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Critiques de Ramón Díaz Eterovic (73)
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Negra soledad

Avec "Negra Soledad", je découvre Ramón Diáz Eterovic et son héros, Heredia, détective privé des quartiers populaires de Santiago, au Chili. Enfin, héros, il faut le dire vite, Heredia est plutôt du genre désabusé et plus très fringant. Quoique, dans cet épisode, il a décidé de se marier avec Doris, mais il ne le sait pas encore. En attendant, il lui joue une valse-hésitation qui a le don de tendre l'atmosphère entre eux. Et il confie ses états d'âme à son chat Simenon (qui lui répond!), écoute de la grande musique et lit de la poésie.



Et puis une enquête lui tombe sur les bras en même temps que le ciel sur la tête : son ami, l'avocat Alfredo Razetti a été assassiné. L'enquête mène Heredia dans le nord du Chili, dans une petite ville dont les eaux sont polluées par l'entreprise minière voisine, et dont un comité d'habitants avait engagé Razetti pour les défendre et porter plainte. Avec menaces et intimidations, l'entreprise ne reculait devant rien pour préserver ses profits, mais voilà que les cadavres s'accumulent et que les langues se lient d'autant plus... Heredia aura bien du mal à remonter la chaîne jusqu'au commanditaire du meurtre de son ami.





Rien de bien nouveau sous le soleil, du Chili ou d'ailleurs : l'écologie et le bien-être des populations locales ne font guère le poids face aux enjeux financiers colossaux agités par les multinationales devant les yeux avides de politiciens corrompus. Mais il suffit parfois d'un juge courageux pour renverser la tendance.





Malgré la noirceur du thème et de l'histoire, je suis tombée sous le charme de ce roman sombre, de son anti-héros bourru au coeur tendre et loyal, et du chat Simenon, bavard pince-sans-rire à la fois pertinent et impertinent. Et au-delà de l'enquête, il y a une histoire de solitude émouvante, de nostalgie d'un passé annonciateur de lendemains chantants, de choix à poser et de destin qui se joue et se moque de tout.

Je reprendrai bientôt rendez-vous avec Mr Heredia.
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La couleur de la peau

Une découverte pour moi que ce Ramon Diaz-Eterovic et une belle découverte. J'ai assez aimé son style, ses atmosphères que l'on ressent tout de suite en commençant la lecture. Santiago, Chili. Une ville de tous les possibles et de tous les échecs. Ici, un sans papier péruvien est retrouvé mort et Heredia ,détective privé qui en arrache, à la demande du frère de la victime, enquêtera sur ce meurtre. On découvre la mise au ban, le rejet des immigrants péruviens au Chili, leurs misères, leur acharnement à vouloir s'en sortir. On découvre une ville pas si accueillante pour ses voisins qui ne leur fait pas la vie facile. Une ville de truands aussi petits ou grands, de clandestinité et de vie nocturne intense. Si l'histoire n'est pas nouvelle, oui bien sûr c'est du déjà vu, si les personnages sont assez communs, c'est le ton de ce récit m'a plu, le rythme de la narration et les ambiances. Sans parler des discussions avec Simenon le chat de notre héros qui sont des plus charmantes. Un polar sud-américain qui m'a transportée ailleurs avec plaisir.
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La couleur de la peau

Heredia, « fouineur à temps complet naviguant sur une mer de questions le plus souvent sans réponse.», comme il se définit lui-même, est un détective privé avec lequel j’ai aimé déambuler dans la ville de Santiago du Chili dont il nous fait découvrir la vie aussi bien dans les quartiers centraux que dans les zones où squattent les oubliés de la société, marginaux et exilés tels les péruviens en butte au racisme des chiliens.



« Une partie du quartier s’appelle “la petite Lima”. Les Péruviens viennent au Chili en croyant que c’est le paradis, mais c’est une erreur. Il y a beaucoup de monde autour de la table et, aujourd’hui, plus personne ne multiplie les pains. »



Mais « Il y a toujours les crépus­cules de Santiago, le Parque Forestal et ses couples d’amoureux, les fruits du Marché Central, les petites places et encore quelques petits bistrots où on peut boire tranquillement un verre de vin. »



Entre son chat Simenon plein de sagesse, son vieux copain Anselmo, ancien jockey qui tient le kiosque en bas de son immeuble et lui fournit à l’occasion des tuyaux pour les courses, sa vieille Chevy poussive plus souvent immobilisée qu’en état de marche, l’aide complice de l’inspecteur Cardosa, il nous mène au gré de son enquête de restaurants en gargottes, bistrot ou salles de billard douteuses sur la trace du péruvien Alberto Coiro disparu au dire de son frère Roberto depuis deux semaines. 
Ce qu’il pense être une disparition passagère, pour retrouver une liaison dans un hôtel de passe ou dans un hôtel de la côte, va se révéler plus complexe et le mener beaucoup plus loin.



