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Critiques de Régis Debray (183)
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Du génie français

Stendhal porté aux nues, symptôme d'une époque





Victor Hugo a longtemps dominé par son écrasante majesté l'histoire des lettres françaises, élu par goût majoritaire numéro un des écrivains dans le cœur des français. Mais depuis quelques décennies Stendhal l'a détrôné et occupe désormais sa place de grand magistère littéraire.



Entre froissement et perplexité, Debray tente dans son essai d'expliquer et de dénouer les enjeux de ce retournement de popularité d'Hugo pour Stendhal.



Il avance comme argument principal l'égotisme contemporain qui s'identifie davantage à Henri Beyle qu'à Hugo, que ce soit par son œuvre ou par sa vie. Cet homme qui préférait l'Italie à la France et dont les personnages, sans grands engagements répondent à des destinées imprévisibles. A contre-courant de leur siècle, ils font désormais corps avec le nôtre.



Cette mise en perspective des deux écrivains et leur affrontement spéculatif est un exercice de style réjouissant où Debray conspue l'être moderne stendhalien en restant fidèle au monde hugolien.



La prose de Debray est toujours une joie. Cet engagement de phrases biscornues et toniques, révélatrices d'un imaginaire fécond en ébullition. On passe au-dessus et au-dessous de la ligne de flottaison de l'académisme scriptural, ballottant notre esprit captif et imposant ralentissements et accélérations dans le rythme de la lecture. Son style est une musique qui se module en fonction du sens des mots alignés, de l’enchaînement des idées et des orientations conceptuelles.



Pour conclure, un livre passionnant, porteur de tout ce que Debray charrie de pensées sur l'époque et les êtres qui la traversent. N'échappant pas à l'écueil de notre temps, je me reconnais en l'égotisme de Stendhal mais n’oblitère pas pour autant la figure tutélaire incontestée du géant Hugo.





Samuel d'Halescourt
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Un été avec Paul Valéry

J'aime bien le format et le contenu de ce petit livre. Une série d'émissions radiophoniques est à l'origine de l'ouvrage . Par petites touches Régis Debray nous permet de mieux connaître le brillant poète et le brillant analyste de notre société qu'était Paul Valéry. Un petit livre a mettre dans son sac et à butiner.
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Civilisation

Le hasard, la curiosité — je n’ai rien lu de Debray — et les références à Valéry m’ont fait entreprendre cette lecture. Elle est agréable mais le plaisir est un peu court.



Première question, chapitre I : « Que veut dire civilisation ? » Pas de réponse claire, mais une approche dans la sous-question « Comment distinguer culture et civilisation ? ». « D’abord par l’espace, par l’aire de diffusion — l’islam avec un petit “i” va de Dakar à Djakarta. Les fondations sont plus larges que le bâti. Ensuite dans le temps, par la longévité : Rome a duré mille ans et la Chine aborde son troisième millénaire » (p 20). Deuxième question, chapitre II : « Quand l’Europe a-t-elle cessé de faire civilisation ? ». Entre 1919 et 1996 au profit de l’Amérique, nous apprend l’apôtre de l’antiaméricanisme. La suite à l’avenant : « Avouons-le : en 1900, un Américain de bon ton est un Européen exilé ; en 2000, un Européen dans le vent est un Américain frustré — ou qui attend son visa » (p 46).



Bon, on peut arguer que l’Europe sans la Russie fait 10,2 millions de km2 (9,8 pour les États-Unis) et qu’elle compte un peu plus de millénaires, qu’une seule langue ne peut suffire car nous vivons dans un monde moderne comme dit l’autre, que notre langue évolue (pardon à Étiemble), et qu’on ne peut reprocher sa force d’attraction à l’anglais (Étiemble était anglophile et anglophone mais séparait les genres), mais ce n’est pas la question. Un pamphlet doit être excessif et roboratif. Mais celui-ci est indigeste et Debray n’est pas Valéry, il a oublié l’auto-ironie de Monsieur Teste. Alors on saute des pages (est-ce ce qu’on appelle un page turner ?). Je me suis arrêté page 135 à cette belle séquence : « Parfois hystérico-fusionnels, les barnums néoévangéliques tournent le dos aux monastères et aux catacombes. C’est grand. C’est visuel. C’est musical. C’est marketing. C’est fun. C’est fou. C’est sanitaire. C’est utilitaire. C’est lucratif. C’est tout. ».

