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Critiques de Roland Barthes (184)
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Fragments d'un discours amoureux

Ovni exceptionnel, à lire par ci, par là, très condensé pour une lecrure d'une traite. On côtoie le sublime.
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Fragments d'un discours amoureux

Alors c'est à la fois un éloge de l'amour en même temps qu'un écrit scientifique.



Un peu à se mettre dedans au début en raison du style d'écriture (le phrasé est académique) mais une fois dedans, les images sont plaisantes.

L'amour selon l'auteur - mais surtout d'après ce que j'en retiens, est pathétique et accaparant. Ca donne envie et ça désespère en même temps.
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Fragments d'un discours amoureux

Ceci est l'intégral de l'état amoureux !



Arrivez-vous à superposer exactement les mots sur vos sentiments, vous ?

Ou encore cerner ceux de l'autre ?!

Moi, par moment, j'ai l'impression de forcer des triangles dans des trous carrés !

À mon sens, analyser son état amoureux, (alors celui de l'autre..) c'est comme réaliser une autopsie: on n'en ressort pas vivant, pas plus que mort.

Barthes lui, il le dissèque magistralement dans ses "Fragments d'un discours amoureux"



Que l'on aime comme au cinéma, que l'on aime modérément, secrètement outrageusement, ou pas tout à fait, on est tous égaux dans l'attente, l'absence, l'angoisse, le comblement ou encore la dépendance. Etc



Ce livre est une bible.

Ce livre me sert de boussole.

Ce livre est à lire au gré des envies.

Ce livre se butine, se picore & ses passages me (nous) révèle.

Est-ce que je gère pour autant ?! Non.

Je garde en mémoire que là où il y a du feu, il en restera des braises.



Bref, on les reconnaît facilement ces livres qui nous élèvent, ce sont ceux qu’on a tellement de mal à refermer. Je recommande.



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Fragments d'un discours amoureux

J'aime bien lire Roland Barthes. Même si le sémiologue français utilise des mots et des formulations peu courantes que je ne comprends pas toujours, je vois où il veut en venir.

Avec "Fragments d'un discours amoureux" publié en 1977, Barthes propose un essai original formant un ensemble construit à partir de textes courts.

Le chantre de la pensée structuraliste fait une analyse très personnelle du sentiment amoureux. Il s'appuie sur ses lectures d'oeuvres diverses, poésies, pièces de théâtre et surtout romans et fait référence aux arts comme la musique ou la peinture. Il s'en sert pour construire des propos basés sur ses expériences ou ce qu'il a entendu. Il explore ainsi la relation amoureuse comme un abécédaire (Absence, Comprendre, Déclaration, Etreinte, Fête, Insupportable, Jalousie, Rencontre, Tendresse, Union, Vérité...) parfois avec un grain d'humour. Et il est assez juste de comparer la méthode utilisée par Roland Barthes aux collages des surréalistes.







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Fragments d'un discours amoureux

La langue grecque ancienne avait une manne de mots pour désigner les variations de l’amour. Si vous vouliez jaser sur la passion et l’attirance physique, il suffisait de fouiller dans le réservoir des vocables de l’époque et de sortir Éros. Les sentiments d’amitié, quant à eux, étaient synonyme de Philia tandis que Agapé désignait l’amour désintéressé, le vrai, l’inconditionnel ! Ainsi, on dénombre plus de huit noms grecs pour évoquer l’amour dans toute sa diversité.



Deux millénaires et des poussières plus tard, le champ lexical amoureux s’est étonnement transformé en une foultitude de néologismes : polyamour, sapiosexuel, liker, matcher, sexting, etc. Ces nouveaux mots (déjà démodés ?) en disent long sur notre manière de voir l’amour au XXIème siècle. Nous sommes libérés et emprisonnés à la fois. L’union libre a la cote mais les personnes ne sont jamais senties aussi seules. Nous arborons nos préférences tels des étendards avec l’intention d’être, chacun, pleinement soi mais ces fanions sont aussitôt récupérés à des fins mercantiles qui, bien souvent, nous échappent. Tel est le paradoxe de notre époque.



En 1977, paraissait Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes. Un essai singulier sur les ressentis de l’être amoureux. Sans doute, ce livre, a-t-il encore des choses à nous apprendre au sujet de l’amour ? Analyse.



Tout livre repose d’abord sur une structure plus ou moins définie et celui-ci ne déroge pas à la règle puisqu’il en a une tout à fait particulière. Tel un abécédaire, Roland Barthes a choisi de s’épancher sur le langage amoureux au travers de mots-clés qu’il appelle des figures. Chacune d’entre elles a son propre chapitre, lui-même agencé d’une manière originale puisque l’auteur définit une figure avant de partir dans des réflexions tous azimuts qui prennent pour point de départ une œuvre littéraire, une philosophie, un poème, une sociologie ou simplement une conversation intime de l’entourage de l’auteur. Cela peut paraître foutraque à première vue mais Roland Barthes cite ses sources de réflexion directement dans la marge ! Ainsi, le lecteur suit les pérégrinations de l’auteur tout en sachant directement à quoi elles se rapportent.



