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Critiques de Primo Levi (767)
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Si c'est un homme

Il n'est pas nécessaire de dévorer des montagnes de livres pour comprendre l'atrocité, l'inhumanité, la cruauté viscérale d'une guerre. Un seul. Nul besoin d'entasser des définitions et d'émettre des cris pour comprendre ce qu'est un génocide organisé. Un seul. Inutile de collecter des milliers de témoignages pour se faire une idée du traumatisme vécu par ceux qui ont échappé in extremis au carnage des camps de la mort. Un seul. Pas la peine de faire de multiples schémas détaillés pour expliquer le processus de déshumanisation savamment médité pour anéantir toute trace de culture et faire de vous des bêtes aux abois. Un seul, oui, un seul ! Un seul livre... si c'est un livre ; un seul cri... si c'est un cri ; un seul témoignage... si c'est témoignage ; un seul document... si c'est un documentaire. Un seul et vous serez vacciné à jamais.

Ce livre est d'une puissance évocatrice et didactique incalculable, une véritable bombe qui nous explose au visage. Un vibrant plaidoyer, à ma connaissance inégalé et probablement inégalable, qui devrait figurer, plus encore que les lieux mêmes d'Auschwitz, sur la liste du patrimoine mondial à préserver coûte que coûte. Avec ce livre on prend conscience plus qu'avec tout autre de la fonction de "mémoire" d'un écrit. Pour nos enfants, pour nos petits-enfants et pour les petits-enfants de leurs arrière-petits-enfants et bien davantage encore, pour ne jamais oublier, pour ne jamais recommencer. Jamais - JAMAIS !
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Si c'est un homme

Si c'est un homme de Primo Levi

Lorsque j'ai fermé la dernière page de Si c'est un homme, j'avais juste envie de me taire... que dire après cette lecture ?

Et puis je me suis dit que c'était peut-être un peu facile, le silence, que si ces quelques lignes pouvaient donner l'envie, ne serait-ce qu'à une personne, de lire ce livre, je me devais de scribouiller quelque chose...

J'ai déjà vu, lu, écouté beaucoup de récits sur cette terrible époque, mais Primo Lévi en relatant ce qu'il a vécu le plus objectivement possible, sans haine, sans rancoeur, sans colère, sans oubli non plus, donne une autre dimension, un autre éclairage...

Je vous recommande vivement ce témoignage.

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Si c'est un homme

Un texte qui avec Chroniques du ghetto de Varsovie de Ringelblum est un autre un monument dédié à la mémoire des victimes de la Shoah .

Beaucoup de commentaires pertinents sur ce texte méticuleux , sur cette chronique détaillée de la barbarie en action .

Un ouvrage autobiographique qui est de fait , aussi le mausolée de million d'âmes parties en fumée , dont la mémoire est connue des survivants .

En fait je voulais simplement ajouter , à tous ces excellents commentaires , que Primo Levi n'est malheureusement pas mort de vieillesse .

Il s'est en effet suicidé , de nombreuses années plus tard , des années après ces funestes évènements

Ce petit laïus pour dire que si le témoignage est nécessaire et indispensable ( pour la société et pour les victimes ) , il ne saurait pourtant se substituer au soin thérapeutique . Il semble clairement que pour le survivant de torture et de violence politique , le témoignage n'est pas un soin et ce peut même être souvent , un baume corrosif pour l'âme .

Parler et écrire , n'a malheureusement pas suffit à soulager cet homme qui bien que décédé est désormais un emblème éthique ainsi que le témoin définitif et figé de la barbarie et du portrait de la quintessence de la violence politique.

Il aura manqué de soin thérapeutique , ce que n'est pas le témoignage , et il est donc bien décédé de la main de ces persécuteurs de ce fait , de longues années après , de par son suicide .

Je ne sais si les noms de bourreaux sont connus , mais ceux des victimes le sont et ils sont récités chaque année , à la lecture des noms et à voix haute , une fois par an .