Heredia va toujours au bout de ses enquêtes quelles qu’en soient les difficultés. Une fois lancé, il oublie même de réclamer ses honoraires à ses clients, plus démunis que lui. Ce que lui fait souvent remarqué son chat Simenon, plein de bon sens, avec lequel il dialogue quand il retrouve le chemin de son appartement.


« Simenon s’est installé sur mes jambes et je l’ai caressé en me remémorant des vers de Fernando Pessoa : “Tu es seul. Personne ne le sait. Tais-toi et simule mais simule sans feindre.” »



Heredia et tous les êtres qui l’entourent et le croisent sont attachants et si la mélancolie et la détresse sont au rendez-vous ce roman est aussi plein d’humour et de tendresse doublé d’une belle réflexion sur le racisme et sur la vieillesse qui pointe le bout de son nez et amène un certain désabusement.



Quant à l’enquête elle tient en haleine jusqu’au bout.

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La couleur de la peau



Le chat de la première de couverture m'avait attirée. Je ne connaissais pas cet auteur de romans noirs chilien, qui met en scène dans plusieurs de ses livres le détective privé Heredia.



J'ai tout de suite aimé ce personnage qui promène sa mélancolie et son mal-être, avec une certaine bonhomie, au hasard des rues de Santiago.Il est ici à la recherche d'un immigré péruvien qui a disparu.Il est entravé dans son enquête par le racisme ambiant envers la communauté péruvienne, les magouilles en tous genres aussi.



L'atmosphère des quartiers pauvres est bien rendue, les petits boulots miteux pour survivre , la nuit qui couvre les méfaits, l'univers sordide qu'elle révèle, entre drogue et jeux truqués.



J'ai adoré les conversations savoureuses qu'Heredia a avec son chat Simenon, dont je vous donne un aperçu :" Tu te rappelles de Seron?, ai- je demandé à Simenon, qui ,installé à mes côtés, se faisait les griffes sur une revue.

- le flic à la retraite? La dernière fois qu'il est venu,il est arrivé avec deux bouteilles de whisky et n'est pas reparti avant d'être sûr qu'elles étaient vides"....



J'ai trouvé dans ce livre un univers attachant et singulier, original.Je poursuivrai volontiers mes promenades chiliennes en compagnie d' Heredia...

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Le deuxième voeu

Le détective privé Heredia a une nouvelle affaire, assez inespérée au vu du peu de clients qui trouvent le chemin de son bureau. Cette nouvelle affaire consiste à retrouver le père de son client, sachant que les deux hommes étaient fâchés depuis des décennies, leurs opinions politiques s'opposant violemment. Vivant depuis des années en Europe, le fils prodigue souhaite renouer des liens avant qu'il ne soit trop tard, une carte postale du père l'ayant rappelé à son bon souvenir.

C'est l'occasion pour Heredia, élevé dans un orphelinat après la mort de sa mère, de se pencher sur ses propres origines, et surtout de réaliser le deuxième vœu de sa mère, qu'elle avait confié à l'une de ses amies : retrouver l'homme qu'elle avait aimé, retrouver le père de Heredia.



Le deuxième voeu est le douzième volume de la série chilienne Heredia, et le cinquième traduit en français. Malgré un passé que je ne connaissais pas, je n'ai eu aucun mal à m'attacher aux pas de ce détective que l'on dirait tout droit sorti d'un film américain des années 50, nonobstant la sonorité des noms et la chaleur décrite. Heredia est, pourrait-on dire, le stéréotype du privé tel qu'on l'imagine : solitaire, bourru, sans le sou, qui boit et vit la nuit en dormant le jour, à l'aise dans les milieux interlopes, qui n'a rien contre un peu d'action, et avec des femmes qu'on imagine belles et sexy qui lui tournent autour. Bref, un chouette portrait d'homme dont on n'hésite pas à suivre les aventures, et que l'on quitte avec un chouïa de regret : on était bien, en sa compagnie ! C'est vrai que le "petit" côté homme désabusé, rendu magistralement au travers de l'écriture de l'auteur et des dialogues entre Heredia et son ami Anselmo ou son chat Simenon (oui, le chat parle, on ne sait trop comment, mais ça passe comme une lettre à la poste !) est assez irrésistible.