Il faut, certes, avoir un minimum de connaissances pour que chaque réflexion fasse sens puisque Barthes n’hésite pas à aller voir du côté de Goethe, Baudelaire, la philosophie Zen, Freud, Lacan ou encore Buñuel afin d’expliciter son propos. Fragments d’un discours amoureux est une œuvre dense, et c’est sans doute l’originalité de sa structure qui la rend plus digeste.



Le discours ?



Toute personne ayant déjà été amoureuse sait que les effets de ce sentiment sont tel un feu d’artifice pour l’esprit et le corps. Être amoureux, c’est expérimenter des chamboulements intérieurs ; à partir d’un presque rien, vous voilà lancé à toute vitesse sur les montagnes russes des émotions. Et c’est à ce moment précis que Roland Barthes approche sa loupe et passe en revue la manière dont la personne amoureuse est ébranlée.



Nous avons beau nous sentir plus évolués que nos prédécesseurs et scander que l’amour a changé de forme, la mécanique amoureuse, elle, reste identique. Rencontre, magie, déréalité, ravissement, ou encore jalousie sont autant de fragments que l’auteur passe au filtre d’une analyse qui fait mouche :



“ En pleurant, je veux impressionner quelqu’un, faire pression sur lui (“ Vois ce que tu fais de moi “). Ce peut être — et c’est communément — l’autre que l’on contraint ainsi à assumer ouvertement sa commisération ou son insensibilité ; mais ce peut être aussi à moi-même : je me fais pleurer, pour me prouver que ma douleur n’est pas une illusion : les larmes sont des signes, et non des expressions. Par mes larmes, je raconte une histoire, je produis un mythe de la douleur, et dès lors je m’en accommode : je puis vivre avec elle, parce que, en pleurant, je me donne un interlocuteur emphatique qui recueille le plus “vrai” des messages, celui de mon corps, non celui de ma langue : “ Les paroles, que sont-elles ? Une larme en dira plus. “



Si Fragments d’un discours amoureux devait être classé dans une catégorie de livres, il serait assurément sur l’étagère des essais psychologiques puisque Barthes fait souvent appel à cette discipline pour expliquer les différents phénomènes qui bouleversent la personne amoureuse.



En conclusion, cet ouvrage, loin d’être périmé, continue d’apporter un éclairage sur le fait amoureux. Il se lit tel un abécédaire dans lequel on irait piocher ce qui nous intéresse au gré de nos envies. Après l’avoir lu une première fois, il y a plus de dix ans, je suis toujours aussi surpris de l’acuité avec laquelle Roland Barthes décrypte l’être amoureux. Un classique qui se déguste mieux au fur et à mesure que les années passent.
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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Fragments d'un discours amoureux

Barthes nous prévient : C'est un portrait, si l'on veut, qui est proposé ; mais ce portrait n'est pas psychologique ; il est structural : il donne à lire une place de parole : la place de quelqu'un qui parle en lui-même, amoureusement, face à l'autre (l'objet aimé), qui ne parle pas (p 7). Pourtant le structuralisme est généralement chassé : Structure : ce mot, naguère, faisait grincer des dents : on y voyait le comble de l’abstraction (p 56). L’écriture est fragmentée, ce qui expose le lecteur aux facilités du grappillage, et a pu contribuer au succès public de l’ouvrage. Les 79 fragments ont des titres et des sous-titres, et ce sont les sous-titres qui forment le calligramme de la quatrième de couverture. Les titres sont divers, en diverses langues, parfois opaques (parmi les premiers : Agony, Atopos, Tutti sistemati, Laetitia, Domnei). Le titre Amour est absent mais le plus long titre est le Je-t-aime, traité par exception de façon technique et distanciée : De même que l’amen est à la limite de la langue, sans partie liée avec son système, la dépouillant de son « manteau réactif », de même la profération d’amour (je-t-aime) se tient à la limite de la syntaxe, accueille la tautologie (je-t-aime veut dire je-t-aime), écarte la servilité la phrase (c’est seulement une holophrase) (p 182). Le livre s’achève sur le Non-vouloir-saisir, qui est la fin du discours : Que le Non-vouloir-saisir reste donc irrigué de désir par ce mouvement risqué : je t’aime est dans ma tête, mais je l’emprisonne derrière mes lèvres. Je ne profère pas. Je dis silencieusement à qui n’est plus ou n’est pas encore l’autre : je me retiens de vous aimer (p 277).

Le message dominant est la frustration et le manque : le discours amoureux est aujourd’hui d’une extrême solitude (p 5). Quelquefois, il m’arrive de bien supporter l’absence. Je suis alors « normal » : je m’aligne sur la façon dont « tout le monde » supporte le départ d’une « personne chère » ; j’obéis avec compétence au dressage par lequel on m’a donné très tôt d’habitude d’être séparé de ma mère – ce qui ne laissa pas, pourtant, à l’origine, d’être douloureux (pour ne pas dire : affolant) (p 20). Je suis un mutilé qui continue d’avoir mal à sa jambe amputée (p 49). Une mémoire exténuante empêche de sortir à volonté de l'amour, bref d'y habiter sagement, raisonnablement (p 62). Restent une moisson de pépites, comme dans l’Art d’aimer chez Stendhal, ou plus près de nous dans la Critique du jugement chez Quignard : 

Son corps était divisé : d'un côté, son corps propre – sa peau, ses yeux – tendre, chaleureux, et, de l'autre, sa voix, brève, retenue, sujette à des accès d’éloignement, sa voix, qui ne donnait pas ce que son corps donnait (p 85).

Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l'autre. C'est comme si j'avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir (p 87).

C'est, au départ, pour l'autre que je discours sur la relation ; mais ce peut-être aussi devant le confident : de tu, je passe à il. Et puis de il, je passe à on : j'élabore un discours abstrait sur l'amour, une philosophie de la chose, qui ne serait donc, en somme, qu'un baratin généralisé (p 88)

Hors l’accouplement (au diable, alors, l'Imaginaire), il y a cette autre étreinte, qui est un enlacement immobile : nous sommes enchantés, ensorcelés. Nous sommes dans le sommeil, sans dormir ; nous sommes dans la volupté enfantine de l'endormissement : c'est le moment des histoires racontées, le moment de la voix, qui vient me fixer, me sidérer, c'est le retour à la mère (p 121).

L’amitié mondaine est épidémique : tout le monde s’attrape, comme une maladie (p 165).

Renversement historique : ce n'est plus le sexuel qui est indécent, c'est le sentimental - censuré au nom de ce qui n’est, au fond, qu'une autre morale (p 209).

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Fragments d'un discours amoureux

Lecture complémentaire à l’occasion d’un cours de LGC et particulièrement relatable. Les définitions que donne Barthes sont tout à fait bienvenues (c’est la partie que je préfère……) et le livre se lit un peu à la manière d’un recueil de poésie : on sélectionne les chapitres qui nous intéressent grâce aux définitions et on lit le livre dans le désordre.. belle expérience
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Fragments d'un discours amoureux

une promenade littéraire et critique a travers tous les affres et bonheur de l'amour... Werther bien sûr, mais aussi Flaubert, Stendhal - représentants abhorrés de la littérature 'bourgeoise'...

Un livre a savourer comme un dictionnaire, trait par trait... un peu comme les maximes de La Rochefoucauld
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Fragments d'un discours amoureux

C'est un livre très agréable à lire et à relire.
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Fragments d'un discours amoureux

Un essai qui discute, avant tout, de l’être amoureux et non des deux êtres. L’amoureux est une personne qui se pose des questions, qui multiplie les phrases dans sa tête, qui use d’une gymnastique certaine, bref un amoureux qui est vivant mais qui actionne.
Lien : http://auria.fr/fragments-di..
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Fragments d'un discours amoureux

Donner son avis, c'est être subjective mais disons que je vais l'être encore plus dans ce billet pour une raison simple: je suis incapable de résister à ce lecteur-ci, tout comme je ne peux résister à l'acteur (à l'exception de son film avec une ex-Miss Météo de Canal + qui m'a affligée). Oui, j'ai beaucoup aimé cet audiolivre. Je n'ai jamais lu Barthes et je me suis délectée de ses mots autant que de la voix qui me les lisait. J'en suis à ma deuxième écoute car mon attention dérive parfois lorsque je suis en voiture sur des choses futiles comme ce qui se passe sur la route mais quand je reviens à l'essentiel, mon audiolivre, j'ai souvent l'impression d'avoir manqué des phrases importantes. En fait, je crois que tout est beau et que je vais l'écouter de nombreuses fois. Peut-être aurais-je aimé que Fabrice Luchini s'emporte un peu plus de temps en temps mais on est loin ici de la scène culte d'un film de Lelouch où il chante sous une tente (de là date mon admiration pour cet acteur). J'ajouterai une qualité à cet audiolivre: il a justifié mon écoute fastidieuse il y a environ un an Des Souffrances du Jeune Werther car Barthes prend souvent ce "héros" en exemple .
Lien : http://vallit.canalblog.com/..
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Fragments d'un discours amoureux

Omon-mi (mon enfant) d’Ousmane Aledji: l'humanisme peut-il être l'apanage d'une culture?



Le nom Ousmane Aledji sonne au Bénin, particulièrement théâtre. Le doute est levé tout de suite, car, acteurs de la chose littéraire, dramaturges, spectateurs, téléspectateurs et auditeurs reçoivent ce nom comme un nom de la même famille que le théâtre. Son ascension récente à la tête de la structure faîtière du théâtre béninois (FITHEB) en est une grande illustration. Mais depuis 2002 où il a servi Cadavre mon bel amant aux éditions NDZE, le silence au niveau de ses publications est resté plus qu’assourdissant. Un silence mal ruminé par ses lecteurs qui peuvent désormais se réjouir de Omon-mi (Mon enfant), co-édité par les éditions Plumes Soleil et Artistik Editions. De quoi est-il question ?



Omon-mi (Mon enfant) restera une pièce de théâtre unique. Les théâtrologues classeront difficilement la pièce dans une catégorie précise. Toujours est-il que cette pièce de 100 pages sort des sentiers battus et bat en brèche plusieurs règles du théâtre, à commencer par celle des trois unités, action, temps et lieu.