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Si c'est un homme

Ce récit devrait être lu, au moins une fois dans sa vie, pour ne jamais oublier ce que fut la barbarie nazie et l'abject négation du Judaisme. Primo Levi livre un témoignage essentiel, ou chaque page vous étreint avec une puissance dévastatrice, il mettra fin à ces jours bien des années plus tard rattrapés par les fantômes de l'épouvante. Dans nos périodes ou le nationalisme revient dans les consciences, le livre de Levi s'impose comme une piqure de rappel.
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Si c'est un homme

Que dire ? Il est des livres qui ne se commentent pas , qui inspirent le respect , qui ne se lisent pas , qui se vivent , des livres dont les émotions dépassent les mots , qui vous remuent au plus profond de votre être. On ferme ce livre , on est sans voix , bouleversé, incapable de réagir, placé face à un mur . Sonné. Atteint . Meurtri .Blessé. Incapable . Incrédule.

Il faut prendre son temps , car le temps de la réflexion va venir , obligatoirement.C'est un livre dont on ne peut débattre qu'avec soi - même. Un livre dont on ne veut pas parler mais qui s'incruste en vous , vous envahit , s'empare de vous et ne vous lâche plus . Lire "si c'est un homme ",c'est s'ouvrir , être possédé à vie et ...c'est rassurant . Plus jamais ça . Une lecture obligatoire , une lecture fondamentale,une lecture dure mais pleine d'espoir.

Je ne mets aucune étoile. Pour ce livre , il y en a des milliers dans le ciel , il suffit de lever la tête et de ne pas , surtout pas , fermer les yeux.
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Si c'est un homme

Personne ne peut oublier les photos en noir et blanc de prisonniers en tenues rayées derrière les barbelés entourant les camps nazis, comme sur la couverture du livre « Si c'est un homme ».



Primo Levi donne chair à tous ces êtres décharnés et raconte avec une incroyable lucidité et beaucoup de précision sa déportation à Auschwitz. Son analyse de la nature humaine dans l'état de malheur absolu poursuit le lecteur bien après avoir refermé son livre.



Primo Levi permet au lecteur de pénétrer au coeur de la vie du camp et de découvrir les effroyables conditions de vie des prisonniers. Tout relevait de l'exploit et c'est chacun pour soi, sinon c'est la mort un peu plus vite.



Seuls les plus forts mentalement et physiquement peuvent s'en sortir. Il faut tenir la nuit pour ne pas aller uriner car le sceau est bientôt plein et il faudra se charger d'aller le vider dehors dans la nuit glacée. Il ne faut pas se mettre en début de queue pour la soupe, elle n'est pas remuée et le meilleur est au fond. Et tenir jusqu'au printemps… il fera moins froid.



L'un de mes oncles dont j'étais très proche a passé deux ans dans le camp de Dora. de cette période, il m'a souvent raconté des moments insoutenables de cruauté en me disant qu'il y avait des choses qui n'étaient pas transmissibles et ne pouvaient être comprises que par ses « camarades déportés ».



Je crois que Primo Levi a montré que l'on pouvait tout raconter pour que personne ne puisse prétendre ne pas savoir. Primo Levi a su mettre des mots, sans haine. Et les récits de mon oncle prennent pour moi un autre relief aujourd'hui….

« Si c'est un homme » est le Livre dont chacun doit s'emparer pour savoir, dire et surtout ne pas oublier et ne plus jamais laisser faire une telle chose.



Mon oncle est revenu par chance sans doute mais aussi parce qu'il avait une bonne condition physique et un bon mental.

Il m'aura fallu du temps pour me lancer dans la lecture de ce livre, le temps du deuil certainement.

