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Citations de Pierre de Marivaux (578)


CLÉANTHIS :
Ah ! vraiment, nous y voilà, avec vos beaux exemples. Voilà de nos gens qui nous méprisent dans le monde, qui font les fiers, qui nous maltraitent, qui nous regardent comme des vers de terre, et puis, qui sont trop heureux dans l'occasion de nous trouver cent fois plus honnêtes gens qu'eux. Fi ! que cela est vilain, de n'avoir eu pour tout mérite que de l'or, de l'argent et des dignités ! C'était bien la peine de faire tant les glorieux ! Où en seriez-vous aujourd'hui, si nous n'avions pas d'autre mérite que cela pour vous ? Voyons, ne seriez-vous pas bien attrapés ? Il s'agit de vous pardonner, et pour avoir cette bonté-là, que faut-il être, s'il vous plaît ? Riche ? non ; noble ? non ; grand seigneur ? point du tout. Vous étiez tout cela ; en valiez-vous mieux ? Et que faut-il donc ? Ah ! nous y voici. Il faut avoir le cœur bon, de la vertu et de la raison ; voilà ce qu'il faut, voilà ce qui est estimable, ce qui distingue, ce qui fait qu'un homme est plus qu'un autres. Entendez-vous, Messieurs les honnêtes gens du monde ? Voilà avec quoi l'on donne les beaux exemples que vous demandez, et qui vous passent : et à qui les demandez-vous ? À de pauvres gens que vous avez toujours offensés, maltraités, accablés, tout riches que vous êtes, et qui ont aujourd'hui pitié de vous, tout pauvres qu'ils sont. Estimez-vous à cette heure, faites les superbes, vous aurez bonne grâce ! Allez, vous devriez rougir de honte.
ARLEQUIN :
Allons, ma mie, soyons bonnes gens sans le reprocher, faisons du bien sans dire d'injures. Ils sont contrits d'avoir été méchants, cela fait qu'ils nous valent bien ; car quand on se repent, on est bon.
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IPHICRATE :
Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-être la vie : Arlequin, cela ne suffit-il pas pour me plaindre ?
ARLEQUIN (prenant sa bouteille pour boire) :
Ah ! je vous plains de tout mon cœur, cela est juste.
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Pierre de Marivaux
On ne met rien dans son cœur ; on y prend ce qu'on y trouve.
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LÉPINE : Bon ! c'est autant de marié, il n'y a qu'à aller franchement, c'est la manière.
LISETTE : Pas tout à fait. Faut cheminer doucement : il y a à prendre garde.
DORANTE : Explique-toi.
LISETTE : Écoutez, Monsieur, je commence par le meilleur. C'est que c'est une fille comme il n'y en a point, d'abord. C'est folie que d'en chercher une autre ; il n'y a de ça que cheux nous ; ça se voit ici, et velà tout. C'est la pus belle himeur, le cœur le pus charmant, le pus benin !… Fâchez-la, ça vous pardonne ; aimez-la, ça vous chérit : il n'y a point de bonté qu'alle ne possède ; c'est une marveille, une admiration du monde, une raison, une libéralité, une douceur !… Tout le pays en rassote.
LÉPINE : Et moi aussi, ta merveille m'attendrit.
DORANTE : Tu ne me surprends point, Lisette ; j'avais cette opinion-là d'elle.
LISETTE : Ah çà ! vous l'aimez, dites-vous ? Je vous avise qu'alle s'en doute.
DORANTE : Tout de bon ?
LISETTE : Oui, Monsieur, alle en a pris la doutance dans vote œil, dans vos révérences, dans le respect de vos paroles.
DORANTE : Elle t'en a donc dit quelque chose ?
LISETTE : Oui, Monsieur ; j'en discourons parfois : " Lisette, ce me fait-elle, je crois que ce garçon de Paris m'en veut ; sa civilité me le montre. — C'est vote biauté qui l'y oblige, ce li fais-je. — Alle repart : ce n'est pas qu'il m'en sonne mot, car il n'oserait ; ma qualité l'empêche. — Ça vienra, ce li dis-je. — Oh ! que nenni, ce me dit-elle ; il m'appriande trop ; je serais pourtant bian aise d'être çartaine, à celle fin de n'en plus douter. — Mais il vous fâchera s'il s'enhardit, ce li dis-je. — Vraiment oui, ce dit-elle ; mais faut savoir à qui je parle ; j'aime encore mieux être fâchée que douteuse. "

Scène II.
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LE CHEVALIER : Eh ! donc, ma Comtessé, qué devient l’amour ? À quoi pensé lé cœur ? Est-ce ainsi qué vous m’avertissez dé venir ? Quel est lé motif dé l’absence qué vous m’avez ordonnée ? Vous né mé mandez pas, vous mé laissez en langueur ; jé mé mande moi-même.
LA COMTESSE : J’allais vous envoyer chercher, Monsieur.
LE CHEVALIER : Lé messager m’a paru tardif. Qué déterminez-vous ? Nos gens vont sé marier, le contrat sé passe actuellement. N’userons-nous pas de la commodité du notaire ? Ils mé délèguent pour vous y inviter. Ratifiez mon impatience ; songez qué l’amour gémit d’attendre, qué les besoins du cœur sont pressés, qué les instants sont précieux, qué vous m’en dérobez d’irréparables, et qué jé meurs. Expédions.
LA COMTESSE : Non, Monsieur le Chevalier, ce n’est pas mon dessein.
LE CHEVALIER : Nous n’épouserons pas ?
LA COMTESSE : Non.
LE CHEVALIER : Qu’est-ce à dire " non " ?
LA COMTESSE : Non signifie non.