L’ACTION

La pièce raconte une histoire prise en elle-même pour banale notamment dans certaines contrées africaines. Un enfant qui naît enroulé dans du placenta. Sacrilège. Sacrilège pour une tradition puriste respectueuse des lois de la nature qui n’accepte aucun enfant qui ne sort des entrailles de sa mère indemne, la tête en premier. Sacrilège pour une tradition fidèle à ses principes, rejetant toutes modifications, toute autre manière de venir au monde considérée tout de suite comme une anomalie. Sacrilège donc qui mérite une punition adéquate. Le refus d’existence. La mise à mort. Arraché donc à sa mère pour ce crime d’anomalie de sortie, l’enfant sera condamné à être enterré vivant par des adultes commis à la tâche. Malgré la crise de conscience de l’un d’entre eux, les protestations de la mère rebelle pour avoir déjà mal ingurgité le malheureux et mortel sort qu’on a fait subir à son autre enfant Albinos, le Dah, chef de la communauté et ses conseillers n’ont pris autre décision que celle indiquée par la coutume, même au détriment de l’une des pratiques de cette dernière qui aurait permis de consulter l’avis des ancêtres. Une folie maternelle logique coiffe tout.



LE TEMPS

Même si l’on pourrait difficilement rejeter les vingt-quatre heures d’action, le temps dans cette pièce n’est pas linéaire. Il suit un rythme anachronique, fonctionnant comme un récit en analeps. La scène s’ouvre sur un environnement nocturne, remonte aux actions de la journée, la naissance, le baptême, le conseil des sages, l’enlèvement, l’horrible inhumation, pour revenir à la même nuit et indiquer le cynisme de ces thaumaturges qui se saoulent après avoir commis l’innommable. En dents de scie donc, le temps de cette pièce reste bien collé à son temps historique, celle d’un monde qui malgré son ouverture sur la modernité reste bien attachée à des pratiques qui s’endurcissent, et persistent. Mais la concentration du temps aussi en vingt-quatre heures, cette accumulation en un temps si réduit pourrait traduire cet enfer, cet engrenage que la tradition fait subir aux parents qui ont le malheur de voir leurs enfants naître avec des normes autres que celles dictées par la société ; comme si les parents pouvaient décider de la manière dont leurs enfants allait naître. Ce temps d’enfer est comparable à La parenthèse de sang évoquée par le célèbre dramaturge Sony labouTansy.



LE LIEU

Les lieux de la pièce sont loin de respecter la règle de l’unité. Le dramaturge lui-même précise les divers lieux. De la forêt où l’enfant a été enterré à la boite Nelson bar, l’espace dans cette pièce est bien ouvert et multiple. A la naissance, l’enfant a reçu un baptême conséquent chez ses parents qui ont reçu des visites. Il a été ensuite volé donc a pu quitter chez ses parents pour être transporté par ses ravisseurs dans la forêt. Il a ensuite quitté l’espace terrestre pour celui souterrain, puisqu’il a subi une inhumation indescriptible. Mais avant tout ceci, il a fallu que le Conseil siège pour décider de son sort. Ainsi, si le temps peut être comparé à un engrenage, il n’en est pas de même pour le lieu, ouvert pour des mouvements multiples. Mais toujours est-il que ces mouvements, loin d’être à l’avantage du personnage principal qu’est la mère et de son enfant, sont à leurs dépens.

L’action, le temps et le lieu forment donc un cercle tragique comme celui des tropiques d’Aliound’Alioum Fantouré pour mieux assommer, pas politiquement mais socialement l’individu.

Mais on prendrait mal la pièce si, avec le temps, l’action et le lieu on déduit sans autres formes de procès qu’Ousmane Alédji reste dans la même logique que Florent Couao-Zotti par exemple dans la nouvelle parue dans le recueil Poulet bicyclette et cie et intitulée « L’enfant sorcier », où le nouvelliste sauve l’enfant des griffes de ses bourreaux, traitant la pratique de barbares. Ce serait mal lire la pièce d’Alédji. En réalité, le dramaturge sort de ce sentier battu et propose à ces lecteurs une autre approche de ces critiques occidentales toutes formulées dans le seul but d’indexer la seule Afrique comme couvant des pratiques barbares. L’horreur indexé est-il uniquement imputable à une seule région du monde ?



OMON-MI, UNE PIECE A THESE

La rébellion de la mère et sa folie sont loin d’orienter le lecteur vers une position dénonciatrice des pratiques ritualistes. En réalité, le lecteur est progressivement orienté sur une analyse de la situation autre qu’une condamnation béate. On sait que l’une des raisons évoquées par le colon pour envahir le continent africain dans le but unique de s’emparer de ses richesses est l’évocation de ces pratiques qui le confondent aux grands singes de la forêt équatoriale. Claude Lévis Strauss, Gobineau… dans leurs rapports de voyage peignaient le Noir en noir. Il fallait insister sur la barbarie pour montrer la nécessité de nous leur apporter la Lumière, prétexte à une colonisation sauvage. Est donc barbare, toute pratique culturelle venant de ces gens noirs, si noir que l’on pourrait se demander si Dieu si bon peut mettre une âme dans un corps si noir (Montesquieu). Les premiers écrivains africains tel que Paul Hazoumè à travers Le pacte de sang ont donc servi de relai à ces théories colonialistes qui confortent la domination coloniale. Même jusqu’à ce jour, il est clair dans l’entendement humain, que quand on évoque la barbarie, l’on pense d’abord au continent africain. En témoigne plusieurs ouvrages et films condamnant l’Afrique.