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Civilisation

Un livre qui peut paraître un peu fouillis de prime abord mais il a le mérite de soulever de nombreuses questions. L'axe principal est le phénomène d'acculturation des sociétés européennes par l'impérialisme culturel des Etats-Unis. Regis Debray l'explique par le statut de civilisation revêtu par le pays de l'oncle Sam. C'est à dire qui a la capacité d'imposer une vision et un mode de vie. Une civilisation héritière de l'Europe mais qui dispose de ses propres spécificités, comme celle de placer au centre de tout l'économie.







Un ouvrage assez plaisant mais qui nécessite d'avoir quelques références en histoire politique et culturelle pour saisir les innombrables allusions de l'auteur. Le sujet concerne tout le monde et mérite d'être discuté.
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Contre Venise

Pamphlet contre l'engouement du tourisme de masse vers la fragile et décadente Venise.

C'est caustique, parfois drôle, parfois spirituel et parfois ridicule.



Je cite ceci : "Venise est la vulgarité de gens de goût". Le paradoxe de Debray qui donne dans l'ellipse.
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Contre Venise

écrit avec brio, comme d'habitude, un manifeste contre Venise, la belle endormie du Nord un peu mortifère, mais résolument pour Naples, la rigolote jubilatoire du Sud - soit une nouvelle version de la vieille querelle entre Apollon et Dionysos qui a pour théatre ici les antagonismes de la peninsule
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La laïcité au quotidien

Ce petit guide pratique de la laïcité examine un certain nombre de points délicats dans l’application du principe de laïcité en France. C’est factuel, précis, parfois terre-à-terre et sans considérations générales. Parmi les sujets épineux, je citerai par exemple: les menus de cantine scolaire; le blasphème; les problèmes liés à la naissance, le mariage, la fin de vie; la non-mixité; la formation des imams; les pratiques très particulières en Alsace-Lorraine, etc. Quoiqu’un peu sec, ce petit livre me semble le bienvenu dans un contexte où les polémiques franco-françaises se succèdent, notamment au sujet de la visibilité de l’Islam dans notre pays.
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Civilisation

Régis Debray Civilisation

Comment sommes-nous devenus américains

C'est quoi, une civilisation ? Comment ça naît, comment ça meurt? L'effacement de la nôtre nous aide à répondre à ces questions vieilles comme le monde.

De la CIA au rap, de House of Cards à Baron noir, des primaries à nos primaires, c'est cette imprégnation de notre culture nationale par la civilisation américaine que Régis Debray dévoile avec une gaieté frondeuse, en reliant les menus faits de notre quotidien à l'histoire longue de l'humanité. Illustré par l'exemple de la Grèce antique face à l'empire romain, l'invariable grammaire des transferts d'hégémonie éclaire notre présent d'une façon insolite et pénétrante. Une prise de recul qui, tout en absorbant de plein fouet l'actualité, surprendra également pro- et anti- américains

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Rêverie de gauche

Avant la prochaine élection présidentielle et les législatives de juin 2012, Régis Debray secoue les puces et les mémoires de nos politiques de gauche, notables, professionnels de la politique. En quatre courts chapitres, Régis Debray leur rappelle leur origine politique, l'histoire de la gauche française en espérant ou malheureusement en rêvant que ceux-ci réaliseront où ils en sont et pourquoi l'espoir qu'ils incarnaient dans le changement de la société à disparu et entraîné beaucoup de désillusions.

"L'argent", qui a tout pourri, "Le temps", l'histoire oubliée et le règne de l'immédiateté, "Les mots", règne du chiffre et perte du littéraire et du sens, "Le rire", l'allégeance de la raison au divertissement.

Par des raccourcis brillants, des entrechoquements du temps et des mots, Régis Debray nous dépeint une situation finalement assez déprimante.

" A quel instant situer le changement de climat culturel : le passage du social au sociétal, de qui est juste à ce qui se dit moderne, de l'égalité à l'équité, de l'élan de solidarité au crime humanitaire, de la culture pour tous à la culture pour chacun, du fraternel au compassionnel, du "changer la vie" au "changer de cantine" ? Quand le prolo est-il devenu le beauf de Cabu, Le militant, supporter; le courant de pensée, écurie; la classe, réseau; et le bobo, boussole ? Quand l'adresse des raout a t-elle glissée de la Maison des Métallos à la Maison d'Amérique latine et le lieu de pèlerinage de Latché à Marrakech? Je constate simplement qu'au réchauffement global de l'atmosphère terrestre a correspondu au niveau de la mer un net refroidissement des passions civiques" (pg 17)

Un petit opuscule qui fait réagir le sympathisant de gauche, qui énerve et interroge et nous révèle nos compromissions dans l'acceptation d'une certaine disparition des valeurs de la République détruite petit à petit par les valeurs capitalistes, libérales ramenant tout à l'immédiat, au profit et à l'abêtissement et par l'abandon de ces valeurs par les dirigeants de gauche.

