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Critiques de Richard Powers (813)
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Sidérations

J'ai terminé ce livre les larmes aux yeux et la sensibilité à fleur de peau. Sidérée je suis. De multiples sidérations d'ailleurs me laissent comme hébétée : la magnifique relation père-fils, la façon d'aborder l'autisme, la construction du livre, son érudition scientifique, son cri écologique, son côté visionnaire, son parallèle avec le troublant « Des fleurs pour Algernon » de David Keyes. Ce livre est brillant et si, au départ, les allusions scientifiques peuvent nous tenir à distance, moi en tout cas, nous plongeons peu à peu dans ce bluffant ascenseur émotionnel.



Oui le terme d'ascenseur, ascenseur vertigineux, me vient à l'esprit car « Sidérations » nous montre que nous sommes tout petits dans cet univers gigantesque, que nous sommes là miraculeusement, et pourtant nous arrivons à la détruire, notre planète. Il montre que l'univers est un être vivant et le cerveau un univers condensé, l'infiniment grand et l'infiniment petit se télescopant et s'entrelaçant dans une danse cosmique pleine de grâce, de simplicité, de complicité entre Théo et Robin, entre ce père astrobiologiste qui a perdu récemment sa femme et son fils de 9 ans, hypersensible. Cette danse, parfois transe, tourne autour de questions existentielles : qu'est-ce qui est plus grand et plus important, l'espace du dedans ou l'espace du dehors ? Autrement dit que ce nous ressentons intimement, notre bien-être ou le devenir de la planète, voire la découverte de vie sur d'autres planètes ? le dehors ne conditionne-t-il pas notre dedans ? Ou devons-nous faire barrière pour ne pas être atteint et se protéger ? Comment ?



Théo Byrne est astrobiologiste, il cherche des traces de vie dans l'univers et créé des mondes où la vie est possible. Il embarque régulièrement le petit Robin dans l'imaginaire astronomique et les exoplanètes répertoriées dans son guide, dénommé par ses collègues le «guide Byrne des extraterrestres » qu'il a peu à peu élaboré. Ces voyages virtuels, dans lesquels nous embarquons également, sont de toute beauté et nous dévoile des formes de vie surprenantes : « Un soir de la mi-août, il demanda une planète avant de se coucher. Je lui offris Chromat. Elle avait neuf lunes et deux soleils, l'un petit et rouge, l'autre grand et bleu. Ce qui produisait trois types de jour de longueur différente, quatre types d'aube et de couchant, des dizaines d'éclipses possibles, et d'innombrables saveurs de crépuscule et de nuit. La poussière dans l'atmosphère transformait les deux types de lumière solaire en aquarelles tourbillonnantes. Les langues de ce monde avaient pas moins de deux cents mots pour désigner la tristesse et trois cents pour la joie, selon la latitude et l'hémisphère».



Ces voyages permettent d'assouvir la curiosité insatiable et la soif inextinguible de connaissances de son fils hypersensible, aux troubles autistiques sans diagnostics précis. Ils permettent d'oublier un moment ce que les hommes font de la Terre, d'aller voir ailleurs, de se protéger et de faire bouclier. Ils permettent enfin de créer un lien fort entre eux, une complicité de toute beauté, une relation vibrante emplie de poésie, de tendresse, de respect.

La maman de Robin, Alyssa, décédée quelques mois auparavant dans un accident de voiture, était une activiste écologique. Elle se battait notamment sans relâche contre la souffrance animale et la disparition de certaines espèces.

Robin semble avoir eu en héritage la révolte maternelle et la curiosité scientifique paternelle, et leur intelligence respective, intelligence naturaliste, intelligence visuelle et spatiale, intelligence logique. Un gamin hors norme qui nous fait fondre de ses remarques, de ses cris, de ses révoltes, de son empathie.



Qui nous fait fondre de son évolution aussi. Car « Sidérations » est l'histoire d'une évolution, de la prise en charge des difficultés de Robin non par un traitement médicamenteux chimique mais par une machine basée sur la technique du neurofeedback, une technique d'intelligence artificielle permettant de mieux décrypter le cerveau, de la cartographier, de canaliser les émotions. Qui permet de soigner une émotion en se calant sur celle d'une autre personne. Nous passons souvent de scènes cosmiques à celles de l'exploration du cerveau, transitions vertigineuses. Robin arrive peu à peu à canaliser ses émotions grâce à cette technique, à l'image de la souris Algernon qui devenait de plus en plus intelligente après une opération au cerveau. le parallèle est évident, d'ailleurs Théo au début du livre raconte à son fils cette histoire. Je vous laisse le soin de découvrir si le destin de Robin sera tout aussi funeste que celui de la souris.



« Papa ? Si tu partais en mer ou à la guerre… si quelque chose t'arrivait ? Si tu devais mourir ? Je resterais immobile, je penserais à ta façon de bouger les mains en marchant, et tu serais encore là ».



J'ai aimé Robin, attendrie, étonnée par ces questions, ces remarques. Un garçon perturbé, « blessé de voir ce que ne voyait pas ce monde somnambule ». Sa façon de savoir prendre son temps, d'être dans le Maintenant, contraignant son père par la même occasion à le prendre également ce temps, quitte même à ne pas respecter les règles du jeu de la vie professionnelle, m'a fait du bien. Cet enfant nous rappelle combien nous courons, sans même nous rendre compte des beautés environnantes, en perdant le sens de toute chose.



« Il voulut aller à pied au labo. C'était à six kilomètres de la maison – deux heures de marche dans chaque sens. Ça ne m'enchantait pas de consacrer une demi-journée à cette expédition, mais c'était le seul cadeau d'anniversaire qu'il désirait. Les érables flamboyaient, orange sur fond de ciel bleu intense. Robbie prit le plus petit de ses carnets. Il le tenait au creux de son bras, et y griffonnait en marchant. Les choses les plus banales ralentissaient son pas. Une fourmilière. Un écureuil gris. Une feuille de chêne sur le trottoir, aux nervures rouges comme de la réglisse ».



Richard Powers dénonce scientifiquement, ce qui pourrait paraitre froid. Il a l'intelligence de le faire par l'intermédiaire de ce couple étonnant. Cette dénonciation devient sublime et bouleversante. Elle est un cri. Un cri pour le désastre planétaire dont nous sommes la cause tout en restant aveugles, un cri pour l'exploration spatiale souvent entravée par la vision de court terme, les échéances électorales et la peur religieuse. Un cri pour l'éducation de nos enfants qui doit respecter leurs différences. Un cri pour la connexion au monde vivant. Comme si la sidération seule, vue cette fois ci comme un aveuglement, nous protégeait d'une guerre civile.



« Un jour nous réapprendrons à nous connecter à ce monde vivant, et l'immobilité sera comme un envol ».



Enfin « Sidérations » c'est La sidération, l'ultime, celle du miracle de la vie. Sans doute cette prise de conscience là permet de tout relativiser et de se battre avant de pouvoir dire :

« Oh, elle était bien, cette planète. Et nous aussi, on était bien, bien comme la brûlure du soleil, la piqûre de la pluie, l'odeur du sol vivant, le chant universel des formes infinies, paraphant l'air d'un monde changeant qui, d'après tous les calculs, n'aurait jamais dû exister ».



De toute façon comme le dit Robin : « T'inquiète pas, papa. Nous, on trouvera peut-être pas la solution. Mais la Terre, si ». J'ai envie de l'enlacer ce petit être. D'enlacer chaque être, comme si nos corps pouvaient maintenir à flot notre frêle esquif dans une mer immense. Et un livre qui me donne une telle envie de vie ne peut être qu'un livre magnifique !

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L'Arbre-Monde





Bouleversant , étincelant , dense ... dense !



Après lecture , ne me viennent que des qualificatifs positifs pour parler de cette œuvre impossible à résumer.

Elle gravite autour de son thème majeur , l'arbre et le vivant .

L'arbre et les siens . L'arbre et l'humain .



Symphonies poétiques et traités scientifiques s'entrecroisent pour servir la prise de conscience collective et ça donne une superbe mise en mots autour de huit nouvelles qui entrelacent leurs destins comme des racines .

Les arbres , comme des membres de la famille surgissent au cœur des récits .



L'utilisation constante d'un vocabulaire commun aux espèces humanise encore plus l'arbre : il vit , il est blessé , il communique , il meurt . On parle de sa chair , de sa peau etc...



" Le comportement biochimique des arbres individuels ne prend sens que si on les envisage comme des membres d'une communauté ".

P.143



Derrière les textes ou les personnages , on perçoit l'ombre de Darwin , de Thoreau , de John Muir , de Abbey mais Powers creuse et creuse et argumente et prouve et matraque : le vivant sur cette planète est un tout , nous méprisons les intelligences végétales , nous avons rompu les liens puissants qu'avaient nos ancêtres avec la nature .

Et, je n'ai pas besoin de préciser que l'auteur va bien sûr s'étendre sur les conséquences des dégâts infligés à la biodiversité par ignorance , par cupidité , par indifférence.





Voilà bien une œuvre salutaire , puissante : elle réveille les consciences , elle informe , elle conforte ou elle inquiète .

Mais , je dois dire que si cette lecture se grave dans la mémoire , elle requiert quand même un effort de concentration de tous les instants , avec , je le répète , des plages de plaisirs poétiques ou philosophiques : que dire du bonheur de rencontrer ici John Muir ...