Mais Alédji ici, prend tout le monde à court. Loin de se contenter de condamner le fait, il ouvre ferme sa pièce sur une série de questionnements. Le lecteur est promené un peu partout dans presque toutes les grandes capitales du monde où des pratiques identiques ou pires sont monnaie courante.

« Dans les hôpitaux d’Acapulco, de New York, d’Abidjan, de Londres ou de Paris les mieux équipés du monde, on se débarrasse des enfants sorciers, par centaines.

Dans certaines régions de la Chine, les fœtus féminins sont traités comme des ennemis de la République. Ailleurs, des laboratoires souterrains se battent autour des cellules souches pour cloner 42 fœtus en une heure. » p. 91-92.

Sous d’autres noms plus civilisés donc, les mêmes pratiques se déroulent, officiellement avec une législation appropriée. Mais pourquoi accepter et financer les avortements, pourquoi autoriser l’euthanasie, pourquoi cloner des fœtus et s’en prendre dans le même temps aux africains qui sélectionnent leurs nouveaux nés ?Même si Aledji n’approuve aucune des pratiques, il s’interroge quand même sur le droit qu’ont les uns de s’en prendre aux autres alors que dans le même temps ilsont les mêmes cultures meurtrières ?

On comprend ainsi aisément cette série de questions posée par l’auteur :

« Faut-il au nom d’un humanisme bienveillant, de la correction, de la morale et de l’éthique, laisser naître et grandir un enfant que l’on sait différent, déficient handicapé ?

Nous sommes-nous entendus sur des exécutions excusables d’enfants ?

L’humain a-t-il le droit de s’arroger le pouvoir de vie de mort sur son semblable ?

Y a-t-il une culture plus humaine, plus humaniste, plus civilisatrice qu’une autre ? » p. 91

Cette série de questions déterminent la neutralité que voudrait afficher Aledji, une neutralité en réalité convertible en thèse respectueuse des pratiques de chaque culture.



UNE ECRITURE INNOVANTE

Cette sortie des sentiers battus ne se limite pas uniquement à la thématique. L’écriture restera aussi innovante avec un découpage en 14 scènes sans actes. Le lecteur découvre aussi des répliques ordinaires similaires à celles que l’on pourrait découvrir dans un récit romanesque. Une attribution de parole dans un dialogue théâtrale extraordinaire où le ne voit pas écrire le nom des personnages mais où l’on découvre juste des tirets de dialogue. L’on note aussi la présence de personnages comme Le narrateur qui raconte effectivement les faits et la présence de scènes avec pour seul contenu une didascalie.L’on pourrait cependant déplorer la présence abondante de didascalies surtout au niveau des débuts de scènes. Un constat qui s’éloigne du nouveau théâtre qui se veut respectueux du metteur en scène, libre dans ses retouches et orientations de la pièce.



Au total, Aledji renoue avec les publications, avec une grande innovation et enchante la dramaturgie béninoise avec une orientation pertinente d’un sujet sociologiquement capital : omon (enfant).



Anicet Fyoton MEGNIGBETO
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Fragments d'un discours amoureux

Le meilleur, voire l'unique, viatique des relations amoureuses.
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Fragments d'un discours amoureux

Sans doute faudrait-il être soi-même amoureux pour entrer vraiment dans les mots de Barthes autour de l'amour. Le discours amoureux n'est dicible, ou lisible, que par l'amoureux lui-même, qui passe son temps à s'identifier au héros malheureux, au chercheur de tendresse, au discoureur savant qui tente de donner forme à la folie aimante. Mon impression de non-amoureux qui a lu ceci pour retomber dans la marmite est d'être passé à côté d'un sens secret. Comment se réininitier? La lecture ne suffit pas. Les mots, en amour, au fond, sont secondaires.
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Fragments d'un discours amoureux

Fragments d'une critique.



A la lecture de ce livre, c'est le dépaysement, étranger dans mon propre alphabet : j'aurais dû faire Roland Barthes en LV1.



Il y a un véritable « plaisir du texte » à découvrir ces fragments littéraires originaux, à en apprécier la concision alors même qu'ils recèlent chacun leur petit monde en soi, et à dévêtir au fur et à l'usure les mots qui composent le tumulte amoureux, jusqu'au Comblement ultime car « l'amoureux comblé n'a plus besoin d'écrire ».



Barthes dit refuser toute philosophie de l'amour, il ne veut démontrer que son affirmation. Alors comment faire la lumière sur le sentiment amoureux lorsqu'on est soi-même concerné et que le lieu « le plus sombre est toujours sous la lampe » ?