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Si c'est un homme

Non monsieur LEVI, je ne voulais pas écrire de critique sur votre livre. Qu’aurais-je pu ajouter à toutes celles déjà rédigées ? Mais voilà, je crois qu’il va m’être nécessaire de le faire, pour pouvoir prendre congé de vous. Voilà une bonne semaine que j’ai fini de vous lire, et après avoir reçu le choc de votre récit, je me suis dit qu’il me faudrait bien quelques jours pour passer à autre chose. Les jours ont défilé, j’ai même commencé un autre livre, mais rien n’y fait. Je suis toujours avec vous. Dès le petit déjeuner, je pense à la maigre ration de pain gris qu’on vous donnait pour un jour entier ; quand je m’habille, je pense à vos costumes rayés de bandes noires et blanches, si rêches et crasseuses que j’en sens ici l’odeur ; je vous vois, vous et vos codétenus, sortir de vos baraques où vous avez dormi à deux par lit de 90 cm, en quinconce, les pieds de l’un sous le nez de l’autre ; vous sortez en plein hiver, sous une pluie glaciale qui vous transperce jusqu’aux os ; je vous voie les pieds enfoncés dans la boue jusqu’aux mollets, à soulever des pelletées de terre molle, ou transportant des travées de chemin de fer sur vos maigres épaules, j’en passe et des bien pires…Tout est si présent à mon esprit, comment avez-vous fait pour que je me retrouve si imprégnée de tous ces terribles malheurs, de toutes ces ignobles injustices ? Et eux, comment ont-ils fait pour traiter des êtres humains de la sorte ? Comment ont-ils fait pour se rendre capables d’une telle atrocité ? Non pas les coups et les mauvais traitements, les insultes ou les privations, mais la négation de l’appartenance à l’espèce humaine, car c’est bien là le pire. Comment ont-ils pu considérer et traiter des millions d’êtres humains comme une ressource d’or (dans les dents), et même de…combustible ! Là aussi, j’en passe… La charge de ce témoignage, que vous avez livré au monde dans ce livre, a été si lourde à porter, que vous avez finalement choisi de nous quitter, qui ne le comprendrait ?

Oui monsieur LEVI, il va falloir que je prenne congé, et que je passe à autre chose, mais sachez que jamais je ne vous oublierai, comme je l’espère, tous ceux qui vous ont lu, ou vous liront bientôt.







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Si c'est un homme

Ayant déjà lu de nombreux témoignages sur les camps, je pensais à tort que celui-ci ne serait qu’un de plus. La couverture, qui ne laissait que peu de doutes quant au contenu, ne m’incitait donc pas à l’entamer. C’était cependant une erreur capitale car, à l’instar de « Maus » d’Art Spiegelman qui est l’incontournable chef-d’œuvre sur le sujet au sein du neuvième art, celui-ci est LE roman à lire sur les camps de concentration, celui qui offre un éclairage différent et une autre dimension à cette page la plus sombre de notre Histoire.



Ce livre n’est donc malheureusement pas une fiction, mais un ouvrage autobiographique qui permet à Primo Levi de raconter sa déportation dans le camp de Monowitz (Auschwitz) de décembre 1943 jusqu’à la libération du camp par l'Armée rouge soviétique en janvier 1945.



Primo Levi permet au lecteur de pénétrer au cœur de cet Enfer et parvient à trouver des mots qui n’existent pourtant pas pour décrire les effroyables conditions de vie des prisonniers, surtout le froid, la faim et la fatigue extrêmes. En faisant preuve d’une lucidité déconcertante, il s’installe non seulement en tant que victime, mais surtout en tant que témoin, analysant la nature humaine et détaillant le processus de déshumanisation des prisonniers avec une incroyable minutie. Bouleversant !



LA lecture obligatoire… afin de perpétuer le devoir de mémoire.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Si c'est un homme

Une lecture que j'estime utile et indispensable, et pourtant le sujet est tout sauf joyeux puisqu'il nous parle de la souffrance et de la négation de l'être humain par d'autres êtres humains.

Primo Levi trouve les mots justes pour nous parler de son histoire, le ton employé est pénétrant, il ne cherche pas à nous horrifier ou nous apitoyer, il évoque sa vie au lager de façon chronologique et ce faisant il imprime en nous une compréhension lente et précise de ce qu'est une déshumanisation orchestrée.

La grande efficacité du récit tient pour beaucoup dans sa progression subtile, dans la succession des événements qui sont autant de prises de conscience successives, un cauchemar éveillé dans un enfer sur terre, c'est le récit d'une lutte pour la survie qui ne pourra se faire qu'au détriment des plus faibles et au prix de sa propre humanité.

Le ton employé m'a interrogé, pudique et fataliste, triste aussi mais jamais haineux et rarement révolté. Se dire que tout nouvel arrivant, ignorant les us et coutumes du lager, est une source de profit potentiel qu'il ne faut surtout pas aider ou instruire afin de mieux lui voler le peu qu'il possède, quitte à le condamner, illustre bien la transformation qu'il faut accepter de soi pour survivre, juste survivre...

Cette classification entre détenus politiques, détenus de droit commun ou juifs, entre polonais, grecs ou italiens, entre anciens et nouveaux qui déterminera en grande partie les chances de vivre plus longtemps.