Autre bienfait , j'ai regardé mes arbres chéris : les frênes qui font parfois trop d'ombre , les chênes qui ont transformé ma pelouse en tapis de mousse , le lilas mauve qui va chez le voisin , les sapins moches qui jaunissent ...

Vivez vos vies mes amours , je vous laisse aux oiseaux , Richard Powers vient de balayer un peu plus mes scrupules de mauvaise jardinière , vous avez juste à me tolérer parmi vous en me pardonnant le livre de papier que je lis sous vos branches.







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Sidérations

Depuis le décès de sa femme dans un accident de voiture, Theo Byrne, astrobiologiste, élève seul son fils de neuf ans, Robin. Ce dernier est sujet à des troubles du comportement assez préoccupants sur lesquels les spécialistes ont du mal à coller un nom définitif, allant de TOC à Asperger. Ne voulant pas que l’on administre un traitement à base de psychotropes à son fils, le scientifique se tourne vers une thérapie alternative, le « neurofeedback ». Même si celle-ci est encore au stade expérimental, les résultats dépassent vite toutes les espérances, mais… car il y a forcément un mais !



« Sidérations » est un roman foncièrement humain, axé autour de la relation émouvante et quasi fusionnelle entre un père et son fils et proposant de surcroît des personnages aussi profonds que touchants. Il y a tout d’abord le petit Robin, inspiré de Greta Thunberg, qui met toute son énergie au service de la préservation de l’environnement et qui peine à comprendre cette société gouvernée par le profit et la croissance. Il y a ensuite son père, créateur d’exoplanètes et recherchant toute forme de vie à travers l’espace, qui stimule la curiosité insatiable de son fils et l’invite régulièrement à s’évader de sa planète en voie d’extinction pour aller se réfugier sur celles qu’il invente. Puis, finalement, il y a le vide abyssal laissé par cette mère décédée, mais particulièrement présente tout au long du récit…



En marge de cette relation père-fils particulièrement touchante, Richard Powers invite à réfléchir sur le sort désastreux de notre planète. Du dérèglement climatique aux catastrophes sanitaires, en passant par l’extinction rapide de nombreuses espèces et une gouvernance écologique catastrophique, l’auteur aborde des thématiques on ne peut plus actuelles et dresse un bilan qui laisse malheureusement entrevoir le pire pour les prochaines générations.



« Sidérations » est surtout un récit intelligent, qui mêle astrologie et neurologie afin d’embarquer le lecteur au cœur d’un univers si vaste et si riche, qu’il en ressort conscient de son insignifiance à l’échelle de l’univers. Chaque voyage sur les planètes imaginées par Théo, fait brillamment écho aux troubles qui animent ce quotidien difficile qu’il partage avec son fils, offrant non seulement un moment de repos, mais également un moment de poésie, d’érudition, de réflexion et de beauté.



Un récit qui vous emmène sur de nombreuses autres planètes, foisonnantes d’imagination, pour finalement vous inviter à regarder autour de vous, afin d’admirer la beauté et la diversité de la nature qui nous entoure…profitons-en tant qu’elle est encore là et mettons tout en œuvre pour la préserver.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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L'Arbre-Monde

L'Arbre-Monde de Richard Powers m'a scotchée, émue, captivée, pulvérisée…

Une émotion rare à l'état pur. Une émotion qui ressemble fort à celle qu'on recherche en commençant chaque livre. Comme un coup de poing. Telles les racines aériennes d'un figuier des banians, il m'a ligotée pour m'attirer dans son monde. Lilliputienne, je suis entrée à petits pas comme on entre dans la forêt de Brocéliande, regorgeant de lutins planqués derrières les fougères, de fées cachées derrière les troncs imposants des châtaigniers ou des chênes. Peu à peu, je me suis perdue dans la jungle amazonienne, ébahie par sa faune et sa flore gigantesques, époustouflantes, me rappelant à chaque pas qu'on est bien peu de chose à côté. Nous ne sommes que grains de poussière de quelques années parmi tous ces sages centenaires, voire millénaires. Juste un peu de compost qui nourrira, fertilisera -on l'espère au mieux- quelques-uns d'entre eux ainsi que tout l'écosystème alentour. On leur doit bien ça (ce qui permettrait par là-même de résoudre le problème de places dans les cimetières. Mais, il parait que les corps ne se décomposeraient plus, à force de consommer des antibiotiques et des aliments contenant conservateurs… Fichtre, partant de ce constat-là, cela signifierait qu'on serait au mieux classé « E » sur l'échelle Nutri-score des aliments pour les plantes.)



Un roman frisant avec l'essai botanique, intelligent, foisonnant, luxuriant de beauté et de douleur, de poésie et d'espoir, d'alertes et de cris écologiques.

Un roman qui se déroule aux Etats-Unis et où se mêle l'histoire de 9 personnages auxquels on s'attache, à qui on ressemble un peu, de certains qui butent contre une branche, ramassent une feuille, plantent un arbre dans le jardin. 9 personnages qui ont chacun une essence d'arbre particulière dans leur histoire personnelle ou qui les représentent (châtaignier, murier, érable, chêne, tilleul, pin, hêtre, chêne vert jusqu'au Ginkgo Biloba, dit fossile vivant).

Et c'est le début d'une grande histoire d'amour avec les arbres et la forêt. le début d'un lien qui se tisse comme une liane entre la nature et l'homme. le début d'une union entre des personnes qui ne se connaissaient pas mais qui vont entremêler leur vie pour tenter de sauver les arbres. Telles les racines de deux sapins de Douglas qui peuvent fusionner sous terre pour ne plus former qu'un. Telles des ramifications visibles ou non ou encore le souvenir qu'une partie de nos gênes vient de l'Arbre.

Une saga, des années de passion, de sang et d'amour, des histoires qui naissent, qui poussent, qui grandissent comme un séquoia et qui meurent parfois. Une histoire de différences aussi, de solitude, loin des hommes ou trop près de ceux que nous sommes devenus, à détruire, saccager la nature sans nous rendre compte qu'on se détruit nous-mêmes, qu'on crache dans la main qui nous nourrit, qui nous donne de l'oxygène.



Il était étonnant et dérangeant de savoir qu'en même temps que je lisais ce livre sur les arbres, la forêt amazonienne était en proie aux flammes. Difficile de ne pas mentionner ce drame écologique le plus grave de ces derniers mois, pour ne pas dire des dernières décennies alors que j'écris ces quelques mots. Malheureusement, se contenter de critiquer Bolsonaro et la politique de déforestation serait simpliste et discutable. Nous, européens, donneurs de leçons, sommes aussi les consommateurs de soja, d'huile de palme et de bois (la France aurait d'ailleurs importé du bois tropical d'Amazonie coupé illégalement). Il vaut mieux donc que je referme cette lourde parenthèse sur ces incendies, même si justement la déforestation est au cœur de ce livre.

Je confesse que ma main s'emballe en écrivant un billet écologiste, un brin militant, illuminé ou exagéré pour certains peut-être ; l'action de la photosynthèse n'agissant pas aussi bien sur moi que sur les plantes, sans doute. D'ailleurs, j'ai bien conscience d'écrire un billet (qui se voulait petit) un peu fouillis, passant d'un thème, d'une émotion à une autre.



Dire que j'ai adoré ce roman ne serait pas tout à fait approprié. Dire qu'il m'a happé serait plus proche de la réalité. Ce roman était tellement puissant et captivant que pendant plusieurs jours ce fut mon rendez-vous fort et indispensable de la journée.

Pour être sincère, je ne cache pas que, durant la lecture, il m'est arrivé de me dire que la rencontre entre certains personnages faisaient un petit peu trop ‘'bonbon sucré'' (et mon billet a peut-être ce goût-là aussi). J'avoue surtout m'être un peu essoufflée au milieu du roman (de plus de 530 pages), dans la partie où certains personnages se faisaient plus ‘'activistes''. Heureusement, la suite a repris de la consistance plus émotionnelle à mon goût. Et c'est cela que je retiens.

J'étais si souvent émerveillée par ces lignes de poésie, de lumière, toutes ces pages regorgeant d'informations botaniques sur les arbres et leur intelligence (notamment aéroportée), leur communication, leur mémoire et tout ce qu'ils fabriquent en plus de leurs bois et fruits (les cires, gommes, sucres, etc.). La liste des variétés d'arbres, de petites bestioles tout autour, de termes scientifiques s'allonge tellement au fil des pages que cela pourrait rebuter certains à la longue, car nous sommes loin d'être tous des dendrologistes ou botanistes. Et j'étais impressionnée par l'énorme connaissance de Richard Powers et de son travail de recherche sûrement aussi conséquent.

Forcément, par jeu de miroir, je me sentais frustrée de ne pas connaître toutes ces espèces énumérées à la pelle, de ne pas avoir l'image exacte de toutes ces variétés, agacée de ne pas avoir eu plus d'intelligence ou de curiosité pour en apprendre plus de ce qui m'entoure.

