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Citations de Rosa Montero (674)


Ma santé littéraire s'en est ressentie : j'ai été prise par La Sécheresse, comme disait Donoso, et j'ai passé presque quatre ans sans pouvoir écrire. Un satané enfer, parce que en perdant l'écriture, j'avais perdu le lien avec la vie.
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Être romancière est, en réalité, une activité assez bizarre, je dirais presque excentrique. Elle consiste à passer une quantité de temps énorme, deux ans, ou trois, ou peu importe combien, enfermée seule dans un coin de ta maison, à inventer des mensonges. Autrement dit, à inventer un Russe roux qui n’existe pas, chaussé de souliers vernis qui n’existent pas, qui ouvre une porte en bois de noyer renforcée d’une barre de fer qui n’existe pas. Et c’est à imaginer ce genre d’âneries que tu consacres le meilleur de ton existence.
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À l'origine de la créativité se trouve la souffrance, la sienne et celle des autres.
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L’existence est un chaos, et l’un des services que nous rendons, nous, les romanciers (l’une des raisons premières pour lesquelles tu me lis, et pour lesquelles je lis), c’est de donner une apparence de causalité et de sens à une réalité qui n’est que fureur et bruit. Même le roman le plus expérimental et décousu a un début et une fin, et il apprivoise d’une certaine façon cette agitation absurde dans laquelle nous vivons. Les romans sont une petite île de signification dans la mer du désordre.
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Tout organisme téléporté subit une altération atomique : le sujet qui est reconstruit à destination n'est pas exactement le même que je sujet d'origine. En général, ces mutations sont minimes, subatomiques et inappreciables. Mais un nombre significatif de fois, les changements sont importants et dangereux : un oeil qui se déplace sur la joue, un poumon défectueux, des mains sans doigts et même des crânes dépourvus de cerveau.
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S’il pouvait penser, le cœur s’arrêterait, disait Fernando Pessoa.
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Voilà pourquoi je regrette de ne pas connaître aussi le passé, la vie de Pablo que je n'ai pas vécue. Je veux tout savoir de lui. Si j'arrivais à tout savoir, absolument tout, ce serait comme s'il n'avait pas disparu. Nous portons nos morts sur notre dos. (...)
Nous sommes les reliquaires des gens que nous aimons. Nous les portons en nous, nous sommes leur mémoire. (p.64)
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Ce que nous appelons la folie n’est qu’une tentative désespérée de moins souffrir.
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Pablo se rappelle que, trois jours seulement après l’atroce attentat terroriste des Ramblas de Barcelone, il a vu à la télévision les mères de certains des assassins : elles participaient à une manifestation contre le djihadisme à Ripoll. Leurs enfants venaient de mourir abattus par la police, des gamins de dix-sept, dix-huit et dix-neuf ans au cerveau pourri par les dogmes, des monstres suprêmes haïs avec une passion unanime par tout un pays ; et ces mères étaient là, dans leurs lourds habits et leur voiles et leur deuil sanglant et leur douleur, à ne pas pouvoir pleurer leurs fils et à crier contre l’intégrisme dans une manifestation, dans l’espoir peut-être d’être pardonnées, ou pour tenter peut-être de sauver la vie des frères de l’assassin qu’elles avaient enfanté.
(page 229)
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Pour pouvoir écrire un roman, pour endurer les très longues et fastidieuses séances de travail assis que ça implique, mois après mois, année après année, il faut que l’histoire garde des bulles de lumière dans votre tête. Des scènes qui sont des îles d’émotion brûlante. Et c’est à cause du désir d’en arriver à l’une de ces scènes qui, vous ne savez pas pourquoi, vous couvrent de frissons, que vous traversez peut-être des mois d’ennui royal et insoutenable au clavier. De sorte que le paysage que vous entrevoyez quand vous commencez une œuvre de fiction est pareil à un long collier d’obscurité éclairé de temps à autre par une grosse perle iridescente. Et vous avancez laborieusement sur ce fil d’ombres, d’une perle à l’autre, attiré comme les mites par leur éclat, jusqu’à atteindre la scène finale, qui est pour moi la dernière de ces îles de lumière, une explosion irradiante.
