifie donc que tu serais consentante, un peu plus tard, quand nous serons d'âge, à nous marier tous deux ?
...
Il serra contre lui le bras de sa petite fiancée, et leur marche devint plus lente. C'est vrai qu'ils ne s'étaient jamais dit cela, non pas seulement parce qu'il leur semblait que ça allait de soi, mais surtout parce qu'ils se sentaient arrêtés au moment de parler par une terreur quand même, - la terreur de s'être trompés et que ce ne fût pas vrai... Et maintenant ils savaient, ils étaient sûrs. Alors ils prenaient conscience qu'ils venaient de franchir à deux le seuil grave et solennel de la vie. Et appuyés l'un à l'autre, ils chancelaient presque dans leur promenade ralentie, comme deux enfants ivres de jeunesse, de joie et d'espoir.
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Ils étaient cinq, aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer. Le gîte, trop bas pour leurs tailles, s'effilait par un bout, comme l'intérieur d'une grande mouette vidée; il oscillait faiblement, en rendant une plainte monotone, avec une lenteur de sommeil.

(incipit)
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Il ne revint jamais.

Une nuit d’août, là-bas, au large de la sombre Islande, au milieu d’un grand bruit de fureur, avaient été célébrées ses noces avec la mer.
Avec la mer qui autrefois avait été aussi sa nourrice ; c’était elle qui l’avait bercé, qui l’avait fait adolescent large et fort, – et ensuite elle l’avait repris, dans sa virilité superbe, pour elle seule. Un profond mystère avait enveloppé ces noces monstrueuses. Tout le temps, des voiles obscurs s’étaient agités au-dessus, des rideaux mouvants et tourmentés, tendus pour cacher la fête ; et la fiancée donnait de la voix, faisait toujours son plus grand bruit horrible pour étouffer les cris. – Lui, se souvenant de Gaud, sa femme de chair, s’était défendu, dans une lutte de géant, contre cette épousée de tombeau. Jusqu’au moment où il s’était abandonné, les bras ouverts pour la recevoir, avec un grand cri profond comme un taureau qui râle, la bouche déjà emplie d’eau ; les bras ouverts, étendus et raidis pour jamais.
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Les lames, frisées en volutes, continuaient de se courir après, de se réunir, de s'agripper les unes les autres pour devenir toujours plus hautes, et, entre elles, les vides se creusaient.
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Jeudi 4 janvier 1917.
Hendaye.
J'étais couché et endormi ; je me réveille dans une petite mare de sang, étouffé par le sang qui me remplit la gorge...A peine puis-je appeler Simon, qui était de garde à la maison cette nuit, et qui accourt épouvanté de me voir dans tout ce rouge. Le sang coule à flots. Le pauvre Simon s'habille, court comme un fou appeler Durruty. Et je suis seul, sentant que je continue de me vider de tout mon sang, que je vais perdre connaissance, sans doute mourir. Dehors, j'entends la tempête qui fait rage. Je pense à mon petit Samuel, qui est je ne sais où sur le front, je pense à mon pauvre Osman, qui est je ne sais où sur le front. Je les voudrais là, sans doute je vais mourir là, seul, et l'horrible flot rouge continue de m'emplir la gorge.
Au bout de je ne sais combien de minutes, enfin, je les entends revenir en courant, Simon, Durruty ; ils apportent des remèdes. L'hémorragie est enfin arrêtée. C'est toujours à Samuel que je pense...

Vendredi 5.
Ce n'était rien de très grave. Je me lève, très affaibli seulement. Je me lave de tout ce sang ; mon lit est tout rouge...
Alors, revenu de cela, je retrouve l'horrible angoisse de la guerre, des lendemains sinistres, de toutes les agonies...
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Lundi 25 décembre 1916.
A Rochefort, où je suis depuis deux jours. Il pleut, il pleut, sans trêve nuit et jour ; je n'ai jamais connu de Noël plus sinistre, dans le silence de la maison vide. Les nouvelles de la guerre sont de plus en plus désastreuses en Orient. Le spectre de la défaite se rapproche, plus menaçant ; on sent la mort partout.
Il fait des températures anormales, on vit les fenêtres ouvertes au milieu de la pluie chaude ; les moustiques vous tourmentent la nuit comme en été.
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Vendredi 1er mai 1914

Je suis dans l'anxiété des élections prochaines. J'ai beau me dire que j'ai bientôt fini mon temps sur terre, le spectre rouge m'épouvante, pour mes enfants.
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Le vent d'ouest s'était levé dehors : les gouttières du toit avaient recommencé, sur ce grand gémissement lointain, leur bruit tranquille et léger de grelot de poupée.Et ses larmes aussi se mirent à couler, larmes d'orpheline et d'abandonnée, passant sur ses lèvres avec un petit goût amer, descendant silencieusement sur son ouvrage, comme ces pluies d'été qu'aucune brise n'amène, et qui tombent tout d'à coup, pressées et pesantes, de nuages trop remplis; alors n'y voyant plus, se sentant brisée, prise de vertige devant le vide de sa vie, elle replia le corsage ample de cette dame Tressoleur et essaya de se coucher.
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[...] j'en suis venu à penser que tout ce qui me plaît est bon à faire et qu'il faut toujours épicier de son mieux le repas si fade de la vie.
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-il faut beaucoup d'enfants à ces races de pêcheurs que l'Islande dévore.
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Aurez-vous bien senti la tristesse de notre vie. Aurez-vous bien compris le crime d'éveiller des âmes qui dorment et puis de les briser si elles s'envolent, l'infamie de réduire des femmes à la passivité des choses?... Dites-le, vous, que nos existences sont comme enlisées dans du sable, et pareilles à de lentes agonies.... Oh! dites-le! Que ma mort serve au moins à mes sœurs musulmanes!
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