« Qu'est-ce que ça veut dire, penser à quelqu'un ? Ça veut dire l'oublier et se réveiller souvent de cet oubli. » A partir des figures du langage, du discours, du soliloque de l'amoureux, Barthes entend reconstituer cet imaginaire anarchique, tributaire des incidents - qui sans cesse en menacent la valeur (comme à la Bourse) de dépréciation – incidents que le sujet amoureux – (re)construisant à posteriori son aventure - nommera l'histoire d'amour.



Dans « Roland Barthes par Roland Barthes », un autre abécédaire, biographique, le sémiologue écrivait « il est bon que, par égard pour le lecteur, dans le discours de l'essai passe de temps à autre un objet sensuel », c'est ce savant mélange, servi dans une langue d'écrivain, entre la vie et la théorie qui fait le charme iconoclaste du livre de Barthes.



Ces mots sont rattachés à l'expérience de l'auteur, acquise au cours de ses lectures (Goethe, Sartre, Lacan, Brecht, le Zen...) mais aussi de ses conversations et très pudiquement, de sa propre vie. Il se contente, pour tout indice sur le partenaire, d'un simple « il » ou « lui ».

Nous en savons peu sur la vie privée du grand intellectuel, adulé dans les années soixante-dix. Entre histoires secrètes vouées à l'échec, béguins non réciproques, amours tarifés et rejet physique des admirateurs de son oeuvre, notamment Hervé Guibert, auquel, blessé, il écrivit un fragment spécial. Tout au plus ai-je pu lire qu'un chagrin amoureux lui inspira la rédaction de cet ouvrage.



***



L'amoureux trouve l'objet de son émoi « Adorable » avec « l'idée - l'espoir - que l'objet aimé se donnera à mon désir », en le qualifiant vaguement de la sorte, il ne fait qu'essayer d'exprimer la spécialité, l'unique de son fétiche pour lui ; ou pour une partie de lui, « la coupe d'un ongle, une dent un peu cassée en biseau, une façon d'écarter les doigts en fumant ».



Après l'aveuglement vient l'Altération, ténue, infime, une parole, un geste que l'on n'aurait pas soupçonné et qui fait tache dans la représentation dévote de l'Image de l'autre qui ne devient qu'un parmi les autres.

Souvent c'est par la découverte du désir de l'objet amoureux pour un tiers. L'autre en fait trop - et Barthes de citer Sade “je vis le foutre s'exhaler de ses yeux” (self explanatory).

D'un autre côté il arrive qu'au prétexte de l'autre je désire tellement mon désir que cela conduise à l'Annulation de l'autre - le sujet étant amoureux de l'amour.



Le sujet amoureux est encore celui qui Attend comme « un paquet dans un coin perdu de gare », il est à disposition. Esseulé par la ciguë de l'Angoisse, le sujet amoureux met en scène son attente, essaye de jouer à celui qui n'attend pas, à celui qui arrive en retard mais il est encore en avance… bref il est toujours perdant : « suis-je amoureux ? Oui puisque j'attends ».



« Une angoisse seconde me prend, qui est d'avoir à décider du degré de publicité que je donnerai à mon angoisse première. » On passe son temps à Cacher sa passion à l'autre tout en voulant la lui faire sentir car on veut « être à la fois pitoyable et admirable ».

L'amoureux se pose des problèmes de Conduite en dehors de toute logique : on lui donne un numéro de téléphone et c'est l'abîme ; doit-il téléphoner ou pas... aux faits succèdent les signes à interpréter. « S'angoisser du téléphone : véritable signature de l'amour », désormais on peut également s'angoisser par SMS, par facebook, par whatsapp, par instagram et leurs accusés réceptions mortifères… est-ce une démultiplication de l'amour ou de l'angoisse ?



La Déclaration, le bavardage et le baratin sur l'amour contiennent toujours une allocution secrète. Quand on “frotte son langage contre l'autre”, quand on entretient ce frôlage par des commentaires en apparence futiles - car les événements du sujet amoureux sont souvent d'une grande platitude- en fait on dit “je te désire” car le langage est une peau et ce « coïtus reservatus », ce marivaudage, est une invitation à l'acte d'amour.



L'autre devient l'objet de notre servitude (volontaire) jusqu'au déclic. On en vient à « déréaliser » l'amour, revenir à la raison, et à se demander, un soir, dans le hall d'un hôtel, loin de chez soi “qu'est-ce que je fous là ?”.



Le discours amoureux s'oppose à l'action, il est le récit mythologique, légendaire des événements, embaumés, figés des faits accomplis. Mais ce discours souffre de ne pouvoir s'écrire. “Écrire sur quelque chose c'est le périmer”.



L'amoureux ne le sait pas encore mais il va errer d'amour en amour, de nuance en nuance reproduisant le même discours amoureux ou risquer de rejoindre le cimetière des éléphants amoureux : la friendzone (Barthes parle de « la région Amitié »).