Cet opus qui prend son temps pour faire la part belle à son personnage principal traite essentiellement de la filiation et de son importance dans la construction de la personne que l'on est (ça, c'est pour Heredia), et de la façon dont on traite les personnes d'un certain âge au Chili (ça, c'est la partie enquête) : abandonnés par leur famille, sans visite de leur part, attendant d'en finir dans un endroit où ils seront plus ou moins bien traités. Bref, pareil qu'en France quoi (comment ça, je provoque ??) ! Et c'est justement là le hic pour Heredia : en poursuivant le père de son client, qui change de pension plus souvent que de chemise, on s'aperçoit rapidement que tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles pour ces chères têtes chenues !

Bref, le deuxième vœu est un très respectable roman policier à peine dépaysant, avec une trame narrative bien maitrisée par son auteur, des dialogues qui font mouche, un personnage principal attachant entouré de jolies femmes et d'amis prêt à tout pour l'aider (ahhhhh, ce cher Anselmo, qu'est-ce qu'il m'a fait rire avec ses déboires sentimentaux !!), que du bonheur quoi !

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Le deuxième voeu

Heredia est heureux quand Julio Servilo lui demande d’enquêter afin de retrouver son père. Ce ne sont pas les affaires qui croulaient pour ce détective privé. En même temps, il reçoit une vieille lettre de sa défunte mère qui le pousse à retrouver son père, un boxeur.

Ce n’est pas la première aventure de Heredia, j’ai eu un peu de mal à me retrouver dans ses diverses connaissances. Mais l’homme a l’air assez charmeur et aime bien boire un coup ou deux (ou plus). Les enquêtes sur les deux pères avancent en parallèle et Diaz Eterovic fait découvrir le côté noir des maisons de retraite. C’est bien un des côtés captivants de ce livre, s’intéresser aux personnes du troisième âge et montrer les difficultés que celles-ci peuvent avoir. La progression des enquêtes proprement dite, l’interrogation des personnes… m’ont moins passionnée. Par contre, j'ai beaucoup aimé la relation originale qu’il a avec son chat, Simenon (belles réparties) ou l’humour caustique du détective. Une bonne découverte de cet auteur chilien, à relire, à l’occasion.

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Les Sept Fils de Simenon

Un grand coup de coeur pour ce roman policier qui tient autant du roman que du polar, enfin peut-être quand même plus de cette dernière catégorie avec un détective digne de Marlowe et son chat Simenon, son amour perdue, ses cigarettes et sa soûlographie. Il n'en reste pas moins qu'il nous entraîne dans les dédales d'une Santiago asphyxiée par la pollution et la corruption de manière légère mais certaine. Et évidemment, les personnages du roman sont persuadés que Simenon et bien c'est le nom d'un attaquant de l'équipe de football local.



Le tout se lit sans désemparer et je regrette d'avoir dû tourner la dernière page. Un livre dont on ralentit la lecture pour ne pas avoir à le terminer trop vite. Loin des challenges, juste pour le plaisir.
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Les yeux du coeur

Heredia est fatigué. Son vieux complice, Dagoberto Solis est mort, la belle Griseta est partie et Anselmo, le vendeur de journaux, s'est amouraché d'une voyante de Vina del Mar. Le détective mène désormais une existence monotone, égayée de temps en temps par la musique et les livres. Seul Simenon, le chat philosophe, semble se soucier de son humeur morose -"Le vieil Heredia n'intéresse plus personne. Ton visage ressemble de plus en plus à un morceau de mou."- quand, un après-midi d'automne, toc toc toc, le passé frappe à sa porte. On le charge de retrouver un ancien camarade d'université, Andres Traverso, figure majeure de l'opposition de gauche.

C'est avec "el ojo del alma" ("Les yeux du coeur") qu'Heredia devra poursuivre son enquête, renouant avec ses compagnons d'autrefois, replongeant dans une année 1974 marquée par les mouvements contestataires étudiants et les exactions de la junte militaire.