Les mots pour décrire le froid, la faim, la fatigue et le manque de sommeil ainsi que l'affaiblissement inéluctable qui en découle sont d'une force d'évocation incroyable.

Ce qui est le plus effroyable cependant est bien la perte d'humanité, pas d'amis, juste des rivaux dans la lutte pour la survie, pas de solidarité, même entre coreligionnaires c'est chacun pour soi et tant pis pour les plus faibles à qui on ne tendra la main en aucun cas.

Je crois que ce qui m'aura le plus impressionné dans ce témoignage est la lucidité de Primo Levi à évaluer en permanence son propre degré d'humanité, à admettre sa défaite à survivre au prix de la perte d'une partie de celle-ci.
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Si c'est un homme

C’est avec beaucoup d’appréhension que j’ai abordé ce témoignage devenu un classique. Sensible à la question de la Shoah, j’estimais de mon devoir de le lire. Le début est certes difficile, Primo Levi arrive dans un milieu qui lui est étranger, espère encore que son ressenti aura un effet sur les individus qui l’accueillent, que dis-je, qui l’accueillent : non ! qui le réceptionnent comme un colis, le démunissent des quelques biens qu’il possède, le privent de toute pudeur, le parquent, refusent d’écouter sa faim, sa soif, sa douleur morale.





Mais passés ces premiers chapitres insupportables qui confirment et rappellent combien les actions de ces soldats du troisième Reich sont à vomir, Primo Levi se livre à une analyse de la vie du déporté toute en délicatesse, sans verser dans le pathos et susciter le voyeurisme du lecteur. Il se place à la fois en victime et en témoin, fait très peu allusion aux actions concrètes des SS, des kapos, ces personnes susceptibles d’apporter souffrance, peine, mort à quiconque ne respecterait pas les règles et braverait les nombreux interdits.



On dirait qu’il gomme le sinistre décor pour ne laisser apparaître que ce qui, à ses yeux fut essentiel : la course à la survie, les combines pour se nourrir, s’habiller, lutter contre le froid, et garder sa dignité, insistant bien sur ce dernier point en démontrant que ceux qui avaient plus de chances de s’en sortir étaient les prisonniers qui, de par leur tempérament, parvenaient à prendre soin de leur personne, faire preuve de caractère sous peine de déshumanisation totale.





Si l’auteur est parvenu à éviter d’immerger le lecteur dans cet enfer en apportant subtilement des informations implicites, cela ne m’a aucunement empêchée de retenir ma respiration en lisant certains chapitres sur le dispensaire, les sélections, les privations endurées par les prisonniers, il ne s’agit pas la d’un simple roman, les faits rapportés sont vrais, c’est bien difficile à imaginer et à croire !



Ce témoignage est ce que j’ai lu de plus complet sur l’univers concentrationnaire. Puisse cet écrit se transmettre de génération en génération, afin de perpétuer le devoir de mémoire.
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Si c'est un homme

Si c'est un homme, est un livre que tout homme devrait lire. Qu'il est nécessaire que tous et toutes lisent.

Primo Levi a eu la chance (mais est-ce vraiment une chance?) de revenir vivant, en homme vivant.

Il témoigne, il raconte l' indicible... Ce degré zéro de l'humanité que les nazis avaient organisé, planifié.

Il ne s'est pas tu.

Si c'est un homme, est un livre du désespoir. Un livre poignant, puisque l'horreur qu'il raconte se reproduit encore et encore dans un pays ou l'autre.

Si c'est un homme est primordial, car ses mots sont éternels, et ceux-ci se rappelleront à la mémoire de chacun.
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Si c'est un homme

L'humble rescapé de Monowitz, près d'Auschwitz, semble nous dire encore, 27 ans après sa mort, grâce à ce livre: "soyez vigilants, le fascisme n'est pas mort, sous un tout autre visage que dans les années 1930, plus avenant, il pourrait revenir. "



Voilà ce que je me suis dit en refermant ce célèbre ouvrage.



En février 1944, Primo Levi, chimiste et résistant italien, s'est aussi présenté comme juif au moment de son arrestation. Et ce, pour son plus grand malheur. Il sera ainsi dirigé vers la Pologne, dans un camp près d'Auschwitz. Là où les Allemands parachevaient leur idéologie sur les lois raciales.



