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Critiques de Pierre Michon (323)
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Vies Minuscules

La trace des vies ainsi décrites ne laissent pas le lecteur indifférent, d'abord parce que le texte est servi par une écriture qui puise dans langage poétique tourmenté et mélancolique, non sans rappeler par certains aspects la "fourmillante" imagerie de St John Perse, mais qui parfois déroute aussi... Les vies s'étalent, toutes faites de drames et l'on sent dans chacune des pages, le temps s'écouler inexorablement, nous enfoncer dans ses plis, et faire de nous des souvenirs avant l'heure. Ce livre respire le soir tombant et l'hiver permanent, peu de joies s'en dégagent ...
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Les deux Beune

Ce livre regroupe « La petite Beune » paru en 1996 et « La grande Beune » texte plus récent, un additif ou une suite comme on voudra. Le narrateur, tout jeune instituteur, est nommé dans un petit village du Périgord. Très vite il fait la connaissance d'Yvonne, pour qui il ressent un immense désir charnel. C'est la montée de ce désir qui nous est contée là et son accomplissement. Autour de ce couple en train de se faire peu à peu, gravitent quelques personnages et règne une nature et une histoire omniprésentes.

L'intérêt du livre se résume essentiellement au style et aux images fulgurantes qu'il charrie. On peut trouver cela trop écrit et artificiel. Tout dépend de ce que le lecteur cherche. Ce livre ne fait que 150 pages, et franchement cela vous lave les pupilles : une cure de style de temps en temps peut s’avérer nécessaire après tant de lectures plates, grossières et provocantes ou au français saccagé.
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Les onze

Mon deuxième Michon. Grande différence avec les « Vies minuscules » , nous sommes ici dans l’Histoire majuscule , les grands noms de l’art (Tiepolo , Géricault, David, Michelet) et de la politique (le Comité de salut public de 1794) en peuplent les lignes . L’intrigue a pour pivot un tableau aussi imaginaire que célébrissime (il supplante la Joconde au Louvre) œuvre d’un peintre non moins imaginaire et commenté dans une texte également imaginaire de Michelet. Dans cette histoire labyrinthique et borgésienne , Michon nous conduit , tel le joueur de flûte d'Hamelin , avec ses phrases sinueuses , sa maîtrise parfaite du rythme et du vocabulaire , à une réflexion sur l’histoire et l’art . Ce bijou de roman historique (si court, si dense) ne manque pas de faire la place aux humbles dont les ossements et les « vies minuscules » sont le substrat sur lequel s’édifient les vastes constructions des historiens.
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La Grande Beune

Autre facette de Pierre Michon dans ce très court roman . Un jeune instituteur dans son premier poste proche de Lascaux . Il fantasme sur la belle buraliste du lieu. Rien que de très classique mais il y a la magie Michon , l’écriture de Michon : il mêle à l’éternelle histoire du désir charnel , la mémoire lithique de la région , les immémoriales images de ses grottes ornées . Au fil des saisons et des âges , le flot de la Grande Beune murmure le discours de l’humain aux prises avec ses rêves.
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Vies Minuscules

Je suis venu à ce texte par la lecture de Bobin qui en disait grand bien. Et comment avais-je pu passer à côté d’un livre et d’un auteur aussi remarquables ! A travers dix nouvelles Michon nous conte les vies (et la mort surtout) de personnages qu’il a côtoyés , humbles , pauvres entre les pauvres , enfouis dans des campagnes improbables . Mais c’est aussi sa vie qu’il nous raconte , celle d’un damné de l’écriture , sombrant par frustration dans toutes les dérives . Et le paradoxe c’est que cette descente aux enfers de la page blanche , cette litanie d’aveux d’impuissance sont exprimés dans une langue magnifique ,une précision extrême du vocabulaire , une syntaxe délicieuse et maîtrisée . Ce n’est pas gai , loin de là , on pourrait mettre en épigraphe du livre la phrase de Léo Ferré « On vit toujours avec des morts » mais le style emporte tout
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Les onze

Les onze, Grand prix du roman de l'Académie Française: il faut au moins être un immortels pour lire à sa juste écriture ce roman retraçant la génèse, ou bien encore "la biographie" de ce tableau.

Car la tâche est ardue, les répétitions revenant comme une ritournelle nous tournent la tête, les descriptifs sont pléthore, et le parti pris par Michelet de faire de cette toile exposée au Louvre, Le tableau des tableaux représentant le point culminant de la Révolution, je lui préfère parce qu'il m'est plus familier:" la mort de Marat" de David, n'en déplaise à Michelet.
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Vies Minuscules

On pourrait tous écrire des « vies minuscules » qui au fond ne le sont pas. La littérature mondiale, elle même, regorge de ces vies là et il suffirait d’écouter un vieux parent pour en faire renaître beaucoup.

