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Citations de Rosa Montero (674)


Toute la société allait par deux; les gens normaux ne s'en rendaient pas compte, mais aux spectacles, dans les restaurants, dans les lieux de vacances et chaque jour férié, le monde se remplissait de couples. Tout le monde était deux, plus ou moins beaux ou laids, plus ou moins vieux ou jeunes, hétérosexuels ou homosexuels, avec ou sans enfants, atrocement ensemble de tous les côtés. Alors que Soledad, faisant honneur à son prénom, était toujours seule. Il est vrai qu'elle s'appelait Alegre [joyeuse]: quelle aberration.
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Gardons espoir, même si en ce moment les étoiles sont noires et que nous traversons le temps de la haine.
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Le fracas fait par les anciennes civilisations en s'écroulant n'est, aujourd'hui, pas plus audible que le crissement d'une feuille sèche foulée.
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Respirer et continuer. Dans les pires moments, elle savait qu'il fallait s'accrocher à des choses toutes simples. Respirer et continuer. Il fallait se débarrasser de tout superflu et résister, se cramponner à l'existence comme un animal.
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"Dieu , avant de détruire ses victimes, les rend folles ."
EURIPiDE.
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Est-ce si dur à comprendre que, lorsque vous avez perdu un être cher, son impossible absence est une chose qui ne vous rentre pas dans la tête ? Je suis sûre que nous parlons tous avec nos morts. (...)
Non, Marie s'adresse à Pierre parce qu'elle n'a pas pu lui dire au revoir, parce qu'elle n'a pas pu lui dire tout ce qu'elle aurait dû lui dire, parce qu'elle n'a pas pu achever la narration de leur vie commune. (p.101)
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Les entomologistes ne pleurent pas

Explorer ces deux extrémités me fascine: la ressemblance que nous partageons tous, la singularité que chacun nourrit.C'est pour ça que j'aime les biographies, car ce sont avant tout des cartes de navigation de l'existence dans lesquelles tu peux apprendre comment d'autres ont traversé les mêmes épreuves que celles que tu dois affronter (...)