Cent ans avant ces lois, pourtant, le poète Heine disait : "Ceux qui brûlent les livres finissent tôt ou tard par brûler les hommes".



Primo Levi témoigne que cela fut bien pire que cela. D'ailleurs, devant l'accumulation de détails sur l'organisation de la vie du camp de Monowitz, on aurait envie de crier : "Grâce, c'est bon, j'ai compris". Et pourtant non, ce témoignage sur ce camp de la mort parvient à entretenir un intérêt grandissant.

Le ton sans haine, ni désir de vengeance ajoute beaucoup de force à ce récit. Les faits, rien que les faits, pas d'envolées lyriques même quand les Russes délivrent le camp.

Le récit finit ainsi, de façon abrupte, comme à la fin d'un cauchemar. Mais l'auteur y a rajouté les questions que lui posaient de façon récurrente les lycéens qu'il visitait. Cette démarche montre la qualité de cet homme, sorti de l'enfer, qui rouvrait ses plaies devant un jeune public pour transmettre son expérience et s'interroger avec eux sur l'avenir.



"Primo Levi, souffrant d'être réduit à son statut de rescapé des camps de la mort, s'est suicidé le 11 avril 1987." (Ouest-France, 11 avril 2007)
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Si c'est un homme

J'ai ce livre depuis de nombreuses années sur mes étagères, mais j'en repoussais sans arrêt la lecture.

J'ai déjà lu de nombreux témoignages sur les camps et je pensais bêtement que celui-ci ne serait qu'un de plus. Un parmi d'autres. Et je n'avais pas forcément envie de me replonger dans toutes ces horreurs.

Je pensais bêtement.

Je pensais très bêtement.

Parce que ce livre n'est pas comme les autres, ce n'est pas un simple ouvrage de plus sur ce sujet.

Si c'est un homme est LE livre. Essentiel, incontournable. Le témoignage le plus fort parmi ceux que j'ai lus, le plus intellectuel aussi.

Primo Levi le publia très peu de temps après la fin de la guerre, en 1947. La lucidité dont il fait preuve, avec si peu de recul, force le respect.

Aucune haine ni incitation à la haine dans ce récit. Aucun désir de vengeance ou de revanche. Seulement la volonté de témoigner, de mettre des mots sur l'indicible.

Primo Levi ne cherche pas à susciter l'indignation chez le lecteur, il ne cherche pas à l'apitoyer. Il raconte sobrement ce qu'il a vécu et ce qu'il a vu. C'est tout.

C'est tout, mais c'est beaucoup.

Il raconte sobrement et par cette sobriété parvient à atteindre le coeur et la raison du lecteur bien mieux que ne le ferait un texte grandiloquent, comme dans ce passage qui exprime ce que les prisonniers ont pu ressentir un jour où ils ont réussi à se procurer un petit supplément de soupe :

"Au coucher du soleil, la sirène du Feierabend retentit, annonçant la fin du travail ; et comme nous sommes tous rassasiés − pour quelques heures du moins −, personne ne se dispute, nous nous sentons tous dans d'excellentes dispositions, le Kapo lui-même hésite à nous frapper, et nous sommes alors capables de penser à nos mères et à nos femmes, ce qui d'ordinaire ne nous arrive jamais. Pendant quelques heures, nous pouvons être malheureux à la manière des hommes libres."

Un simple petit supplément de soupe...

Ces quelques lignes m'ont littéralement émue aux larmes, surtout la dernière phrase. Ces simples mots en disent tant sur les souffrances quotidiennes, sur la monstruosité des camps, sur la déshumanisation subie.

Nul besoin de décrire des atrocités pour nous les faire comprendre ; le contraste entre les mots sobres de l'auteur et ce que l'on ressent à la lecture est saisissant.

Interrogé par un lycéen surpris par l'absence de haine dans son livre, Primo Levi répondit par ces mots : "Je crois dans la raison et dans la discussion comme instruments suprêmes de progrès, et le désir de justice l'emporte en moi sur la haine. C'est bien pourquoi, lorsque j'ai écrit ce livre, j'ai délibérément recouru au langage sobre et posé du témoin plutôt qu'au pathétique de la victime ou à la véhémence du vengeur : je pensais que mes paroles seraient d'autant plus crédibles qu'elles apparaîtraient plus objectives et dépassionnées ; c'est dans ces conditions seulement qu'un témoin appelé à déposer en justice remplit sa mission, qui est de préparer le terrain aux juges. Et les juges, c'est vous."