Je me sentais déchirée face à la destruction, à la mort des arbres, ulcérée, en colère, triste, comme je l'étais devant les images de la forêt amazonienne qui brulait. J'étais heureuse, souriant à ces différents personnages avec qui on se lie parce qu'ils ont l'intelligence d'ouvrir les yeux pour nous, le courage d'agir pour sauver les arbres, la planète et nous-mêmes. Des personnages de nature diverse, aux parcours différents, qu'ils soient scientifique, avocat, créateur de jeux vidéo, étudiant, marginal ou un peu idéaliste ou illuminé (je ne suis donc pas toute seule). Et c'est justement cela que l'on retient : quels que soient leur histoire, leur vécu, leur passé, quelles que soient les raisons et sensibilités de s'intéresser à ce sujet, quel que soit le temps plus ou moins grand que cela leur prend, ils finissent par comprendre l'importance, l'utilité, les bienfaits des arbres, de la forêt pour la biodiversité, pour le présent, pour le futur. Ils comprennent l'importance de réveiller les consciences, de nous faire ouvrir les yeux sur ce que nous sommes en train de faire, d'agir et de trouver des solutions…



Depuis mon enfance, j'ai été nourrie par la sève des arbres, amoureuse de la nature et reconnaissante de ses bienfaits sur mon humeur… Et sûrement que la majorité des lecteurs de « L'Arbre-Monde » sont comme moi, déjà curieux, sensibles et soucieux de l'environnement (ajoutés au fait que ce roman a reçu le prix Pulitzer 2019).

J'ai l'impression que l'arbre est très à la mode ces dernières années (« Dans la forêt », « La vie secrète des arbres », « Serena ») et peut-être certains se sont dit « Allez… Encore un qui surfe sur la vague écolo, l'arbre mon ami, mon frère ».

Effet de mode ou pas, on s'en moque. Le tout est que cela fasse son petit bonhomme de chemin dans les esprits (et si possible assez rapidement), parce qu'il est urgent d'inverser la tendance, il est temps de revenir aux fondamentaux.

D'ailleurs, à bien y réfléchir, la forêt a toujours été énigmatique et mystérieuse (« Robin des bois », « le baron perché » sans oublier bien sûr « le petit chaperon rouge » ou « Bambi » !) ou encore célébrée (« Walden ou la vie dans les bois » de Thoreau, « L'homme qui plantait des arbres » de Giono, « Célébrations de la nature » de Muir…). On a même coupé beaucoup de bois pour l'encenser, mazette… (« Mazette », c'est parce que j'essaye de prendre quelques bonnes résolutions pour la rentrée).



Les arbres étaient là bien avant nous, et, je l'espère, seront là bien après nous. Nous, êtres humains, sommes jeunes sur cette planète, des petits bambins… Et pourtant, en un ‘'rien de temps'', nous avons réussi à l'abimer, nous sommes en train de la détruire… Nous sommes « arrivés » après et pourtant nous, mammifères dits intelligents, doués de raison, de conscience et de sentiment (…) mais sûrement aussi égoïstes, égocentriques, nombrilistes, inconséquents, aveugles, blasés, nous nous octroyons le droit de propriété, le droit de vie et de mort sur ce qui nous entoure, alors que c'est justement ce qui nous entoure qui nous permet de respirer, de vivre.



Ce roman-manifeste de Powers nous ouvre bien plus grand les yeux qu'auparavant sur l'urgence écologique. C'est un livre puissant dans lequel j'ai appris énormément sur les arbres. Mon regard sur ces plantes ligneuses terrestres sera à jamais différent, plus aiguisé et bien plus ému qu'auparavant.

A force de lectures, de discours écologiques -qui telles de petites graines s'infiltrent et poussent dans notre cerveau-, peut-être finirons-nous par apprendre, comprendre, être plus attentifs et respectueux, et témoigner aux arbres -et à la nature dans son ensemble- plus de reconnaissance et de bienveillance ?



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Sidérations

Chose que je ne fais que très rarement , j'ai voulu " fourrer " mon nez dans vos critiques , chers amis et amies et j'ai lu celle de Chrystéle et là , je me suis dit que j'allais être très ennuyé pour rédiger la mienne . Elle est , pour moi , tout simplement géniale et sublime . En toute sincérité, je ne peux que vous la recommander . Ça m'apprendra à vouloir " savoir " avant de rédiger mon propre avis . C'est la seule que j'ai lue par anticipation , je ne parlerai donc pas des autres que je lirai avec avidité, comme toujours , APRES ma rédaction. En toutes circonstances , il faut oser parler , donner son avis avant de connaître celui des autres . J'ai dérogé à la règle, je l'avoue , je m'en excuse et je ne recommencerai plus . Promis . En tout cas , Chrystéle , un seul mot , " Bravo".

Bon , vous allez me dire " ça y est , il a fini , ouf , on va éviter ses " délires " , on va presque avoir l'impression d'être en vacances " . Et bien , non .

Non car ce roman n'est vraiment pas anodin . Du reste , comment le qualifier ? Bien difficile , je ne m'y hasarderai pas . Ce qui est certain , c'est qu'en tournant la dernière page , on a les larmes aux yeux mais surtout , une fois le vingtième ( ou plus , ou moins selon affinités ) Kleenex plus tard , on se pose vraiment mais vraiment beaucoup de questions quant au devenir de l'Humanité. Pour nous , pour nos enfants , pour....Discours et refrains connus ...Difficile d'accepter le " Aprés moi le Déluge " qui anime les " puissants " ....et les autres .Nous .

Pour nous interpeller , de nombreuses pages " se tournent " vers la science et j'avoue que , sans être infondées , et bien qu'étant en parfaite cohésion avec le thème et le récit , elles m'ont parfois lassé MAIS , je n'ai rien " laissé en route " . C'est dire qu'elles ne devraient absolument pas perturber une grande majorité de lectrices et lecteurs .

Par contre , quelle formidable relation entre un père et son fils , une relation alternant périodes de découragement et périodes de doute pour se terminer par......La présence obsédante d'une épouse et mère disparue , avec le bébé qu'elle portait , dans un terrible accident de voiture . Un père démuni mais " combattant " de première ligne pour un enfant au caractère complexe et " changeant " , atteint de troubles du comportement que les plus éminents médecins ne sauront pas nommer . Je n'en dirai pas plus mais ce " fil rouge " , cette relation entre ces personnages occupent encore mon esprit et risquent de rester bien présents encore longtemps .

J'ai eu , dés le début de ma lecture , l'impression de replonger dans la lecture d'un roman qui m'avait beaucoup marqué voici " quelques " années , le somptueux " arbre de Noël " de M Bataille ( 1967), si ma mémoire ne me fait pas défaut.

Je n'ajouterai rien de plus aujourd'hui , si ce n'est que ce roman a recueilli l'adhésion de bon nombre d'entre nous et c'est tout sauf une surprise . Lorsque l'unanimité se " fait ainsi " c'est que le contenu est de qualité et , encore mieux , que " tout n'est peut - être pas perdu ". Mais ça , c'est une autre " Histoire ".

Si vous ne l'avez pas fait , allez faire un tour " du côté de chez... Swann " , heu , mince , non , chez "Hordeducontrevent" ...Si sa critique figurait au " Guide vert " , elle aurait 3 étoiles et la mention " mérite le détour " .....

Moi , je cours lire les autres et je m'en régale déjà....A bientôt.
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Le temps où nous chantions

En solfège une blanche vaut deux noires, chez les suprémacistes américains un blanc vaut deux noirs.

Pourquoi ce mélange des genres ? Pourquoi mélanger musique et théorie raciste ?

Dans le roman de Richard Powers " le temps où nous chantions" l'écrivain nous invite dans un voyage de plus de mille pages, un voyage où musique et histoire se côtoie à travers trois générations.

David Strom et Delia Daley se sont rencontrés à Washington lors d'un concert de Marian Anderson, une cantatrice noire. Nous sommes en 1939, David est juif allemand, Delia est noire. " L'amour entre un homme blanc et une femme noire est un crime pire que le vol, pire qu'une agression, puni aussi durement qu'un homicide involontaire."

De cet union naitra trois enfants deux garçons, les " jojo" (Jonah et Joseph) et Ruth la petite dernière.

Dans la famille Strom on chante tout le temps, la musique rythme les journées. La maman donne des leçons de pianos et Dad est prof de physique à l'université quand il ne donne pas un coup de main à ses collègues chercheurs.

Les années passent, Jonah est devenu une célébrité, son cynisme n'a d'égal que son talent. Joseph le narrateur vit dans l'ombre de son frère." le temps où nous chantions" était dans ma pal depuis un moment, c'est vrai que l'ouvrage est impressionnant, qu'il peut rebuter certain, il n'y a que Richard Powers pour mélanger art lyrique, physique quantique et histoire américaine. Je finis en beauté l'année 2018, mon chemin littéraire va surement recroiser cet écrivain hors-norme avec son dernier roman " L'arbre-monde"

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L'Arbre-Monde

Qui sont-ils ?

Ils sont ceux que nous côtoyons pendant toute notre vie sans les voir vraiment… Ils ont été et sont encore nos meilleurs alliés, participant activement à notre évolution. Ils ont été l’outil principal qui a permis à l’humanité de découvrir le feu, puis l’écriture. Ils nous accompagnent toute notre vie en agrémentant notre confort mobilier. Depuis notre naissance jusqu’à notre mort où ils nous étreignent au fond de cette fosse pour une éternité, ils sont nos plus fidèles compagnons.

Ils nous nourrissent de leurs fruits, nous protègent de la chaleur de l’été, de la froideur de l’hiver, ils nous soignent.

Ils sont le poumon de notre planète. Ils vivent en sociétés, ils communiquent entre eux grâce à la merveilleuse chimie des phéromones, langage imperceptible que nous n’entendons plus.

Ils échappent à notre graduation du temps, un jour pour nous est une seconde pour eux.