( p.46)
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Ma théorie, c'est que nous sommes des junkies de l'intensité. Nous avons parlé plus haut du fait que nous avons du mal à vivre la vie en elle-même [...]. Devant cette vie quotidienne si dénuée d'éclat et d'authenticité, nous nous voyons obligés de recourir à un shoot de transcendance. [...] Nous devons susciter en nous un certain niveau d'euphorie car la vie n'est pas suffisante pour nous: "L'existence de la Littérature est la preuve évidente que la vie ne suffit pas", disait Pessoa. De là vient aussi que nous ayons ce tempérament si addictif, que nous recourrions plus facilement à l'alcool et à d'autres drogues.
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Cerveau n'avait jamais désiré avoir d'enfant, elle n'avait jamais ressenti l'appel maternel. Et elle ne croyait pas qu'être une femme consistait à accoucher. Mais son entraînement scientifique la rendait également consciente de l'échec biologique de ses gènes. Tous les êtres humains, hommes et femmes, étaient le produit d'un très long, d'un multiple et retentissant succès. Du triomphe de chacun de leurs ancêtres . [...] toute cette lignée génitrice qui remontait jusqu'à se perdre dans le passé le plus lointain, était composée d'individus qui avaient réussi à naître, à ne pas mourir en bas âge, à grandir, à s'accoupler avec un partenaire adéquat et fertile, à avoir au moins un enfant et à le maintenir en vie suffisamment longtemps pour que le processus continue. Oui, Cerveau était la conséquence d'une réussite collective monumentale, mais ce témoin génétique se perdrait à présent. Son petit et trivial échec biologique mettait un point final à une lignée de survie millénaire. Mais c'était peut-être mieux ainsi. C'était peut-être mieux de pouvoir retourner à la pureté des atomes sans aucun handicap, sans aucun bagage, sans laisser aucune trace individuelle. [...] Quel soulagement de pouvoir redevenir juste et rien qu'une poignée d'atomes, infiniment petits, infiniment durables, infiniment prodigieux. 
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Et, par ailleurs, qu'est-ce qui était le pire? La tristesse du bonheur perdu, ou l'amertume glacée de celui jamais vécu, de la félicité non atteinte?
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Les contextes révolutionnaires ont toujours été favorables aux progrès des femmes. Les moments socialement aberrants ouvrent des fissures dans la trame conventionnelle par où s'échappent les esprits les plus libres.
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(L'utilitarisme pamphlétaire constitue la plus grande trahison du métier; la littérature est un chemin de connaissance et on doit le suivre chargé de questions et non de réponses); il consiste plutôt à rester vigilant face aux lieux communs, à ses propres préjugés, à toutes les idées reçues et non soumises à examen qu'on nous glisse insidieusement dans la tête , idées pernicieuses, vénéneuses comme le cyanure, inertes comme le plomb, qui nous conduisent à la paresse intellectuelle. Pour moi, écrire est une manière de penser et cette pensée doit être la plus propre, la plus libre et la plus rigoureuse possible. (p. 51)
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Le radium a été employé pendant des années dans les peintures pour les cadrans lumineux des montres : c'était ce qui faisait qu'on pouvait voir l'heure dans le noir. Et de fait, entre 1922 et 1924, neuf employées d'une usine américaine sont mortes parce qu'elles humidifiaient le pinceau avec leur salive pour peindre les numéros avec la substance mortelle (leurs mâchoires se sont nécrosées).
(p. 110)
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Etre romancière est, en réalité, une activité assez bizarre, je dirais presque excentrique. Elle consiste à passer une quantité de temps énorme, deux ans, ou trois, ou peu importe combien, enfermée seule dans un coin de ta maison, à inventer des mensonges. [...] Tes heures les plus intimes. [...] Et au bout de cette traversée hallucinée, tu sors le livre et tu attends, en retenant ton souffle, que quelqu'un le lise. Que quelqu'un dise: eh bien moi, ça m'a intéressé, je t'ai comprise, j'ai vibré des mêmes émotions que toi, j'ai vu le même monde que celui que tu as vu. Parce que, si personne ne te lit, si ce que tu as écrit ne plaît pas, que deviennent ces deux ou trois années [...]? Eh bien, purement et simplement, le délire d'un fou. C'est pour ça que, nous les écrivains, nous sommes des êtres si avides du regard d'autrui; c'est pour ça que nous avons l'air vaniteux, à toujours chercher l'estime et la louange; pour ça que nous sommes si terriblement fragiles face aux critiques [...]. Parce que ce qui se joue pour nous, c'est l'acceptation du monde, la possibilité d'être normaux, la survie et la santé mentale. [...] Je crois que nous autres romanciers avons presque tous l'intuition, le soupçon ou même la certitude que, si nous n'écrivions pas, nous deviendrions fous, ou que nos coutures lâcheraient, que nous tomberions en morceaux, que la multitude qui nous habite deviendrait ingouvernable. [...] et que ce besoin de reconnaissance naît d'un manque colossal d'assurance.
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La littérature s'applique à tourner autour du trou. Avec de la chance et avec du talent, peut-être qu'on parviendra à jeter à l'intérieur un coup d'oeil rapide comme l'éclair. Ce flash illumine les ténèbres, mais de manière si brève qu'il n'y a qu'une intuition, pas une vision. En outre, plus vous approchez de l'essentiel, moins vous pouvez le nommer. La moelle des livres se trouve au coin des mots. Le plus important des bons romans s'amasse dans les ellipses, dans l'air qui circule entre les personnages, dans les petites phrases.
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Tous les écrivains nourrissent l'ambition de fixer le temps, de le retenir ne fût-ce qu'un instant grâce à un petit barrage de castor construit avec des mots. (p. 174)
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Junkies de l' intensité

" Je ne connais que deux façons de donner du sens à ma vie ou de me faire croire qu'elle en a : aimer quelqu'un et écrire des livres", dit Claire Legendre.

( p.170)
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Je continue pourtant de penser que l'écriture nous sauve la vie. Quand tout le reste échoue, quand la réalité se décompose, quand notre existence part à vau_l'eau, nous pouvons toujours avoir recours au monde narratif. (p. 146)
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Tu t’imagines alors à l’intérieur de cette autre existence, tu te laisses porter par elle, tu laisses le personnage te raconter son histoire, t’envelopper dedans… C’est comme surfer, tu sais. Comme grimper sur le dos d’une vague puissante et éclaboussée d’écume et la laisser t’emporter et te conduire jusqu’à la plage, pérora pseudo-poétiquement la romancière.
- Tu fais du surf ?
_ Non !
- Mais alors comment peux-tu savoir pour la vague et l’écume et tout ça ? se désespéra Soledad, incapable de contenir son irritation.
Montero éclata de rire avec une joie sincère et ses yeux pétillèrent :
- Ça aussi, je l’imagine.
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La rivalité entre frères [...] n'existe pas seulement en littérature, la relation fraternelle est, je crois, le premier endroit où se mesurer: pour être moi, je dois d'une certaine manière l'être contre mes frères; ils sont mes autres moi possibles, des miroirs angoissants dans lesquels je me contemple. Je me dis au passage que cette sorte d'émiettement de la personnalité, ce manque de structuration du moi dont semblent souffrir actuellement certains adolescents est peut-être dû, entre autres, au fait qu'aujourd'hui beaucoup sont des enfants uniques et donc privés du reflet de cet autre moi possible, assez différent cependant pour lui permettre d'exister.
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