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Critiques de Régis Debray (183)
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Vie et mort de l'image

Un livre consistant et passionnant construit sur de nombreuses références et dans un esprit pluridisciplinaire.

Une histoire du regard en Occident qui fut tour à tour magique, artistique et enfin économique ou sont explicitées les interactions techniques, symboliques et politiques, depuis la gravure rupestre jusqu'à l'image numérique.

Pourquoi la médiologie ? Parce que l'image fabriquée est à la fois un produit, un moyen d'action et une signification.
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Vie et mort de l'image

Thèse de philosophie rectifiée pour la publication, cet essai a été écrit alors que Régis Debray avait déjà 50 ans et une grande expérience derrière lui : publications (Révolution dans la révolution) et guérilla révolutionnaire auprès du Che, prison en Bolivie ; enseignement populaire, rencontre de Salvador Allende, responsabilités politiques pour le gouvernement Mitterrand… Ainsi, cet essai permet à Régis Debray d'entrer dans une nouvelle carrière, moins directement exposée, la recherche. Le sujet de cette thèse, en plus, apparaît de prime abord comme bien moins politiquement engagée que ces précédents travaux. Toutefois, porter un regard philosophique et critique sur l'histoire de l'art et de l'image est en fait bien plus polémique qu'il n'y paraissait. Notamment parce que enquêter sur le « regard » que porte l'homme occidental sur l'image ou sur l'art implique de s'intéresser aux rapports de l'homme avec la religion, avec le sacré, avec l'autre… Ainsi donc avec l'image qu'on s'est construit de sa civilisation, donc avec l'idéologie qui en découle.

L'axe principal de cet essai est l'articulation entre art et religiosité, entre image et sacré. Régis Debray tente de mettre en évidence le rôle social et spirituel de l'art, et ainsi l'évolution de sa place suivant trois périodes principales : antiquité et moyen-âge (où l'image a quelque chose de sacré) ; de la Renaissance au monde industriel ; de l'industrialisation au numérique.

Le mythe de l'art comme dépassement, voilement de la conscience de la mort, est certes séduisant mais semble limité, incomplet : la mort n'est pas le seul événement susceptible de provoquer une conscience spirituelle (et même au contraire, il est peu crédible que l'animal n'est pas d'émotion similaire devant un de ses semblables mort). C'est le rôle limité qu'on prête souvent à la religion de ne s'occuper que de la mort ou de la vie après la mort. Si par exemple on prend en compte les religions de type chamanique des peuples premiers – culture que l'on prête désormais volontiers aux hommes préhistoriques – l'art ne regarde pas que la mort (même si il est très présent dans les sépultures), il semble être davantage l'expression d'un sentiment spirituel face à la nature, devant l'étrangeté de la position de l'homme dans la nature, éloigné de l'animalité par sa conscience. L'art rupestre serait ainsi l'expression d'une volonté de fusion mystique avec la nature (mélange des animaux, de la grotte avec les animaux, des hommes avec les animaux…). L'art retrouverait ainsi, par l'intermédiaire d'une certaine transe, l'instinct animal, la nature, la vie sauvage perdue. On pourrait avancer l'idée que ce n'est pas seulement la prise de conscience de la mort mais de toute l'étrangeté de la vie, de la position ambiguë de l'homme dans la nature. Et la religion répondrait d'ailleurs également à toute cette étrangeté. En tout cas, il est bien question dès l'origine d'un lien étroit entre expression artistique et sentiment du sacré, de ce qui dépasse l'homme ou le limite.

Le travail de l'artiste n'est jamais juste symbolique (sens) ni utilitaire. Debray retrouve le principe d'ouverture de l'art analysée par Umberto Eco (dans l'Oeuvre ouverte). Mais il l'applique à la fois à la compréhension/réception de l'art mais également à son rôle social (son utilité et valeur sacrée ou matérielle varie), particulièrement changeant au cours de l'histoire. C'est pourquoi l'artiste comme l'oeuvre d'art est insaisissable et mouvant. Toutefois, on pourra dire que si la conception de l'art comme point de vue, regard personnel de l'artiste, est bien une construction de la Renaissance. Si la notion ainsi d'art n'apparaît pas comme telle dans l'antiquité, on ne peut toutefois retirer à tout artisan de tout temps, une certaine ambition ou démarche artistique, donc personnelle. Si l'art répond, comme l'artisanat, à une commande, à une utilité, il y a bien élaboration déjà d'un goût dominant, d'une hiérarchie des artistes…

D'une même manière, Régis Debray identifie le principe de l'incarnation divine comme racine d'une différence de fonction des images en Orient et Occident. L'image occidentale pouvant ainsi se charger dans sa matière même de sacré. Toutefois, si ce principe identifie l'acceptation de l'image réaliste, de l'image sacrée, chez les chrétiens, l'image interdite en Orient n'a-t-elle pas également une couleur « sacrée » ou à l'inverse interdite, une usurpation de la fonction créatrice divine, une inspiration démoniaque ? Ainsi, l'art pourrait avoir une orientation similaire en Orient.

