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Citations de Roger-Pol Droit (345)


On ne mesure pas assez à quel point ces rivières de petites vacheries se transforment en un océan de boue charriant injures, calomnies, insinuations, harcèlements, menaces... La marée monte, d'heure en heure, sans limites ni garde-fous, en toute impunité, se transformant en machine destructrice. Parce que les mots lancés poursuivent leur trajectoire. Avec des conséquences qui ne sont pas verbales. Le plus souvent ils égratignent, parfois blessent profond. Finalement, ils peuvent tuer. Ou inciter à tuer. De la parole à la mort, le chemin est plus court qu'on ne pense. Encore faut-il le savoir. Donc se souvenir du pouvoir immense de la parole, de la puissance des mots, de la responsabilité qui incombe à chacun de peser ce qu'il dit, ce qu'il répète, transmet ou attaque. Construire ou détruire, il faut choisir. A chaque seconde. Toujours et tout le temps. Le pire est de s'imaginer que parler ou se taire est sans importance, sans impact, sans conséquences.

Des mots aux meurtres
En réalité, tout se joue dans la parole. Vérité ou mensonge, asservissement ou émancipation, lucidité ou illusion. Vie ou mort. Il faut garder en tête le glissement rapide, la pente directe capable de conduire des mots aux meurtres. Chacun en connaît mille exemples, mais tous regardent ailleurs.
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C'est l'un des termes que vous utilisez le plus. Au cours de la journée, le mot "je" figure dans presque toutes vos phrases. Depuis votre plus tendre enfance, vous avez cessé de vous désigner par votre prénom. "Je" est devenu le mot par lequel vous exprimez vos désirs, vos déceptions, vos projets, vos espérances, vos actes les plus divers, vos sensations physiques, vos maladies, vos jouissances, vos plans, votre ressentiment, votre tendresse, votre goût pour la vanille ou votre aversion pour le fenouil. Vous avez lié depuis très longtempsce mot si bref à la multitude de vos états d'âme. il est intimement imbriqué à vos sentiments, à vos souvenirs. En apparence, rien ne se fait sans lui. On le retrouve dans tous vos récits, pas la moindre rumination ne lui échappe.
Curieuse situation: tout le monde se sert du même mot. La plus irréductible intimité, la plus singulière existence, pour chacun d'entre nous, est liée à un terme qu'il n'a ni choisi ni forgé, et dont tous les autres se servent identiquement. Un pronom de la langue. Rien n'est moins personnel que ce pronom "personnel".
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Roger-Pol Droit
En inventant le refus radical de la civilisation, Diogène nous force à réfléchir. Où sont les limites de ce retour à la nature ? Il y a bien un effet décapant de sa dénonciation de l'hypocrisie et de la vanité des convenances. Mais son attitude n'est pas dépourvue de danger : le rêve d'animalité risque de déboucher sur la barbarie, et le refus de la loi. Ce que Diogène enseigne, de manière indirecte, c'est aussi à l'artifice, à la société, aux normes, l'essentiel de notre humanité. En voulant annuler la culture, il en montre la nécessité.