Mais qui écoute aujourd’hui ses vieux parents, oublieux de leurs ancestrales histoires ?



Celles de Pierre Michon comme toutes les autres ou presque s’oublieront aussi. Elle s’effacent presque ou fur et à mesure de leur lecture.



Mais ce qui marque ici, c’est la beauté du style, la rythmique secrète des phrases, leur mélopée profonde. La mémoire n’a pas de de règles de composition, elle vague, s’enrichit d’imaginaire, d’archétypes . Aussi l’écriture de Michon ou de Proust, à qui certains à cause de la longueur de quelques phrases l’ont comparé, ne supporte aucun carcan, aucune limitation.

Cela peut déconcerter, cela me charme et m’envoûte et cela m’endort très paisiblement aussi.

Sans plaisanterie, Michon est bien le dernier des dinosaures, un de nos rares et vrais écrivains français.
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Vies Minuscules

Il y a des auteurs qui écrivent tellement bien que je suis presque incapable de les comprendre, ils me quittent des yeux, ils sont trop loin de moi. Je les observe avec une forme d'enchantement sans jamais les saisir. Comme un magnifique jouet qu'on ne parvient pas à toucher et avec lequel on ne joue pas... Ou plutôt comme le Stradivarius ou le Steinway dans la pièce où l'enfant que je suis ne peut pas entrer... Pierre Michon, avec ce livre, est de ceux-là.
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Vies Minuscules

« Vies minuscules » est comme l'ascension d'une paroi rocheuse. L'ascension est lente, demande un effort, mais la paroi offre de multiples prises pour l'esprit, et des plateaux où l'on peut reprendre son souffle, et cheminer paisiblement dans le texte.



Puis, quand on a parcouru l'ensemble, on peut revenir, s'y attarder, en jouir sans effort.



« Vies minuscules » nous montre une France archaïque, paysanne, catholique. Même si certaines histoires se déroulent dans la deuxième moitié du 20eme siècle, le monde qui apparait sous nos yeux appartient encore au 19eme siècle.



Avec un matériau romanesque souvent très mince, un fragment d'histoire réel ou imaginé, Pierre Michon nous fait voir un monde ; telle la vie d'André Dufourneau, orphelin hébergé comme garçon de ferme chez ses arrière grands-parents pendant dix ans et parti en Afrique faire fortune, dont le destin et la mort sont un morceau de la légende familiale.



Mais, le sujet central du livre, ce sont les mots, l'écriture et les doutes de celui qui a la prétention de devenir écrivain.

"On me disait ainsi qu'à Paris m'attendait peut-être une manière de guérison ; mais je savais, hélas, que si j'allais y proposer mes immodestes et parcimonieux écrits, on en démasquerait aussitôt l'esbroufe, on verrait bien que j'étais, en quelque façon «illettré»".



Des vies minuscules transfigurées par une écriture majuscule.
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Vies Minuscules

Je voudrais mettre bien plus que 5 étoiles à cet ouvrage et surtout à l'auteur.

Vies minuscules est le 1er roman de Pierre Michon, paru en 1984.

Huit histoires plus ou moins courtes pour raconter le parcours jusqu'à l'âge adulte d'un jeune homme et de son entourage.

Ce ne sont pas tant les tranches de vie évoquées ( dont certaines peu glorieuses ) qui m'ont charmée mais la richesse, la beauté de la langue, du vocabulaire utilisé.

J'ai découvert que dans les pronostics des parieurs Pierre Michon était sur une short liste de Nobélisables en 2022 :

" A la septième place du classement des parieurs, Pierre Michon fait une entrée remarquée. À y regarder de plus près, cela n'a rien de surprenant. Couronné en 2009 par le Grand Prix du Roman de l'Académie française, prix Franz Kafka en 2019, l'auteur de Vies minuscules , de La Grande Beune et de Rimbaud fils, est un homme discret mais un écrivain de tout premier plan. " ( source le Figaro ).
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Vies Minuscules

Ce livre autobiographique nous raconte le sens et les raisons de l’écriture. Plus que le récit des souvenirs de l’auteur, Vies minuscules est aussi une réflexion sur la littérature. Pierre Michon s’est résolu à écrire assez tôt, mais cette décision n’était pas suffisante pour faire œuvre. Il attendit de longues années que l’Inspiration lui tombe dessus comme par magie. Mais ses muses aimant la paresse, il plongea lentement dans le désespoir et la douleur.