Régis Debray identifie, exprime et explique avec satisfaction les contradictions de l'artiste (tour à tour cachant son travail, son effort, ou le revendiquant ; revendiquant tour à tour le fond puis la forme…), l'évolution récente et pervertie de l'art vers la performance (l'absolue nouveauté, l'événement, le délaissement de la forme…). Il s'agit bien pour Debray de montrer les limites de la conception moderne de l'art et de l'artiste, d'en montrer les ficelles, d'en dévoiler les secrets cachés, le mensonge originel qui entretient son impression d'importance et le poids du marché de l'art… L'art serait une invention occidentale récente et surtout bourgeoise, destinée à la marchandisation. C'est pourquoi l'artiste cache ses efforts, laisse penser qu'il a un lien privilégié avec le mystique (comme autrefois le chamane…), un don… C'est pourquoi il se cache de répondre à une commande, à un besoin formaté du marché, à une mode, à un impératif de nouveauté… Le point d'aboutissement de cette supercherie bourgeoise, cette bulle artistique, c'est cet art de l'événement qui a délaissé le travail matériel, son ancien point commun avec l'artisanat, pour ce qu'il appelle le dispositif, l'idée pure… Qui ne se connaît donc plus vraiment d'utilité sociale, sinon un divertissement passager, ne prenant un sens que dans l'instant…

Régis Debray critique surtout dans cet art au sens moderne, son aspect individualiste (le style…). Proprement lié à l'Etat bourgeois, à la marchandisation, donc à l'appétit de possession et d'ascension sociale du consommateur bourgeois : l'artiste ne serait qu'un double du consommateur, individu unique et exceptionnel. Cet aspect très idéologique de sa critique d'un outil capitaliste présenté comme emblème de liberté, d'universalité, d'humanisme prend peu à peu l'apparence d'une critique de la société de consommation, de la société du divertissement, de la société du progrès technologique…
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Le siècle vert

C'est encore un essai toujours aussi truculent et perspicace de ce sémillant auteur qui ne semble pas vieillir... Et pourtant, il est confronté comme nous tous à la même simplification dangereuse de l'actuelle lecture du monde par la majorité de nos contemporains...
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Quitte ou double

Une crise fait le tri entre le réel et le factice, le mensonge et la vérité.

Où est l'Europe qu'on nous vante depuis des années ? Un fantôme, un mensonge.

Des leurres de façade s'effondrent et prenons garde car "la crise civilisationnelle" peut disparaître très vite.
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Un été avec Paul Valéry

Un été avec Paul Valéry : faut-il en dire davantage pour comprendre qu'il n'y a pas de meilleure lecture en ces jours de canicule ? S'il ne fallait en dire qu'une seule chose, je citerais simplement l'auteur, Régis Debray : « l'été sied à Paul Valéry, ce solaire impénitent qui nous enjoint de plonger dans la mer pour mieux renaître ». Si la critique prenait fin à ce stade, je ne m'attirais nul esclandre. En effet, l'ouvrage recèle précisément ce qu'il annonce, une brève description de ce qu'était Paul Valéry et son oeuvre.

Néanmoins, il serait injuste de pas ajouter qu'il s'agit là d'un travail de qualité : sans fioriture, Régis Debray commencer à nous emmener à travers la jeunesse de l'auteur. Au hasard des rencontres, il accumule les informations et, sans palabre, il explore la vision sociétale de cet auteur pas si lointain. La plupart des chapitres sont biographiques, comme « le trio à plumes », dans lequel nous en apprenons davantage sur l'influence qu'a pu avoir ses amis sur la vie de l'auteur pour qui l'amour rendait la pensée frivole alors que l'amitié l'enrichissait. D'autres, moins nombreux mais quand bien même intéressants, aborde la clairvoyance de la vision de la politique européenne de Paul Valéry.

Cet ouvrage recèle en lui trois qualités irréfutables : la première est de nous informer sur un auteur qui, aujourd'hui encore, demeure incontournable, et ce de manière légère (quoique sérieuse tout de même) ; la deuxième est de nous faire réfléchir sur la société de l'époque (l'entre-deux guerre notamment) et, par mimétisme, sur la nôtre ; la troisième est de nous pousser à en apprendre davantage sur Paul Valéry et de redécouvrir son oeuvre. C'est les raisons pour lesquels je vous conseille de vous plonger dans « Un été avec Paul Valéry ». Quant à moi, j'explorai le reste de la collection avec notamment « Un été avec Baudelaire ».