Ils nous offrent le meilleur d’eux-mêmes et qu’en faisons-nous ? Parfois de belles choses qui les magnifient et qui nous grandissent, le plus souvent des copeaux, de la fumée, un génocide. Que pensent-ils de notre comportement, lorsqu’ils nous observent du haut de leurs siècles d’efforts pour entretenir une paix végétale, une harmonie biologique, nous activer à entretenir la fureur et le chaos ?

En réponse à cette nature belliqueuse et destructrice de l’homme, Richard Powers écrit : « Tenez bon. Il suffit de tenir un ou deux siècles. Pour vous, les gars, c’est un jeu d’enfant. Il suffit de nous survivre. Alors il n’y aura plus personne pour vous emmerder. »

Evidemment, car ils étaient là avant nous et ils seront encore là après.

Qui sont-ils ? …Ce sont les arbres.

« L’arbre monde » est un panégyrique pour ce monde végétal ignoré. L’architecture de ce roman est bâti comme un arbre dont les racines sont les différentes vies de gens que rien ne prédisposait à faire se rencontrer mais dont les destinées vont s’entrecroiser pour finir par former un tronc commun, avec un philosophie environnementale et surtout la prise de conscience de la tragédie que l’homme est en train de provoquer.



Richard Powers écrit ce message d’espoir : « ce qui effraie le plus ces gens se muera un jour en miracle. Alors les gens feront ce que quatre milliards d’années les ont façonnés à faire : prendre le temps de voir ce qu’ils regardent au juste. »

Au milieu de cette cacophonie de vies fourmillantes qui s’entrecroisent il y a un sens caché qui dépasse, dont on devine le contour et va bien au-delà des intentions de l’auteur, une logique qui échappe à tout entendement humain. L’histoire se soustrait à son auteur, se dérobe, reprend sa liberté pour emmener le lecteur vers le constat de son déni de la tragédie qu’il porte en lui, sa propre disparition pour la survie du paradis duquel il a été chassé originellement. Nous sommes l’erreur dans la grande équation du Monde.

Au sortir de la lecture du roman de Richard Powers, il ne sera plus jamais possible de voir un arbre comme auparavant.

Rends-toi dans une forêt, choisis un arbre, pose tes mains sur son tronc et ralentis ta vie pour la caler sur la sienne afin d’entrer en osmose avec lui. Fait circuler tes pensées depuis les racines les plus profondes de cet auguste amphitryon jusqu’à ses feuilles les plus hautes perchées et prend conscience du monde dans lequel tu vis. Rends-lui hommage !

Traduction de Serge Chauvin.

Editions du Cherche Midi, 10/18, 738 pages.

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L'Arbre-Monde

Un éco-roman sur la sauvegarde des arbres

*

Quand Léa, l'administratrice du Picabo Riverbookclub a proposé la lecture d'un roman américain dont le sujet principal est la forêt, j'étais toute excitée. Ayant lu récemment un essai sur la sylvothérapie ainsi que « les langages secrets de la Nature » du grand spécialiste des arbres, Jean-Marie Pelt, je ne pouvais qu'acquiescer pour une demande de lecture. Et quelques semaines plus tard, j'ai eu ce gros pavé « L'arbre-monde » dans mes mains. Une fébrilité toute religieuse.

*

Un plaidoyer pour tenter de rendre les hommes moins aveugles.

*

La trame du roman est originale puisque le premier chapitre débute par les Racines : 8 personnes, 8 vies déployées chacune à leur manière, ayant un lien plus ou moins fort avec un arbre. Des racines qui sortent du sol petit à petit, ces humains eux aussi à l'aube de leur vie. Une galerie de personnages émouvants, « exclus de la société », qui, pris isolément, sont indécis et perdus. Excepté peut-être Olivia, qui d'ailleurs fera le lien entre les deux chapitres.



Le Tronc, dont les Racines s'entrelacent pour s'unir en un destin commun. Et lequel est-il? Il est colossal, gigantesque, quelque chose qui dépasse l'Homme. Un combat essentiel de la cause environnementale : protéger ces grands arbres de la destruction de l'homme.



Alors, chacun de ces personnages va utiliser ses propres moyens pour s'engager dans un processus qui vise à changer nos mentalités. Certains passeront par l'activisme (l'écoterrorisme, le « squat » sur Mimas, le séquoia géant), l'élaboration d'un roman botanique, l'utilisation de la technologie informatique… Mais tous utilisent leur puissance et leur volonté, et là on voit bien la similitude avec le fonctionnement d'une communauté sylvestre.



Puis le troisième chapitre qui déploie tous ces humains vers la confrontation, la résilience, comme l'arbre qui se prolonge jusqu'à sa cime.

*

Un roman didactique dont l'Arbre est au coeur d'un problème mondial: que l'espèce humaine massacre le règne végétal sans vergogne, sans aperçu sur le très long terme.

*

Un texte dense, touffu rempli de citations et d'informations botaniques (je précise, au passage, que ces données sont entièrement exactes).



Pat la botaniste est celle qui nous apprend par exemple que « même des arbres d'espèces différentes forment des partenariats. Si on abat un bouleau, un sapin voisin peut en souffrir. » , « Rien n'est moins isolé, plus sociable qu'un arbre », « Un arbre mort, c'est un hôtel infini (pour les organismes vivants) ».



J'ai aimé son amour inconditionnel pour les arbres. Je me suis très vite identifiée à elle.



Les arbres ont également une voix au chapitre. Par leur présence silencieuse, leur quasi -immobilisme et leur assise ancestrale, ils sont les héros de cette tragédie.

*

Parlons du constat final: la situation globale est catastrophique et terrifiante. Je pense que c'est un roman qui sert de plaidoyer, de lanceur d'alerte pour toutes les générations à venir. Un brin pessimiste et réaliste mais aussi optimiste si on sait où regarder d'une manière attentive, si on réapprend l'humilité , peut-être que tout ne sera pas perdu.

*

L'auteur a réalisé un énorme travail documentaire, avec des touches de poésie ainsi qu'un souffle romanesque. Et avec beaucoup de conviction qui je l'espère, aboutira à « l'éveil des consciences ».



Je ne peux que vous le conseiller. C'est même « presque » une obligation de le lire 🙂

*

Ce matin, justement, j'ai fait un câlin à un épicéa. Et j'ai regardé le sol , là où grouillent tous ses compagnons/auxiliaires. Et j'ai remercié toute la forêt, car sans elle, nous n'existons plus.

*

« Vous et l'arbre de votre jardin êtes issus d'un ancêtre commun (et) aujourd'hui encore vous partagez avec cet arbre le quart de vos gènes. »
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Le temps où nous chantions

"Le temps où nous chantions, c’est le temps de l’enfance, celui des mélodies fredonnées le soir autour de l’épinette. Le 9 avril 1939, à Washington, la foule se presse pour écouter la diva afro-américaine Marian Anderson. Ce jour-là marque la « rencontre entre le poisson et l’oiseau » : David Strom, un physicien juif allemand émigré aux Etats Unis et Delia Daley, afro-américaine, qui rêve d’être chanteuse. « Comment construiront-ils leur nid » ? Ils s’installent à Harlem où naissent trois enfants qu’ils vont « élever en vue du jour où tous les gens seront au-delà de la couleur de peau ». Le cocon familial est tissé de musique. « Le chant captivait les enfants. [Faisant] comme leurs parents, ils entraient à leur tour dans la danse, et tanguaient d’avant en arrière sur l’Ave verum corpus de Mozart comme ils le faisaient sur Zip-a-dee-doo-dah ». Souvent, les mathématiques ponctuaient le tempo, pour leur plus grande joie.

Jonah, l’aîné, est étincelant. « Sa voix avait l’éclat de l’essence originelle… Libre de grimper dans son esquif et de voguer ». Joseph, pianiste virtuose, est le porte-parole de la famille, le conciliateur. C’est lui le narrateur du roman, lui avec qui nous allons parcourir un demi-siècle d’histoire. Ruth est la fille cadette des Strom, l’enfant rebelle qui refuse le métissage et cherche désespérément son identité.

S’échappant d’une Amérique où les tensions raciales se multiplient, Jonah voyage. À Gand, il se tourne vers la musique médiévale. Il est arrivé au sommet de son art. Sa voix s’élève au-delà de la notion de race pour « revenir par le chant à une période antérieure, pour s’insinuer dans ce moment qui précède la conquête, avant le commerce des esclaves, avant le génocide ».

Aux obsèques de sa mère, Joseph se retourne pour observer les gens, émerveillé par la palette des nuances qui se déploie sous ses yeux. « L’Afrique, l’Asie, l’Europe et l’Amérique se percutaient… Jadis, il y avait eu autant de couleurs de peau qu’il y avait de coins isolés sur terre ». Pourtant, en ce milieu du vingtième siècle, c’est la règle de la goutte unique qui sévit. « Une goutte suffit… Une seule goutte en remontant aussi loin que possible » vous fait passer du pur à l’impur.

Le roman de Richard Powers est l’aboutissement d’un travail considérable sur la complexité d’un système ségrégationniste. La bande-son qui traverse les quelque mille quarante-six pages est remarquable et nous invite, pour un temps, à abandonner notre enveloppe de chair.