Il ne faut pas en dire plus sur le fond de l’histoire pour ne pas atténuer le plaisir de la découverte. Mais il y a beaucoup à dire sur l’écriture.


Je reste dubitatif sur le style très recherché de l’auteur (certaines phrases peuvent remplir une page entière !), car bien qu’il m’enrichisse d’un vocabulaire jusqu’alors inconnu (j’ai lu ce livre avec un dictionnaire toujours à proximité), les images qu’il propose ne peuvent se dévoiler que si l’on dispose d’une sûre érudition. Puisque l’autobiographie est, entre autres, un souvenir des multiples œuvres artistiques lues, perçues et analysées au cours de l’existence, Pierre Michon nourri donc son récit de références littéraires et picturales (Faulkner, Rimbaud, Flaubert, Van Gogh, Le Greco, Renoir) ; mais ces références demandent aussi de la part du lecteur un niveau de connaissance suffisant pour que l’œuvre citée devienne image mentale.


Ce bémol n’enlève pas le plaisir d’une lecture voyageuse. Si la vie de Pierre Michon se déroule principalement dans le Limousin (un atlas a donc accompagné le dictionnaire), on part aussi dans le sud des Etats-Unis, les Indes coloniales et le Brabant.


Enfin et surtout, l’une des réussites de ce roman réside dans sa progression, pas forcément chronologique. La vie de Pierre Michon apparaît au fur et à mesure des récits de ses rencontres (ces multiples vies minuscules). Le parcours et le portrait de l’auteur se dessinent alors de manière indirecte, en filigrane, révélant la présence perpétuelle et obsédante des disparus, laissant derrière leur mort tout ce qu’il y a d’inachevé.


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Les onze

Certains livres une fois refermés vous hantent tant leur lecture vous a bouleversés ou happés dans son univers si complet que l'on voit arriver la dernière page à regret, les larmes aux yeux; d'autres seront vite oubliés tant ils étaient mauvais aussi bien dans le fond que la forme; d'autres encore vous laisseront le sourire au coin des lèvres quelques temps par les moments de bonheur qu'il ont su susciter en vous; etc...



"Les Onze" de Michon n'appartient à aucune de ces catégories que j'ai grossièrement énumérées sans nuance.

Ce préambule d'une grande banalité m'est nécessaire car Michon trace une voie qui me semble inédite dans la littérature française.

Tout d'abord, de par sa façon de narrer les évènements sans jamais les aborder de front.

Son approche circulaire, "je tourne autour du sujet en cercles concentriques, je l'effleure sans le forcer" m'a frustré en premier abord. Puis, à mesure que les chapitres défilaient, je me rendais compte du cadeau que Michon faisait à ses lecteurs et à la Littérature: il expliquait son sujet sans en fermer l'interprétation.

Il n'y a plus l'obturation que peut provoquer un livre-monde avec toute la re-création du monde par l'auteur mettant entre les lignes "j'aimerais que le monde fut ainsi", il y a juste une sorte de carte permettant de dénouer la réalité par des indices et non la nier en la réinventant.

Même si en définitive, ce roman est mensonge, il n'impose jamais rien au lecteur.

Il ne veut pas donner son interprétation de la Terreur ou de l'Art.

Michon montre sans démontrer, sa grandeur est là.
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Le roi vient quand il veut

Ces entretiens de Pierre Michon sont passionnants et beaux. Ils permettent de découvrir la genèse de son oeuvre, les livres et les auteurs qui ont été et sont encore pour lui essentiels dont il nous parle avec ferveur ; et la difficulté et la souffrance au coeur de la création. "Le roi vient quand il veut" c'est le souffle créateur qui se déclenche au moment où on ne l'attend plus, l'angoisse qu'il ne vienne plus, que la source soit tarie.

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Les onze

plongée dans "les onze" de Pierre Michon, ce que j'avais lu sur ce livre, et qui me faisait craindre une déception, effacé par les mots, leur saveur, le rythme des phrases, leur précision et leur mouvement, leur emportement allègre, la façon dont elles s'imposaient à moi - et tout serait à citer (me restent trente pages ou à peu près pour cette nuit), alors cela, au début avec Corentin en aide de Tiepolo, portraituré en page sur un plafond

"Vous imaginez cela, Monsieur ? Le prince-évèque en bas sur sa canne folâtrant, argumentant, rimant, colérant, doutant, jetant un coup d'oeil à son image peinte se rassurant, le petit Français qui sera lui-même un jour de la carrure de Frédéric Barberousse, qui ne l'est pas encore, qui pour l'instant fait des niches au prince, tous les petits assistants avec leurs pots de rose, de bleu, leurs grimpettes aux échelles, parmi eux Domenico Tiepolo qui a vingt ans, qui apprend la magie..."

parce que j'aime en recopiant retrouver mon goût pour les Tiepolo, et au delà des grands plafonds glorieux et blonds, des toiles, cet oiseau qui s'échappe d'un plafond d'une petite salle de je ne sais plus quel palais vénitien, et que le fils a posé juste contre le haut du mur, au delà des moulures.