Monsieur Levi, vous avez parfaitement rempli votre mission. Je sors bouleversée de la lecture de votre témoignage, troublée par tant de lucidité, admirative de votre intelligence et profondément émue par votre humanité.

Je crois que cette lecture m'a rendue un peu meilleure, un peu plus humaine, un peu plus capable d'empathie ; elle a laissé en moi une trace indélébile.

Si c'est un homme est un livre essentiel que chacun devrait lire, et s'il ne vous touche pas au plus profond, c'est que vous ne faites pas partie de la race humaine.
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Si c'est un homme

Livre qui doit tenir une place essentielle dans toute bibliotheque qui se respecte.Voici un temoignage hors du commun de l'une des plus innommables bestialite humaine que le monde ait vecu.Ce livre est un temoignage quasi sur le vif des conditions d'existence dans un lager allemand pendant la seconde guerre mondiale.Primo Levi nous raconte la survie,la debrouillardise pour trouver de la nourriture,de l'eau,des vetements,de la chaleur.Il nous fait prendre conscience ce que c'est que de se retrouver prive de liberte,d'identite,de famille,de conditions de vie et de travail decentes.En entrant au lager,les hommes ne sont plus que des numeros et ne comprennent rien a ce que les allemands exigent d'eux.Ce livre est un temoignage boulversant de ce que l'homme est capable lorsque sa survie en depend et lorsque le facteur chance est present.Pour terminer,je dois dire que j'apprecie les precisions apportees par l'auteur quant aux questions qui lui sont souvent posees;elles apportent un eclaircissement quant a sa personnalite et sa vision des evenements vecus.

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Si c'est un homme

H comme...

Horreurs (impossibles à rendre par la pauvreté de nos mots) dues au froid, à la faim, à l'épuisement des corps perpétrés par une bande de psychopathes qui s’étaient « bien » choisis.



O comme...

Organisation secrète consistant à garder rigoureusement secrets les détails du terrible système de terreur perpétré à l’égard des déportés.



L comme...

Langage sobre dépassionné et sans aucun pathos posé par le témoin nommé Primo Levi face au système concentrationnaire d’Auschwitz-Birkenau.



O comme...

Ouvriers-esclaves victimes d'un terrorisme d'état ayant servi indirectement à l’industrie allemande, et plus largement à toute l’Allemagne.



C comme...

Ce qui s'est passé ne peut pas être compris, et même ne doit pas être compris, dans la mesure où « comprendre », c'est justifier.



A comme...

Antisémitisme, cas particulier d'une intolérance qui pendant des siècles avait eu un caractère essentiellement religieux pour se transformer ensuite en un acte animalier à consonnance pseudo-biologique sous le IIIe Reich.



U comme...

Utopie de croire que nazisme et fascisme sont morts, les kystes prêts à muter attendent ça et là.



S comme…

Stimulation à écrire pour celui qui n’avait rien de commun avec le monde de la littérature, mais qui a considéré son écriture « comme une barrière défensive entre un présent on ne peut plus normal et le terrible passé d'Auschwitz ».



T comme...

Terreur d'un univers abyssal faisant suite à des années d'humiliation de la barbarie antisémite qu'aucun allemand ne pouvait ignorer.



E comme...

Extermination méthodique et industrialisée de millions d'êtres humains, juifs, prisonniers politiques, tziganes…



H.O.L.O.C.A.U.S.T.E.



« Si c’est un homme » est LE livre incontournable sur la question.

A partager forcément, et à choisir enrichi de l’entretien (passionnant) avec l’auteur en fin d’ouvrage.
Lien : http://justelire.fr/si-cest-..
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Si c'est un homme

Primo LEVI n'a que 24 ans lorsqu'il est arrêté et déporté par la milice fasciste italienne dans le camp de Monowitz (Auschwitz) de décembre 1943 à janvier 1945.



Tout ce qui est dit décrit dans ce livre est rigoureusement authentique. C'est le livre sur la Shoah qu'il faut avoir lue, et pourtant je ne l'avais pas encore ouvert...