Un petit livre écrit dans un style rapide et vif avec parfois quelque pédanterie de vocabulaire, mais l'auteur ne peut pas écrire :

"Giraudoux utilisait trente-deux mille mots, notre journal de référence, cinq mille à peu près, un candidat à la présidence, mille et Sarkozy, au naturel, deux cent cinquante - l'idiome show-biz" sans pour lui faire preuve de diversité dans son langage et cela à moins le mérite de nous faire ouvrir le dictionnaire...
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D'un siècle l'autre

Incontestablement instructif, le livre revient sur des thèses politiques et sur des personnages historiques fondamentaux (Diderot, Auguste Comte ou encore De Gaulle). La pensée politique de Régis Debray apparaît nuancée, il se positionne pour une gauche « patriote » et échappe au clivage habituel qui oppose patriotisme et justice sociale. Particulièrement critique à l’égard de ce qu’il nomme l’américanisation de la France, il n’évoque que succinctement les problèmes liés au terrorisme, et ne croit pas au principe de laïcité comme croyance collective de substitution. Le sujet principal qui semble l’animer est l’union des peuples, l’identité des groupes sociaux et la nécessité de croire en quelque chose pour agir collectivement.



Régis Debray en se livrant à cet exercice échappe à l’écueil des poncifs : son ouvrage a du caractère, ses thèses surprennent et l’on découvre une vision du monde à la fois dense et vigoureuse. Il n’échappe cependant pas à une forme de pessimisme (américanisation, globish, nouvelle génération en perte de repères, système de valeurs inversé etc.). Après soixante-année de survol, la « chouette » nous laisse ainsi face à une civilisation occidentale déclinante, qui pourra peut-être – mais rien n’est sûr - trouver son salut dans la cause écologiste.

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Cher Régis Debray

Notre auteur Alexandre Franc va dialoguer avec l'illustre Régis Debray pendant près de 2 ans (de juin 2011 à mai 2013). Cela donne quelque chose d'assez philosophique sur la France, la patrie et les idéaux. A l'admiration pour Debray, fait suite une résistance quasi psychologique de m'écrivain qui jadis participa à tous les combats au côté d'un certain Che Guevara pour terminer écrivain tout en étant chargé de mission pour les relations internationales sous la présidence Mitterrand.



C'est une mine d'informations et d'idées. Ainsi, on redevouvre un Jules Ferry qui disait : "Tous les enfants qui fréquentent nos écoles sont appelés à servir un jour leur pays comme soldats ; c'est une oeuvre patriotique que nous poursuivons, et nous rendons un vrai service à nos élèves eux-mêmes en cherchant à leur donner des habitudes viriles, à les familiariser dès l'enfance avec le rôle qu'ils auront plus tard à remplir, à les initier aux devoirs qui les attendent au régiment". A-t-on encore envie de le célébrer ?



Après avoir détesté Les Satellites ou Les Isolés mais véritablement aimé Les Pénates, je découvre un auteur qui suit un chemin assez singulier. Il donne de sa personne au risque de perdre ce qu'il a de plus cher. Il y a une rare intelligence du propos dans cette correspondance dessinée. C'est comme un jeu de piste mais on peut également s'y perdre...
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Le siècle vert

Certaines idées sont intéressantes. Cependant elles sont obscurcies par un langage délibérément soutenu, ce qui donne au texte un côté pédant et supérieur, mâtiné de nombreux regrets sur l'ancienne société occidentale car, éternel refrain puant, "c'était mieux avant" (selon l'auteur, avant que les couples puissent avoir des enfants sans relation sexuelle, avant que les jeunes générations discourent sur l'environnement sans connaitre par coeur le nom des plantes (car c'est évidemment plus utile de connaitre le nom de toutes les plantes que d'argumenter sur les conséquences environnementales des actions politiques), etc). Un tract au discours rétrograde d'autant plus pernicieux que ce discours est caché. Quelquepart, mieux vaut le discours d'un Eric Zeimour, horrible mais qui a l'avantage d'être clair.
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Le siècle vert

Ce vieil humaniste grincheux et malicieux nous apporte ,dans ce petit ouvrage, mille et une pistes de réflexion quant au fonctionnement social et sociétal dont les contours se dessinent progressivement ( passage du monde ancien au monde nouveau...évolution des pensées communes et/ou singulières; bouleversements technologiques, tout particulièrement communicationnels....)