Chez Diaz-Eterovic, ni suspens insoutenable ni rebondissements en cascade. On retrouve avec plaisir les déambulations de son héros, rythmées par des digressions sur le temps qui passe, des citations opportunes, et de nombreux arrêts dans les bars: "J'ai du temps et parfois très soif. Il y a des gens qui collectionnent les timbres, les pièces de monnaie ou les livres. Moi, je collectionne les bars. Je ne figurerais pas dans le Guiness, mais j'ai passé des heures agréables dans chacun d'entre-eux."

Ramon Diaz-Eterovic nous emmène donc de Santiago de Chile à l'île Chiloé, avec en filigrane cette question lancinante, "Nos rêves de jeunesse résistent-ils aux compromis?"
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Negra soledad

Grâce à Sylvaine, une autre babélionaute, je viens de découvrir Heredia, cet enquêteur chilien qui erre dans les rues de Santiago et heureusement qu'il est flanqué de son chat Simenon avec lequel il partage ses réflexions pour découvrir l'assassin de son ami avocat Alfredo.



Le tout est agrémenté d'une romance et, même si on se demande comment font toujours ces détectives pour vivre d'amour et de l'air du temps, sans honoraires, le tout est un bon polar, qui se lit avec plaisir.



Un auteur hispanophone qui a choisi d'écrire les aventures d'un détective doté d'un chat et, qui en plus, s'appelle Simenon, que demander de plus ?



Il est bien certain que je n'hésiterai pas à renouveler l'expérience. Merci Sylvaine !
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La couleur de la peau

Certains auteurs vous vont mieux que d'autres, Ramon Diaz-Eterovic me va comme un gant. Chaque lecture est un plaisir.

Santiago du Chili, un détective privé Heredia, son ami Anselmo le kiosquier, Seron le flic à la retraite formeraient une équipe incomplète sans la présence charismatique de Simenon... un magnifique chat blanc qui a élu domicile chez Heredia. Heredia et son chat tout un programme, conseils en tous genres, échanges non dénués d'humour et considérations sur la marche du monde, sur les fléaux qui frappent l"humanité entre autres le racisme. Au Chili comme ailleurs, ne pas être natif, et ne pas avoir la même couleur de peau est un crime de lèse-majesté aux yeux de certains.

Les péruviens , souvent en situation irrégulière, sont les premières victimes de ce racisme , alors quand l'un d'eux disparait et qu'Heredia est chargé de le retrouver qui peut penser que cette quête le conduira sur les traces d'un réseau de mafieux spécialisés dans le trafic de drogue et les tripots clandestins .

Sur les pas d'heredia nous arpentons les rues de Santiago, il fait chaud, très chaud, seules les nuits sont respirables; Les bas quartiers, les bars, les coins sombres, les SDF, les sans-papiers, les combines petites ou grandes pour gagner quelques pesos se cachent derrière une ville en pleine lumière. Un roman noir même parfois très noir mais la plume de Diaz-Eterovic passe allègrement d'un registre à l'autre. Tristesse, empathie, humour, philosophie , société, sans oublier les sentiments amoureux..

Un roman à savourer même si vous n'avez ni cigarette ni verre d'alcool à la main.
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Negra soledad

Les années ont passé. Héredia, notre détective privé préféré, a un peu plus de cheveux blancs, Simenon son chat se meut plus lentement et Anselmo son vieil ami tient toujours son kiosque de journaux. La vie passe , Santiago change , les traces de la dictature s'estompent un peu . Le monde une fois de plus lui tombe sur la tête quand il apprend que son vieil ami l'avocat Alfredo Razetti a été assassiné . Son épouse Raquel lui confie l'enquête, enquête qui va le mener à Cuenca là où une exploitation minière polluante s'est installée au grand dam de la population locale.. c'est le dernier dossier sur lequel Razetti travaillait avant son assassinat...

Suivre Hérédia dans son enquête c'est le suivre dans Santiago, découvrir à travers ses yeux le Chili , sa population , les mafieux que l'on retrouve sous toutes les latitudes du globe dès qu'il y a de l'argent à gagner, c'est suivre un homme qui peut agir juste pour une cause sans profit personnel , c'est rencontrer un individu féru de littérature, de musique, d'humanisme , écorché par la vie mais qui continue à avancer pour rester fidèle à ses rêves, à ses idéaux , à ses amours .Roman noir plus que roman policier si vous ne connaissez pas Ramon Diaz Eterovic n'hésitez pas un seul instant poussez la porte et laissez vous happer, promis vous le regretterez pas!