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Il était déprimé par cette heure du petit matin, sale, délavée, où la nuit mourait et le jour nouveau ne pointait pas encore. Cette heure si nue qu’il n’y avait pas moyen de déguiser l’absurdité du monde.
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Elle a soixante-six ans et le tribunal a considéré comme avéré que c’est elle qui a assassiné la petite Charmaine. Mais elle n’a jamais reconnu sa responsabilité et elle espère être libérée prochainement. En bonne psychopathe, c’est une manipulatrice experte, il est donc possible qu’elle y parvienne. Le Mal possède des ressources que le Bien ignore.
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Comment éviter que la foudre vous atteigne : lorsque vous voyez un éclair, comptez les secondes jusqu’à entendre le tonnerre et multipliez par trois cents pour savoir la distance de l’orage. Le son se déplace à trois cent trente et un mètres par seconde. Si l’intervalle entre le tonnerre et l’éclair est inférieur à trente secondes, cherchez immédiatement un refuge. Le plus sûr, ce sont les bâtiments grands et fermés. Évitez les terrains vagues, les crêtes sur une zone arborée et les lieux ouverts et élevés.
(pages 270-271)
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Raluca est une planète, Raluca est la Terre flottant dans l’espace, bleue et verte et blanche de la crème fouettée des nuages, une boule ensoleillée et fulgurante, aussi belle que la plus belle des perles dans la noirceur solitaire du cosmos, et Pablo est un météore qui tombe frénétiquement vers elle, piégé par l’inexorable loi de la gravité.
(page 165)
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Ça lui ronge un peu le moral de se sentir comme un objet sexuel, le remède à un besoin aveugle de la chair, mais elle a fini par s’y faire. en fin de compte, Pablo remplit aussi cette fonction pour elle. Regina a cinquante-deux ans, elle travaille beaucoup, c’est une femme qui a de l’argent, du pouvoir et du succès, ce qui complique considérablement sa vie amoureuse. Si on y regarde bien, c’est un accord assez avantageux pour les deux.
(page 44)
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Au début, elle était résolue à ne plus jamais le revoir. Mais, à mesure que les jours passaient, une sorte de trou avait grandi à l'intérieur d'elle, une sensation de faim ou d'asphyxie, la certitude désolante d'être incomplète. Avec le temps, la folie de l'amour, du désir d'amour, avait commencé à s'allumer dans sa tête. (p. 57)
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Pablo trouvait ridicule cette valeur suprême que notre société accorde à l’aspect physique. C’est étudié par les neuropsychologues : les individus grands, minces et au visage symétrique sont considérés comme plus intelligents, plus sensibles, plus aptes, et même comme de meilleures personnes. Quel arbitraire.
(page 76)
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Je n'ai pas d'enfants. Je veux dire par là que je suis toujours une fille et seulement une fille, que je n'ai pas fait le pas habituel que font d'ordinaire les hommes et les femmes, les juments et les chevaux, les béliers et les brebis, les petits oiseaux des deux sexes, comme je dirais moi-même dans mes abominables contes pour enfants. Toutes les créatures de la création s'efforcent en priorité, avant tout le reste, d'accoucher, de mettre bas, de pondre, de couver et d'élever ; toutes les créatures de la création naissent dans la finalité d'être parents, et il se trouve que moi, je me suis arrêtée à une étape intermédiaire, je suis une fille et seulement une fille, à jamais fille, jusqu'à la fin, jusqu'à ce que je devienne une vieille fille vénérable, octogénaire et décrépite, mais toujours une fille.
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La peine aiguë est une aliénation. Vous vous taisez et vous vous renfermez.
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Pozzonegro. Province de Ciudad Real. En Castille-La Manche. Mille deux cent quatre-vingt-cinq habitants en 2018. Village créé à la fin du XIXe siècle autour d’une énorme mine de charbon appelée la Titane, le plus grand gisement de tout le bassin houiller de Puertollano. Quand le secteur minier est entré en crise au milieu du XXe siècle, Puertollano a survécu grâce à son complexe pétrochimique, inauguré en 1966. Mais Pozzonegro s’est retrouvé sans rien. La Titane a été fermée en 1965. En un demi-siècle, sa population est passée de neuf mille six cents habitants au chiffre actuel.
(page 45)
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