Intelligence et humour font bon ménage

Debray le montre avec éclat !!
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Madame H.

Le style y est si profondément l'homme qu'on peut se passer de la signature pour reconnaître le signataire du pamphlet.
Lien : http://www.lepoint.fr/livres..
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L'erreur de calcul

Jamais je ne serais allée acheter un livre de Régis Debray. C'est un cadeau qui me procure beaucoup d'étonnement. Ce nom, mille fois entendu mais pas du tout familier pour autant, confondu avec deux ou trois homophones, sur la couverture d'un petit livre aux allures de pamphlet, à moi offert par un ami décidément aventureux, est en soi un étonnement. Ne trouvant aucun lien avec moi avant de lire, je lis, et l'étonnement ne mollit pas. L'homme (normalien) est érudit, qui évoque Chateaubriand, Bourdieu et René Rémond dès les premières pages comme si tout un chacun les avait lus, digérés et en faisait son miel quotidien. Il construit, à partir de la déclaration d'amour de M. Valls au Médef en août 14, une analyse impitoyable (mais pas désespérée) de notre époque vouée corps et âme à l'économie. Plein de métaphores (« est-ce une raison pour sauter de l'autre côté du cheval ? »), d'allusions politico-historiques (« le micro-trottoir n'a pas ce génie-là, auquel en appelait le vieux Charles renvoyé sur le tard à sa solitude pour excès de lucidité »), et de formules lapidaires (« Aimer, c'est graviter. Un soleil pour un autre, ce n'est pas anodin »), le texte est sec, la pensée sans fioritures et sans complaisance. Même si on est heureux de lire ce qu'on déplore soi-même sans bien savoir qu'en faire (« Chacun s'exprime à l'économie : il gère ses enfants, investit un lieu, s'approprie une idée, affronte un challenge, souffre d'un déficit d'image mais jouit d'un capital de relations, qu'il booste pour rester bankable et garder la cote, en jouant gagnant-gagnant ») ou qu'on est surpris par un bémol qu'on n'aurait pas concédé (« Notre tout-dividende actuel peut être cruel, et lourdingue, et vulgaire, mais reconnaissons-lui au moins le mérite d'être assez peu enclin au meurtre de masse et à la mégalomanie »), on referme le livre sur l'amer constat qu'on n'a pas les références nécessaires à la pleine compréhension du propos (on n'a fait ni Normale Sup ni Sciences Po), mais qu'il a probablement raison et ne nous laisse pas beaucoup d'espoir.
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Ce que nous voile le voile

J'ai acquis, au hasard d'une brocante, ce texte de Régis Debray. Je ne connaissais de lui qu'en gros son « histoire sud-américaine », le souvenir de quelques débats auxquels il a participé, la référence qu'il me semblait être devenu en matière sociétale.



Ce texte qu'il publie en 2003, il le contextualise dans son avertissement au lecteur:

« Le 3 juillet 2003, à Paris, le Président de la République investissait une Commission indépendante de 19 membres , présidée par M. De la société française d'aujourd'hui, du principe de laïcité inscrit dans notre Constitution. 



Nommé à cette Commission, il assiste aux auditions mais ne peut pour raison de déplacement à l'étranger participer à la délibération finale. Il y contribue sous forme épistolaire. Ce texte est la mise au point à caractère technique qu'il publie ici « en proie |comme le signataire| et peut-être l'époque elle-même, à d'embarrassantes perplexités ».



Ce travail est divisé en quatre parties qui vont du secondaire (la question dite du foulard) au fondamental (les rapports entre laïcité et République) en passant par l'École et l'expression des convictions religieuses au travail, dans les lieux publics et récréatifs,...).



Avec une méthodologie remarquable l'auteur argumente à la fois ses positions et propositions, mais le travail est aussi très pédagogique en ce qu'il donne des définitions intéressantes sur les « faux-amis » que sont parfois laïcité et sécularisation, religion et culte, opinion et conviction.



Les développements de chaque partie est très intéressant comme la progression de la question secondaire à la question fondamentale, les propositions de réhabiliter l'idée de communauté, celles pour un « plus » d' État.



La densité des réflexions, le style parfait pour ce genre de démonstration à la fois fluide et précis font de cet opuscule un ouvrage de référence pour qui souhaite faire le point sur ses valeurs, celles de sa (s) communauté(s), de l'État (ici, la République), en comprendre la nécessité de hiérarchie .