“Tout contact, pour l'amoureux, pose la question de la réponse : il est demandé à la peau de répondre”. Barthes analyse le passage, subrepticement, de l'étreinte, comblée par la voix, le rêve d'union totale, immuable, à l'heure des confidences sur l'oreiller, bref le câlin au désir sensuel. Ce moment d'éternité, dans la plénitude de la tendresse reçue et donnée, presque maternelle, tout en sachant que le désir gronde sous les lattes, dans les draps, prêt à surgir. Cet enlacement enfantin dans le creux des bras de l'être aimé fait place à l'adulte, l'amoureux, l'être désiré. Pour Barthes, ce passage de l'un à l'autre est incarné par le dieu Eros : « un enfant qui bande. »



La jalousie ne prend pas uniquement le visage d'un amant (qu'il soit de la chine du nord ou celui de la rousse et dangereuse Jolene, que Dolly Parton supplie dans sa chanson de ne pas lui prendre son mari).

Elle est aussi dans les Fâcheux, ces gens qui s'invitent à dîner, ces loisirs trop prenants qui fissurent la dualité exclusive, où l'amoureux est contraint de partager l'autre avec le monde (et le mondain). On a envie de n'être qu'avec l'objet du sentiment amoureux, exclusivement, de s'exclure du monde, et finalement c'est un “double deuil, ce dont je suis exclu ne me fait pas envie.”



L'amoureux ne veut pas commettre de fautes, il pousse, par exemple, la crainte de la culpabilité jusqu'à attendre sur le quai de gare que le train de l'autre parte en premier.



Le paradoxe de l'amoureux est qu'il clame triomphant qu'il connaît l'autre mieux que quiconque alors même qu'il est au fond, Inconnaissable, il lui échappe sans cesse, comme un savon sous la douche. Finalement déclarer qu'on ne connaît pas l'autre n'est-ce pas une façon de dire que l'on ne saura jamais ce qu'il pense vraiment de nous ?

L'amoureux accepte alors « d'aimer un inconnu » et de se contenter de le connaître par le plaisir ou la souffrance qu'il lui donne. de même que Werther tombe amoureux après avoir appris les transports de la passion par un jeune valet, l'amoureux trouve son objet par Induction. Autrement dit, et par La Rochefoucauld, « il y a des gens qui n'auraient jamais été amoureux, s'ils n'avaient jamais entendu parler de l'amour ».



« Ne soyez plus angoissé, vous l'avez déjà perdu(e) ». L'amour c'est bien connu c'est aussi la Jalousie. L'amoureux souffre de devoir partager l'autre. Mais le partage est une perfection de caractère comme Melite et Hyperion. Or, l'amoureux veut être parfait. Ainsi l'amoureux souffre non seulement du partage mais encore de son « impuissance à en supporter la noblesse ».



Et ces mots : « je t'aime », passés le « premier aveu », la fonction informative, ne veulent « plus rien dire », ils sont « une figure dont la définition ne peut excéder l'intitulé », ils sont de l'ordre du cri. L'amoureux est tout en désir et ce désir s'échappe comme une hémorragie dans la Langueur amoureuse des baisers sans fins.



L'auteur s'inscrit dans son époque, les années soixante-dix sont celles de la révolution sexuelle et l'auteur d'affirmer que l'obscène ce n'est plus la sexualité mais la sentimentalité. L'amoureux, conscient de sa bêtise, éprouve une solitude intellectuelle dans son sentiment. Car l'amour n'est plus à la mode dans la pensée des années soixante-dix, ce qui faisait dire à Barthes, sur le plateau de Bernard Pivot, que l'amoureux était dans une situation de solitude intellectuelle. Françoise Sagan également présente sur le plateau d'Apostrophes d'ajouter qu'on peut faire l'amour à six sans prendre aucun risque, alors que tomber amoureux…

L'amoureux, s'il est un homme, souffrira également de l'incompatibilité entre la virilité et l'éloge des larmes de Schubert, fondatrices du mythe de la douleur : « Les paroles que sont-elles ? Une larme en dira plus. »



« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue. Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue. » Racine, Phèdre. Si Barthes analyse longuement le « coup de foudre », l'enamoration, le ravissement, il en oublie sans doute, pardonnez-moi, le coup de foutre.

La sexualité n'est que suggérée dans cet ouvrage et c'est sans doute un parti pris car on ne peut soupçonner Roland Barthes de chasteté et à sa décharge, ce n'est pas dans le Werther de Goethe ni dans la littérature de l'époque romantique en général que l'on trouvera matière à ces considérations (même reproche qu'adressait, sur un même ton graveleux, Flaubert à Lamartine).



Barthes place chronologiquement la Rencontre au début, le “premier plaisir” où l'on découvre, sur un coup de dés, un autre soi-même, narrativement on se raconte, on rebondit, on a les mêmes goûts. Peut-être, et cela me rappelle le mot de Susan Sarandon qui comparait les relations amoureuses à des organismes vivants en mutation permanente, pourrait-on lui opposer, et je vous pose la question chers babeliote, dans la mesure où l'on change toute sa vie, est qu'on ne se rencontre pas à nouveau plus tard dans une même relation ?

Pour Barthes (c'est joyeux), l'amoureux qui ne se suicide pas a deux options : soit il transforme la relation en dialectique ; il garde l'amour mais abandonne l'hypnose ; soit il est condamné à réitérer avec d'autres cette même “aventure” (le ravissement etc).