Acte III, Scène VIII.
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Un rien qu'on voit vaut mieux que quelque chose qu'on ne voit pas. Qu'en dites-vous ?
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Le titre que je donne à mes Mémoires annonce ma naissance; je ne l'ai jamais dissimulée à qui me l'a demandée, et il semble qu'en tout temps Dieu ait récompensé ma franchise là-dessus; car je n'ai pas remarqué qu'en aucune occasion on en ait eu moins d'égard et moins d'estime pour moi.
J'ai pourtant vu nombre de sots qui n'avaient et ne connaissaient point d'autre mérite dans le monde, que celui d'être nés nobles, ou dans un rang distingué. Je les entendais mépriser beaucoup de gens qui valaient mieux qu'eux, et cela seulement parce qu'ils n'étaient pas gentilshommes; mais c'est que ces gens qu'ils méprisaient, respectables d'ailleurs par mille bonnes qualités, avaient la faiblesse de rougir eux-mêmes de leur naissance, de la cacher, et de tâcher de s'en donner une qui embrouillât la véritable, et qui les mît à couvert du dédain du monde.
Or, cet artifice-là ne réussit presque jamais; on a beau déguiser la vérité là-dessus, elle se venge tôt ou tard des mensonges dont on a voulu la couvrir; et l'on est toujours trahi par une infinité d'événements qu'on ne saurait ni parer, ni prévoir; jamais je ne vis, en pareille matière, de vanité qui fît une bonne fin.
C'est une erreur, au reste, que de penser qu'une obscure naissance vous avilisse, quand c'est vous-même qui l'avouez, et que c'est de vous qu'on la sait. La malignité des hommes vous laisse là; vous la frustrez de ses droits; elle ne voudrait que vous humilier, et vous faites sa charge; vous vous humiliez vous-même, elle ne sait plus que dire.
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Madame, le désespoir est connaissable. Si c'étaient de ces petits mouvements minces et fluets, qui se dérobent, on peut s'y tromper ; mais le désespoir est un objet, c'est un mouvement qui tient de la place. Les désespérés s'agitent, se trémoussent, ils font du bruit, ils gesticulent
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LUCIDOR : Pendant ma maladie, j'ai songé à marier Angélique à quelqu'un de fort riche, qui va se présenter, qui ne veut précisément épouser qu'une fille de campagne, de famille honnête, et qui ne se soucie pas qu'elle ait du bien.
MAÎTRE BLAISE : Morgué ! vous me faites là un vilain tour avec voute avisement, Monsieur Lucidor ; velà qui m'est bian rude, bian chagrinant et bian traître. Jarnigué, soyons bons, je l'approuve, mais ne foulons parsonne, je sis voute prochain autant qu'un autre, et ne faut pas peser sur ceti-ci, pour alléger ceti-là. Moi qui avais tant de peur que vous ne mouriez, c'était bian la peine de venir vingt fois demander : « Comment va-t-il, comment ne va-t-il pas ? » Velà-t-il pas une santé qui m'est bian chanceuse, après vous avoir mené moi-même ceti-là qui vous a tiré deux fois du sang, et qui est mon cousin, afin que vous le sachiez, mon propre cousin garmain ; ma mère était sa tante, et jarni ce n'est pas bian fait à vous.

Scène II.
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LA MARQUISE : Nous savons que nous ne sommes belles ni l'une ni l'autre.
ARAMINTE : Je croirais assez la moitié de ce que vous dites.

LES SINCÈRES, Scène XVII.
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Trivelin : [...] Le cœur de l’homme est un grand fripon.
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TRIVELIN, s'arrêtant comme affligé - Flaminia ne saurait se passer de vous? Ah! la plume m'en tombe des mains.
ARLEQUIN - Oh! oh! que signifie donc cette impertinente pâmoison-là?
TRIVELIN - Il y a deux ans, seigneur Arlequin, il y a deux ans que je soupire en secret pour elle.
ARLEQUIN, tirant sa batte - Cela est fâcheux, mon mignon; mais en attendant qu'elle en soit informée, je vais toujours vous en faire quelques remerciements pour elle.
TRIVELIN - Des remerciements à coups de bâton! je ne suis pas friand de ces compliments-là. Eh! que vous importe que je l'aime? Vous n'avez que de l'amitié pour elle, et l'amitié ne rend point jaloux.
ARLEQUIN - Vous vous trompez, mon amitié fait tout comme l'amour, en voilà des preuves.