Qu’en pensent David et Delia ? « Leurs fils seront les premiers. Des enfants d’un nouvel âge. Les conquérants d’une nouvelle terre, au-delà des races, des deux races, d’aucune race, de l’espèce humaine simplement : un métissage uni, comme les notes qui se joignent pour former un accord »…"



Elisabeth Dong pour Double Marge
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Le temps où nous chantions

Quand on ouvre un roman de plus de mille pages, on sait qu’il existe deux façons de le finir, la première : épuisé, la seconde : ébloui et insatisfait de s’arrêter, c’est de cette façon que j’ai fermé le livre de Richard Power : bouleversée. Toutes les dimensions d’un très bon roman y sont réunies : Un contexte historique passionnant, la lutte pour les droits civiques aux États Unis ; une réflexion sur la notion de couleur de peau mais aussi sur le temps ; de l’érudition , la musique sous toutes ses formes ; une histoire , celle d’une famille mixte. David est un physicien brillant, juif, il fuit le nazisme en allant aux États Unis. Il y rencontre, lors du concert (réel) de Maria Anderson, Delia une femme noire. Tout deux sont des musiciens mélomanes, leur passion les rapproche et leur permet d’inventer un futur qui est, à leur époque, interdit aux États-Unis. Un blanc ne peut pas épouser une noire, c'est illégal. Ils vont pourtant se marier et avoir trois enfants, qu’ils élèveront à leur façon afin qu'ils soient ce qu’ils doivent être sans subir les folies des hommes. Pourtant aucun des trois n’échappera à la difficulté d’être ce qu’il est. C’est l’un deux, Joseph, qui raconte le roman de sa famille. Il relate surtout le parcours de son frère Jonah un ténor dont la voix est d’une rare pureté et l'oreille absolue, la rencontre de ses parents et l’errance de sa sœur Ruth dans la lutte pour les droits des noirs américains . Cette petite famille va démarrer son existence en musique autour de l’épinette de la mère qui apprend à ses enfants, le solfège, le piano, le chant et la vie. Une famille qui chante tous les jours et permet à Power de nous offrir de très belles pages sur la musique. Il y eut des moments courts où j’ai trouvé les descriptions musicales un peu longues mais surtout des moments longs où j’ai été emportée par le tourbillon de la famille Storm.

Chaque chapitre retrace une période mais comme le récit ne se déroule pas de façon chronologique, il faut beaucoup de temps pour tout recomposer. On passe des années soixante à la fin du XIX°, on traverse l’hiver 1941, on revient aux années 1970, et ainsi de suite… tout ça parce que le temps fait des boucles et pirouettes et que dans les replis du temps on peut voir son passé et son futur. Ainsi le roman se termine sur la rencontre initiale entre David et Delia et nous offre une surprise émouvante que chacun aimerait pouvoir vivre. C'est très beau et douloureux comme la vie.

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Opération âme errante

Découverte de l’écrivant et de son univers complexe et élitiste. Pour une élite dont je ne pense pas faire partie : beaucoup trop de références cryptiques, certaines faisant prendre conscience de passer à côté de quelque chose, d’autres encore plus ésotériques passant complètement inaperçues. Des notes en bas de page n’auraient pas été superflues. Auraient-elles été suffisantes?



Pourtant l’histoire est belle : celle d’un chirurgien pédiatrique ivre de fatigue et de dévouement, portant en lui une jeunesse au delà de l’ordinaire du commun des mortels, faite de multiples voyages et de rencontres édifiantes. Et d’une kiné survoltée, déterminée à lutter par tous les moyens pour la bande d’enfants au destin tragique, qui hante les couloirs d’un sordide hôpital public de Los Angeles.



La trame du roman est banale, mais le décor qui l’illustre est haute en couleurs, parsemée de contes et légendes universels, ayant pour point commun le rôle primordial des enfants : il en est ainsi de la légende du joueur de flûte de Hamelin, ou de la croisade des enfants.



Le résultat est un récit touffus, complexe, nécessitant des pauses pour reprendre son souffle ou tenter s’assimiler ce qui vient d’être lu. C’est une épreuve.



Conscience donc d’une valeur littéraire certaine, mais vécu de cette lecture comme d’un pensum.


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L'Arbre-Monde

L'Arbre-Monde renvoie à divers mythes sur le grand Arbre originel tel Yggdrasil dans la mythologie nordique ou même l'Arbre de la Connaissance de la Genèse.

A son tour, Richard Powers crée un univers autour de l'arbre. Ou plutôt des arbres. Et comment nous, bipèdes arrivés tellement longtemps après eux, nous comportons avec eux. Hélas, le constat fait mal. Et c'est aussi un appel aux consciences que ce vaste roman.



Divisé en plusieurs parties - racines, tronc, cime, graines - le roman présente dans la première huit personnages comme autant de nouvelles d'un recueil. Ou d'essences à travers le pays. Chacune de ces personnes vit dans un État différent des États-Unis, a des origines et suit un parcours qui lui sont propres. Pourtant l'arbre est déjà présent. Comme ce châtaignier qui devient le phare emblématique de la ferme des Hoel ou le mûrier planté par le père de Mimi Ma pour rappelé son origine d'immigré chinois qui s'enracine dans la terre américaine.



Ces huit personnes vont se retrouver avec un point commun : la prise de conscience douloureuse de la disparition à une vitesse croissante des forêts originelles du pays. L'industrie veut toujours plus de bois et des arbres présents depuis des siècles sont menacés par les chaînes des tronçonneuses et des puissantes machines d'abattage, au nom du Dieu Profit.

Des associations de défense s'organisent pour empêcher ce massacre sylvestre. Et c'est ainsi que certains de nos personnages font connaissance, rassemblés par une cause commune plus grande qu'eux (dans tous les sens du terme).



Richard Powers déploie tout son talent dans cette vaste fresque autour de la sylve. Son roman fourmille de passionnantes informations sur les arbres et comment ils communiquent, se défendent et nouent de véritables autoroutes synaptiques sous terre avec leurs racines et tant d'espèces diverses qui travaillent ainsi en symbiose. L'auteur a abattu un remarquable travail de recherches sur son sujet. Tout comme je salue la qualité des champs lexicaux utilisés autour de l'arbre et des humains, les englobant par des termes soigneusement choisis dans une seule et même famille dont les seconds devraient apprendre à regarder et comprendre les premiers plutôt que de n'y voir que des utilités mis à la disposition de sa voracité consumériste.

Si l'apport de tous ces éléments demandent une lecture concentrée afin d'en tirer toute sa "substantifique moelle", la lecture n'en est que plus enrichissante et ouvre les yeux sur des systèmes biodivers d'une incroyable efficacité. Et tout ça tend à disparaître sous le coup des tronçonneuses, des maladies, du réchauffement climatique, etc. Il y a de quoi s'inquiéter en lisant ce livre, reflet romanesque de toutes les sonnettes d'alarme que tirent les scientifiques et spécialistes de tous domaines en rapport avec l'environnement.



Devrons-nous dans trop peu de temps nous contenter de photographies dans les livres ou sur Internet pour nous rappeler ce qu'était un chêne ou un pin ou toute autre essence? Fini d'être bercé par le doux bruissement des feuilles jouant avec le vent, murmures folâtres qui me sont si chers lors de mes lectures en extérieur? La conclusion qu'apporte Patricia Westerford, biologiste en dendrologie et amoureuse passionnée des arbres, de ce livre offre une révélation sous forme de claque magistrale quant à l'avenir des relations entre la sylve et l'humain. Je vous laisse la découvrir par vous-mêmes, en plus de toutes les autres richesses de ce beau et grand roman.
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Le temps où nous chantions

Le temps où nous chantions c'est une ode à la musique, une grande histoire d'amour, une étude sur la durée temps, c'est aussi un récit poignant sur le racisme aux Etats-Unis durant une période allant de 1935 à la fin du XXe siècle.

Tout commence lorsque Délia, Noire, rencontre David, un juif qui a fuit l'Allemagne nazie. Ils sont tous deux venus assister au concert d'une célèbre cantatrice Noire donné en plein air, à Washington devant le mémorial Abraham Lincoln. Négresse, aucune salle ne peut l'accueillir alors qu'en Europe elle est reconnue comme une Diva. Ce sont des milliers de citoyens de couleur qui sont venus l'acclamer. Parmi toute cette foule, le destin met Délia et David en présence, c'est le coup de foudre. Délia a suivi des cours de chant, elle a une voix merveilleuse, David est professeur à l'Université. Malgré l'interdiction de mariage entre personnes de races différentes, David et Délia se marient. «Pour leur lune de miel, ils ne pouvaient aller nulle part ailleurs que dans l'appartement de célibataire de David. Nulle part ailleurs on ne les accepterait. Mais dans l'horizon qu'ils partageaient ce premier soir, leur joie était plus forte que les chutes du Niagara.» Ils auront trois enfants, deux garçons et une fille. À la soirée, toute la famille, autour du piano, chante à l'unisson. Les deux garçons feront carrière dans la musique.

Le temps où nous chantions est un livre-témoignage dans lequel sont évoqués des personnages et des faits historiques, le mode de vie, le métissage, les affrontements entre la police et les Noirs, et la Musique toujours présente.

Un chef d'œuvre !

Prochain roman de David Powers, Orfeo que les critiques qualifient comme le plus beau roman sur la musique depuis Le temps où nous chantions.



Challenge Pavés 2016-2017 - 1.046 pages
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Sidérations

J'ai découvert que Richard Powers avait publié un nouveau livre grâce à la magnifique critique de Chrystèle. Richard Powers est un écrivain hors normes qui mêle dans ses livres, science et émotion de manière magistrale. C'est un magicien qui parvient à nous partager des notions scientifiques que nous ne comprenons pas forcément de façon rationnelle, mais auxquelles nous parvenons à nous confronter et à intégrer par l'émotion qui y est attachée.

