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Citations de Romain Gary (5291)


J'ai léché ma glace. Je n'avais pas le moral et les bonnes choses sont encore mieux quand on a pas le moral. J'ai souvent remarqué ça. Quand on a envie de crever, le chocolat a encore meilleur goût que d'habitude.
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Les Universités européennes ont été le berceau de la civilisation. Mais il y a aussi une autre éducation européenne, celle que nous recevons en ce moment : les pelotons d'exécution, l'esclavage, la torture, le viol - la destruction de tout ce qui rend la vie belle. C'est l'heure des ténèbres.
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[…] mais parmi tous les insoumis présents à bord de l’Oakrest, il y en avait un, surtout, dont le nom ne cessera jamais de répondre dans mon cœur à toutes les questions, à tous les doutes et à tous les découragements.
Il s’appelait Bouquillard et, à trente-cinq ans, était de loin notre aîné. Plutôt petit, un peu voûté, coiffé d’un éternel béret, avec des yeux bruns dans un long visage amical, son calme et sa douceur cachaient une de ces flammes qui font parfois de la France l’endroit du monde le mieux éclairé.
[…] et alors que je griffonne ces lignes, face à l’Océan, dont le tumulte a couvert tant d’autres appels, tant d’autres défis, voilà que le chant monte tout seul à mes lèvres et que j’essaye de faire renaître ainsi un passé, une voix, un ami, et le voilà qui se lève à nouveau vivant et souriant à côté de moi et il me faut toute la solitude de Big Sur pour lui faire de la place.
Il n’a pas sa rue à Paris, mais pour moi toutes les rues de France portent son nom.
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Moi, l’héroïne, je crache dessus. Les mômes qui se piquent deviennent tous habitués au bonheur et ça ne pardonne pas, vu que le bonheur est connu pour ses états de manque. Pour se piquer, il faut vraiment chercher à être heureux et il n'y a que les rois des cons qui ont des idées pareilles.
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Je pressentais qu'elle trouvait dans ma simplicité même quelque force rassurante, mais il n'est pas facile de se faire à l'idée qu'une femme tient à vous parce que vous êtes pour elle une façon de coller à la terre, plutôt que de s'élever trop haut.
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- Ils m'ont tous lâché, dit-il, d'une voix rauque. Je suis seul. Personne pour assurer le service. Si les Américains arrivent, j'aurai bonne mine.
- Je ne pense pas que les Américains soient là avant plusieurs jours, lui dis-je.
- On aurait dû me prévenir.
- Du...du débarquement, monsieur Duprat ? bégayai-je.
Il réfléchissait.
- Vous ne trouvez pas intéressant qu'ils aient choisi la Normandie ?
Je le regardais avec ahurissement. Mais non, il ne se moquait pas de moi. Il était fou, fou à chérir. Lila dit :
- Ils ont dû étudier le guide Michelin et choisir ce qu'il y avait de mieux.