J'avais de l'appréhension de la «timidité».

Primo LEVI nous livre un récit bouleversant, dépassionné il nous montre la déshumanisation des camps, les comportements dans les camps, l'absence de solidarité, la hiérarchie, l'humiliation et les privations.



Il analyse d'une façon sociologique presque détaché ce qui rend le récit encore plus bouleversant. Il faut dire que ce livre fût publié en 1947 et est passé «inaperçu» c'est seulement en 1963 qu'il fait parler de lui.



Si c'est un homme est un témoignage dur forcément mais qu'il faut lire pour ne pas oublier



Si c'est un homme ne fut publié en Français qu'en 1987!!

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Si c'est un homme

Primo Levi retrace son année passée au camp d'Auschwitz de Janvier 44 à Janvier 45. De son arrivée avec d'autres prisonniers italiens à l'arrivée des Russes .

En refermant ce livre , j'ai eu le sentiment d'avoir beaucoup trop attendu avant de le lire. Cette lecture est clairement indispensable, au delà du génocide juif.

Le mot qui me viendrait à l'esprit en premier serait respect pour Monsieur Levi.

Cet homme , réduit à l'état bestial, a trouvé la force dès son retour d'écrire un livre d'une qualité littéraire indéniable où jamais la rancœur, l'animosité, la vengeance ne viennent obstruer l'idée première : Montrer un processus de déshumanisation, au delà du témoignage historique.

J'ai beaucoup appris sur la vie au camp de Monowitz, camp où les juifs côtoyaient prisonniers politiques ou de droit civil :

Les combines pour survivre malgré l'arbitraire latent, le seul contre tous, la mise en place de la débrouille , l'absurdité des règles et le processus d'avilissement, tellement puissamment et "merveilleusement" transcrit.

Et puis, il y a les Allemands , loin d'être omniprésents mais dont les règles absurdes, humiliantes jalonnent le récit.

Une pour la route : Vous êtes à l'hôpital pour dysenterie. A heure fixe, vous avez 5 minutes pour prouver que vous êtes bien malade.



Dans un lieu où l'arbitraire fait loi, l'auteur montre bien que si l'on suit les règles , l'espérance de vie ne dépasse pas trois mois et sans doute un peu moins l'hiver.

Bien entendu, il est aussi question des humiliations subies, des corvées journalières tuant chaque jour l'humanité qui reste en chacun des prisonniers : marcher aux pas au son de la fanfare pendant des heures, changer des loques pour des loques encore plus répugnantes, attendre des heures un sparadrap dans le gel et la neige.Et être nu devant les autres, devant l'agresseur, refusant même la moindre pudeur à des êtres qui n'ont plus d'homme que le nom.



Mais, ce qui m'aura le plus marqué , finalement, en tous les cas qui aura bouleversé mes certitudes sr le sujet, c'est la compétition , la course à la survie que se livrent les prisonniers à chaque instant, pour un bout d'étoffe, un quart de pain, une demi heure de travail en moins. Il fallait lutter de tous les cotés pour survivre : Contre les Allemands, contre la météo, contre la fatigue, contre l'humiliation , contre la faim mais aussi contre son voisin.

Un véritable choc.

Une œuvre indispensable.

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Si c'est un homme

Il est délicat de commenter, de critiquer un récit si chargé et si édifiant que celui qui relate la vie à Auschwitz!

La narration transpire en effet le réel, sans dramatisation. Elle est sans concession quant aux travers humains. Le troc et les échanges structurent une véritable bourse interne. Le chacun pour soi et l'absence de main tendue à celui qui défaille font voler en éclats les représentations de la solidarité et l'angélisme des prisonniers.

Le récit évoque la dureté des conditions de vie dont le froid et les maladies sont les composants. Il décrit aussi l'abjecte animalité de l'homme affamé. Levy nous en parle sans vouloir se donner un rôle de héros mais celui d'un homme qui se raccroche au peu d'humanité qui lui reste.

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Si c'est un homme

Jus qu' à récemment j' ignorais tout de l' auteur Primo Levi mais lisant souvent les actualités littéraires sur le site Babelio , j ' ai remarqué que le nom de cet auteur revenait de façon récurrente dans les critiques de babeluttes . J' ai pris sur moi de lire quelques critiques et me suis intéressé à

la biographie de l' auteur . J ' ai cerné un peu son parcours ,

son itinéraire, sa vie .