Dans ce nouveau livre, il nous raconte quelques mois de la vie de Théo et de son fils Robin : Robin, prénommé ainsi, car le rouge-gorge était l'oiseau préféré de sa maman. Était au passé, car Alyssa est « non pas décédée, mais morte » quelques années plus tôt dans un accident de voiture. Elle était militante écologiste.

Robin est hypersensible, différent, son père « n'a jamais cru aux diagnostics posés sur son fils. Quand une pathologie se voit attribuer trois noms différents en autant de décennies, quand elle exige deux sous-catégories pour rendre compte de symptômes absolument contradictoires, quand en l'espace d'une génération elle passe de l'inexistence au statut de maladie infantile la plus diagnostiquée du pays, quand deux médecins veulent à eux seuls prescrire trois traitements différents, c'est qu'il y a un problème. »

Théo est astrobiologiste : il recherche la vie sur les planètes lointaines. Il modélise des scénarios de développement de vie et attend le Guetteur, super télescope dont le déploiement permettrait de recueillir des données qui pourraient corroborer l'existence des mondes qu'il a créés, formes de vie à chaque fois plus étranges, plus différentes de celles connues. En attendant, il les a consignés dans le guide Byrne et offre à son fils de les parcourir ensemble. Ce sont les histoires du soir qu'ils partagent tous les deux, explorations de mondes surprenants, qui remettent en cause nos manières de penser.

Théo, contraint par une société très normative et policée, pour ne pas donner de traitements chimiques à son fils, son « triste et singulier garçon » va le faire participer à une thérapie expérimentale : grâce à une cartographie des différentes émotions dans le cerveau, le sujet de l'expérimentation apprend à contrôler ses émotions en tentant de faire coïncider les images de son cerveau avec celles d'émotions positives. Ce traitement va donner des résultats probants et Robin va développer son empathie envers le monde. Non sans en souffrir, car le monde est dans un triste état.

Fidèle en cela à ce qu'était sa mère, Robin va de ses faibles moyens se battre contre la disparition des espèces, le désastre écologique en cours. le monde tel qu'il est décrit dans ce livre n'est hélas pas très différent du notre et l'auteur se livre à une critique féroce de la société américaine, où même la théorie de l'évolution est remise en cause (on peut y visiter « le musée de la création divine et de l'Arche de Noé »), où le président a tous les droits et même celui d'abattre des milliers d'hectares d'arbres en représailles parce qu'il les juge responsables d'incendies, où tout un chacun est fiché et peut être arrêté s'il dit ce qu'il ne faut pas, où la science est coupable de couter trop cher et sacrifiée. Et des milliers d'espèces ont déjà disparu ou vont disparaitre prochainement. Cette vision fait froid dans le dos.

Mais ce roman, en dépit de cet avenir sombre qu'il brosse, est resté pour moi lumineux, illuminé par l'amour, l'amour incroyable que se portent ces deux êtres, ce père et ce fils. Ce père qui doute de lui, qui a peur de faire des erreurs et qui en commet sans doute, ce père resté seul à élever ce fils différent, m'a profondément émue. Il a aimé sa femme comme un fou, il aime son fils également, et lui crée un environnement magique, partageant avec lui de multiples mondes, ne refusant jamais de lui parler, découvrant la nature avec lui, le laissant vivre ses expériences. Leurs échanges sont si beaux, parfois drôles, souvent émouvants. Et Robin, cet être différent, qui à la faveur de ce traitement miraculeux, va devenir si sage, vivant dans l'instant, observateur impénitent du monde qui l'entoure, sensible à la beauté des choses. J'ai eu envie de le protéger, ce petit prince magnifique.



Et j'ai fini ce roman les larmes aux yeux, bouleversée, sidérée.

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Sidérations

Si Théo embarque d'emblée son fils Robin pour une semaine dans la nature en lieu et place de l'école, il l'embarque plus souvent dans l'imaginaire astronomique et les exoplanètes que son travail d'astrobiologiste l'amène à inventer. Théo Byrne est créateur de mondes où la vie est possible, de planètes « où le vivant vivait dans le panache atomisé des geysers ». Un astrobiologiste libéré des préjugés « à la manière d'un enfant, comme si notre exemple unique prouvait que les possibilités étaient infinies ».

Stase qui ressemblait tant à la Terre, Pélagos aux légions de créatures sous-marines ou Falacha l'orpheline sans soleil, les exoplanètes dont Théo se sert sont probablement issues du « guide Byrne des extraterrestres » qu'il a construit peu à peu. Elles lui permettent en tout cas de nourrir la curiosité insatiable de son fils hypersensible, aux troubles sans diagnostics fiables et aux mains capables de s'embrouiller contre son seul véritable ami. Elles lui permettent aussi d'enrichir le lien avec ce fils habité de supers pouvoirs, au nom d'oiseau « dont il suffisait de dire le nom pour que la vie soit plus belle », né « grâce au 1,5% de taux d'échec » du « contraceptif habituel ». Un fils de 9 ans aujourd'hui, perçu comme un miracle par le père quand « toute la chance du monde » s'est écroulée : depuis la disparition de la mère Aly, Robin est au centre de l'attention de Théo.

Leur relation vibre de tendresse, de poésie et de créativité malgré leur désarroi, elle se réinvente sans cesse dans les abysses de l'univers ou les mystères de la nature. Les deux semblent se retrancher derrière la science et ses étoiles comme un bouclier pour leur coeur palpitant et blessé, dans une quête de vie au sein de la Voie lactée insondable tout autant que « l'univers de poche » de Robbie, similaire aussi au vide abyssal laissé par Aly.

En habitué des romans aux contours scientifiques (on pense au père féru de mécanique quantique dans « Le temps où nous chantions », ou à la botanique de « L'Arbre-Monde »), Richard Powers rend la science omniprésente ici. Teintée de simple curiosité de chercheur chez Théo, elle est aussi objet littéraire empreinte de poésie quand le père dessine des planètes au fils, accessible pour le lecteur même si parfois érudite. Une science qui interroge aussi l'état de notre planète, avec la disparition des espèces dont Robin se fera le défenseur en digne héritier de sa mère, et qui représente Théo et Robin « perdus dans un monde qui devenait autre chose à une vitesse accélérée ». Elle apparaitra aussi sous une forme neurobiologique quand il s'agira pour Robin d'expérimenter les techniques du neurofeedback, porteuse avec l'IA de transcendance vers l'au-delà. Une science qui au final sert de liant pour les membres de la famille Byrne.



Voilà un roman qui dénonce le désastre planétaire et relie infiniment petit et infiniment grand dans un vertige cosmique, les pieds ancrés magistralement dans la relation émouvante entre un père et son fils, avec un dénouement tel une sidération ultime pour le lecteur. Ce dernier n'étant pas seulement témoin de leur histoire, le ton du récit déroulé par Théo lui faisant ressentir leur cocon de tendresse et de complicité poétique dès les premières instants. On ne saura peut-être pas si d'autres formes de vie existent dans la Voie lactée, mais les vies terrestres de Théo et Robbie nous permettront de comprendre qu'ici, c'est bel et bien le coeur qui est au centre de l'univers.



« Les oiseaux passèrent au-dessus de nous. Robbie, immobile, les regarda s'éloigner à tire-d'aile jusqu'à n'être plus rien. Il semblait effrayé, minuscule, étonné de se retrouver ici, à la bordure des bois, de l'eau et du ciel. Enfin ses doigts relâchèrent leur emprise sur mon poignet. Comment on pourrait reconnaître des extraterrestres ? On connaît même pas les oiseaux. »
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L'Arbre-Monde

Je suis entré dans L'Arbre-monde comme on entre dans une forêt pour la première fois. Toutes les premières fois sont belles.

J'aime les forêts depuis ma tendre enfance. J'aime m'y promener. Même une forêt bretonne est parfois dense, touffue, foisonnante, donne le tournis, un peu comme ce livre monumental. On peut s'y perdre tout en s'en émerveillant et c'est d'ailleurs peut-être le premier principe de l'étonnement. Je pourrais m'arrêter là pour mon premier ressenti et bien sûr vous me connaissez, je ne m'arrêterai pas là...

Alors j'ai poussé ma barque dans la canopée des pages, l'ivresse des feuilles, le frémissement des branches, l'entrelacement des racines où parfois en tant que marcheur je me suis demandé si je ne leur faisais pas mal en y posant le pied...

« le brouillard enveloppe la canopée. Par une trouée dans la frondaison, les clochers duveteux de troncs voisins se dressent en tourbillon leurs panaches grisâtres que dans les pics vert-brun qui les transpercent. Tout autour d'eux s'étend un conte de fées fantasmagorique issu du paléozoïque. C'est un matin comme le matin où la vie apparut pour la première fois sur la terre sèche. »

Je connaissais l'effet des forêts, celui de certains arbres, je connaissais les fées des forêts, je suis un promeneur toujours étonné en forêt et parfois il m'arrive de m'attarder au pied d'un hêtre ou d'un chêne, parfois de m'y asseoir, de m'y adosser, souvent avec un livre. Je m'y sens toujours bien. J'aime aime être sous ce charme...

Regarder une forêt et se remplir de sa respiration. Prendre conscience de sa force et de sa fragilité dans le chant des oiseaux et le bourdonnement des insectes. Sentir qu'il y a peut-être quelque chose de plus grand que nous qui se tisse dans l'envers de ce décor.