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Les Sept Fils de Simenon

Heredia, détective privé, quelques cheveux blancs, revient à Santiago du Chili après 6 mois passés près de la mer pour essayer d'oublier Grisetta , la femme de sa vie et seul amour.Revenu à Santiago ,il passe sa première nuit dans un hôtel de passe.Un type meurt, Gordon, expert à la cour des comptes.

D'abord soupçonné puis relâché grâce à Bernales, flic à la carrière très rapide, il décide de mener sa propre enquête pour le "fun".

Il va bientôt comprendre que toute l'affaire tourne autour du projet Gashill à savoir la construction d'un gazoduc destiné à relier l'Argentine au Chili,beaucoup d'argent en jeu, beaucoup de mauvais matériel, un tracé dans des zones non stabilisées.....

Avec l'aide de son ami Anselmo, le marchand de journaux, et du journaliste Cambell, sans oublier son chat Simenon, voix de sa conscience, Heredia nous fait découvrir sa ville, ses bas-fonds, son petit peuple..

A quel détective! revenu un peu de tout mais riche de l'enseignement du Tao .il nous abreuve de citations plus pertinentes les unes que les autres ...

Un véritable régal de lecture.
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Negra soledad

N’ayant jamais lu les enquêtes du détective privé Heredia, j’ai profité du Mois Espagnol pour le sortir de mes étagères où il prenait la poussière depuis trop longtemps.



Comme j’avais envie de révolte, de rébellion, j’ai commencé par le dernier tome, le septième. Oui, que voulez-vous, je suis une rebelle !



Directement, ça a matché avec Heredia le bourru, détective privé qui enquête à la vitesse d’un Maigret, qui fume comme un dragon, boit comme un gosier en pente et ne lâche jamais rien dans ses enquêtes, un peu à la Montalbano…



Sauf qu’avec Montalbano, on a de l’humour et de la bonne bouffe. Notre Heredia est moins épicurien que le commissaire sicilien et son univers est bien plus sombre. La carte postale du Chili ne donne pas envie d’aller y arpenter les rues des villes (sorry, hein, Rachel !) et si avec Montalbano, tout se termine bien, on sent bien que dans l’univers d’Heredia, on risque que les méchants gagnent.



L’affaire ? Un avocat, ami d’Heredia, exécuté dans son bureau d’un côté. De l’autre, une grosse société minière pollueuse qu’il fout en l’air la nature, la santé des habitants d’un petit village et dont personne n’écoute les plaintes, les craintes.



C’est David armé d’une branchounette contre Super Goliath qui possède la puissance de feu d’un croiseur et des flingues de concours. De plus, pour ces puissantes sociétés pleines de fric et qui veulent encore en faire plus, c’est facile avec les habitants : soit elle les corrompt (au Nord, c’était les corons), soit elle menace.



Bref, que tu le veilles ou non, la société gagne. Pas possible que t’en réchappes, ils rappent tout (♫) et personne au bled n’a envie de chanter ♫ Intimidez-moi ♪ (sur l’air de déshabillez-moi) même si certains luttent et résistent, prouvant qu’ils existent.



L’univers dans lequel Heredia évolue est noir, sombre, la ville change, ses petits bistrots disparaissent, le progrès est en marche et notre détective se ferait traiter d’Hamish car il n’a pas de smartphone, même pas un bête portable et est aussi habile avec un PC qu’un cochon de sa queue. Il enquête à l’ancienne et j’ai aimé ça.



Heredia, c’est aussi un homme qui ne sait pas se décider, qui a peur de se mettre en ménage avec Doris, la commissaire de police. Il a connu des histoires d’amour et toutes se sont terminées et il a peur du changement, notre détective bourru qui possède néanmoins un grand cœur.



L’écriture de Ramón Díaz-Eterovic est un plaisir à lire et ses personnages ont une réelle dimension, de la profondeur, du réalisme. Si tout le monde parle avec son chat, jamais nous n’avons eu la chance que nos félins nous réponde, comme le fait Simenon, le chat de Heredia. Il est plein de philosophie, cet animal gourmand et dodu.



