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Bertille Hausberg (Traducteur)
EAN : 9782864247685
288 pages
Editions Métailié (10/03/2011)
3.38/5   20 notes
Résumé :

Heredia est détective privé, il vit à Santiago du Chili avec son chat Simenon, traine dans les bars et les hôtels de cinquième catégorie, fréquente des personnages excentriques et marginaux. Sa clientèle vient du quartier pauvre qu'il habite. Il a 50 ans et n'a pas de clients lorsque son éternel amour fugitif, Griselda, poussée par son amie Virginia, lui demande de s'occuper de l'assassinat de German Reyes... >Voir plus
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Heredia, détective privé santiaguino dont les affaires tournent tellement au ralenti qu'il se trouve en voie de reconversion dans la réalisation de comptes-rendus de lecture d'ouvrages de sciences humaines, est contacté par une amie de sa compagne, Griseta, dont le frère a été assassiné.
Virginia, la soeur de Germán Reyes, la victime, ne veut croire aux conclusions de la police qui oriente son enquête vers un crime crapuleux. En effet Reyes a été dans sa jeunesse torturé à la villa Grimaldi, l'un des centres de détention de la dictature militaire de Pinochet, et avait rejoint une association cherchant à dénoncer par voie de presse et d'affichages les anciens bourreaux passés entre les très larges mailles du filet après le retour de la démocratie.

« La mort impose son silence. Victimes et coupables sont enfouis sous la même terre ou fouettés par la même pluie qui efface les ombres jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Un lien avait-il existé entre Ginelli et Germán Reyes de leur vivant ? le temps passait, gommant les traces du coup d'État perfide, l'écho du cri, la cruauté du bourreau, la complicité des juges, l'encre mensongère. Trop d'oubli pesait sur les morts, vaincus par le cours du temps et les mots prononcés à mi-voix. Et la douleur ? Et la peur, l'humiliation ? À quoi servait la vérité si elle ne rendait pas la vie aux défunts, si elle ne délivrait pas le survivant de ses cauchemars ? »

L'enquête d'Heredia apparaît bien vite, au-delà de sa forme qui est celle d'un classique whodunit, comme la recherche d'une vérité bien plus vaste, ou plutôt comme une confrontation à cette vérité, celle qui veut que le passage à la démocratie a nécessité de jeter un voile d'oubli sur les actions de trop nombreux citoyens qui ont un temps soutenu le régime de Pinochet et participé à la dénonciation, à la traque où à la torture des opposants. le coup de balai a touché les plus charismatiques des chefs et un certain nombre de lampistes mais a épargné bon nombre de personnes qui ont su se faire oublier et se reconvertir dans de nouvelles activités, y compris sous de nouvelles identités.
Heredia avance donc dans ces eaux troubles, se heurtant au silence, à la méfiance, à la culpabilité des protagonistes de cette histoire. Et, dans sa quête qui relève presque de la maïeutique, Heredia va devoir faire accoucher la vérité à un corps social qui désire avant tout l'oublier. Les bourreaux, bien sûr, soucieux d'éviter la justice et de recommencer une nouvelle vie, mais aussi une partie des victimes rongées par la culpabilité (de s'être laissées prendre, d'avoir flanché sous la torture et d'avoir donné des camarades) qui ne voient finalement pas d'un si mauvais oeil cette politique d'amnistie qui a suivi les travaux de la commission Vérité et Concertation qui a établi l'existence de violation des droits de l'Homme, de meurtres, de tortures et poussé l'armée à les reconnaître sans vraiment, dans un souci de conservation de l'unité nationale, chercher à exercer la justice à l'encontre de ceux qui avaient pu participer à tout cela.
Opiniâtre malgré ses doutes vis-à-vis de sa propre capacité à résoudre l'affaire sur laquelle il travaille, aidé par les conseils avisés de son chat, Heredia remue donc la boue mais aussi ses propres souvenirs et ses propres frustrations à l'égard de cette amnésie collective volontaire. Ce faisant, il réveillera quelques cadavres faute de réellement réveiller les consciences.

Révolté et légèrement désabusé, L'obscure mémoire des armes est un roman qui, à l'image de Un voyou argentin, d'Ernesto Mallo, pose des questions importantes sur la nécessité ou le danger de l'oubli, sur la difficulté du retour à la démocratie après des décennies de dictature. C'est aussi un livre qui sait jouer la carte d'une certaine légèreté poétique qui l'empêche de se transformer en un simple manifeste mais le ralentit aussi parfois considérablement. Au final, Díaz-Eterovic nous propose tout de même un roman séduisant et intelligent ; une saine lecture.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Un détective attachant "à la Montalban" et un chat nommé Simenon : respect.

Publiée en 2008 et traduite en 2011, cette nouvelle enquête du détective Heredia, et de son chat Simenon, poursuit l'exploration du Chili de l'après-dictature, de ses dissimulations et de ses hypocrisies.

"Personne ne frappait à ma porte et, comme si ce n'était pas suffisant, les agences de détectives privés se multipliaient dans l'annuaire téléphonique ; certaines avaient même le culot de glisser sous ma porte des prospectus proposant leurs services dans la recherche de véhicules volés ou d'antécédents judiciaires, les filatures de conjoints infidèles, les preuves de paternité en laboratoire, la surveillance des nounous par microcaméras et les enquêtes cybernétiques. Sale temps pour un détective tout juste capable d'offrir à ses clients son flair aléatoire et la certitude de ses doutes."