Je crois que c'est la limite du livre, l'amour qui « va bien », qui entre dans cette dialectique et qui sort de l'hypnose de la passion n'a pas intéressé Barthes. L'auteur assume d'autant plus qu'il cite Corneille, « l'imitation de Jésus Christ » :



« Et sans s'immoler chaque jour

On ne conserve point l'union fruitive

Que donne le parfait amour. »



L'amoureux peut croiser le fer lors de Scènes où il tentera d'avoir le dernier mot. Oisive et luxueuse, la Scène ne progresse pas, elle n'a pas de sens. Elle est surenchère. Qui n'a jamais ressenti le contraste entre l'état de colère où nous plonge une dispute et la futilité du sujet « officiel » de la Scène que l'on se joue ?



Pour éviter de se noyer dans la chasse aux signes, il faut s'en remettre au langage, à la communication et surtout tenir pour vraies les déclarations. Puis vient le temps des souvenirs à l'imparfait, ces grains de mémoire, anamnèses de haïkus mémoriels. “L'imparfait est le temps de la fascination : ça a l'air d'être vivant et pourtant ça ne bouge pas”, c'est “le leurre épuisant de la mémoire”.



***



Littérairement parlant, dans une certaine mesure et jusqu'à un certain point, il y a un avant/après Fragments d'un discours amoureux : on ne lit plus tout à fait les romans d'amour de la même manière, il y a une ébauche de grille de lecture, des conjonctions, des logiques et des réminiscences qui sont comme tant d'exemples narratifs des fragments proposés par Barthes.

Lisez-le et faites l'expérience ensuite avec vos lectures, parfois, comme un « pop-up » sur le net ou un murmure derrière votre épaule, les mots de Barthes résonneront pour révéler tel ou tel comportement des personnages.



Le discours amoureux, en dépit de la variété de nos expériences et personnalités, on s'y retrouve tous peu ou prou, prisonniers d'un unique langage, nous conjuguons nos réalités avec les mêmes accords. Finalement, nous pouvons conclure, avec Roland Barthes que « le vrai lieu de l'originalité n'est ni l'autre ni moi, mais notre relation elle-même. C'est l'originalité de la relation qu'il faut conquérir. »



Qu'en pensez-vous ?

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Fragments d'un discours amoureux

« Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l’autre »



Texte inclassable, Fragments d’un discours amoureux se divise en 17 parties, chacune décryptant un mot-clé du point de vue de l’individu amoureux. Roland Barthes ne prétend pas établir ici une sorte de philosophie de l’amour, mais donner la parole à l’amoureux, établir le profil de l’amoureux à partir de ses propres observations et expériences personnelles mais également à partir de ses lectures. En effet, le texte contient énormément de références littéraires, philosophiques et psychanalytiques (Goethe, Platon, Proust, Balzac, Stendhal, Freud…), qui viennent illustrer les dires de l’auteur.



« A chaque instant de la rencontre, je découvre dans l'autre un autre moi-même »



J’ai bien aimé cette lecture, j’y ai trouvé de belles réflexions ; mais elle ne m’a pas particulièrement touchée. Globalement, je suis passée à côté du profil amoureux décrit, certains comportements m’ont d’ailleurs paru exagérés, purement fictifs (cela rejoint la sensation éprouvée lors de ma lecture du roman Les souffrances de Werther, de Goethe).



« Et, longtemps après que la relation amoureuse s'est apaisée, je garde l'habitude d'halluciner l'être que j'ai aimé : parfois, je m'angoisse encore d'un téléphone qui tarde, et, à chaque importun, je crois reconnaître la voix que j'aimais : je suis un mutilé qui continue d'avoir mal à sa jambe amputée »



J’ai néanmoins passé un bon moment de lecture, mais ce texte n’a pas révolutionné ma façon de penser ni de percevoir l’amour, que ce soit dans la réalité ou dans la littérature.
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Fragments d'un discours amoureux

Une Bible....
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Fragments d'un discours amoureux

Un tue l'amour que cet "Abécédaire amoureux"...à lire, après une rupture comme un pansement pour le cœur, une médication salvatrice.
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Fragments d'un discours amoureux

" je ne tombe jamais amoureux, que je ne l’aie désiré, la vacance que j’accomplis en moi (…) n’est rien que ce temps, plus ou moins long, où je cherche des yeux, autour de moi, sans en avoir l’air, qui aimer. "

Nous avons besoin d'aimer et d'être aimé(e). Le grand sémiologue analyse le discours amoureux, prenant des exemples littéraires et quotidiens. Rafraîchissant. Cela donne envie de (re)tomber amoureux.
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Fragments d'un discours amoureux

L'ouvrage se lit comme un dictionnaire et chaque thème est abordé en quelques paragraphes dans l'ordre alphabétique.

La lecture en mode linéaire peut donc paraître rébarbative.

J'en retiens simplement, quelques perles, passages, comme des pépites excavées après avoir pioché dans la glyphe de cet ouvrage, un peu à l'instar de "l'art d'aimer" d'Ovide.
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