Enfant, j'allais chercher des châtaignes à l'automne avec mon père qui m'entraînait dans de folles escapades. Parfois il jouait à disparaître pour me taquiner et je courais derrière chaque tronc d'arbre pour le déloger de sa cachette. C'est comme cela que j'ai appris à les toucher sur leurs peaux. le premier arbre que j'ai fait pousser dans le jardin familial fut d'ailleurs un châtaignier, une châtaigne restée dans une des poches de mon pantalon fit l'affaire. Plus tard lors de mes premiers émois amoureux, je fus entraîné sous les ramures protectrices d'un sapin, elle avait le même âge que moi, nous nous aimions et nous ne savions pas à quel endroit exprimer notre amour réciproque dans sa clandestinité et sa tranquillité. Nous avions l'impression d'être protégés du reste du monde en venant ainsi dans une forêt que nous connaissions déjà un peu. L'endroit où nous nous étions allongés était accueillant et on s'était même dit qu'il abritait peut-être la nuit un animal, une biche... Même au loin le bruit sauvage des bûcherons qui semblaient se rapprocher de nous, ne nous faisait pas peur. C'était comme si dans cet instant présent la forêt se refermait sur nous, créait un dôme magique, nous protégeait un peu le temps d'un bonheur fugitif avant de nous délivrer à la vie... Après ce moment de joie, je me souviens que nous nous sommes dit qu'il faudrait se rappeler cet endroit, quel que soit les routes que prendraient nos existences. Et puis me revient d'autres images du père que je suis devenu plus tard, quand mes enfants me harcelaient pour leur inventer des contes toujours plus insolites les unes que les autres. Il me venait alors des histoires d'arbres où l'écorce s'ouvrait brusquement pour laisser passage à des chemins souterrains où un monde secret et mystérieux était tapi, grondait... C'est sans doute dans ces multiples souvenirs que je puise mon empathie pour la forêt, les forêts... Quand je vais mal, je me réfugie dans une forêt proche. La mer bien sûr n'est jamais loin, c'est différent et selon mon humeur j'ai la chance de pouvoir faire venir à moi le paysage qui me console ou me réjouit.

Après cette digression, je reviens au livre, à son récit.

Dans la période que nous vivons, la cause écologique pourrait être quelque peu effacée dans les médias par la guerre qui sévit si près de nous. Cependant ces deux causes ne s'opposent pas mais au contraire doivent s'agréger. Il est bien question de l'humanité, « quelle planète allons-nous transmettre à nos enfants et à nos petits-enfants » ? Mais parfois la question s'inverse ainsi : « Quels enfants allons-nous laisser à la planète. » Je ne sais pas qui a dit cette phrase, j'ai pensé que c'était Pierre Rabbi, mais elle fait écho à une des nombreuses citations éloquentes du livre de Richard Powers comme celle-ci : « Il faut qu'on cesse de se comporter en touristes sur Terre. Il faut qu'on vive vraiment là où on vit, qu'on redevienne indigènes. »

Richard Powers propose ici un livre magistral dans lequel je me suis engouffré avec bonheur.

C'est une oeuvre forte, immense, exemplaire.

C'est une oeuvre riche, multiple, romanesque, poétique, scientifique, politique, philosophique...

Oui, entrer en forêt et s'en imprégner, protéger cette forêt coûte que coûte est un acte autant poétique que politique...

"Chaque étoile de la galaxie roule au-dessus d'eux, à travers les aiguilles bleu noir, dans un fleuve de lait renversé. le ciel de la nuit : la meilleure drogue jamais inventée, jusqu'à ce que les êtres s'unissent en une ivresse plus forte."

Comment ne pas être séduit et convaincu par le propos qui tient le texte ?

... par cette idée que les arbres ne sont pas des êtres esseulés mais forment une communauté et construisent des liens sociaux entre eux...

...par cette idée que les arbres peuvent communiquer, prendre soin les uns des autres...

... que les graines ont une mémoire, se souviennent du passé, des saisons de leur enfance...

... que les arbres envoient des signaux à d'autres espèces vivantes comme les guêpes, les fourmis...

... que la forêt est une communauté consciente...

... par cette idée que les arbres non seulement ne sont pas si éloignés de nous mais nous ressemblent étrangement... Cela je l'ai toujours cru, je l'ai toujours su...

J'ai pensé alors à un livre que j'avais beaucoup aimé il y a quelques années, « La vie secrète des arbres » de Peter Wohlleben.

Des arbres traversent les pages, traversent le temps.

C'est une déambulation dans une verticalité que l'on sent vulnérable comme des ailes d'oiseaux fatigués et qui impose désormais l'impérieuse urgence d'en prendre soin.

Voilà pourquoi j'ai aimé ce livre.

Des puits de lumière ont déversé de magnifiques citations dans les clairières de ce roman.

« Il y a des créatures qui vivent si haut et si loin de l'homme qu'elles n'ont jamais appris la peur. »

J'ai aimé l'entrelacement des routes qui amènent neuf personnes surgies de la terre comme des rhizomes, neuf personnages neuf personnages en quête d'une histoire collective, neuf personnages comme des constellations.

Et pourtant...

Le propos a sans doute délaissé l'histoire de ces personnages... Et il m'a manqué une empathie pour que j'aille enfin à leur rencontre.

J'ai espéré le coup de coeur qui viendrait et il ne vint pas cependant.

Mais pourquoi cette frustration au bout de ma lecture ? Que m'a-t-il manqué ? de l'émotion sans doute... du romanesque aussi... Richard Powers m'a séduit et conquis dans son propos militant. Mais j'attendais des rendez-vous qui ne sont pas venus dans cette ode végétale vertigineuse, trop vertigineuse peut-être, tandis que l'histoire des personnages s'effaçait peu à peu derrière la cause des arbres. Peut-être était-ce que souhaitait l'écrivain ?

À défaut, ce fut un coup de poing dans quelques certitudes qui tenaient encore comme elles le pouvaient. Une prise de conscience sidérante...

« Elle se remémore les paroles du Bouddha : Un arbre est une créature miraculeuse qui abrite, nourrit et protège tous les êtres vivants. Il offre même de l'ombre aux bourreaux qui l'abattent. »

Lire l'Arbre-monde, c'est comme un mode d'emploi pour mieux habiter le monde désormais avec ce que nous avons à notre disposition pour tenir debout. Habiter le monde poétiquement et politiquement.

Rabindranath Tagore disait : « Les arbres sont l'effort incessant de la terre pour s'adresser au ciel qui écoute. » Comment lui donner tort ?

Aimer les arbres, c'est aimer les autres et nous aimer aussi... Aimer celles et ceux qui viendront après nous dans la joie et le désastre du monde...



Un grand merci à Sandrine (HundredDreams) pour cette lecture partagée.

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Sidérations

L'immense auteur américain Richard Powers vient de publier chez Actes Sud son nouveau chef d'oeuvre intitulé "Sidérations." Après "L'arbre-monde", récompensé du prix Pulitzer en 2019, Richard Powers continue son exploration du monde et c'est, cette fois-ci, vers les étoiles et l'espace que se tourne, le regard pleins d'acuité de l'auteur. "Sidérations" est, tout d'abord, une tragédie humaine , une porte d'entrée sur la souffrance de deux êtres, un père Theo Byrne, un astro-biologiste élevant seul son fils Robin qui a neuf ans. Robin est en souffrance, son comportement à l'école où les épisodes de colère, dû aux moqueries de ces camarades, succèdent aux moments de dépression. Robin a perdu sa maman. Theo et Robin sont passionnés par la nature, les êtres vivant qui la composent mais aussi l'univers entier avec cette question ô combien existentielle et longuement débattue de savoir s'il y a de la vie ailleurs dans L Univers. C'est là, la dimension métaphysique de ce roman. Dans cette Amérique du chaos qui n'est pas sans rappeler celle d'un certain Donald Trump, des lois liberticides sont votées et la science attaquée de toutes parts. Une toile de fond angoissante, celui d'un monde qui s'enferme sur lui-même, où les catastrophes naturelles, les maladies s'enchaînent. La mère de Robin était une grande protectrice de la nature qui avait, à de nombreuses reprises parlée devant le congrès américain afin de mettre en garde sur l'effondrement d'une nature épuisée par l'exploitation de l'homme au seul profit de l'argent. Père et fils, face aux injustices, vont se recréer un monde, un infini, un champs des possibles à eux. Theo refuse les psychotropes que l'on veut prescrire à son fils. Un ami neurologue, lui propose un jour une thérapie expérimentale utilisant l'intelligence artificielle pour rééduquer le psychisme de Robin. Au bout de quelques séances, les résultats sont stupéfiants. Mais tout cela a un prix.. "Sidérations" est un roman sur l'acceptation de la différence, sur la nécessaire sauvegarde de la nature, de la biodiversité. Ce duo père-fils est un sommet d'émotion d'une grande justesse. L'amour d'un père pour son fils. Un père prêt à tout pour offrir une vie plus paisible à Robin. Un roman sur le deuil, celui d'une épouse et d'une maman. On est profondément ému par ce roman qui laissera une trace pendant longtemps dans l'esprit et le coeur de ses lecteurs. L'écriture est sublime, l'émotion au rendez-vous, l'histoire plus accessible que son précédent roman que j'ai pourtant adoré. Si vous aimez Richard Powers, vous allez vous régaler.