Alors il y a la blondeur de la mère, les limousins dans la boue, les onze, ces limousins poètes manqués et hommes redoutables (le Comité de Salut Public) etc..
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Les onze

Suivez le guide.

Dans Les Onze, Pierre Michon nous dévoile ses talents d'historien d'art et de guide. En effet, le narrateur nous fait découvrir (ou redécouvrir ?) un tableau du musée du Louvre en nous en donnant une description précise et détaillée (dimension, composition, personnages, …) mais aussi en nous racontant les circonstances exactes et même les anecdotes de sa commande au trop méconnu François-Élie Corentin. On y découvre que l'art y joue un rôle secondaire et que l'enjeu de cette peinture dépasse largement le talent indiscutable du « Tiepolo de la Terreur ». Michelet y verra d'ailleurs « l'Histoire en marche » dans cette « cène révolutionnaire ».

Mais alors, Pierre Michon n'est-il qu'un historien d'un épisode négligeable de la Terreur ? Bien sûr que non ! Il est pleinement un romancier malicieux et en pleine possession de ses maléfices faisant travailler l'imaginaire de ses lecteurs. Il maîtrise son roman du début à la fin dans une langue somptueuse et ciselée. Il réalise même un véritable numéro d'équilibriste en restant sur la crête instable qui sépare une réalité vraisemblable d'une fiction effrénée. Le pari du livre repose en grande partie sur ce double aspect : une réalité réinventée fusionnée avec une fiction omniprésente. L'auteur en profite pour nous dire, presque en contrebande, que l'art n'est jamais gratuit, qu'il est le centre d'enjeux de basse politique, ce qui remet souvent en cause la sincérité (voire l'innocence ?) de l'artiste. Mais évidemment tout cela se passait il y a bien longtemps, à l'époque de la Terreur et il serait bien vain de vouloir généraliser …

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Rimbaud le fils

Pierre Michon a relu une saison en Enfer d’Arthur Rimbaud. Alors il se décide d’en écrire sa critique Babelio. Elle est trop longue, elle déborde, et va au-delà du nombre de mots autorisés. Il se laisse emporter, il est transporté, il nous parle de Rimbaud de son Rimbaud, comme un Proust pourrait nous en parler, comme une Régine Deforges pourrait nous l’offrir. Il nous donne sa propre littérature, une littérature de peintre, de photographe, de poète. Oh, le gros mot est lâché, de Poète.



Le rôle de la poésie est d’entrouvrir une porte, une porte immatérielle, et, qui, suivant son inclinaison donne sur l’enfer du néant ou la création permanente du jardin d’Eden.

Nous avons le choix, nous sommes libres, libre à chaque instant comme un Arthur Rimbaud , comme un Pierre Michon, libre de choisir sur quel vision ouvre cette porte personnelle.

Rimbaud est le dernier des pères de la poésie, père qui n’a pas de fils, Père sans Fils. Père parce qu’abstrait, (suivant son étymologie latine « séparé de »), une mère c’est trop concret pour Arthur Rimbaud, trop charnel, trop présent, trop aimant de manière concrète et possessive.



Pierre Michon nous offre la genèse d’un père qui n’aura pas de fils, il ne peut s’offrir que lui-même et disparaitre, nous laissant à notre tour libre. Libre de suivre Proust, Deforges, Michon ou de retourner explorer Céline.



C’était ma première entrée en lecture de Pierre Michon.

Et je dis, oui, je vous suis.
Lien : https://tsuvadra.blog/2020/0..
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Vies Minuscules



"Vies minuscules" est un récit sous la forme d'un recueil de 8 courtes nouvelles qui en font un roman autobiographique.

Pierre Michon y évoque ses souvenirs d'enfance et de jeunesse.



Autant j'avais pris beaucoup de plaisir à la lecture de "Les Onzes", autant je me suis rapidement lassé de "Vies minuscules" .

Certes, une fois encore, l'extrême érudition est au rendez-vous mais gâchée par un trop-plein de pédanterie grammaticale.

Un succession de phrases toutes plus splendides les unes que les autres mais qui rendent la lecture rébarbative.

Michon magnifie la langue mais oublie le principal : son lecteur...