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Bilan de faillite

Constat de faillite des entreprises révolutionnaires et politiques de l'auteur par lui-même, exposées à son fils, dans un style totalement tarabiscoté qui finit par rendre la lecture agaçante.

L’impression dominante est la construction là on attendait la sincérité.
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Eloge des frontières

Qualifié de manifeste, ce texte est très poétique, très intelligent, une écriture qui vole, qui tourbillonne. S'il est bien un éloge des frontières, il est indispensable de comprendre ce qu'entend Debray par ce terme, et s'ensuit une description, une addition d'exemples montrant l'absolue nécessité de limites, si possibles claires, poreuses car il faut que ça vive, il faut des échanges, mais la perte d'identité dans un tout total global sans saveur est tout sauf un puissant désir. Pour certains une crainte. Au risque de voir des murailles, des murs, des portes fermées à triple tour, il est indispensable de rétablir ces limites-frontières qui donnent du sens, de la vie, et qui rassurent, aussi.

C'est assez brillant. Sans doute un peu trop (pour "le grand public").
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France-Amérique

Régis Debray a questionné de nombreux intellectuels pendant l'été 2017 sur les ondes de France-Culture. Les émissions portaient sur les interactions entre la France et les USA des inventions dans des domaines très variés de notre civilisation occidentale : cinématographiques, littéraires, gastronomie.... Cet ouvrage retranscrit les émissions.

Pour chaque sujet un intervenant différent répond aux question de Régis Debray. Ce sont des philosophes, des journalistes, des historiens.... C'est très intéressant mais très "intellectuel". Il ne pouvait pas en être autrement dans la collection "Autrement" avec Régis Debray!

Les illustrations sont les bienvenues quand le texte est trop abstrait. J'ai dû lire ces entretiens à petite dose pour les apprécier.
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Le feu sacré

A quoi servent les religions? A l'heure de leur grand retour et du fanatisme roi, deux tentations naissent : se plonger corps et âme dans son identité religieuse ou jeter aux orties toutes les superstitions rendues à l'évidence absurdes par la science et la raison. Ce livre, en parcourant les mille facettes des religions, évite ces deux écueils. Cinq mots clefs viennent expliquer le rôle des religions.



Fraternités : les religions sont créatrices de liens, elles font du pluriel un singulier, elles donnent à la vie en commun des règles, comme celles des monastères, qui sont bien souvent en avance sur celles du reste de la société.



Hostilités : les religions sont créatrices de conflits parce qu'elles sont toujours l'affirmation d'un peuple contre le reste du monde, le monothéisme accroissant la haine de l'autre en s'affirmant vérité universelle. Si je détiens la vérité, l'autre a tort, il est mon ennemi, je dois le convaincre ou le vaincre.



Identités : à l'heure du grand flou mondialisé, les religions soudent des communautés en les distinguant des autres. On ne peut dire "nous" que contre "eux".



Unité : ces identités ne peuvent vivre qu'à travers des rites, des gestes dans lesquels on se reconnaît. La parole ne suffit pas, la raison encore moins.



Actualité : si les religions semblent obsolètes quand on réfléchit à l'absurdité de leur contenu, elles sont impossibles à déboulonner parce qu'elles racontent à l'humanité ce qu'elle a envie d'entendre, qu'elle enchante la vie et même, piège ultime, la mort.



Bref, si l'on peut penser que les religions sont des croyances absurdes dont il faudrait débarrasser l'humanité, on est néanmoins forcé de constater qu'il n'existe pas de société humaine sans religion. Hélas?
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La guérilla du Che

Comment et pourquoi le Che est-il mort? L'un de ses compagnons essaie de résoudre l'énigme, d'expliquer l'échec de la guérilla lancée par Guevara en Bolivie. Beaucoup d'erreurs ont été commises : manque de liens avec les habitants des lieux, conflit avec le parti communiste bolivien, aucune base sociale dans l'endroit choisi pour commencer la guérilla, mauvais timing, folie des grandeurs en pensant la guerre à l'échelle du continent, rupture entre l'arrière-garde et le reste du groupe, trahisons, désorganisation et finalement émiettement des guérilleros. Ce livre montre avec précision que la guérilla était vouée à l'échec. On aurait néanmoins souhaité - même si ce n'est pas le propos du livre - que Régis Debray témoigne sur le quotidien des camarades du Che, sur la geste héroïque qu'il a vécu, sur la tragédie finale. Etrangement, ce livre d'un témoin très proche des événements marque trop de distance, comme s'il était nécessaire de prendre la posture de l'analyste pour parler de la passion révolutionnaire sans tomber dans la grandiloquence. On aurait souhaité plus de romantisme.
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Un mythe contemporain

