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Citations de Romain Gary (5287)


Il y avait certes des limites physiques, il fallait séparer nos souffles, s'écarter, s'espacer, se lever, se dédoubler, et c'est toujours autant de perdu. Quand on a deux corps, il vient des moments où l'on est à moitié.
— Est-ce que je suis envahissante?
— Terriblement, lorsque tu n'es pas là.
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Je luttais contre le sommeil, qui est toujours un peu voleur.
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Il n'est pas bon d'être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu.
Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation. Partout où vous allez, vous portez en vous le poison des comparaisons et vous passez votre temps à attendre ce que vous avez déjà reçu.
Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d’autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n’aurai pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaines.
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Les enfants se font particulièrement insupportables lorsqu'ils deviennent des grandes personnes, ils vous assomment avec leurs "problèmes": impôts, politique, argent. Car on ne se gênait plus pour parler argent en présence des dames. Autrefois on ne se préoccupait pas de l'argent: on en avait ou on faisait des dettes. Aujourd'hui les femmes étaient de plus en plus considérées comme les égales des hommes: les hommes s'étaient émancipés. Les femmes avaient cessé de régner. Même la prostitution était interdite. Personne ne savait plus se tenir: c'était tout juste si on ne vous amenait pas des Américains à dîner. Dans sa jeunesse, les Américains n'existaient tout bonnement pas: on ne les avait pas encore découverts. On pouvait lire le Times pendant des années sans trouver autre chose que quelque reportage d'explorateur revenu des Etats-Unis.
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Ce qu'on appelle si pompeusement "le grand âge" vous fait vivre dans un climat de muflerie que chaque marque d'égards ne fait qu'accentuer: on vous apporte votre canne sans que vous l'ayez demandée, on vous offre le bras chaque fois que vous faites un pas, on ferme les fenêtres dès que vous apparaissez, on vous murmure "Attention, il y a une marche", comme si vous étiez aveugle, et on vous parle avec des airs faussement enjoués, comme si on savait que vous alliez mourir demain et qu'on essayait de vous le cacher. Elle avait beau savoir que ses yeux sombres, son nez à la fois délicat et fermement dessiné - on ne manquait jamais à son propos de parler de "nez aristocratique" - , son sourire - le célèbre sourire de Lady L. - forçaient encore toutes les têtes à se retourner sur son passage, elle savait fort bien que dans la vie comme dans l'art le style n'est qu'un suprême refuge de ceux qui n'ont plus rien à offrir et que sa beauté pouvait encore inspirer un peintre, mais plus un amant. Quatre-vingts ans! C'était incroyable.
- Et puis, zut! dit-elle. Dans vingt ans, il n'y paraîtra plus.
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Lady L. avait toujours trouvé que le ciel anglais était un pisse-froid. On ne lui imaginait aucun émoi secret, aucune colère, aucun élan; même au plus fort des averses, il manquait de drame; ses plus violents orages se bornaient à arroser le gazon; ses foudres savaient tomber loin des enfants et éviter les chemins fréquentés; il n'était vraiment lui-même que dans la petite pluie fine et régulière, dans la monotonie des brumes discrètes et distinguées; c'était un ciel de parapluie, qui avait des manières, et l'on sentait bien que lorsqu'il se permettait quelque éclat, c'était seulement parce qu'il y avait partout des paratonnerres.
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Je m'aperçois souvent, sans surprise, aux questions que l'on me pose, combien rares sont ceux qui savent ce qu'est la Croix de la Libération et ce que ce ruban signifie. Il est très bon qu'il en soit ainsi. Alors que tout, à peu près, a été oublié ou galvaudé, il est bon que l'ignorance préserve et mette à l'abri le souvenir, la fidélité et l'amitié.
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J’ai même la naïveté de rêver que l’indépendance de l’Afrique se fasse un jour au profit des Africains, mais je sais qu’entre l’Islam et l’URSS, entre l’Est et l’Ouest, les enchères sont ouvertes pour se disputer l’âme africaine.
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La vie est jeune.
En vieillissant elle se fait durée, elle se fait temps, elle se fait adieu. Elle vous a tout pris, et elle n'a plus rien à vous donner.
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Elle marchait encore assez vite, de cette démarche déterminée des gens qui ont un but dans la vie.
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Je les ai laissé là car moi je trouve qu’il faut pas chercher la tristesse.
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Quand vous n’en pouvez plus, faites comme moi : pensez à des troupeaux d’éléphants en liberté en train de courir à travers l’Afrique ; des centaines et des centaines de bêtes magnifiques auxquelles rien ne résiste, pas un mur, pas un barbelé, qui foncent à travers les grands espaces ouverts et qui cassent tout sur leur passage, qui renversent tout, tant qu’ils sont vivants, rien ne peut les arrêter – la liberté, quoi !
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Je devais vivre assez longtemps pour me trouver dans un monde où le terme "lutte pour l'honneur" n'évoque plus que quelque absurde panache d'un autre temps, à peine digne de raillerie ; mais tout ce que cela signifie, c'est que le monde est allé d'un côté et moi de l'autre, et ce n'est pas à moi de décider lequel des deux s'est trompé de chemin.
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J’ai toujours éprouvé une insurmontable répugnance à faire de la peine à autrui, ce qui doit être chez moi un signe de faiblesse et un manque de caractère.
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Le motif brodé représentait les bêtes tendrement unies dans la paix enchantée de l'Éden ; elle aimait surtout le lion qui fraternisait avec l'agneau et le léopard qui léchait amoureusement l'oreille d'une biche : la vie, quoi. La facture naïve du dessin soulignait encore l'idiotie profonde et très satisfaisante de la scène. (p.10)
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C'est assez terrible, d'aimer les bêtes. Lorsque vous voyez dans un.chien un être humain, vous ne pouvez pas vous empêcher de voir un.chien dans l'homme et de l'aimer.
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Je ne touche jamais ni à l'alcool, ni à la marijuana, ni au LSD, parve que je suis trop acoquiné avec moi-même pour pouvoir tolérer de me séparer d'une aussi agréable compagnie par le truchement de la boisson ou de la drogue. Mais je me soûle d'indignation. C'est ainsi d'ailleurs que l'on devient écrivain.
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J'écris ces lignes à un moment où le monde, tel qu'il tourne en ce dernier quart de siècle, pose à un écrivain, avec de plus en plus d'évidence, une question mortelle pour toutes les formes d'expression artistique : celle de la futilité.
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 Les juifs priaient : un long murmure soutenu, d'un timbre égal, et puis, soudain, un long sanglot s'arrachait d'une poitrine, une longue plainte, moitié chantée, moitié parlée, une sorte de question désespérée, condamnée éternellement à demeurer sans réponse. Les autres fidèles élevaient alors la voix, faisant entendre cette question tragique, ce sanglot vibrant, puis les voix baissaient et redevenaient un murmure. 
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Le renouveau a toujours été, d'abord, un retour aux sources.
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