Je veux bien rejoindre les oficionados mais j'y ai perdu le plaisir de lire.
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Le roi vient quand il veut

Il faudrait tout citer : à lire, à relire, à garder tout près au cas où ...
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Les deux Beune

Les deux Beune rassemble deux courts romans, La grande Beune paru en 1996 et La petite Beune paru cette année 2023. La petite fait suite à la grande et le tout fait 151 pages



Livre un.

Je dirai volontiers que l’histoire n’a aucune importance. Bien sûr, je suppose que Pierre Michon n’est pas en terre inconnue, et que ses personnages sont peut être inspirés de ces voisins de paliers.

La grande Beune vaut surtout, mon point de vue , par le style et les émotions qui par les jeux de mots et de phrases feront vibrer en vous je ne sais quoi de résonnant et de raisonnant.



Le narrateur instituteur prend donc son premier poste dans un village du Périgord. Rapidement il est ébloui par la buraliste 30-40 ans et tel un ado d’antan, ceux d’aujourd’hui sont gavés d’internet plus ou moins porno, cet ado d’antan a donc du mal à contrôler ses pulsions du bas ventre dès que des effluves d’Yvonne à ses narines frétillent sous carpe.



P 11. Début du livre en fait. C’est à Castelnau que je fus nommé, en 1961 : les diables sont nommés aussi je suppose, dans les Cercles du bas ; et de galipettes en galipettes ils progressent vers le trou de l’entonnoir comme nous glissons vers la retraite.

Aïe. Pas compris. Sont ce les cercles de Dante et à 20 ans glisser déjà vers la retraite. Qu’y a t il derrière cette phrase, et derrière bien d’autres dont je fais l’impasse à la compréhension.

En parallèle, les grottes préhistoriques, les peintures rupestres, les pêches truite carpe et autres brochets pas vu pas pris, et des locaux que je vous laisse découvrir.



P 41. elle avait sur la droite ainsi découverte, épargnant le grain de beauté mais le poignant au plus plein, largement bourgeonnant au cou, fleurissant plus bas sous le carrick et effleurant la joue d’un pétale abjecte, la marque épaisse, boursouflée de sang noir et plus meurtrie qu’un cerne, plus mâchée que ses lèvres, que laissent avec éclat les fouets.

Lisant vite, je ne comprends rien. Relecture lente, pas clair. Re re lecture, peut être une griffure près de son grain de beauté.

Et le narrateur qui tombe en pamoison. Pauvre ado.



Livre deux.

Sur mes gardes, je prends le temps de lire. 35 ans ont passé. Disons le vite, c’est plus limpide, attention néanmoins certaines phrases sont longues et digressantes, le fil du rasoir est vite perdu si vous avez sauté un poil trop loin.

De plus Pierre Michon se concentre aux dépens des truites et des grottes, un peu trop sur la relation narrateur-Yvonne.



P142. Je me souvins d’un autre temps, quand moi même à tâtons m’appliquais à cliquer les pinces des subordonnées sur la chair de la phrase, à enfiler des désinences sur l’hameçon du verbe ; à tailler les silex du sens.

Ouf malgré l’âge, 87 ans, l’auteur n’a rien perdu de son style qui enchante mes oreilles et auquel je n’y comprends goutte du moins en première lecture.



Obsédé, obsession, des reprises du livre un sous le jour du livre deux laisse à croire qu’Yvonne était de braise également et qu’en ces temps incendiaires faire attention est la moindre des choses.



Les deux Beune.

Un état d’esprit qui a évolué avec le temps. Un vieux Monsieur-narrateur qui peut être souhaite conclure pour une dernière fois. Un style ardu tout aussi qu’ardent. Les temps ont aussi changé et les femmes potiches, c’est terminé. Quant à l’avenir des impétrants, il n’y en a pas. Et fallait il consommer.



La phrase de la fin ainsi que j’aime à les citer. C’était du lait.

Chaud, froid, de vache de brebis d’amendes ou de coco, nature ou chocolat, nuage pour ma noisette bref à vous de goûter.
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Les deux Beune

Le long de la grande Beune, le jeune Pierre arpentait les chemins et les sentes dans l'espoir d'y croiser Yvonne. Du côté de la petite Beune, il l'a cherche toujours, mais l'attente est tout autre.

Ce récit très faulknérien ou le comté de Yoknapatawpha prendrait la forme périgourdine de la vallée de l'homme est un chant du désir et de la passion. Les pulsions de Pierre n'existent que pour Yvonne, elle n'est pas un simple "objet" comme j'ai pu le lire dans d'autres critiques, elle est une reine, une femme libre vivant seule avec son enfant dans un bled perdu. Cela ne courait pas les rues dans les années 1960.
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