(Psychologies HS)
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la novlangue a pour objectif d'éradiquer toute nuance. Elle fournit par avance le cadre de ce qui est à dire. La victoire de cette langue serait un crime parfait. Personne ne se révolterait plus, au nom de la liberté ou de la dignité humaine, parce que les idées de révolte, liberté, dignité, humanité auraient disparu des consciences, n'ayant plus d'existence dans la langue disponible. Si les mots manquent, le monde manque.
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La parole est, de fait, ancrée dans le corps des êtres humains, dans leur psychisme et leur imaginaire. Elle travaille et transforme nos représentations, nos désirs et nos actes, nos relations aux autres.
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Celui qui apprend vise quelque chose qu'il ne peut apprendre ; celui qui agit agit sur quelque chose sur lequel il ne peut pas agir ; celui qui discute vise quelque chose qui échappe à toute discussion. Ainsi, qui sait s'arrêter là où tout homme ne peut plus connaître atteint la connaissance suprême. Si quelqu'un n'accepte pas cette limite naturelle, le cours du ciel le tiendra en echec.
[Tchouang-Tzeu, Oeuvre complète, traduit de chinois par Liou Kia-hway, Gallimard-Unesco, 1969, Folio essaie, 2011, p.264]
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"Le meilleur usage qu l'on puisse faire de la parole est de se taire" écrit Zhouangzi, qui a quand même préféré le dire... Le fond de cet anarchisme radical vise le langage et ses mirages. Les mots nous trompent, figent ce qui est fluide, simplifient ce qui est complexe, séparent ce qui est relié. Celui qui sait se tait. La parole n'a aucun privilège, aucune autorité.
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Roger-Pol Droit
On vit petitement si l'on pense petitement. On vit librement si l'on pense librement. La pensée n'est jamais sans conséquence sur notre existence, personnelle ou collective.
[ La philosophie expliquée à ma fille ]
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Il passait, plus vite que quiconque, d’une humeur à une autre. Comme les vrais il montrait une joie sans borne, quelques secondes plus tard un désespoir sans fond.
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L’enfant-vieillard possède un corps puéril et un esprit âgé. Son âme est adulte, pétrie de sagesse, ses membres ne sont pas développés. Avec Petit, tout était moins simple. Son visage avait quelque chose de poupin, dans la rondeur de la joue, la blancheur éclatante des incisives, mais
il avait aussi la jambe robuste, le bras nerveux, la taille fine bien prise, l’allure
d’un jeune dieu grec, plutôt que d’un angelot. Son corps n’hésitait plus entre enfance
et stature d’adulte.
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Il y avait en lui effronterie et timidité, une déroutante alternance d’étourderie et de sagesse.
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Quelle étrangeté, ce petit rustre savant ! Ses traits sont ceux d’un enfant, mais dès qu’il parle de théâtre, de poésie, d’histoire, l’on croirait entendre un amateur chenu.
C’est à peine un homme, et l’on dirait qu’il a déjà vécu cent vies parmi les livres !
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Jean-Jacques se sentait soudain résolu à bien apprendre – à parler mieux, à se tenir
droit, à jouer du clavecin, à connaître par cœur des pages et des pages de poèmes,
de tragédies, d’épopées, de droit, d’histoire. Il se rêvait jardinier, compositeur,
comédien, juriste, penseur, dramaturge, écrivain. Pour elle, il était prêt à tout,
comme il ne l’avait jamais été encore.
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Il ferait tout pour la voir et lui prendre tendrement la main. Il tiendrait ses comptes, ferait des onguents,manierait les cornues, les alambics, les pilons et les mortiers. Il irait tout récolter, partout.
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Depuis qu’il était de nouveau auprès d’elle, tout était si suave que s’arrêtaient le temps, les pensées, les battements du cœur. Par moments, il avait peur que ce paradis n’éclatât d’un coup. Il craignait que tout ne s’évanouît soudain, laissant place,de nouveau, au chaos, à l’errance, aux duperies. Ce n’étaient que de brèves bouffées. Il s’inquiétait, puis oubliait.
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Françoise de Warens était une belle de rêve. Sa chair abondante, laiteuse et lisse l’avait immergé dans un ravissement
subit, une extase parfumée de senteurs inconnues.
Ces yeux, ce sourire, cette chair lui inspirèrent d’emblée une telle confiance qu’il négligea la lettre de recommandation et raconta, à sa manière, son étrange histoire.
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Par moments, il se sentait entièrement réconcilié avec le monde, parce que le monde, c’était elle. Elle était les arbres, le jardin, le ciel clair. Dans l’univers, quand il regardait bien, il ne voyait qu’elle.
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On n’est pas sérieux quand on a
dix-sept ans. Encore moins quand on se trouve accueilli par une telle femme dans sa demeure et son effluve.
Envoûtant, son parfum. D’abord léger, frissonnant. Des notes de muguet, de lilas, d’iris. Un zeste d’agrumes, peut-être. Lourd, ensuite, capiteux, profond, surtout si on le humait de très près, sur sa main, à même la peau. Là s’ouvrait un monde plus
dense, où dominait la tubéreuse, entêtante, érotique.
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Ce rire était comme les feuilles à la fenêtre. Des chants d’oiseau s’y nichaient. Des senteurs de sous-bois l’habitaient. Peut-être y avait-il aussi, dans ce rire, de petits fruits acides à se mettre sous la langue. Ou encore de la mousse,légèrement humide, à peine velue, douce à toucher…
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L'Occident n'est pas seulement une affaire de lieu. Ce n'est pas uniquement une région que l'on va dessiner sur la carte. Il s'est organisé effectivement à partir d'un réseau de fleuves, de côtes, de voies maritimes, de routes et de villes, mais il faut également faire entrer, dans sa définition, d'autres éléments. Plus qu'une région, l'Occident est une forme de société, un ensemble de convictions et d'attitudes qui ont dessiné son histoire et soutenu son expansion.
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