Ce pamphlet, contenant le texte du discours introductif d'un colloque euro-méditerranéen de 2007 en Andalousie, n'a pas le but de rendre plus vivant le "dialogue des civilisations", antidote conceptuel du "choc des civilisations". Il permet en partie de comprendre et d'exprimer les raisons de ses limites, dans un scepticisme que de nombreux partagent et que certains déplorent.

Le chapitre sur la "culture" montre les failles épistémologiques du concept, et semble exclure une fusion des cultures. L'excellent chapitre sur le "dialogue" montre que les crispations identitaires et le semblant d'assurance de la culture dominante la rendent totalement inadaptée à un "dialogue" qui est médiation, négociation, donnant-donnant.

Des raisons démographiques et climatiques ont un parallèle sur la dégradation du "climat des relations".

Dans ses dimensions en proportion de la circonstance, c'est un texte dont le mérite est d'être le contraire d'un texte de circonstance.

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Dieu, un itinéraire

L'objectif de Debray dans cette étude parue voici -déjà!- une quinzaine d'années est de "scruter le terre- à- terre du Ciel". On se doute que la tâche est ardue.

Debray y parvient-il?

Oui; sans l'ombre d'un doute.

Avec la sagacité qu'on lui connaît et qui paraît un tantinet décalée : pas vraiment homo technologicus, Debray, mais toujours à temps et...à contretemps!
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La neige brûle

Entre l'Amérique latine et l'Europe l'histoire d'un homme et d'une femme. Français et autrichienne, partisans de plusieurs révolutions. Boris est aimanté par Imilla mais cette dernière aime Carlos, un leader révolutionnaire. L'histoire de destins qui se croisent, qui s'éloignent, qui se retrouvent. Entre conviction et désespoir, amour et désillusion.

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Jeunesse du sacré

Un ouvrage hyper pédagogique, largement illustré et accessible pour comprendre combien le sacré reste omniprésent dans nos sociétés laïques, surtout là où on ne l'attend pas.
Lien : http://synchroniciteetserend..
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Un candide en Terre sainte

C'est un remarquable livre d'investigation et de réflexion sur la situation très complexe au Proche-Orient. Il se focalise surtout sur le conflit israélo-arabe. Tous les protagonistes de ce conflit "en prennent pour leur grade", y compris Israël dont la politique est sévèrement critiquée, sans toutefois que l'existence même de l'Etat juif soit remise en cause. D'une manière générale, R. Debray se positionne en "candide", qui n'aligne pas son opinion sur l'un des camps ennemis.

L'auteur démontre toute son intelligence dans un dialogue approfondi avec toutes les parties prenantes du conflit. Il exprime d'une manière précise ses impressions et sa compréhension des questions religieuses et politiques qui divisent les habitants de cette région. R. Debray a le sens de la formule et du raccourci pour caractériser ces problèmes avec justesse, sans pour autant tomber dans la simplification et le manichéisme. Certains pourront lui reprocher un style assez sec et une écriture peu fluide, mais R. Debray est un intellectuel, et non un poète ! Cependant, j'ai l'impression qu'il dissimule une certaine empathie avec les divers protagonistes rencontrés, malgré les critiques qu'il distille dans son livre.

Quoique publié en 2008, ce livre empreint d'esprit de justice reste encore un ouvrage très utile pour comprendre cette région compliquée et dangereuse.
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Contre Venise

Provocateur, c'est un Régis Debray égal à lui-même ici qui nous régale avec un essai qui dénonce les pratiques mercantiles du voyage à la mode qui met sous verre l'objet convoité, Venise.

Dans "Contre Venise" il montre qu'il est plus contre la façon dont Venise est vécue que contre la ville, comme le titre semble l'indiquer. C'est quand même un cri contre le dépeuplement de la cité et une forme d'admiration car Régis Debray n'est pas indifférent.

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Eloge des frontières

Très court essai sur le thème des frontières, Eloge des frontières prend le contre-pied de la mondialisation sur le sujet de l'ouverture des frontières.



Loin de tenir des propos que l'on pourrait qualifier de polémiques, Régis Debray prône la mise en place de frontières stables et définies, qui sont le signe que les deux entités ainsi séparées se reconnaissent l'une l'autre ; que l'identité de chacune est protégée, mais non imperméable. Car c'est bien cela que soutient l'auteur : des frontières solides mais que l'on peut aisément traverser.