A recommander à tous ceux qui ont des convictions(opinions) politiques, religieuses ou philosophiques et n'ont pas peur de les confronter à une réflexion de ce type, à ceux que les débats de société intéressent (pas seulement la question de laïcité), bref à tout citoyen en sa cité.

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Un candide en Terre sainte

Le pari était osé : refaire l'itinéraire de Jésus à travers le Proche-Orient d'aujourd'hui n'est pas chose aisée. Exit les sandales, les cheveux longs, les paraboles et la cohorte d'apôtres qui suit servilement. L'ancien compagnon de route du Che aura du montrer de nombreuses fois son passeport (et faire jouer ses relations) pour pouvoir effectuer son périple.



[...]
Lien : http://shyankar.blogs.courri..
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Où de vivants piliers

Belle promenade et doux slalom entre les arcanes de la littérature. Une faute du typographe (où est-il donc passé celui -là ?) a failli gâcher mon plaisir, à la page 108 consacrée à François Mauriac : au lieu de faire le voyage vers le domaine de Malagar, il y est écrit qu’il fait des allers-retours en voiture Paris-Malága! Hum…
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Des musées aux missiles

Un petit texte de circonstance, écrit par Régis Debray, dans la semaine qui a suivi l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes.

Cette réflexion sur l'histoire et la mémoire, l'une représentant la guerre et l'autre la paix, ne m'a pas vraiment convaincu.
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Du génie français

Debray, en bon littérateur, a le courage d'orchestrer, loin du petit écran, un match peu évident de prime abord, mais de manière assez convaincante, sur l'identité nationale littéraire. Selon lui, le vrai gagnant de l'époque, en France, serait Stendhal, qui par son romantisme, son jeunisme, son individualisme, dans ses romans comme dans sa vie, voire par ses échecs et frustrations, constituerait LA référence à la mode et snoberait un Hugo relégué parmi les auteurs scolaires. Ce serait là la modernité française. L'"aéré du style", le « décousu main », les ellipses ont sans doute contribué pour partie à une certaine adhésion. Les héros stendhaliens ont également de quoi enthousiasmer. De fait, Stendhal brasse large effectivement, et l’écrivain rassemble de manière paradoxale des adeptes aux opinions politiques très tranchées. Par opposition, l’hommage rendu à l’homme plutôt qu’à l’écrivain Hugo relève d’une poignante sincérité et rappelle effectivement qu’il fut l’homme de quasiment tous les combats.

Le match est pourtant loin d'être plié. L’opposition n'est pas si tranchée. Stylistiquement, Stendhal n’est pas vraiment non plus l’apogée d’un style photographique ni éclaté dont le XXe siècle fourmille. C’est aussi un romantique qui fait croire au bonheur, et pas seulement un chroniqueur cynique. Politiquement, Stendhal est plus engagé, il a bien pris part mouvements libéraux de l'époque (Vanina Vanini) et les ultras en prennent bien pour leur grade (Le Rouge et le Noir, Lucien Leuwen...). Côté Hugo, il est difficile de souscrire pleinement à l'idée de son déclin actuel tant les événements, les séries (Les Misérables ; Hugo, ennemi d'Etat), les documentaires (Hugo en exil), les publications continuent de lui rendre hommage certain. L'exclusion trop rapide d'autres prétendants, comme Flaubert dont Barnes voudrait faire le patron de notre époque, montre que la couronne est au moins partagée, et les valeurs plurielles.

Au-delà, le titre accrocheur soulève une autre question plus profonde sur les idées de l’époque : individualisme replié, consécration du soi et du roman personnel, frustrations et échecs. On ne dissimule pas un certain malin plaisir à retrouver ici un exercice de style familier à l’auteur. Le trait est cependant forcé, « Stendhal » devenant alors un prétexte à une critique plus général. C’est alors on peut sérieusement se questionner sur l’existence même d’un tempérament national unique et distinct. Posé comme une évidence, les grands symboles nationaux étrangers semblent également assez éloignés des pratiques politiques et des identités nationales en cours. Si Johnson est shakespearien, c’est plutôt Macbeth. Quant à Confucius/Xi Jiping…

Le plus paradoxal sans doute tient à ce que le critique se prend à son propre jeu. Son propre style, formulaire, allusif, la rédaction fugitive de l'essai empruntent bien davantage à celui qu'il prétend condamner (Stendhal) qu’au candidat de son choix. Ce qui fait l’intérêt de cet essai, c'est bien sa brièveté et son allant. Au moins, Debray a le mérite de s’engager et de lancer le débat, proposant une vision littéraire des débats actuels, et ce n’est pas là sa moindre qualité.

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