Sur le final, j’ai eu peur que l’auteur ne me réserve un coup de pute et il a osé le faire, copiant Elizabeth George et me plongeant dans un désarroi total. Là, j’ai regretté amèrement d’avoir commencé par le dernier roman et j’ai maudit l’auteur d’avoir osé…



C’est sur la pointe des pieds que j’ai quitté le détective bourru qui se faisait consoler par son chat, les laissant seuls avec leur discussion, leur peine, leur grand vide. Sans cela, je serais allée fouiller les bouquineries à la recherche d’une autre enquête de Heredia, mais là, pas le courage, pas l’envie.



Un excellent roman noir où Heredia le détective prend son temps, remontant les pistes une à une, une critique sociale et environnementale du Chili, dénonçant entre autre la corruption du système judiciaire et, entre autre, de la toute puissance des sociétés minières qui salopent partout, mais ne veulent pas se salir les mains…



Sans le coup de pute de l’auteur, c’était 4 Sherlock assurés… Pauvre Heredia, ton père littéraire devait t’en vouloir…. Heureusement qu’il te reste Simenon.


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Negra soledad

Un grand merci à Babelio ainsi qu'aux éditions Métailié pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la dernière Masse critique.



Je ne connaissais pas du tout les écrits de Ramon Diaz Eterovic et son personnage de détective désabusé, mais ce livre m'a tout de suite fait de l'oeil dans la sélection proposée pour la masse critique du mois de mai.

Un voyage en terres chiliennes, un antihéros, des préoccupations écologiques et un chat prénommé Simenon, le programme était prometteur…



Je reviens de ce périple un peu déçue, sans doute parce que je m'attendais à autre chose.

Héredia, le détective-narrateur m'a très vite perdue en route. Il parle beaucoup, se promène, boit, lit, écoute de la musique et joue au chat et à la souris avec la commissaire Doris. La critique sociale ou la dénonciation des intérêts supérieurs de l'argent n'apparaissent qu'en filigrane et en second plan et le récit prend plutôt des allures d'introspection bavarde. L'enquête avance tout doucement et je dois bien avouer que je me suis un peu ennuyée.

Dommage, parce que quand on touche au fond de l'affaire, la détresse de ces populations abandonnées, la question de l'écologie sacrifiée pour le profit de quelques uns, le récit se tend et devient prenant…



Challenge Multi-défis 2017
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Negra soledad

Negra soledad m’a fait penser à ces romans très noirs dont le précurseur fut Dashiell Hammett. Un détective revenu de tout, très cynique, n’attendant pas grand-chose de la vie ; il vient ici de perdre un très vieil ami qui a été assassiné. L’originalité ? Le pays où se déroule l’action, le Chili. Mais finalement, bien que lointain et assez exotique dans le monde du polar, le pays souffre des mêmes maux que bien d’autres : des multinationales écrasant tout sur leur passage afin de mettre la main sur de précieuses ressources naturelles, peu regardantes sur les pots de vin à aligner.

C’est une impression de déjà vu, déjà lu qui restera comme souvenir dominant de cette lecture, pas désagréable par ailleurs.
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Les Sept Fils de Simenon

Voici quelques temps, sur une radio belge, un chroniqueur littéraire présentait le dernier polar de J.K. Rowling écrit sous pseudo. 900 pages et quelques autres, de la littérature au kilo, hyper diluée où on peut faire 3 pages sur le fait de prendre l'ascenseur ou de se préparer un macchiato noisette avec une petite madeleine au sucre de canne... bref vous avez saisi.



Le chroniqueur terminait sa chronique sur le besoin, l'envie, d'avoir des romans policiers qui seraient "à l'os"... Réduits, sans superflu. A la manière d'un Hammett, d'un Exbrayat, d'un Faulkner... Eh bien en voici un !



Heredia revient à Santiago. Il est parti depuis un moment. Et il retrouve ses marques, mais non sans peine. Griseta, son amour qui ne veut plus de lui. Enfin, parfois quand même. Il faut bien que le corps exulte, disait Brel. Anselmo, le bellâtre qui tient le kiosque à journaux... Et de nouvelles têtes, comme Madame Zara, sa voisine voyante extra-lucide. J'en passe et des meilleurs.



Heredia est un privé. Et l'action n'est jamais bien loin quand il est là. A peine revenu, voilà qu'une mort suspecte se produit, et Heredia n'est pas loin de devenir suspect. Il va se lancer dans l'enquête, et pour rien en plus ! C'est byzance.