"L'endroit semblait avoir été meublé avec les restes inutilisables de bars plus prétentieux. Aucune des tables et des chaises n'était pareille aux autres, déglinguées et bancales, elles avaient l'air d'avoir difficilement survécu à une attaque de vandales. Mais rien de tout cela n'avait apparemment d'importance pour les clients et les serveurs qui couraient d'une table à l'autre comme des infirmiers secourant des victimes sur un champ de bataille."

"Des peurs ? La plupart des gens n'en manquait pas. Peur du passé, du chômage, d'une agression dans la rue, d'être victime d'un vol, de se sentir coupable, d'aller en prison pour dettes, du chef qui contrôle la pointeuse. Une peur enkystée dans la peau d'un pays qui cache ses vérités sous une chape de mensonges consensuels."

"Dès le début, j'ai su que nous ne serions pas éternellement en sécurité et qu'un jour on nous demanderait des comptes, alors je me suis préparé pour ce moment-là. (...) Quand l'un des nôtres se retrouve devant les tribunaux, il a l'obligation d'omettre dans ses déclarations le nom des camarades qui ne sont pas encore suspectés. L'important, c'est de retarder les enquêtes judiciaires. (...) Les nôtres doivent ainsi repousser les attaques de ceux qui veulent se venger de la défaite infligée par les militaires aux individus qui voulaient imposer le communisme dans le pays."

Détective "à la Montalban", qui lit et commente Hammett, Scerbanenco, Pronzini ou encore Marc Aurèle, détective "à la Paco Ignacio Taibo II" aussi, qui se bat dans un pays où trop de personnes ont intérêt à toujours couvrir les crimes des puissants, Heredia mérite toute notre attention. Et un chat nommé Simenon mérite évidemment le respect.
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C'est le douzième opus avec le détective privé Heredia, un opus qui a été primé. Malheureusement je me suis trompée avec l'ordre chronologique et je l'ai lu avant le N° 11.

Heredia a retrouvé son amour d'il y a treize années : Griseta. Ils se sont remis ensemble même si elle est très souvent en déplacement professionnel. C'est par une amie de Griseta que Heredia va emmancher avec un nouveau cas: le frère de cette amie de Griseta est mort dans un scénario de vol de matériel, mais la soeur est persuadée qu'il s'agit d'un assassinat.

Heredia part de rien, menant l'enquête à sa façon obstinée et atypique, cumulant les indices et les preuves à la petite cuillère. Dans ce tome on voit réapparaitre le journaliste Campbell qui échange pas mal d'informations avec Heredia et l'aide avec ses recherches; aussi réapparait le détective de la Police Bernales, avec qui il se s'entend moyennement mais ils arrivent à travailler ensemble.
Le cadre urbain de cette histoire est Santiago-Centre entre le quartier mal famé autour de la station Mapocho et Bellavista, un quartier plus bohème. C'est un régal que de lire la prose poétique de Diaz Eterovic (je ne peux pas juger de la qualité de la traduction car je l'ai lu en VO).
De fil en aiguille le brave Heredia va progresser mais va découvrir un pataquès beaucoup plus pourri : la vente d'armes par les militaires qui sont déjà sur la touche et qui veulent récupérer cet argent pour assurer leur défense pendant la période d'épuration à venir.
Et le propre écrivain se met en scène dans ce numéro (ce n'est pas la première fois) en s'auto-appelant le Scribe, lequel collecte des informations policiales auprès d'Heredia pour ses romans…

Un bon opus.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Heredia détective privé à Santiago du Chili est engagé par Virginia Reyes afin de résoudre le meurtre de son frère.
German Reyes a été l'une des victimes survivantes durant la dictature militaire.
Autour du détective gravite une société composée d'un chat qui parle, d'Anselmo qui tient un kiosque, d'un concierge, d'un voisin aux abois, de gros bras et de militaires au passé masqué.

Je me suis ennuyée. L'écriture est plate. Il n'y a pas de suspens. Aucun intérêt.
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A la base ce roman aurait pu être très intéressant à découvrir. On y rencontre un détective privé à Santiago au Chili qui est engagé par une amie de sa compagne pour enquêter ce qui est arrivé à son frère. Sur fond de guerre civile, torture, trahison et affaire politique...je me serais plongée volontiers dans l'historique de ce pays que je ne connais pas bien mais malheureusement je n'ai pas du tout accroché au style de l'auteur, aux personnages, aux longueurs/lenteurs des paragraphes et des phrases et le pire du pire c'est Simenonle chat du personnage principale qui parle à son propriétaire et qui a des idées bien arrêtées sur l'affaire en cours. Bref une grosse déception.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La mort impose son silence. Victimes et coupables sont enfouis sous la même terre ou fouettés par la même pluie qui efface les ombres jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Un lien avait-il existé entre Ginelli et Germán Reyes de leur vivant ? Le temps passait, gommant les traces du coup d’État perfide, l’écho du cri, la cruauté du bourreau, la complicité des juges, l’encre mensongère. Trop d’oubli pesait sur les morts, vaincus par le cours du temps et les mots prononcés à mi-voix. Et la douleur ? Et la peur, l’humiliation ? À quoi servait la vérité si elle ne rendait pas la vie aux défunts, si elle ne délivrait pas le survivant de ses cauchemars ?
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- L'homme à la triste figure n'est pas le seul à avoir droit à une dose de folie. Et la fameuse nana, celle de Toboso, n'était pas non plus une jeune fille en fleur, ai-je dit en baisant les lèvres de Griseta.
(P. 25)
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Griseta était dans mes bras et peu m’importais si le monde s’écroulait au delà de notre lit. J’ai caressé ses cheveux et j’ai continué à l’embrasser jusqu’au bout de la nuit.
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