( Monsieur Duprat est un restaurateur fameux )
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- Elle ne m'a pas quitté un seul instant depuis qu'elle est partie, et maintenant qu'elle est revenue, c'est une autre...
- Dame, mon gars. Tu l'as trop inventée. Quatre ans d'absence, ça laisse une part trop belle à l'imagination. Le rêve a touché terre et ça fait toujours des dégâts. Même les idées cessent de se ressembler quand elles prennent corps.
[...] tu croyais avoir vécu de ta mémoire, mais tu as surtout vécu de ton imagination.
Il s'est marré.
- L'imagination, Ludo, ce n'est pas une façon de traiter une femme.
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L'Eglise a entouré Dieu d'une telle atmosphère de pudibonderie et elle a une telle sainte horreur du corps et du bonheur physique que même avec la meilleure volonté du monde, la plus belle nature hésiterait à se manifester. L'Eglise a dû inhiber Dieu complètement.
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J'ai voulu disputer, aux dieux absurdes et ivres de leur puissance, la possession du monde, et rendre la terre à ceux qui l'habitent de leur courage et de leur amour.
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On est tous postsynchronisés et parfois c'est très bien fait, on croit que c'est naturel.
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La culture n'a absolument aucun sens si elle n'est pas un engagement absolu à changer la vie des hommes. Elle ne veut rien dire. C'est une poule de luxe.
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Beaucoup de gens se sentent mal dans leur peau, parce que ce n'est pas la leur.
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" Il la suivit jusqu'au bar. Elle donna des ordres aux boys qui s'affairèrent autour de de Vries. Puis ils demeurèrent un moment sans se parler. Appuyée contre le mur, les bras croisés, elle le regardait gravement. Il baissait la tête, tournant et retournant son verre sur le comptoir. Elle attendait, tranquille, avec une assurance extraordinaire, et il lutta un moment contre cet appel muet. […]
Il sourit et se mit à lui parler doucement, gentiment, un peu comme on parle aux enfants. Il ne lui dit ni qui il était, ni d'où il venait, mais lui parla des éléphants, comme si c'était la seule chose qui comptait. C'était pas dizaines de milliers, dit-il, que les éléphants étaient abattus chaque année en Afrique – trente mille, l'année dernière – et il était décidé à tout faire pour empêcher ces crimes de continuer. Voilà pourquoi il était venu au Tchad : il avait entrepris une campagne pour la défense des éléphants. Tous ceux qui ont vu ces bêtes magnifiques en marche à travers les derniers grands espaces libres du monde savent qu'il y a là une dimension de vie à sauver. La conférence pour la protection de la faune africaine allait se réunir bientôt au Congo et il était prêt à remuer ciel et terre pour obtenir les mesures nécessaires. Il savait bien que les troupeaux n'étaient pas menacés uniquement par les chasseurs – il y avait aussi le déboisement, la multiplication des terres cultivées, le progrès, quoi ! Mais la chasse était évidemment ce qu'il y avait de plus ignoble et c'était par là qu'il fallait commencer. Savait-elle par exemple qu'un éléphant tombé dans un piège agonisait souvent, empalé sur des pieux, pendant des jours et des jours ? Que la chasse au feu était encore pratiquée par les indigènes sur une large échelle et qu'il lui était arrivé de tomber sur les carcasses de six éléphanteaux victimes d'un feu auquel les bêtes adultes avaient pu échapper grâce à leur taille et à leur rapidité ? Et savait-elle que des troupeaux entiers d'éléphants s'échappaient quelquefois de la savane enflammée brûlés jusqu'au ventre et qu'ils souffraient pendant des semaines ? - il avait entendu pendant des nuits entières les cris de ces bêtes blessées. Savait-elle que la contrebande de l'ivoire était pratiquée sur une grande échelle par les marchands arabes et asiatiques qui poussaient les tribus au braconnage ? Des milliers de tonnes d'ivoire vendues chaque année à Hong-Kong… Trente mille éléphants par an – pouvait-on réfléchir un instant à ce que cela représente sans avoir envie de saisir un fusil pour se mettre du côté des survivants ? Savait-elle qu'un homme comme Haas, fournisseur choyé de la plupart des grands zoos, voyait crevé sous ses yeux au moins la moitié des éléphanteaux qu'il capturait ? Les indigènes, eux, au moins avaient des excuses : il n'y avait pas assez de protéines dans leur régime alimentaire. Ils abattaient les éléphants pour les manger. C'était, pour eux, de la viande. La préservation des éléphants exigeait donc, en premier lieu, l'élévation du niveau de vie en Afrique, condition préalable de toute campagne sérieuse pour la protection de la nature. Mais les blancs ? La chasse « sportive » - pour la « beauté » du coup de fusil ? "
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J'aime les coquelicots à cause du nom qu'ils portent, co-que-li-cots. C'est gai et il y a même la dedans des rires d'enfants heureux.
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J'ai même la naïveté de rêver que l'indépendance de l'Afrique se fasse un jour au profit des Africains, mais je sais qu'entre l'Islam et l'U.R.S.S., entre l'Est et l'Ouest, les enchères sont ouvertes pour se disputer l'âme africaine. Cette âme africaine, n'est-ce-pas, qui est une source illimitée de matières premières et un débouché pour nos produits manufacturés.
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"Cette soeur inconnue, je veux que tu lui dises combien j'ai besoin d'elle. J'aurais aimé la rencontrer , lui sourire, l'embrasser. Il y a adversité, nous sommes trop biologiques, et notre vie, c'est souvent comme si on avait une étiquette dans le dos : "Agiter avant de s'en servir". Il y a faiblesse sans défense, et cela a toujours voulu dire : lutte. Je suis peut-être terriblement égoïste, mais pourquoi veux-tu que je ne continue pas à vivre et à être heureuse, quand je ne serai plus là? Je te demande de ne pas faire de mon souvenir un petit magot jalousement gardé. Dépense-moi. Donne moi à une autre femme. Au moment de m'endormir, je m'efforcerai de l'imaginer, pour savoir de quoi j'aurai l'air, quel âge j'aurai, comment je m'habillerai, quelle sera cette fois la couleur de mes yeux..."
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La faiblesse a toujours vécu d'imagination. La force n'a jamais rien inventé, parce qu'elle croit se suffire. C'est toujours la faiblesse qui a du génie.
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Il y a toujours cette vieille expression "on vit d'espoir", mais je commence à croire que c'est surtout l'espoir qui vit de nous.
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Monsieur Waloumba, pendant qu'on se régalait, a expliqué que dans son pays il était beaucoup plus facile de respecter les vieux et de s'occuper d'eux pour les adoucir que dans une grande ville comme Paris où il y a des milliers de rues, d'étages, de trous et d'endroits où on les oublie et on ne peut pas utiliser l'armée pour les chercher partout où ils étaient car l'armée est pour s'occuper des jeunes. [...] Il m'a dit que les nids de vieux, il y en a pour ainsi dire des dizaines de milliers dans les villes et à la campagne, mais il n'y a personne pour donner des renseignements qui permettraient de les trouver, et c'est l'ignorance.
[...] En Afrique, ils sont agglomérés par tribus où les vieux sont très recherchés, à cause de tout ce qu'ils peuvent faire pour vous quand ils sont morts. En France il n'y a pas de tribus à cause de l'égoïsme.
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Le lendemain, je me promenais avec mon python en laisse dans les rues de Cahors, tranquillement. Gros-Câlin se faufilait sans chercher de crasses à personne, empruntait les passages cloutés, respectait les feux rouges, était parfaitement en règle, quoi. Mais il y avait là un flic qui passait et qu’est-ce qu’il fait ? Il marche sur mon python, délibérément. Exprès, il l’a fait, ce salaud-là. Le pied dessus, dès qu’il a vu que c’était un python, par horreur des marginaux et des non-conformistes. J’objectai.