Il le bat.

TRIVELIN s'enfuit en disant - Oh! diable soit de l'amitié!

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Pierre de Marivaux
Rien ne rend si aimable que de se croire aimé.
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SILVIA : [...] Je vais vous parler à coeur ouvert. Vous m'aimez ; mais votre amour n'est pas une chose bien sérieuse pour vous. Que de ressources n'avez-vous pas pour vous en défaire ! La distance qu'il y a de vous à moi, mille objets que vous allez trouver sur votre chemin, l'envie qu'on aura de vous rendre sensible, les amusements d'un homme de votre condition, tout va vous ôter cet amour dont vous m'entretenez impitoyablement. Vous en rirez peut-être au sortir d'ici, et vous aurez raison. Mais moi, Monsieur, si je m'en ressouviens, comme j'en ai peur, s'il m'a frappée, quel secours aurai-je contre l'impression qu'il m'aura faite? Qui est-ce qui me dédommagera de votre perte? Qui voulez-vous que mon coeur mette à votre place? Savez-vous bien que, si je vous aimais, tout ce qu'il y a de plus grand dans le monde ne me toucherait plus? Jugez donc de l'état où je resterais. Ayez la générosité de me cacher votre amour. Moi qui vous parle, je me ferais un scrupule de vous dire que je vous aime, dans les dispositions où vous êtes. L'aveu de mes sentiments pourrait exposer votre raison, et vous voyez bien aussi que je vous les cache.

DORANTE : Ah ! ma chère Lisette, que viens-je d'entendre? Tes paroles ont un feu qui me pénètre. Je t'adore, je te respecte. Il n'est ni rang, ni naissance, ni fortune qui ne disparaisse devant une âme comme la tienne. J'aurais honte que mon orgueil tînt encore contre toi, et mon coeur et ma main t'appartiennent.
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ÉGLÉ : Je ne suis donc pas ma maîtresse, il ne se fie pas à moi, il a donc peur qu’on ne m’aime ?
CARISE : Non, mais il craint que son camarade ne vous plût.
ÉGLÉ : Eh bien, il n’a qu’à me plaire d’avantage, car à l’égard d’être aimée, je suis bien aise de l’être, je le déclare, et au lieu d’un camarade, en eût-il cent, je voudrais qu’ils m’aimassent tous, c’est mon plaisir ; il veut que ma beauté soit pour lui tout seul, et moi je prétends qu’elle soit pour tout le monde.

Scène XV.
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LA MARQUISE : Il n'a précisément qu'un objet dans la pensée, c'est de se montrer ; quand il rit, quand il s'étonne, quand il vous approuve, c'est qu'il se montre. Se tait-il ? Change-t-il de contenance ? Se tient-il sérieux ? ce n'est rien de tout cela qu'il veut faire, c'est qu'il se montre ; c'est qu'il vous dit : regardez-moi. Remarquez mes gestes et mes attitudes ; voyez mes grâces dans tout ce que je fais, dans tout ce que je dis ; voyez mon air fin, mon air leste, mon air cavalier, mon air dissipé ; en voulez-vous du vif, du fripon, de l'agréablement étourdi ? en voilà. Il dirait volontiers à tous les amants : n'est-il pas vrai que ma figure vous chicane ? à leurs maîtresses : où en serait votre fidélité, si je voulais ? à l'indifférente : vous n'y tenez point, je vous réveille, n'est-ce pas ? à la prude : vous me lorgnez en dessous ? à la vertueuse : vous résistez à la tentation de me regarder ? à la jeune fille : avouez que votre cœur est ému ! Il n'y a pas jusqu'à la personne âgée qui, à ce qu'il croit, dit en elle-même en le voyant : quel dommage que je ne suis plus jeune !

LES SINCÈRES, Scène IV.
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ÉRASTE : Voulez-vous qu'une comédie décide de mon sort, et que ma vie dépende de deux ou trois dialogues ?

Scène X.
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Pierre de Marivaux
On ne s’aperçoit presque pas qu’un homme ne dit mot, quand il écoute attentivement, du moins s’imagine-t-on toujours qu’il va parler : et bien écouter c’est presque répondre.
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MADAME SORBIN : Gouvernez, gouvernons ; obéissez, obéissons ; partageons le profit et la perte ; soyons maîtres et valets en commun ; faites ceci, ma femme ; faites ceci, mon homme ; voilà comme il faut dire, voilà le moule où il faut jeter les lois, nous le voulons, nous le prétendons, nous y sommes butées ; ne le voulez-vous pas ? Je vous annonce, et vous signifie en ce cas, que votre femme, qui vous aime, que vous devez aimer, qui est votre compagne, votre bonne amie et non pas votre petite servante, à moins que vous ne soyez son petit serviteur, je vous signifie que vous ne l'avez plus, qu'elle vous quitte, qu'elle rompt ménage et vous remet la clef du logis.

Scène 14.
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Pierre de Marivaux
Dans ce monde, il faut être un peu trop bon pour l'être assez.
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