Dans " Si c' est un homme ", Primo Levi relate l'histoire des camps nazis d' extermination . Il a été le premier à rompre aussi fortement le silence assourdissant des déportés à leur retour des camps ,ceux , qui avaient eu la chance de survivre et qui s' étaient emmurés dans un mutisme total . Primo Levi a su trouver le génie de nous en parler avec la plus simple des méthodes , décrire sans adjoindre la moindre opinion , la moindre larme ou sentiment d' horreur .

Dans " Si, c' est un homme ",l' auteur raconte sa vie et il

le fait avec un extraordinaire talent d' écrivain .Il s'extrait

de ses sentiments pour être le journaliste et l'écrivain d'un vécu que nul autre n' aurait pu écrire sans effusion de haine et de sentiments accusatoires .

Primo Levi nous laisse face à notre opinion , à notre jugement . Il ne juge pas , il nous laisse à notre liberté d'avoir un sentiment personnel , quel que soit .

Un témoignage objectif fait par un journaliste et écrivain probe et honnête . A méditer .











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Auschwitz, ville tranquille

Membre d’un réseau de partisans antifascistes, Primo Levi, jeune ingénieur de 25 ans, est arrêté et déporté à Auschwitz. C’est le début de l’année 1944 et la plongée dans l’enfer sur terre. Primo Levi figurera parmi les quelques survivants. Son passage et sa survie dans les camps nazis vont modifier son destin : il sera écrivain pour témoigner de son expérience.

Ce recueil regroupe dix de ses nouvelles ainsi que deux poèmes. On y retrouve des récits mettant en scène des hommes que Primo Levi a côtoyé durant ses années de camp. D’autres textes sont plutôt dans le registre de l’anticipation comme « La belle endormie dans le frigo » histoire de Patricia, conservée dans le froid et que ses propriétaires décongèlent deux trois fois l’an dont le jour de son anniversaire. Les invités admirent la jolie carnation de la jeune et jolie blonde qui a traversé les siècles sans une ride et dont Baldur tombe éperdument amoureux. Dans « Papillon angélique » les troupes d’occupation découvrent d’étranges restes dans une maison encore debout dans les ruines de Berlin. Son locataire, le professeur Leeb a disparu, emportant son secret. Une voisine témoigne, elle a vu des hommes emprisonnés, puis d’étranges créatures les remplacer.

L’auteur nous raconte l’enfer qui peut ressembler pour certains à un petit paradis comme dans « Auschwitz, une petite ville tranquille » où un jeune chimiste allemand accepte d’aller travailler aux usines Buna d’Auschwitz où travaillent les prisonniers des camps. Il espère que sa jeune épouse et lui y trouveront la tranquillité et y seront plus en sécurité qu’en Allemagne où les bombardements font rage.

On croise aussi d’étranges personnages comme ce Rappoport dans « Capaneo », un homme « rusé et violent, avec une trempe de braconnier et de corsaire ». Amoureux de l’Italie depuis ses études de médecine à Pise, il recherche l’amitié des italiens.

C’est en observant des fourmis que l’auteur écrit le poème « cortège brun » qui évoque la difficulté d’écrire pour témoigner. Un second poème clôt ce livre, il s’agit de « Chants des morts en vain » et la boucle est bouclée avec ces mots qui résonnent lugubrement en ces temps de tragédie :

« Nous sommes invulnérables parce que déjà tués.

Nous nous rions de vos missiles.

Asseyez-vous et négociez

Jusqu’à ce que votre langue se dessèche :

Si jamais perduraient la ruine et la honte

Vous seriez tous noyés dans votre pourriture. »

Bien qu’elles évoquent, de près ou de loin, l’univers des camps où ce qui a suivi, ces dix nouvelles sont parfois très différentes les unes des autres. Alors que je suis entrée facilement dans certaines d’entre elles, j’ai eu plus de mal à en décrypter d’autres. Heureusement, la préface de René de Ceccatty et la postface de Fabio Levi et Domenico Scarpa nous donnent les clés pour mieux en comprendre la genèse et le contexte.

Des histoires fortes qui sont autant de témoignages sur la tragédie des camps et la vie d’après.

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