Il y a tout dans le roman. De l'humour, de l'action, des punch lines du fuego de Dios, des ripous, de la nostalgie, de la poésie, de l'humanisme et de la philo de comptoir. On fume et on picole grave, du pisco évidemment. Ramon Diaz-Eterovic nous dresse un portrait du Chili d'après Pinochet (même si son ombre plane encore) tout à fait brillant. On s'éloigne souvent du polar pour entrer de plain-pied dans la littérature. A l'instar d'un Faulkner, d'un Mankell, Diaz-Eterovic ne se pose pas de question, il déroule ses tripes dans un style personnel très attrayant.



C'est parfois difficile de choisir un roman pour cocher l'item "Coup de coeur 2021 d'un autre challenger" dans le Challenge Multi-Défi... en prenant la lecture de Pirouette0001, je savais que je ne prenais pas beaucoup de risques. Effectivement, voilà une de mes meilleures lectures de 2022.
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La couleur de la peau

Quel plaisir de retrouver le détective privé Heredia que j’avais découvert en 2014 dans Les sept fils de Simenon.



Comme dans le premier roman lu, l’enquête en elle-même n’est pas l’intérêt principal du livre, quoique les recherches d’Heredia touchent toujours à un problème politique ou social du Chili de l’après Pinochet. Ici il s’agit de l’immigration péruvienne, des centaines de travailleurs pauvres qui s’exilent au Chili, sans papiers la plupart du temps et qui trouvent notamment des emplois dans les bars, les restaurants de Santiago. La nuit ils s’entassent dans des « boîtes à sommeil » et rêvent de rentrer chez eux un peu plus riches qu’avant. Heredia doit donc enquêter sur la disparition de l’un d’entre eux, Alberto Coiro. Son enquête, qui va longtemps errer sans piste véritable, finira par mettre au jour des trafics bien sombres ourdis autour d’une salle de billard.



L’intérêt de ces romans noirs, c’est de rouler ou de marcher dans Santiago du Chili avec Heredia, de suivre cet homme nostalgique et désabusé dans les bars, les restaurants, les rues de la ville tentaculaire et de fréquenter une faune hétéroclite et plus ou moins honnête qui ne parviendra jamais à faire renoncer Heredia à trouver le ou les coupables et à faire justice (dans la mesure du possible). Quand il rentre à la maison, il retrouve son chat blanc Simenon et ils se parlent ; Simenon porte ce nom car, quand il est entré par hasard chez Heredia, tout maigre, affamé, perdu, il s’est couché sur quatre romans de Simenon. Car oui, autre plaisir de cette série, c’est que le privé est cultivé, il aime lire, les citations des grands auteurs lui coulent aisément des lèvres. Et bien sûr, pas de roman noir sans personnage féminin, ici la belle et intelligente Violeta qui offrira quelques moments de douceur et de douleur mêlées à notre détective.



Hasta luego, Heredia, je serai heureuse de te retrouver dans d’autres investigations.
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Les yeux du coeur

Santiago, Chili … Un homme disparaît…

On fait appel à Heredia, un détective privé blasé, qui plus rien ne passionne. Il « discute » avec son chat (et le minou lui répond !!), et se laisse vivoter tranquillement entre ses livres et sa musique.



L'histoire se faufile avec paresse et au premier abord les personnages sont lisses et fades. Pas de rebondissements, pas de frissons, pas de suspense… Encore un de ces livres où le lecteur ne découvre les trésors qu'à force de patience.



L'auteur plante en fond de décor l'histoire du Chili des années 74, la dictature militaire et la révolte étudiante, les couvre-feux, les disparitions, les livres interdits, la répression, les rencontres clandestines la peur au ventre…



D'un coup se rappellent de force dans la vie d'Heredia des souvenirs d'une bande d'amis. Ces compagnons qui armés de leur jeunesse essayaient tant bien que mal de composer avec les événements et à se forger un idéal à défendre.

Le souvenir de ses amis perdus de vue vont le pousser à partir en quête des dettes pas oubliées, à chercher avec les yeux du coeur, au nom de la mémoire, de l'amitié, des fantômes…

Et finalement il réussira le pari de tirer de la nostalgie du passé la force nécessaire pour renouveler la flamme !