Lien : https://thedude524.com/2021/..
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L'Arbre-Monde



Comme une bonne élève sachant qu’elle avait affaire à un géant, j’avais noté les noms de toute la généalogie des Hoel les premiers et les seuls à avoir fait fructifier un châtaignier, arbre unique en son genre, millénaire, photographié pendant des générations chaque année. Puis, puisque Richard Powers énumère les différentes racines, les noms de ces arbres naissants, graines ou pédoncules, et les noms de ces personnes qui y sont rattachés.



Tous, qu’ils soient ingénieurs, informaticiens, sculpteurs, avocats, femmes d’affaire, tous ont un lien avec un arbre, tous ont été « appelés » par des arbres : des trembles, dont les feuilles bougent même s’il n’y a pas de vent, des kapokiers*, recouverts d’épines pour repousser des ennemis disparus de la terre, des hêtres noirs, le banian* qui sauve la vie de Pavlicek au Vietnam, le pipal*, l’épicéa géant, le séquoia énorme, le chêne aussi où monte le petit Neelay , et d’où il chute …. Et se retrouve en chaise roulante.

Il y a des morts parmi toutes ces familles et ces générations différentes.

Il y a des accidents, dans ces racines. Et un peu d’ironie aussi.



Enfin, arrivée au tronc, l’affaire attendue s’éclaire. Richard Powers s’inspire de Peter Wohlleben, qui a prouvé que les arbres communiquaient entre eux dans sa « Vie secrète des arbres ». Déjà Francis Hallé avec son « Plaidoyer pour l’arbre » avait dessiné les radicelles liant les arbres entre eux : oui, on sait que les arbres sont doués d’intelligence.



Je serai malhonnête si je disais que je me suis passionnée. Les phrases lyriques sur la beauté de la nature, oui. Le constat qu’il faut la protéger, oui. La dénonciation des coupes « sous le manteau » de plus de 95% des espèces aux Etats Unis, encore oui. L’idée magique que les arbres vivent d’air et n’usent pas la terre, qu’ils envoient leurs signaux à leurs camarades à travers l’azur, un grand oui. La prescience que ce monde intelligent qui sait comment survivre nous appelle, encore un grand oui.

Nous avons la mission de préserver les arbres qui nous donnent l’air, la beauté, leur ombre, les feuilles d’automne que les écoliers collent sur leurs cahiers et parfois leurs fruits.

Mais quel ennui, ces longues énumérations des errements des protagonistes, lâchant tout car ils se sentent appelés sans savoir par qui, pour devenir Eco- terroristes. , sans vraie approfondissement botanique ; rien que des vies à côté, asociales, un peu autiste asperger (Adam,)comme si les hommes ne valaient rien, ce que Powers dit presque : le genre humain devant de toute façon disparaître, pas besoin de pleurer sur son sort.

« Tenez bon. Il suffit de tenir un ou deux siècles. Pour vous les gars (= les arbres,) c’est un jeu d’enfant. Il suffit de nous survivre. Alors il n’y aura plus personne pour vous emmerder ».

« Une forêt mérite protection indépendamment de sa valeur pour les humains ».



Pourtant poétique, visionnaire, et en cela encensé par la critique et couronné du Pulitzer 2019, ce livre m’a saoulée, je n’ai jamais eu le bonheur de le retrouver quand je rentrais, comme un ami m’attendant. Je ne me réjouis pas si le genre humain venait à s’éteindre, pas plus que si les forêts étaient dévastées. Avec les * j’ai ajouté quelques détails personnels.

Cet avis, mon avis, je l’espère, ne sera pas partagé.









*J’ai un kapokier dans mon jardin, encore adolescent : il offre des fleurs comme des orchidées et fournit des grosses gousses dans lesquelles le faux coton a servi longtemps à remplir nos matelas.

*Le banian, arbre de Bouddha, sous lequel il a connu l’éveil. Il développe ses racines par les branches (symbole du lien entre monde céleste et monde terrestre) et s’étend tellement qu’il est appelé :l’arbre qui marche.

* pipal : sorte de ficus, sacré dans l’hindouisme. Les feuilles séchées que l’on vous donne, en Inde comme en Chine, doivent être conservées, bonheur assuré.

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Sidérations

« Et à propos, tu sais que les bousiers s’orientent d’après une carte mentale de la Voir lactée ? »

Il me regarda bouche bée. Ce détail paraissait trop bizarre pour être inventé. Il sortit son calepin et prit note de vérifier mes dires quand on serait rentrés. (p.65)

Voici un petit moment magique de Sidérations.

Richard Powers est un excellent conteur, amoureux de la nature, ses descriptions de la faune et de la flore sont superbes, en particulier lors de la première randonnée dans les Smoky Mountains de Théo avec son fils.

L’auteur semble s’être largement inspiré de la vie de Greta Thunberg pour Robin, le héros de Sidérations ; il lui fait d’ailleurs allusion à plusieurs reprises en la rebaptisant Inga Alder. Robin, dit Robbie, un petit garçon de 9 ans, va se révéler en défenseur de la planète, et militant de la cause des espèces menacées et du bien-être animal.

On ressent immédiatement de l’empathie pour son père, Théo, astrobiologiste, gérant du mieux qu’il peut le quotidien avec son fils « inadapté » qui souffre de troubles autistiques ou du comportement. Théo va chercher à apaiser Robbie en lui faisant découvrir les merveilles de la nature, des étoiles, et en l’emmenant avec lui sur des planètes imaginaires pour des voyages fantasmagoriques.

Théo va éloigner son fils des médecins, et de l’école qui ne cessent de vouloir calmer les terribles colères de Robbie à grands renforts de psychotropes, car Robbie est un petit oiseau chétif, gravement blessé par la mort de sa mère, et nous suivons ses pas vers une possible rédemption à l’aide d’un traitement prometteur, le neurofeedback …

À partir de l’introduction du neurofeedback dans le récit, mon enthousiasme est un peu retombé. Il me semble que Richard Powers s’est lancé dans trop de sujets et d’idées à la fois, ce qui complique la compréhension de son message. Quelques incohérences viennent également troubler le récit, ce qui a généré quelques réserves dans mon appréciation finale ...



J’ai trouvé également difficile d’ancrer ce livre dans la réalité, l’auteur brouille les pistes sur l’époque, comme s’il y avait une volonté de dénoncer mais aussi une crainte d’aller complètement au bout du propos.

À la longue, je me suis également perdue dans les descriptions imaginaires du père qui embarque son fils sur d’autres planètes, je les ai trouvées moins magiques au fil du récit, redondantes, et j’ai fini par survoler ces paragraphes.

Le message écologique, transmis par Robbie est très sombre, notre volonté de modeler la terre à notre image, nous fait courir à notre perte. Il faut se réveiller, comme Théo, à moins qu’il ne soit déjà trop tard, et la catastrophe inéluctable ….

Mon bilan est finalement en demi-teinte à la lecture de ce texte, que je ne qualifierai pas vraiment de science-fiction, car si ce livre a des qualités indéniables, la multiplicité des sujets rend le message confus, et m’a un peu égarée…

En revanche, la relation père-fils est magnifiquement décrite, avec beaucoup de tendresse et de hargne, et la fin est un déchirement. Un cri pour notre planète et réveiller nos consciences sidérées qui ne font que constater notre inertie léthargique !

Bon, et puis, je l’avoue, je ne me suis pas complètement remise de la fin de l’histoire, et j’en veux un peu à l’auteur de sa conclusion, l’absence d’espoir pousse plus à baisser les bras qu’à se retrousser les manches … alors je finirais sur une note un peu plus positive avec une pensée de Robbie à méditer :

Qu’est-ce qui est le plus grand, d’après toi ? L’espace du dehors … ? Il m’effleura le crâne du bout des doigts. Ou celui du dedans ? (p.384)

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Sidérations

Dans Sidérations, le message écologique porté par un enfant différent, doté d'une grande sensibilité, qui voit le monde et s'exprime sans filtre sur celui-ci, qui ressent les émotions, l'environnement, le monde intérieur et extérieur sans paravent, est très fort

Cet enfant extrêmement attachant est accompagné par son père astrobiologiste. Ce dernier refuse les traitements médicamenteux proposés par la société pour son fils présentant ce qui semble être des troubles autistiques même si ceux-ci ne sont pas nommés.

Il va donc se diriger vers une science pas encore très utilisée bien que connue depuis assez longtemps, le neurofeedback. Grâce à cette technique, Robin va faire des progrès fulgurants dans son rapport aux autres, sa communication et l'apaisement de ses émotions.

Connecté par l'intelligence artificielle à sa mère morte, elle-même militante pour les droits des animaux et la protection de la nature, il va lui ressembler de plus en plus jusqu'à devenir une part d'elle-même.

Pour Robin, Théo, père attentionné, spécialisé dans la recherche de la vie sur d'autres planètes, va inventer tout un monde d'exoplanètes, constituant le rituel du coucher, l'occasion pour le lecteur de visiter le cosmos et d'appréhender sa place dans l'univers.

Les sorties dans la nature organisées par Théo afin d'apaiser son fils sont prétextes pour l'auteur à de magnifiques descriptions des paysages, de la flore, de toutes les beautés à protéger avant qu'elles ne disparaissent complètement.

Le message, montrant la gestion désastreuse de l'environnement par les Etats-Unis, est aussi politique.

La science y est sacrifiée au nom d'idéaux religieux ou autre...

C'est un roman bouleversant, d'une grande intensité émotionnelle et écrit avec beaucoup d'intelligence que nous propose Richard Powers... et qui m'a donné envie de lire "Des fleurs pour Algernon", livre auquel l'auteur fait référence !



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