Citations de Ryû Murakami (397)
Elle ignorait que le futur, c'est perdre ce qu'on a maintenant, et voir naître quelque chose que l'on n'a pas encore.
La littérature n'a que faire des questions de moralité.
Quelque part au fond de mon coeur, dans un recoin inconnu de moi-même, il y a cette pensée : le monde peut s'écrouler tout d'un coup.
Si je ne suis pas capable de déterminer quelle est la chose la plus importante pour moi maintenant, je ne peux pas me défendre contre les soucis.
Si je ne m'occupe pas de mes soucis, ils se développent à l'infini, et en un clin d'œil, détruisent le monde.
En ce moment, tu sais, je passe des heures tout seul, à regarder beaucoup... la pluie, les oiseaux, les gens qui passent dehors, tout bêtement. Tu ne peux pas savoir comme c'est intéressant, si tu regardes assez longtemps.
La deuxième chose que je déteste le plus au monde, c'est qu'on se trompe sur mon compte, et la première, c'est qu'on croie me comprendre.
J’ai connu des excitations très fortes, j’ai eu des orgasmes, de gros orgasmes et de petits orgasmes, des orgasmes de souris blanche et des orgasmes de baleine, pour vous donner un point de comparaison. Des orgasmes qui me prenaient la chatte et venaient irradier mon cerveau, d’autres plus légers qui ne faisaient que très légèrement frétiller mon clitoris. Mais je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir épuisé toutes les possibilités. Voilà ce que je venais de comprendre en découvrant ce pauvre type occupé à écouter du Santana, cette musique qui exprime la mélancolie neurasthénique dans laquelle est tombée l’Europe, ce pauvre type incapable de la moindre érection et dont j’avais désiré la bite dans mon con.
J’avais la gorge sèche et du mal à respirer, ma respiration se résumait à un râle sec. Je vidai d’une traite une troisième bouteille de Corona et ressentis aussitôt les vingt centilitres de bière plonger directement dans mes couilles avant de se répandre en moi.
Une serveuse qui devait avoir dans la quarantaine, le visage asymétrique, vint prendre la commande. Frank Sinatra, dit l’homme. Je demandai une bière.
- Qu’est-ce qu’un Frank Sinatra ?
- Un mélange de Wild Turkey et de gin Tanguery. On peut aussi mélanger du Canadian Club et de l’Absolute mais ça devient un Gary Cooper. Cognac et Cherry et tu as un Jean Gabin. C’est moi qui les ai tous créés. Et ce sont ces cocktails qui ont le plus de succès dans ce bar.
C’était la première fois que je prenais de la drogue. Je n’avais même jamais fumé de la marijuana. Lorsque les deux lignes de coke pénétrèrent dans mes narines, j’eus l’impression qu’un feu d’artifice froid explosait dans mes sinus. Une sensation glaciale de brûlure, comme on provoque la neige carbonique, une sensation semblable à l’étincelle causant l’explosion initiale dans un moteur. Puis ce fut une impression d’anesthésie dans les muqueuses de mes narines et dans ma gorge qui se propagea bientôt dans tout mon corps. Avale donc une gorgée de bière, dit le singe en riant. Je bus un peu de Corona. Les bulles éclatèrent dans ma bouche comme un violent orage s’abattant sur une terre aride et vinrent stimuler mon œsophage. L’amertume du houblon provoqua bientôt sur mon palais et dans mon estomac une réelle sensation de plaisir. Alors ? demanda le singe. Wouah ! C’est bon ! répondis-je et nous éclatâmes de rire.
Comme le dit un adage du sud, la volonté, c'est la fierté, et la fierté ne se manifeste que par la volonté.
Il aimait mes pieds. Il avait l’habitude de les sucer en les prenant dans sa bouche et cette espèce de cérémonie s’est déroulée tout le temps que nous nous sommes fréquentés. Et je lui suis reconnaissante d’avoir su tenir sans jamais faillir son rôle de sadique, car sucer les pieds d’une femme est un acte qui développe facilement les tendances masochistes d’un homme.
Ceux qui ne savent même pas ce qu'ils veulent ne sont pas près de l'obtenir.
"Le futur, c'est perdre ce qu'on possède maintenant, et voir naître quelque chose qu'on ne possède pas encore."
Les personnes qui ont été maltraitées durant leur enfance éprouvent de grosses difficultés à s'accepter telles qu'elles sont. Elles se détestent et cherchent toujours inconsciemment à se punir.
Mukai se souvient parfaitement de la première fois ou il a rencontré Akiko Mochizuki. Lorsqu'il lui avait présenté une sélection d'une cinquantaine de diapos et une centaine de photos noir et blanc sur planches-contact, elle avait déclaré : " C'est différent !". Elle n'avait pas dit " c'est bon " ou " c'est mauvais ", mais " c'est différent. ". " C'est différent.". Mukai n'avait pas compris ce qu'elle voulait dire et lui avait demandé des explications. Il avait une appréciation très personnelle de ses photos et s'entendre dire " c'est différent " l'irritation profondément. Un choc.
Je branlai mon pénis jusqu’à ce que mon poignet me fasse souffrir, jusqu’à ce que mon gland soit brûlant comme un morceau de fer chauffé à blanc, jusqu’à ce que j’ai la sensation que seul ce gland était vivant. Puis mon corps fut soudain parcouru d’un spasme comme si des vers de terre couleur de lie s’étaient tortillés sur ma peau et j’éjaculai si fort que le sperme jaillit par-dessus ma tête. C’était si bon. J’avais les larmes aux yeux. Mais j’avais encore envie, à cause de la cocaïne, mon désir subsistait même après avoir éjaculé.
La femme exhibait son cul dans ma direction, se cambrant au maximum et hurlant, s’efforçant de resserrer ou d’offrir ses sphincters, prête à y recevoir une orchidée, des allumettes, un stylo-plume, le goulot d’une bouteille de vin qu’on lui enfonçait profondément puis qu’on la forçait à lécher avant de la rouer de coups de pied pour l’obliger à demander pardon. On lui pissait dessus, on lui enfonçait la pointe d’une chaussure dans le vagin, en la forçant à rire au milieu d’éclats de rire qui fusait autour d’elle. La sueur s’accumulait au creux de ses reins. On lui ordonnait de laisser s’écouler la mouille de sa chatte, le foutre de sa bouche, puis on la badigeonnait de Baby Oil et lui faisait répéter un millier de fois qu’elle avait honte, qu’elle mourait, la chevelure souillée de foutre, les cheveux blanchis par le sperme et son cul qui continuait malgré tout à se cambrer davantage.
Je ne connaissais pas New-York mais j'aimais la ville depuis que j'ai vu Taxi Driver ou Macadam Cowboy.
Il faut être fou pour trembler de peur à l'idée de mourir pendant qu'on est vivant.
Je porte devant mes yeux la seringue transparente ; le paysage se brouille dans un halo de gerbes de lumière diffractées en aiguilles. Je mire la ville lointaine comme une parie du corps de Fuini. Les épaules blanches de Fuini, son dos blanc, ses jambes blanches, les nuages blancs, les bâtiments blancs, l’hôpital blanc, la chambre blanche aux murs blancs, le parquet blanc, les lits blancs, le cadre blanc de la fenêtre, les draps blancs, le plafond blanc, les infirmières en uniforme blanc, les médicaments blancs… et les tâches rouges sur tout le corps de la mère du tailleur.