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La couleur de la peau

Un bon polar, qui nous entraîne dans les bas-fonds de Santiago du Chili. Des personnages bien campés qui se débattent dans une pauvreté sans fin, et, comme si cela ne suffisait pas, rajoutent à leur misère un racisme très minutieux, étayer par toutes les nuances de couleur de la peau. C'est glauque, mais le talent de l'auteur, tout en subtilité, nous livre une enquête bien menée, avec un détective un peu blasé, les meilleurs apparemment !
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L'obscure mémoire des armes

Heredia, détective privé santiaguino dont les affaires tournent tellement au ralenti qu’il se trouve en voie de reconversion dans la réalisation de comptes-rendus de lecture d’ouvrages de sciences humaines, est contacté par une amie de sa compagne, Griseta, dont le frère a été assassiné.

Virginia, la sœur de Germán Reyes, la victime, ne veut croire aux conclusions de la police qui oriente son enquête vers un crime crapuleux. En effet Reyes a été dans sa jeunesse torturé à la villa Grimaldi, l’un des centres de détention de la dictature militaire de Pinochet, et avait rejoint une association cherchant à dénoncer par voie de presse et d’affichages les anciens bourreaux passés entre les très larges mailles du filet après le retour de la démocratie.



« La mort impose son silence. Victimes et coupables sont enfouis sous la même terre ou fouettés par la même pluie qui efface les ombres jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Un lien avait-il existé entre Ginelli et Germán Reyes de leur vivant ? Le temps passait, gommant les traces du coup d’État perfide, l’écho du cri, la cruauté du bourreau, la complicité des juges, l’encre mensongère. Trop d’oubli pesait sur les morts, vaincus par le cours du temps et les mots prononcés à mi-voix. Et la douleur ? Et la peur, l’humiliation ? À quoi servait la vérité si elle ne rendait pas la vie aux défunts, si elle ne délivrait pas le survivant de ses cauchemars ? »



L’enquête d’Heredia apparaît bien vite, au-delà de sa forme qui est celle d’un classique whodunit, comme la recherche d’une vérité bien plus vaste, ou plutôt comme une confrontation à cette vérité, celle qui veut que le passage à la démocratie a nécessité de jeter un voile d’oubli sur les actions de trop nombreux citoyens qui ont un temps soutenu le régime de Pinochet et participé à la dénonciation, à la traque où à la torture des opposants. Le coup de balai a touché les plus charismatiques des chefs et un certain nombre de lampistes mais a épargné bon nombre de personnes qui ont su se faire oublier et se reconvertir dans de nouvelles activités, y compris sous de nouvelles identités.

Heredia avance donc dans ces eaux troubles, se heurtant au silence, à la méfiance, à la culpabilité des protagonistes de cette histoire. Et, dans sa quête qui relève presque de la maïeutique, Heredia va devoir faire accoucher la vérité à un corps social qui désire avant tout l’oublier. Les bourreaux, bien sûr, soucieux d’éviter la justice et de recommencer une nouvelle vie, mais aussi une partie des victimes rongées par la culpabilité (de s’être laissées prendre, d’avoir flanché sous la torture et d’avoir donné des camarades) qui ne voient finalement pas d’un si mauvais œil cette politique d’amnistie qui a suivi les travaux de la commission Vérité et Concertation qui a établi l’existence de violation des droits de l’Homme, de meurtres, de tortures et poussé l’armée à les reconnaître sans vraiment, dans un souci de conservation de l’unité nationale, chercher à exercer la justice à l’encontre de ceux qui avaient pu participer à tout cela.

Opiniâtre malgré ses doutes vis-à-vis de sa propre capacité à résoudre l’affaire sur laquelle il travaille, aidé par les conseils avisés de son chat, Heredia remue donc la boue mais aussi ses propres souvenirs et ses propres frustrations à l’égard de cette amnésie collective volontaire. Ce faisant, il réveillera quelques cadavres faute de réellement réveiller les consciences.



Révolté et légèrement désabusé, L’obscure mémoire des armes est un roman qui, à l’image de Un voyou argentin, d’Ernesto Mallo, pose des questions importantes sur la nécessité ou le danger de l’oubli, sur la difficulté du retour à la démocratie après des décennies de dictature. C’est aussi un livre qui sait jouer la carte d’une certaine légèreté poétique qui l’empêche de se transformer en un simple manifeste mais le ralentit aussi parfois considérablement. Au final, Díaz-Eterovic nous propose tout de même un roman séduisant et intelligent ; une saine lecture.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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