On entrevoit derrière le texte la touche de poésie et de philosophie d'un homme à la vie passionnante (rappelons que Régis Debray rejoignit le Che en Bolivie, y fut condamné à mort avant de participer au gouvernement de François Mitterand), et grand voyageur. L'absence de frontières, c'est également l'absence de plaisir de les franchir pour découvrir de nouvelles contrées et identités.



Un court ouvrage néanmoins dense, et qui, par des idées intelligentes et justes, rappelle l'importance d'un mot que l'on a peu à peu diabolisé ces dernières années.
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Où de vivants piliers

Sans doute un de ses meilleurs essais, plus personnel, un testament ? Comme définition de l’intelligence, voici une belle illustration pour l’épreuve de philo, sans doute trop compliquée pour l’ignare standard. A lire par ceux pour qui culture, histoire, littérature sont encore des mots avec du sens… et par d’autres, aussi.
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Madame H.

Comdab (pardon).. livre piquant, à croquer avec un dictionnaire sous la main, compte-tenu de la richesse de vocabulaire de l'auteur.. C'est un festival de bons mots, agiles et pétillants.



En prime, des anédoctes très interessantes (le discours de Tonton, le rdv avec le grand Charles, le dîner avec Bousquet). J'apprends toujours quelque chose en lisant RD.



Des perles du genre ace au tennis, et le clou: "un Africain gorgé d'histoire (auquel l'auteur, qui vient d'en sortir reproche de n'y être pas entré") ..



J'ai ri, noté et, beaucoup approuvé. Au delà des reflexions personnelles je me dis souvent que j'aurais pu dire la même chose. Là est tout: j'aurais pu, mais je n'ai pas pu.



Pas facile à lire (quelques fois j'ai lu à voix haute pour m'assurer que je ne ratais rien dans la phrase) mais en arrivant sur la fin, on se sent moins seul. L'impression que "quelque part, quelqu'un pourrait me comprendre" ..



j'ai été ravie de lire ce livre (au lieu d'écouter les nouvelles)
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Où de vivants piliers

L’ancien guévariste davantage mis en valeur par « Causeur » que par « Le Monde » est l’un des piliers d’une génération qui lisait.

« La Nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles

L’homme y passe à travers des forêts de symboles

Qui l’observent avec des regards familiers. » Baudelaire

Mais plutôt que l’image imposante religieuse et statique de la colonne ou du poteau, les mots du vieux monsieur paraissent préférables pour présenter ce livre d’hommages :

« Fût-il en fin de carrière ou de vie, un cadet de l’art d’écrire ne saurait déménager à la cloche de bois sans régler ce qu’il doit aux grands aînés qui l’ont, à leur insu, incité à poursuivre ou à tenter de rebondir. Tous les écrivains abritent au fond de leur cœur des passagers plus ou moins clandestins, souvent de la génération précédente, qui font pour eux office d’incitateurs ou d’excitants.»

Les 186 pages d’un auteur familier, dont j’attends toujours avec gourmandise la prochaine production, renouvellent le genre respectueux avec subtilité et humour.

https://blog-de-guy.blogspot.com/2020/12/dun-siecle-lautre-regis-debray.html

De Julien Gracq, « quand l’époque est à l’hirsute, le rebelle est boutonné» à Céline :

« D’être adoré de tous, il serait aujourd’hui bien embêté, notre béni-non-non, lui qui aimait tant être détesté de tous. Il nous cracherait son mépris à la gueule mais son glaviot serait encore, pour vous et moi, comme une décoration.»

A propos de Mauriac :

« Avec le fil à plomb d’une foi, le démon politique n’abime pas trop ceux qui peuvent « rompre avec ce monde tout en y combattant » quitte à courir du scoop à l’évangile aller-retour. »

Entre Aragon, Cordier, Gary, Genevoix, Giono, Sartre ou Yourcenar, des digressions en de courts chapitres concernant le protocole, les voyages… sont délicieuses.

Je pioche au hasard tant chaque phrase allie le style (de droite) et les idées (de gauche) :

« Les gens de mon bord me rasent dès qu’ils prennent la parole, tant ils aiment faire la morale ; l’autre bord, plus déluré, me fait bicher malgré moi, tant qu’on ne parle pas des prochaines élections. »

« C’est Stendhal, l’homme France et non l’auteur de La Légende des siècles. Nos prétentions à l’épique, au lyrique, au légendaire ne sont plus de mise-sauf enflure et grandiloquence. »


Lien : https://blog-de-guy.blogspot..
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