— Nom de Dieu ! Vous l’avez fait exprès !

Il parut étonné.

— Qu’est-ce que j’ai fait exprès ?

— Vous avez marché sur mon python.

Alors là, il faisait vraiment celui qui ne comprenait plus. C’est comédien, ces mecs-là, c’est pas croyable.

— Quel python ?

— Comment quel python ? Celui-là.

Je montrai Gros-Câlin du doigt.

— Je me promène tranquillement avec mon python en laisse et vous lui marchez dessus, parce qu’il n’est pas de chez nous.

Le flic regardait à mes pieds. Il était devenu tout rouge.

— Il n’y a pas de python ici, dit-il avec une fausse assurance, car c’est traître.

Gros-Câlin faisait semblant de se lécher la bosse que le flic lui avait faite.

— Et ça, qu’est-ce que c’est ? Ce n’est pas un python ?

— Merde, dit le flic, car il avait du langage. Il n’y a pas de python à Cahors. On n’est pas en Afrique, ici.

— C’est ça, les Africains dehors, hein ? Dès que vous avez vu mon python, vous lui avez marché sur la gueule, par racisme.

— Nom de Dieu, dit le flic simplement, car il ne faut pas croire, ils respectent leur patron.

Et qu’est-ce qu’il fait, ce salaud-là ? Il sort un sifflet de sa poche, mais le sifflet n’a pas vu mon python non plus. Il l’a dit à haute et intelligible voix, pour faux témoignage :

— Il n’y a pas de python ici.

Les sifflets ne parlent pas et c’était une provocation policière si grossière que je n’ai fait ni une ni deux. Je ne suis pas un violent mais quand les sifflets se mettent à nier l’existence des pythons à Cahors, c’est un comportement tellement aberrant, avec insinuation de démence à votre égard, qu’il y a de quoi se foutre en rogne.

Et qu’est-ce qu’il fait, ce salaud-là, après le gnon qu’il a reçu ? Il sort un autre flic de sa poche, qui en sort un troisième, et en un clin d’œil ça s’est mis à grouiller de flics complètement dingues autour de moi qui se dévissaient et laissaient sortir d’autres flics de l’intérieur et ça s’est mis à grouiller autour de moi de pythons qui niaient l’existence de pythons, ça s’est mis à grouiller et à se propager et à se répandre et à m’enserrer et à m’entreprendre et à grandir et à se multiplier et je me suis senti à l’échelle mondiale et j’ai eu une telle peur que je me suis mis à hurler et à appeler Pinochet à mon secours mais il n’y a pas de bon Dieu.
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